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 Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.

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MessageSujet: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeDim 29 Mai - 15:26

Mais que diable s’était-il passé hier soir ? Et merde ! Impossible de se souvenir. Alrahyr avait certainement dormi beaucoup trop longtemps, et il ne trouva aucune note de la veille. Ce n’était pas dans ses habitudes et cela le perturbait.
A son réveil, il s’était découvert de nombreuses courbatures, ainsi qu’une multitude de blessures. La plus importante traçait une plaie d’une vingtaine de centimètres le long de son bras gauche, mais avait déjà bien cicatrisé. Sa tenue de voleur était tachée de sang séché, qui contrastait avec le noir-ébène habituel. Sa dague semblait avoir ruisselé d’hémoglobine qui avait durcit dans son fourreau : il avait fallu au jeune homme forcer pour l’en extraire. Enfin, son sabre court témoignait de multiples parades qui avaient causées de petites entailles sur le tranchant.

Merde !
Pourquoi n’avait-il pas reporté tous ces événements ? Et pourquoi avait-il autant eu besoin de sommeil, au point de tout oublier ! Cela ne lui était pas arrivé depuis plusieurs mois, et il pensait que ce problème était un fait passé, révolu.

Le soir, après une journée banale, il alla au lieu de rendez-vous indiqué sur le parchemin qu’il avait glissé sous sa semelle. Il s’agissait d’un toit situé sur une habitation de deux étages, visiblement abandonnée depuis plusieurs années.
Son employeur l’attendait, comme toujours, debout au milieu du toit de poutres de bois branlantes. Loknak, visage camouflé derrière un masque ébène et une capuche, avança avec la prudence qui lui était familière, évitant de déloger le sol instable.

L’homme qui l’attendait prit la parole.


- T’es en mesure de réussir un contrat ce soir ?

La question était étrange. Pourquoi le jeune homme ne pourrait-il pas exécuter son ordre de mission, comme chaque nuit depuis… Depuis déjà tellement longtemps !

- Qu’est-ce qui vous fait douter de moi ?

L’homme resta silencieux pendant quelques instants, puis décida de répondre par une question :

- Tu sais pourquoi on t’appelle le Noldorim ici ?
- Non.

Ce surnom lui avait été attribué aux environs du dixième meurtre. Son employeur l’utilisait de plus en plus souvent, et lorsqu’il lui confiait une mission en la présence d’une tierce personne, il désignait toujours Loknak par « Le Noldorim ».

- Tu ne connais pas la légende de Nauldora ?

Le jeune voleur avait un air interrogateur, malgré l’aspect neutre que sa tenue lui conférait. L’homme continua :

- Les mythologies les plus anciennes parlent d’êtres possédés par la Mort elle-même, qui n’avaient foi qu’en elle et qui la vénérait comme un Dieu. Nauldora était leur territoire. Ils n’avaient pas de roi, pas de gouverneur, pas d’empereur : seul le Grand Prêtre guidait son peuple. Nauldora fut attaqué par un royaume voisin, puis envahi par un autre, et encore un autre. La population fut massacrée à travers les âges. Mais au fur et à mesure que le temps passait, on vit apparaître dans les diverses villes desdits royaumes des assassins de renom. Ils se firent bientôt appelés « Noldorims », car on supposait qu’ils descendaient de l’ancien peuple décimé. Il fut prouvé de diverses manières par les autorités que les serviteurs de la Mort n’avaient pas survécus, et que ces tueurs ne pouvaient en aucun cas être des descendants de Nauldora. Mais on continua à leur attribuer ce nom. Les Noldorims n’étaient pas des assassins. Les assassins avaient des cibles. Les Noldorims avaient des cadavreux. Dès lors qu’on confiait un nom à un Noldorim, on considérait la personne comme morte. Car un serviteur de la Mort ne ratait jamais sa victime.

Loknak prenait rapidement conscience de la situation : depuis son premier meurtre, chaque fois qu’on lui donnait une cible – un cadavreux –, il réussissait le contrat. Chacune des onze victimes désignées avait trouvé la Mort, sans exception. Parfois, cela avait pris une semaine, car Loknak ne voulait jamais se lancer à l’assaut sans être certain de sa réussite.

- En quoi les événements de la veille vous entraînent à me dire ça ?

Le jeune homme n’avait jamais révélé son problème de perte de mémoire. Et ce n’était pas le moment de se laisser découvrir.

- Certaines personnes pensaient que tu n’avais aucune chance face à Ravvik.
- Certaines personnes ?

L’homme semblait gêné. Il hésitait à poursuivre.

- Disons que tu deviens trop… Connu… Et ce n’est pas forcément apprécié par tout le monde.
- Mais c’est bien vous qui m’avez envoyé réaliser ce contrat.
- Oui.

C’en était trop. Loknak ne se souvenait plus des événements, mais la mission avait dû être rude. Son employeur l’admettait : il l’avait envoyé se faire tuer.

- Donnez-moi une seule raison de ne pas vous exécuter sur le champ.

L’homme tressaillit. Il savait que le Noldorim était parfaitement sérieux. On ne lui avait pas donné ce surnom pour rien : il travaillait pour la Mort, et si la Mort acceptait le meurtre, sa vie ne durerait pas plus longtemps que quelques secondes.
Il aperçut Hybrila, la dague noir mat, dans la main gauche du jeune homme. Le métal oscillait entre teinte argentée et couleur ébène. La Mort hésitait. Tout en fixant l’arme, l’employeur articula sa plaidoirie.


- Je ne peux rien contre toi, tu le sais. Ravvik était un bretteur d’exception et tu l’as terrassé, non sans peine certes, mais avec succès. Je suis allé voir moi-même le corps : il ne porte que la plaie infligée dans le creux du cou par ta dague. Son épée ne porte pas de trace de sang, alors que les soldats de sa garde semblent avoir combattu et touché leur adversaire.

Loknak comprenait peu à peu le fil des événements de la veille. Il connaissait Ravvik de nom, comme étant une brute épaisse mais aussi un fin épéiste. Selon les dires de son employeur, le Noldorim avait donc tué sa cible – son cadavreux – immédiatement, mais avait dû affronter la garde dans l’instant suivant. Aurait-il mal jaugé le danger ?

- Je suis en effet blessé un peu partout.

Il en avait entendu assez. La suite coulait de source : le jeune homme s’était battu contre quelques hommes de la garde, avec beaucoup de mal comme en témoignent les blessures. Puis il s’était échappé. Ayant perdu beaucoup de sang, donc totalement épuisé, il s’était endormi sans prendre la peine de noter le résumé de la journée. Et il ne s’était réveillé que trop longtemps après.

