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 Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|

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MessageSujet: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeDim 7 Aoû - 13:05

    ... Inverse le temps, Rends moi ce qu'il m'a pris...

    Daein. Un petit village du coin, tenu par un noble. Et ce noble, c'était Franz von Fürstenberg. Un vieil homme jovial et débonnaire, ancien brillant soldat aujourd'hui retraité. Un homme juste et bon, marié à une femme aimante et douce, d'une beauté souvent enviée. Une famille tout ce qui semblait de plus heureuse, si seulement elle n'avait pas été endeuillée par de tragiques événements. La mort de leur fils, en premier lieu, visiblement assassinée. Et puis, le départ de de leur second et dernier enfant, Elisabeth. Elle avait vu la mort de son frère de ses propres yeux, mais elle ne la leur avait jamais décrite précisément. Et pourtant, elle connaissait l'assassin de ce dernier, et c'était à cause de lui qu'elle était partie, voyageant à travers le monde. Son meilleur ami, voilà qui était cet homme, ce tueur. Cela faisait longtemps qu'elle était partie en chasse de tout individu désigné comme étant un assassin. Et c'était ainsi qu'elle l'avait retrouvé... Ou plus justement, c'était ainsi qu'il l'avait sauvée.

    Oui, il l'avait sauvée d'un bien sordide incident. Mais malgré tout, il était arrivé trop tard, le mal avait été fait avant son arrivée. Un mal qu'elle n'oublierait jamais, même après des années, c'était certain. Mais pour l'heure, cela ne faisait que tout juste une semaine que c'était arrivée. Elle se rappelait encore de l'odeur atroce de la ruelle, la saleté et la puanteur de ses agresseurs. Eux qui avaient souillés son corps, meurtri sa chair. Comment oublier cela ? Impossible. Elle ne le pouvait bien, c'était bien trop horrible. Et puis, il était arrivée, la libérant de ses bourreaux, qui de toute façon avaient déjà commis leur méfait. Il l'avait ensuite emportée avec lui, avait prit soin d'elle. Et puis... Elle ne voulait même pas y penser. Elle ne comprenait même pas comment elle avait pu ainsi se laisser faire à se point. Perdue, pauvre demoiselle en détresse, elle s'était laissée tentée, à sa merci totale... Et finalement, il avait à nouveau disparu. Elle ne savait quand est-ce qu'elle le reverrait, mais cela arriverait, elle se le promettait, plus que jamais... Pourtant, ces retrouvailles avaient été les pires qui soient. Dans de telles circonstances, elle aurait préféré ne jamais le revoir, sincèrement...

    ... Guéris les blessures, Efface la pluie...

    Mais elle devait avancer. Et c'était ce qu'elle avait fait. Mais dans cette histoire, elle avait été forcée de retourner à la grande maison de sa famille, honteuse. Arrivée à son village, elle avait e la chance de croisée une des servantes de sa mère, avec qui elle s'était toujours bien entendue. Elle lui demanda discrètement de la conduire chez eux, sans que ses parents ne la voient. Ainsi, elle s'était retrouvée dans sa chambre, seule. De nouveaux vêtements sur le dos, un pantalon beige foncé moulant, des bottes de cuir noir et une chemisier lacé blanc dont les manches avaient été remontées aux coudes, tenue plus masculine que ce qu'elle portait habituellement, elle faisait en sorte de ne pas trop faire de bruit. Heureusement, pour le moment, sa mère était absente, et son père en réunion avec quelques amis. Que faire ? Elle ne savait si elle devait les revoir ou non. Elle connaissait ses parents, et savaient qu'ils feraient tout pour la faire rester un peu plus. Mais elle n'avait pas le temps. Pas de temps à perdre, pour retrouver cet imbécile aveuglé par la vengeance... Pourtant, ils lui manquaient... Elle décida donc de se montrer à eux le soir venu, pas avant, et surtout pas dans cette tenue. tenue qu'elle avait enfilé car elle souhaitait s'entraîner et se défouler un peu. La colère était toujours là, et ne semblait pas vouloir la quitter avant un moment....

    C'est ainsi qu'elle quitta la bâtisse par la porte arrière, arrivant dans une cour. Mais là où elle souhaitait se rendre, pour être certaine d'être seule et tranquille, était plus éloigné que cela. A la lisière du domaine de son père, il y avait une petite clairière bordée d'un bois, c'était parfait. Avant de quitter ses parents pour la première fois, elle s'entraînait souvent là-bas. Ce fut donc d'un pas pressé qu'elle s'y rendit, arme à la main, déterminée. Il lui fallut une petite dizaine de minutes pour retrouver les lieux. Le vieux pantin qu'elle utilisait à l'époque était toujours là, qui plus est. Parfait. Posant la gourde qu'elle avait emportée pour se rafraîchir au pied d'un arbre, elle revint près du fameux pantin fait de bois, de toile et de tissu, se mettant en garde. Et les coups partirent. Ils semblaient désordonnés, pleins de rage et de colère. Se défouler, c'était bien pour ce qu'elle était venue ici. Elle en avait besoin, plus que jamais...

    ... Ce destin impur, Rends-moi ce qu'il m'a pris...

    Cela dura une bonne vingtaine de minutes, avant que finalement, la tête du pantin innocent roulant sur le sol, elle ne cesse, essoufflée et en sueur. Appuyée contre son adversaire impuissant, le front contre le bois, elle essayait de se calmer, quelques larmes perlant aux coins des yeux. Elle les essuya rageusement, avant de se redresser d'un coup, jurant entre ses dents, donnant un coup de pied dans la tête reposant au sol. Et, sa colère passée ou presque, elle alla vers l'arbre, essuyant son front doucement, retirant quelques mèches sombres collée à son front, le reste de sa chevelure attachée en queue de cheval pour ne pas la gêner pendant son entraînement. Ses prunelles turquoise fixaient le sol avec attention, et sans raison particulière. Elle devait faire le vide dans son esprit, profitant du silence ambiant...

    Un silence qui fut brisé après un petit moment. Des bruits de pas. Elle était certaine d'en avoir entendus. Elle ne saurait dire d'où ils venaient, mais étaient sûr de les avoir entendus. Bon, un soleil de plomb lui tapait le crâne depuis un bon moment, mais elle n'avait pas d'hallucinations, elle en était certaine...

    ... Ce qu'il m'a pris...
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeMer 7 Sep - 18:05

Long. Ce trajet était long. Il était partit de quelque part pour arriver ici. Un endroit qui une fois de plus n'aurait aucune importance autre que de laisser ses pieds trainer dessus. Il était lent, massivement encaper de rouge et munit de son épée géante. Aucune discrétion sur les routes, il n'y avait nul besoin de renier qui il était. Il fallait exister pour sois même, pour elle et pour leur avenir. C'était son seul but. Mais ce n'était pas ici que tout allait commencer. Il y avait en tout cas fort à parier là dessus.

Encapuchonné malgré la chaleur et le beau temps, il traversait les bois sans but propre. Il ne l'aurait pas mise si il n'avait pas sentit une présence combattive dans le coin. Il avait du mal à la distinguer proprement, il ne savait pas si elle était positive ou négative. Elle s'était arrêtée trop vite après son arrivée. C'était peut-être une embuscade. Pourquoi ici? Ça n'avait pas de sens. Mais les choses en on rarement, c'est ce qu'il avait apprit avec le temps.

