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 La chasse au poulpe ~ Nc -12

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MessageSujet: La chasse au poulpe ~ Nc -12   La chasse au poulpe ~ Nc -12 I_icon_minitimeSam 30 Juil - 19:43

    « Moneta ! »
    Ah bordel. Tu vois, quand quelqu’un m’appelle par mon prénom, c’est qu’il me connaît soit d’avant, soit d’l’extérieur de ma profession. Et dans les deux cas, ça sent pas bon pour moi. J’me retourne avec toute la superbe possible, et je baisse les yeux vers un p’tit gros grisonnant qui me regarde un sourire béat aux lèvres. Il ne m’rappelle rien. Dommage pour lui. Je détourne le r’gard avec tout le dédain dont j’suis capable, et j’continue de marcher.

    « Ah… Mais, Moneta ! Tu te souviens plus de moi ? Moi, Rick ! »
    « Rick ? »
    Le nom me rappelle vaguement un gamin des rues, à l’époque. L’œil vif, le pas souple, assez petit. A bien y r’penser, il lui ressemble un peu. J’m’approche avec curiosité, et j’le scrute un peu. Il fronce les sourcils. Ouais, j’crois que j’reconnais le vert brillant de ses yeux. Y’avait des paillettes argentées qui y brillaient lorsqu’il était surexcité. On r’trouve bien ça. J’hoche la tête avec satisfaction.
    « Contente de voir que t’es encore vivant. Merci, au r’voir. »
    « Nan, mais attends, attends ! T’es jamais revenue au village depuis toutes ces années, laisse-moi te parler un peu ! Il paraît que t’es devenue une grande pirate ! Et puis, t’as pris un coup de vieux nan ? C’est quoi ces cheveux blancs ? Bon, t’es toujours aussi belle. Et puis… »

    Le bonhomme s’rend enfin compte que ça fait cinq secondes que j’suis repartie. Il me court après de toute la vitesse que lui permettent ses p’tites jambes. Il arrive comme il peut à mon niveau.
    « Attends, attends, je suis surtout ici pour un job ! »
    Je m’arrête.
    « Ben voilà mon vieux, les mots magiques marchent bien mieux. Qu’est-ce que t’veux ? »
    Il m’éloigne de la grand’ route pour nous mettre un peu à l’écart, ses yeux balayant l’espace autour de nous avec inquiétude. Il finit par planter son regard dans l’mien.
    « Bon, tu vois, officiellement, je suis marchand d’art et de curiosités. Officieusement… Je m’occupe de me procurer des objets, animaux, et autres que des clients me commandent. »
    « Jusque-là, j’te suis. Me fous totalement de tes activités illicites du moment qu’tu m’expliques ce que je fous là-dedans. »
    « Mmh, et bien voilà. Tu vois, l’un de mes clients récurrents est collectionneur d’encres. C’est un enlumineur, tu comprends. Alors il parvient à se procurer toutes les encres de toutes les couleurs existantes, en les fabriquant à l’aide de produits rares qu’il me commande. Mais, la dernière qu’il m’a demandé, c’est un peu au-dessus de mes forces… »
    « Hey quoi, Ricky, c’pas comme s’il te d’mandait de l’encre qu’aurait craché l’foutu Kraken !! »

    Il se dandine en rougissant un peu. Je cligne des yeux une fois, deux fois.
    « Nan, m’dis pas que… »
    « Précisément. De l’encre du Kraken. Ton prix sera le mien. »
    J’hésite un peu entre exploser de rire et m’effondrer sur place d’vant tant d’bêtise.
    « Nan, mais mon gars. J’suis sérieuse quoi. Le kraken, te fous pas d’ma gueule. De un, les eaux où il crèche sont impraticables, et de deux… Comment tu veux que j’lui d’mande de l’encre, putain ? Bonjour m’sieur l’kraken, j’ai une lettre à envoyer, z’auriez pas un peu d’encre ?? Mais j’te jure. J’aurais été toute seule, j’aurais p’têtre tenté l’aventure, mais j’suis Cap’taine de navire, j’ai un équipage dont j’dois m’occuper, j’te rappelle ! »
    Ses yeux verts perdent leur paillettes, et un profond désespoir semble l’envahir.
    « Mon’, t’es ma seule chance… Ce mec est un enlumineur, mais c’est aussi un sacré membre important de la pègre, et si je me débrouille pas pour avoir c’te putain d’encre, je meurs… »

    Je pousse un grand râle pas féminin (mais on est habitués hein), et je fais les cent pas devant lui, réfléchissant à toute allure. J’suis pirate, j’pourrais le planter là en lui riant au nez. Mais il f’sait partie d’la grande famille de mon enfance, tout d’même… J’peux pas lui faire un coup pareil ! J’réfléchis aux questions à poser.
    « Et si mon bateau est salement amoché ? Et si j’emporte pas assez de bouffe ? Et comment j’fais pour n’pas trépasser ?»
    « Je m’occupe de tes frais. Absolument tous, je te le jure. Je peux même t’avancer en armes, en nourriture. Et pour ne pas mourir… Je n’en sais rien à vrai dire. Je ne sais même pas comment tu pourrais suffisamment l’approcher. Personne n’a jamais vu le kraken lancer de l’encre, puisque la plupart du temps il se contente de détruire chaque navire en approche. »
    J’ai mon sang d’aventurière qui commence à bouillonner dans mes veines.
    « Bon, visiblement j’te mets dans la merde si j’t’aide pas, alors allons-y gaiment ! Par contre, j’te jure qu’il me faudrait une personne intelligente et d’bon conseil qui vienne crécher sur mon bateau, sinon on est tous morts. J’veux dire, j’peux pas inventer une stratégie pour attirer l’kraken et gueuler des ordres pour n’pas mourir dans les tempêtes qui environnent son domaine, hein ? »