- Si vous avez un contrat pour moi, venez sur ce toit. En attendant, j’ai d’autres choses à faire.

L’homme remarqua qu'Hybrila avait perdu sa teinte sombre et reprenait peu à peu la douce couleur du métal. Cette couleur qui annonçait que la Mort avait fait son choix : elle ne voulait pas son âme. Pas encore. Ce n’était qu’un sursis, mais un sursis qui faisait plaisir. Personne n’aime mourir.
Loknak aperçut une silhouette sombre observer la scène depuis un toit voisin. Il congédia son ancien employeur d’un geste et se laissa tomber sans bruit vers une ruelle bordant la maison abandonnée. Contournant l’édifice, il se hissa rapidement et avec discrétion à l’endroit où il avait vu la silhouette. Prudemment, le Noldorim s’approcha de l’ombre noire, qui lui tournait le dos, agenouillée sur le rebord. Il sortit Hybrila et analysa la situation, tapis dans le silence de la nuit, à un saut de sa victime. Celle-ci n’esquissa aucun mouvement, mais se contenta de murmurer quelque chose.
Aussitôt, le jeune homme se sentit partir dans le vague. Une sombre onde de puissance passa à travers lui et le fit tomber à la renverse.

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Quand il revint à lui, il se trouvait au fond de ce qui semblait être une cave. Il n’était pas attaché, mais lorsqu’il essaya de se lever il fut retenu par une étreinte invisible. Un garde qui était jusque-là assis en face de lui appela une autre personne et quitta la pièce. L’homme qui entra rayonnait de puissance. Il portait une tenue sombre à l’image du Noldorim, mais ne semblait posséder aucune arme. Des formes noires ondulaient le long de ses bras, comme des serpents, mais avec plus de souplesse et de grâce : il s’agissait certainement d’un sorcier, un être de magie.


- Tu as encore beaucoup de choses à apprendre, Noldorim.

Sa voix était banale mais instillait le devoir de l’écouter.

- Jaax a terminé son travail avec toi, et il est temps pour nous de te mettre au courant de certaines choses.

Jaax ? Probablement son ancien employeur. C’était la seule signification possible.

- Sais-tu qui est le Shiin ?
- Non.

Ce n’était pas le moment de faire de longs discours, de rouspéter ou de tenter quoi que ce soit. Il avait déjà tenté de se détacher de son lien invisible, mais rien n’y faisait.

- Il dirige une partie non négligeable de la mafia de ce quartier. Jaax est un intermédiaire chargé de découvrir les futurs partisans potentiels. On m’appelle Rease, et je suis un autre intermédiaire, chargé de décider si Jaax a bien fait – ou non – son travail.

En clair, soit Loknak faisait l’affaire aux yeux du sorcier, soit il était trop faible et il mourrait. Peut-être la Mort avait-elle décidé qu’il était temps.

- Cependant je préfère te laisser le choix, c’est comme ça que je fonctionne. Soit tu acceptes de travailler pour le Shiin, soit tu goûtes une nouvelle fois à la magie. C’est simple.

De toute façon, si la Mort avait accordé à quelqu’un de tuer le jeune homme, il ne servait à rien de résister. Autant faire le choix sans se soucier des conséquences. Il opta pour une autre solution.

- Je ne suis au service de personne, pas même de ce Shiin. Je travaille seul, pour moi. Vous avez un contrat et de l’argent, je l’exécute. Mais je ne suis pas votre serviteur.

Il avait répondu avec une voix qui masquait mal son manque d’assurance, mais il ne pouvait pas faire mieux.

- Jaax a bien travaillé.

Une nouvelle fois, une vague de puissance déferla à travers le Noldorim.

Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. Ligne_11

Quand il revint de nouveau à lui, il se trouvait encore sur le toit où il avait découvert les effets de la magie. La nuit était encore sombre, mais on sentait que le petit matin n’allait pas tarder à pointer. Cette fois, il n’allait pas oublier de reporter par écrit tout cela.

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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeMar 31 Mai - 14:43

La lumière dorée tombait des fissures du toit pour former des figures mouvantes sur le plancher usé. Eli regardait le plafond, parsemé par ces interstices desquels le ciel bleu, brillant, sans aucun nuage était visible. Il était très tard, au moins midi et la jeune femme avait encore dormi toute la matinée sans rien faire. Sa vie devenait pitoyable. Ne rien faire du soir au matin, toujours vivant sur ses réserves au lieu d’en accumuler pour l’hiver. Elle vira les fesses de Tym qui avait prit possession de son cou et repoussa les draps avec ses pieds. Eli se leva, resta assise se prenant la tête dans les mains. Des fissures…il faudrait les réparer obligatoirement avant que le mauvais temps ne revienne. La maison tombait en ruine et elle ne faisait rien pour l’entretenir. Elle soupira avant de regarder une nouvelle fois au dessus d’elle. Elle aimait bien se réveiller dans la douce quiétude de l’après midi d’été et voir le dehors sans quitter son lit. Les jours d’orage c’était plus compliqué. Le dernier en date n’avait fait que démolir un peu plus sa demeure mais elle n’avait pas eu le cœur à réparer.

Ces derniers temps, elle se perdait dans les souvenirs. Erreur fatale ! Cela n’amenait jamais rien de bon ; jamais. Juste de la douleur, toujours plus de douleur et de tristesse. Un refuge qui se transformait en prison et vous écrasait petit à petit jusqu'à l’anéantissement total. Mais elle ne pouvait s’en empêcher. En ce moment, tous les soirs, son visage revenait. Dans les moindres détailles il la hantait, lui remémorant la chaleur de son corps et de ses lèvres. Elle aimait bien le printemps. Mais immanquablement, elle revenait dix ans en arrière, quand cette partie d’elle lui avait été arrachée.


« -Eka… »

Tym choisit ce moment pour attaquer. Il s’était glissé dans un coin de lit et attendait son heure, prêt à bondir. Le chat planta ses griffes dans le dos de la jeune femme qui sursauta. Elle pesta en tenta de l’attraper, mais l’animal tenait bon. Il avait enfoncé ses pattes dans la chaire d’Eli qui souffrait à chaque mouvement. Finalement elle attrapa Belthil posée contre le pied du lit et envoya un coup de fourreau derrière elle. Tym était déjà loin et disparaissait par un trou sous la porte d’entrée. Quelle sale bête ce chat ! Un jour elle aurait sa peau… sinon c’était lui qui aurait la sienne… et il avait bien commencé. L’épéiste passa sa chemise de coton fin par-dessus sa tête. Elle la retourna pour voir que le dos était dans le même état que celui d’un pauvre homme s’étant fait déchiré par une lame acérée. Encore un vêtement de foutu, et bien sur, elle n’avait pas l’argent pour en racheter une autre. Eli se servit de sa chemise pour éponger ses blessures. Rallumant le feu qui avait baissé pendant la nuit, la jeune femme, complètement nue, fit bouillir de l’eau et une fois prête, elle y trempa ses morceaux de tissus. Puis elle se banda le torse. La boule de poil n’y allait jamais de main morte dans des cas comme ça. D’habitude, elle parvenait éviter les coups et à lui envoyer un coup de pied au derrière, mais là, perdue dans ses pensées elle était une proie facile et le nombre de ses griffures augmentait sensiblement ces derniers jours.