Son attitude et sa démarche ne changèrent pas pour autant, nullement déstabilisé par la potentielle situation. Il n'avait aucune envie de se battre, alors il savait garder son sang froid pour éviter des ennuis provoqués par l'adrénaline. Cette dernière avait tendance à monter bien trop vite chez lui. Reste enfouit, sale monstre. Reste au fond de cet être et ne garde d'apparence que ce rouge vif dont tu te fourvoie en pensant qu'il est ton emblème. Tout cela ne l'effrayait pas. Après tout, les gens qui reconnaissaient le Faucheur n'osaient pas l'approcher. Et les simple bandits comprenaient vite leurs erreurs. Quatre-vingt-dix pour cents du temps, c'était ça. Il se préparait tout de même à l’éventualité. Prête à se défendre, prêt à mourir.
Finalement ce ne fut pas grand chose. La tête baissé, il aperçu d'abord dans cette clairière la tête d'un mannequin d'entrainement au sol. Nul besoin du reste, tout s'expliquait. Il avait par sa présence déconcentré quelqu'un qui s'entrainait. Depuis qu'il avait sentit une présence il avait tenté de contenir son aura de puissance pour resté discret et paraître quelqu'un de normal. Il lui était difficile de contenir une telle puissance qu'il n'avait jamais souhaité avoir.

Des jambes, fines et élégantes. Une femme guerrier. Il soupira longuement, ne s'arrêtant même pas. Trainant des pieds et allant tout droit pour s'éloigner comme si de rien était.
Ce n'était pas qu'il détestait les femmes qui combattait. C'est qu'il détestait le combat. Selon lui la place est femmes est en tête de nation, dans toutes les affaires administratives et autres. Ce sont aux hommes de se battre. La répartition du cerveau et des muscles entre les genre était fait ainsi. Une femme perd de l'élégance à se battre peut-être? Sans doute une brin de misogynie. Car si il n'y avait que lui, personne ne devrait savoir se battre. Absolument personne.

Une fois qu'il eu traversé la clairière et donc de nouveau entre les arbres, il se mit à se rouler une cigarette tout en continuant son avancée. Cette femme devait clairement l'avoir remarqué. Mais qu'importe, elle ne l'avait sans doute pas reconnu.
Sur le coup, il se sentit nostalgique. Lui aussi, avait fait ce genre de chose. Ce qui lui avait permit de vivre une aventure exceptionnelle par la suite. Et alors que tout devait être finit... Le cauchemar débuta.

Vraiment, personne ne devrait jamais prendre les armes.

Mais pour le coup, il n'était ni de sa position ni de son intérêt de s'occuper de ça. Pour le moment.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeMer 7 Sep - 23:03

    Des pas. Pas du genre rapides, fuyards ou enjoués, non. Des pas lents, trainant, comme si la personne qui se trouvait la supportait un terrible poids sur ses épaules. Et c'était le cas de le dire, pour bien des choses. Mais tout cela, elle l'ignorait, son regard turquoise sombre cherchant encore la provenance de ce dérangement dans son entraînement. C'était un mal pour un bien, au fond, au moins, le pauvre pantin de bois avait arrêté d'être malmené par l’épéiste en colère. Ladite épéiste ayant à présent un autre intérêt. Celui de savoir qui était cette personne qui l'espionnait. Ou qui passait par là, au choix. Se perdre dans le bois ? Elle se demandait si c'était possible, les lieux n'étant pas bien grands, à vrai dire... Cela dit, ses interrogations se stoppèrent lorsqu'elle vit, enfin, quelque chose apparaitre entre les arbres...

    Une silhouette plus qu'imposante, une carrure forte, et surtout, un long manteau rouge. Vu sa couleur, difficile de le manquer, c'était certain. Quand à savoir qui il était, c'était là que cela se compliquait. Autant en l'ayant déjà vu autre part elle se serrait rappelée de lui à coup sûr ou presque, autant là. Rien. Rien ne lui venait. Enfin, pas tout à fait, mais ça n'avait pas trait à son identité.Il était clair que c'était un homme, et être en présence qu'un être de sexe masculin d'une telle carrure, alors qu'elle était seule avait de quoi la mettre mal à l'aise. Plus que cela même, elle en frémit, légèrement apeurée. Était-il la pour s'en prendre à elle de quelque manière que ce soit ? Elle le cru pendant quelques instants, mais l'idée s'étiola bien rapidement, lorsqu'elle le fit simplement traverser la clairière. Sans la regarder. Le pas toujours trainant. Las. Pas franchement engageant.

    Les bras le long du corps, une mèche de cheveux sombre obstruant son front, la noble le suivait du regard, sans rien dire. Trop intriguée par ce personnage inopiné, cette venue impromptue. Où allait-il ? Pas en sa direction, à vrai dire. Non, il traversait simplement la petite clairière, vers les arbres en face de lui. Cela dit, même si elle était partiellement rassurée, une partie de crainte subsistait. Sans qu'elle sache comment la décrire exactement. Juste que c'était dérangeant, et que sa main se crispaient presque compulsivement sur son fleuret, le fixant toujours. Le mettre mal à l'aise ? A l'instant, elle n'en avait cure. Quoi que cela pourrait être pris comme un provocation, et là, elle serait dans la panade...

    Puis, il atteignit les arbres d'en face comme si de rien était. Comme s'il n'avait pas noté sa présence, ou l'avait ignoré. Vexant ? Pas vraiment. Par contre... Elle se demandait ce qu'il faisait là, sur la propriété de son père. Pas qu'elle craignait une attaque ou quoi que ce soit, mais... Cela avait le don de l'intriguer, et oubliant sa colère pour une petit moment, elle se rapprocha, le pas peu rapide, puisqu'il n'avançait pas vite. Restait maintenant à l'interpeler. Ce qu'elle fit, le plus simplement du monde, sourcils légèrement froncés :

    "Hé ! Que faites-vous ici ?!"

    Elle se stoppa lorsqu'elle se retrouva à la hauteur des premiers arbres, une main sur le tronc de l'un d'eux, l'autre serrant toujours son arme, sans pour autant adopter une position agressive ou de défi. Simplement, le ton de la voix le montrait bien, elle attendait une réponse de la part de cet homme. Qui qu'il soit. Il avait intérêt à lui donner la réponse qu'elle attendait, et plus vite que ça, car ces derniers temps, la belle avait les nerfs à fleur de peau, pire encore qu'habituellement. Colérique de nature, la jeune femme était parfois insupportable, dans son genre. Bon, il fallait dire qu'avec le type qui se trouvait face à elle, elle n'allait peut-être pas le menacer, mais bon, se mettre en colère, elle pouvait toujours. Et s'il était misogyne, il pourrait mettre ça sur le compte qu'elle appartenait au "sexe faible". Quelle qualification idiote !

