Dans les plaines

Un cheval, il s'élançait doucement dans le ciel vers une crêpe géante. Morgan contemplait le ciel qui s'offrait à lui, on racontait que tous les nuages prenaient en chacun la forme de leur psychée. On pouvait déterminer l'humeur d'une personne en les interprétant, Morgan était assez sceptique sur ce point là: comment était-il supposé interpréter un cheval qui veut manger une crêpe?
Une brise fraiche souffla, emportant la chevelure argenté du jeune homme, il avait depuis toujours eu une affinité particulière avec le vent, peut-être parce que c'était l'élément de sa mère. Pourtant, pour une raison obscure, il possédait un niveau de maitrise bien plus élevé pour les tomes de feu, héritage de l'homme qui l'avait mis au monde. Même en étant un génie, il ne pouvait aller contre les lois naturelles; son âme et son corps répondaient au feu, aussi était-il bien plus fort en l'utilisant. Morgan soupira en leva sa main vers le ciel, il était étrange de constater à quel point ils n'étaient rien, Humains comme Laguz, face à la magie.

-Yiq dnévuhtc tac déhèpnac... uù yiliha miseèna ha baid ahdnan...

Il n'était pas certain de la prononciation, la langue ancienne n'était pas son domaine de prédilection. Mais il n'avait jamais voulu réduire son étude à la magie anima, la magie noire et la magie blanche, même s'il était incapable de les maitriser, offraient un tel éventail d'informations, un tel recueil de sentiments et d'histoires, qu'il ne se serait pas pardonné s'il les avait occulté.
Cette phrase provenait d'un ouvrage écrit par un maitre des arts obscurs, la phrase était célèbre dans tout le monde de la magie, car elle expliquait ce qui attendait ceux qui désiraient le pouvoir. Emprunter le chemin des arcanes magiques, c'était convertir son âme en arme. Au risque de la perdre. Finir emporté par le pouvoir et perdre sa conscience, voire sa vie, il l'avait déjà vu. Trop de fois pour l'oublier.

-...Ma Héyhd.

Il chassa ces mauvaises pensées de son esprit, puis se leva. Reste allongé à se morfondre sur l'incertitude de l'avenir n'allait pas aider. Il avait quelque chose à faire, là tout de suite, et il devait se mettre au travail. Il saisit une des épées qui trainait sur le chariot et la planta avec force dans le sol...bon, inutile de préciser qu'il dut s'y reprendre à trois fois avant qu'elle ne soit véritablement plantée. Il était mage, pas épéiste. Il fit de même avec trois autres armes, sous le regard plutôt amusé de quelques passants qui se demandaient ce que faisait ce jeune garçon à planter des armes en cercle dans une plaine.

Quelle belle journée que celle-ci. Il faisait beau, le ciel était bleu recouvert de quelques nuages blancs. Pour nous, il était hors de question de flâner, on avait de la route à faire, et notre corps était notre seul problème. Certes, il nous permettait d'avancer, mais il nous freinait lorsqu'il avait faim, il nous stoppait quand il avait sommeil... Enfin, un corps apporte plus de problèmes que de solutions... Sans compter que je ne pouvais pas m'en servir. Pourquoi ?

Alors, je vais expliquer pourquoi, parce que ma très chère colocataire, le gardait pour elle. Analis ne voulait pas que je le prenne, sinon j'allais nous transformer en gros chat violet, on irait plus vite et je risquais de faire du mal à des innocents... Ce qui nous fait un point fort pour deux points faibles... Alors que ce n'était pas ma faute si notre corps voulait du sang, s'il a soif il est normal que je l'abreuve, non ? Les seules fois où j'avais le droit de le commander, c'était quand il était trop faible pour bouger ne serait ce que la queue... Qu'est-ce que je peux faire avec un corps aussi mou ?

Une fois encore, que je m'ennuyais à mourir dans le crâne de cette chère Analis, nous avions croisé deux femmes. Elles étaient plus préoccupées par leur conversation que par nous, tant mieux. Cependant, leurs dires me fit tourner une oreille, ou plutôt un de celles de notre corps. Ah oui, je ne peux contrôler, que les parties félines de son corps, comme elle ne veut pas que je profite de notre corps humain.
-Tu as vue, cet homme planter des épées dans le sol?
-Oui! C'est une bien drôle de passion, surtout en forme de cercle...

Puis leur conversation me fut inaccessible. Elles étaient trop loin pour que je puisse entendre davantage. Le cercle est le symbole de la magie à ce que je savais, il montre l'équilibre parfait que doit détenir le mage entre son esprit et son pouvoir. Et bien et bien, tout ceci risquait de devenir intéressant.
Analis, tu as entendu? Il y a un homme qui semble être magicien...
-Je m'en moques éperdument.

