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 A en mordre la Poussière ~ Nc -16

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❝ Invité ❞



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MessageSujet: A en mordre la Poussière ~ Nc -16   A en mordre la Poussière ~ Nc -16 I_icon_minitimeMar 3 Mai - 18:46



    Hélène frissonne. Le jeune homme à ses côtés dans le lit dépose gentiment un baiser entre ses omoplates. Allongée sur le ventre, elle reprend doucement son souffle, un sourire aux lèvres. Quelle quiétude, quelle douceur ! Celui-ci a été bien gentil, tendre, ne s’est pas pressé. Le plaisir a envahi la jeune femme lentement, mais sûrement. Et elle s’est soudain envolée, aussi calmement qu’un pégase prenant son envol. Il a bien fait son affaire ; ils doivent se ressembler un peu. Comme ça, en le regardant, on dirait un ange aimable : pas bien grand, la dépassant à peine, avec un visage mutin et rieur, de grands yeux bleus et des cheveux dorés. Il paraît tout candide alors qu’il n’en est rien. Ils se sont rencontrés à un bal où Hélène s’est rendue pour tuer l’ennui de son congé. Ils ont dansé, se sont courtisés gentiment, et puis finalement la jeune femme l’a invité chez elle.
    Léandre, son frère, n’a pas pris la peine de les accueillir en les entendant arriver. Il est habitué aux amants de sa sœur à présent. Par le passé, il a montré beaucoup de véhémence face au comportement de la jeune femme, mais il a finalement compris qu’elle ne faisait pas cela par dévergondage, mais seulement par plaisir très simple. Et très curieusement, peut-être aussi par partage. Mais quoi qu’il en soit, il a ignoré l’invité surprise, préférant les laisser tranquilles. Ils sont bien vite montés dans la chambre.

    Hélène frissonne une seconde fois. Le jeune homme la regarde d’un air inquiet ; elle sourit. Elle a toujours un peu froid, après. Mais elle ressent ce froid comme un délice, une petite bête qui la gratterait de la tête aux pieds, par malice. Elle se tourne vers lui, et pince une de ses joues, par simple caprice enfantin. Le jeune homme étouffe un rire, et colle ses lèvres contre les siennes.
    Cette nuit-là, ils font l’amour trois fois.
    Le lendemain matin, il est parti. Hélène se réveille, voit le lit vide, pas de mot, aucune trace, aucun bruit. Elle éclate de rire. Oui, il lui ressemble beaucoup. Elle se souvient juste de son prénom : Asto. Le prénom est étrange. Pas désagréable à l’oreille, mais peu usité. Elle ne lui a rien demandé. Ni son âge, ni sa profession, ni s’ils pourraient se revoir. Et lui non plus, d’ailleurs. De toute manière, elle n’en a vraiment cure. Si elle fait cela à ses amants, pourquoi ses amants ne lui rendraient-ils pas la pareille ?
    Elle s’agite dans les couvertures. Ses reins se creusent alors qu’elle s’étire doucement, et la détente soudaine de son corps lui arrache un petit grognement. Elle ouvre ses grands yeux noisette, et, vêtue du plus simple appareil, va ouvrir les longs rideaux de sa fenêtre. Elle donne sur la cour intérieur, aussi n’y a-t-il aucune chance pour que quelqu’un l’aperçoive. Elle ouvre la vitre ; il fait encore très nuit, et une brise fraîche l’enveloppe. Ses dents s’entrechoquent, et elle préfère battre en retraite. Elle part faire sa toilette, et revêt son uniforme de soldate. A son arrivée dans la cuisine, elle croise son frère, qui ne fait pas de commentaire quant à l’absence d’Asto. Car aujourd’hui est un jour spécial. Aujourd’hui, très exceptionnellement, Hélène part en mission avec son frère.

