❝ Invité ❞
| Sujet: Eli, course vers la lumière. Jeu 12 Mai - 12:42 | |
| Informations générales : Nom : Inconnu Prénom : Eïlwen Âge : 27 Race : Béorc Classe : Epéiste Pays d'origine : Daien
Description du Personnage :
Caractère :Comment ? Vous pouvez répéter s’il vous plait ? Je ne vous ai guère entendu ? Il faut dire qu’à mon âge… Ah ! La jeune fille qui m’a aidée à traverser ? Très serviable ! Oui vraiment ! Douce et gentille et une voix si reposante. Vous voyez, les jeunes de maintenant, ils ne pensent absolument pas aux anciens ! Aucun respect, c’est certain ! Et tenez, je ne vous ai pas raconté quand...
Ah celle là ? Qu’est ce quelle était bonne. Un sacré bon coup, c’est sur. Pi sa s’est fait comme ça, sans histoire ni rien. J’suis juste venu la voir, j’voulais lui proposer au moins un verre mais elle m’a dévisagé, pi m’a fait signe de la suivre. Du coup, on est monté dans sa chambre et…
Quoi ! Elle ? Je préférerai l’oublier ! Vous avez vu dans quel état on est ? Vous voulez que je vous dises quoi moi ? C’est une grosse brute cette fille ! Complètement folle à liée. C’est tout juste si elle se marrait pas de nous faire saigner. Sa devrait pas exister quelqu’un comme ça ! Bah t’as de la merde dans les yeux ? On s’est clairement fait défoncer oui !
Moi je l’ai trouvée plutôt froide tout de même. Peut être, mais tellement classe ! Mais enfin, tu as vu comment elle nous regardait ? Comme si nous étions une trace de boue sur l’une de ses bottes. Elle se croit sur une autre planète cette fille je te le dit ! Oui, mais qu’est ce qu’elle était belle ! Elle s’est adressée à nous, sans un seul sourire ! C’est pas grave ça ! Elle est partit par où ?
Ah oui ! Une jeune femme blonde c’est cela ? En effet, elle est restée un moment parmi nous. Elle s'isolait beaucoup mais elle nous aidait à la chasse, pour diverses tâches du quotidien. C’était amusant, car autant elle excellait avec les lames, autant elle n’avait aucun talent pour l’arc. Mais ce qui était impressionnant, c’est sa capacité à se déplacer comme une ombre ; très discrète. Elle n’a aussi jamais été inquiétée par nos formes animales. Apparemment elle aimait voyager.
Mais elle est malade cette fille ! Nous nous nous promenions avec mon mari, discutant tranquillement quand elle est arrivée par derrière. Elle l’a retourné brutalement, observé, puis lui a craché au visage. Une folle je vous dis !
Les yeux révulsés ! Un démon !
Oui oui, on a bien bu un peu ensemble. Bah, qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Après deux trois choppes, elle s’est mis à raconter pas mal de trucs ouai. Tenait pas vraiment l’alcool si vous voulez mon avis. De quoi elle parlait ? Bah heu… J’sais pas trop. Elle en voulait un peu à la terre entière je crois. C’était pas vraiment clair. Pi c’était triste aussi. Mais j’sais pas trop pourquoi non plus.
Oui! J'ai vécu un an avec Mademoiselle Eli! Tout à fait! Mais pourquoi je vous mentirai d'abord? Vous êtes complétement stupide ou vous le faite exprès? Alors Mademoiselle Eli... déjà c'est une Béorc! Comment ça vous le saviez déjà? En plus, elle fait très bien la cuisine!! Ce qu'elle aime... heu... elle ne parlait pas beaucoup d'elle. A part quand elle avait trop bu... je crois que son plat favori c'est le poulet grillé. Sa boisson heu... la bière. Enfin un peu tout ce qui traine du moment qu'elle boive! Mademoiselle Eli est tellement géniale. Elle pouvait rester silencieuse pendant des jours et soudain éclater de rire, me prendre les mains et danser autour de feu de camp. Pi son gros chat était rigolo aussi. Je crois qu'elle l'aime beaucoup mine de rien. Son caractère en général? Et bien...elle était gentille, magnifique, merveilleuse, fantastique, forte, belle, et... Mais! Vous pourriez me laisser m'exprimer jusqu'au bout si vous me posez des questions!! Puisque c'est comme ça, je m'en vais! De toute façon, personne ne peut égaler Mademoiselle Eli pour moi, et c'est tout!
Une ombre ; elle a disparue avant que je puisse l’approcher.
Physique :Chacun de ses pas vifs et rapides, soulevaient de légers nuages de poussière. Dans la chaleur trouble pesant sur Tellius, une jeune femme marchait sur un sentier étroit sous le soleil assommant. Sa haute silhouette se découpait sur le ciel bleu dans lequel ne paraissait aucun nuage. Ses longues jambes avalaient la distance inlassablement, interrompant le silence de ce début d’après midi. Rien ne bougeait, la femme semblait seule, perdue au milieu de la nature roussie.
Elle portait des vêtements confortables, facilitant l’exercice physique. Une chemise de toile blanche entrouverte, serrée par des cordons sur la poitrine. Lâche, la jeune femme la portait par-dessus un pantalon de la même matière mais noir. Une paire de botte en cuir remontant jusqu’aux genoux couvrait ses jambes. Un équipement de bonne qualité mais usé par les voyages.
