Une partie de chasse [Pv Yue]

Une vaste plaine avec des animaux sauvages gambadant sous la lune dans un ciel dégagé, laissant la pleine possibilité d'admirer les étoiles. Et pas un village à l'horizon. Ce soir, il était bon pour se reposer tranquillement dans un coin à regarder le gibier gambader.

Shikonai ne mangeait jamais de viande. Il préférait les fruits. L'idée de manger de la viande le révulsait étrangement. Il ne s'était jamais demandé pourquoi. C'était comme ça et c'était tout. Il n'allait pas aller contre son caractère...

Bref, il s'installa au pied d'un rocher et observait cerfs, sangliers, chevreuils, lapins et autres animaux promis à finir dans une assiette accompagné de quelque légumes et baignant dans la sauce. Oh, ce n'était plus qu'une question de temps avant que ça ne change. Après tout, il avait pour mission d'abattre ce qui se trouvait au sommet de la chaine alimentaire afin qu'Ashera puisse accomplir son oeuvre.

Ces animaux sont innocents, eux... ils n'ont jamais pensé à aller à l'encontre de la volonté d'Ashera*

Rester sur des bases primaires et vivre au jour le jour en ne pensant qu'à vivre et manger. Les animaux vivaient simplement et sans soucis. C'était un exemple de perfection, quand on y pensait.

Shikonai vivait un peu comme un prédateur : il tuait sans remords pour ensuite survivre contre une meute sur le maillon du dessus.

Le jour il était proie et la nuit prédateur. Les ténèbres étaient sa meute et ils avaient faims de chaire humaine à consumer en l'honneur de leur reine.

Shikonai s'étira et s'allongea par terre pour contempler le ciel comme il aimait le faire quand il prenait du repos la nuit. La lune, sa gardienne. Fière sphère argentée dans un océan d'étoiles. Shikonai a toujours aimé cette boule blanche dans le ciel, qui la guidait et la protégeait lorsqu'il luttait contre un village à anéantir.

Il ferma les yeux et inspira un grand coup avant de somnoler, mais pas dormir bien sur...

La forêt avait toujours était un lieu de paix pour Yue, ses odeurs, ses sons, son vent agréable, tout chez elle lui inspirait la sérénité. Elle était née parmi les arbres, elle avait grandi dans ses grottes et ses abris sommaires, elle avait appris à vivre en harmonie avec ses occupants... Pourtant, cela faisait des jours qu’elle se promenait dans ce décor familier mais la paix et la tranquillité ne venaient pas bercer son esprit.

Sa rage n’avait d’équivalence que sa peine.

Elle avait quitté Jaffar depuis quelques jours maintenant mais malgré ses fortes envies d’éloignement avec lui, elle n’avait pu s’empêcher de rester à Crimea et de s’éterniser dans la forêt qu’abritaient ses terres. Elle ne savait pas elle-même à quoi elle s’attendait, elle l’avait quitté sans un mot, sans préavis, elle avait simplement disparu aussi rapidement qu’elle avait fait surface dans sa vie. Il ne viendrait pas la retrouver ou lui demander des explications à son comportement…

*Pourquoi faut-il donc que ce soit un assassin… ?*

Elle appréciait l’homme, elle le considérait comme un frère, un membre de sa famille, elle l’aimait d’un amour fraternel aussi puissant que celui qu’elle vouait à son tuteur, mais sa manière de tuer allait à l’encontre de tous ses principes, de tout ce que lui avait appris Eristoff. Il n’y avait pas d’honneur à poignarder quelqu’un dans le dos, il n’y avait aucune fierté dans ses actes… rien que le fait d’y penser lui faisait serrer les dents, elle détestait son métier.
Elle avait espéré trouver une solution à son dilemme en revenant aux sources même de son être, mais rien ne vint, pas d’éclairs de génie, pas d’idées lumineuses, rien.

Elle n’avait aucune raison de se trouver là, elle avait suffisamment de vivres pour ne pas avoir à chasser pendant des semaines, elle arrivait désormais à supporter les villes Beorcs durant quelques heures en ayant qu’un mal de tête carabiné, elle avait même un peu d’argent si elle voulait dormir dans un lit moelleux. Cependant, elle restait à déambuler dans ces bois peu accueillant.
Par trois fois maintenant, elle avait dû éviter des pièges grossiers de la part des Beorcs pour capturer des proies. Elle doutait intérieurement qu’une créature soit assez stupide pour tomber dans un tel piège mais bon s’ils continuaient à en poser c’est que ça devait surement fonctionner, au moins en partie.
Pour son simple plaisir et par esprit humanitaire si on pouvait dire qu’aider nos amis les bêtes étaient un acte humain, elle les démonta un à un et libéra toutes les victimes prisonnières des odieuses cages et trous creusait à la va vite. Après avoir fait un petit tour des bois, elle se retrouvait de nouveau, seule sans but, sans activité.
La nuit était douce et le gibier abondait dans tous les coins de la forêt, elle avait d’ores et déjà perçu deux sangliers, un groupe de lapins et un faisan mais elle n’avait pas envie de chasser pour rien, à vrai dire elle n’avait envie de rien.

Fatiguée par sa propre mollesse elle se décida à trouver un point d’eau ou une zone dégagée pour pouvoir piquer un roupillon tranquillement en laissant ses pensées moroses de coté. Elle grimpa à un arbre en faisant attention à ne pas abîmer son arc et se posa à sa cime pour mieux voir les alentours. Elle fut particulièrement étonnée de voir un Beorc reposer dans une plaine à quelques centaines de mètres de sa position, elle n’avait pas senti son odeur, ni même entendu le son de sa respiration.

*Mon séjour chez les Beorcs a peut être amoindrie mes capacités*

Cette situation lui rappelait vaguement sa rencontre avec Jaffar mais elle se refusa à comparer les deux évènements, elle ne voulait pas penser à lui ce soir.
Elle se dirigea sans une hésitation vers la plaine, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Peut être cet homme était-il un chasseur comme elle, c’était peut être même lui qui déposait tous ces pièges sur la route. Cependant, quand elle regardait avec plus de concentration dans sa direction, elle pouvait voir que nulles créatures de la forêt ne le craignaient, elles gambadaient gaiement sans faire attention à sa personne. Pour tout dire si elle ne l’avait pas vu, Yue aurait eu du mal à croire à sa présence en ces lieux.

A l’orée du bois elle s’arrêta et le regarda un moment, il semblait dormir mais Yue doutait que l’on puisse dormir sur ses deux oreilles à la merci de tous les prédateurs du coin. Elle s’approcha donc lentement et stoppa ses pas à une trentaine de mètres de l’homme. Du peu qu’elle apercevait, il semblait frêle, aussi pâle qu’elle mais pas pour les même raisons. Cette personne était dangereuse.
Par reflexe, elle empoigna son arc d’une main et de l’autre elle caressait les plumes de ses flèches, prête à dégainer.
Après quelques secondes de pur silence elle décrispa les doigts, il ne servait à rien de le provoquer surtout si son instinct était juste. Elle continua d’avancer dans la direction de l’homme, elle adopta une démarche plus légère et désinvolte et tout en restant aux aguets, elle s’approcha.

*La curiosité et mon pire défaut, Jaffar m’avait prévenue *

Elle sourit à cette réflexion, l’idée de le contrarier même s’il n’était pas là lui plaisait.
A dix mètres de l’homme, elle s’immobilisa et avec un sourire sincère aux lèvres elle lança de la voix la plus chaleureuse qu’elle pouvait adopter :
-Bonjour, pourrais-je me joindre à vous ?

Ah, qu'il était bon de se prélasser dans l'herbe à contempler le ciel étoilé avec pour seule compagnie des âmes innocentes qui voletaient et gambadaient autour de soi.

<< Bonjour, pourrais-je me joindre à vous ? >>

Shikonai tourna brusquement la tête, main sur le premier tome qui se trouvait sous sa main, à savoir son fidèle flux. Une femme aux cheveux blancs comme neige, avec un arc et une tenue conçue pour le voyage...

Le mage noir réfléchit... l'attaquer alors qu'ils étaient face à face était impossible : il aurait à peine eu le temps de prononcer trois mots de l'incantation qu'une flèche lui traverserait le gosier, il le savait. En bref, il ne pouvait rien faire... pour l'instant...