    Le pauvre mec hoche la tête gravement et m’fais signer un accord en m’donnant une large avance pour le boulot. Je r’tourne vers mon bateau en sifflotant, me d’mandant vaguement comment j’vais annoncer ça à mes gars. En plus, y’a quelqu’un à qui rendre une p’tite visite. Et la dernière fois que j’l’ai fais, boudiou, c’était y’a fort longtemps. Pendant la dernière guerre, j’crois. J’avais été convoquée parce que j’aidais des gens. Mais toute manière, on m’avait laissée partir vu que la plupart d’mes rescapés mourraient pendant les abordages suivants. C’tait triste, mais c’tait comme ça. Ouais, faîtes pas semblant d’être des lecteurs stupides. Vous savez bien qui j’dois aller voir. Un supérieur quoi.
    Ouais, parce que l’Kraken, l’a un maître. Et un sacré connard de maître en plus ! Bordel, j’sais carrément pas c’que j’vais faire pour l’convaincre d’approcher sa bestiole, même sans essayer d’le tuer.
    Ça m’fait beaucoup d’soucis d’un coup, j’trouve.
    J’arrive sur
    Le Fer, puis j’gueule quelques directives. J’prends Leorh, mon second, à l’écart, et j’lui explique un peu l’topo.

    « Bon, Leorh, t'es un bon matou, t'vas encaisser ça. On va chercher un peu d’encre du sacré Kraken. »

    Il m’ouvre des yeux tell’ment gros qu’il aurait miaulé, ça n’m’aurait pas étonné.

    « … Le Kraken ? Sérieusement Capitaine ? Mais on va tous y passer ! »
    « Mais nan mon gars, t’vas voir, on va s’en sortir. J’ai d’jà ma p’tite idée à c’sujet. T’vois un poulpe ? Bon, tu lui fais prendre trente mètres et on a not’ bébête. La poche à encre, c’est dans la tête. On pourra jamais l’avoir, rêve pas. Mais si on lui fait assez peur… Il peut nous en cracher un peu ! Reste à savoir c’qui lui fait peur. La magie sûrement ? Ça fait peur à tout l’monde cette chose-là. »
    « Oui, et où vous voulez trouver ça ? »
    « Oh, crois-moi, l’client va s’plier en quatre pour accéder à la moindre d’mes requêtes. »

    Le lion a un p’tit rugissement rauque, puis il r’tourne à ses affaires, et commence à préparer les matelots, alors que je redescends sur la terre pour aller d’mander un peu d’aide. Je r’trouve Rick dans son échoppe devant laquelle il m’avait arrêtée. Je l’toise, puis j’prends ma décision quant à l’aide que j’veux.

    « Hey mon p’tit Ricky, j’voudrais bien un moine. Un vieux, ça sait plein d’choses. Un qui s’rait une lumière, si tu vois où j’veux en v’nir. »
    Il hoche la tête et marmonne qu’il a vu un truc de c’goût-là dans la ville. Y m’dit que d’ici une p’tite heure j’devrais recevoir mon homme sur l’bateau.
    J’profite de c’t’heure pour aller faire de solides provisions d’nourriture et d’armes. Ça va pas être de la tarte.
    Tiens d’ailleurs, en parlant d’tartes, faut qu’je fasse le plein d’sucreries, sinon y’en a une qui va gueuler. Et pour une mission aussi suicidaire, vaut mieux pas que Princesse Dragon soit d’mauvais poil. J’termine les courses en achetant deux grands tonneaux solides et surtout vides. J’sais pas trop comment j’vais transporter l’encre, et encore moins quelle quantité va m’falloir.
    J’retourne sur le bateau. Leorh a presque fini avec les gars, et les provisions sont toutes arrivées. Gally m’aborde les épaules en nyanyatant. Elle est impatiente de r’partir. J’ose pas trop lui dire c’qu’on va faire.

    J’entends un bruit d’bois sur la planche qui relie mon bateau au port. Une vieille silhouette encapuchonnée, la barbe blanche, courbée sur un solide bâton d’marche, regarde à gauche et à droite avant d’mettre le pied sur le pont. J’fais sauter Gally sur la crinière de Leorh. La gamine se met à hurler d’joie en s’roulant dans l’épaisse chevelure de mon s’cond, qui n’peut malheureusement rien y faire. J’m’approche de la vieille silhouette. Je lui tends une main en guise de salut. Il ne la serre pas.

    « Ohla mon bonhomme, si c’est toi qui est envoyé pour nous aider, faudra être de meilleure humeur ! J’suis Moneta, seule Cap’taine à bord. Bienvenue sur Le Fer. »
    Il me toise un instant. Dans ses yeux intelligents, j’vois briller la colère. Je m’demande un instant c’que Rick a bien pu faire pour le convaincre de monter sur mon bateau. Il tousse un peu, puis écarte ma main d’un coup de… Patte griffue ? La main est de forme humaine, mais couverte d’un épais poil gris et ornée de griffes tranchantes. Je n’dis rien. Sa présence est si effacée qu’il m’a fallu du temps avant d’capter qu’il est Laguz.