Ses habits recouvraient un corps svelte mais musclé. Musculature dût principalement à un exercice de fond et régulier. Un corps qui semblait pouvoir se détendre comme un serpent pour frapper n’importe quel adversaire lui faisant face. Ceci n’empêchant pas de s’épanouir des formes rebondies et engageantes juste là où il le fallait. Un morceau de choix qui pouvait vous faire perdre la tête au sens propre comme au figuré. Elle paraissait dangereuse et affutée avec soin. Pratiquement à l'égale de sa lame, reposant dans un fourreau laqué accroché à une ceinture de cuir. Lorsqu'elle la sortait, l'arme était parsemée de reflets irisés. Surmontée d'une poignée au pommeau percé, entre les belles mains de la jeune femme, cette lame n'apportait que la mort.
On pouvait aussi noter qu'elle ne portait aucun bijou. Elle n’en avait nul besoin. Seule une bande de tissu était entourée autour de son avant bras gauche.
Le vent se leva. Un souffle brulant fit s’envoler ses longs cheveux blonds remontés en queue de cheval serrée par un ruban rouge. Ils s’envolèrent reflétant les rayons du soleil, brillant comme une flamme d’or. La femme farfouilla dans une sacoche de cuir fatigué qu’elle portait en bandoulière. Elle en tira une écharpe blanche qu’elle s’enroula autour du cou, la remontant sur le bas du visage pour se protéger de la poussière desséchante.
Sa peau halée transparaissait sous le tissu, lui donnant une jolie couleur dorée. Ceci faisait un curieux contraste avec ses yeux bleus-gris s’étendant comme des lacs sans fond. Des yeux particuliers, poignant, pour quiconque croisait ce regard. Ils semblaient refléter une tristesse infinie, mais pouvaient s’éclairer de joie, resplendissant. Joie, qui prenait un ton malsain, quand les pupilles dilatées par l’excitation se transformaient en orbes noirs.
Pour l’instant, un sourire satisfait ornait ses lèvres bien dessinées surmontées par un nez fier et droit. Ses pommettes saillantes, et son front haut, lui donnait un air décidé, cernable au premier abord. Oui, elle avait un beau visage. Mais ce qui marquait principalement les esprits des gens l’ayant rencontrée, était cette façon d’être, reflétant toute la fierté qu'elle avait d’elle-même. Mais qui pouvait présenter une douceur insoupçonnée.
Elle se retourna vivement. Me lança un regard méprisant, puis quittant la route, la jeune femme coupa à travers l’herbe roussie.
Histoire :Je vais tout noter ici. Ce qui m’a fait devenir telle que je suis. Cela devrait faire du bien de se confier. Même si ce n’est qu’à des feuilles de papier.
Bon pour commencer… les premiers souvenirs que j’ai. Cela doit être la chaleur de ma mère ; m’enveloppant, me protégeant, une sensation de bonheur, une sensation de tendresse. L’amour maternel qui est sensé t’accompagner toute ta vie. Mes parents n’étaient pas riches. Ils avaient eu une triste vie. Mon père descendait d’une famille noble de Daien, mais il fut déshérité pour avoir mis enceinte une roturière quand la rumeur se propagea. Ils furent persécutés et durent s’enfuir malgré l’amour de ma mère pour sa terre. Puis, à l’écart d’un petit village, ils avaient fondé cette famille et semblaient être heureux. Mes parents étaient formidables. Je reçu une très bonne éducation grâce à eux. Ils travaillaient toujours très dur, mais ne me délaissaient jamais. Ils m’aimaient tant, trop peut-être. J’étais gâtée et ne connaissais pas le malheur. La douche n’en fut que plus froide lorsqu’il s’abattit sur notre famille.
Un jour, en plein après midi, j’entendis mon père hurler. Je ne me souviens plus de ses mots. Ma mère se précipita sur moi. Elle pleurait. Je paniquais, je l’interrogeais, lui demandais ce qui n’allait pas. Elle m’intima de courir. Courir jusqu'à ce que je n’en puisses plus ; Le plus loin possible. Ne pas me retourner, quoiqu’il arrive. Des bruits de lames raisonnaient, les cris de mon père également. La dernière vision que j’eu de ma mère fut son départ précipité pour retourner aux cotés de mon père. Elle avait donc préféré rester avec lui. Moi je courus, jusqu'à m’écrouler par terre.
J’ai passé la nuit là ; loin de tout, seule dans le froid et l’horreur. Pleurant la perte de mon monde. Je ne me faisais guère d’illusion. Je tremblais de tout mon corps. Je me cachais, je ne pouvais rien faire alors que ceux que j’aimais m’étaient arrachés. Cette nuit me sembla être la plus silencieuse de ma vie. Le matin arriva. Le soleil se moquait de moi. Il se levait, resplendissant, souriant d’un air béat à ma face ravagée. Je rebroussais chemin. Je rentrais chez moi. Ou je croyais rentrer, même si je redoutais le pire.
Il n’y avait plus rien. Non, j’ai toujours pensé que cette expression était stupide. En fait il restait un nombre de choses incalculables. Mais toutes brisées en milles morceaux. Souvenirs, objets, corps peut être ?, Tous réunis dans ce même tas de cendre qui fumait là où se dressait ma maison hier encore. J’étais seule, presque aussi fracassée et détruite que mon monde. Je découvrais la signification du mot « douleur ». J’avais treize ans.
