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| Unis dans la perdition [PV Kiméra] | |
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❝ Invité ❞
| Sujet: Unis dans la perdition [PV Kiméra] Jeu 24 Nov - 14:38 | |
| "Cours. Ne sens-tu pas cette vague qui enfle derrière toi ? Cours, où tu te noieras dans toute leur haine." Mais je cours ! Je ne fais que ça. Je prends mes jambes à mon cou, je m'élance avec la bénédiction du vent qui vole dans mes cheveux, sur ma peau, y déposant son baiser froid. Je vois une ombre qui se dresse devant moi ; je m'écarte d'une pirouette désespérée, dépasse l’inopportun et reprend ma fuite à toute allure. Je les entends, ces grondements vengeurs. Je les entends dans leurs esprits avant qu'eux-mêmes ne les profèrent de leur bouche tordue par un rictus. Oui, je suis cernée par leur rejet et leur dégoût.
Pourtant, j'avais cru que Criméa serait différente.
J'étais arrivée hier dans la matinée. Fourbue, je m'étais dirigée vers la première auberge qui se dressait fièrement à l'entrée Sud du village, l'enseigne clamant du haut de sa peinture un peu écaillée : "A la table de miel". Prometteur, comme le goût du repos à venir sur ma langue ; sucré, chaud et apaisant. Ca n'avait été que de la... surprise, même pas de la méfiance. Le tenancier m'avait poliment répondu, acceptant mes devises d'un hochement approbateur de la tête. Moi, je m'étais aussitôt traînée dans les escaliers menant à l'étage pour rejoindre ma chambre. Confortable bien que sobre, décorée d'un tableau probablement réalisé par quelque artiste de passage et, pointe de luxe, d'une glace ovale de petite taille. Avec un soupir, je m'étais affalée dans le lit, toute habillée, savourant le plaisir simple de pouvoir s'allonger sur autre chose que le sol.
Vers midi, j'avais décliné le repas de l'aubergiste avec une neutralité très formelle, grignotant plutôt un gâteau aux fruits secs chapardé sur un étal des environs. Un peu à l'extérieur du village, je m'étais abreuvée auprès d'une rivière paresseuse avant de m'assoupir de nouveau - un sourire presque béat inscrit sur les lèvres, accueillant sur moi la chaude caresse du soleil. Jusqu'à ce que la nuit ne vienne me réveiller de son humeur froide. Sentant le crépuscule arriver, j'avais sursauté dans mes songes sibyllins et avais ouvert grand les yeux.
"Oh, ce n'est que toi, lune silencieuse ?" avais-je murmuré.
Bien plus maussade qu'il y avait quelques heures, je m'étais relevée d'un mouvement souple, enfin reposée, pour regagner l'auberge et me glisser dans les couvertures épaisses. Là, je m'étais endormie d'un sommeil sans saveur ni réconfort. Au petit matin, c'était la peur qui m'avait tirée de mes rêveries innocentes. La peur, et son fumet chatouilleux, amer. Il n'avait pas tardé à s'accompagner de celui, beaucoup plus puissant et âcre, de la haine.
"C'est elle ! C'est la sorcière Laguz qui l'a tué !" "Voyons, on ne sait pas si..." "Bouge de là, Reyal ! On va lui ouvrir le ventre et la pendre à la fenêtre avec ses tripes !"
Il n'avait pas été bien difficile de deviner qui était la cible de cette agitation, à défaut de savoir qui en était à l'origine. Saisie par un tremblement d'incompréhension, j'avais ramassé mes rares affaires pour me glisser par la fenêtre encrassée. De là, j'avais sauté sur les pavés inégaux de la rue, manquant de me tordre la cheville par la même occasion. C'est en boitant légèrement que j'avais pris la tangente... Pour me faire repérer assez vite, au bout du compte.
Criméa n'était pas différente.
- Choppe-la, Arman ! Choppe-la ! brailla une voix depuis l'établissement.
Ahurie, je vis un type débouler devant moi ; petit, brun, un rictus profondément mauvais inscrit sur les lèvres. J'eus à peine le temps de voir l'éclat du couteau long qu'il brandit et darda vers mon ventre, dans un geste aussi vicieux qu'emporté. Le baiser mordant et glacé de l'acier se fit sentir sur ma hanche, mais je l'ignorais pour bondir en avant aussi haut que j'en étais capable.