    « Je ne suis pas ici par pure bonté d’âme. Pour vous, mon nom sera seulement Mon Père. »
    J’hausse les épaules devant tant d’froideur, puis j’fais décoller Gally d’mon s’cond et j’la fous devant le vieux.
    « Gally, le vieux. Le vieux, Gallysnaga, héritière du royaume de Goldoa. »
    « Nya shuis une princesse !! ♥ »
    Elle attaque le vieux, le câline, le bisoute, lui nyate dessus, puis lui prend la main afin d’aller lui présenter tout l’équipage. Avec le temps, elle les connaît tous. Même les plus jeunes, même les plus récents. J’pars d’un grand rire, puis j’retourne vers Leorh.
    « On va y aller, Phos. On part voir un supérieur pour l’moment. Ensuite on ira visiter l’sacré Kraken. »

    Il hoche grav’ment la tête, puis on part. J’sais pas vraiment où aller ; mais lorsqu’on cherche quelqu’un en mer, et qu’on est habitués à chercher, on trouve. D’plus, il mouille souvent dans les mêmes eaux, ces temps-ci. On navigue un ou deux jours avant d’trouver l’bateau.
    On tire quelques coups d’canon pour attirer leur attention, puis on fait voler un drapeau blanc en remplaçant le mien, ce drapeau doré où est incrusté un signe représentant ma Marque, en noir. Tout l’monde s’arrête. Je termine de m’habiller. Vaut mieux être bien mise.
    J’enfile des bottes s’arrêtant au d’ssus des genoux, très noires. J’porte une robe corsetée rouge et or dont la jupe longue est fendue sur l’côté. A ma taille, je noue un long morceau de tissu noir, puis j’enfile un large manteau noir lui aussi, où courent des arabesques argentées. J’accroche ma fidèle Orchak dans mon dos, je laisse mes longs cheveux voler au gré du vent, coiffés seulement d’un tricorne noir et argent répondant au manteau, puis j’passe à côté de la cabine de Gally. J’y attrape Alister.

    « Je dois te faire souvent chier avec mes ordres, et l’plus incroyable c’est que souvent t’obtempères. Mais là c’est fichtrement important. Personne sur le bateau d’en face ne doit savoir que Gally est à bord, t’entends ? Personne. Sinon, elle pourrait carrément être en danger, la p’tiote. Elle est avec le vieux moine pour l’instant. Au besoin, fous-les tous les deux dans ma cabine, tu peux même y faire dormir le papi au cas où j’ne revienne que demain matin. T’as compris ? »
    Il hoche la tête grav’ment, et me v’là partie.

    J’m’avance sur le pont, et j’fais face au bateau. Mes gars me crient des encourag’ments. Ils ne savent pas c’que je vais faire. Je fais un clin d’œil à mon fidèle Leorh, qui hoche la tête. Pendant mon absence, il va devoir briefer les matelots sur not’ mission. Je respire un coup, puis j’attrape un des cordages, et j’pose fièrement un d’mes pieds sur le bastingage de mon bateau. L’équipage de l’autre bateau me toise. Finalement, l’un d’entre eux, trapu, le teint basané, le foulard rouge autour de la tête, deux haches courtes dans le dos, me harangue.


    « Nom, surnom, occupation, revendication ! »
    « … On s’fout d’ma gueule quand même. Moneta, Reine des Mers, Capitaine du Fer, je veux parler à vot’ Cap’taine ! »

    L’autre s’esclaffe grassement.
    « Mmh, ça m’dit rien ! Si vous voulez voir le Cap’taine, faudra m’passer sur le corps ! »
    « Mon gars, non seulement t’es con, mais en plus tu comprends pas l’peu d’importance qu’a la hiérarchie imposée chez les pirates. »
    J’attrape une corde, et j’m’élance, arrivant pieds joints sur le pont opposé, bien en face du jeune imbécile. Celui-ci pâlit en apercevant, près d’mes pieds, la double-lame de ma hache.
    « Orchak ! C’est Orchak ! »
    « Ravie d’voir qu’ici on m’connaît sous c’nom là sur ce bateau. Maintenant tu sais c’que tu vas prendre dans ta gueule. »
    D’un geste vif, je m’empare de mon arme et j’lui fonce dessus. Il recule d’un pas souple et se saisit de ses deux haches. Ses compagnons lui hurlent des encouragements. De l’autre côté d’l’eau, mes gars me crient des mots d’amour.
    J’esquisse un p’tit sourire devant la visible incompétence, ou non expérience du combat en un contre un, de ce jeune homme. Il a l’air rodé aux abordages, à être entouré d’ennemis, et il n’utilise pas ses armes comme il le faudrait. J’finis par lui balancer mon pied dans sa face. Il titube, troublé par la force du coup et la jolie vue qu’a offert ma jupe en s’envolant. J’enchaîne avec un grand coup latéral de ma hache. Il hurle, se voyant déjà coupé en deux. Manque de pot, je l’frappe avec le plat des lames. La force du coup le projette contre le mat, et il tombe dans les pommes. Silence.