Je ne savais rien faire. Je connaissais vaguement l’agriculture et les plantes en ayant observé et aidé mes parents. Mais ils avaient toujours espéré que je fasses quelque chose de mieux de ma vie. Mais pour l’instant, en pleine campagne, ce n’était pas savoir lire et écrire qui me donnerait à manger. Je restais un moment au village proche de chez nous et volais pour vivre. Je me fis chasser, je me fis frapper, on me jeta des pierres, mais je trouvais toujours l’envie de vivre. L’envie de voir chaque matin se lever, même si la journée promettait d’atroces souffrances. Où ai-je trouvé cette force qui me permettait de continuer ? La colère envers ceux qui avait détruit mes rêves, anéantit ma famille ? Également contre ceux qui m’avaient infligé ce traitement. Ces gens sans cœur prêt à laisser un gamin de treize ans mourir de faim et de froid. Colère pour ce pays, dans lequel de telles atrocités paraissaient normales. L’envie de les voir payer m’animait, faisait battre mon cœur plus vite, et décuplait mes facultés de résistances.
Mais il fallut quitter la région. Les habitants devenaient de plus en plus attentifs et dangereux. La faim continuelle, l’impression de se dessécher de l’intérieur, ils ne connaissaient rien de tout cela. Je partis donc pour la capitale, me débrouillant pour vivoter, toujours mue par cette flamme de colère. Et c’est là que je trouvais ma deuxième famille et … lui.
Un froid mordant soufflait sur la plaine entourant Nevassa. Les maigres réserves que j’avais accumulées lors de mes rapines de l’été, étaient au plus bas. Je n’avais que la peau sur les os.
En effet, c’était une idée stupide de me précipiter en hurlant sur la charrette de ce marchand ; gardée par trois mercenaires qui plus est. Les routes étaient bien dangereuses à cette époque. La preuve, des petites folles suicidaires et prêtes à tout, pouvaient se jeter à la mort sans regret, tentant leur dernière chance avant de s’effondrer de faim. J’espérais presque me faire flécher sur place. Ainsi je n’aurais plus à lutter contre la vie et ma tristesse. J’attendais impatiemment ce moment de délivrance. Mais il ne vint pas.
A la place de la douleur puis de cette soudaine envolée que j’espérais, des cris, et des bruits d’armes sortant de leurs fourreaux. Je me retournais pour voir un groupe d’homme, et une femme, galoper vers le chariot, l’arme au clair. Ils paraissaient tous très jeunes, mais on sentait dans leur posture, une volonté inébranlable. Ils me doublèrent. Le regard du garçon qui était à leur tête rencontra brièvement le mien. Absorbée par le feu brillant de ses yeux noirs, je tombais à genoux, au bord des larmes. Et je les regardais anéantir les gardes avec une facilité incroyable. Où avaient t-ils appris à manier les armes ainsi ? L’affaire fut vite pliée, ils épargnèrent le gros marchand, chargèrent leur butin et firent demie tour. Le garçon aux yeux noir s’arrêta devant moi et descendit de cheval. Je n’avais plus la force de bouger. J’étais surprise et captivée par son regard (et cela ne serait pas la dernière fois.) Il me prit dans ses bras et m’emporta. Et moi je m’endormis. J’avais l’impression de retrouver cette chaleur et le bien être des bras de ma mère ; sécurité et paix. Mon estomac criant famine… oublié. La peur, la douleur, le froid s’étaient estompés. Bercée par le doux va et vient du cheval, je ne me réveillais que le lendemain lorsque la faim me nouait à nouveau les entrailles.
Et là commencèrent les plus belles années de ma vie. Bonheur, chance, confiance, amitié et amour, je reçue tout d’un coup ce qu’il m’avait été si durement arraché. Le groupe de bandits était composé de jeune gens de quinze à vingt ans. Le plus jeune, c’était Liam, j’étais très proche de lui ; sans doute mon meilleur ami. Nous en faisions un peu voir de toutes les couleurs aux trois autres. Ensuite, il y avait Lyn. Belle fille, elle s’occupait de la logistique de notre groupe, les armes, les vivres, l’argent, elle gérait tout. Mais jamais elle n’aurait touché à une casserole. Cela aurait pu s’avérer fatal pour nous. C’était Take, le plus vieux qui gérait ce genre de besoin. Calme et réfléchit, ses capacités au tir à l’arc m’ont toujours rendues jalouse. Et enfin, enfin il y avait Eka, notre chef en quelque sorte. Il avait appris à se battre à la plus part des membres de notre groupe.
Eka… il était charismatique, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour lui, chacun de nous aurait donné sa vie ou l’aurait suivit au bout du monde. Il n’avait que 16 ans, soit le même âge que Lyn, mais paraissait dégager une sorte d’aura quand il parlait ou se déplaçait. Moi, je l’ai toujours trouvé magnifique. Mais mon jugement était sans doute pervertit. Les souvenirs me reviennent. Je pourrai parler de lui infiniment je pense ; les cheveux aussi noirs que les yeux, le teint blanc, une silhouette musclée, un sourire moqueur.