L'instant d'après, un rugissement épouvantable faisait vibrer les vitres. D'une poussée terrible des ailes qui malmena l'articulation de mes épaules, je m'élevais dans les airs, suscitant émoi et panique parmi les Béorcs à mes trousses. Ils m'observaient, choqués, propulser mon corps reptilien vers un azur toujours plus lointain, délaissant ce village qui m'inspirait un douloureux sentiment de trahison. J'y avais placé un espoir. Un espoir bien trop vite déçu.
Je me laissais aller au gré des courants aériens, véritable voyageuse sans destination ni foyer. Le monde était ma maison ; seuls certains habitants m'en chassaient, intrus et malvenus. Quand soudain, je sentis... quelque chose.
Qu'était-ce pour que je n'arrive pas à mettre un mot dessus ? J'avais surpris l'éclat lumineux d'une âme. Je plissais mes yeux opalescents de dragon ; n'était-ce pas le halo de qui est en quête de rédemption que j'avais surpris ? Et là, cette fragrance délicate, c'est celle de celui capable de se métamorphoser... de voir le monde autrement, par le biais d'une toute nouvelle identité... Mais la chose était curieuse de par son instabilité. A peine entrevue, la lumière avait disparu ; et ce parfum dans mes narines, rendu ténu par la distance, avait eu un je-ne-sais-quoi de si particulier ! De déroutant.
Tels étaient les sens de mon esprit à l'empathie si prononcée, et telle était son incrédulité qu'il ne saisissait pas la teneur, même hypothétique, de cette âme qu'il avait surprise. Je virais sur mes ailes, plongeant dans la direction supposée de cet être incongru, à la limite de ma conscience.
"Je dois savoir ! Tu es par ici, n'est-ce pas ? Je ressens ta souffrance. Tu la maintiens en toi, tu lui tiens la bride durement comme un cavalier peut martyriser sa monture... mais elle ondoie autour de toi ainsi que les branches d'un saule, et seul un aveugle ou un sourd ne le remarquerait pas !"
Je commençais à piquer vers le sol, qui se rapprocha à toute allure. Dans les derniers instants, je me rabattis en arrière, tendant mes pattes postérieures pour encaisser l'atterrissage. Mes griffes presque aussi blanches que le plus lumineux des mercures mordirent l'herbe grasse de la colline, me stabilisant. Je me repliais sur moi-même pour reprendre forme humaine.
Aussitôt, je grimaçais. La blessure à ma hanche se rappelait à mon bon souvenir, et je baissais sur elle un regard méfiant. Une longue estafilade courait sur ma peau, peu profonde mais brûlante - perturbant ma perception. J'y apposais une main un peu frémissante, avant de m'aventurer prudemment aux alentours.
Où es-tu, mon âme perdue ? Où es-tu ? |
| | | ❝ Invité ❞
| Sujet: Re: Unis dans la perdition [PV Kiméra] Jeu 24 Nov - 22:57 | |
| L’humanité était pourrie jusqu’à la moelle. Que ce soit les enfants en bas âge qui martyrisaient leurs camarades ou les adultes sensés être matures qui faisaient brûler en place publique ceux différents d’eux… Le cœur des gens était pourri. En même temps… il n’aurait jamais vu le jour si l’humanité ne possédait pas cette folie… En un sens, il devait peut être remercier cette pourriture. N’était-ce d’ailleurs pas ce qu’il faisait en leur proposant ses services gratuitement…
Trop de pensées intelligentes d’un coup, son cerveau s’échauffait.
S’écrasant de tout son long dans l’herbe grasse. Il avait sommeil… Depuis bien des lunes, il n’avait pas passé une soirée tranquille à dormir simplement, à se laisser aller à ses rêves… Depuis combien de temps n’avait il pas vu Senri… depuis combien de temps n’avait-il pas volé au dessus des nuages… depuis combien de temps n’avait-il pas fait sortir du feu de sa bouche… Ce mettant en condition pour dormir dans la précarité d’une forêt sans abri, rabattant ses ailes sur son corps frêle, s’enveloppant dans sa toge, Kiméra se prépara au monde des rêves. Doux rêves de ses vies qu’il n’avait pas vécues.
