And if we have a minute, why don’t we go
Talk about it somewhere only we know ?
Le temps passe, les jours s’écoulent. Le temps est long, le temps est lent, le temps t’ennuie. Tu veux jouer, tu veux oublier que tu t’ennuies, oublier que tu es seule. Ton univers entier s’est écroulé. Tu as beau t’accrocher à toutes ces jolies choses que tu vois, elles ne sont qu’éphémères. Tout s’en va, tout disparaît. Même lui est parti, tu ne sais pas où et tu as abandonné tes recherches. Cet homme n’est qu’un lointain souvenir. Le plus beau de tous. Le plus douloureux. Que faire, maintenant ? Où iras-tu ? Que feras-tu ? Tu ne peux plus chercher des élus, tu dois juste … vivre ? Te laisser porter ? Quelle satisfaction immense ! Quel ennui incroyable ! Inconfortable.
Je mange et je m’ennuie.
De ma vie, j’anorexie.
Alors tu es partie, encore une fois, à sillonner le monde. Cette fois, c’est Gallia. Ses contrées verdoyantes, ses forêts, cette douce odeur apaisante. Tout cela te fait oublier ces douloureux jours passés à Begnion. Ces jours où tout est tombé, tout a disparu. Tu as tout gagné, puis tout perdu. Une ascension magnifique, une chute vertigineuse. Louka, Louka, Louka.
Tu fermes les yeux, tu soupires.
Tu plonges. Tu atterris gentiment sur une branche, tes serres sentent le bois. Tu en ronronnerais presque, étrange, pour un corbeau, non ? Tu lèves les prunelles au ciel. Ce monde t’attend, ce monde te veut, mais pour quoi faire ? Tu as besoin de savoir. Tu te cherches encore, Maëlly. Mais bientôt, tout cela sera terminé, car enfin, oui, enfin, tu comprendras.
Tu regardes au sol, croisant un louveteau du regard. Ton sourire s’agrandit. Un jeune laguz. En Gallia ? C’est étonnant ! Non, hein ? Tu surveilles ses arrières, contemples ses gestes. Ses pas sont légers, discrets, quoique légèrement malhabiles. Tu penches la tête, intriguée par sa petite balade. Puis un petit bruit détourne ton attention. Un renne ? De la nourriture facile, n’est-il pas ? Tu fermes les yeux, inspires. Mais quelque chose cloche. Une bestiole ? Non. Quelque chose de plus gros.
Instantanément, tu te jettes de ta branche pour atteindre cette présence incongrue. Tu percutes le jeune homme traqueur qui titube avant de s’écraser mollement. Il geint violemment, ce qui te met plutôt mal à l’aise. Au bout de plusieurs violents coups de bec, tu finis par être lassée. Tu te relèves, bats des ailes, avant de sectionner sa gorge avec tes serres. Rapide, efficace. Mais sale. Tu soupires. Encore un vilain pas doué qui tient à chasser des novices. Ha. Tu devrais peut-être une protectrice des petits nouveaux ?
i
Ou pas.
Le loup finit par t’approcher. Il t’a entendue, c’est dommage, hein ? Tu recouvres ta forme humaine plutôt rapidement, pour l’accueillir comme il se doit. Le plus amusant, c’est ce regard à la fois intrigué, apeuré, mais aussi énervé qu’il t’adresse. Tu aurais fait fuir sa proie ? Mais non …
« Chut … Il est encore là … »
Tu poses ton doigt sur ta bouche, puis te transformes à nouveau et te précipites sur le renne. Une technique de bourrin ? Mais non. Tu pousses un hurlement strident destiné à ses oreilles. Il tente de s’échapper, puis tombe sur le coup. Sa tête doit probablement tonner violemment, il doit se sentir plus que mal à l’heure qu’il est. Tu te postes à côté, plus que patiente.
« Tu as suffisamment de temps pour le dévorer. Mais presse-toi pour l’achever, quand il se relèvera, tu auras raté ta chance … »
Maëlly … Personne ne t’a jamais dit que tu vas (encore?) passer pour une étrange créature ? Ha, dans quelle situation étrange t’es-tu encore fourrée ?