Eka était aussi stupide et inconscient. Il aimait se passer la main dans les cheveux pour les ébouriffer, ou sauter du coq à l’âne quand une conversation l’ennuyait. Il voulait toujours plus de combats et de sensations fortes, tentant des plans de plus en plus osés. Je ne sais pas si sa folie était parfaitement dosée où si c’était un véritable génie sous son apparence d’idiot assoiffé d’action. Toujours est-il qu’il réussissait toujours ce qu’il entreprenait, sans mettre les autres en grand danger. Et moi, j’étais folle amoureuse de lui.
Tous les membres de notre groupe s’étaient retrouvés à un moment ou à un autre, lâchés par la vie. Le père d’Eka était un capitaine de l’armée s’étant opposé au régime. Le jeune homme avait vécu au milieu des armes jusqu'à ce que sa famille fût assassinée. Devant continuer seul, il avait rencontré Liam, lorsque ce dernier tentait de lui faire la peau pour récupérer sa bourse. Continuer à deux est bien plus facile. Grâce aux idées saugrenues d’Eka, ils s’en sortirent plutôt bien. Ils passèrent maîtres dans l’arnaque, le vol et le combat, et recrutèrent d’autres compagnons comme Lyn, mage incapable ou Take, un prêtre déchu. Ils reçurent l’entrainement d’Eka et formèrent une compagnie de malfrats qui donna des cheveux blancs aux autorités de la capitale.
Et finalement moi ; Eka mis quelques années avant d’avouer la raison pour laquelle il m‘avait récupérée. Quelques années durant lesquelles nous devînmes une famille, et où j’appris l’art de manier l’épée. Un exercice auquel je me trouvais plutôt douée et que j’appréciais particulièrement. Surtout qu’après un peu de pratique, je pûs tenir tête à Eka, bien qu’il gagnait encore à chaque fois, se moquant de moi allégrement.
Finalement, nous roulions presque sur l’or et nos têtes furent mises à prix. Eka pensa que c’était peut être le bon moment pour se retirer de la circulation. Mais bien sûr, pas sans porter un grand coup avant cela. Il décida d’attaquer un convoi de fonds. C'est-à-dire les convois les plus gardés et les plus lucratifs pour des voleurs. Encore faut-il qu’ils en sortent vivant. Et à cinq contre une bonne vingtaine de garde d’élite, notre sort paraissait déterminé. Mais sur le coup, ces idées ne nous effleurèrent même pas. Nous étions grisés par nos succès et il avait toute notre confiance. Le plan se déroula parfaitement. Lyn détourna leur attention tout en bloquant leur avancée, tandis que nous quatre engagions le combat de chaque coté, Liam leur coupant la retraite. Nous avions eu un très bon professeur, nos coups portaient et nos adversaires ne nous touchaient pas. Ce fut une complète réussite.
Le soir, nous partîmes fêter ça en ville. Oui, dangereuse idée pour des gens recherchés, non ? Nous étions tellement fiers de nous, sûr que rien ne pouvait nous atteindre. Il y avait un moment que nous étions isolés, nous voulions juste profiter. La soirée était parfaite. Bonheur, argent, fierté, tout était au rendez vous. La vie était à nous et nous souriait enfin. Tard dans la nuit, ou tôt le matin, Eka m’emmena sur le toit. J’étais fébrile, j’avais un peu trop bu. Et lui aussi sans doute. Là, devant moi, il était si beau, si désirable, brillant d’une lumière que je pensais ne jamais pouvoir toucher. Je m’approchais, le regardant droit dans les yeux. J’ouvrais la bouche pour parler mais il mit un doigt sur mes lèvres et sourit.
Je me rappelle de chaque seconde, cela restera toujours gravé en moi. Il s’est penché et a chuchoté à mon oreille, ces mots que j’avais toujours attendus. Nous nous sommes pressés l’un contre l’autre, cherchant à ne devenir qu’un, persuadés d’avoir trouvé notre moitié. Je sus enfin pourquoi il m‘avait ramassée quand la mort me prenait. Sa chaleur, les battements de son cœur, chaque parcelle de son corps que je pouvais toucher. Ces souvenirs reviennent toujours, accompagnés de la douceur de ses lèvres. Pourquoi la vie s’acharna t’elle encore sur nous Eka ?
A nouveau, tout s’effondrait. Nous entendîmes nos amis restés en bas nous prévenir. Des soldats, une centaine de soldat, était là pour nous faire danser cette nuit. Eka comprit immédiatement que nous n’avions aucune chance. Fatigués, imbibés d’alcool et contre de si nombreux adversaires, il n’y avait rien à faire. Il m’ordonna de fuir. Et je lui obéis. Mon cerveau était sous son contrôle, il n’écoutait pas mon cœur. Eka me poussa au loin, dégaina et se jeta sur les soldats qui montaient. Je me retrouvais dans la même situation que deux ans auparavant. Encore une fois, je fuyais en abandonnant ceux que j’aimais. Il arracha ses doigts aux miens, se fut la dernière fois que je le touchai, alors que nous nous étions retrouvés. Je sautais de toit en toit, tombais à genoux, je me relevais, je courrais pour eux ; ma famille, Eka. Je courrais pour qu’au moins l’un de nous s’en sorte. Pour que l’un de nous porte la mémoire des autres en lui et les fasse vivre ainsi. Je suis la preuve qu’ils ont existés. Et maintenant encore, je les garde en moi.