Quelle charmante compagnie ! J'adore quand elle me répond avec cet air hautain et malveillant, à croire que je suis la cause de tous les maux de cette planète. Des fois, je me dis qu'il faudrait que je trouve un journal où passer une petite annonce : "Recherche jeune personne, de bonne compagnie, sociale et accueillante, pour partager un corps mi-femme mi-chat". Enfin, dans un cas comme celui-là, c'est moi qui serais jetée du corps, donc la personne devrait m'accueillir. Cependant, là n'était pas la question importante, tout du moins pour Analis, qui continua de marcher, sans but précis. Je surveillais à l'aide de nos oreilles les conversations alentours, et les personnes qui pouvaient nous vouloir du mal.

C'est à ce moment qu'avec les yeux de la chère enfant, je pus voir une sorte de rassemblement de braves gens. Ils regardaient tous la même chose. Un jeune homme aux cheveux blancs. C'était sans doute lui, le mage...
Analis, on pourrait s'arrêter pour voir ce qu'il prépare? Après tout, ça pourrait être des plus intéressants.
Je savais qu'elle ne pouvait pas me répondre en public, comme elle était obligée de parler avec son corps pour me répondre, ce fut un chuchotis qu'elle me prononça. Évidemment, son ton assez énervant était encore là. Vraiment, j'en avais assez d'elle, d'accord j'ai fait des choses pas très gentilles, mais tout de même ! Je ne mérite pas qu'on s'adresse à moi avec autant de dégout ! Si ?
-D'accord pour cette fois, Analys, mais après on repart...

Non mais je rêve ! Elle a accentué mon prénom avec une pointe sarcastique... Je vais la tuer ! Même si avec grâce et élégance, elle nous créa un chemin à travers tous ces gens. D'accord, il n'y en avait pas autant que ça, mais bon, c'est pour le principe ! Alors que les personnes passaient sans soucier du jeune homme, notre corps s'assit dans l'herbe et l'observa. Qu'est ce qu'il pouvait bien faire ? Je n'en avais pas la moindre idée et Analis non plus.

Au final, il planta six épées, et se plaça au centre d'entre elles. Il recompta une nouvelle fois la distance qu'il y avait entre chacune d'elle, une fois, puis deux, afin d'être sûr de ne pas s'être trompé. Il pourrait les réajuster au besoin, mais préférait reconnaître ses erreurs avant qu'elles n'aient de conséquences. A ce niveau, quelques centimètres de décalage pouvaient signifier un échec. Il toucha du doigt la poigne de chacune des épées, comme s'il avait un TOC, avant de soupirer. Pas d'exaspération, non, de soulagement. Il avait passé suffisamment de temps à dessiner ce fichu cercle, il ne manquerait plus que ce soit un échec. Et puis, acheter ces armes avait couté un sacré paquet d'argent, même si elles n'étaient que des épées de fer basiques, les armes n'étaient pas données.

- Je vous conseille de vous éloigner un peu.

Il réajusta l'une des épées, avant de se retourner vers la jeune fille qui s'était assise dans l'herbe. Très charmante il devait le reconnaître, des cheveux violets, un regard rubis et...un corps que beaucoup jugeraient attirant. Enfin, ce n'était pas vraiment le hobby du jeune magicien. Quand bien même, elle était intéressante, de toutes les personnes présentes qui ne cessaient de le regarder comme un illuminé ou un phénomène de foire, elle s'était avancée.

Mais elle n'était pas une mage, il pouvait le sentir. Bon, cet instinct l'avait déjà trompé par le passé, mais s'il commençait à douter de ses dons à la moindre erreur, il ne croirait plus en rien. Dans tous les cas, elle n'était pas une mage, donc sa présence ici la mettait en danger. Et il n'avait pas prévu d'impliquer des personnes innocentes, ce qu'il faisait n'était pas un nouveau sort imbattable pour prendre le contrôle du monde, mais ça comportait des risques...comme toute magie, en fait.

- Je compte utiliser ces épées comme catalyseur...pour faire simple, cela va produire énormément d'énergie, donc si vous êtes trop près, vous pourriez être touchée.

Même si le risque que le sort devienne hors de contrôle était extrêmement infime, il préférait prendre ses précautions, et puis elle n'était pas à quelque mètres près, non?

-Je m'appelle Morgan, et vous?

Il avait oublié de se présenter plus tôt, mais après tout, c'était elle qui s'était avancée. Donc elle pouvait bien mettre de côté cet "oubli" pour le moment.

Pendant qu'Analis regardait la scène se jouant devant elle, avec une certaine perplexité, je tentais de mieux discerner ces épées. Après tout, elles avaient, peut-être, quelque chose hors du commun, sinon, pourquoi les planter ainsi ? A première vue, elles étaient de simples lames... Hum... Étrange... Peut-être se voulaient-elles passer pour de simples lames, alors qu'au fond elles étaient des épées maléfiques ! Ah ! Han ! Ou peut être que... je faisais entièrement fausse route... Ce qui ne serait pas très étonnant. Cependant! J'assume entièrement mes erreurs ! Enfin... Ça dépend lesquelles...