    Léandre a beau être chef de la famille Vincade, il doit, en sa qualité de bretteur, parfois honorer ses devoirs envers la Reine et accepter des missions plus subtiles ou dangereuses. Une fois n’est pas coutume, on a ordonné à Léandre de choisir un cavalier ailé en qui il a confiance pour effectuer la mission, qui demande de l’efficacité, et peut-être un moyen sûr de fuir. Léandre a choisi sa sœur, contre toute attente. Chacun sait la qualité d’Hélène en tant que chevalière pégase, mais personne n’a songé que son propre frère n’hésiterait pas à la mettre en danger.
    Hélène regarde Léandre boire son café d’un air posé. Les cheveux noirs et luisants de son frère tombent sur ses épaules, défaits. Il a les traits légèrement tirés par l’anxiété, et son épée est déjà attachée à sa ceinture. La jeune femme se sert un grand bol de café et s’assoit à côté de Léandre. Il ne pipe mot. Elle termine sa gorgée, pose son bol, et caresse la joue de son frère d’une main gantée.


    « Léandre, si tu n’as pas envie que je vienne, dis-le moi. On peut toujours trouver quelqu’un d’autre. »

    Son aîné secoue la tête.

    « Non, c’est pas ça. C’est que… S’il nous arrive quelque chose ? Que vont devenir mère ? Et Mélina ? Je ne peux pas la laisser seule… »
    « Mais on ne peut pas l’emmener non plus. Et puis, tu ne m’as encore rien dit sur cette mission. Qu’a-t-elle de si dangereux, pour que tu aies si peur d’un accident ? »
    « Les Poussières… »

    Hélène ne comprend pas sur le moment. Léandre soupire doucement. Quelque chose reste bloqué dans sa gorge, le café ne passe pas. Il reprend calmement son souffle, et parvient à parler un peu plus fort à sa petite sœur, avec sa voix grave et douce.
    « Les Poussières sont un groupe de bandits itinérants, ce sont eux qui nous ont attaqués, Léone et moi, il y a quelques années. Nous étions alors en territoire Laguz, et ils ont profité d’une attaque de corbeaux pour fondre aussi sur nous. Ils ont franchi la frontière de Criméa. Il faut les repousser absolument, mais la Reine est en manque de troupes. Elle m’a donc demandé ce service, puisque je les ai déjà affrontés, et que je connais leurs combines. »
    Le silence devient pesant. Léandre parlait de ce fameux voyage où ils étaient revenus après une embuscade. Léone, son jumeau, avait succombé à ses blessures. Et maintenant, la Reine n’avait pas d’autre choix que d’enfoncer le couteau dans la plaie encore à vif, pour protéger son pays. Hélène comprend d’un coup la raison pour laquelle Léandre n’a pas choisi quelqu’un de plus fort ou expérimenté qu’elle. Son frère a besoin d’un soutien psychologique durant toute la mission. Hélène est la seule à pouvoir lui apporter. Son épouse, Mélina, ne doit pas être impliquée. Elle porte un enfant. Il naîtra bientôt.

    Hélène secoue doucement la tête, et termine son bol de café. La boisson amère laisse son goût caractéristique dans sa bouche. Son esprit devient plus clair. Elle finit par se relever. Il faut partir maintenant. Elle s’approche de son frère, et le pousse à se relever. Il se laisse faire mollement. Elle prend ses joues alors qu’il lui fait face, lui fait baisser la tête, et l’embrasse doucement sur le front.

