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 Jierdan [terminée] Nc -16

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Jierdan [terminée] Nc -16 Empty
MessageSujet: Jierdan [terminée] Nc -16   Jierdan [terminée] Nc -16 I_icon_minitimeMer 11 Jan - 0:22

o Informations générales :


Nom : Feiron
Prénom : Jierdan
Surnom : Dan
Rang : L’Immortel
Âge 132 ans
Sexe :
Race : Laguz
Peuple/Classe : Dragon Rouge
Pays d'origine : Goldoa


o Description du Personnage :


Caractère :

Ce silence. C’est quoi ce silence.
Il n’aime pas le silence. Il n’aime pas ceux qui se taisent face à lui parce qu’ils ont peur. Eux, ce sont les plus inintéressants, ceux qui méritent le moins son attention. Ceux qui méritent le moins de vivre.
Et puis, il y a ceux qui se taisent en le toisant de haut, certains de leur supériorité. Eux sont les plus cons, ils ne voient pas le poing arriver droit dans leur gueule.
Jierdan aime ceux qui parlent, ceux qui n’hésitent pas à l’ouvrir une dernière fois avant de mourir. Ceux-là l’amusent. Il peut même se permettre de les laisser survivre, parfois. Il se fout totalement de la vie, en fait. Il n’a aucun intérêt dans le mort, dans le vivant. Mais il cherche cette petite étincelle de volonté dans les yeux de chacun, parce qu’il se dit que c’est la volonté qui bâtit l’homme.
Oh, ça ne veut pas dire qu’il laissera en vie ceux qui lui font front avec panache. Il aime tellement tuer. Il aime tellement sentir le sang chaud sur son visage, le cœur encore battant au creux de sa main. Il ne perd jamais la tête quand il tue. Il reste terriblement lucide.
Il n’est pas fou, pas le moins du monde. Il n’est même pas sadique. Accomplir une mort lente et douloureuse l’ennuie. Pour lui, la meilleure des morts, c’est après un bon combat où les adversaires se sont jaugés comme il se doit. Les autres ne sont que des cloportes sur la surface de la terre.

Il peut être un gros flemmard. Un immense flemmard. Il peut vous laisser pour mort en ayant soudain la flemme de vous achever. Il peut laisser une plaie s’infecter en ayant la flemme de la nettoyer. Il peut même oublier de manger et de boire pendant quelques jours parce qu’il a la flemme d’attaquer un pauvre marchand.
Le pire, c’est quand il oublie de dormir parce qu’il a la flemme de s’arrêter de marcher.
Parce que le gars, c’est un gros cynique. Il se fout de la tronche de tout, n’a pas vraiment de but dans la vie si ce n’est tuer quelques hommes pour le plaisir. Il traverse les continents en ignorant les interdits, les guerres, les blocus. Il n’en a absolument rien à battre. Il continue de marcher (ou de voler) tranquillement, les mains dans les poches, balançant des remarques grinçantes à qui mieux mieux, ne prenant pas compte des croyances et des buts de chacun. Dans le meilleur des cas il les laissera partir parce qu’ils ne lui barrent pas directement la route.

Oui, car l’homme peut être un peu impulsif, et se mettre à tuer sans raison, si l’envie lui prend. Oh, il s’en rend bien compte, n’allons pas trouver là une preuve d’une folie inexistante. C’est juste que ça lui prend, parfois. Tiens, tu marches devant moi, je te tue. Tiens, tu te mets à la même table que moi, je te tue. Et comme souvent il y a des témoins autour, et bien tuons-les aussi ! Ca ne peut faire que du bien.

Il faut réaliser à quel point les êtres humains sont insignifiants à ses yeux de dragon. A quel point nous ne sommes que des insectes qu’il s’amuse parfois à écraser, parce qu’il est plus grand, plus fort, et plus vieux que nous.
Il n’est pas le plus ancien ni le plus puissant des dragons. Mais contrairement à la plupart de ses congénères, il n’est pas neutre au sens auquel nous l’entendons. Lui se considère comme tel. Et bien oui, il y a lui, et ceux qu’il tue. Si ce n’est pas de la neutralité absolue, ça ! Tuer quelques personnes dans chaque endroit qu’il traverse. A mains nues.

Jierdan a malgré tout des goûts. Il aime tout ce que les humains ont créé d’utile. Il aime l’alcool, il aime la cigarette. Il aime aguicher lourdement les belles jeunes femmes, mais étrangement déteste aller plus loin ; le contact sexuel l'insupporte. Il trouve bien plus de jouissance et d’intérêt dans le massacre que dans l’union des corps.
Pour ce qui est du reste… Tout lui est indifférent. Il n’y a rien qu’il ne déteste particulièrement, personne qu’il ne veuille tuer à tout prix. Du moment que ses petites pérégrinations dans le stupide monde humain continuent de l’amuser comme il se doit, alors tout va bien…

Physique :

La silhouette se dessine lentement dans le clair-obscur du crépuscule. L’homme dépasse le mètre quatre-vingt cinq. Il fait certainement plus de quatre-vingts kilos. Il laisse derrière lui une coulée de sang épais suintant d’une blessure à la jambe.
Sous sa peau, chacun de ses muscles saillit, solides comme des rocs. Son large poitrail se soulève et s’abaisse sous le poids de l’effort. Pourtant il marche d’un pas vif, ses jambes longues et puissantes aux genoux nettement dessinés le portant sans effort apparent. La déchirure de sa cuisse semble être le dernier de ses soucis alors qu’il s’assoit lentement près du cadavre d’un feu de camp. Il jette ses épaisses bottes de cuir noir à deux mètres, puis reste là, immobile, devant l’absence de flamme.