<< Je préfère la compagnie des animaux à celles des humains... mais si vous y tenez vraiment, je peux accepter votre compagnie... >>

Il se rallongea dans l'herbe et resta silencieux. Il n'allait pas parler tant qu'il n'y aurait pas matière à répondre. Il était tellement rare que Shikonai se montre bavard. La seule et unique fois qu'il eut la langue agitée, ce fut avec Noroi, sa collègue d'ombre. Et cette femme-ci n'avait pas la moindre odeur de ténèbres, donc totalement inintéressante. En bref, un futur cadavre calciné.. restait juste à attendre la bonne occasion.

Etre en compagnie indésirable était assez désagréable. Il voudrait tellement l'abattre, mais pour l'instant il ne pouvait pas. Bien sur, il pourrait se servir du brouillard pour la terroriser et l'abattre, mais ce n'était peut être pas une bonne idée : il pourrait y avoir d'autres personnes dans les environs et si ils tombent sur des animaux affolés le fuyant suite à son crime, ça éveillerait bien des soupçons. En bref, il était impossible de l'abattre.

Shikonai soupira.

<< Et puis-je savoir en quoi un mage noir itinérant vous intéresse ? >>

Autant savoir le pourquoi de sa visite et déterminer si c'était une Naeliel de plus ou bien une simple femme trop curieuse...

Une lune brillante de mille éclats argentés, encerclé par d'innombrables points tachetés. Dommage que la femme viennent l'empêcher d'admirer pareil spectacle...

<< Je préfère la compagnie des animaux à celles des humains... mais si vous y tenez vraiment, je peux accepter votre compagnie... >>

*Moi aussi je préfère la compagnie des animaux mais je ne le jette pas à la gueule des gens comme ça !!*

Désagréable, c’était sa première impression. Elle avait essayé d’être polie en laissant de coté ses aprioris et lui, lui manifestait sans retenue son déplaisir. Elle avait l’impression de lui imposer sa présence, s’il ne voulait pas d’elle il aurait simplement pu le dire gentiment. Elle serait partie sans se retourner, elle préférait de loin les personnes franches et directes et aurait respecté son souhait. Cependant, sa manière de lui répondre, son ton dédaigneux et hautain avait attisé sa haine, sa colère mais également un coté de sa personne qu’elle ne pensait pas posséder, son coté peste. Elle avait une idée bien stupide pour passer le temps.
Elle affecta un sourire rayonnant et naïf et le regarda sans lâcher ses flèches. Elle s’assit devant lui en tailleur ne se détendant pas totalement mais adoptant une posture naturelle. Puis, elle attendit. Il faisait beau, la lune était belle et haute dans le ciel mais le long soupir qu’il laissa échapper la renforça dans son idée. Il serait la victime de toute la frustration qu’elle ressentait, elle allait jouer avec ses nerfs et le provoquer plus subtilement qu’il ne l’avait fait, du moins elle essaierait.
<< Et puis-je savoir en quoi un mage noir itinérant vous intéresse ? >>

Un mage noir ? Elle ne savait même pas ce que c’était. Peut être cela faisait il référence à sa tenue sombre. Elle regarda quelques secondes la silhouette qui se cachait sous le vêtement et se demanda s’il était nu sous sa cape… En tous cas, il semblait pitoyablement faible physiquement parlant. Pourtant, son instinct lui disait qu’en lui résidait une grande puissance. Elle continua son analyse et s’attarda un peu plus longtemps sur son collier, un crane de Beorc. Elle n’avait jamais réussit à comprendre les goûts des Beorcs, quelle intérêt y’avait il à porter autour de son cou un objet pareil, ce n’était qu’une tête dépourvu de chair. C’était morbide.
Elle le dévisagea encore un instant en silence puis avec un grand sourire carnassier, elle répondit à sa question :
- Un mage noir voyez-vous donc, moi qui pensait que vous étiez juste un Beorc comme les autres quoi que plus mince, plus frêle et plus petit que ce que je vois d’habitude mais bon un Beorc quoi.

Elle tourna la tête sur le coté et attendit la moindre réaction de la part du Beorc, rien. De sa main libre, elle se mit à caresser l’herbe du bout des doigts. Elle jouait un rôle qui lui plaisait et qu’elle avait souvent observé chez les femmes de sa race. Un rôle particulièrement puéril, elle jouait aux petites emmerdeuses, qui cherchent inconsciemment à attirer l’intention en blessant et en vexant les gens autour d’elle. Sur un ton enjôleur, elle continua :
- Enfin en gros vous ne m’intéressez pas vraiment, c’est juste que je passais par là et que je vous ai vu.

Elle hésita à en dire plus et puis après une courte réflexion elle décida de le provoquer franchement, en étalant directement les faits.
- Pour tout vous dire, ma curiosité l’a emportée sur ma logique donc me voilà à vos cotés en train de déblatérer nombres d’inepties en espérant vous pousser à bout pour vous faire craquer et vous obliger à m'attaquer.

Elle releva sa cape et découvrit ses flèches.
- J’ai une affreuse envie d’en découdre, pour raison personnelle, et je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que vous pourriez m’aider à me dépenser… Alors partant ?

Elle ne se connaissait pas un tempérament si téméraire et égoïste mais elle sentait monter en elle la fureur du combat. Elle se leva et lui tourna le dos.

*J’espère que tu répondra à ma provocation mage noir itinérant…*

<< Un mage noir voyez-vous donc, moi qui pensait que vous étiez juste un Beorc comme les autres quoi que plus mince, plus frêle et plus petit que ce que je vois d’habitude mais bon un Beorc quoi. >>

... Etait-elle idiote ? Shikonai était un Beorc « normal »... enfin presque, il ne l'était qu'à moitié. C'était vexant.

La femme caressa l'herbe et adopta le comportement d'une femme tentant de séduire un homme, chose qui l'énerva encore plus car cela lui rappela Naeliel.

<< Enfin en gros vous ne m’intéressez pas vraiment, c’est juste que je passais par là et que je vous ai vu >>

Dans ce cas, pourquoi est-elle venue lui casser les pieds ?

<< Pour tout vous dire, ma curiosité l’a emportée sur ma logique donc me voilà à vos cotés en train de déblatérer nombres d’inepties en espérant vous pousser à bout pour vous faire craquer et vous obliger à m'attaquer. >>

De la provocation ? Tiens donc. La femme se releva et dévoila un carquois rempli de flèches, caché sous sa cape.

<< J’ai une affreuse envie d’en découdre, pour raison personnelle, et je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que vous pourriez m’aider à me dépenser… Alors partant ? >>

Shikonai se redressa alors que l'archère lui tournait le dos. Grossière erreur. Il allait lui faire payer ses propos ennuyeux.

<< Ai-je l'air d'un homme de combat ? Vous vous méprenez. Ma constitution et ma science de la magie noire me pousse à agir lâchement dans mes actes. C'est répugnant, je le sais, mais c'est ainsi. Bienvenue dans le monde des ténèbres, ma chère. >>

L'espace environnant les deux êtres s'emplit d'un brouillard noir, gorgé d'un sentiment émanant de l’au-delà. La haine des morts s’immisçaient en tout être vivant présent dans la zone noire et les dévorait d'une torture psychologique intense, faisant remonter les potentiels souvenirs qui les ont marqués et fait souffrir. Mais même sans ça, ressentir la haine des morts était généralement suffisant pour faire supplier la mort. Enfin, cela dépendait des cas comme il a pu le constater face à ce mage de feu. Shikonai était impatient de voir la réaction de cette femme et lut en vitesse une incantation du tome de flux, au cas où il aurait à se défendre malgré tout.

Enfin, il comptait s'amuser un peu avec elle...

Qu’il était prévisible, elle lui avait laissé une ouverture et il avait foncé tête baissée dedans, pensait-il vraiment qu’elle ne l’aurait pas entendu quand il se lèverait. Il était bien plus bruyant que Jaffar, plus bruyant même que la plupart des animaux qui avaient fui en sentant l’atmosphère tourner à l’orage.
<< Ai-je l'air d'un homme de combat ? Vous vous méprenez. Ma constitution et ma science de la magie noire me pousse à agir lâchement dans mes actes. C'est répugnant, je le sais, mais c'est ainsi. Bienvenue dans le monde des ténèbres, ma chère. >>

Qu’elle mauvais menteur, lui pas un homme de combat ?? Tous ses sens à elle disaient le contraire, il sentait la mort. Et puis c’était quoi encore cette histoire de magie noire une nouvelle arme ou peut être un nom visant à l’effrayer. Inutile. La seule chose qui semblait vrai, était que c’était un lâche répugnant et il pensait l’impressionner avec une telle déclaration. Ce n’est pas parce qu’il le reconnaissait que ça faisait de lui quelqu’un de différent.
Quant à sa déclaration théâtrale sur le monde des ténèbres, elle commençait à en avoir marre, il n’y avait qu’un seul monde, celui-ci, le monde de la forêt n’existait pas, le monde de Jaffar n’existait pas, quant aux mondes des ténèbres, fallait pas déconner ce n’était qu’une autre partie de ce monde-ci, à quoi bon essayer de le fuir. Encore une fois, elle avait affaire à un inadapté social.