    Sans comprendre pourquoi, elle prit tout à coup un air boudeur, s'étant mise en rogne à cause de ses simples pensées. Cela commençait bien, mais elle allait devoir se contenir quelque peu si elle ne voulait pas avoir d'ennuis...
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeJeu 8 Sep - 2:53

Les pas qui nous guident, peu importe où ils nous emmènent, ne sont jamais dus au hasard. Que ce soit vers une bataille, une rencontre, un événement où l'amour. Le destin n'est pas forcément le maître mot de cette vérité. Il appartient à celui qui marche d'aller quelque part. Et même si lui ne sait pas pourquoi il y va, il n'y a aucune certitude que le destin le sache. La probabilité pour que les choses se retrouvent à l'endroit où elles doivent être est de cent pour cent. Qui l'a choisit? Pas le destin. Mais celui qui à choisit de marcher. C'est la rencontre de tout ceux qui choisissent de leur route, que de se retrouver à l'endroit où il se passe quelque chose.

Le destin n'a rien à voir, le maître, c'était lui. C'était les autres. Et la simple contradiction entre leur but créait tout ce qui était bon et mauvais. Voilà, voilà la vérité universelle.

Il n'aurait jamais du s'arrêter. Il avait dépassé la clairière, cette guerrière et son aura de frustration. Elle pouvait se défouler, où elle voulait, mais pas sur lui. Rien ne garantissait que ce serait le cas. Elle semblait simplement méfiante. Ne serait-ce que par sa distance, où sa main non résignée sur son arme. A vrai dire, il n'avait lui même jamais été convaincu en empoignant sa lame. Du moins, pas depuis longtemps. Cette épée, Archeron. Ce massif morceau de métal légendaire. Il ne s'en servait plus que pour protéger. Lui même, où les autres.
Du moins, c'est ce qu'il aurait souhaité. Mais ce n'était pas toujours comme ça, lui, le seul homme soumis au destin. Un choix personnel? Non. Un jeu des dieux? C'est à parier. Mieux valait-il ne pas être dans les parages quand il perdait le contrôle.

Le fait était là, il se tourna vers cette fille. Elle avait sans doute quelque chose de spécial. Ce petit résidu dans l'aura qui montre que l'on est au dessus des autres. Qu'on a une particularité qui nous permettra de changer les choses. D'être des grands, même si on se comporte encore comme des enfants. Ce genre de détails, qui font qu'il se retourna, capuche cachant toujours son visage:


"Rentre chez toi, et pardonne à toi même avant d’espérer le faire pour les autres."

Des mots, un sens. Que pouvait-il bien savoir de la situation de cette escrimeuse? Aucune, si ce n'est cette aura de tristesse et cette envie de se défouler. Des mots qui peuvent coller à n'importe quoi? Peut-être pas. Sans doute que non, comme si ce mystérieux voyageur dispensait des conseils lors de ses voyages aux gens qui en ont besoin et s’intéressent à lui. Ce serait bien trop simple. Ce génie de la psychologie avait tout vécu en ce qui concerne les déboire de l'humanité. Et avait même frôlé les cieux de son bonheur.

Aujourd'hui, il ne lui restait plus que son arme pour atteindre les cieux.

Il leva la tête vers elle, son regard croisant le siens. Et sans rien rajouté, il se tourna pour reprendre son chemin. Même pas lents, même destinations. Elle n'avait pas besoin de lui.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeVen 9 Sep - 1:22

    Toujours la main contre ce tronc d’arbre, l’autre crispée sur son arme, la jeune femme le fixait. L’air était quelque peu chaud, et le silence tout relatif des lieux était troublé par la respiration encore rapide et saccadée de la noble suite à son entraînement. Un peu de sueur avait perlé sur son front, quelques mèches sombres s’y collant alors. Mais cela ne semblait pas la déranger plus que cela. Non, ses prunelles turquoise sombre continuaient de le fixer avec insistance, alors qu’il restait dos tourné à elle. Elle avait l’impression qu’il n’avait pas grand-chose à faire ici. Ce n’était pas sa place, il était un étranger. Que faisait-il là dans ce cas ? Elle ne le savait pas, mais sa présence lui inspirait une certaine méfiance. Méfiance amplifiée par sa récente et sordide mésaventure. Elle secoua d’ailleurs la tête à cette pensée. Elle voulait oublier. Elle le devait. Pour son bien à elle. Et au diable les autres. Mais en cet instant, ce n’était ni elle, ni les autres. Mais lui. Lui qui était là alors qu’elle aurait dû être seule, qu’elle le voulait. Mais maintenant qu’il était là, autant s’en accommoder. Lui semblait vouloir passer ainsi, comme si de rien était, mais non. Elle était tenace, et ne le laisserait pas passer comme ça.

    Elle attendait toujours une réponse à sa question. Mais elle ne venait pas. Il tardait à réagir, à répondre. Il ne semblait pas vraiment enchanté qu’elle l’ait ainsi interpellé, alors qu’elle aurait pu tout simplement le laisser passer comme ça, sans rien dire. Mais ce n’était pas aussi simple. Son allure… Elle était bien trop surprenante pour qu’il passe inaperçu, un détail dans le décor. Ah ça non, c’était plus que certain. Et finalement, il daigna réagir. Lentement, très lentement, il fut tourné vers elle. Mais son visage était masqué par cette capuche qui semblait pendre lourdement sur lui. Il donnait l’impression d’être accablé par un mal ou une peine indicible, quelque chose de si lourd, si pesant qu’il courbait quelque peu l’échine. Étrange. Mais elle ne dit à ce propos. Ce n’étaient que des pensées. Ses pensées. Pas forcément destinées à être partagées avec autrui, même s’il en était le sujet. Elle n’avait rien à lui rendre à ce niveau-là.

    "Rentre chez toi, et pardonne à toi même avant d’espérer le faire pour les autres."

    Elle n’avait pas tout de suite réalisé qu’il avait parlé. Elle en avait même sursauté, son esprit embourbé dans sa réflexion sans vrai fondement. Surprise qui la fit quelque peu soupirer, passant une main sur son front, repoussant les mèches humides. Mais de quoi parlait-il ? Elle ne comprenait pas. Ou plutôt, lui qui était pour elle un totale inconnu et étrange, comment arrivait-il à parler de ça sans la connaître ? Non non, elle se faisait des idées. Il avait surement dit cela comme ça, pour créer sur elle on ne sait qu’elle effet déconcertant, et ainsi s’en aller tranquillement. Mais encore une fois, la belle était tenace, surtout lorsque quelque chose, ou ici en l’occurrence, quelqu’un, attisait ainsi sa curiosité et captait son attention…

    Lorsque son regard croisa le sien, un frisson dévala son échine. Était-ce dû à la rencontre de la transpiration et du petit vent frais qui soufflait tout à coup ou à cette drôle de sensation qu’elle avait eue lorsque son regard avait croisé le sien ? Bonne question. Là encore, elle ne savait pas. Pas avec exactitude, mais se doutait. Elle était loin d’être idiote, la jolie petite. Et pas question qu’il s’en aille si facilement.