La ville était en fête. Partout les gens criaient des ragots, chantaient, se dirigeaient vers la grande place afin d’obtenir une place de choix pour apercevoir l’estrade. Les bandits étaient condamnés à être pendus. Mort inutilement longue et douloureuse, mais un spectacle formidable pour toute cette populace en manques d’événements sanglants. Il fallait un exemple. Et ces criminels étaient de la pire espèce malgré leur jeune âge. En plein milieu de la foule, je ne pouvais m’empêcher d’écouter leurs discutions. Ma haine bouillonnait, je ne laisserai pas les miens mourir ainsi au milieu des rires et des cris de joie de ces gens. Ils les firent monter. J’essayais de me rapprocher, serrant la poignée de mon épée. Arrivée presque devant eux, je m’arrêtais soudainement, relevais la tête. Eka m’observait.
Je fus paralysée quand je compris ce qu’il voulait que je fasse. Je m’étais toujours perdu dans la noirceur de ses yeux. Et là, il m’avait capturée, me donnant une nouvelle fois des ordres auxquels je ne voulais pas obéir. Les bourreaux passèrent des cordes autour du cou de mes amis. J’entendais les sanglots de Liam, mais je ne pouvais me détacher d’Eka. Il me sourit. Un sourire reflétant toute la joie des moments passés, toute la beauté de la vie, tout l’amour qu’il me portait. Mes pieds firent demi tour, je quittais la place alors que j’entendais les marchepieds tomber. Il m’avait demandé de vivre à sa place. D’être heureuse et d’en profiter puisque lui ne le pouvait plus. Je me mordis les lèvres jusqu’au sang et poussais les spectateurs pour sortir au plus vite de cette place, de cette ville, de ce pays qui m’avait tout ravi. Mes oreilles étaient bouchées, je n’entendais plus rien, les larmes dévalaient mes joues sans s’arrêter.
Tu m’as demandé l’impossible Eka. Ce que tu m’as offert fut une vie de souffrance. J’étais trop jeune. J’ai transformé toute ma tristesse en haine, brulante, assoiffée, contre les responsables de votre mort. J’entremêlais le tout avec la disparition de mes parents et ceci prit une proportion que je ne pouvais prévoir. Il fallait que j’agisse, que je me soulage. Ce régime, ces dirigeants stupides, les bourreaux, les soldats présents et même les spectateurs, ils paieraient tous.
Nevassa tremblait. Un ombre insaisissable commettait meurtres sur meurtres. J’assassinais un par un tous les responsables. Commençant par les bourreaux, puis les soldats alors qu’ils dormaient sur leurs deux oreilles entourés de leur petite famille. Ma lame saignait, mais pas autant que mon âme.
Mais finalement j’ai quitté cette ville. On avait fait une corrélation entre ces crimes et l’exécution. La protection devenait plus rapprochée, et je n’aurai jamais pu assouvir ma vengeance si je m’étais faite capturée. Mais tous n’avaient pas encore payé. Je me délectais tellement de la souffrance de leur famille après leur mort. Ils goutaient ainsi à ce qu’ils m’avaient infligé. La haine était ma seule raison de vivre. Ce qui me poussait à avancer, au lieu que se soit ton dernier sourire. J’avais quinze ans.
J’ai fuis jusqu’à Criméa. Je savais que ce pays était complètement différent de Daien. Inconsciemment je pense que je voulais aussi oublier tout cela, commencer une nouvelle vie. Mais les spectres de tous ceux que j’avais perdus me hantaient continuellement. Et, j’étais seule, tellement seule. J’attaquais toujours des voyageurs pour vivre. Je les laissais en vie… la plupart du temps. C’est ainsi qu’un jour je me fis attraper ; au sens littéral du terme.
Un homme, grand, musculeux ; il m’avait déjà impressionné de dos mais je devais absolument manger quelque chose ce jour là. J’avais vécu sur mes réserves un bon moment, et force était de constater qu’elles étaient à plat. Il avait prit un chemin à l’écart de la grande route qui menait vers des terres un peu perdues. Au moment où j’allais l’assommer, il se retourna, et m’attrappa par le col. Je restais pendue à son bras, complément hébétée. Il me fit tellement peur que je n’osais bouger. Il me jugea du regard, tout en ayant l’air d’évaluer mes possibilités. Je gardais mes yeux fixés dans les siens, essayant de le défier du regard, malgré les tremblements qui agitaient mon corps.
Il me reposa et me proposa de le suivre si je voulais faire quelque chose d’utile de ma vie. J’en restais bouche bée, au milieu de cette campagne alors qu’il me tournait le dos et repartait d’un pas vif. Puis je le suivis. Il fallait savoir reconnaitre la chance quand elle se présentait à soit. Dans le pire des cas, je mourrai. Et la mort aurait pu être un grand soulagement durant ces jours sans but.