    « … Ben quoi ? Ah oui, pardon. »
    J’m’approche de lui, puis je l’enjambe.
    « C’est bon, j’lui ai passé sur le corps là ? Mmh. Z’êtes bien muets pour un sacré équipage d’un roi pirate. »
    Un grand rire résonne sur le pont, puis j’vois la porte d’une cabine s’ouvrir avec force. Le claquement des bottes sur le bois bien entret’nu, le grand manteau noir, aussi noir que la chevelure. La ceinture de soie rouge autour de la taille. J’effectue une parodie de révérence.
    « Ashtenn. Comment va la vie ? »
    « Moneta. Aussi belle qu’insolente, comme toujours. Tais-toi et viens me dire ce qui t’amène. Mais dans ma cabine. »
    J’gratifie les autres marins d’un grand sourire. Ça va chauffer. J’suis le sacré marin dans ses appartements. Va falloir être convaincante.
    Il part s’assoir dans un fauteuil riche et large. Il ne m’propose pas d’siège. J’reste debout en croisant les bras. Il s’empare d’une bouteille de cristal dans laquelle rougeoie un vin rare.

    « Alors, que me veux-tu, petite femme ? »
    Je tique un peu au sobriquet. Nan mais c’pas possible d’être aussi chiant. Il m’tape déjà sur les nerfs. Sauf que pas d’pot, si j’le fais trop chier, je meurs. Et ça je n’le sais que trop. Et lui aussi.
    « J’veux aller dire bonjour au Kraken. »
    Une p’tite lueur dans ses yeux verts. Il fait tourner le liquide dans la carafe d’un mouvement lent de son poignet ganté. Il en verse dans son verre, en boit une gorgée. Prend son temps. Fait chier.
    « Et qu’est-ce que tu veux à mon gentil bébé ? »
    « Ben de l’encre, pardi. »

    Il ne d’vait pas s’attendre à une telle réponse, car il se met à s’esclaffer si fort qu’il en renverse presque son vin.
    « De l’encre… Ça ne m’étonne pas de toi. Pourquoi j’accepterais ? Qui me dit que tu ne lui ferais pas de mal ? »
    « J’vais pas tenter d’le tuer, ça c’est sûr. J’veux juste lui foutre suffisamment la frousse pour qu’il me crache de son eau noire. Mais j’suis pas conne, j’sais bien que si j’viens pas te supplier d’abord, tu s’rais capable de traverser les mers pour me couler mon bateau et m’tuer lentement chacun d’mes pauvres matelots. »
    Nouvelle lueur dans ses prunelles vertes. De l’excitation, p’têtre ? En tout cas, c’est pas rassurant. Il se relève et vient à ma hauteur. Il n’est pas tout à fait aussi grand qu’moi. Mais, même calme, il fait foutrement peur.
    « Et tu me donnerais quoi en échange ? »
    Aïe, nous voilà au moment l’plus corsé d’la conversation. Il lève la main ne tenant pas le vin vers les lacets de mon corset. Je lui attrape sèchement le poignet.
    « Ashtenn, si tu fais ça, non seulement t’es vraiment pas original, mais en plus t’es très con. »
    Il lève un sourcil intéressé à mon argumentation bizarre. Je m’vois forcée d’approfondir.
    « Tu te corresponds trop. T’sais très bien que j’me donnerai jamais à un homme, encore plus si c’est pour accéder à une demande. Ta première réaction manque de piquant. On est trop habitués à ce genre d’comportement d’ta part, tu m’suis ? »
    Le sourire du féroce marin s’élargit alors que j’continue de le tutoyer et d’refuser d’lui donner son titre de Cap’taine. D’un mouvement sec, il dégage son poignet et m’plaque contre le mur. Orchak fait trembler l’bois. Il attrape mes ch’veux et tire ma tête en arrière. Se met à chuchoter à mon oreille.
    « Alors je t’écoute. Que proposes-tu ? Attention, tu n’as qu’une chance. Si ça ne me plaît pas, je prends ton corps. »

    J’grimace d’une manière merveilleuse et j’compare mes choix. Ils sont pas nombreux. En forçant, j’relève la tête et j’grogne entre mes dents :
    « J’reviendrai. J’reviendrai avec de la compagnie, et j’viendrai péter la gueule de ton Kraken. Et d’la tienne si tu t’interposes. »
    Ses yeux roulent dans leurs orbites, sa folie est en œuvre. Il explose d’un grand rire et chuchote :
    « Ah oui ? Et avec quelle compagnie tu comptes péter la gueule de mon bébé, comme tu le dis ? »
    Mes yeux dorés, les jolis yeux que ma mère m’a légué, doivent briller de mille feux.
    « Les histoires juteuses se répandent vite dans la piraterie. Tu aimerais revoir ta seconde adorée ? Cette Laguz qui t’a lâché car tu lui avais fait trop d’mal pour qu’elle continue de t’aimer ? »
    La colère brille dans ses yeux verts. Il me lâche d’un coup. Je perds mon équilibre et j’tombe sur le sol. Je le vois vider rageusement son verre de vin, puis ouvrir la porte d’un coup d’pied.
    « Casse-toi. Mais t’auras intérêt à revenir soit très bien accompagnée, soit… Soit devenir beaucoup, beaucoup plus forte. »
    Je sors de la cabine avec une dignité exagérée, j’salue profondément les marins du Roi Pirate détestable, j’fais un clin d’œil à celui que j’ai assommé et qui a posé de la glace sur ses côtes meurtries, puis j’prends une corde et j’retourne sur mon bateau. On part bien vite, toutes voiles dehors. Mieux vaut pas s’attarder par ici.