    De ce fait, alors qu’il reprenait déjà son chemin, toujours avec cette lenteur affligeante, pesante, déprimante, elle prit son courage à deux mains et se redressa un peu, sa main un peu moite quittant le bois râpeux, pour faire quelques pas. Les quelques feuilles mortes étendues sur le sol crissèrent sous ses pas, avant qu’elle ne dise à nouveau, déterminée à se faire écouter, pour de vrai :

    « Mais de quoi donc parlez-vous ? Je crois que vous n’êtes pas bien informé. Je n’ai rien à pardonner à qui que ce soit. »

    Ce dont elle ne se doutait pas, c’était qu’il avait surement ressentit cette tristesse qui la noyait intérieurement, l’empêchant d’avancer comme elle devrait le faire. Et cette colère aussi, mais c’était bien plus simple, elle était plus palpable, moins cachée. Pourtant… Non, elle n’admettrait pas qu’une personne ainsi de passage puis lire si facilement en elle. Cette idée la contraria à nouveau. Elle avait le chic pour se mettre toute seule en colère, ces derniers temps. Surtout en cet instant.

    Et ce n’était pas suffisant. Il allait encore lui sortir une belle phrase et reprendre son chemin. C’était vilain. Il l’intriguait, et elle ne comprenait pas pourquoi. Ça ne se passerait pas comme ça, elle se le promettait. Tête de mule qu’elle était. Elle ne lâcherait pas l’affaire, pire qu’un molosse et son os à moelle adoré.

    « Et j’aimerais bien une vrai réponse, si ce n’est pas trop vous demander. »
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeVen 9 Sep - 16:45

Une seule chose était clair, il n'avait rien à faire ici. Que ce soit de la volonté des autres où de la sienne. Et si tel était la volonté des Déesses de lui faire croiser le chemin de cette fille, il n'en avait que faire. Il était maître de son destin. Ou tout du moins, il se plaisait à y croire. C'était le seul moyen de se rattacher à une raison d'exister. En tout état de cause, il allait donc la laisser derrière lui, continuant son chemin sans demander quoi que ce soit de plus.

Mais la vie est moqueuse, si aucune entités supérieure ou celle des autres n'est en cause il restait tout de même une donnée non négligeable: la volonté de la demoiselle en question. Qui en posa une, d'ailleurs. Mais cette fois, il n'était pas question de faire demi-tour et de prendre le thé. Non, il n'avait pas le temps pour ça... Il n'en avait pas l'envie non plus. Il ne voulait rien, il ne voulait pas mêler d'autres personnes à sa propre vie. Il ne voulait infliger à personne ses erreurs. Quelle infamie d'avoir osé croire qu'un simple conseil aurait suffit. Lui, un inconnu qui oserait imposer une vérité à quelqu'un qui la cache et qu'elle n'a pas la moindre souhait d'en apercevoir l'ombre. Il n'était pas vraiment bien placé pour dispenser de bonnes paroles. Il ne voulait pas décevoir à nouveau. Qui que ce soit. C'était bien sur stupide, ils ne se connaissaient pas. De simples mots ne pouvaient rien qui ne puissent être rattrapé. Mais un silence, lui, était bien plus pesant et désagréable que tout le reste. Il n'y avait que ça, simplement cela, pour décevoir. Mais qu'en avait-il à faire? Si il était maître de son destin alors les mots qu'il éparpillaient à travers du monde étaient uniquement de son fait. Cela signifiait qu'il empiétait sur le libre arbitre des autres, de cette façon. Alors imbriquer l'un dans l'autre, tout était factice.

Vouloir en savoir plus, toujours plus. Une simple curiosité, un attrait. Un désir attisé, une envie. Un simple fait qui en demande toujours plus. La nature humaine, le souhait de se rapprocher? Il y a toujours une cause.
Mais la seule chose qui importe, ce sont les conséquences.

Le sol était sec, un peu trop d'ailleurs. Les racines se superposaient dans des formes impressionnantes mais discrète. La nature doit savoir rester un piège, pour conserver un morceau de son ancienne splendeur. Entre les arbres, leurs branches et leurs feuilles il n'était qu'une tâche rouge sur le tableau. Par essence, il se rallongeait le chemin pour ne pas écraser les fleurs sauvages où arracher les branches. Mais ceci est une autre histoire.
Il ne se retourna pas. Ne jamais regarder en arrière. Mais il s'arrêta. Car il faut toujours prendre le temps:


« Tu dégages une profonde tristesse. Bien enfouit sous une colère factice. Ne regarde plus en arrière, et va en avant. »

Des mots, ne successions de lettre ponctués de silence. Un moyen détourné de l'homme pour se faire comprendre. Mais le ton, l'intonation, les sentiments exprimés par ce biais eux sont de la simple magie. Ce n'était certes qu'une phrase. Pourtant, lui. Cet homme en rouge, de dos, portant un fardeau si lourd que s'infliger la peine d'un lourd équipement ne semblait pas suffisant. Lui et son visage caché, placide sous le secret. Lui dont la gorge chantait lyriquement la tristesse de son expérience personnelle. Il ne semblait pas entendre qu'il était mal de se retourner et de regarder en arrière. Il semblait entendre que se retourner pour regarder en arrière faisait mal.
Qui y'avait-il derrière? Une clairière, une forêt et cette fille. Plus loin, d'autres horizons, d'autres histoires, d'autres sentiments. Est-il faible de ne pas affronter son passé et de continuer à progresser malgré tout? En a t'ont le droit? Est ont obligés de s'infliger la souffrance?

Qu'on se retourne ou non le passé nous pèsera toujours. Mais marcher à reculons est le meilleur moyen de tomber.

Il n'avait pas envie de lui parler par énigme. Mais il ne connaissait rien d'elle. Les solutions n'étaient pas nombreuses. Il ne voulait pas perdre du temps ici, ce précieux temps qu'il consacrait au bonheur de ceux qui lui sont proches. Il n'est jamais trop tard pour élargir son cercle d'intimes, mais ils n'ont pas à être entrainés là dedans.

Alors simplement, il se tourna vers elle, restant de profil cependant. Sa main droite alla à l'encontre du pommeau de son épée et d'un mouvement vif il la saisit en la faisant tournée vers le haut d'un simple mouvement de doigt avant de la rattraper. Le bras tendu et l'énorme lame dans sa prolongation, pointée vers l'escrimeuse:


« Agis selon tes envies. Bat-toi, où invite moi à dîner. »

Il était sérieux et menaçant à la fois. Tout dépendant du côté par lequel on prenait la phrase.
A la fin de ces termes, il libéra d'un seul coup son aura dans les lieux. Cette dernière se déversait tel une gigantesque avalanche de puissance sur toute la forêt. Il ne voulait pas l'influencer. Il voulait juste qu'elle fasse son choix en toute connaissance de cause.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeVen 9 Sep - 20:05

    Plus près de lui, elle n’en était pas moins méfiante. Élisabeth était téméraire parfois, et là, c’était bel et bien le cas. Elle avait toutes les raisons du monde de se tenir à l’écart de lui, ne serait-ce qu’à cause de son allure peut avenante, dissimulé par la capuche de son manteau, ou cette étrange sensation qu’il lui avait laissée alors qu’il traversait la petite clairière. Pourtant, loin de rester à l’écart, elle s’était rapprochée, le poursuivant avec ses questions et son sale caractère, alors qu’elle aurait simplement pu faire comme si de rien était. Mais difficile de la changer, et il était bien rare qu’elle laisse ce genre de chose devenir des détails. Enfant têtue qu’elle était. D’où le fait qu’elle n’avait pas hésité à le questionner d’avantage, se rapprochant par la même occasion. Toujours méfiante, mais pas si craintive que cela. À moins que ce ne soit de la pure inconscience. Mais… Elle était tout de même plus maline que cela, la demoiselle. Non ?