Pour la première fois depuis que nous étions installées, j'entendis une voix. La voix de ce jeune homme. Plutôt douce et agréable. Ce n'était ni la voix cristalline d'un enfant, ni la rauque d'un homme, ayant vécu plusieurs hivers. Lorsque la propriétaire de notre bien commun le regarda, nous percutâmes, toutes deux, dans ses yeux. Un de ces bleus limpides, qui fait craquer bon nombre de cœurs féminins, charmant. Alors, une belle voix et des yeux merveilleux, parfait.
Analis, je t'en prie ! Ne gâche pas tes chances et épouse le !

Bien sûr, je n'eus pas de réponse. Bah quoi ? Je voulais simplement détendre l'ambiance, électrique, qui nous séparait de plus en plus. Ah oui, nous n'allons pas tarder à demander le divorce dans ces conditions. Était-ce trop demandé qu'un peu de gentillesse envers ma... pas "personne", ça ne marche pas... ma ... Enfin bon on me comprend ! J'eus, par contre, la chance de remarquer le petit chemin qu'avait fait les yeux du jeune homme. Cheveux, yeux et corps d'une manière générale. Il ne s'était pas attardé, ce qui montrait un certain désintérêt si je ne me trompe pas.
Non, Analis, tu ne l'intéresses pas finalement...

Heureusement, que je n'étais qu'une partie de son esprit et non une personne de chair, sinon, je me serais retrouvée morte. Entre l'étranglement, les lacérations de griffes et les coups de dents... Je me demande laquelle, de ses trois morts, est la plus sympathique et agréable. Pendant que je réfléchissais à quel destin, funeste, j'aurais aimé succomber, le jeune homme se refit entendre. Il expliqua plus ou moins ce qu'il comptait faire.
Hum hum... Un catalysateur?
-Catalyseur...

Ah! Catylaseur... Mais... C'est quoi ça?
Analis m'avait rectifié en chuchotant. D'accord j'écoutais que d'une oreille, mais bon, ni elle ni moi ne savions ce qu'était un catalysateur... Heu catilyseur, heu catalysieur... Roh ! Je me comprends !
Donc, ces épées vont rassembler de l'énergie en un point ? Intéressant. Mais pourquoi faire ça ?

Je sentais qu'Analis se retenait, de me "dire", pour ne pas citer "crier", de la boucler... C'était évident que s'exaspérer contre du vent, ça n'était pas très malin. C'est réellement succulent de l'énerver sachant qu'elle ne peut riposter. Alors que je m'apprêtais à rendre folle ma colocataire, le garçon aux cheveux blancs se présenta. Morgan... Joli prénom.
Donc, donc, donc, nous sommes devant un mage, beau, avec une magnifique voix et un joli nom. Qu'est-ce que tu attends ? Que du lait goutte du ciel ? Ah non c'est vrai, tu ne l'intéresses pas... Dommage. Avec un plus joli corps et mon âme je suis certaine qu'il serait déjà à mes pieds. Tu ne crois pas ?

J'adore faire ça, jouer sans qu'on puisse me réprimander. Enfin je dis ça, mais quand nous serons seules... Je peux dire que je passerais un très mauvais quart d'heure. Analis se leva, quittant son fauteuil de verdure. Elle sourit à contrecœur. Oui, parce que "je", lui "prenais la tête" et c'était le moins que l'on pouvait dire. J'occupais presque toutes ses pensées. Elle aurait pu parler, qu'elle m'aurait insultée de tous les jolis noms d'oiseaux qu'il existe sur cette parcelle de terre. Heureusement que son mécontentement ne pouvait se lire sur son si joli minois. Elle se retira de quelques mètres. L'ange aux atouts de chat se décida d'ouvrir le bec, avant de se retourner et de s'asseoir à nouveau.
-Je me nommes Analis, même s'il est bien impoli de demander le nom d'une jeune femme.

Et moi tu ne me présentes donc pas ?
Elle avait dit ça d'une manière, amusée. Oui c'est le bon mot. D'ailleurs pour le prouver elle continua de lui sourire, m'ignorant par la même occasion. Si la vie n'est pas injuste, je me demande ce qu'elle est. Cependant, la même question trottait à l'unisson, elle et moi, dans notre crâne.
-Pourquoi catylaser de l'énergie?

Aussitôt, je me suis mise à rire. A force de mal prononcer ce mot dans son crâne, elle avait fini par l'écorcher avec sa voix de velours. Puis étrangement, on se demande bien pourquoi, j'eus un coup de froid, qui parcourra toute l'étendue de mon "être" sans forme. Elle m'avait entendu rire. Mais j'avais dit tellement d'âneries, qu'elle n'aurait pas put retrouver l'exacte mot.