Soudain, elle sentit l’ambiance, l’air et tout ce qui l’entourait se charger de haine et de détresse. La détresse, c’était un sentiment qu’elle n’avait que rarement ressenti, à vrai dire il lui était totalement inconnu mais d’après la description qu’elle en avait eue, ça y ressemblait. Elle y était insensible. Quant à la haine, elle l’aimait bien, c’était un sentiment particulièrement fort, car pour haïr quelqu’un, il fallait la considérer. La haine était d’autant plus puissante que la chose considérée avait été aimée. La haine des morts révélait en fait un amour inconditionnel, l’amour de la vie.
Elle l’entendit feuilleter un bouquin mais à vrai dire elle était plus intéressée par ce phénomène, que par sa lecture. Elle ferma les yeux tout en saisissant entre ses mains son arc et ses flèches. Elle l’arma par précaution mais sans réellement s’inquiéter de l’autre mec en noir, chaque mouvement qu’il faisait elle l’entendait et le ressentait à travers les variations d’air, pour l’instant elle n’avait rien à craindre.

L’air autour d’elle s’épaissit et devint plus tangible comme une brume épaisse, soudain elle vit le visage de personnes qu’elle ne connaissait plus.
- Trop drôle, vous n’avez jamais été présent durant ma vie et vous me rendez visite maintenant que vous êtes mort, vous allez me faire une petite danse aussi

Le visage de ses parents devait être le même que celui d’avant leur mort, ils ne lui ressemblaient pas. Leur regard était rempli d’amertume et de dégout, elle y était tellement habituée que ça ne lui faisait absolument rien. Ils ne pouvaient pas la toucher, ils ne pouvaient pas l’atteindre, pas plus que les autres âmes en peine qui essayaient de la plonger dans la panique et le désespoir, ils lui étaient indifférents et leur haine même si amusante, étaient vaines, les morts ne peuvent rien faire, ils ne sont plus. Elle passa à travers eux en rigolant, elle ne comprenait pas qu’elle artifice le Beorc utilisait mais ça l’intriguait. Elle devait percer ce mystère, du moins le ferait-elle après l’avoir battu.
Elle continua d’errer à travers le brouillard repoussant d’un sourire chaleureux tous ces morts qui essayaient de lui imposer leur peur et leur rancune. Tout en surveillant attentivement les faits et gestes du mage noir au centre de la brume, elle déambulait à la recherche de quelqu’un, s’il ramenait les morts à la vie, elle le trouverait surement. La seule personne qui l’intéressait vraiment.

Soudain, elle revit la scène dont elle avait souvent rêvé dans ses pires cauchemars, Eristoff écrasé sous un arbre. Elle connaissait cette scène par cœur et elle finissait toujours de la même façon, elle se jetait sur lui et le découvrait déjà mort, broyé, les yeux grands ouverts, paralysés dans une expression de douleur. Elle lui fermait les yeux se retrouvant impuissante devant la masse imposant du tronc et elle partait en l’abandonnant dans sa situation ridicule. Comme par le passé, elle se jeta près de lui ou plutôt de son souvenir et le regarda. Son visage exprimait une haine sans nom dirigée vers son impuissance, mais ironiquement il semblait plus vivant dans la mort. Il avait l’air d’un crétin. Elle le fixa amoureusement, essaya de passer ses doigts à travers ses cheveux mais sa main se referma sur le vide, le même vide qu’il avait laissé dans son cœur. Avec une voix d’une douceur infinie elle lui chuchota parlant plus pour elle que pour lui, mais espérant que là où il était il l’entendrait :
- Eris arrête de te débattre, tu es mort de toute façon alors arrête de lutter et écoute moi pour une fois,… je t’aime Eris et je ne cesserais jamais de t’aimer. Tu me manques tellement…mais dégage maintenant, je n’ai plus besoin de toi alors oubli ta haine, ta rancune, tes regrets et repose en paix…

Il disparut. Elle n’était pas sur de ce qu’elle avait vu mais elle pensait l’avoir vu sourire avant qu’il ne s’en aille. Elle sourit pour elle-même. Cette technique avait ses limites, si les morts n’avait ni rancune, ni haine, ils n’étaient pas tangibles, Eristoff pourrait reposer en toute tranquillité désormais.
Elle se releva et se tourna vers le gringalet de Beorc. Des larmes perlaient sur ses joues mais ce n’était ni des larmes de désespoir, ni de tristesse, elle était simplement heureuse d’avoir enfin pu lui dire, ce quelle n’avait jamais eu le temps de lui dire quand il était encore en vie.

Elle tendit son arc et fit un tir de semonce pour attirer l’intention de l’humain. En inclinant légèrement la tête elle lui dit :
- Merci mage noir de m’avoir donnée cette opportunité. Cependant, je n’apprécie pas trop ta manière de déranger les morts, c’est pas sympas alors ferme ton bouquin et viens, donne ce que tu as de plus puissant, tu ne seras pas déçu…

Mais pourquoi ? Pourquoi cela ne l'affectait pas ? Shikonai se mordait la lèvre. Elle se contentait de déambuler dans le brouillard à rire au nez des morts.

<< Trop drôle, vous n’avez jamais été présent durant ma vie et vous me rendez visite maintenant que vous êtes mort, vous allez me faire une petite danse aussi. >>

Elle se moquait des morts ? Très bien, c'en était assez ! Il continuait de l'observer. Elle tendait la main vers le sol, comme si il y avait quelqu'un par terre... ou quelque chose d'autre... bref, elle faisait plus gaffe à Shikonai. C'était donc l'occasion rêvée de lui montrer qu'il ne fallait pas se laisser distraire en combat. Il marmonna son incantation pendant que la femme parlait.

<< Uspna tac sundc, due xie h'y cyhc lacca vyes ta jahkayhla, tébmuea dy ryeha ad téjuna dy bnuea ! Flux.
- Eris arrête de te débattre, tu es mort de toute façon alors arrête de lutter et écoute moi pour une fois,… je t’aime Eris et je ne cesserais jamais de t’aimer. Tu me manques tellement…mais dégage maintenant, je n’ai plus besoin de toi alors oubli ta haine, ta rancune, tes regrets et repose en paix… >>

Elle se redressa pendant que la boule noire tomba au sol et rampa silencieusement en direction de la femme. Le brouillard faisait un excellent camouflage, allant à merveille avec ce sort conçu pour assassiner. Shikonai mémorisait sa prochaine attaque, même si il savait que ça allait être difficile, en cas de survie de son adversaire, d'attaquer. Surtout que son meilleur coup était inefficace sur elle.

La femme décocha une flèche

<< Merci mage noir de m’avoir donnée cette opportunité. Cependant, je n’apprécie pas trop ta manière de déranger les morts, c’est pas sympas alors ferme ton bouquin et viens, donne ce que tu as de plus puissant, tu ne seras pas déçu… >>

Shikonai referma le livre d'un geste sec et se concentra. Son sort était dans le dos de la fille, il pouvait dissiper le brouillard sans risque.

<< C'est vous qui serez déçu. Je suis puissant, certes, mais je n'ai pas la carrure pour les combats face aux adeptes des pratiques physiques. Je n'excelle qu'en duel contre un autre mage. Une archère comme vous n'aura aucun mal à me battre. >>

Alors qu'il parlait, une légère brume blanche, semblant être constituée de spectres, enveloppa le corps de Shikonai. Un chant funeste s'élevait dans les airs au rythme de la danse brumeuse qui émanait du mage noir.

Les yeux de Shikonai se teintèrent d'un blanc laiteux et sa voix semblait résonner en écho avec des milliers d'autres.