    « Tu es mon gentil grand frère. Tout va bien se passer, tu verras. »

    Ils vont dans la salle d’armes et s’équipent. Hélène est consciente que de nombreux bandits seront manieurs de hache. Elle sera désavantagée. Elle songe un instant à prendre avec elle un brise hache. Mais ce serait abandonner son idée première d’utiliser un javelot ainsi que sa lance personnelle.
    « Léandre, ce serait plus sage que je prenne un brise hache… Non ? »
    « Si tu es capable de porter deux lances, oui, ce serait bien mieux. »
    Comme il ne rajoute rien, Hélène hausse les épaules et suit son conseil. Puis elle sort de la pièce et va seller son pégase. Lorsqu’elle arrive au niveau de l’animal, elle soupire en lui flattant l’encolure.
    « Et ben mon gros, ça risque d’être joyeux. »

    Le pégase hennit doucement, et frotte sa tête contre la joue de sa maîtresse. Il aimerait pouvoir lui dire que tout va bien se passer ; mais il ne peut l’encourager qu’avec ses manières animales et muettes. Hélène comprend. Et elle apprécie.
    « Oui, je sais Liam. Ça va aller. On va rentrer entiers. »
    Elle colle une grosse bise sur le front du cheval ailé, puis attend patiemment que Léandre finisse de se préparer. Celui-ci finit par sortir au bout de sept ou huit minutes, revêtu de sa tenue de bretteur, constituée d’une tunique bleu foncé assez longue et fendue sur les côtés des jambes pour lui permettre un mouvement efficace, un pantalon noir serré sur lequel il a enfilé des chausses de cuir foncé confortables, et enfin un ruban rouge et fin attachant ses longs cheveux noirs pour ne pas retomber sur ses yeux. Il attache sa longue épée à lame d’argent à son côté droit – Léandre est gaucher-, puis il commence à se retourner doucement de la maisonnée, lorsqu’une tornade rousse lui tombe dans les bras en ouvrant la pauvre porte d’un énergique coup de hanche. Mélina enfouit sa tête dans le cou de son époux.

    « Vous alliez partir sans me réveiller, hein ! Oh Léandre, prends soin de toi, prends soin d’Hélène ! Revenez tous les deux saufs, je vous en prie. Peu importe le degré de blessures, revenez vivants, que je puisse vous soigner et vous choyer. »

    Léandre lui répond quelque chose à voix basse. Hélène ne cherche pas à comprendre. Elle attend la fin de leur longue étreinte en observant placidement le soleil se lever. Puis, elle va embrasser son adorable belle-sœur, qui lui souhaite bon courage les larmes aux yeux. Mélina est enceinte de trois mois, et sa grossesse la rend plus douce et sensible encor qu’à l’accoutumée. Hélène lui prend les deux mains –ses mains blanches et habiles de magicienne- dans les siennes, et lui promet qu’ils reviendront. Mélina sourit à travers ses larmes, et les laisse partir. Ils prennent place sur Liam, qui souffle un peu mais s’envole tout de même, vers l’Est, le soleil encore naissant les baignant d’une clarté rose et pâle. Mélina agite les mains jusqu’à ce qu’ils disparaissent derrière l’enceinte de la ville.
    Le voyage se fait sans bruit aucun. Le vent claque à leurs oreilles, et seuls quelques hennissements de Liam qui peine sous l’effort de porter deux cavaliers crèvent le silence de temps à autres.


    « On arrivera d’ici un quart d’heures. Je vais te briefer. »
    La voix douce et grave de son frère fait sursauter la jeune femme, mais elle se tait et attend patiemment les instructions, en bonne soldate bien obéissante.
    « Aux dernières nouvelles, qui datent de quelques mois déjà, Les Poussières sont une bande de quinze, surtout des combattants et des bandits. Ils doivent avoir quelques rôdeurs, et un ou deux archers. Pas de Laguz. Tu feras quand même attention aux archers. Je les attaquerai en priorité, tu t’occuperas des rôdeurs. Ce sera la partie la plus délicate, car il faudra que tu fasses attention aux flèches et aux haches qui s’abattront sur toi. Attends mon signal avant de te montrer. Le plus important est que Liam ne soit pas blessé. S’ils appellent des renforts nous n’auront pas d’autre choix que celui de fuir, et il faudra que ton pégase soit prêt physiquement à le faire. »
    Comme il ne rajoute rien d’autre, Hélène hoche la tête et commence à entamer la descente. Derrière elle, Léandre inspire pour reprendre la parole.
    « Au fait, il va y avoir … »
    Il n’a pas l’occasion de terminer sa phrase. Quelque chose siffle près d’eux d’un coup. Liam hennit de terreur.