Sachant qu'elle venait de dire une bêtise elle baissa sa tête confuse et susurra à cause de sa gêne, tellement doucement, qu'il était presque impossible de l'entendre. Dommage qu'il ne pouvait presque pas admirer la teinte rosée de ses joues à croquer. Ça fais beaucoup de "presque", mais c'est pour qu'il est la possibilité d'en profiter.
-Désolée...

Roh voyons ! Tu ne vas pas t'excuser pour si peu ! Et puis tu vas, sûrement, le faire rire. Un homme qui rit égale un homme dans ton lit... Ah non c'est pour les femmes ça. Bah tant pis ! Tu me comprends, n'est-ce pas ?

Cette fois, ce fut des éclairs que je pus sentir. Vraiment pas marrante cette fille. Mais il est vrai que j'avais également envie de savoir ce qu'il allait bien pouvoir faire. Et si une fois recharger avec cette énergie, il voulait se battre, contre nous ? Han !
Analis, nous allons servir de tapis de sol !
Bah oui, il existe des tapis qu'on accroche au mur. Nous, on se ferait marcher dessus, après s'être faite lyncher et retirer la peau comme un vulgaire lapin...

Malgré mes divagations, le sourire angélique de la félidé ne broncha pas, et la couleur de ses joues non plus, elle était absorbée par ce jeune homme, dont j'attendais la réponse. Oui là elle avait totalement décrochée, j'étais la dernière chose censée dans son cerveau. La pauvre enfant. Son visage s'était relevé pour "l'admirer". Et bizarrement, nous avions oublié les passants, qui justement passaient, bah oui qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire d'autre, sans même daigner nous regarder, nous, enfin elle. D'accord, il était intrigant ce gosse à faire mumuse avec des épées, mais une demoiselle avec des atouts de chats, c'était aussi très attrayant non ? Je me sens tout à coup abandonnée et par-dessus tout banale... D'accord je me tais dans mes idioties ! Adieu monde cruel ! Enfin... Jusqu'à ce que je comprenne pourquoi ce dénommé Morgan a fait un cercle avec des épées.

La jeune femme qui lui faisait face semblait tantôt le fixer, tantôt s'attarder sur le cercle d'épées, qui avait certainement du l'attirer ici. C'était bien naturel d'être curieux à propos de ça, même tous les mages ne pourraient savoir ce qui se tramait ici, mais une fois encore, son interlocutrice n'était pas une magicienne, d'aussi loin qu'il pouvait le sentir. Celle-ci semblait d'ailleurs...un peu perturbée. Peut-être n'était-ce que son imagination ou la légendaire empathie dont il était supposé faire preuve en permanence, mais la jeune femme semblait...divisée? Oui c'était le mot, son visage montrait des signes d'exaspération, mais passait sans prévenir à de la joie. Une fille étrange.
Elle se leva, sembla partir un moment et se retourna en lui disant son prénom, avant de s'asseoir. Allons bon, "impoli"? Le sourire qu'elle décrocha chaleureusement par la suite montrait qu'elle plaisantait...et lui fit prendre conscience qu'en ce moment, il n'était pas vraiment en forme, habituellement, il ne se serait même pas posé de questions et aurait immédiatement perçu la plaisanterie.

-Pourquoi catylaser de l'énergie?

Morgan ne put s'empêcher de laisser s'échapper un rire, pas à cause du lapsus qui était plutôt mignon, mais de la réaction qui s'ensuivit, qui était, il devait l'avouer, encore plus mignonne. Elle semblait étonnamment tendue tout à coup, comme si cette simple erreur avait balayé sa confiance, mais elle se reprit presque aussi vite. Mais quand même, la voir baisser la tête à cause de la gène, il ne s'y était pas attendu. Pendant quelques secondes, il en avait même oublié la raison de sa présence ici, voilà pourquoi les femmes étaient dangereuses, quelques secondes leur suffisaient pour installer le chaos, ce qui n'était pas toujours négatif d'ailleurs.

-Je la "catylase" pour stabiliser le flux magique; les épées vont servir à contenir l'énergie qui pourrait s'échapper.

Il avait insisté sur l'erreur d'Analis en souriant à son tour, curieux de connaître sa réaction. Gêne, excuses, colère, rire? Quoiqu'il en soit, ça avait l'air assez drôle à voir. Se doutant que sa réponse ne suffirait pas, mais en évitant de s'étendre dans les explications comme il le faisait habituellement, il poursuivit.

-Si vous vous demandez pourquoi...hé bien, il n'y a pas raison précise. Je le fais parce que personne ne l'a encore fait.