    C’est alors qu’il cessa sa marche. Pour faire quoi ? Lui répondre ? L’attaquer ? Ou tout simplement prendre du repos tout en l’ignorant ? Elle ne le savait, mais instinctivement, sa main se resserra sur son arme, très légèrement. Il fallait parer à toutes éventualités, et ce, même s’il l’impressionnait grandement. Malgré cela, elle ne bougea pas, le regardant toujours, ses prunelles brillant d’une lueur de détermination quelque peu vacillante malgré elle. Elle soupira doucement, attendant. Attente qui fut récompensée par ceci :

    « Tu dégages une profonde tristesse. Bien enfouit sous une colère factice. Ne regarde plus en arrière, et va en avant. »

    La demoiselle haussa un sourcil. Décidément, c’était troublant, déstabilisant pour elle. Elle voulut ne rien lui montrer, ne pouvant de toute façon rien voir puisqu’étant dos à elle. Cependant, elle fronça les sourcils tout en le fixant intensément, ses prunelles comme captivées par la teinte rouge qu’arborait sa tenue. Quelle idée de porter un vêtement si voyant si on ne voulait pas être remarqué. Mais ce n’était qu’un détail en cet instant, détail qu’elle chassa d’un haussement d’épaule et un soupir. Le silence était de retour. Lui ne la regardait pas. Qu’attendait-il ? D’être poignardé dans le dos ? Pas par elle en tout cas. C’était lâche et sans intérêt. Surtout qu’elle n’avait toujours pas eu les réponses qu’elle attendait, et ne le laisserait pas se défiler si facilement.

    Ce silence… Il la dérangeait quelque peu. La prise sur la garde de l’arme se desserra quelque peu, alors qu’elle passait une main un peu hasardeuse dans sa chevelure noire ondulée. Elle avait chaud à vrai dire, et ses vêtements lui collaient légèrement à la peau. Rien de bien aguichant, c’était même plutôt désagréable pour elle, à vrai dire. Et tout à coup, l’idée d’un bain la tentait un peu. Mais ce n’était pas encore le moment. Un étrange moment qu’elle troubla de ces quelques paroles :

    « Vous semblez si sur de vous… S’en est troublant. Et inquiétant. »

    Autant être honnête, après tout. Et, alors qu’elle allait faire un nouveau pas, attendant toujours quelque chose de plus clair que ces allégations sur son état émotionnel actuel, elle le vit se tourner à demi vers elle, lui offrant une vue sur son profil. Encore, s’il s’était arrêté là, cela aurait été plutôt banal, mais non. Dans le mouvement, son épée, aussi colossale que visiblement dangereuse, se retrouva pointée vers la jeune femme. Surprise, elle recula d’un pas, avant de se raviser. C’était le meilleur moyen de montrer qu’elle avait peur. Peu évidente en soi, qui plus est. Alors, elle refit un pas en avant, le regardant toujours, essayant de masquer sa légère crainte, mais surtout, sa surprise. Difficile. Ses sourcils étaient légèrement froncés, alors qu’elle écoutait ce qu’il disait :

    « Agis selon tes envies. Bat-toi, où invite-moi à dîner. »

    Elle sentait le ton menaçant, ou presque. Idée qui lui fit froncer un peu plus les sourcils, alors qu’elle l’observait avec attention, toujours. Pourtant, c’était assez inattendu, comme déclaration. Se battre ou un dîner ? C’était si… Particulier, comme alternatives. Et, alors qu’elle comptait lui répondre, elle sentit une grande puissance émaner d’elle tout à coup. Elle en frémit et se mordilla la lèvre. Son pressentiment du début était bien fondé. Il avait une puissance qu’elle n’avait pas, loin de là. Se battre contre lui serait se jeter soi-même dans un piège mortel. Et elle n’était pas suffisamment bête pour le faire…

    Lentement, elle reprit une prise ferme sur son arme, avant de tendre le bras, la pointe du fleuret, si frêle par rapport à la masse impressionnante de métal que tenait son interlocuteur, effleura son arme, avant qu’elle ne dise :

    « Me battre contre vous ? J’ai beau être malheureuse et en colère, je ne compte pas mourir si facilement. Je préfère cent fois vous inviter à dîner, si c’est bien là ce que vous désirez. »

    Tout en terminant sa phrase, son arme fut abaissée, doucement, retrouvant son fourreau, à la ceinture de la belle. Elle resta au même endroit, le regardant longuement, avant de dire :

    « Qui que vous soyez, si vous considérez sérieusement ce dîner et que vous y tenez, il va falloir tout d’abord ranger cette… Arme, et se rendre à la demeure de l’autre côté des arbres… »

    Un très vague sourire passa sur ses lèvres. Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit oui. Si facilement. Pourtant, elle savait qu’il n’était peut-être pas prudent de rester en sa présence. Qui sait ce dont il était capable. Elle ne le savait point, et, usant à nouveau de son imprudence, préférait l’ignorer, surprise par cette demande. Amusée, aussi, à vrai dire. Elle ajouta même :

    « Maintenant ? »
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeSam 26 Nov - 23:20

Il avait connu très peu de gens agissant de la sorte. Fascinés, troublés. Non. Plutôt dans le genre peu enclin à engager un conflit, tout en restant confiant. Source de crédulité ou de bêtise, peut-être. Pourquoi targuer l’arrogance des doigts quand ont risque de ses les y faire couper.
Ah, l'époque de ceux qui font les fiers jusqu'à être menacés est bien loin derrière. C'est enrichissant. Et absurde. Qu'on le veuille ou non, l'on rencontre toujours de nouvelles personnes. Et si on cherche à les connaître un minimum, on peut aisément se rendre compte d'une certaine forme de réalité dans leur façon d'agir.
Oui, c'est bien vrai. Tout est si réel, si palpable. Tellement dur, parfois, que l'on haït s'y heurter. Douce mélopée s'échappant du mensonge. Pourquoi tant d'altruisme envers quelqu'un qui, même indéniablement de tous les autres, devrait être indifférent à ses yeux. Il n'éprouvait plus aucune extase pour l'adrénaline. Car on payes toujours le prix du plaisir consommé.

Et pourquoi, pour une fois, ne pas se permettre un peu de légèreté? Ce n'est pas qu'elle avait du se perdre aussi loin que lui dans les affres du malheur. Impossible ou non, chacun vis les choses différemment. Il n'était pas la bonne personne pour remonter le moral à qui que se soit. Donner un conseil, d'accord, d'accord... Mais se vanter d'aider les autres est une maigre consolation quant on sait, comme lui, pourquoi l'on fait ça. C'est si... Égoïste.