Ici, personne ne pouvais le déranger, pas de Beorcs assez fous pour s’aventurer si loin dans la forêt, pas d’animaux assez suicidaire pour s’attaquer à un être tel que lui,… Il était enfin seul, prêt à dormir, prêt à s’envoler dans les souvenirs de ceux qui le composaient sous le soleil chaud d’un mois d’été qui se finit pour laisser place à l’automne. La luminosité rassurante, la chaleur réconfortante… une ombre gigantesque… les ténèbres…Les ténèbres ???
Les yeux de Kiméra s’ouvrirent plus rapidement que jamais et il vit la silhouette gigantesque d’un… d’un dragon… Que foutait-un dragon en terre Beorc ? Sans vraiment réfléchir, il se leva en un bond et plongea sur le coté pour se cacher dans un fourré. Ses ailes rentrèrent dans son dos alors qu’il se faisait tout petit pour ne pas être vu. Ce n’était pas encore aujourd’hui qu’il pourrait être en paix… Pas encore aujourd’hui qu’il pourrait rêver en toute impunité. Mais qu’est ce qu’il avait fait aux bonnes Déesses pour mériter ça ? Ah oui…la réponse était simple… il existait.
La terre trembla lorsque la créature posa pied au sol, elle trembla tant que le jeune moine en perdit l’équilibre et tomba lourdement. Il n’aimait pas la présence d’un dragon car s’il y avait un dragon aussi visible que celui-ci… ça signifiait qu’il y aurait bientôt une ribambelle d’humains également. Et pas forcément des plus agréables et aimables.
C’était une femelle… pas du plus jeune âge d’ailleurs. Elle semblait chercher quelque chose… ou plutôt quelqu’un. Kiméra l’observait de sa cachette retenant sa respiration pour ne pas trahir sa position. Il détaillait sa silhouette, il détaillait son profile, il la regardait… Une étrange impression lui était inspirée par toute sa personne. Il sentait qu’il n’aurait pas du croiser son chemin, il sentait les ennuis, il sentait les problèmes… Soudain, il vu la coulée rougeâtre si significative… Et son esprit se mit à le tirailler. Il se devait de la soigner, il lui devait à elle et à tout être vivant, mais il ne souhaitait pas sortir de là où il était. Drôle de sentiment que celui-ci… Il ne ressentait pas la peur pourtant, il redoutait qu’elle le voit. Cependant, l’inévitable ne put être évité et alors qu’il reprenait une bouffée d’oxygène, les yeux d’un vert perçant se posèrent sur lui.
Il se sentit désemparé.
C’est rapidement qu’il se reprit. Et grand bien lui en fut car il se serait certainement perdu dans la profondeur de ces yeux… Avec impétuosité, il sortit de sa cachette le torse bombé et ses yeux possédaient cette lueur cruelle et désagréable de celui qui se méfie. - Qui es-tu femelle pour oser perturber mon repos ? Tu ne dois certainement pas faire partie des érudits pour avoir la bêtise de prendre ta forme dragon ici, en terre Beorc…
Kiméra se trouvait ridicule… il avait l’impression d’être un enfant qu’on venait de prendre la main dans le sac et qui bravait ses parent pour cacher ses espiègleries… Drôle de sentiment pour quelqu’un qui n’avait jamais eu ni parent, ni enfance… Mais, les yeux de cette femme le perturbait, il avait l’impression qu’elle lisait en lui comme dans un livre ouvert… c’était une sensation désagréable. - Tu as de la chance, je suis de bonne humeur aujourd’hui alors même si tu m’as dérangé je vais te soigner ça
D’un geste dédaigneux, il désigna l’estafilade profonde qui marquait son flanc et leva son bâton. Ses mouvements furent saccadés, disgracieux, disharmonieux… pourtant, en quelques minutes, la blessure se referma, cicatrisant à vu d’œil, la peau redevenant lisse, le vêtement se reformant. Le moine ne regardait plus la jeune femme. Si elle lui avait parlé, il l’avait complètement ignorée. Il finit ses incantations sans un regard vers son visage et lorsque que la plaie s’en fut, il rangea tout son attirail et tourna les talons.
C’était impoli, c’était incongru, c’était tout à fait lui.