Ses larges pieds sont ancrés dans le sol à la manière d’un combattant sachant parfaitement comment utiliser la gravité à son avantage. Son buste large laisse entrevoir des pectoraux et des abdominaux bâtis pour le combat au corps à corps ; le dos est puissant, droit et fier. Les vertèbres pointant sous la peau tendue ont cette façon de s’articuler qui rend mal à l’aise ; comme s’il n’était pas tout à fait humain.
Il fait rouler les muscles de ses épaules ; se masse un instant ses trapèzes épais, puis serre les poings une fois, deux fois. Il a les bras tout aussi musclés que le reste de son corps, mais d’une certaine façon aussi plus déliés. Chaque articulation se plie et se déplie à une vitesse monstrueuse alors qu’il adresse trois coups de poing au vent devant lui. Et alors on comprend ces poings osseux dont les jointures semblent si énormes. On comprend les veines saillantes tout le long des avant-bras jusqu’au milieu du dos des mains.
Il frappe. Il frappe, s’aidant de sa puissance musculaire pour apporter sa force vers ses poings, qui fusent à une vitesse telle qu’on peine à les voir.
Son cou de taureau gonfle sous l’effort, alors qu’il se relâche en gardant un œil sur sa blessure encore béante. Et il sourit.

Ses lèvres minces s’étirent en un sourire sarcastique, et ses yeux noirs et enfoncés dans leurs orbites brillent d’un éclat mauvais. Ses dents blanches contrastent avec sa moustache et sa barbe en collier si noirs. Ses joues creuses dessinent ses pommettes plates alors que son grand front s’étire sous l’effet du rictus.
Puis il part dans un éclat de rire terrifiant ; sa voix grave et rocailleuse résonne dans la plaine glacée. Les spasmes de son torse secouent sa longue crinière de cheveux noirs et légèrement ondulés. Ils sont épais et rêches lorsqu’il passe une main hâtive dedans pour les empêcher de retomber sur son visage. Puis le rire meurt dans sa gorge alors que sa large pomme d’Adam fait encore des allers-retours le long du larynx et qu’il reprend sa respiration. Il s’essuie sous le nez avec son poignet, retenant de derniers gloussements rauques. Ce nez, long et légèrement aquilin, bossu à la base au dû de ses nombreuses fractures.
Puis il se lève d’un coup ; les dernières lueurs du jour font briller de nombreux anneaux perçant ses oreilles. Les rayons écarlates lèchent la peau qui autrefois devait être basanée. Mais un tel nombre de cicatrices recouvre l’épiderme qu’il en semble étrangement blanc, contrastant avec la peau du visage et des mains, légèrement plus foncée.

Il se rechausse à la va-vite, enfile une sorte de plastron plaqué de fer, bien plus fin qu’un guerrier ne devrait se le permettre. Puis il fait glisser sur son dos un large manteau rouge. A sa ceinture il range un pistolet un coup ainsi qu’une boîte de cartouches et une autre de poudre.
Puis, sans même prendre le temps d’effacer toute trace de son passage, ni de désinfecter sa plaie, il fait face au soleil mourant et commence sa transformation.


Avec de la concentration, on pourrait apercevoir dans la nuit noire cette énorme créature voler à grande vitesse.
Elle doit faire 20 mètres de la tête à la queue. Le corps peut atteindre des hauteurs de près de dix mètres en se dressant sur ses pattes. Les ailes atteignent une envergure de douze mètres. Elles sont puissantes, osseuses, la membrane semble si épaisse que la lumière ne la traverse certainement plus. Chaque os perce cette peau aux articulations, ornant les ailes de dangereux piques.
Le corps sous forme draconique est tout aussi musclé que sous forme humaine. Sous les écailles d’un rouge profond, chaque muscle saillit puissamment, alors que les ailes soutiennent le poids monstrueux de la créature. Les pattes sont terminées par des griffes coupantes et ternies par le sang.
La tête, surmontant le long et large cou du reptile, présente les mêmes caractéristiques que la forme humaine : un museau bosselé, des yeux noirs et enfoncés, ainsi qu’une large bouche qui laisse parfois poindre de manière équivoque des crocs aiguisés. Le haut de la tête est surmonté de deux longues cornes.
Chaque vertèbre enfin, perce la peau en une pointe menaçante.
Il s’envole vers l’obscurité, et on ne voit plus rien.

Passé :

Aussi loin que chacun se souvienne, Jierdan n’a jamais été gentil. Il n’a jamais été ce petit dragon que tout le monde attendait. Il n’a jamais été le digne héritier des Feiron, illustres représentants de la noblesse draconique. Il n’est jamais venu en cours avec ses précepteurs. Il s’enfuyait de chez lui, s’envolait au-dessus des murs de Goldoa, partait découvrir le monde. Il revenait le cuir criblé de flèches, le museau barbouillé de sang, mais il revenait toujours.