    « ARCHER !!! »

    Hélène s’écrase contre le cou de sa monture, et plisse les yeux pour mieux le guider, lui permettre d’éviter les flèches. A gauche, à droite… Elles fusent. Les traits sont précis. Hélène joue des pieds et des mains pour que Liam les évite toutes. Léandre s’accroche de toutes ses forces à la taille de sa petite sœur, qui commence à être envahie de terreur. Son frère s’est-il trompé ? Sont-ils déjà au-dessus du camp des bandits ? Le sol se rapproche de plus en plus vite. Hélène n’a d’autre choix que de foncer vers l’archer pour l’éliminer au plus vite, mais en faisant cela elle les met tous en très grand danger ; ils ne constituent qu’une cible plus facile pour un archer habile.
    Soudain, une flèche, tirée plus précisément encore que les autres, fonce droit vers la tête du cheval. Hélène lâche les rênes, empoigne le cou de l’animal, et pirouette autour, fauchant au passage de sa jambe gauche le trait mortel qui fondait vers le pauvre Liam. Elle ne parvient pas à retourner sur la selle ; seule, elle n’aurait eu aucun problème, mais Léandre la gène dans ses mouvements. Elle s’accroche au cou puissant, l’entourant de ses deux bras levés, et fait face à la forêt, les jambes battant dans le vide. Léandre prend les rênes et guide Liam vers l’archer. Le pégase est essoufflé, mais il vole le plus rapidement possible. Le sol se rapproche encore. A un moment, lorsqu’il est suffisamment proche, Hélène, ayant trop mal aux bras, lâche tout. Elle tombe dans les arbres feuillus, et parvient à se rattraper à la branche de l’un d’entre eux. Elle atterrit lourdement sur l’humus encore humide de la rosée du matin, puis elle empoigne sa lance attachée dans son dos. L’homme est là-bas, un arc immense et magnifique en main. N’essayant pas de raisonner, elle fonce vers lui. Il ne l’entend arriver que trop tard. Elle saute, le renverse d’un coup de pied, et s’écroule sur lui les genoux en avant. Levant sa lance, elle s’apprête à frapper le cœur.


    « Hélène ! »
    La voix, calme et amusée, légèrement grave, la paralyse. D’un revers de sa main libre, elle balaie les cheveux dorés du visage de son adversaire.
    « Asto… »
    Le regard bleu et rieur du jeune homme étincelle. Hélène s’écarte d’un coup, faisant tomber sa lance de stupeur. Elle se reprend, la ramasse bien vite, et lui fait face en position défensive. Asto éclate de rire et se relève, lâchant son arc qui tombe en tintant sur le sol. Il va même jusqu’à détacher le carquois accroché dans son dos. Il lui fait face et lève les mains. Hélène reste méfiante.
    « Qu’est-ce que vous faîtes ici ? Pourquoi nous avez-vous attaqués ? »
    « Je vous attendais. Vous êtes tous les deux en avance, j’ai donc préféré faire un petit test de bienvenue. »
    Hélène s’étrangle. Elle fronce le bout de son nez.
    « Un test de… »
    Une branche craque derrière elle. Elle se retourne vivement, et aperçoit son frère et son pégase. Ils sont indemnes. Le soulagement qu’elle éprouve lui arrache un long soupir. Léandre lève un sourcil à la vue du jeune homme blond.
    « Et bien, si j’avais su que c’était toi l’invité impromptu d’hier soir, je t’aurais proposé que nous partions ensemble ce matin. La nuit t’a été agréable, j’espère ? »
    Hélène se mordille la lèvre inférieure alors qu’elle décortique les sous-entendus de son frère. Asto, lui, éclate d’un grand rire.
    « Oh non, je voulais vous faire la surprise ! Mais je dois t’avouer que je n’ai compris qu’en arrivant chez toi hier l’identité de la jeune femme que j’accompagnais. Alors j’ai préféré attendre un peu ; on m’avait demandé de tester le chevalier pégase, sans m’apprendre qui tu avais choisi. On ne peut pas prendre de risques. Leur campement n’est pas très loin. »