    Le seul à qui je résume l’histoire est mon brave Leorh. Gally ne comprendrait pas, mes matelots non plus, et le vieux moine n’a pas besoin d’savoir. Le lion secoue la tête lorsque je termine le joli conte.

    « Capitaine Moneta, va falloir bien jouer. Et faudra pas tarder à revenir pour la revanche, sinon il risque de tous nous couler. »
    « Je sais, Phos. Mais t’en fais pas. Chaque chose en son temps. Pour l’instant, on tâte le terrain, on récupère l’encre, et on se carapate. Mais j’le sentirai lorsque viendra le temps de la baston. Tu peux m’faire confiance là-d’ssus, hein ? »
    Le lion hoche la tête, pensif. Ce gars-là, je l’ai ramassé près des côtes de Gallia. En secret bien sûr, vu qu’on prend soin dans c’pays d’interdire l’accès aux Beorcs. Lui, c’tait un membre de la famille royale, mais genre le dernier héritier en lice, le petit petit petit cousin au quinzième degré, celui qui dans une ou deux générations ne devrait plus engendrer de lions du tout. Il était coupable d’un meurtre passionnel, ou quelque chose de ce goût-là. Ou alors il avait tué dans une lice alors qu’on devait éviter de le faire. Je n’sais plus, mais en tout cas il n’était plus le bienvenu dans son pays. Je l’ai ramassé y’a une dizaine d’années environ. Lui avait un peu plus d’vingt ans, et a bien vite abandonné son nom et prénom royaux pour devenir Phos Leorh. Rapidement, grâce à son physique exemplaire et sa très bonne éducation, il m’est d’venu indispensable, puis j’l’ai finalement nommé second à la suite de la mort du dernier, lors d’un abordage. Le pauvre bougre avait eu la tête tranchée tout net.
    Depuis, il ne m’a jamais failli. J’pense que ça arrivera jamais d’ailleurs. Et c’est le seul dont j’accepte un semblant d’reproche quand j’me prépare à faire des missions suicides. Par exemple celle que j’m’apprête à entamer.

    Les jours suivants sont plutôt calmes, la mer est clémente. Mais on d’vrait pas tarder à arriver près du r’paire du gros poulpe. J’ai depuis un certain temps laissé ma cabine au vieux Laguz, qui passe la majeure partie d’son temps avec Gally, et refuse d’me parler. A un moment, j’en ai marre et j’ouvre la porte de la cabine de façon peu polie. J’m’arrête net devant le tableau. La p’tite Gally en train d’graver quelque chose sur mon mur en s’aidant de… La griffe de l’index de ce cher vieux. J’ouvre des grands yeux alors que la gamine s’jette sur moi, débordante d’amour.

    « Monyata !! T’as vu, nyai écrit ton nom sur le mur ! C’est Nyorek qui m’a aidé ! Il est gentil ! Nyaaaa ! »
    Je r’garde avec dépit le grand « MONYATA » enluminé au dessus de ma commode à vêtements. Le vieux moine me toise un instant.
    « Elle m’a forcé. Et mon prénom c’est Iorek, petite. »
    « NYOREEEEEEEEEEEEEEEEEEK !!! »
    Elle passe de mes bras aux siens. Il soupire devant le grand sourire de la gamine. Puis il me regarde à nouveau. Un r’gard qui veut certain’ment dire « qu’est-ce que vous me voulez ? ». J’esquisse un sourire dont j’ai l’secret.
    « D’ici d’main, nous allons chercher une grosse bête qui n’aime pas la lumière. Vous allez l’illuminer un peu. Si elle nous crache d’ssus, vous seriez capable de m’fabriquer un gros récipient d’lumière pour ramasser l’fluide ? »
    Il hoche la tête, pensif.
    « Ce doit être dans mes capacités. »
    La petite lève sa tête couverte de sa merveilleuse chevelure verte, puis s’écrie :
    « On n’va dire bonjour à un myonstre, Monyata ? »
    « Ouais. N’tombe pas amoureuse de lui par contre. »

    Je sors de la cabine puis j’retourne à la barre. Je modifie légèrement l’cap, et portés par le vent, on s’dirige vers notr’ but. Un peu rapid’ment à mon goût, mais ça n’regarde que moi après tout. Quelques heures plus tard, la vigie s’égosille. J’lui prête une oreille attentive, mais l’vent est trop fort. Le gamin soupire, déploie ses ailes d’un noir profond, puis vient s’poser sur la balustrade d’vant moi.