<< C'est pourquoi je n'ai pas d'autre choix que de me donner à fond dès le début si vous voulez que ça dure plus d'une seconde ! >>

Sur ces mots, le sort fonça dans le dos de la femme pour s'élever en un pilier de ténèbres dévorant chair et sang dans un crépitement de flammes noires. Le mage noir espérait que ça allait marcher.

Comme pour répondre à son ordre il avait refermé son livre d’un claquement sec, mais elle sentait que quelque chose en lui avait changé, il semblait remonté, énervé. Tant mieux, elle n’attendait que ça. Elle étendit ses sens sur un périmètre de plusieurs dizaines de mètres se concentrant plus sur ce qui était presque inaudible comme le son de l’herbe s’écrasant sous un pied, la pression du vent sur sa peau plutôt que sur sa voix. Elle entendit donc à peine son petit commentaire dépréciatif sur lui-même.

Le brouillard se dissipa et se mit à l’entourer, c’était beau. Le tableau qu’il lui offrait était magnifique. Lui sombre, frêle et mince, baigné dans la blancheur des esprits qui se mêlaient à lui sous la lumière douce et agréable de la lune. Tous les éléments s’unissaient pour former un seul être semblant plus puissant, plus mystique.
Ils se mirent à chanter d’une seule voix, une voix irréelle. Leur chant lui était incompréhensible mais il était léger comme le vent, il virevoltait à travers l’air et semblait dirigé vers le ciel et la terre. Ce doux son était presque apaisant…
Le chant s’arrêta emporté par le vent et une fine pluie qui venait de débuter. Les yeux du mage noir itinérant devinrent aussi blanc que les siens étaient rouges, le vrai combat allait commencer maintenant, la reconnaissance mutuelle était terminée. La pluie augmenta en intensité. L’excitation s’empara de tout son être et elle n’entendit que la fin de sa phrase
- …de donner à fond dès le début si vous voulez que ça dure plus d'une seconde !

Elle sourit et adopta une position animale proche de la terre, proche du sol. Il était prêt à en découdre, très bien elle l’attendait. Sa seconde flèche était d’ores et déjà encochée mais elle ne voulait pas faire le premier pas, elle voulait le faire venir à elle.

*Viens montre moi ta magie noire*

Elle ne savait même pas ce que c’était pour tout dire, elle s’attendait un peu à ce qu’il sorte une grande faux de sous son manteau comme les représentations les plus typique de la mort, son arme se nommait bien Eristoff comme son mentor, la sienne pouvait bien s’appeler magie noire. Elle regardait tous ses faits et gestes s'attendant à le voir sortir quelques chose d'une seconde à l'autre et remercia ses autres sens poussés à leur extrême limite car sans eux elle n’aurait surement pas repéré le changement de température qui s’exécutait dans son dos. Elle serait simplement restée à le regarder sortir son arme et se serait faite transpercée par ce truc énorme qui venait de lui cramer la jambe.

*Merde c’est quoi ce truc !*

En sentant la variation de température, elle avait automatiquement plongé sur le côté évitant de justesse de se faire tuer dans d’atroces souffrances. Elle se tourna en direction de la masse de flammes noirs, décocha sa flèche en sa direction et observa. La flèche fusa à grande vitesse sans jamais dévier de sa trajectoire, elle passa à travers la substance noire qui disparut et se planta dans un arbre trente mètres plus loin. les flammes avaient laissé sa flèche indemne, mais pas son corps. Elle n’avait pas évité tous les dégâts à son grand désarroi mais bon elle était en vie. Sa jambe était un peu touchée au niveau de son mollet mais sa botte avait bien encaissé le choc, elle pouvait la bouger sans trop de problèmes.
Elle jeta un œil interrogatif au mec en noir il la regardait mais ne semblait pas bouger. Elle roula vers l’endroit où était apparu cet étrange flux, elle pouvait encore sentir sa chaleur, son envie de sang. Elle voulait le revoir, le toucher.
Elle regarda sa jambe sa chair était dévorée en surface, la douleur était bien pire que celle qu’elle ressentait lorsqu’elle s’exposait involontairement au soleil, ça piquait bien plus. Sa chair était à vif par endroit, c’était génial.
Elle se tourna vers lui les yeux plein d’étoiles :
- Putain c’est trop puissant ton truc, tu fais comment ??

Tout en clamant sa stupeur et sa surprise, elle avait retiré ses bottes, la pluie qui ruisselait sur son corps était d’une douceur bienvenue pour sa brûlure. Elle ouvrit grand les bras à cette averse opportune et avec une expression de défit, elle regarda le Beorc. Il lui avait lancé un challenge, du moins c’est comme ça qu’elle interprétait sa démonstration de puissance. Elle devait lui prouver qu’elle pouvait être aussi forte que lui. N’attendant pas de réponse, elle bondit, se jeta sur lui flèche à la main, elle s’approcha au plus proche de son adversaire et au dernier moment elle arrêta sa course pour virer de bord et prendre un peu de recule. Elle décocha une salve de trois flèches toutes aussi précises les une que les autres.
- Si je te bats tu m’apprends à faire de même ?

Elle ne visait pas les points vitaux, elle ne voulait pas le tuer juste lui montrer qu’elle était digne de sa magie noire et de sa puissance. Elle voulait juste l’immobiliser pour discuter avec lui. S’il ne bougeait pas, les flèches atteindraient respectivement l’épaule droite, le genou gauche et le pied droit de l'homme. Peut être qu’il voudrait bien lui expliquer comment il faisait. Elle sourit pour elle et observa la course de ses trois amies…

Elle sauta sur le côté et évita le sort de flux... enfin presque : sa cheville fut quand même brûlée. Naïvement, elle décocha une flèche vers le sort. Le projectile traversa le pilier et se planta, indemne, dans un arbre.

Et voilà qu'il se mettait à pleuvoir. Elle aura un peu moins mal. Espérons au moins qu'elle comprendra qu'elle était en...

<< Putain c’est trop puissant ton truc, tu fais comment ?? >>

Elle retira ses bottes, pris une flèche et fonça sur le mage noir malgré sa blessure à la jambe, étonnant. Alors qu'elle allait attaquer Shikonai, elle fit un bond en arrière et décocha trois flèches en lançant ces mots.

<< Si je te bats tu m’apprends à faire de même ? >>

Instinctivement, il fit un pas sur le côté, mais son pied droit prit quand même une flèche qui n'était pas trop enfoncée grâce à la protection des morts. Shikonai grimaça puis répondit.

<< Théoriquement, il est impossible de maîtriser à la fois un art physique ET un art psychique en même temps. Après, il paraît qu'il y a des exceptions. >>

Bon, elle pouvait prendre ça comme une acceptation des conditions, si elle voulait. Mais il comptait la tuer de toutes façons donc elle n'avait aucune chance de gagner.

<< Mac uspnac ca tnaccanuhd mac mac lunbc c'avvuhtnanuhd. Xia mac déhèpnac c'émèjahd ad ca témaldahd ! Flux. >>

Le sort se jeta au sol et fonça vers l'archère. Il était plus rapide et plus puissant que le sort précédent. Celui-ci allait être plus dur à éviter pour l'archère, surtout qu'elle était déjà blessée.

Shikonai profita de la seconde de répit pour ôter la flèche de son pied et passer une herbe médicinale dessus pour cicatriser la plaie.

*Elle est douée malgré tout. J'ai intérêt à me dépêcher surtout que les morts prennent mon énergie en échange de leur force.*

Il commença à légèrement haleter. Plus vite il se dépêcherait de l'abattre, plus vite il pourrait se reposer et récupérer son énergie.

<< Allez, si tu veux tenter d'apprendre la magie noir, fait mieux que ça ! >>

Il les avait évités, comment cela se pouvait-il, elle se trouvait pourtant à moins de 3 mètres et la vitesse de ses flèches aurait dû le laisser patois… la chance serait-elle de son coté plutôt que du sien, ce serait bien la première fois. Lorsqu’elle retomba sur le sol, elle examina son arc et son bras d’un œil rapide. Peut être qu’elle était plus faible qu’avant. Elle regarda sa brûlure et se demanda si cette blessure pouvait l’affaiblir.
Elle n’aurait pas dû regarder sa plaie. Sur le coup, elle n’avait pas réellement ressentit la douleur et la couleur était encore plutôt… appétissante, mais maintenant sa chair à vif suppurait par endroit et le fait de s’en rendre compte visuellement faisait qu’elle s’en rendait compte également physiquement. Si elle avait trouvé ça piquant sur le coup, elle le ressentait désormais comme une douleur insidieuse qui lui creusait lentement le mollet à la petite cuillère.