Un jour, il apprend qu’il va se marier. Avec une dragonne dont il n’a jamais entendu parler. On peut appeler ça un mariage arrangé ; ce genre de choses que les parents font entre eux sans prendre en compte le bonheur de leur gamin dans l’équation.
Il arrive devant elle. Ses grands yeux bleus, ses longs cheveux blonds, sa ravissante robe de printemps… Tout sur elle respire la propreté, l’innocence, la vertu. Jierdan ronchonne.

« … Enchantée, je suis Deidre, votre future épouse. »

Il soupire longuement en regardant les boucles dorées onduler légèrement au rythme des mots de la jeune dragonne. Elle semble obnubilée par ses yeux et ses cheveux si sombres. Qu’elle soit tombée amoureuse dès le premier regard, il n’en doute pas. Malheureusement ce n’est pas, et ne sera jamais réciproque. Il lui épargne les pleurs –pour le moment.

« Je suis Jierdan. Je m’en remets à vous. »

Il n’a pas besoin d’elle. Les noces se font discrètement, avec seulement quelques invités, ainsi que le roi pour tout officialiser. Maintenant elle se nomme Deidre Feiron.
Au début, il la laisse en paix. Il lui raconte quantités de bobards afin d’aller traverser le monde seul. Il traîne dans les endroits les plus sombres, ne se soucie absolument pas de son image ni de l’imagination fertile de sa femme. Au début, elle n’y voit que du feu. Mais petit à petit, le doute étreint son cœur. Son mari n’a pour elle aucune tendresse. Il ne vient jamais la visiter, même la nuit. Elle reste de longues journées, éplorée, dans les grandes pièces de la demeure des Feiron.
La seule personne avec qui Jierdan entretient des rapports polis est son beau-père, Krenash. Le vieux dragon bleu fait partie de l’illustre conseil du roi de Goldoa. Un Laguz sans âge, dont on ne peut jamais réellement percer les pensées. Jierdan a avec lui des conversations sur des sujets variés, pouvant parfois effleurer les tréfonds des pensées noires de l’homme sans pour autant tomber dedans. Il est intriguant.

Le dragon rouge attend son heure encore quelques années. Il a le temps. Tout le temps qu’il veut avant de pouvoir voler de ses propres ailes. Lors d’un de ses voyages, il se rend compte qu’il n’est pas reconnu lorsqu’il se glisse sous forme humaine parmi la masse Beorc. Il réalise à quel point il leur est supérieur. Il réalise à quel point ils sont tous faibles ; à cette époque où les Laguz peuvent encore parcourir les terres des Beorcs, Jierdan remarque qu’eux aussi ne sont que faiblesse.
Il se convainc, petit à petit, que la seule race suprême est celle des dragons. Mais ces stupides êtres supérieurs sont inutiles. Ne font rien. Restent bien gentiment cloîtrés dans leur rocher pour ne jamais en sortir ; ou si peu. Un sourire déchire son visage à cette pensée. Il deviendrait le seul être supérieur, imprenable, intouchable.
Il a déjà une façon de se battre sous forme draconique incroyable. Il est souple et vif pour sa taille, et son cuir est durci par les nombreux combats qu’il a menés. Il lui faut une dernière puissance de feu : il lui faut pouvoir se battre sous cette faible forme humaine. Dans cet amas de chair utile seulement à l’écriture et l’artisanat.
Alors, en rentrant à Goldoa, il va questionner son beau-père.

« Où puis-je apprendre à me battre sous forme humaine ? »

Le vieux dragon réfléchit quelques secondes, puis sans mot, il lui confie une carte marquée de la forêt de Serenes. Jierdan ne prend même pas le soin de prévenir son épouse avant de s’envoler. Lorsqu’il parvient dans la forêt, tout est calme. Devant lui, un arbre creux se dresse. C’est tout.
Prenant forme humaine, le dragon s’avance vers l’arbre. Il l’inspecte, palpe chaque branche, chaque racine. Mais il ne trouve désespérément rien.
Il s’assoit, laissant l’air frais du matin lui caresser le visage. Doucement, il prend sa poche à tabac, puis se roule une cigarette, qu’il allume d’un léger souffle avant de la porter à ses lèvres avec satisfaction. Il fait lentement quelques ronds avec la fumée blanche et âcre. Derrière lui, une toux discrète se fait entendre.

« Mmh, fumer dans une forêt pourrait conduire à un feu, jeune homme. »

Il se retourne, un sourcil levé. Pff, c’est quoi ces hommes qui se permettent de s’adresser comme ça à lui. Un sourire fend son visage lorsqu’il aperçoit le petit être recroquevillé qui lui fait face. Aussi sec et noueux qu’un vieil arbre, le vieux le toise d’un regard sans âge. Jierdan se lève, le dominant de sa taille.
« Personne ne me dit ce que j’ai à faire, surtout pas un vieil homme comme toi. »

Tchh. C’est quoi ce regard, hein ? C’est quoi cette façon de le regarder, comme s’il n’avait absolument rien à foutre de leur rapport de force ?
Puis c’est le noir. Lorsqu’il rouvre les yeux, il semble être dans une petite cabane creusée dans le tronc d’un arbre. Cet arbre de tout à l’heure ? Mais pourtant… C’est quoi ça, de la magie Beorc ? C’est dégueulasse. Il se relève avec un affreux mal de crâne. Toutes ses affaires sont posées dans un coin de la cabane, et l’odeur piquante d’un étrange mélange d’herbes à fumer remplit l’espace du logis. Le dragon baille à s’en décrocher la mâchoire.