Il se plaça à côté d'elle, jugeant une nouvelle fois de la distance qui les séparait du cercle d'épées: cela devrait suffire. Il lui sourit encore une fois, et pointa sa main vers la "construction" de métal. Il prononça quelques mots de langues anciennes et une trainée de magie envahit une à une les épées. Ensorceler des armes était à la portée du premier mage venu, mais cela demandait du temps et beaucoup de d'énergie. Tout le monde pouvait le faire, mais la chose n'était utilisée que pour créer des tomes magiques. Pour une raison assez simple en fait, pour ensorceler une arme efficacement - c'est à dire la rendre plus performante au combat - il fallait avoir un très haut niveau de maitrise - que lui-même ne détenait pas d'ailleurs - et beaucoup d'énergie. C'était aussi la raison du nombre extrêmement restreint d'armes magiques de par le monde, même les plus simples armes dites "runiques" étaient en fait assez rares.

-Rechercher la vérité, tendre vers l'impossible...c'est la voie des mages. Nous n'avons pas besoin de raison.

Il parlait avec passion, c'était une des choses que sa mère lui avait appris. Aller vers l'avenir pour rechercher les réponses du passé. Cela peut paraître contradictoire, mais si l'on considérait la vie comme un cercle, c'était parfaitement logique. Lui, il ne voulait pas regarder vers le passé, le présent ou le futur, il voulait regarder partout à la fois. Prendre tous les chemins, percer tous les secrets, et rien qu'un peu, faire avancer la magie avec lui.
Le cercle se dessina de lui-même, cernant les six épées. Il mentait en disant que personne ne l'avait fait, beaucoup avaient essayé, mais personne n'avait réussi. C'était peut-être prétentieux de sa part de vouloir réussir ou tant avaient échoué, mais même s'il échouait, il progressait. C'était là toute la merveille de la magie.

Quelle étonnement, lorsque j'entendis ce garçon, rire? Il se moquait d'Analis ? De son lapsus ? De sa réaction ? Enfin, dans les trois cas, je le comprenais, elle pouvait presque attirer la pitié, vue son manque de jugeote. Comment ça, ce n'est pas ça ? Mais si, je suis certaine que c'est ça ! C'est impossible que ce ne soit pas ça... Pourquoi ? Et bien, parce que c'est moi qui décide ! D'accord, d'accord, je me tais... Je n'ai rien dit, elle est mignonne comme tout et il est impossible de se moquer d'elle, parce qu'elle ne pourrait attirer la pitié sur elle. Content ? Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour un toit, enfin un corps dans mon cas.
Au moins il a le sens de l'humour.

Oui, je n'ai pas insisté, comme on vient de presque me gronder, il y a quelques secondes, comme quoi j'en faisais trop ! Enfin à la place, Morgan insista sur le lapsus de ma colocataire. Qu'est ce qu'il voulait faire ? J'avais raison ! Il veut se moquer d'elle ! Les hommes... tous des goujats ! Comment ça ? Je me trompe encore ? ! Objection ! Je m'oppose à la décision du tribunal. Ah non... désolée... Je crois que je me suis trompée de scripte. Pendant que je me perdais dans toutes ses pages de textes, qui n'existaient pas, en plus, la demoiselle tourna la tête sur le côté et ferma les yeux. Bien sûr il ne fallait pas oublier la mine boudeuse sur son minois. Ses joues avaient rosies un peu plus, à cause de ce rappel à son erreur. Sa manœuvre voulait couper la conversation, mais en y regardant de plus près, son oreille de chat était toujours tournée, en la direction du jeune homme. Ce qui montrait qu'elle était curieuse de savoir la suite. Ou alors c'était moi, tout simplement moi, qui était curieuse de savoir la suite. Possible aussi...

D'ailleurs la suite ne tarda pas. Quand la vibration de sa voix refit apparition, les paupières de la demoiselle s'ouvrirent immédiatement, sans réussir à s'empêcher de le regarder du coin de l'oeil. Elle ne remarqua qu'il avait bougé, qu'au moment où il s'était mis à ses côtés. Bizarrement, pile à l'endroit où elle avait tourné la tête. Quelle coïncidence !
Un véritable goujat ! Tu vois ça ! Tu lui montres que tu ne veux plus le voir et il se met devant toi. Les hommes de nos jours ! Plus aucun respe... D'accord je me tais.

Oui je suis une fille, c'est surement pour cette raison, que je sais, qu'il ne faut jamais, en mettre une autre en colère. Surtout que pour le moment j'avais déjà eu le droit à la douche froide et aux éclairs, mon prochain châtiment serait sans doute encore plus terrible ! Pourquoi diable est-ce que je suis allée dans ce corps moi? J'aurais su je ne serais pas venue...