Les mercenaires de Greil vous connaissez ? Oui j’imagine. Sur cette terre, qui ne connaît pas leur nom ? Bien qu’à l’époque où Greil m’avais saisie sur cette route perdue, ils n’étaient pas aussi célèbres. Quand j’appris le nom du groupe qui m’avait recueillit, je m’étranglais à moitié sous le choc. J’avais entendu bien des rumeurs sur leurs exploits. Pourquoi donc un chef comme lui avait-il recueillit une imbécile, brigand de quinze ans ? Lorsque je lui posais cette question quelques années plus tard, il me répondit que la haine dans mes yeux était trop violente. Sur le moment, je ne compris pas ce qu’il avait voulu dire. Je pensais avoir une bonne maitrise de l’épée. Mais ce n‘étais rien, strictement rien par rapport à eux. Je reçus un entrainement qui me laissa tous les soirs éreintée, les jambes et les bras flageolants. Je n’avais plus le temps de penser, de me replier sur moi-même. Seul importait les acquis de la journée et les nouvelles difficultés du lendemain. Je n’avais plus le temps de ruminer, plus le temps pour penser tout court je dirai même. J’enfermai cette haine qui me tuait à petit feu dans un coin sombre de mon esprit et mettais ma vengeance en suspend. Je me concentrais seulement sur mon entrainement, puis plus tard, sur les missions que l’on m’attribuait. Et bien sûr, je fis de nouvelles rencontres. La fille de Greil, Mist, semblait m’avoir prise en affection, bien que je ne lui aie jamais rien demandé. Elle utilisa sa naturelle joie de vivre pour m’aider à me sortir de mon abîme de pensées noires. Encore aujourd’hui, je la remercie de son soutien, même si nos chemins se sont séparés brutalement. Par son intermédiaire, je me liais à tous les autres, dont Ike, bien que nos relations soient toujours restées un peu distantes. La jalousie ne facilite pas l’amitié et j’ai toujours considéré ceux qui étaient plus fort que moi comme des adversaires à abattre… sauf pour Eka.
Ceci dit, les années passèrent et j’étais assez heureuse. Je ne parvenais pas à oublier complètement Eka et les autres, mais je vivais ma vie d’aventure avec passion. Je développais plusieurs techniques personnelles et créait un style à l’épée bien à moi. Je forgeais mon art, et ne vivais pratiquement plus que pour l’escrime. Je déversais mon âme dans le combat, donnant toutes mes forces à chaque fois, jusqu'au dernier souffle. Il m'est arrivé de ne plus me reconnaitre, déchainant ma violence sur mes adversaires, je prenais tellement de plaisir à les anéantir.
Je me souviens d’une attaque sur des marchands d’esclaves. Ils transportaient des Laguzs, accompagnés de magiciens, savants et alchimistes, ils menaient des expériences tirant sur le cauchemar. Cette situation me rappela l’acharnement que le destin avait eu sur moi et je perdis l’esprit au cours de l’attaque. J’ai anéanti tous ces hommes et femmes qui traitaient des êtres si proches de nous, d’une façon pire que des bêtes. Le goût du sang m’aveuglait, et enfoncer ma lame dans leur poitrine me faisait rire aux éclats… comme si c’était le destin lui-même que je pourfendais. Appuyée sur mon épée, au milieu des cadavres, je continuais à m’esclaffer sans raison, jusqu’à ce que ce rire se transforme en sanglots sous le regard consterné de mes compagnons. Si j’avais eu cette puissance quelques années avant, j’aurai pu sauver ma famille, mes frères et sœur d’infortune, et Eka. Je m’effondrais à genoux en hurlant devant le cadavre du gamin d’un des magiciens. C’est alors qu’un gros chat roux et blanc angora s’approcha de moi, sautant par dessus les corps. Il se mit à se frotter contre mes jambes tout en ronronnant. Je ne sais pas pourquoi il est venu, mais cette bestiole ne m‘a plus jamais quittée par la suite.
Il avait visiblement été victime d’expériences étranges et possédait un talent pour le moins surprenant. Mais ça, je ne l’appris que bien plus tard. Et le choc m’avait d’ailleurs fait tomber les fesses par terre. Dans un éclair de lumière bleutée, il s’était transformé en un magnifique faucon au pelage chocolat et était venu se percher sur mon épaule… jusqu'à ce que je dégringole. Toujours est-il que malgré tous mes efforts pour le chasser, il me suivit jusqu’au campement et je ne réussi jamais à m’en séparer. Cela fit d’ailleurs bien rire dans nos rangs. Selon son envie, il me suivait quand je partais en expédition ou restait planqué sous ma tente. Il lui arrivait parfois de me rejoindre en volant, et de repartir aussi vite. Bref, doué d’une intelligence extrême, cet animal n’en faisait qu’à sa tête et très souvent pour mon plus grand malheur. Il lui est arrivé de disparaitre pendant quelques semaines, mais toujours pour revenir encore plus collant dans mes pattes. Je m’y suis habituée maintenant. Je crois que ce serait très douloureux si je devais me séparer de cette boule de poils chauffante. Je finis par lui donner un nom même s’il répondait très aléatoirement. Tym, j’aimais bien le son de ce mot. Quand je lui eu demandé si ça lui plaisait, il me tourna le dos et s’éloigna la queue en l’air. Il n’empêche que c’est à ce nom qu’il a répondu la majeure partie des fois où je l’ai appelé.