Eli soupira en se passant la main dans les cheveux. Vraiment, il fallait qu’elle se reprenne. Comment une blessure vieille d’une quinzaines d’années pouvait-elle encore la marquer autant ? Elle se laissait aller et ne faisait que dépérir pitoyablement. La jeune femme passa une culotte de coton qu’elle avait elle-même fabriqué et sortit de la maison, exposant son corps aux rayons de midi. Le soleil tapait fort, et la brise lui caressait la peau tandis que les grillons chantaient dans les hautes herbes. Eli s’étira et commença à faire des étirements. Garder sa souplesse était vital pour une épéiste qui comme elle, se reposait essentiellement sur la vitesse. Elle grimaça un peu quand ses mouvements tirèrent sur ses blessures et tira la langue à Tym roulé en boule en plein soleil qui la regardait d’un air passionnément las. Quant la sueur commença à gouter dans son dos La jeune femme se releva et prit la direction de la rivière en emportant des habits. Elle laissa l’eau froide couler au creux de ses reins, profitant de sa fraicheur par cette chaude journée. Regardant autour d’elle, il lui semblait que toute la prairie alentour était trouble, tant la chaleur était forte. Au dessus d’elle, les arbres s’agitaient doucement dans la faible brise. Allongée dans l’eau claire qui lui courrait sur le corps, Eli admirait leur verdure tintée de reflets dorés. Il fallait que chaque instant de sa vie soit remplit de bonheur pour combler le manque qui se formait en elle.

Une fois habillée de propre et lavée, les muscles stimulés par l’eau froide, Eli reprit le chemin de sa cabane. En revenant chez elle, elle trouva Tym roulé en boule sous les couvertures. Cette bestiole n’était pas encore allée chasser et pleurerait à coté pendant qu’elle dînerait. Il était encore plus feignant qu’elle, si c’était possible. En soupirant, l’épéiste retourna son matelas malgré les cris de protestation du chat et s’empara d’une petite bourse, désespérément plate. Elle n’avait plus la tête à voler ces derniers temps et préférait gagner son argent honnêtement. Mais avec ça, elle ne renflouait pas ses caisses. Combien lui restait-il ? Juste assez pour s’acheter un kilo de pomme de terre. C’était déjà ça. Elle avait tenté tant bien que mal d’en faire pousser dans un carré de terre proche de la maison, mais les semences n’avaient rien données. Cette somme pouvait aussi convenir pour quelques peintes de bière…

Il devait être sept heures lorsque les gardes virent arriver la haute silhouette d’une jeune femme deux heures avant la fermeture des portes. Ils ne savaient pas grand-chose de cette femme. Elle venait assez souvent à Mélior et semblait habiter dans la campagne environnante. L’épée qui pendait à ses cotés, leur avait toujours instillé une crainte respectueuse à son égard, surtout quand elle passait devant eux en les ignorant royalement, même s’ils l’avaient interpelé. Lorsque Simons avait voulu l’attraper pour lui poser des questions, il s’était retrouvé avec une certaine partie du corps fonctionnant beaucoup moins bien par la suite. Plaisanterie qui alimenta un moment les veillées du corps de garde mais qui dissuada surtout les hommes de s’en prendre à cette femme. Merx avala sa salive lorsqu’elle passa devant lui, en dégageant un doux parfum d’herbes aromatiques. Un chat roux et velu la suivait à quelques mètres et passa avec le même air digne que sa maitresse, la queue en l’air, en seigneur de ces terre.


« -Hé Tom ! Elle est quand même vachement bien roulée la garce !
-Ta gueule Merx ! Tu sais pas de quoi elle est capable cette folle ! Et on a des ordres à son égard, alors respecte les et ferme là !
-Oh sa va, sa va ! Si on a même plus le droit d’en profiter. »

Eli passa les portes de la ville l’œil pétillant et un sourire flottant sur ses lèvres.

Le bar « Cassandre et Sylvestre » portait en effet un nom étrange. Mais il était réputé à travers la ville pour la qualité de ses boissons et le brassage de ses bières. C’était ce que l’on pourrait appeler la crème des tavernes à Mélior. Et bien sur, le prix allait avec. Mais le service étant parfait, et la bière excellente, beaucoup préférait dépenser quelques pièces d’or supplémentaires pour être sûr de ce qu’ils buvaient. Le cadre était aussi agréable, au milieu de boiseries vernies avec des plantes pendantes un peu partout; et d’une propreté exemplaire. On offrait même des petits gâteaux croquant avec les consommations, et il était dit que la literie était des plus confortables… et la discrétion absolue.

Madame Cassandre essuyait un verre avec un chiffon d’une blancheur remarquable tandis que son mari servait les clients dans un coin de la pièce, lorsqu’une jeune femme à la chevelure blonde rappelant le blé bien mur entra dans la taverne. La tenancière posa son verre sur le comptoir, écarta les mains en gonflant la poitrine et interpela l’arrivante.

« -Nille ! Tu as osée revenir ici petite salope ! »

La femme ne sembla pas s'offusquer le moins du monde et s’approcha un grand sourire dévoilant ses belles dents blanches.

« -La gentillesse de ton accueil me touche toujours autant Cassandre. Je suis flattée de t’inspirer de tels sentiments. »

Elle s’assit sur un tabouret haut face à la grosse femme dont le visage tirait sur le cramoisi.


« -La dernière fois que tu t’es bourrée ici, il ne t’as fallut que trois choppe avant que tu fasse fuir tous les clients en hurlant et finisse par détruire la moitie de l’établissement avec ta sale épée. »


Le sourire d’Eli s’élargit encore si c’était possible.


« -Je saurai me tenir se soir…

Elle effleura le pommeau de Belthil sous les yeux méfiant de l’aubergiste.

« -Par contre, si je te reprend encore une fois à insulter ma lame, ta si jolie tête bien ronde risque de voler à travers le pièce Cassandre. Se serait d’un gâchis ! Imagine tous ses murs tintés de rouge ! Ton mari n’en finirait pas de les nettoyer ! »

L’aubergiste déglutit, trouvant que cette menace n’avait rien d’une plaisanterie. Si ses lèvres sourillaient, les yeux de celle qu’elle connaissait sous le nom de Nille semblaient prêts à la foudroyer.