Pourtant, les paroles de ce garçon semblaient étranges. Il n'avait pas besoin de raison de faire ça parce qu'il recherchait la vérité... Hum... Pas logique, s'il recherche la vérité et que c'est pour ça qu'il joue avec ses épées, alors là est sa raison, ce qui fait qu'il n'est pas logique et que... que... Je viens de me perdre, encore, dans ce que je racontais ! Rah ! Les hommes ! Toujours de leurs fautes !

En y repensant, son ton avait changé, il était beaucoup plus passionné, Analis l'avait compris aussi. Son regard s'était élevé, désormais, elle n'avait d'yeux que pour le jeune homme.
Bon arrêtes de lui faire les yeux doux, ça ne sert à rien ! Je te l'ai déjà dit, juste avant... Et puis, de toute façon, il est concentré, sur ses lames, là. Donc toi, c'est comme si tu n'existais pas ! Sans oublier, que moi, j'aimerais voir ce que ça va donner, son cercle !

La demoiselle se mordit la lèvre avec force, assez pour se l'écorcher de l'intérieur. Maintenant, on avait du sang dans la bouche. Espèce de petite... de petite... Ah ! Oui je ressens la douleur et tout ce que son corps possède. Quand elle se fait mal, j'ai mal. Pourquoi s'être mordue aussi fort ? Pour me faire sentir le gout du sang, pour me tenter, en sachant pertinemment, que je ne pourrais pas prendre la possession de ce corps pour me délecter encore plus de cette boisson. Pour me faire devenir folle, à cause de cette passion qui brûle en moi !
Je te hais Analis ! Je te hais ! Mais, je me demande comment tu vas expliquer à ce, cher, Morgan, que tu saignes !

Elle tourna son visage vers les épées et durant son mouvement elle susurra de façon à ce qu'on ne l'entende pas.
-C'est réciproque...

Analis ! Tu as de la chance, qu'il soit concentré ! Mais imagine qu'il t'ait, tout de même, entendu ! Ah ah ! Comment l'expliquerais tu ? Espèce de sotte ! Tu lui diras la vérité ? "Oh ce n'est rien, j'ai une deuxième fille en moi, qui se nomme Analys et pour lui répondre je suis obligée de parler toute seule." Ah ah ah ! Tu passeras pour une folle ! Sans oublier : "Pour lui faire mal je suis obligée d'infliger des douleurs à mon propre corps. "
Oui ça, ça c'est de la tirade, je sais. Mais déjà en temps normal je suis folle, mais quand en plus j'ai soif c'est pire. J'avais envie qu'elle se fasse humilier à ce moment précis ! Je désirais que l'une de ses épées se plante au beau milieu de son coeur, afin que je puisse prendre sa possession ! Son âme ne peut disparaitre qu'à cause de la mort, à ce moment-là je pourrais prendre possession de son corps tout entier, même si ce n'est que quelques instants. Bon d'accord, j'en fais trop, c'est vrai. Surtout que c'est le coup de la colère, ça, je le sais très bien. Au fond, je ne peux pas désirer sa mort, car elle entraînerait la mienne également.

A la place, notre chamaillerie se termina, d'un coup, ou plutôt mes envies de meurtres, ou qu'importe, ce que ça pouvait être. La scène qui allait se jouer devant nous, serait certainement bien plus intéressante. Et j'avais hâte de voir ce que donnerait ce cercle, qui venait de se dessiner dans l'herbe. Peut être pas apeurée, mais très peu rassurée, Analis regarda Morgan une dernière fois, avant de plonger en admiration sur les épées.

Qu'est ce qui allait bien pouvoir se passer cette fois ?
Analis, voici notre premier tour de magie...

Les épées scintillaient de plus belle, chacune d'elle envoya un faisceau de lumière aux cinq autres, dessinant un symbole assez étrange qui s'apparentait à un sceau. Cependant, l'énergie extrêmement puissante était toujours contenue dans le cercle; une colonne de lumière s'éleva dans les airs, laissant s'échapper des gouttes remontant vers les cieux, comme une pluie partant du sol vers les nuages.
Morgan prononça une suite de mots en langue ancienne très rapidement, ses lèvres semblaient bouger plus vite que son esprit ne réfléchissait; il n'avait pas besoin d'y penser, c'était naturel. Son regard se troubla, des fissures commençaient à apparaitre sur les armes en fer. Il fronça les sourcils: si l'énergie déployée avait effectivement assez de pouvoir pour briser un cercle - qui pourtant était parfait - ce sort s'avérait dangereusement puissant...ou bien instable?

*Un sceau peut être déverrouillé par un autre sceau...intéressant.*

Non, quelque chose n'allait pas. Trop d'énergie naviguait dans ce cercle, trop librement. Le second sceau était entravé par le premier, ou bien était-ce l'inverse? Quoiqu'il en soit, même si le premier sceau était effectivement neutralisé, les catalyseurs montraient des signes de faiblesses évidents.

-Tssh.