A vingt ans, j’avais trouvé mon arme de prédilection, une épée bâtarde. Pouvant être maniée à une ou deux mains, elle permettait une parfaite adéquation avec mon style de combat. Alors, j’utilisais toutes mes économies pour m’en faire forger une par le meilleur artisan que je pu trouver. Je restais à attendre dans la boutique jusqu'à ce qu’elle soit terminée. Je ne me lassais pas de la voir prendre forme, sous les coups de marteau et grâce à chaleur de la forge. Quand enfin on me la présenta, je fus convaincue que mon investissement était récompensé au delà de ce que j’espérais. Cette lame était faite pour moi ; vraie extension de mon bras. Elle comblait un peu cette moitié que j’avais perdue avec Eka ; mon arme, ma vie, mon âme, Belthil l’éclat divin.
Un jour, un jeune homme intégra nos rangs. Grand, cheveux blanc, manteau rouge, il piqua immédiatement mon intérêt. Ou peut être était-ce l’arme qu’il portait. Elle me donnait l’impression d'être remplie de promesses. Quand je le vis à l’entrainement, ce sentiment fut confirmé. Il avait un style que je trouvais bizarre, mais je sentais bien qu’il pouvait être un adversaire de valeur. D’autant plus que Greil lui accorda une attention toute particulière qu’il n’avait jusqu’alors réservé qu’à Ike et quelques fois à moi. Ce type progressait à une vitesse impressionnante et je me sentais menacée. Je redoublais d’entrain à l’entrainement avant de finalement le provoquer en duel. Il fallait lui donner une bonne leçon. De plus, ce combat me faisait vibrer le sang comme jamais. Seuls ceux contre Eka avait provoqués ce genre d’effet. Mais il me fallu admettre que… nous étions de la même force et possédions la même endurance. Pendant ce premier affrontement, comme dans tout ceux qui suivirent, jamais je ne pu prendre l’avantage, et lui non plus. Cela se soldait toujours par un match nul. J’en étais dépitée et contrariée. L’entrainement monopolisait toute mon attention et j’étudiais mon adversaire continuellement dans l’espoir de lui trouver une faille quelconque. Mais rien n’ y fit. Malgré mes prouesses et mon entêtement les égalités étaient notre lot.
Alors, il annonça devoir nous quitter. Mon cœur se serra d’une étrange manière. Je ne pouvais le laisser partir sans remporter une fois la victoire, il en allait de mon honneur. Nous combattîmes une dernière fois, juste avant son départ. Je puisais au plus profond de mes réserves, utilisais toute ma puissance et ma technique… Nous nous écroulâmes tous deux au même instant. Restée à reprendre ma respiration à terre, j’éclatais de rire. Pour un défit, ceci avait été un sacré beau challenge. J’espère que je pourrai le revoir. Kyriel, cet homme étrange que je n’ai pu battre.
Et me voici sur mes vingt deux ans. Donc il y’a cinq ans n’est ce pas ? Vous savez aussi bien que moi ce qu’il s’est passé à cette époque. Des guerres terribles, des territoires renversés, le rôle prépondérant de Daien dans toute cette affaire qui fit ressurgir toute ma folie dormante.
Je restais avec les mercenaires tant que nous eûmes des objectifs communs. Et nous passâmes à travers un nombre impressionnant d’aventures et d’épreuves. Comme la mort de Greil, qui fut pour moi une nouvelle blessure béante aggravant mon ressentiment pour Daien. La vie m‘en voulait tant pour me prendre ainsi tous ceux que j’aimais ? Je repartis au combat rendue d’autant plus furieuse par toute cette injustice. Nous parcourûmes tout Tellius, traitant avec les Laguzs, sauvant des princesses, combattant sans arrêt. Et finalement, ultime combat contre cet empereur maudit, contre ce pays maudit. Victoire écrasante, mais donnant sur une si courte période de paix. J’étais soulagée et je me sentais bien mieux, je profitais agréablement de mon temps de repos.
Lorsque la menace de Daien revint, et que mes chefs décidèrent de ne pas agir immédiatement, je ne pu comprendre leur raison. Même si nous étions rattachés à Criméa, nous étions un groupe de mercenaires libres et je ne comptais pas rester les bras croisés alors que l’ennemi se relevait. Il y eu de nombreuses disputes avec Ike. Mais il ne voulu rien entendre. Ainsi je décidais de partir. Malgré le raisonnement de Mist, l’explication de cette décision, ma fureur m’emportait bien au delà de ce que j’avais déjà connu.
Je n’étais plus qu’une boule de haine en voulant à la terre entière. J'en avais assez: Ike, Ellincia : des incapables, Daien que je croyais seul coupable, les Béorcs les Laguzs, tout m’insupportait. C’est durant cette période que Tym fit son absence la plus longue. Mais je le sentais rôder autour de moi, sans qu’il ne se montre.
Me battre me battre, je voulais juste me battre. Cela m’apportait tout le soulagement nécessaire à ma peine revenue de plein fouet depuis que j’étais à nouveau seule. Seulement, je possédais maintenant une force, une technique et une expérience du combat impressionnante. Je commis pendant cette guerre des actes ignobles. Dans ma folie, ils me paraissaient tellement insignifiants. Je ne m’occupais pas de la faction, ni de l’âge, ni du sexe. Je ne ressentais rien à part la souffrance et je voulais que le monde entier la partage. Je sombrais bien plus profondément que lorsque je commettais mes attentats à Nevassa. Je tuais pour le plaisir et pour me soulager. Mais je voulais plus. Daien était toujours là. Je ne voyais que ce pays, même s’il n’était que le pion d’un démon bien plus puissant. J’y retournais donc. Semant derrière moi une multitude de cadavres.