Tout comme la faim, qui lui tiraillait l'estomac depuis un moment déjà. Eh, c'est vrai, on a beau être un criminel, on a tout de même besoin de se nourrir. Il pourrait voler ou tuer pour manger, mais bien que ce soit ce que l'on pense de lui, ce n'était pas le cas. Surtout qu'il n'avait plus d'argent. Deux jours peuvent être bien long...

Il fit un mouvement de poignet, tournant sa lame vers le sol en replaçant son bras en arrière; rangeant par la suite son épée dans ses fourreaux fait de tissu et de métal. Soupirant même légèrement. Tant qu'elle ne lui demanderait pas son nom, tout irait bien. En comptant que le prochain lieu où ils iraient ne le plongera pas à découvert. Devoir se battre contre son hôte est d'assez mauvais goût:

"Je vous suis donc..."

Les présentations n'ont aucun intérêt? Bien sûr que si. Un nom n'est qu'un nom, donnant une identité à un visage. Ce sont des choses inscrites dans notre culture depuis toujours. Mais il ne valait mieux pas lancer la conversation là dessus. Elle était peut-être du genre à parler, lui pas. Tant qu'il ne l'intriguait pas, ça devrait aller.
Il en rirait presque intérieurement, parce que son simple accoutrement dénotait une part de mystère. Autant avec emphase, et jouer sur les cordes les plus mélodieuses.

Marchant à pas lent, traînant des pieds sur la terre dur et craquelée, il s'approchait d'elle. Cela n'avait aucun intérêt, puisse qu'il ne savait pas dans quel direction ils partiraient.
Il n'avait pas plut depuis longtemps.
Se faisant, il retira sa capuche sur le trajet. Laissant alors jaillir des ombres ses yeux bicolores. Le rouge se cachait dans l'ombre des bois, plongé dans l'obscurité la plus totale. Alors que le bleu pétillait de vie, même en dehors du soleil. Comme irradiant de lumière la terre assoiffée sous les torrents des branches de ce qui constitue la forêt.
De même, ses long cheveux blanc s'éparpillèrent. Non pas dans le vent, mais l'effet gestuel les propulsèrent en arrière comme soufflés. Ébouriffés sur le dessus dans une coiffure défiant la déesse elle même tellement elle caressait les cieux, le reste bien lisse lui tombant dans le dos.

Le visage en restait cependant fermé. Seul le blanc de ses cheveux et les couleurs de ses yeux lui donnait un certain côté humain. Le reste semblant figé dans une autre dimension temporelle. Un sourire inexpressif, et le regard semblant toujours porté au loin bien que la regardant distinctement. Comme lui passant au travers. La regardait-il? Ou n'était t'elle qu'un pion?

"Aux échecs, l'expert à toujours un coup d'avance. Le Maître dispose de celui qui accorde la victoire."
Mais là, il n'y avait aucune réelle stratégie. Pas de questions, c'est tout. Aucune victoire en jeu, par pitié un peu de légèreté.
Il s'arrêta donc a à peine deux mètres d'elle, restant bien droit. Ses yeux ne semblaient pas quitter les siens. La suite lui appartenait. En quelque sorte.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeMar 3 Jan - 5:16

Alors alors. L'attente d'une réponse. Deux êtres qui se fixent, des regards qui se croisent. Celui de la délicate demoiselle et d'un bleu franc, assombrit par le poids d'une culpabilité, d'une honte qu'elle ne peut chasser, ni même espérer exorciser. L'homme, garde un regard insondable, si bien dissimulé sous sa capuche bien tirée. Énigmatique. Et cette invitation. Quelque chose d'osé, d'audacieux. Il avait suggéré, et elle avait étoffé, mise sur pieds et réellement proposée. Sans crainte. Sans peur de lui. Peut-être, de la méfiance, surement. Mais elle était surtout éveillée par sa condition d'homme, envers lesquels la douce mais si peu calme Elisabeth ressentait depuis cet évènement, une forte répulsion. Car de tous les sentiments possibles, c'était surtout une étrange curiosité, un peu enfantine, qui dansait doucement dans ses grands yeux parés de cils longs et sombres.

Et lui, et lui alors ? Quand répondrait-il ? La jeune femme se tenait droite face à lui, leurs corps encore séparés d'une certaine distance. Elle attendait qu'il dise oui. Elle n'envisageait pas un nom. C'était son idée, après tout, et un repas aussi gracieusement offert ne se refusait pas, non ? Ce serait tellement impoli. Et puis, elle ne voulait pas se battre. Alors, elle le regardait, en silence. Frêle jeune femme qui voulait paraître si forte. Une mèche de cheveux arrachée aux autres, un souffle du vent taquin, qui s'amusait à en défaire la boucle d'ébène lisse, chatouillant sa joue pâle. Et ce visage. Un âge exact était un peu trouble. Car dans ses traits, restait encore quelque chose de tendre, de doux. De bien plus juvénile qu'on le croirait. Tellement fragile, tellement.

Enfin une réponse de sa part. Très bien. C'était tout ce qu'elle attendait de lui. Mais. Il s'avança. Surprise. Et pourtant, elle ne bougea pas. Le regardant toujours. Un geste. Porté à sa capuche, qu'enfin il rejetait en arrière. Son visage, elle en observa chaque très, avec la précision d'une personne habituée à observer des choses bien complexes, schéma alambiqués et étranges dessins. Un visage qui n'avait rien d'aimable. Pas vraiment. Pas particulièrement accueillant non plus. Mais elle ne s'arrêta pas là. Ses yeux. Aux couleurs dissemblables qui avaient de quoi interpeller, intriguer. Rouge, bleu. Surprenant. Elle se prit même à hausser un sourcil. C'était surement la première fois qu'elle voyait une telle chose, et l'effet n'en était que plus intéressant. Captivant. Et finalement. Elle en arriva à sa chevelure. Sa couleur opaline la poussa à s'interroger sur son âge, avant d'en venir au fait que ce dernier n'avait surement rien à voir avec cette teinte. Autre chose, surement. Et pourtant. Malgré toutes les questions qui dans son esprit se bousculaient depuis quelques instants, elle ne dit rien. Parfaitement silencieuse.

Deux mètres tout juste entre eux. Cela n'avait rien d'inquiétant pour la jeune femme. Doucement, elle hocha la tête, avant de tourner les talons, rapidement, et se mettre en route pour sa demeure. Son pas était mesure, et dénotait d'une certaine grâce, visible également au balancement de ses hanches. Une dizaine de minutes, rien de plus. Le chemin était visible dans les herbes folles, à force d'y passer. Car depuis son retour ici, sur les terres de son père, sa présence ici était quasiment quotidienne, sauf lorsqu'elle avait trop de travail à faire aux vignes.

Derrière l'épaisse masse d’arbre pourtant facilement traversée lorsque l'on savait où passer, se dessinait rapidement le fameux domaine de la famille Von Fürstenberg. Un manoir aux couleurs anciennes, assez claires, qui plus est. Deux étages, rien de plus, ainsi qu'un grenier où au fil des années avaient été accumulés tout un tas de bibelots sans grande valeur, rongés par les mites et la poussière. Fière demeure élevée sur une petite colline, et autour duquel on pouvait voir les vignes, avides des rayons de soleil bienfaiteurs.