Un échec? Probablement. Certes, il venait de prouver qu'un sceau pouvait en neutraliser un autre, mais ce n'était pas le but premier de l'expérience, juste une conclusion qu'il pouvait en tirer. Ce qu'il tentait de prouver était bien plus grand...peut-être un peu trop, en fait. Les épées de fer se brisèrent les unes après une autres, et une lumière aveuglante envahit la plaine. La seconde d'après, toute trace de magie avait disparut.

-Bon, échec de l'expérience.

Il se retourna tous sourires vers la jeune fille, apercevant rapidement le saignement de sa lèvre. Voilà qui était...inhabituel.

-Alors Analis, dites-moi, qu'est-ce qui vous amène par ici? Vous êtes de la région?

Disons...qu'elle ne ressemblait pas vraiment à la criméaine de base, mais bon, il pouvait aisément se tromper, il n'était pas infaillible, d'ailleurs, il venait à l'instant de le prouver...

Une colonne de lumière. Comme un puis, recouvert d'un voile étincelant. Un lien entre les habitants des cieux et ceux de la terre. Si le paradis existait, celui-ci venait sûrement d'être percé. Puis, des petites gouttes, ou plutôt de petites sphères, d'une brillance inégale, quittèrent le sol pour suivre le chemin tracé par l'obélisque scintillant. Une voix se fit entendre, des paroles que nos oreilles de chat ne pouvaient comprendre. Aucun mot ne percuta dans notre cervelle, c'était certainement dût à la vitesse de prononciation.

Les pupilles aiguisées de chat, dont était affublé notre corps, nous montrâmes de petites fissures de lumières blanchâtres dans les lames. Elles étaient encore minimes, mais une fissure provoquait toujours une cassure... Si ça se dit, tiens j'ai un doute, je me demande si je parle correctement. Oh, et puis, qu'est ce qu'on en a à faire si je parle correctement ou non, en tout cas moi je m'en moque !

Un soupire agacé ? Serait-ce le mage ? Donc nous admirions un moment raté ? Dommage c'était tellement magnifique, comment penser qu'un tour de magie pouvait être autre que réussi avec cette magnifique lumière ? C'est sûr, nous n'y connaissions rien et d'ailleurs, encore aujourd'hui, ni Analis ni moi ni connaissons quelque chose, mais que voulez-vous ? La propriétaire de notre corps continua de regarder le cercle de lames. Elle observa la pluie d'acier. Des poussières de métal qui auraient pu tuer un homme d'un seul coup. Quel gaspillage ! N'avait-il pas honte ! Hein ? Qu'est-ce que ? Une lumière encore plus vive et... Plus rien ?

Ce fut la voix de Morgan qui tira Analis de son admiration. Surtout le fait qu'il prononce son prénom. Elle tourna son visage d'ange et le regarda droit dans les yeux. Il souriait, comme s'il était satisfait, de son échec. Comment était-ce possible ? Enfin, je perçus les pensées de la demoiselle. Elle se disait que s'il avait lui aussi une personnalité comme Analy... Pardon ! Espèce d'idiote ! Tu n'es rien sans moi ! Rah ! Vous vous rendez compte ? Comme si c'était mon genre de la rabaisser ! ... Comment ça je le fais ? Mais non... Et puis comme si j'allais dire que c'était de sa faute et que moi avec un corps j'arriverais à faire mieux ! ... Quoi ? ... Je le dis aussi ? Mais non !
J'apprécie ta compagnie autant que tu aimes la mienne. Si je pouvais te quitter je l'aurais déjà fait. Alors, ne te plains pas, nous sommes deux dans cette situation.

Suite à ce petit accrochage, qui ne dura que quelques secondes, dans le monde hors de la tête de cette chère Analis, elle se décida, enfin, à répondre au jeune homme. Ou plutôt à trouver quoi répondre. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Oh rien, elle se baladait, suite au meurtre d'un homme et d'un enfant. Elle n'avait tué que l'enfant, enfin c'était plutôt moi qui avait tué l'enfant, mais bon... Ce n'est qu'un détail, personne à part elle ne connait mon existence, enfin, pour le moment. Ensuite, sommes-nous de la région ? Oh bah... En réalité elle ne sait pas, elle ne s'en souvient pas. Quelle faible... Il faut être idiote pour oublier tout son passé ! Hum ? ... Moi aussi j'ai oublié le mien ? ... Hum... En effet... Je n'ai jamais dit que j'étais intelligente !

- Et bien, pour dire vrai, j'ai oublié d'où je viens, donc je ne peux pas vous renseigner beaucoup sur mon passé.