Nevassa, cette ville était dans un piteux état. Cela c’était dégradé par rapport à la dernière fois où j’y avais mis les pieds. Je me dirigeais vers le château, à travers des rues à moitiés désertes. Usant de mes talents d’actrice qui était pourtant pitoyables je dois bien l’admettre, je réussi tout de même à me faire engager comme servante au château. La pénurie de personnel m‘avait sans doute bien aidée. Je préparai alors mon coup avec attention cherchant à déverser ma haine sur Pelléas, le fils du tirant responsable de la mort des miens.
Enfin vint l’instant tant attendu. Je l’avais à portée de ma lame. Mais… à ce moment, les souvenirs s’entrechoquèrent en moi. Je fis tout pour les chasser, me consacrer à ma tâche, l’accomplissement ultime de ma vengeance. Mais ils étaient là, tourbillonnants : mes parents prenant soin de moi, m’apprenant la valeur de la vie, mes amis buvant leurs chopes dans de grands éclats de rire, se réjouissant des surprises que réservait la vie. La main chaude d’Eka posée sur la mienne tandis qu’il me racontait ses rêves, la beuverie au milieu des mercenaires, le plaisir après avoir maitriser une nouvelle technique. Ma passion pour l’escrime qui n’avait rien à voir avec celle pour mort, et enfin, le dernier sourire d’Eka. Je compris les mots de Greil. Il m’avait recueilli car j’étais trop perturbée pour rester seule. J’avais besoin d’un fourreau dans lequel reposer mon esprit et ma lame. La haine ne menait à rien, la vengeance ne laissait que des larmes amères. Rien ne pouvait soulager la tristesse hormis trouver de nouvelles joies dans la vie au lieu de porter son désespoir sur des êtres innocents.
Je retins mon bras. Je quittais le château sans me retourner. Le désespoir s’abattait sur moi de toute part. Mais qu’avais-je donc fais de ma vie ? Que penseraient Mist, Greil et Eka s’ils me voyaient à l’instant ?
Quand le monde retrouva enfin la paix grâce à mes anciens compagnons, je me mis à errer sans but. A noter, que Tym revint un soir, posa deux pattes sur mon visage, miaula comme un reproche et se roula en boule en travers de mon cou. Je ne savais pas quoi faire. Je n’avais plus aucun but à part vivre. Je me plongeais sans cesse dans les souvenirs, m’en servant comme d’une drogue pour rester proche de la surface. Je rêvais, rêvais de ce qu’aurait pu être mon monde si ma vie avait été toute autre. J’oscillais durant cinq ans entre divers mouvements d’humeur. Des fois, le dégout de moi-même me prenait et je me rachetais par diverses bonnes actions. J’avais par exemple acquis pas mal de connaissances dans les plantes médicinales et savais penser des blessures bénignes. Ma force physique était aussi d’une grande aide en d'autres occasions. Des fois, mon cœur vide de tout sentiment, demandait du sang pour s’apaiser et je devenais toute autre. J’appris à contrôler peut à peu cette soif de mort. Tout simplement car je n’avais plus envie de rien. Je me sentais tellement inutile.
Un jour je trouvais une jeune fille à emprise à une grosse crise de fièvre au pied d’un puits. Je la soignais et la laissais partir. J’avais été assez surprise quand je m’étais aperçue qu’il s’agissait d’une Laguz lion. Cependant, je ne me posais pas beaucoup de question. Après tout, chacun vivait sa vie et avait ces propres problèmes. Mais Tym ne la lâcha pas d’une semelle. Il me la ramena deux–trois jours après. Et je due me trainer ce boulet pendant un an entier… mais cela est une autre histoire. Finalement, j’arrivais à m’en débarrasser en lui rappelant gentiment qu’elle s’était promise de découvrir le monde, et ce n’était pas en restant avec moi qu’elle allait faire ses preuves, seule. J’étais assez surprise par l’admiration qu’elle avait pour moi. Cela tirait même au fanatisme parfois et m’inquiétais un peu.
Cependant, cette jeune fille me rappela quelque chose. La beauté qu’avait la vie dans chacun de ces plus simples instants. Je pense que je vais continuer ainsi. En essayant de tenir compte principalement des belles choses que l’existence peut m’offrir. De plus, il reste un mystère à éclaircir. Il faut que je découvre ce qu’il s’est passé le soir où mes parents ont été assassinés. Plutôt que de s’en prendre à la terre entière, je vais m’occuper à éclaircir ce mystère. Et pour le reste, je verrai, ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de morale, mais je tenterai de ne jamais retomber au niveau de cet être, seulement poussé par une soif de mort infinie, que j’ai été.
J’espère que le passé arrêtera de me hanter, même si je ne pourrai jamais l’oublier totalement.
Eli jeta négligemment le carnet quelle avait rempli durant une bonne partie de l’après midi, se leva en époussetant ses vêtements et reprit sa marche à vive allure.
Comment avez-vous connu le forum ? :Une grenouille m’a gobée tout rond….
Expérience du RP :
Nao *w* |
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