« Ah ben. Quoi encore. Tu m’as ramené ici ? »
« Celui qui recherche la puissance ne l’a pas encore trouvée. »

Hein ? Mais de quoi il parle ? Il est totalement con ou quoi. Jierdan se lève en baissant prudemment la tête pour ne pas se cogner au plafond trop bas. Il s’approche du vieux qui somnole près du feu. A bien l’observer, il semble être un Marqué. Ses yeux verts pétillent en le voyant approcher. Jierdan recule d’un pas, presque apeuré par tous les sous-entendus que ce regard couve.

« C’est toi qui peut m’apprendre à me battre sous cette forme ? »
« Tout dépend de ce que tu recherches… »

Non, là, ça va plus du tout. Le dragon énervé chope l’ancien par le col et le plaque contre le plafond de sa propre maison.

« Je vais me fâcher si tu réponds pas à mes questions. »

Un sourire édenté traverse la face du vieillard alors que d’un mouvement vif de la main il prend Jierdan par la gorge, et le fait tomber lourdement à la suite d’une clef à l’épaule. Le Laguz mord la poussière. Il ne comprend pas. Il ne comprend plus rien.

« Comment t’as fait ça ? »
« Celui qui pose trop de questions oublie d’observer les mouvements du maître… »

Puis le vieux Marqué le laisse comme ça, comme un tas de linge sale au milieu de la pièce. Jierdan bout intérieurement. Il se sent bafoué. Puis il finit par réfléchir. Et ses réflexions lui plaisent beaucoup. Ce vieux, là. Il pourrait bien avoir déjà commencé son enseignement. Il pourrait bien avoir déjà commencé à lui apprendre comment se battre. Et ce qu’il voit est très convainquant. Abattre un adversaire plus grand et fort aussi facilement, à mains nues… C’est grisant. C’est parfaitement grisant.
Il se tourne sur le dos, fixant le plafond. Un grand rire traverse sa gorge alors qu’il accepte pleinement le début de son apprentissage.


______________


Cinq ans passent. A Goldoa, Jierdan est sur le point d’être déclaré mort pour cause de trop longue disparition. Puis un beau matin, mine de rien, il passe le pas de la porte de sa demeure. Un grand silence emplit le hall d’entrée alors que Deidre, amincie par le chagrin et la douleur de l’attente, avance lentement vers son époux disparu.

« Tu es revenu… »
« Ah, parce que tu m’as attendu ? Alors en plus d’être sentimentale, t’es sacrément conne quand même. »

Des larmes emplissent les grands yeux bleus alors qu’il passe devant elle, sans un regard, s’allumant tranquillement une clope. Elle regarde le dos de son mari. Il est nimbé d’une aura de puissance qu’elle ne lui a jamais connue, même au plus grand de sa forme en tant que dragon. Elle a l’impression que s’il le désirait, il pourrait prendre sa tête dans sa grande main, et la faire craquer aussi simplement qu’une coquille de noix. Elle ne sait pas à quel point elle a raison d’avoir peur.

Puis, quelques jours passent. Il s’envole à nouveau, ne laissant à l’adresse de ses proches qu’un billet griffonné à la va-vite sur le coin de la grande table de la salle à manger.
Je pars pour le reste de Tellius. Goldoa a toujours été chiante, de toute façon. Salut à tous !
Dans les yeux de Deidre, on lit le désespoir. Dans ceux de Krenash, lentement, le désir de vengeance s’épanouit et finit par envahir tout son être. N’attendant pas plus, il s’envole à la poursuite de ce traître à son sang. Celui qui a osé briser sa chère et unique fille.

Quelques semaines plus tard, un grand tournoi est organisé par le roi de Daien. Les combats s’enchaîneraient, et le vainqueur obtiendrait une récompense de son choix, tant que celle-ci n’est pas trop exorbitante.
Jierdan, bien évidemment, s’inscrit. Il fanfaronne toute une journée durant dans une auberge, certain qu’il va emporter la victoire. Les serveurs soupirent, les serveuses rient doucement.
Le jour du tournoi arrive. Jierdan se vêt, enfile une grande cape rouge sur son armure légère, puis se rend à l’arène pour valider son inscription. Il arrive devant le Beorc s’occupant des registres.

« Jierdan Feiron, âge : quarante cinq ans. Arme : aucune. »
« …Pardonnez-moi ? Je n’ai pas bien compris le nom de votre arme. De quel type est-ce ? »
« Mes mains, abruti. »
Il lui souffle dans le visage la fumée de sa cigarette, puis il se dirige vers la pièce réservée aux participants. A l’intérieur, des Beorcs de tout âge et de toute origine sociale se pressent. Jierdan rit presque en les voyant tous apprêtés et cliquetants, l’air sûrs d’eux-mêmes, mettant toute leur confiance dans leur épée, leur hache, leur lance.
Tous les coups sont permis. La seule règle est de ne pas tuer. Facile. Trop facile. Il fait craquer ses doigts alors que les premiers combattants sont appelés à enter dans l’arène. La première épreuve est une mêlée. Les participants sont séparés en trois poules dont les quatre restant encore debout accèderont à l’épreuve suivante.