    « J’ai dit : gros tourbillons à tribord, Cap’taine. »
    « Chouette alors ! Reste en bas, c’est là qu’on va. »
    Le jeune Corbeau ne paraît même plus étonné. Ça fait quelques temps déjà qu’il est mousse sur l’bateau, et on n’en est plus à ma première décision bizarre. J’me redresse bien, et je gueule de toute la force d’mes poumons.
    « Allez bande de larves ! On s’en va pêcher du poulpe ! Le premier qui blesse un des tentacules sera bouffé, alors cont’nez vous, et essayez juste de l’effrayer pour l’moment ! Si on l’blesse, on est morts ! »
    Tout marin, surtout un pirate, connaît l’existence du Kraken. Un silence de mort tombe sur l’pont alors que mes hommes, concentrés, vérifient l’étanchéité du rafiot, la solidité des cordages et l’huilage des canons. Leorh fait sortir Gally, Alister et Iorek d’ma cabine. Les remous s’rapprochent bien vite. J’me tourne vers ceux qui vont m’servir.
    « Z’avez compris. On peut pas l’tuer. Il nous bouffera avant. Faut l’étonner suffisamment pour qu’il nous crache de l’encre et qu’on puisse se barrer fissa. Leorh, tu vas suivre mes indications et les faire passer aux marins pendant toute l’opération. Si t’entends pas, ne serait-ce qu’un seul ordre, on est morts. Iorek, z’allez déployer votre magie d’façon subtile, et QUE lorsque j’vous l’indiquerai ! Sinon on est morts aussi. Et enfin Gally, tu peux r’garder, mais tu n’fais rien. Et tu n’attires pas l’attention du poulpe sur nous. Sinon on est encore morts. Ça va tout l’monde ? »
    Ils hochent la tête avec plus ou moins d’contentement, puis dirigent leur regard vers les tentacules de la bête qu’on commence à apercevoir. Il a senti qu’on s’ram’nait, il est pas très content. Va falloir agir vite. J’baisse la tête vers Leorh, parmi les marins.

    « Un coup d’canon ! Un seul ! Vers lui, mais sans l’toucher ! »
    Il acquiesce puis donne les directives. Le coup part, et l’remous se fait plus fort. Ça s’dirige vers nous. J’montre un truc plus gros, dans l’eau à Iorek.
    « Ca, c’est la tête. Aveuglez-le un coup. »
    Alors que le vieux moine s’exécute et qu’un grand éclair blanc illumine brièv’ment l’océan, j’me retourne encore vers Leorh.
    « A bâbord, toutes voiles dehors ! Il faut prendre le vent autant qu’possible si jamais il nous court après ! »
    Il s’exécute, et un grand remous furieux balaie l’eau environnante. La bébête a pas aimé l’accueil, j’pense. J’hurle au moine :
    « Deuxième flash ! »
    Iorek se concentre, et une seconde vague de lumière aveuglante enveloppe le gros poulpe. Mais c’lui-ci n’semble pas s’préoccuper d’ça. Il semble qu’il est encore plus en colère. Merde. Il doit sûrement nous suivre à l’oreille. Ce genre de bête, ça n’a pas d’bons yeux, mais ça entend sacrément bien. En plus il est toujours dans l’eau. La tête se rapproche. On est bientôt à portée des sacrés tentacules.
    « Monsieur Leorh ! J’ai dit toutes voiles dehors ! »
    « On peut pas Cap’taine, les remous et les tourbillons sont trop puissants ! On est ralentis par des vents contraires ! »
    Ashtenn, vieux troufion. C’est sa faute, c’est sûr. Il a du d’mander à son cher petit de s’pointer dans des eaux troublées. Il sait trop bien lire le vent. J’me suis bien fait rouler.

    Un cri. Mon pauvre p’tit mousse se fait choper à toute vitesse par un des plus longs tentacules. Les autres entourent le bateau lentement, comme si la bête appréciait l’instant. J’hurle un coup, j’m’empare d’Orchak, et je tranche le tentacule bien proprement, après avoir sauté au dessus de la balustrade devant la barre. Le vieux Iorek continue de flasher la bête à coup de lumière blanche, et Leorh se décarcasse pour nous sortir de là. Il hurle les ordres précisément, il s’trompe pas, il sait c’qu’il veut. Mais ça n’va pas assez vite, et l’sacré mollusque est déjà sur nous. Ça n’va pas. Il a pas aimé perdre un morceau d’un d’ses membres, surtout s’il n’en a que huit.
    Je grogne, j’donne des directives que mon s’cond fait suivre en écho. Mais rien à faire, les tentacules continuent de nous entourer avec une lenteur accablante. On fait du surplace. Non, non, mon joli bateau, mes fidèles mat’lots ! Bordel de merde !! BORDEL DE MERDE !!!!

    « SUPER GALLYSNYAGA NYARRIVE !!! »
    Accrochée au bastingage côté poupe, la jeune Laguz fait face à la tête du Kraken. Les mat’lots sont trop concentrés pour voir la bêtise qu’elle s’apprête à faire.
    « GALLY j’te jure, si t’fais ça, j’te balourde sur terre avec Alister au prochain port qu’on atteint ! »
    « TA GUEULE ! »
    Le juron sort étrangement, de la bouche d’une aussi p’tite fille. La stupeur me cloue sur place. Elle enchaîne, alors qu’un vent l’entoure et que ses membres s’épaississent et s’assombrissent.
    « Si nya fais pas ça, nyon n’est tous morts ! Gally veut pas que Monyata n’soit morte ! Ou Nyalister ! Ou Lenyorh ! Ou Nyoreck !»

    D’un geste souple, le dragon noir s’envole, sans rajouter un mot d’plus. Il crache un feu puissant vers le poulpe. Les tentacules s’arrêtent net. La grosse tête du mollusque sort de l’eau. Le dragon pousse un grondement inquiétant, puis vole pour faire face au gros monstre.
    Ça semble durer une éternité. Le dragon qui r’garde le Kraken, le Kraken qui r’garde le dragon. Et puis, doucement, tout doucement, le Kraken pâlit. Il devient d’un blanc crème, très moche. Comme d’la crème qui aurait quatre jours de trop. Puis, d’un grand coup d’tentacules, il s’éjecte dans la direction opposée.