Tu lui as dit la vérité ? Tu te moques de moi là ! Ce n'est pas possible ! Idiote ! Tu n'aurais pas put raconter un bobard ? Bon peut être tu n'aurais pas réussi à le tenir jusqu'au bout, mais au moins essayer ? Et puis tant que tu y es, dis lui que je suis là. Oh bah oui et puis, pourquoi pas lui raconter que t'as tué... Enfin j'ai tué le gosse ? Mais bien sûr... Continuons sur cette lancé du "Je te dis la vérité et tu m'envoies balader !" Plus sérieusement, tu aurais eu une chance avec lui, là tu l'as perdu.

Hum ? C'est quoi cette sensation ? Non... Elle n'oserait pas ! Ah ! Comment peux-t-elle me donner une impression d'être toute resserrée. Aïe ! Mais ça fait mal ça... Oui, c'est fait exprès, mais pourquoi tant de haine pour une pauvre petite chose, gentille et inoffensive, comme moi ? Comment ça je suis méchante et détestable ? ... Quelqu'un veut mourir ? Non ? Certain ? C'est mieux ! Bon donc...

Ma jeune ennemie et non pas amie, baissa son regard, ne pouvant tenir celui du mage. Elle se sentait honteuse de ne pas être capable de lui répondre correctement et d'être entièrement sincère avec lui. Et puis, si elle n'avait répondu qu'à une des deux questions c'était fait exprès. Et oui ! Ainsi peut être penserait-il qu'elle venait tout juste de se réveiller. Dans le sens où, elle ne savait même pas ce qu'elle faisait là. Mais bon, serait-il assez idiot pour croire ça ? Han han, telle est la question !

Enfin, peut être est-ce que je me trompe, mais ce garçon semble trop parfait pour ne pas cacher quelque chose. Je me demande seulement quoi... Peut-être le saurais-je plus tard...Ou peut-être pas...

Une amnésique... est-ce qu'il les attirait? D'abord cette fille dragon 5 ans auparavant, puis... cela faisait deux ans. Pourquoi devenait-il nostalgique tout à coup?
Son regard se perdit un moment dans le vide, à travers l'espace et le temps, il devait arrêter d'y penser maintenant, il était parti pour l'oublier, si elle ne cessait d'occuper son esprit, à quoi cela avait-il servi? Il reprit conscience assez rapidement, s'il ne se focalisait pas sur le présent, il pourrait bien se perdre...

- Je vois...

Non, ça ne voulait rien dire, il devait simplement parler pour ne pas repartir dans ses rêves, en discutant ainsi, il évitait de penser au passé. La nostalgie était quelque chose d'extrêmement fourbe, un sentiment de manque qui rendait la situation présente, absente, qui faisait perdre au monde le goût sucré qu'il avait.

- Vous ne savez pas d'où vous venez? C'est problématique...

Il réfléchissait tout haut, si elle ne savait pas d'où elle venait, elle n'avait pas d'endroit où retourner, et il ne pouvait tout simplement laisser une jeune fille seule comme ça, cela reviendrait à l'abandonner... encore. Non, cette fois là, c'était différent, il l'avait fait pour une raison bien précise, pour son bien, alors que si elle laissait Analis comme ça maintenant, il allait vraiment l'abandonner.

*Pour son bien...à quel moment vas-tu cesser de jouer les hypocrites?*

Qu'il la ferme...il ne rendait pas les choses faciles. Et depuis était-il sa conscience? Ça d'ordinaire, c'était son rôle à lui, qu'il ne s'amuse pas à renverser les rôles comme ça! Morgan fronça les sourcils et serra ses poings, s'il pouvait frapper son autre personnalité, il l'aurait fait il y a longtemps déjà, mais il devait se contenter de réprimer cette colère. Il prit une inspiration plus profonde que les autres, et se tourna vers la jeune fille.

- Si vous n'avez nulle part où aller, vous pouvez venir avec moi, au moins jusqu'à que vous trouviez un endroit où rest-...er?

Il se figea... était-ce...une oreille de chat qu'il apercevait? Ce détail ne l'avait pas frappé avant, il ne savait même pas comment il avait pu passer à côté. Il avait déjà aperçu des félins avant, et même les passants ne semblaient pas avoir remarqué son statut, il fallait avouer qu'elle avait une démarche et une attitude très "humaine". Et elle ne se cachait pas le moins du monde, ce qui la rendait moins suspecte...mais qu'il ait manqué quelque chose de si flagrant... absorbé ou non par son expérience, ce n'était pas une excuse.

-...je vois. Alors ça...c'est problématique.

Comment avait-elle pu faire tant de route sans se faire agresser? Cela défiait les lois des probabilités! Non, de la logique même! Et que diable fichait-elle hors de Gallia? Est-ce que toutes les laguz amnésiques avaient l'immanquable destin de se perdre et de lui tomber dessus en quête d'aide?

-Oubliez ce que je viens de dire, vous venez avec moi.

Ce faisant, il passa à côté de la jeune femme et lui saisit la main, pour la trainer dans un endroit plus sûr.

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Dans les plaines

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