*Mince je n’pensais pas que c’était si moche*

- Théoriquement, il est impossible de maîtriser à la fois un art physique ET un art psychique en même temps. Après, il paraît qu'il y a des exceptions.

*Capacité psychique ??*

Le psychique et tout ce qui se rapportait à la psyché, ce n’était pas ce qu’elle aimait le plus, elle trouvait ça difficile de se concentrer sur une seule chose à la fois. Bien sur quand ça lui plaisait vraiment elle arrivé à le faire, c’était instinctif, comme la chasse, la traque,… Mais pour les combats elle avait toujours eu des difficultés pour rester fixé sur un seul objectif. Elle ne se battait que rarement pour gagner, elle ce qu’elle aimait, c’était mesurer ses capacités, se dépasser ou en apprendre plus sur une personne. Eristoff disait souvent que l’on connaissait une personne à travers sa manière de combattre.

*Enfin selon ce principe, Jaffar est un lâche, je comprends mieux maintenant pourquoi il a rien fait pour me retrouver il avait peur de ce que je pouvais lui faire... D’ailleurs quand j’y pense selon ce principe, moi je suis quoi… ?*

La distraction était son plus grand défaut, elle ne se souvenait d’ailleurs plus de la raison pour laquelle elle avait engagé ce combat à la base, mais ce qui la faisait continuer en tout cas, c’était la magnificence de son style de combat, cette colonne de feu l’avait vraiment émerveillée.

- Mac uspnac ca tnaccanuhd mac mac lunbc c'avvuhtnanuhd. Xia mac déhèpnac c'émèjahd ad ca témaldahd ! Flux.

Il marmonnait encore des paroles incompréhensibles, si c’était la base de son arme, elle ne pourrait jamais la maitriser par contre. En plus, elle avait vu l’épaisseur de son livre,… alors bien sur, elle avait appris à lire mais elle n’aimait pas tellement ça. La magie noire n’était pas pour elle. Cependant, elle adorait ses manifestations, faire venir les morts, balancer des flammes,… elle allait continuer ce combat juste pour voir toutes les limites de cet art psychique. Si elle ne pouvait pratiquer ces techniques, elle se devait au moins de les connaître pour les contrer, les surpasser.

- Allez, si tu veux tenter d'apprendre la magie noir, fait mieux que ça !

*Désolé petit gars, je ne veux plus l’apprendre, je veux juste l’affronter !!*

La température se réchauffa de nouveau dans son dos, son insouciance était vraiment sa pire ennemie. Elle n’avait plus le temps de plonger sur le coté, du moins pas avec sa vitesse habituelle. Elle contracta les muscles de ses jambes et d’un mouvement fluide elle sauta. Elle était capable pendant un court instant de développer des capacités surhumaines.
Cette capacité était liée à son instinct de survie, quand on voulait vivre on était capable de faire des choses hors du commun comme sauter des murs de plusieurs mètres ou porter le double de son poids… Célérité, comme elle avait nommé cette faculté, était la manifestation d’une forte montée d’adrénaline qui lui permettait ces exploits. Dans des cas extrêmes, elle réussissait à la provoquer et à la maitriser.
Enfin, maitriser était un grand mot, elle avait mal évalué la hauteur de son saut et avait bondit trop haut. L’attaque frôla sa joue droite, ça brulait. Faisant abstraction de ce détail, elle le regarda de haut et décocha, plus rapidement que son ombre, autant profiter de Célérité, elle aurait mal de toute manière dans une dizaine de minutes alors autant se donner à fond. En plus, avec la vitesse avec laquelle elle les avait tirées, elle le toucherait obligatoirement, à moins qu’il ne sorte un nouvel atout.
Elle voulait qu’il sorte un nouvel atout, qu’il la surprenne.

*Montre moi que j’ai tord d’être si confiante*

- Allez donne tout Beorc, éblouit moi de ta magie noire

Ses dents étaient complètement dénudées en un sourire oscillant entre un sourire carnassier, de démence et de joie. Voilà, son plus grand bonheur, ce qui l’excitait le plus, relever des défis qu’elle s’était elle-même fixée.

Lorsqu’elle retomba après avoir tiré ses flèches, la femme regarda sa blessure, comme si elle venait seulement de se rendre compte de la douleur…

La femme bondit incroyablement haut pour un être humain. Elle défiait littéralement les lois de la nature humaine, bien que sa joue frôla le flux, malgré tout. C’était impossible de faire de tels actes librement, elle devait avoir un contrecoup à payer. Restait à savoir lequel et jouer dessus.

Elle profita toutefois de sa hauteur pour décocher une salve de flèches. Trop rapides pour lui, il fut transpercé à l’épaule gauche et à la jambe droite. Shikonai chancela un peu, groggy par la douleur.

<< Allez donne tout Beorc, éblouit moi de ta magie noire
- Tu l’auras voulu, je vais te montrer mon art ultime… >>

Shikonai changea de tome. Le temps que la femme retombe, il pourra la tirer comme un pigeon avec son autre sort : Luna.

<< Uspna ta my miha, due xie ca deahc tanneèna sy sèna. Cunc ta dy lylradda ad jeahc à sue. Duh vemc esbmuna dy bnudaldeuh, tévaht dy bnukéhedina. Tuhha sue dy vunla ad tédniec m’ahhase ! Luna ! >>

Une sphère apparut au dessus de Shikonai et grandit pour atteindre rapidement une taille assez conséquente.

<< Les ténèbres prennent de nombreuses formes, mais quand c’est la lune qu’elles imitent, c’est que l’apocalypse n’est pas loin. >>

Il eut un petit sourire. Il prenait plaisir à la combattre, chose assez rare pour le peu de fois qu’il a mené un duel contre quelqu’un. Mais tout plaisir avait une fin.

La sphère noire fut projetée contre la femme. Le mage noir avait hâte de voir si son coup avait porté ou si une nouvelle ruse allait changer la donne.

Dans tous les cas, il chancela et posa un genoux au sol. Il atteignait sa limite, les spectres s’en allaient alors qu’il haletait. Utiliser Luna alors que les morts le protégeaient consommait une immense part d’énergie.

*Je me suis laissé emporter. Si elle survit, elle gagne la partie…*

Partager son art ne lui plaisait vraiment pas, mais c’était un homme de parole… enfin, il faudrait déjà qu’elle survive au Luna.

- Tu l’auras voulu, je vais te montrer mon art ultime…

Elle n’attendait que ça…
- Uspna ta my miha, due xie ca deahc tanneèna sy sèna. Cunc ta dy lylradda ad jeahc à sue. Duh vemc esbmuna dy bnudaldeuh, tévaht dy bnukéhedina. Tuhha sue dy vunla ad tédniec m’ahhase ! Luna !

- Les ténèbres prennent de nombreuses formes, mais quand c’est la lune qu’elles imitent, c’est que l’apocalypse n’est pas loin.

Il avait reçu sa salve de flèches sans broncher mais la contre attaque ne se fit pas attendre. Dans sa précipitation, Yue s’était elle-même foutue dans un sacré guêpier. La lune elle-même venait lui apporter la mort. D’ailleurs, elle trouvait ça ironique puisque sa maladie était également nommée la maladie des enfants de la lune. Finalement, ses mères n’auront jamais étaient bienveillantes avec elle.
Enfin ce n’était pas le moment de s’apitoyer. La lune grossissait à vue d’œil, il allait la tirer comme un lapin, il lui fallait une solution. Sa capacité à renforcer ses muscles ne lui servait à rien dans ce cas présent, car elle n’avait rien de solide sur quoi s’appuyer. Elle s’imaginait bien tirer le reste de ses flèches sur le côté pour esquiver, mais son arme n’aurait jamais assez de recule. La seule solution qui lui venait alors à l’esprit était surement son dernier espoir… Un aigle, il fallait qu’un aigle vienne s’égarer dans la forêt, passe par là et qu’elle l’attrape. Bien sur dans une forêt, un hibou aurait été plus probable, mais elle serait surement trop lourde pour lui, ou alors il fallait un gros hibou, un grand duc mais un aigle royal se serait mieux.