    « IOREK !!! »
    Le vieux moine s’concentre, et juste au moment où un épais nuage noir ternit l’océan, une grande flasque lumineuse apparaît dans l’eau, tout près du trou d’où est éjecté l’épais liquide. Leorh s’élance pour sout’nir l’vieux moine qui titube sous l’effort d’ramener une telle quantité d’liquide sur une distance de près d’trente mètres. Gally s’précipite vers la poupe et reprend sa forme initiale. La plupart des marins n’ont pas vu sa manœuvre. Heureus’ment.
    La grande flasque finit par atteindre le bateau, et j’ouvre vite les tonneaux qu’j’avais achetés à l’occasion. J’en remplis un en entier, et le quart d’un autre. Cette bête fait de sacrés gros crachats. Bon, doit y avoir un peu d’eau d’mer mélangée avec, mais ça reste l’produit presque pur, nan ?

    Un gros silence. Les tourbillons se calment, l’ombre du Kraken est aspirée dans les profondeurs. J’toise mes marins qui m’contemplent en silence. Mon jeune mousse corbeau a quelques grosses marques de succions laissées par le tentacule, mais il semble encore entier et pas trop amoché.
    J’ouvre les bras avec un sourire.

    « Mission accomplie les enfants ! C’était comment l’aventure ? »
    Des hurlements d’joie et d’soulagement accueillent mes paroles. Ils ont fait preuve de sang-froid et d’obéissance. Ils ont été parfaits.
    « Vous avez été merveilleux, mes gars. Y’a quelques caisses de rhum et de la viande soigneus’ment conservée par notre cuistot pour fêter ça, ce soir. »
    Nouveaux cris d’joie.
    « Applaudissez aussi Leorh, qu’vous connaissez bien et qui vous a bien conduits, tous. Z’avez été d’une sagesse exemplaire. »
    Leorh s’approche de moi, restant un pas derrière. Il doit certainement sourire, et faire son fameux hochement de tête qui plaît tant aux mat’lots. Hurlements d’approbation.
    « Le responsable de la lumière de notre magnifique numéro est l’brave papi derrière moi. Approchez, mon Père. »
    Etonné que j’le nomme par son appellation en tant qu’membre de l’église, le vieux Laguz loup s’rapproche à petits pas fatigués. Il salue les matelots d’un signe de main. Nouveaux hourras.
    « Enfin, vous connaissez tous sa bouille d’ange et son amour féroce pour le sucre. Aujourd’hui, notre petite Gally nous a tous sauvés en imposant sa volonté au Kraken. Elle n’y parviendra peut-être pas une seconde fois, cependant nous lui d’vons la vie. Viens là, petite. »
    Je lui tends un bras auquel elle s’accroche souplement pour monter sur mes épaules. Elle s’empare d’mon chapeau et le place fièrement sur sa p’tite tête. Elle se saisit d’sa peluche Steffan comme un pirate se saisirait d’un sabre long, puis s’écrie joyeus’ment :
    « Aujourd’hui nya shuis n’une héroïne !! »
    Des regards attendris s’posent sur la jeune Laguz, puis un tonnerre de cris et d’applaudissements l’accompagne jusqu’à ce qu’elle ait regagné sa cabine, dans laquelle elle part se goinfrer de gâteaux que lui a préparé le cuistot, en prévision pour cette victoire inespérée.

    Le voyage de retour s’effectue lentement. La boisson et la nourriture sont à foison, et la bonne humeur est d’mise. Pas d’attaque, pas de tempête à l’horizon. Tout s’passe très bien, et les seuls hurlements qu’on peut entendre sur le bateau sont ceux des pauvres mat’lots avec qui Gally a décidé de jouer.
    On finit par mouiller dans l’port de la p’tite ville où crèche Rick. Un tonneau sous chaque bras, j’me prépare à terminer la commande. Avant d’quitter l’bateau, je sens une main agripper la manche de mon manteau. Le vieux Iorek me fait face.

    « Je n’ai pas fait partie du voyage par pure bonté d’âme. Et franchement, même si l’expérience fut enrichissante, je me serais bien passé de cette aventure. »
    « T’es en train d’me dire que t’as pas trop eu l’choix ? »
    « Précisément. Voyez-vous, j’ai entrepris mon voyage avec quelques jeunes gens afin de me soutenir. J’ai la santé fragile et je ne suis plus aussi fringuant qu’il y a vingt ans. »
    « Ah, le p’tit couillon t’as pris tes protégés en otage ? Il va entendre parler d’moi. »
    « Mmh, l’idée ne semblait pas lui plaire. Il a du être forcé. »