Mais qui lui en voudrait, il avait soigné ce que les Déesse lui avaient envoyé, son boulot était fini. Sans un mot, il s’éloigna. |
| | | ❝ Invité ❞
| Sujet: Re: Unis dans la perdition [PV Kiméra] Jeu 24 Nov - 23:19 | |
| Ainsi donc, tu étais là ! Mais quel acier, quelle dureté dans tes yeux ! Pourquoi m'opposer un tel bouclier, à moi qui te recherchais par... Par quoi ? Au nom de quoi m'étais-je mise en quête de cet homme au si sombre regard ? Au nom d'une part inconnue de moi-même, qui me motivait, me donnait cette impulsion impétueuse nourrissant mes désirs curieux mais désintéressés ? Lorsque ses mots tombèrent, je su qu'il me mentait.
"En quoi te mentait-il ?" pourrait-on me demander. "Qu'appelles-tu mensonge dans ses paroles ?" C'est que ma propre définition de la vérité ne s'arrêtait pas au mot seul, mais à ce que l'individu souhaitait exprimer au travers de ces mêmes propos. Et, par le biais de cette phrase jetée comme une pierre à mon visage, le message transparaissait limpide : "Vas-t'en, ta présence m'insupporte". Pour quelle raison ? Toi aussi, tu hais ce que je suis ? Non... Tu te hais davantage que toute chose en ce monde, j'en ai la confuse impression. Est-ce que je me trompe ? Moi qui t'accuse de vouloir faire illusion, sauras-tu briser la mienne ?
Essaie donc, si tu en es capable...
- Une terre Béorc ? Il n'y a...
Il me coupa, poursuivant comme s'il n'avait jamais entendu le son de ma voix. Son annonce ne me surprit qu'à moitié, car j'avais déjà perçu la duperie. Il ne souhaitait pas me voir partir ; et là en venait la raison. Il me la donnait, froide, détachée. Me soigner ? Mes yeux s'agrandirent lorsqu'il tendit son bâton dans ma direction. Il l'agita avec une certaine maladresse, ou gêne - je ne parvenais pas à décrypter le langage de son corps. Un corps qui titillait mon attention, sans que je puisse me l'expliquer. Et comme je m'interrogeais sur ce phénomène, je sentis la douce chaleur de la guérison imprégner ma blessure. J'y jetais un oeil abasourdi, pour voir la plaie se refermer d'elle-même et disparaître. Même ma tunique reprit son allure, le tissu se raccordant sous la magie de l'homme.
Et il se détourna. Il se détourna ! J'esquissais un rictus dégoûté. Au fond de moi, j'eus la très étrange impression qu'un dragon s'éveillait. Comme si un frisson venait de partir de mes reins pour remonter toute ma colonne et descendre jusqu'aux ongles de mes orteils. Pire qu'une foudroyante douche glacée.
- Pourquoi te détestes-tu tant ? lançai-je doucement.
En quelques prestes enjambées, je le rattrapai dans sa fuite. Oui, sa fuite ; c'était ainsi que je l'interprétais. Ma main se posa sur son épaule, et comme il continuait sa marche, mes doigts se refermèrent sur le tissu de son vêtement pour le retenir. Des plis apparurent.
- Ce n'est pas à moi que tu refuses ta compagnie ; c'est la mienne que tu t'interdis. Pourtant, ce mépris au bout des lèvres de ton âme, qu'elle a tant envie de cracher, n'est pas pour moi il me semble.
J'ignorais comment il accueillerait ce qui pouvait être perçu comme une accusation. Colère ? Indifférence ? Je m'en moquais. Quelque chose au fond de moi, sur laquelle je n'aurai pas pu poser le moindre mot, me poussait à parler. A en dire encore plus, encore davantage. Et moi, en esclave, j'obtempérais à cet ordre intérieur.
- Tu obéis à une chose qui n'est pas toi, mais en raison de ce que toi... tu es, n'est-ce pas ? Et non ce qu'est ce qui te commande. D'ordinaire, ce n'est pas ainsi que fonctionne l'obéissance.
L'étreinte sur son habit se desserra comme je le lâchais pour reculer d'un pas.