« -Très bien, très bien, pense à te contenir alors. La même chose que d’habitude je suppose ?

-Oui se serait parfait ! »

Cassandre fit apparaitre deux énormes choppes remplies d’un liquide ambrée, dégageant une délicieuse odeur.


« -Ça m’a l’air aussi exquis que d’habitude !

-Je ne vois pas pourquoi se serait moins bon.
-Perdre la main est si vite arrivée.
-Bois au lieu de raconter des conneries. »

Eli commença à engloutir la première à longs traits. Elle ne s’arrêta que lorsque la choppe fut entièrement vide. Les joues un peu roses, elle fit subir le même traitement à la seconde avant de hoqueter en demandant :

« -Encore !
-Paye d’avance espèce de soiffarde. Engloutir comme ça, une bière qui nous a demandé tant d’effort ! C’est du gâchis pur et simple !»

L’épéiste farfouilla avec des gestes imprécis dans son sac avant de retirer sa bourse et de faire tomber les quelques pièces qu’elle contenait sur le comptoir.

« -Tu as tout juste assez pour une dernière
-Envoi envoi ! »

Cassandre marmonnât. La dernière fois que cette femme avait bu trois choppe, ils en avaient eu pour trois semaines de réparations. Elle n’était pas capable de boire, mais venait toujours tenter le diable dans son établissement. Au moins elle payait ses boissons… mais jamais les dégâts dont elle était responsable. Cette fois si, elle avala le liquide plus lentement, le regard un peu vaseux. Cassandre serra le point : ça se passait exactement de la même manière que la dernière fois. Mais aujourd’hui, elle prendrait des mesures pour éviter la scène. Appelant Sylvestre, ils essayèrent de s’approcher pour la mettre dehors avant qu’elle commence. Eli sortit Belthil en un éclair d’argent et tendit la pointe vers le couple.

« -Me touchez pas bande de poulpe »


(Il semblerait que des expressions Naoesque reviennent à son esprit lorsque la boisson en a prit possession.)

Les tenanciers s’écartèrent immédiatement, regardant la femme monter péniblement sur le comptoir. C’était partit ! Elle se mit à délirer et à crier des mots incompréhensibles tout en mimant des actions de bataille ou de quelque chose d'approchant. Les clients présent se levèrent bientôt et partirent, grognant contre cette folle qui leur gâchait leur soirée tandis que le couple tentait de limiter les dégâts.

« -Et là Eka, je te sauveraiis car cette bande de salops vaut que dalle ! Et ouais c’est comme ça, sagouins endimanchés ! Je me vengerai et leur ferait la peau ! »... ect. ect. ect.
« -Nille je t’en prit descends !! On va en discuter si tu veux ! Nille…. Wouhouu !! »

Cassandre évita de peu le coup d’épée maladroit de la jeune femme. Mais qu’avait-elle fait pour récupérer un cas pareil !

Tym sauta sur le comptoir et se mit à lécher la bière renversée un peu partout, prenant garde à ne pas se faire écraser la queue par les pas désordonnés d’Eli.

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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeSam 4 Juin - 18:02

Le jeune homme était assis depuis plusieurs heures sur le rebord de sa fenêtre, à contempler les toits. Son échoppe demeurait à la base d’un bâtiment de trois étages et sa chambre était située au niveau supérieur, si bien qu’il avait une vue sur plusieurs constructions alentour. Il appréciait le calme que lui procuraient ces heures passées à ne rien faire d’autre qu’observer la ville.
On entendait parfois des couples se disputer, des marchands courir après un galopin qui leur avait volé un fruit, ou des soldats de la garde personnelle d’un noblio qui molestaient des passants, se croyant tout permis.
Oh, bien sûr, il n’allait pas tarder à se lancer dans sa conquête de la nuit, comme chaque soir. Mais depuis quelques temps, tout cela avait pris une tournure bien étrange, bien différente.

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Rease l’avait contacté il y avait de cela cinq jours. Pour cela, le mage avait laissé un message sur le toit de poutres branlantes où le Noldorim avait vu son ancien employeur pour la dernière fois. Ce mot aurait pu être incompréhensible si le jeune homme n’était pas impliqué jusqu’au cou dans cette affaire.
Quoi qu’il en soit, cela faisait donc plusieurs jours que Loknak travaillait pour un tout nouvel employeur, et d’une toute autre manière. On ne lui donnait plus sa cible sur un plateau. Auparavant, lorsque Jaax l’employait, il s’arrangeait pour fournir au jeune homme un maximum d’informations concernant la victime. Le tueur n’avait qu’à se diriger vers l’endroit désigné et attendre. Puis tuer.

Maintenant, c’était une toute autre affaire. Rease ne lui avait donné qu’un seul contrat, et il ne l’avait pas encore exécuté. Il faut dire que les informations étaient quelque peu… restreintes.
Tout ce que le mage avait donné comme indice était une image du cadavreux : il avait utilisé un étrange sortilège pour faire apparaître aux yeux du Noldorim l’image d’une jeune femme. Il s’agissait d’une très belle femme, même pour le jeune homme, qui n’avait jamais vraiment pensé à toutes ces choses, romantiques ou non. Ses courts cheveux blonds scintillaient à la lumière du jour. Une épée pendait à sa taille, et elle semblait sans cesse sur le qui-vive. Mais elle semblait aussi respirer la joie, le bonheur et le sentiment heureux que peut procurer la vie. Du moins, c’est ce qu’Alrahyr vit sur les traits de la jeune femme.

Loknak vit une toute autre personne. Pour le Noldorim, il s’agissait d’un corps frêle dans lequel on pouvait planter une dague sans un seul souci. Ses muscles fins témoignaient d’une excellence dans la rapidité des attaques et des parades, et ses pas étaient sûrs et correctement placés, prouvant que la jeune femme était une habituée des jeux de jambes fourbes trompant son agresseur.

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Il prit quelques jours pour la suivre partout et l’observer. Son art de la préméditation l’encourageait à ne jamais se lancer dans une action qui ne soit pas absolument certaine de réussir. Lorsqu’il la, elle semblait entourée d’une aura de bienveillance, mais pas seulement. Ce qui frappa le jeune homme fut le placement de son regard sur chaque chose qui l’entourait, comme si elle percevait absolument tout son environnement. Le temps venu, il faudrait redoubler de patience et de prudence pour l’approcher et la tuer.

Un soir, il la suivit en taverne. Les propriétaires semblaient bien la connaître, mais surtout s’en méfier. Cependant ils ne firent rien, ne prenant pas les menaces de la jeune femme à la légère.