Durant cette épreuve, il reste là, au milieu du champ de bataille délimité, à griller tranquillement sa clope. Parfois, il en assomme un ou deux qui s’approchent trop de lui. Il ne fout rien, et n’en a rien à foutre. Ca l’amuse à peine. Et bien évidemment, il fait partie des quatre derniers de son groupe à rester conscient. La suite, la suite. Il en deviendrait presque impatient.

La seconde épreuve est un tournoi, bien sûr. Le premier round est un peu spécial. Les adversaires se feront face par groupe de trois. A chacun de voir s’il préfère se liguer contre un premier adversaire avant d’écraser celui qui l’a aidé.
Jierdan se retrouve contre un lancier et un épéiste. Un sourire traverse son visage, et ses dents se serrent autour de son mégot alors qu’il voit les deux hommes se retourner contre lui. Il ouvre les bras, fait l’innocent, s’adresse à l’épéiste.

« Hey vieux, sitôt que tu m’auras abattu tu vas te faire laminer par le lancier. Moi, j’ai que mes pauvres mains pour te filer des baffes. Lui il peut te pourrir à distance avec toute la tranquillité du monde. »

Il n’a pas à répéter ses mots pour retourner l’épéiste contre le lancier. Ils s’acharnent tant et si bien qu’ils finissent par s’abattre en même temps. Au même moment, Jierdan termine tranquillement de griller la troisième cigarette de l’épreuve. Il hausse les épaules devant la bêtise de la race humaine. Mais il doute que les dragons ne fassent mieux, finalement.

Il s’avance doucement vers les trois autres vainqueurs. Deux maniant une lourde épée, un dernier armé de deux haches épaisses.
La demi-finale l’oppose à un des épéistes. Il est déjà lourdement blessé, ayant certainement combattu férocement lors des épreuves précédentes. Il ne se meut encore que grâce à l’énergie du désespoir, c’est indéniable. C’est risible. Jierdan évite ses coups avec une aisance insolente, prenant parfois le temps de lui souffler de la fumée dans les yeux.

« Comment fais-tu ! Comment fais-tu pour être encore aussi vif ?? »
« C’est bien simple mon mignon. »

Il évite prestement un coup qui déséquilibre l’épéiste. Il l’attrape par le cou, et tourne sa tête vers lui. Puis il lui éteint son mégot au milieu du front, un sourire satisfait aux lèvres.

« On n’est jamais mieux servi que par les autres, au beau milieu d’un combat. »

Puis il laisse lourdement tomber le corps par terre. L’épéiste s’est évanoui sous le choc de la brûlure et la fatigue extrême de son corps. Jierdan soupire. Bon. Il n’a encore pu montrer à personne sa toute-puissance. Il commencerait presque à s’ennuyer. Ce manieur de haches, là-bas… Il vient de gagner. Contre un épéiste. Intéressant. Plus qu’intéressant.
Jierdan s’avance vers lui alors que les organisateurs annoncent l’ouverture de la grande finale…
Son adversaire a l’air plus vieux que lui, en apparence tout du moins. Sous son casque couvrant une partie de son visage et de son nez, on devine la tranquillité de ses traits. Il est nimbé de puissance. Aaaah, voilà enfin un adversaire à sa taille. Fini le menu fretin.

« Toi… Tu ne t’es pas battu de tout ton cœur. »
« Bwarf, ils le méritaient pas. Toi par contre… »
« Aucun adversaire ne devrait être sous-estimé, petit garçon. »

Aaah, mais qu’il se la ferme. Jierdan s’élance alors que le coup d’envoi est à peine donné… Les haches filent, ricochent d’abord sur son armure, puis la percent, puis s’enfonce dans la peau… Mais ne tranche pas le bras, comme il était prévu. En bandant violemment ses muscles, Jierdan a empêché d’être plus gravement blessé.

« Hein ? »

Le manieur de haches recule de quelques pas prudents. Jierdan rigole. Il s’élance avant que son adversaire ne se remette en garde, puis lui assène un impact puissant du plat de la main, au niveau du cou. Son adversaire est éjecté sur quelques mètres ; il se relève presqu’immédiatement. La peur est visible dans son regard pourtant si placide précédemment.

« Je vois. Et si je demande comment tu as fait ? … »

Jierdan s’allume une nouvelle cigarette. S’amuse à inspirer pensivement.

« Mmh, pour citer mon vieux maître, j’ai fini par trouver la puissance. »

Très fier de l’effet classieux de sa phrase, il charge à nouveau. Il pare les haches qui s’abattent sur lui par un moulinet du poignet, puis cogne de la tranche de la main sur l’arrière du cou offert de son adversaire par son déséquilibre. Il accueille le visage sur son genou. L’arête du nez éclate, et l’homme s’écroule de tout son long sur le sol de l’arène. Jierdan lève un sourcil. Alors c’est ça. Oui, il comprend mieux maintenant à quoi ont servi ces cinq longues, trop longues années à se perdre dans Serenes.

Il a donc gagné le tournoi, félicitations. Qu’est-ce qu’il va donc bien demander de chiant à trouver ? Ce serait rigolo, franchement. Il s’approche devant la loge royale, esquisse la parodie d’une révérence, puis écrase sa cigarette consumée sur le sol.