Hélas, aucun aigle ne vint…et aucun hibou non plus…

Tant pis, elle allait mourir un jour de toute façon alors pourquoi pas aujourd’hui, elle s’était plutôt bien amusée jusqu’à maintenant et elle n’avait pas trop de regrets ou peut être juste un vis-à-vis de Jaffar, elle aurait dû lui coller un pain.

L’attaque fut lancée, sa vie défila devant ses yeux…elle était drôlement vide sa vie, 4 ans dans une famille qui la haïssait, 10 ans dans une forêt à chasser, à apprendre la survie, à partager la vie avec Eristoff, 2mois avec Jaffar, et 5minutes avec un inconnu. En une milliseconde, elle en avait fait le tour. Elle n’avait pas connu l’amour, elle n’avait pas rencontré d’autres Laguzs, elle ne s’était même pas fait d’amies féminines… Elle était trop jeune pour mourir…
Cette réflexion devint une évidence, elle devait vivre encore des jours, des semaines, des années,…Elle voulait vivre longtemps, devenir vieille et gâteuse embêter son mari, car elle voulait se marier, avoir des petits enfants,… ‘Célérité’ lui permettait de voir les choses au ralenti, elle avait encore le temps d’agir et un cerveau pleins d’idées qui fusaient, plus stupides les unes que les autres. Elle pouvait, non, elle devait s’en sortir.

*En plus, Jaffar serait triste sans moi*

Elle choisit la solution la plus réaliste qui lui était venue à l’esprit.
D’un mouvement de main, elle arracha son collant, elle remercia d’ailleurs les entités supérieures de lui avoir fait retirer ses chaussures précédemment, prit une flèche et attacha le morceau de tissus extensible d’un tour de main supersonique à l’extrémité de la flèche. Elle espérait que ce serait assez long. Elle arma son arc et tendit la corde de toutes ses forces, la flèche devait s’enfoncer profondément. Elle devait équilibrer son tir entre la force donnée par son arc, la force de tension qu’exerçait son collant, les frottements de l’air, la résistance de la terre. C’était trop compliqué, elle irait au feeling.
- Que la chance soit avec moi _ dit-elle d’une voix solennelle.

Elle tira vers le sol en se tenant fermement au bout de tissus. La force qu’elle avait déployée fut suffisante pour encrer la flèche dans le sol, le collant était déchiré et distendu, mais il avait tenu bon. Elle se tira sur ce vêtement et accéléra d’un seul coup sa chute. La lune lui roussit le bout des cheveux mais elle l’avait évitée.

*Ouf,… maintenant espérons que je survive à la chute…*

Elle avait tiré avec trop de forces, la gravité ne l’aidait pas, elle s’explosa par terre dans un fracas monumental.

Elle releva la tête et se tourna sur le dos avec un craquement plutôt inquiétant. Elle avait mal. Elle sentait tous ses muscles qui se déchiraient avec une douleur cuisante, son épaule droite était démise, sa cage thoracique lui écrasait les poumons, sa cheville gauche était fêlée, elle avait des ecchymoses sur tout le corps,…Cependant, elle vivait, toutes ces petites souffrances était la preuve que son cœur continuerait à battre.

Elle s’esclaffa d’un rire chaleureux, bruyant et douloureux. Elle ne s’était jamais sentie aussi bien, aussi vivante et pourtant elle se trouvait encore à la lisière entre mort et vie, chaque rire soulevait ses côtes et tirait sur son sternum, mais elle ne pouvait s’arrêter, c’était plus fort qu’elle. Pourtant, elle se sentait légère, heureuse et épuisait d’une bonne fatigue. ‘Célérité’ et sa chute avaient eu raison de ses forces mais surement pas de son morale, c’était dommage qu’elle ne puisse continuer d’ailleurs car elle avait réussit à éviter l’attaque ultime de son adversaire.
Elle tourna sa tête vers lui avec difficulté, il avait un genou à terre et haletait fortement, elle pouvait l’entendre respirer. Ses yeux étaient redevenus aussi noirs que la nuit et il saignait. Elle avait surement gagné. Elle se hissa sur ses avant-bras en dissimulant sa grimace de douleur et s’assit en tailleur. Tous les muscles de son dos se déchirèrent, elle ne pourrait pas se lever, mais elle ne lui dirait pas.
- Je crois que j’ai gagné, non, alors tu m’expliques ?

Parler était douloureux mais elle jouerait son rôle jusqu’à la fin, elle voulait savoir. Elle espérait que son bluffe fonctionnerait et qu’il n’avait plus la force de lui balancer une nouvelle attaque car elle ne pourrait pas l’esquiver...

Il y était. Elle ne pouvait pas échapper à une telle attaque ! Elle était faite comme un...

Tchak !

Une flèche ? Elle tiré une flèche vers le bas et se propulsait au sol au moyen d'un truc tendu... un collant ? Ingénieux...

La lune noire continua sa course puis se dissipa dans l’éther, à bout d'énergie à consommer. Quand à la femme, elle avait attiré dans un craquement sinistre, mais elle riait. Ce genre de rire qu'on ne peut s'empêcher de pousser quand on a frôlé la mort...

Elle parvint à s'assoir en tailleur face à Shikonai.

<< Je crois que j’ai gagné, non, alors tu m’expliques ? >>

L'achever serait si facile si il avait encore de quoi lancer un sort. Ah, quel idiot...

<< J'ai perdu... >>

Il s'arracha les flèches et se fit un garrot à chaque blessure avant de commencer l'explication.

<< La magie noir est un art ancestral. C'est la magie des ténèbres et elle puise sa force dans l'énergie de ceux qui la pratiquent. Mais elle corrompt également lentement leur âme à chaque utilisation. C'est une puissante magie et l'utiliser trop fréquemment peut nous réduire à l'étât de simple marionnette de chaire, manipulé par les ténèbres.

En fait, cet art se sépare en deux catégorie dont une à votre portée : la magie offensive pure. Elle nécessite une puissance magique bien travaillée et se puise dans les tomes de magie. Il sortit son tome flux pour illustrer ses propos. Ca, je ne peux vous l'apprendre car vous êtes déjà trop penché sur les aptitudes physiques. En revanche, je peux vous apprendre l'art passif, destiné à être modelé et modifié par qui l'utilise. Elle puise son énergie dans toute chose. Mon brouillard noir, par exemple, utilise les sentiments des défunts. Quand à la brume blanche, elle est faite à partir des esprits des morts en eux même.

Pour l'utiliser, il suffit de confier une partie de son être aux ténèbres et celui-ci vous prêtera sa force comme vous le souhaitez. Mais n'oubliez pas qu'en échange, vous sacrifiez votre énergie et un peu de votre âme. Par chance, une âme est aussi immense que le monde lui même et le coût est moindre. >>

Il empoigna la flèche qu'il s'était ôté et se concentra dessus. Des flammes noires comme les ténèbres en jaillirent mais ne consumaient pas la flèche.

<< C'est une chose très simple à faire. Il suffit de se focaliser sur la flèche et vouloir en faire jaillir les flammes. Par ma volonté, elle ne brûleront que la chair et non autre chose. N'oubliez pas : laissez les ténèbres s’emparer d'une partie de votre corps. Essayez. >>

Les flammes se dissipèrent et Shikonai regarda la femme en lui jetant la flèche juste devant elle pour qu'elle puisse l'attraper et essayer.

- J'ai perdu...

*Yatta, j’ai réussit !!!*

La joie et le soulagement qu’elle ressentait, étaient bien réels. Son corps s’affaissa de quelques centimètres mais elle regretta rapidement ce relâchement, ses muscles la torturaient dans tous les sens, elle se rendit d’ailleurs compte de la présence de certains dont elle ignorait l’existence. Elle respira à fond, essayant de se décontracter, elle se demandait si elle aurait la force de se hisser à l’ombre des arbres et de récupérer toutes ses flèches. Elle repéra toutes ses flèches, une à une trentaine de mètre, trois près du mage noir, une juste à ses cotés et trois directement dans le corps de son adversaire. Sous ses yeux, il les retira d’un mouvement brusque de sa chair avec une giclée de sang. Ça devait être douloureux…
- La magie noir est un art ancestral. C'est la magie des ténèbres et elle puise sa force dans l'énergie de ceux qui la pratiquent. Mais elle corrompt également lentement leur âme à chaque utilisation. C'est une puissante magie et l'utiliser trop fréquemment peut nous réduire à l'état de simple marionnette de chair, manipulé par les ténèbres. En fait, cet art se sépare en deux catégories dont une à votre portée : la magie offensive pure. Elle nécessite une puissance magique bien travaillée et se puise dans les tomes de magie.