-Paye d’avance espèce de soiffarde. Engloutir comme ça, une bière qui nous a demandé tant d’effort ! C’est du gâchis pur et simple !

La jeune femme lui envoya quelques pièces, qui semblaient être les seules en sa possession.

-Tu as tout juste assez pour une dernière.
-Envoi envoi !

Elle avait engloutit les trois pintes sans problème et semblait bien atteinte par les effets de l’alcool.

-Me touchez pas bande de poulpes.

Elle commençait à délirer, agitant partout son épée et détruisant tout ce qui se trouvait sur son passage.

-Et là Eka, je te sauveraiis car cette bande de salops vaut que dalle ! Et ouais c’est comme ça, sagouins endimanchés ! Je me vengerai et leur ferait la peau !
-Nille je t’en prit descends !! On va en discuter si tu veux ! Nille…. Wouhouu !!

Tous les clients avaient quitté la taverne. Tous, sauf un. Pour une fois, Loknak était curieux, curieux de ce qui allait se passer. Tout cela lui en apprenait plus long sur les habitudes de la jeune femme, et chaque information supplémentaire lui augmentait ses chances de la tuer sans problème. Ce qui deviendrait bientôt une certitude.

Il était resté installé dans un coin de la salle, dans l’ombre, les yeux rivés sur la situation. Caché sous sa capuche, il faisait mine d’écrire une lettre – mais il n’en faisait rien.

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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeJeu 9 Juin - 17:09


« -Dis Eka, à ton avis, avons-nous de la chance ?
- Tout le monde à la même part de chance. Mais seuls ceux qui la provoquent savent qu’elle existe. »

Eli tomba à genoux sur le comptoir. Elle lâcha Belthil qui s’écrasa sur le plancher avec un tintement mécanique. Si elle avait-été elle-même, jamais elle n’aurait osé traiter son arme chérie de cette manière. Mais ce soir tout allait de travers. D’habitude, elle avait l’alcool joyeux, elle criait un peu partout dans la salle, courant après les clients ou les propriétaires, cassant tout ce qu’il se trouvait sur son chemin et riant aux éclats pour cacher son mal être. Alors pourquoi était-elle effondrée assise à califourchon sur ce comptoir, la tête entre les mains et pleurant, pleurant toutes les larmes de son corps, jusqu'à ce que toute l’eau en disparaisse et qu’il ne reste plus que l’alcool. Le Vide comme elle l’appelait était revenu. La perte et la douleur se mélangeait, l’une liée à l’autre et l’autre à l’une. Elles dansaient dans son corps une valse effrénée causant des ravages exacerbés par l’alcool. Mais pourquoi le temps et l’oubli n’agissaient-ils pas ? Pourquoi cette détresse revenait toujours plus forte quand elle croyait en être débarrassée ? Dès qu’elle abaissait sa garde, elle se retrouvait noyée, tentant vainement de surnager cette vague qui l’emportait.

Chaleur.

Tym se frottait contre sa poitrine, il posa ses deux pattes sur son visage et la regarda de ses yeux verts. A travers les larmes qui l’aveuglaient, Eli put y voir de la compréhension. Comprise par un animal pénible et stupide, la vie était bizarrement faite. La jeune femme prit le petit corps poilu et le serra contre elle jusqu'à ce que ses sanglots s’estompent quelques minutes plus tard. Lui murmurant un vague merci, elle lui ouvrit ses bras et le laissa s’échapper d’un air digne avec un coup de queue touffue sur le nez au passage. Eli éclata de rire et se mit à taper sur le comptoir comme si elle venait d’entendre une bonne blague. S’adressant à Cassandre qui la regardait comme une bête sauvage devenue folle à lier, elle s’exclama pliée de rire :


« -Ah ah ah ah !! Vous y avez cru ? Baaaah !! Je savais que j’aurai dû faire carrière dans le théâtre !! Qu’est ce que vous êtes crédules !!

-Bien sur que non ! Ça ne pouvait être qu’un coup foireux de ta part ! Je n’ai pas été dupe une seule seconde !! Pas vrai Sylvestre ?
-Heu… »

Sylvestre rougit et détourna le regard portant soudain son intérêt sur une tache de vin qui ornait l’un des murs. Eli se releva, toujours gloussant, les larmes aux yeux pour regarder la salle. Elle était dans un état de désordre avancé assez impressionnant. Tables renversées, chaises ayant perdues leurs pieds, vaisselle cassée et divers aliments et boissons rependus un peu partout. Sautant du comptoir pour ramasser Belthil, Eli sourit en marmonnant un : « -Ch’ui désolée » pas vraiment crédible puis remit son épée au fourreau après l’avoir essuyée sur le tablier d’une Cassandre offusquée. Elle avait remarqué un détail qui avait capté son intérêt. Elle embrassa les lèvres d’un Sylvestre paralysé en passant devant lui, et sous les cris de dispute du couple, alla s’installer à coté du seul client resté dans l’auberge. L’homme de taille moyenne, portait une capuche plongeant son visage dans l’ombre. Eli, dans ses vapeurs d’alcool était très intriguée. D’habitude tout le monde fuyait l’établissement lorsqu’elle buvait un peu trop. Mais lui, il était resté, écrivant sa lettre, sans porter intérêt aux multiples projectiles et débris répandus tout autour. Lorsqu’elle s’assit, elle tomba à moitié sur l’homme, se collant contre lui. La jeune femme pencha la tête en arrière et la laissa tomber sur l’épaule de l’homme. Elle prit soin de s’installer confortablement contre l’inconnu, et lorsqu’elle fut satisfaite, resta quelques instant silencieuse puis demanda :


« -Salut ! Vous faite quoi dans la vie ? Vous avez une fillencée ? »


Puis elle attrapa la chope de l’inconnu et avala son contenu à grands traits. Tym vint quémander quelques caresses, mais elle ne pu répondre à sa demande, son autre main étant occupée par la poignée de son épée.
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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeVen 10 Juin - 17:50

Il s'agissait là d'une sensation bien étrange. La jeune femme - qui se faisait appeler Eli - était venue s'installer à côté d'Alrahyr, intriguée par sa présence dans la taverne malgré le remue-ménage qu'elle avait occasionné. Il avait gribouillé une liste de plantes banales en guise d'alibi, mais elle n'avait même pas pris le temps d'y jeter un coup d'oeil, trop occupée à s'installer contre le jeune homme. Celui-ci n'avait pas bougé, préférant observer sa future victime pour mieux préméditer le meurtre. Et puis, elle n'avait pas l'air agressive !