« Bien, quel est votre souhait, Lord Feiron ? »
« J’aimerais tuer l’homme contre lequel je viens de gagner. »

Silence sur l’arène. Personne n’en croît ses oreilles. Jierdan arbore le sourire placide de celui qui a déjà arraché la victoire. Le roi semble hésiter.
Derrière le dragon, une silhouette se dessine. Krenash, son beau-père, car c’est lui qui maniait si bien les haches, s’élance devant lui, un air de profond désespoir peint sur son visage ensanglanté. Lui qui a tant sacrifié à ce gendre ingrat. Lui qui a tant aidé sa fille à supporter l’attente de ce mari disparu.
Violemment, le vieil érudit prend sa forme draconique. Les ailes bleutées balayent l’assemblée. Les gardes affluent sur le sable de l’arène. Jeirdan arrête son intention d’allumer une nouvelle cigarette.

« Bon, ben prenons des mesures radicales alors. »

Son sourire s’élargit, et lui aussi prend sa forme draconique, bien plus grande, bien plus puissante que celle du ministre trop habitué à la tranquillité et la paix. Jierdan s’élance, l’assomme d’un coup de corne, puis tout aussi vivement, prend le cou gracile du reptile entre ses mâchoires. Le claquement sec de la colonne brisée résonne sinistrement. La voix rauque et reptilienne de Jierdan dissipe le silence.

« Je pense qu’ainsi, mon vœu est exaucé. »

Et avant même que les autres gardes n’aient d’ordre de la part du roi, il s’envole. Les flèches qui lui sont lancées s’enfoncent dans sa chair mais ne le meurtrissent pas ; il a trop épaissi sa peau à force de subir des blessures trop nombreuses. Il sourit de toutes ses dents tranchantes, désormais parricide et auteur du meurtre d’un noble. Goldoa ne risque pas de le revoir de si tôt.



______________



Depuis son arrivée, il n’est pas vraiment aimé. On raconte qu’un homme brun et vêtu de rouge parcourt le continent et tue ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Lorsqu’il entend ces histoires dans des tavernes obscures, Jierdan se marre.

« Et s’il tue tout ceux qui croisent sa route, qui vient vous répéter ces rumeurs ? »

Et vu que personne ne répond en voyant ce grand mec brun vêtu de rouge leur parler de façon si sarcastique, il se lève, les massacre tous à mains nues, puis il sort de l’auberge satisfait. Que c’est faible un humain, quand même.

Parfois, il trouve des adversaires qui lui tiennent tête. Qui parviennent même à lui foutre une raclée et à le laisser sanguinolent au bord de la route. Mais il finit toujours par s’en sortir. Il trouve ça tellement génial, de trouver des mecs capables de se battre d’égal à égal avec lui. Ca l’inspire, ça le motive à devenir plus puissant qu’eux, pour aller chercher sa revanche une fois rôdé.

Puis tout devient une routine. Peu nombreux sont ceux qui ont déjà vu un dragon. Sa tête est mise à prix, il est recherché dans tous les royaumes. Et il n’en a rien à battre. Il continue de se déplacer là où bon lui semble, il continue de tuer et massacrer ceux qui l’emmerdent, ou ceux qu’il trouve amusant de tuer lors d’un duel. Il n’a aucun but. Il n’a aucun compagnon.
Parfois, assis à côté d’une bonne bière, il raconte à une poignée de curieux quelques unes de ses aventures, puis il s’en va tranquillement… Sans payer, bien évidemment. Personne n’est assez fou pour lui demander de le payer.

Et finalement il s’ennuie. Il trouve que le monde tourne un peu trop lentement à son goût. Il décide d’aller saluer son vieux maître. Mais dans les profondeurs de la forêt, le vieil arbre creux a disparu. Il ne reste aucune trace du Marqué. Jierdan ne saura jamais s’il est mort, ou s’il s’en est allé quelque part, on ne sait où.
Que le monde tourne lentement. Que le monde est inintéressant, sans saveur, lorsqu’on a déjà tout goûté. Il se met à chercher quelque chose de nouveau, quelque chose de piquant.

Ce nouveau, il le trouve dans une rumeur, un nuage noir qui se forme dans le cœur des Beorcs. Ou encore dans un espoir qui se bâtit en une poignée de rebelles observant le monde avec un œil neuf, dont la volonté est d’arrêter la guerre. Oh, qu’ils sont mignons. Alors Jierdan observe, s’amuse des frasques de ces gamins qui veulent rebâtir le monde en ruine. Ca sert à rien. C’est voué à l’échec. Il reprend sa route en soupirant.



______________



« Vous… ! Vous êtes l’Immortel, n’est-ce pas ? »

Il s’arrête, un poing sur la hanche, et se retourne vers la femme. Après toutes ces années à parcourir Tellius en long, en large et en travers, voilà qu’on l’affuble encore d’un nouveau surnom. Mais bizarrement, celui-ci lui plaît bien plus. Il s’allume une cigarette. La lumière rouge se reflète sur son visage sous la pâle lueur des étoiles.

« Ca se pourrait bien, petite demoiselle… Pourquoi donc ? »
« Je suis envoyée par… peu importe. Je ne viens pas vous demander de l’aide, vous ne la donnerez certainement pas. Mais juste… Ne prenez pas parti dans cette guerre. Je vous en prie. »

Il hausse un sourcil. Quoi ? Mais ces dernières années, le monde est devenu plus fort. Même le plus faible des péquenauds se bat pour sa survie. Il n’est une réelle menace que dans les contes de grand-mère, même si ça lui arrache la gueule de l’avouer.