Il sortit un livre de sous sa cape, c’était un véritable pavé.
- Ca, je ne peux vous l'apprendre car vous êtes déjà trop penché sur les aptitudes physiques. En revanche, je peux vous apprendre l'art passif, destiné à être modelé et modifié par qui l'utilise. Elle puise son énergie dans toutes choses. Mon brouillard noir, par exemple, utilise les sentiments des défunts. Quand à la brume blanche, elle est faite à partir des esprits des morts en eux même. Pour l'utiliser, il suffit de confier une partie de son être aux ténèbres et celui-ci vous prêtera sa force comme vous le souhaitez. Mais n'oubliez pas qu'en échange, vous sacrifiez votre énergie et un peu de votre âme. Par chance, une âme est aussi immense que le monde lui-même et le coût est moindre.

il se montrait drôlement bavard, elle n’avait pas pu en placer une depuis le début de la conversation et pourtant ça lui aurait évité d’user autant sa salive. Elle n’avait aucune envie de d’apprendre un art de combat passif, ça ne correspondait pas à son tempérament, elle, elle aimait ce qui était physique, ce qui la faisait transpirer. Cependant, elle n’avait pas la force de lui demander de s’arrêter et puis il était agréable de l’entendre, même-si elle ne comprenait pas tout.

Elle le vit soudain empoigner l’une de ses flèches, elle espérait qu’il ne la briserait pas car elle n’en avait que peu. Soudain, des flammes mordantes s’emparèrent de son arme, des flammes d’un noir profond, c’était beau. Elle regarda le feu danser et onduler au rythme du vent sans pour autant détériorer son amie. Cet art était surnaturel, c’était un phénomène digne de l’orage ou des éclipses solaire.
- C'est une chose très simple à faire. Il suffit de se focaliser sur la flèche et vouloir en faire jaillir les flammes. Par ma volonté, elles ne brûleront que la chair et non autre chose. N'oubliez pas : laissez les ténèbres s’emparer d'une partie de votre corps. Essayez.

Il lui envoya la flèche qu’elle attrapa au vol en se démontant l’épaule et le bras, elle espérait qu’il ne l’ait pas trop remarquée. Elle regarda sa flèche dans tous les sens, à part le sang qui la recouvrait, elle était intacte. Elle se concentra sur ce qu’il avait dit et chercha en elle, la part de ténèbres qui l’habitait. Elle devait lui donner une partie de son âme, mais ne savait même pas comment faire.
Rien que le fait de chercher les ténèbres en elle l’épuisait. Ténèbres, ténèbres, ténèbres, elle ne savait même pas ce que c’était. Elle se gratta la tête dans un pur moment de réflexion, elle ne voyait vraiment pas comment faire. Elle leva les yeux au ciel, et hurla :
- Ténèbres prend une toute petite part de mon âme, mais toute petite hein…et fais du feu qui ne brûle pas…_ rien ne se passa, puis soudain elle pensa_ Mais en faite, c’est débile, pourquoi faire du feu qui ne brûle que de la chair alors que le feu normal brûle le tout, c’est ridicule…

Elle le regarda d’un air interrogateur et rangea sa flèche dans son carquois. Les ténèbres ne l’attiraient pas, elle vivait dedans depuis son enfance mais ne les avait jamais laissé prendre le pas sur elle.
- Je pense que je ne pourrais même pas maitriser cette magie que vous vous proposez de m’enseigner car hélas je ne pense pas pouvoir intéresser vos ténèbres, et je ne pense pas qu’elle m’intéresse non plus. Néanmoins je veux bien en entendre plus de votre histoire et de cette magie, en existe-t-il d’autre, naissons-nous avec ce don ou devons-nous pactiser à chaque fois ? et puis, et puis _ un bruit affreux résonna venant de son estomac_ J’ai la dalle. Ça te dit de discuter autour d’un petit quelques chose à manger ? on parlera en mangeant.

La femme attrapa sa flèche, l'examina dans tous les sens et commença à tenter son coup. Elle se gratta la tête puis elle hurla.

<< Ténèbres prend une toute petite part de mon âme, mais toute petite hein…et fais du feu qui ne brûle pas... Mais en faite, c’est débile, pourquoi faire du feu qui ne brûle que de la chair alors que le feu normal brûle le tout, c’est ridicule… >>

Le mage noir se prit le visage avec sa main et secoua lentement sa tête. Cette femme était vraiment idiote... comment avait-il pu songer une seule seconde qu'elle pouvait peut être apprendre l'art obscur ?

<< Je pense que je ne pourrais même pas maitriser cette magie que vous vous proposez de m’enseigner car hélas je ne pense pas pouvoir intéresser vos ténèbres, et je ne pense pas qu’elle m’intéresse non plus. Néanmoins je veux bien en entendre plus de votre histoire et de cette magie, en existe-t-il d’autre, naissons-nous avec ce don ou devons-nous pactiser à chaque fois ? et puis, et puis... J’ai la dalle. Ça te dit de discuter autour d’un petit quelques chose à manger ? on parlera en mangeant. >>

Shikonai soupira. Ouais, autant laisser tomber et discuter avec elle plutôt que de perdre son temps à tenter de lui enseigner la magie noire.

<< Je suis désolé mais je n'ai rien à manger... pour ce qui est de la magie... eh bien on la regroupe en trois catégories : la magie noire, que vous avez pu affronter, la magie de lumière et la magie élémentaire, qui exploite la force des éléments naturels comme le feu, le vent, la foudre... Chaque magie à son mode de fonctionnement donc je ne pourrais pas vraiment vous parler de la magie blanche et élémentaire car je n'y connais rien.

Certaines personnes, les fils de mages en particulier, naissent avec un grand talent, mais n'importe quelle personne, travaillant sérieusement à la pratiquer, peut devenir mage.

La magie est tout simplement la force de l'âme. En la maîtrisant à la perfection , on peut venir about du plus redoutable tas de muscle que l'on croise sans avoir à agiter dans tous les sens une épée.

C'est à peu près tout ce que je peut vous dire sur la magie sans entrer dans des détails trop techniques. Pour vraiment connaître la magie, il faut la pratiquer ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. >>

Shikonai regarda l'archère puis rampa jusqu'à elle. Elle était vraiment dans un sale état...

<< Ne bougez pas, ça risque de faire atrocement mal, mais c'est pour recoller vos os... >>

Une aura noire enveloppa le corps de la jeune femme et un craquement sinistre se fit entendre dans le corps, comme si on écrasait d'un seul coup une dizaine de bouteilles en plastiques vides. Ceci fait, Shikonai haletait. Soigner cette femme lui avait coûté ses dernières forces.

<< Voila... tâchez de ne pas trop... forcer... pendant une journée... ou deux... >>

Ceci fait, il s'effondra au sol et s'endormit. Pourquoi l'avait-il soigné ? L'humilité de la défaite, sans doute...

Son adversaire semblait complètement blasé devant sa bêtise mais ça la fit sourire. Il semblait bien plus détendu que lors de leur premier contact, il avait presque l’air gentil, elle se sentait à l’aise.
- Je suis désolé mais je n'ai rien à manger... pour ce qui est de la magie... eh bien on la regroupe en trois catégories : la magie noire, que vous avez pu affronter, la magie de lumière et la magie élémentaire, qui exploite la force des éléments naturels comme le feu, le vent, la foudre... Chaque magie à son mode de fonctionnement donc je ne pourrais pas vraiment vous parler de la magie blanche et élémentaire car je n'y connais rien.

Magie de lumière, ça ne l’intéressait pas, tout ce qui était lumineux, était agressif pour sa peau et ses yeux sensibles, par contre un magicien élémentaire, ça, ça la botterait d’en rencontrer un. Pouvoir dompter Mère Nature, il fallait vraiment avoir une volonté et un tempérament d’acier.
- Certaines personnes, les fils de mages en particulier, naissent avec un grand talent, mais n'importe quelle personne, travaillant sérieusement à la pratiquer, peut devenir mage.