Tout de même... Loknak était maintenant considéré comme un professionnel, et il n'avait pas manqué l'occasion d'imprégner la moitié du bord de sa pinte d'un poison rapide, invisible et inodore. Il n'avait pas touché à sa bière, mais l'avait commandée par souci de logique. Et puis parce qu'il fallait consommer pour rester. Le poison était appliqué de telle sorte qu'on l'absorbait si on buvait la bière de la main droite.

Or, la jeune femme avait englouti la moitié de la pinte de la main gauche, et ses lèvres n'avaient pas touché le poison. Merde. La Mort avait fait son choix: Eli ne mourrait pas maintenant.

Alrahyr se rendit alors compte de ce qu'il se passait. Une jeune femme était avachie contre lui, et il sentait sa chaleur. Lui, qui n'avait côtoyé les vivants que pour les tuer, les voler, ou passer un contrat, se trouvait dans une taverne avec une femme - splendide, selon ce qu'en pourraient dire les gens, soit dit en passant - pelotonnée contre lui. C'était étrange... Etait-ce cela la chaleur humaine ?

Oh, et puis, la Mort attendrait... Elle n'avait pas voulu agir maintenant, elle agirait à un autre moment. Loknak allait profiter de ce moment pour analyser sa victime. Et Alrahyr allait pouvoir devenir un peu plus sociable. Après tout, cela profiterait aussi au Noldorim qu'il était: connaître les gens permet de mieux les comprendre, et d'anticiper leurs réactions.


"Salut, vous faites quoi dans la vie ? Vous avez une fiancée ?"

Elle empestait l'alcool... cette boisson qui trouble l'esprit et rend les gestes imprécis. Il retira sa capuche et observa la jeune femme, la regardant dans les yeux. Il était tenté de dire: "Je suis pire qu'un assassin, et je suis là pour vous tuer". Mais il n'en fit rien. La Mort avait fait son choix pour ce soir, et on ne contredisait pas la Mort.

La question de la jeune femme avait une connotation ambigüe qu'elle ne pouvait elle-même pas comprendre. Seul Loknak le pouvait. "Que faites vous dans la vie", avait-elle demandé. C'était étrange étant donné le travail sordide du jeune homme. Cela ressemblait à "que faites vous DE la vie". Oh, eh bien, je la détruit. Tout simplement.

Mais il fallait trouver une réponse normale. Classique.


"Je suis..."

Il n'allait quand même pas dire qu'il était herboriste ! Merde ! Même lui, qui était loin d'avoir des relations avec les gens, savait que ça craignait totalement.

"Vous connaissez l'alchimie ?"
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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeMer 15 Juin - 1:05


Eli déposa la choppe vide sur la table. Son estomac gonflé par le liquide lui ballonnait le ventre d’une façon très désagréable, mais la bière était si bonne.

La jeune femme se détendit et sa main quitta la garde de Belthil pour trouver finalement la tête de Tym toujours plus insistant. Un certain mal-être l’animait, mais elle choisit de l’ignorer. Alcool ? Fatigue ? Lassitude ? Quelque fut la raison de ce choix, elle confia sa vie entre les mains du destin une fois de plus, cherchant seulement à reposer son âme.

Eli se laissa aller, enveloppée par la douce chaleur du corps contre lequel elle reposait. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas profité de ce confort. La dernière fois… comment sa s’était passé d’ailleurs ? Elle ne l’avait jamais revu… enfin… il lui semblait. Si elle avait oublié, c’est que ce souvenir n’était pas digne d’intérêt après tout. Avoir eu une lionne curieuse et pot de colle dans les pattes n’arrangeait pas les choses. La jeune femme étouffa un ricanement. Cette stupide laguz avait sauté à la gorge d’un éventuel prétendant, croyant qu’il agressait l’épéiste. Pauvre Nao, un jour il faudrait que quelqu’un lui enseigne un peu la vie, mais elle préférait laisser cette tâche ingrate à d’autres. Elle avait assez galéré avec elle pendant un an. Un an ; tant de temps c’était déjà écoulé ?

Léger serrement de cœur.

Impossible. Cette abrutie stupide ne pouvait pas lui manquer à ce point. Eli reporta son attention sur le jeune homme qui lui servait de dossier et accessoirement de chauffage lorsqu’il prit la parole d’une belle voix grave.

L’alchimie ? Un frisson lui parcouru l’échine. Bien sur qu’elle connaissait l’alchimie. Elle n’y avait jamais eu recoure elle-même mais avait déjà put observer les dégâts que de telles préparations pouvaient provoquer. Et les alchimistes étaient connus,… pour leur discrétion. Etait-ce de là que provenait cette sensation étrange que la présence de l’homme lui procurait ? Elle percevait ce genre de chose généralement au beau milieu d’un combat. Lorsqu’elle jouait avec la mort sur un fil d’équilibriste, tentant des figures toujours plus compliquées. Une sensation tellement grisante. Celle qu’elle recherchait plus que tout au monde, car elle la faisait se sentir vivante, là où le danger la suivait comme une ombre, la rapprochant à chaque pas d’une fin certaine à laquelle elle échappait toujours d’un cheveu. Pour cet homme c’était bien plus faible, mais quand même là. Restait à savoir pourquoi. A travers les méandres de l’alcool, la jeune femme opta pour une réponse prudente, en utilisant difficilement les rouages rouillés de son cerveau.

D’une voix qu’elle voulait un peu stupide et imbibée elle demanda, en penchant la tête en arrière pour apercevoir le visage de l’homme.


« -L'alchimie ? J’en ai déjà entendu parler, mais je ne sais pas ce que c’est exactement. Vous pourriez m’expliquer ? »


Le jeune homme avait retiré sa capuche pour dévoiler un visage aux traits agréables. Eli fut frappée par la blancheur de sa peau. Si blanche qu’elle semblait vidée de son sang. Elle porta sa main bronzée jusqu’à la joue de l’homme, et le contraste n’en fut que plus visible. De longs cheveux noirs courraient sur ses épaules… si noirs; évoquant les ténèbres des abysses. Elle eut soudain la sensation qu’ils s’apprêtaient à l’y faire sombrer. La jeune femme se leva, d’un bond, se raccrochant de justesse à la table. Elle était allé trop vite et sa tête semblait être restée sur l’épaule du jeune homme.


« -CASSANDRE BASSINE !!!

-Ah nan pas cette fois!! Dégage de ma taverne sale soularde !! »

A grand coup de pieds et de hurlements, Eli fut expulsée hors de la taverne, avec son compagnon de dernière minute qui n’avait pourtant rien demandé. Après un ultime coup dans le derrière de Tym et avoir balancé toutes leurs affaires restées dans l’établissement, l’aubergiste ferma sa porte d’un ton rageur, alors que sa dernière cliente vidait ses entrailles à quelques pas de là sur un monceau de détritus.