« Nan mais… Je suis peut-être l’Immortel dans vos légendes, je suis peut-être toujours pas mort (et je risque pas), mais je vois pas en quoi ce que tu fais est utile. Toute façon je m’en fous, de votre guerre. Je tue qui je veux. »

La gamine tremble de tous ses membres et semble se contenir pour ne pas s’enfuir. Jierdan souffle lentement sa fumée. Il a décidé d’être patient ce soir.

« Allons allons, petite… Je vais pas te manger. Un mignon minois comme le tien, ça s’entretient. Faudrait pas te défigurer… »

Elle soupire bruyamment, mais continue de le suivre. Au bout de quelques temps, il s’arrête à nouveau et se tourne vers elle.

« Bon, ça suffit maintenant. Tu veux quoi ? »
« Votre promesse que vous ne prendrez pas parti. »
« Ah, mais tu me fais chier ! Je te l’ai déjà dit, je tue ceux qui m’emmerdent. J’ai aucun intérêt à m’apitoyer sur vos combats débiles vu que de mon point de vue, vous êtes tous pareils. T’as compris ? »

La réplique reste coincée dans sa gorge, et elle préfère battre en retraite. Le dragon rouge hausse les épaules avant de reprendre sa route. Mmh. L’Immortel, ça sonne bien quand même.
Il n’a même pas le temps de s’intéresser aux événements qu’ils passent tous, comme un battement de cil. Et déjà, cette guerre-ci est terminée. Tant mieux. Tant pis. C’est leur problème, pas le sien.

Quelques mois passent. Un jour, les pas de Jierdan le mènent à nouveau vers l’ancienne demeure de son maître. L’arbre creux est toujours aussi absent. Cependant, un petit tertre d’à peine un mètre de haut s’est formé. Intrigué, le dragon s’approche. Ce tertre a la forme d’une des briques spéciales qu’il utilisait pour s’entraîner à briser des objets à mains nues.
Il tâte doucement, et découvre sous l’herbe tendre qu’il se trouve réellement une de ces fameuses briques. Il prend son souffle, et d’un coup sec du coude détruit la bosse d’argile cuite. A l’intérieur, il trouve un petit coffret. Un instrument étrange est entouré dans du velours rouge, frappé du sceau de son maître. Comment peut-il être toujours en vie ? … Si ça se trouve, il n’a jamais été celui qu’il semblait être. Il s’énerve tout seul, et secoue le coffret tant et si bien qu’une lettre cachetée s’envole doucement. Il l’ouvre d’un coup sec.

A celui qui recherchait la puissance,

Peut-être a-t-elle été atteinte. Voici un nouvel instrument pour gravir les marches du pouvoir.


Le billet ne dit pas un mot de plus. Le dragon le chiffonne, agacé. Il soulève distraitement le velours afin de détailler l’objet. C’est long, recourbé, constitué d’un alliage métallique… C’est formé par un tuyau envoyant certainement un projectile. Il tend l’objet vers l’herbe tendre, et appuie sur un petit morceau de métal recourbé. Un autre morceau de métal allume une mèche qui produit une détonation terrifiante.
Lorsque Jierdan s’approche de l’endroit de l’impact, le sol fume encore. Profondément enfoncée dans la terre se tient une petite boule de métal, brûlante. Il hausse un sourcil. Quelle est donc cette puissance ? Avec un seul de ces petits projectiles il pourrait prendre la vie aussi sûrement et rapidement qu’avec la plus meurtrière des armes. L’ombre d’un sourire traversa son visage. Quel instrument terrifiant.

Le Laguz passe le restant de la journée à tailler des morceaux de cuir d’une sacoche qu’il a déchirée quelques jours plus tôt afin de pouvoir ranger sa nouvelle arme à sa ceinture.
Il s’arrange pour créer deux compartiments, un pour la poudre, un pour les boules de métal. Puis il quitte Serenes, n’ayant plus rien à y faire.



______________



« Ta prime a encore augmenté, tu le savais ? »

Il tourne sa tête lentement vers l’homme qui lui parle avec tant de cran. Il écrase lentement sa cigarette sous sa botte épaisse, et attend, les bras croisés.

« Et bien ? T’es venu pour autre chose que parler, non ? »

L’homme le charge à l’aide d’une longue pique. Jierdan attend jusqu’au dernier moment avant de parer en retenant le manche d’une main ferme. Puis de son autre main, il dégaine, et pose tranquillement son arme sur le front de son adversaire.

« Hein ? C’est quoi ça ?? J’en ai jamais vu ! »
« Moi j’en ai vu un ou deux autres. Ca s’appelle un pistolet. Tu veux tester ? C’est tout nouveau. »

Un sourire déchire ses joues alors qu’il appuie de façon horriblement lente sur la détente.
BANG.
La tête éclate, le sang éclabousse le sol. Jierdan essuie le plus calmement du monde une tache de sang collée sur sa joue. Il est perplexe devant la puissance de cet instrument de mort. Mais il pourra très bien lui être utile, en cas de dernier recours. Et puis… Il n’en a rien à battre d’ajouter trois couches à sa réputation de combattant sadique, féroce et sans scrupules.
Au moins il continuera à être fort.
Il se relève, laissant tomber lourdement le cadavre alors qu’il lâche la lance tâchée de liquide rougeoyant. Que sont donc ces êtres inférieurs qui ne trouvent rien de mieux à créer que des armes de plus en plus puissantes pour s’entre-déchirer ? Il n’y a vraiment aucune logique là-dedans. Il vaut mieux qu’ils crèvent tous, ce serait bien plus drôle.