Arrivés à la porte, alors qu'elle était restée silencieuse jusque là, elle finit tout de même pas lui demander, le regardant en coin :

    « Dites-moi... Pourrais-je connaître votre nom ? Ou du moins, un nom par lequel je pourrais vous appeler ? Je veux dire, je ne me vois pas vous appeler Monsieur... Ca sonne trop pompeux... Quelque chose de plus amical serait agréable. si cela ne vous dérange pas. »


Elle lui sourit doucement et entra. Jolie maison à la sobre décoration, aux couleurs de leur domaine. Du jaune pâle, de l'or et du noir. Surtout et entre autre. Une servante arriva alors vers eux. Encore une fois atterrée par la tenue de la demoiselle, qui était bien plus jolie avec une robe de soie et de satin. Soupirant, elle toisa les deux personnes venant d'arriver, ses prunelles d'onyx se faisant tout à coup bien surprises et méfiantes lorsqu'elle vit l'homme derrière Elisabeth. Si improbable.

    « Mademoiselle Elisabeth ! Qui est donc cet homme ? Il n'a pas l'allure d'un de ces gentilshommes qui habituellement vous courtise. »

    « C'est un ami. Il vient manger avec nous. »

La réponse avait été donnée sans hésitation, avec un grand sourire. La vieille dame, haussa un sourcil, les toisa longuement, avant de soupirer et dire, secouant la tête :

    « Votre mère sera là ! Il va falloir monter vous laver et vous changer ! J'ai cédé une fois, mais ça ne se reproduira pas ! »

A l'annonce de cette tirade qui visiblement, ne souffrait d'aucune protestation de la part de la concernée, cette dernière afficha une grimace contrariée et quelque peu enfantine, avant de couler un regard vers l'invité de dernière minute, et dire, soupirant :

    « Je crois que je vais devoir lui obéir, malheureusement pour moi. En attendant, quelqu'un va vous conduire dans le salon. J'espère que cela ne vous dérange pas trop. A moins que vous ne vouliez pouvoir vous rafraîchir également avant de manger. Nous avons une chambre d'hôtes, et ce serait un grand plaisir pour moi que de vous la céder. »

Elle lui sourit. Avec douceur et politesse. Sincérité aussi. Cet homme éveillait sa curiosité, la taquinait aussi. Alors. Alors elle voulait le faire rester un peu plus.

Dans tous les cas, la vieille servante semblait impatiente, car déjà, elle tirait la jeune femme par la main, pour la mener à l'étage.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeSam 7 Jan - 21:42

C'était presque drôle. Mais pas de quoi en rire. Cette vieille femme était troglodyte, enfermée dans une baraque sombre et lugubre, lumineuse à l'horizon. Gente passion que d'être serviteur, déboire que d'en être aise. Nul son, nulle vibration alarmante. Que des ténèbres, et de l'oubli. Arrangeants, pourtant. Se fondre dans l'obscurité afin de ne jamais en ressurgir. Des gens comme il en aimait, comme il devrait y en avoir plus. De ceux qui se tiennent au courant mais prennent le risque aux imbéciles heureux, qui sont les plus téméraires? D'aucun le sait, parce que les autres s'en fichent. Vieille femme sombrant dans l'antre de la servitude, jeune fille montant les escaliers. Comment ou pourquoi la regarder, de ces mouvements qui la trahisse. Une prestance abandonnée, un passé au présent obsédant. Des travers du déhanchement au soubresaut des sourcils, une façon d’appréhender le sujet. Traité avec passion, compassion. Détail insignifiant, temporaire.

Elle s'en alla. Mouvement perpétuel de cette fille là, que de toujours se pourvoir à l'avant du convoi. Guider ou aller vers le futur? La tête haute est bien moins grande que celle sur les épaules. Répondre au son du tocsin, ou du glas dans une amertume dépassant le stade de la maladie. Rien ne la guérira. Lui non plus. Ôh mal incurable, destructeur. Que le temps sillonne tes chemins bordés de sang hilare, et de merveilles abyssales.


Il restait impassible. Quelque soit la situation, favorable ou non. A l'accoutumé, cette hôtesse devrait prendre son manteau. Le gentleman exigerait qu'il le porte lui même. La logique voudra que le tout s'accorde. Presque envie de rire, intérieurement. Comme un grand sourire qui tremble, parce que pas le droit de s'esclaffer.
Il se dévêtit d'un roulement d'épaule, ignorant totalement la femme. Repliant son manteau en un propre carré, il le posa au sol. Dans un coin, avec son arme. Regardé d'un mauvais œil, le sourire s'étendit au rythme de la surgissant pensé d'une harpie tentant de déplacer ses affaires. La force, brute délicatesse usée avec parcimonie par les justes. La force, honteuse aversion des autres.
Il glissa du coin des yeux un regard emplit de bon sens vers la servante, cette dernière comprenant instantanément la requête. Instamment obligeant son hôte à rejoindre le petit salon.

Des fauteuils, confortables et rudes. L'accabis des riches et fortunés. Il déboutonna le haut du col de sa chemise noir. La nuit le serait assez comme ça, encore une fois. Position stable, classique. Aucune expression psycho-gestuelle à détaillé. Le visage fermé, comme ces fenêtres.

Où était la liberté dans cette demeure?

Il se sentit vite vide. Vide comme ces pièces remplit de meubles aux boiseries travaillés. Comme ces bibelots aux répercussions creuses, aux souvenirs inexistant. Entreposé là, sans aucune autre vertu que l'exposition. Patience, seul terme à entreprendre et user en ce lieu. Là, las. Pouvoir se détendre est un luxe que ne peuvent s'offrir que ceux qui s'obligent. Il se sentait souiller ce lieu de sa présence impie, comme rejeté par un air ambiant sentant le renfermé. Élégante prison d'or et de cristal, les colombes ne volent que dans le ciel.


Et que penser d'elle? Tiens, un thé. Boisson onctueuse et délectable, bien que toujours servi brûlante. Charmant poison ne visant que la souffrance; tradition des rois? Seuls les paysans offre un verre à leurs hôtes en premier lieu. Répandu par delà les terres, les grands s'abaissent au niveau de leur esclave en toute impunité. Ou en toute ignorance.
Enfin il y avait déjà pensé en se délestant de ses armes et armure. Seul restait l'homme, simplement prostré dans une prison de chair et de sang. Chacun sa geôle.

Pourrait il laisser ce thé refroidir, ardeur calculé à la venue d'une supposée élégante à la folie demoiselle drapée de beauté tels des mots sur un crime.