Lorsque Eli reprit son souffle, il ânonna d’une vois faible :


« -L’ennui avec Cassandre, c’est qu’elle est beaucoup trop susceptible »


Avant que ces entrailles ne la rappel à son devoir. Elle eu l’impression de vider tout ce que contenait son abdomen, désolée que de la si bonne bière finisse dans cet état. C’était d’un gâchis. Et c’est aussi ce que semblait penser la tenancière selon le violent claquement des volets qui se fermaient derrière eux. Lorsque le flux cessa, Eli en profita pour chercher sa gourde dans sa sacoche. Après un bon rinçage de bouche, elle se sentait beaucoup mieux. Si elle avait encore eu de l’argent, elle serait bien allée boire une petite pinte au « Dragon noir ».

« -Désolée pour cette interruption un peu brutale. Vous ne conaisseriez pas un endroit où nous pourrions discuter tranquillement sans être interrompu par les mégères du quartier ?

-LA FERME NILLE »
-Heu j’ai parlé trop fort apparemment", fit-elle avec un sourire gêné.

Tym sauta dans ses bras et elle le rattrapa de justesse. Ses réflexes n’étaient pas au plus haut niveau après l’arrosage de la soirée. Une fois pelotonné, le chat ferma les yeux, la tête sur l’épaule de la jeune femme, il se mit à ronronner.
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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeJeu 21 Juil - 16:42

L’alchimie n’était qu’un prétexte de discussion… Mais il ne fallait pas qu’il l’oublie, il était impératif de conserver ce sujet, et de le ressortir le moment venu.
Le but final était simple au possible : réaliser son contrat, c’est-à-dire en des termes plus radicaux, exécuter la jeune femme. Mais un assassin – et qui plus est, un Noldorim – se doit de respecter La Mort, cette présence supérieure qui guide nos actes et dirige notre vie. Et surtout la fin de notre misérable existence. On ne badine pas avec La Mort.

Loknak aurait eu mille possibilités de tuer Eli lors de ces quelques minutes écoulées : à table, une légère blessure au cou à l’aide d’Hybrila, empoisonnée, aurait été suffisant ; au sortir de la taverne, de multiples occasions s’étaient offertes à lui ; lorsqu’elle vomissait, il aurait pu l’achever. Mais la soirée avait commencé par un refus de La Mort à mettre fin à la vie de la jeune femme. Et Loknak avait disparu au profit d’Alrahyr.

Le jeune herboriste décida de profiter de cette soirée pour apprendre ce qu’était la vie sociale. D’un point de vue totalement sombre et malhonnête, cela lui permettrait de mieux comprendre ses cadavreux, et d’avoir moins de difficulté à les tuer. Mais d’un point de vue tout à fait honnête, cela lui ferait simplement du bien.


-Marchons un peu. Si une taverne se présente, nous y rentrerons.

Il percevait une note de méfiance dans l’attitude de sa cible, mais son état d’ébriété avancé la rendait passablement inoffensive. Et puis, c’était un Noldorim. En quoi une femme si frêle pourrait lui nuire ?

Une jeune femme, certes, mais surtout le nom qui figurait au beau milieu d’un contrat proposé par le Shiin lui-même… Donc, aucune erreur n’était permise.


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Ils marchèrent quelques minutes dans le silence de la nuit, aucun d’eux n’osant rompre ce voile intangible. Alrahyr resta de marbre à toutes les attitudes d’Eli, qu’elle courre derrière son chat ou manque de tomber, ne tenant plus sur ses jambes. Mais enfin :

-L’alchimie, voyez-vous, consiste à mélanger différentes herbes pour obtenir des composés plus ou moins variés.
-Hein ??

Il était clair que la jeune femme était loin d’être sobre…

-Je mélange des plantes pour obtenir des potions.
-Ahh, d’accord… Et quoi par exemple?
-Un élixir contre la gueule de bois !

Le jeune homme se surprit à rire, accompagné d’Eli qui fut certainement heureuse d’extraire quelques sentiments, quels qu’ils soient, de l’âme de cet être étrange qui l’accompagnait.

Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. Ligne_10

Ils arrivèrent au bord du fleuve, sur les quais de bois aménagés pour les pécheurs. A cette heure de la nuit, tous étaient partis en amont du cours d’eau et reviendraient au matin vendre leurs maigres prises au marché. S’asseyant au bord de l’eau, Alrahyr regarda le reflet du ciel dans l’eau lisse qui s’écoulait calmement. Il en voyait une image tremblotante, floue, ne pouvant que percevoir des idées de détails. Rien n’était clair, on pouvait tout imaginer. Retracer une carte des étoiles en s’aidant de ce reflet aurait été impossible. Puis il porta son regard directement sur le ciel. Cette fois, il put observer chaque détail, chaque étoile, chaque constellation. Clairement.

La jeune femme lui chuchota :


-Vous voyez, z'êtes comme le ciel… Sauf que j’vois que vot’ reflet dans l’eau. J’arrive pas à vous regarder directement.

Elle tourna sa tête vers lui et il y lit de l’interrogation. Mais surtout beaucoup d’alcool.

Après tout, Eli avait peut-être raison… Mais il fallait qu’Alrahyr demeure le reflet dans l’eau de Loknak, sans quoi sa couverture serait inutile.

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MessageSujet: Re: Un changement d'employeur... et un nouveau contrat.   Un changement d'employeur... et un nouveau contrat. I_icon_minitimeMar 16 Aoû - 20:13

Ce rire qui ne voulait pas s’arrêter commençait à lui taper sur le système et la jeune femme mit quelques instants à comprendre qu’il s’échappait de ses propres lèvres. Ou en était-elle ? Son esprit semblait s’envoler et flotter paresseusement au dessus de sa tête tendit que son corps agissait de lui-même sans qu’elle s’en sente responsable. Mais qu’était-il en train de faire ? Qu’elle était cette force qui le mouvait en dehors de sa volonté ? Un pantin en avait prit possession et elle s’y sentait étrangère, mais étrangement calme, elle observait ses propres délires de haut, s’amusant de ses frasques. D’autant plus, qu’elle se sentait bien, en paix, une présence réconfortante qui contre laquelle elle prenait appui, quelqu’un qui ne la laisserait pas, qu’elle n’abandonnerait pas. Présence rassurante qui l’accompagnait alors qu’elle ne touchait plus terre, vagabondant et flottant au dessus de son corps. Un vide s’était comblé, le givre réchauffé fondait pour remplir le manque qui l’habitait. L’alcool faisait-il vraiment des miracles ou induisait des catastrophes ? A vous de voir sans doute. L’épéiste quand à elle, était perdue, et tentait de reprendre pieds. Se noyer peut paraitre parfois étrangement attirant, tout dépend dans quoi.