Elle devait s’avouer que c’était très tentant, apprendre la magie, manipuler le vent, le feu,… Cependant, même si elle voulait absolument trouver quelqu’un de ce profil, elle ne souhaitait pas en devenir une elle-même, car elle était trop attachée à son arc et à la simplicité des efforts physiques.
- La magie est tout simplement la force de l'âme. En la maîtrisant à la perfection, on peut venir à bout du plus redoutable tas de muscles que l'on croise sans avoir à agiter dans tous les sens une épée.
C'est à peu près tout ce que je peux vous dire sur la magie sans entrer dans des détails trop techniques. Pour vraiment connaître la magie, il faut la pratiquer ne serait-ce qu'une fois dans sa vie.

Yue le regardait avec un air béat, la magie était un art fabuleux, néanmoins elle doutait de sa défaite contre l’un de ses mages, quelque soit le type, car ce qu’elle avait remarqué dans son combat, c’était que si elle avait voulut en finir vite, elle aurait utilisé ‘Célérité’ directement et via une flèche, elle aurait embroché le mage noir à bout portant. Leur gros point faible était la lenteur de leurs attaques. M’enfin, elle se voyait mal affronter un mage de lumière, elle détestait cette dernière…
- Ne bougez pas, ça risque de faire atrocement mal, mais c'est pour recoller vos os...

Elle s’était complètement perdue dans ses pensée et ne l’avait pas vu arriver près d’elle, s’il n’avait pas parlé et qu’il ne l’avait pas prévenue, elle aurait surement crié jusqu’à la mort, tellement la douleur était intense. Elle pensa qu’il allait l’achever mais non, aussi atroce que fut le bruit et la sensation, cela ne sonnait pas son trépas mais sa guérison. Elle sentit ses muscles re-synthétiser leurs fibres à une vitesse supranormal, ses os brisés se ressoudèrent, son sang arrêta de se répandre sur le sol, une douce chaleur s’empara de son corps. Elle guérissait, non, elle était guérie.
- Voila... tâchez de ne pas trop... forcer... pendant une journée... ou deux...

Ce fut ses dernières paroles avant de s’effondrer pitoyablement au sol, il avait donné le reste de sa magie pour la soigner, c’était un homme bon.

Ce fut comme une révélation pour Yue, en chaque Homme, même les plus sinistres, il y avait une part de bonté, Elle se releva testant son corps fraîchement rénové et alla chercher toutes ses flèches au pas de course, ignorant le dernier avertissement du mage, elle y tenait particulièrement. Puis elle retourna auprès du mage noir, elle ne lui avait même pas demandé son nom. Il était allongé haletant mais en vie, elle le souleva et le prit dans ses bras. Il était vraiment léger pour un homme, et pourtant il avait de gros bouquins pour l’alourdir. Elle l’emmena plus profondément dans la forêt, à l’abri des rayons de l’aube qui se lèveraient d’ici quelques heures, puis le déposa au pied d’un grand chêne bien fournit en feuilles.
Il l’avait soignée, toute l’énergie dont elle regorgeait en était la preuve, elle devait payer sa dette par ses propres moyens. Elle ne possédait pas sa magie mais elle avait à sa disposition toutes ses connaissances de la forêt et des remèdes miracles via ses éléments. Eristoff lui avait enseignée plus que les rudiments en matière de poison mais également en matière de médicaments, elle le soignerait grâce à ses connaissances de ces derniers.

Elle possédait déjà sur elle du ginseng pour la fatigue, cette plante avait un très bon goût pour ses petits plats. Il lui fallait maintenant trouver de la camomille vraie, pour cicatriser et désinfecter, de la citronnelle pour calmer son corps et ses muscles, du cynorhodon d’églantier pour lui redonner la pêche,… la décoction qu’elle lui ferait, allait avoir un goût affreux, elle prendrait surement quelques fruits pour améliorer ça.

Une heure plus tard, elle revint avec ce qu’elle avait pu trouver, elle alluma un feu et fit cuire ses condiments. Le mage dormait toujours d’un sommeil agité, elle soulagerait ses plaies et partirait avant l’aube qui arrivait maintenant à grand pas. Doucement, elle retira la cape du Beorc et découvrit un corps pâle et imberbe couvert de sang coagulé, ses flèches avait transpercées le corps frêle de part en part. Elle nettoya les plaies et appliqua une bouilli faite de camomilles puis, avec l’un de ses bandages elle enveloppa le torse du jeune homme, car il était jeune elle le remarquait désormais, en serrant fermement le pansement pour éviter toutes nouvelles pertes. Il gémit dans son sommeil, elle le serra dans ses bras. Malgré son jeune âge Yue avait l’instinct d’une mère parfois, elle devait protéger et aider ses semblables, du moins quand elle n’était pas énervé et ne voulait pas casser la tête à tout ce qui bougeait. Lorsqu’il se calma, elle lui fit prendre de la citronnelle en infusion pour détendre son corps et son esprit. Cependant, le patient était quelque peu récalcitrant à prendre ses médicament et en mettait la moitié à coté. Dans des cas comme celui-ci, elle ne voyait qu’une solution elle prit le liquide chaud dans sa bouche et le déversa directement dans celle du Beorc endormi. Elle y alla doucement pour éviter qu’il ne s’étouffe et recommença autant de fois qu’il le fallu pour qu’il ingère tous les produits qu’elle lui avait préparé. Si Jaffar l’avait vue, il aurait surement été choqué par un tel manque de pudeur et une telle familiarité mais pour elle c’était tout à fait naturel, les oiseaux le faisaient bien pour leur petit, alors pourquoi pas elle pour son sauveur.

Lorsqu’elle eut fini, elle posa la tête du mage sur l’herbe fraîche et le recouvrit de sa cape et de terre, ça lui tiendrait chaud jusqu’à ce qu’il reprenne conscience. Elle ouvrit son bouquin et y laissa un mot qu’elle écrivit avec de la terre humide :

Merci pour ce moment de pur plaisir, je me suis bien amusée et j’espère que l’on se reverra dans un autre contexte. Je suis obligée de vous laisser mais sachez que vous avez mon entière gratitude pour les soins et les explications que vous m’avez fournie. Au revoir M. le mage noir et à bientôt,

Yue

Ps : désolé d’avoir salit vos vêtements et votre livre.*

Elle referma le bouquin et disparut dans les ténèbres de la forêt. Le jour se leva sur le visage du Beorc, elle n’était plus là.

L'aube pointait ses rayons à travers le mur de feuilles au dessus de sa tête. Le mage noir entrouvrit les yeux. Il sentait un truc serré contre son torse et avait un goût bizarre dans la bouche, comme si on lui avait fait avalé diverses choses de saveur totalement différentes les unes des autres. Et enfin, ses affaires étaient déposées par terre.

Bon, première chose : s'observer. Son corps était enveloppé dans un bandage bien serré. Il n'a pas été empoisonné, sans quoi il serait déjà mort. Et enfin, ses blessures ont été soignées.

Deuxième chose, regarder s'il manque rien. Son tome flux était la, ainsi que le tome luna. En feuilletant rapidement les deux bouquins pour voir si une page n'a pas été déchirée, il remarqua un mot écrit à la boue sur la couverture intérieure du Luna :

Merci pour ce moment de pur plaisir, je me suis bien amusée et j’espère que l’on se reverra dans un autre contexte. Je suis obligée de vous laisser mais sachez que vous avez mon entière gratitude pour les soins et les explications que vous m’avez fournie. Au revoir M. le mage noir et à bientôt,

Yue

Ps : désolé d’avoir salit vos vêtements et votre livre.

Il était vrai que sa cape était désormais trouée par les flèches et les deux livres imbibés de son snag, mais qu'importe, ils en avaient vu d'autres.

Bon, maintenant tout était clair : Yue l'avait soigné avant de s'en aller. Par contre, il ne comprenait pas comment elle avait fait pour lui administrer ses étranges breuvages au goût un peu désagréable. Il se connaissait : il refusait d'ingurgiter quoi que ce soit dans son sommeil, en tout cas selon quelques guérisseurs qui l'ont tiré de quelque mauvais pas avant de se faire remercier à sa manière...

Enfin, peu importait : il était debout, plus ou moins intact et en pleine forme. Le mage noir ramassa ses affaires et se remit en route.

Yue... cette femme était un peu idiote, mais malgré tout gentille. Voilà une rencontre qu'il n'allait pas oublier... enfin, il faudra bien se montrer beaucoup moins tendre à leur prochaine rencontre, il devait rester fidèle à la déesse avant tout...

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