Puis la seconde guerre éclate. Il ne s’est pas attendu à ce qu’elle soit si violente. Lui, n’en a toujours rien à battre. Il continue son petit train de vie monotone qu’il suit depuis des dizaines d’années. L’usage du pistolet lui ouvre de nouveaux champs de visions, de nouvelles façons de s’amuser lors de ses petits massacres.
Mais lors de cette guerre, encore plus que lors de la précédente, les sous-êtres sont plus que jamais réticents à mourir. Ils restent fermement ancrés sur leurs jambes alors que le jugement leur tombe dessus. Quel est donc ce vent nouveau qui souffle. Jierdan n’aime pas cette guerre. En fait la guerre, c’est lassant. Il n’a plus le plaisir de prendre quelqu’un au dépourvu s’il l’attaque. Et en plus, il ne peut plus se transformer tranquillement en dragon, on l’attaque immédiatement. Que c’est fâcheux, n’est-il pas.
Alors il marche, son long manteau rouge claquant dans les ténèbres qui l’environnent, et auxquelles il porte une attention proche du néant.

Puis ce jour funeste, le manteau s’arrête de claquer. Son bras se stoppe alors qu’il s’apprête à porter une cigarette à ses lèvres. Son visage se fige dans un sourire méchant. Il a senti la vague de puissance s’étendre sur l’ensemble du monde. Sa seconde main a eu le temps de lever son majeur tout haut vers le ciel.



______________



« Non mais je te dis que c’est le Faucheur… »
« C’est pas possible, le Faucheur a une grande épée non ? »
« Ben il l’a peut-être laissée pour passer un peu plus inaperçu dans un village, non ? »

Il s’approche en entendant les jeunes femmes jaser.

« Et bien mes belles, que désirez-vous de ma personne en me regardant si intensément ? »

Elles gloussent. Il déteste ça, lorsqu’une femme glousse. Ca lui donne un air tellement stupide.

« Elle vous prenait pour le Faucheur… »
« … Pour qui ? »

Elles le regardent comme s’il venait d’avouer qu’il sortait d’un monastère. L’une d’elles insiste.

« Mais si, le Faucheur… Celui en manteau rouge, maniant une épée légendaire… C’est la plus haute prime de tout Tellius ? »
« Ah ouais, lui. »

Il inspire pensivement une bouffée de cigarette. Oui, il a entendu parler de cet homme qui a osé faire tant parler de lui qu’il lui est passé devant en tant que criminel le plus recherché de Tellius. Un peu con dans sa tête quand même, le mec.
Il s’est un peu renseigné sur lui. Il a commis des massacres, empreint d’une rage berserk incompréhensible. Oh, ça devait être suffisamment grave pour que tout Tellius soit au courant. Ou alors il a fait d’autres trucs encore plus graves, mais il s’en fout totalement, le dragon.
Il s’approche des deux femmes, et les prend chacune par une épaule, gardant sa clope au bec.

« Mes belles, je vais vous dire un truc. »

Flattées, les jeunes femmes écoutent ce bel homme de toutes leurs oreilles. Sa voix rauque se fait murmure.

« Il y a une différence entre moi et le Faucheur. »

Il appuie doucement ses mains sur les cous graciles des belles.

« Moi, quand je commets des massacres, je les regarde en face. »

Les vertèbres semblent craquer une à une alors qu’il serre d’un étau de fer les cous des jeunes femmes. Bientôt, il les laisse tomber à terre, une ultime lueur d’incompréhension dans leurs yeux qui s’éteignent.
Puis il enjambe leurs corps parcourus de spasmes, satisfait. Il a assez de soucis avec les dragons qui on rouvert les portes de Goldoa, et qui sont donc à nouveau à ses trousses. Si le tout-Tellius est tourné vers le Faucheur, il ne s’en portera que mieux, tiens.

Il s’arrête à l’orée du village pour se rouler une nouvelle clope, tranquillement. Puis il part vers l’horizon, glissant les mains dans ses poches. Bientôt on entend un grand battement d’ailes, et une immense créature s’envole vers la lune, terrifiante ombre chinoise sur un tableau macabre de village trop profondément endormi.


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MessageSujet: Re: Jierdan [terminée] Nc -16   Jierdan [terminée] Nc -16 I_icon_minitimeMer 11 Jan - 16:29

Bien, ceci étant ton QC l'évaluation sera rapide et douloureuse.

Langue: 2.5/2.5

Une langue parfaitement maîtrisée, et je ne parle bien sûr que du français.

Style: 1.5/2.5 (-)

Le style est beau, propre, agréable... Mais trop proche de Moneta. Ce côté vulgaire lui ressemble étonnement, bien que Jierdan soit sombre.

Caractère: 2/2.5

L'utilisation du terme de la flemmardise est pour le coup trop lourd à la consommation. Même si c'est fait pour l'effet d'insistance, c'est mal fait.

Physique: 2.5/2.5

Très beau.

Histoire: 7/8

Très détaillé, long et élégant. On y retrouve tout ce qu'il faut si ce n'est qu'à mon goût les dialogues manquent de profondeur.

Originalité: 2/2

Un méchant, ça faisait longtemps.

Note finale: 17/20
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Jierdan [terminée] Nc -16

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