Mais en fait, que se passait-il ? Était-ce Tym, ce compagnon de toujours ? La chaleur de la boule de poil lui réchauffait-elle le cœur ? Ou n’était-ce pas un phénomène physique ? Ou encore, cela avait-il une autre explication, pratiquement incompréhensible ? Elle ne savait pas. Peut être. Comment savoir après tout ? La connaissance nait de l’expérience on ne peut jamais prévoir ce qui ne s’est pas encore passé. D’autant plus que les surprises existent toujours, n’est ce pas ? Rien n’est certain, tout est malléable, la fixité n’existe pas et l’impossible se résous à nos propres limites. Ainsi, faire cesser ce qui est perpétuel, saisir ce qui est insaisissable, obtenir ce qui est inatteignable, n’est pas seulement la modo des héros, mais celle de chacun, dans une mesure plus ou moins restreinte.


Mais en fait… là n’est pas le sujet. Pour l’instant, Eilwen ressentait un bien-être qui valait tout le bonheur du monde. Seule la sensation d’être une observatrice la dérangeait quelque peu, mais elle l’acceptait, car finalement se laissé mener par les événements pouvait aussi être agréable, bien que se soit lâche et stupide.

Et cet homme qui l’accompagnait, entouré de son aura mystérieuse, que valait-il vraiment ? Était-il un héros lui aussi? Un gentil ? Un méchant ? Un assassin ? Une âme noble ? Un pleutre ? Tous ces aprioris et cette vision manichéenne du bien et du mal, ennuyait la jeune femme profondément. En réalité elle ne comprenait même pas pourquoi elle y pensait maintenant. Cela lui était venu à l’esprit, voila tout. Un ne contrôle pas vraiment ce que ce passe dans sa tête d’ailleurs non ? Bref, elle en avait assez de voir le monde se découper en white and black et aurait sans doute préféré les milk-shake chocolat vanille avec une bonne dose de chantilly-pépite de chocolat si cela avait existé sur Tellius. En résumé, pour Eli on pouvait dire que les orientations, but, culture, préjugés, défauts, et qualités des gens importait peu ; la question étant « les acceptait-elle comme ils étaient ou non ? ». Et cet inconnu, là,… Et bien mine de rien elle l’appréciait et se fichait bien de ses motivations du moment que ça ne la concernait pas. Son instinct lui soufflait pourtant qu’il était fort possible que cela ait quelque chose à voir avec elle, mais elle préférait attendre un maximum avant d’y penser. Autant profiter des choses *agréables tant qu’elles duraient au lieu de les gâcher par un excès de précipitation.

Mais lui… Une ombre, pouvant disparaitre à tout instant, rien de solide, rien de consistant, tout un amas de ténèbres mais pourtant éternel, tinté de clarté brillantes, plus ou moins dissimulés peut être. Après cette nuit, la jeune femme pensa plusieurs fois que Cassandre avait dût lui faire une petite blague en mettant autre chose que de la bière dans sa chope. Sa aurait été une petite vengeance qu’elle avait, après tout, bien méritée. Qui était cet homme entremêlant ombres et clartés qui allait à ses cotés ? Un alchimiste avait-il répondu… une réponse tellement vague, et laissant entre autre de multiples interprétations possibles. Elle voulu lui reposer la question puis se ravisa. Difficile d’ordonner ses pensées, difficile d’ouvrir la bouche et puis, cela avait-il une quelconque importance ? Eli secoua la tête.

La même chose s’étendait devant elle, deux fois reflétée. Le ciel obscure renvoyé par le fleuve, mais si l’une des images était net, l’autre restait incertaine, l’alliance des deux était troublante, chacune belle à sa propre façon. L’épéiste jeta un coup d’œil à son compagnon et elle remarqua quelque chose d’intéressant. L’homme, restait voilé juste un trouble reflet de quelque chose e bien plus net. A travers les vapeurs de l’alcool, Eli se pencha vers lui et murmura ces quelques mots à l’oreille avec difficulté.


Il l’intriguait.
Elle n’arrivait vraiment pas le comprendre.

Elle n’arrivait pas à s’en faire une idée claire, mais tout cela s’éclaircirait sans doute au petit matin. Ou avant peut être… elle se sentait tanguer, ne tenait plus très bien sur ses jambes.


La masse verte vers laquelle elle s’était un peu trop penchée se rapprocha dangereusement, tellement que la jeune femme se retrouva plongée dans une substance froide et visqueuse. Eli inspira mais au lieu d’air se fut de l’eau qui entra dans sa bouche puis dans ses poumons, la jeune femme cracha, toussa, mais le liquide revenait toujours, ne la laissant pas en paix, l’étouffant peu à peu tout en lui faisant ressentir douleur et impuissance. Quelque chose de dure sous ses pieds, Eli poussa un grand coup en prenant appui dessus et se propulsa vers le haut. Ou bien était-ce vers le bas ? Elle ne savait plus où elle en était. C’était quitte ou double, elle mourrait ou vivrait selon sa chance. Projetée, l’épéiste émergea à la surface et se mit à vider ses poumons tout en inspirant à grand trait l’air à la douce odeur de poisson qui flottait sur les quais. Plus de peur que de mal, mais l’expérience n’avait rien eu de très agréable. Sans un mot, la jeune femme se hissa sur les pilotis de bois et se traina sur le sol. Se tournant sur le dos, elle resta là, les yeux fixés en l’air, le corps dégoulinant à calmer sa respiration et son rythme cardiaque qui battait d’un rythme effréné.

« -… Je crois que… j’ai dessoulé. Une bonne douche dans le Rir après vomir et l’alcool vous quitte au plus vite ! »


Eli se tourna vers le jeune homme qui la surplombait de toute sa hauteur.


« -Il semblerait que j’ai vérifié ce proverbe. Cela fonctionne, je vous assure… si ça vous tente… »


Elle lui sourit puis se redressa ; trempée. Heureusement que la saison était belle et les températures clémentes, sinon elle se serait gelée sur place par une nuit comme celle là, sous les rafales de vent nocturne. Bah au moins, ainsi, elle sécherait plus rapidement. Ceci dit… elle frissonna. Sa fine chemise de lin lui collait à la peau ce qui n’était pas spécialement plaisant et il y avait autre chose… Rejetant sa chevelure détrempée derrière son épaule (se qui envoya une cascade de gouttelettes sur son compagnon), et avec une dignité à l’égale de la reine Micaïa, l’épéiste s’orna de son plus beau sourire pour demander au jeune homme d’un air emplit d’innocence presque crédible :


« -Sinon vous aviez bien dit que vous possédiez des remèdes contre la gueule de bois, c’est cela ? »
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