A voir, à entendre; succulent chant des sirènes. Majestueux volcan endormi.
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MessageSujet: Re: Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur|   Les blessures ne s'effacent pas si facilement... |PV Le Faucheur| I_icon_minitimeJeu 19 Jan - 21:43

    C'était une invitation des plus étranges et communes à la fois. Rien d'étonnant à cela. Rien d'étrange à offrir son hospitalité à un étranger voyageur. Même si dans la cas d'Elisabeth, c'était loin d'être banal. Elle l'avait invité, préférant lui céder un repas plutôt que d'avoir à ce battre. Mais ce n'était pas vraiment cela qui était étrange. Ce qui l'était réellement, c'était que la jeune noble avait accepté de laisser entrer chez elle un homme, première chose assez surprenante pour la demoiselle, la seconde étant que ledit homme n'était pas des plus rassurant. Son allure, sa personne, et son arme par la même occasion, ne faisaient pas de lui un personnage qu'il serait bon de prendre à la légère, ni même de sous-estimer. Et puis. Il y avait quelque chose de plus. L'aura, peut-être bien. Un fait qui le rendait peut-être effrayant. Ou juste impressionnant. La noiraude ne pouvant admettre décemment qu'elle pourrait craindre un homme, quand bien même c'était évident. Trop fière. Trop têtue. Trop elle-même.

    Alors bon. Le chemin menant à sa demeure vite parcouru, tout en lui posant une question qu'elle jugeait importante. Question qui n'eut pas la moindre répondre. A vrai dire même, il n'avait pas laissé échapper le moindre mot. Rien, absolument rien. Pourtant, elle n'eut le temps d'insister qu'elle fut forcée à monter à l'étage. Pour se laver et s'habiller de façon acceptable. Un soupir las. Une moue quelque peu dérangée. Et la belle demoiselle dut se convaincre d'obéir, quand bien même cela lui déplaisait. Vraiment. Follement. Enfin, elle n'avait pas le choix, elle se devait de se plier aux exigences de sa mère. Ne serait-ce que pour faire plaisir à la vieille femme qu'elle était devenue.

    A l'étage. La baignoire était déjà remplie. Un autre soupir, et après avoir poussé la porte, elle se dévêtit, s'y glissant. Elle ne comptait pas trop le faire attendre, ce serait bien impoli. Elle supposait qu'il attendait dans le salon, la vieille dame lui ayant surement proposé quelque chose à boire. A tout hasard, du thé. Enfin, c'était surtout la boisson qu'elle préparait habituellement, alors bon. Elisabeth, elle, se frottait en grommelant quelque peu, détestant cette vie toujours un peu plus chaque jour. Durant près de 10 ans, elle s'était habituée à une vie plus précaire, et n'aurait donc pas le moindre souci à se passer de toute cela. Vraiment. Les choses matérielles ne lui importaient que peu. A choisir, elle préférerait presque devoir aller se cloîtrer dans un couvent. Et passer son temps le nez dans les livres. Plus d'hommes pour la faire frémir ou pleurer. Plus de responsabilités qu'elle ne souhaitait pas. Un peu trop enfantin. Un peu trop puéril, même. Car elle le savait, elle devrait s'y plier un jour ou l'autre. Trop vite.

    Le bain terminé, elle se leva, prit une douce serviette pour se sécher, avant de poser ses yeux sur la robe qu'on avait choisi pour elle. Un soupir soulagé, ce n'était pas une de ces tenues avec trop de froufrous et de dentelles désagréables. Une simple robe de couleur bleu traînant sur le sol, à laquelle se rajoutait un corset bleu sombre brodé de fils d'argent. Une tenue au moins simple. Elle sourit, même, montrant qu'elle était au moins soulagée par cela. Alors, une fois sèche, elle passa ses dessous, propres eux aussi, pour ensuite enfiler la robe. Les manches arrivait au milieu de ses avant-bras, un décolleté arrondi par trop pigeonnant ni aguicheur. Juste normal. Le tissu doux dévala ses courbes, passa ses hanches et alla se mourir sur ses chevilles, effleurant le sol ensuite. Une femme de chambre vint resserrer quelque peu le corset, juste de quoi lui donner une jolie taille. Une paire de ballerines bleues elles aussi à ses pieds, avant qu'elle ne remonte sa chevelure bouclée et humide en chignon rapide, quelques mèches encadrant son visage. Elle ne ferait rien de plus, sa génitrice devra s'en satisfaire.

    C'est ainsi qu'après une trentaine de minutes, la dame rejoignait son invité. dans la maison flottait déjà une douce odeur de viande grillée qui lui donnait faim. D'un pas rapide mais néanmoins gracieux, Elisabeth alla donc rejoindre l'homme aux cheveux blancs, dans le salon. Rapidement, elle le vit, sourit, et une fois assise face à lui, elle dit alors, d'un air désolée :

      « Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre, Monsieur... Être une femme n'est vraiment pas pratique, je vous avouerais. »

    Un soupir presque amusé, et elle passa une main dans ses cheveux, avant de prendre la tasse de thé tendue vers elle par la vieille. Doucement portée à ses lèvres, une ou deux gorgées bues. Puis elle la reposa sur la petite table, détaillant son vis-à-vis, intriguée, curieuse aussi. Jusqu'à finalement ajouter :

      « Et vous n'avez pas répondu à ma question. J'en déduis que je peux vous appeler comme je le souhaite. »

    L'air quelque peu rieur. Détendue, elle l'est, étrangement. Mieux vaut cela que l’habituelle Elisabeth, toujours sérieuse et contrariée, qui jamais ne rit ni ne sourit. Au moins, son visage semble doux, détendu. Et elle est bien plus belle parée de cette robe-ci, la mettant en valeur tout en pudeur et délicatesse. Rien de provocant. Rien du tout. Juste une agréable apparence, belle et élégante dame assise face à lui. Une autre en vint, par ailleurs, après quelques minutes. Grande. Les cheveux sombres, son regard également. Son visage, malgré les quelques rides, laissait voir une beauté aujourd'hui flétrie. Dahlia von Fürstenberg. La mère de l'épéiste.

    Ce fut d'abord sa fille qu'elle observa, un bref air satisfait apparaissant sur son visage. Elle s'était bien aigrie avec les années et la mort de son fils chéri. Semblant en vouloir à sa fille, qu'elle avait pourtant toujours aimées. Et puis, il y eut ce regard porté sur l'homme. Un regard qui se figea alors qu'elle l'observait, le détaillait. Se méfiait. L'allure ne trompait pas. Elle avait vu l'arme et le manteau, également. Méfiante. Presque irritée. Pourtant, elle ne dit rien, gardant simplement ses sourcils froncés, avant qu'elle ne dise, le fixant de façon incisive :

      « Et à qui donc avons-nous l'honneur, mon bon monsieur ? »

    Elle se doute pourtant de la réponse. La dame n'est pas dupe, mais se tait. Elle savait sa fille intelligente, malgré l'amère rancœur qu'elle lui vouait. Elle n'aurait pas intentionnellement mis toute la maisonnée en danger.

    Pourtant, quand elle voulu ouvrir la bouche pour répondre, le ton cinglant de sa mère la refroidit instantanément :

      « C'est à lui que je pose cette question, Elisabeth. Sois donc polie. »

    Un soupir agacé quitta la soi-disante fautive, qui reporta alors son regard sur l'homme. Qu'elle pouvait haïr sa mère lorsque cette dernière agissait de la sorte !

    On put entendre un pas un peu trainant, difficile. La petite vieille revenait, son sourire bienveillant radoucissant l'atmosphère, alors qu'elle disait simplement :

      « Le repas sera bientôt prêt, messieurs dames. »
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