    Ça restait quand même pas très glorieux. Ni une ni deux, je charge le papi sur le dos de Leorh, et on s’rend au quartier marchand. J’entre en trombe dans l’échoppe de Rick, qui sursaute en m’apercevant.
    « Mo…Momo…Moneta ! »
    « En chair et en os ! Et avec ta cargaison ! »
    J’pose assez violemment les deux tonneaux sur le comptoir. Il les ouvre immédiatement et r’garde l’encre noire avec passion.
    « Incroyable, magnifique, merveilleux… Tu l’as fait ! Tu as réussi ! »
    « Un accord est un accord. Toi par contre, t’as pas été très réglo. »
    J’fais un signe à Leorh qui entre, chargé du vieux moine. Rick sursaute violemment en le reconnaissant.
    « Oui, je… Oui, bien évidemment, je vais le relâcher ! Mais ce n’est pas ma faute, je le jure ! Je n’avais pas le choix… Je devais vite trouver un moine disponible, et il m’a dit de prendre les compagnons de ce vieux-là en otage ! »
    « Il ? »
    « Ben oui, mon commanditaire ! Attendez, je délivre les pauvres bougres. Je les avais enfermés dans la cave, mais j’ai bien pris soin d’eux, ils avaient une couche propre et je les nourrissais avec attention ! »
    Alors qu’il passe devant l’comptoir pour ouvrir la grosse trappe qui mène à la cave, une lettre cachetée tombe par terre. Il y a mon nom écrit dessus. Rick me lance un regard effrayé.
    « L’enlumineur a laissé une lettre pour toi… Hier je crois. Il devait savoir que tu allais réussir. Moi, je n’y croyais plus. »

    J’prends la lettre avec suspicion. Rick ne m’regarde plus et descend dans la cave. J’fais sauter l’cachet avec l’ongle et j’parcours le texte.

    « Je le savais, bien sûr. Ce crétin ne sait pas reconnaître les personnes efficaces.
    Mais je te promets, petite Moneta, que si tu ne tiens pas ton propre engagement, ta mort ne sera pas douce.
    J’ai un petit ange qui mérite une punition, après tout. »

    Je froisse le papier rageusement. Pas besoin d’chercher loin pour deviner l’auteur de cette lettre. J’me remémore les événements des jours derniers, et j’me retrouve bien couillonnée : il avait tout prévu. Depuis l’début. J’ai mordu à l’hameçon comme une vierge curieuse d’la première fois. Pas étonnant que j’ai trouvé son bateau si vite. Et j’ai mis sa pauvre seconde rebelle dans la merde (mais bon, c’devait être son plan de toutes les façons.).
    Leorh me jette un coup d’œil inquiet. Je grogne, j’attrape la bourse rebondie que me tend Rick (que j’ai à peine vu r’monter), j’serre la main griffue du vieux moine qui repart avec ses jeunes disciples, puis je sors de l’échoppe en rage.

    Pas maintenant, pas tout d’suite. Mais bientôt, bien trop tôt, ça va carrément être la merde.
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MessageSujet: Re: La chasse au poulpe ~ Nc -12   La chasse au poulpe ~ Nc -12 I_icon_minitimeVen 5 Aoû - 23:32

Orthographe 5/5:

C'est très bon, je n'ai pas relevé de fautes si ce n'est à "gaiment" que l'on est supposé orthographier "gaiement". Cependant il semble que la réforme orthographique de 1990 ait permis d'ajouter cette façon d'écrire, donc je ne peux pas te sanctionner^^

A part ça, quelques fautes avec les apostrophes (le fait de mettre une apostrophe avant un "h" par exemple) mais comme Moneta parle... disons mal, je n'en tiens pas compte non plus^^

Style 5/5:

A titre personnel, je préfère ta façon de RP avec Hélène (comme quoi^^), mais le style que tu emploies avec Moneta est très bon. La narration au présent est assez inhabituelle mais tu t'en sors avec brio. Rythmé de façon admirable, l'emploi de la première personne semble naturel et tes phrases forment des pauses judicieuses. C'est extrêmement agréable et facile à lire, félicitation.

Histoire 9/10:

Je vais t'enlever un point, pas simplement pour le principe du "j'évite de mettre 20" mais parce que je dois le faire. A un moment du texte, tu fais du HRP. Et je DETESTE le HRP XD. Je fais référence à ce passage là:

Citation :
Ouais, faîtes pas semblant d’être des lecteurs stupides. Vous savez bien qui j’dois aller voir. Un supérieur quoi.

Le fait que Moneta parle toute seule ne pose pas de problèmes, en fait ton style s'en trouve enrichit, au contraire. Mais elle s'adresse ici aux "lecteurs" et j'ai beau cherché, je ne vois pas quelle référence il pourrait y avoir in-RP. Si elle écrivait ses mémoires, la remarque serait possible, mais puisqu'elle semble réfléchir, j'en déduis que tu t'adresses au lecteur (au correcteur là) et que tu fais du HRP.


Bon ceci mis à part, excellente histoire. Je vois pas quoi dire d'autre en fait, il y a absolument tout. Si ça se traine un peu au début, la suite rattrape largement cela; on ne voit pas passer le temps en te lisant, les événement s'enchainent naturellement et sans temps de latence; enfin les transitions, bien qu'ordinaires, sont très bien insérées.
Les scènes d'actions sont bien écrites, idéalement rythmées et s'enchainent aisément. Je dirai qu'il manque juste un supplément descriptif par endroits. Autrement, les dialogues sont excellents et prenant, je dirai que ton texte a cependant un défaut au niveau de la mise en page (c'est trop... serré).

Ah, autre point, tu développes tes personnages avec une facilité déconcertante, la répartition de leurs rôles et de leurs actions est telle qu'on se souvient de chacun de tes personnages, mêmes les plus secondaires, et c'est un beau tour de force (Faire en sorte que Gally n'éclipse pas tous les autres est, notamment, assez difficile de part son caractère, et tu l'as très bien fait).


Voilà voilà voilà, très très bonne histoire, je n'ai rien à redire si ce n'est: bravo.

Niveau 19

Mais pas de bol, tu gagnes aucun niveau XD
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La chasse au poulpe ~ Nc -12

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