- Mais tu es tout sauf ordinaire, cela c'est évident, soufflai-je. |
| | | ❝ Invité ❞
| Sujet: Re: Unis dans la perdition [PV Kiméra] Sam 26 Nov - 0:13 | |
| C’était… affligeant… Qui avait idée d’aborder quelqu’un en lui demandant pourquoi elle se déteste ? Mais lui qui était pourtant un grossier personnage, jamais il aurait balancé une telle chose. Au pire, un « tu es détestable » aurait pu s’échapper de ses lèvres avec véhémence ou plus vraisemblablement, un sympathique « Pitoyable » lancé avec le mépris le plus total… Mais demander comme si c’était naturelle la raison pour laquelle il était détestable ou pitoyable… ça ne lui serait pas venue à l’idée… Quoi que maintenant qu’il y pensait ce pouvait être une formulation tout à fait convenable…
*Pourquoi es-tu si pitoyable ? Pourquoi es-tu si détestable ?... Oui ça sonne plutôt bien, j’essaierais la prochaine fois que je croise Magus*
Cependant, Kiméra se rendait bien compte que ce n’était pas tout à fait les propos de la demoiselle… Pourquoi tu te détestes ?... Je ne me déteste pas,… je déteste mon existence et ceux qui m’ont créé ainsi que ceux qui ne m’ont pas tué quand il était encore temps…. Et puis Maitre Allen aussi peut être… je ne sais pas… - Ce n'est pas à moi que tu refuses ta compagnie ; c'est la mienne que tu t'interdis. Pourtant, ce mépris au bout des lèvres de ton âme, qu'elle a tant envie de cracher, n'est pas pour moi il me semble. *Non mais ça y est j’ai compris… elle est folle*
- Tu obéis à une chose qui n'est pas toi, mais en raison de ce que toi... tu es, n'est-ce pas ? Et non ce qu'est ce qui te commande. D'ordinaire, ce n'est pas ainsi que fonctionne l'obéissance… Mais tu es tout sauf ordinaire, cela c'est évident
Kiméra avait les poings crispés. Il s’était retenu de la frapper sachant qu’il était contre les principes d’un homme que de frapper une femme. Cependant, il fulminait… et l’atmosphère c’était chargé de la lourde pression qui émanait de tout son être. Ses yeux d’un habituels bleus acier avait virés au jaune vif et sa pupille s’était rétrécie pour s’affiner tel l’œil d’un faucon aussi perçant que celui de la jeune femme mais bien plus agressif. Son dos le démangeait comme si son corps l’appelait à la sauvagerie des Laguzs qui sommeillaient en lui.
Tranquillement, son attitude se fit plus menaçante, il releva la tête pour la regarder de haut alors que subrepticement, ses mains et avant bras se recouvraient d’un fin duvet de poils. Avec une impertinence notable, il remit en place sa toge que l’impie avait osé déformer à force de tirer dessus, roula les muscles de ses épaules et dévisagea à nouveau la dragonne.
Un sourire acide se forma alors sur son visage. Un sourire dont les traits tirés déformait les très juvéniles du garçon. Un rire sardonique s’leva alors du fond de sa gorge et sa voix se fit grave. - Je crois que je vais devoir t’expliquer quelques petites choses de la vie ma jeune enfant. Quand on est un minimum intelligent, on ne se promène pas sous sa forme animal hors de ses terres car comme tu peux l’entendre sa attire pas mal de problème _ Quand on tendait l’oreille on pouvait effectivement entendre les tumultes d’une quinzaine d’hommes à cheval qui se dirigeaient dans leur direction_ Ensuite, on évite d’agresser verbalement un inconnu en prétendant tout savoir de lui en une simple phrase. La plupart des gens _ il n’en faisait pas parti _ Commencent par un bonjour et se présente. Enfin, avant de se montrer désagréable et perturbant, il faut faire attention à qui on a en face de soit… Hélas, dans ton cas… c’est moi.
Les ailes noirs sortirent de son dos avec une fulgurance surprenante et il s’en fut encore plus rapidement, disparaissant en une fraction de seconde dans la nuée des feuilles et arbres qui abritait sa petite silhouette. Comme s’il faisait partie de la forêt, il l’intégra, se fondant dans la masse verdâtre, disparaissant aux yeux humains. - Si je peux me permettre un dernier conseil, si tu dois fuir, fais le à pied. Dans le ciel tu seras une cible bien trop évidente pour leur arc.
Il se posa dans son arbre, allongé en position pour un somme. Il ne bougerait pas pour l’aider, après tout, chacun sa merde. Si jamais elle était blessée, il la soignerait, comme il soignerait les autres s’ils devaient subir ce sort là. Dans la vie pas de privilégiés et tout le monde était content. Sauf lui.
Le bruit de sabot se fit entendre de plus en plus fort, de plus en plus proche et s’arrêta à la lisière de la forêt pour laisser place aux bruits métalliques des armures et des épées…
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