    Hélène tente de mettre toutes les informations dans le bon ordre, mais elles s’entrechoquent vilainement dans sa tête. Elle respire un bon coup, tapote la tête que Liam a posée sur son épaule, et s’écrie joyeusement :
    « Bon, si je récapitule, Asto, nous nous sommes rencontrés hier par aventure, mais vous deviez de toute manière nous aider dans cette mission ? La Reine vous l’a demandé ? »
    Léandre sourit et répond à la place du jeune homme blond.
    « Pas tout à fait. La Reine m’a prévenu avant-hier que je pouvais choisir un autre camarade pour cette mission. Après la mort… De Léone, j’ai continué à faire mes armes avec Asto, un ami qui était archer depuis quelques temps et commençait à gagner en expérience. Nous avons changé de classe ensemble. En fait, cela fait longtemps que nous nous connaissons. Au moins six ou sept ans. Mais il a toujours refusé venir dîner, maintenant je pense comprendre pourquoi. » , conclut-il en jetant un regard en coin à Asto, puis en revenant vers Hélène. Le sourire de l’archer s’élargit.
    « Ah oui, j’avais la réputation d’être un grand coureur de jupons, alors les jumeaux m’avaient mis en garde de ne pas toucher à leur précieuse petite sœur ! Quel dommage que je ne vous aie pas reconnue hier soir, je me serais bien gardé d’engager la conversation. »

    Léandre lève les yeux au ciel, ne laissant aucun doute sur sa pensée actuelle : il ne porte aucune foi dans la dernière phrase de son ami. Mais, lui-même ne se serait jamais douté que sa petite sœur décide de vivre légèrement avant de se trouver un mari. Il passe donc outre cette dernière remarque.
    Asto toussote, prenant un air plus sérieux.

    « Bon, fini les retrouvailles, passons au vif du sujet. Je vous ai donc attaqués en prenant garde de tirer des flèches telles que vous seriez capable de les arrêter, même de justesse, Hélène. Si j’avais été sérieux, vous seriez morts dès les premiers traits. »
    Hélène déglutit. Elle a encore du chemin à faire avant de devenir une deuxième classe. L’archer d’élite ne ment pas. Il a la dextérité nécessaire pour les canarder quand il le souhaite. Elle est bien contente de ne pas l’avoir pour ennemi. Elle se contente de lui sourire pour toute réponse, un peu dépassée. Il lui sourit en retour, puis se tourne vers Léandre.
    « On ne devrait pas attendre. Etrangement, c’est durant la nuit qu’ils sont le plus vigilant. Préparons notre plan d’attaque ; je suis arrivé avant vous, j’ai eu le temps de les observer. »
    « Et je peux savoir, mon cher ami, comment tu as fais pour arriver avant nous, à pieds, alors que nous chevauchions à dos de pégase ? »commente Léandre, amusé par le soudain sérieux de son ami.
    « Mais bien sûr. Je suis parti sans réveiller personne (et quelles précautions j’ai du prendre !), puis je suis allé seller un cheval que m’a gracieusement prêté un ami à moi. Je l’utilise parfois pour les grandes distances. Et comme j’étais seul sur ma monture, je suis arrivé avant vous. Satisfait ? », conclut-il avec un brillant sourire.
    Hélène ne peut s’empêcher de pouffer un peu. Elle est contente de voir son frère bien s’entendre avec un ami. Bon, après, il est un peu gênant de se remémorer la nuit passée dans ces conditions, mais il faut juste ne pas trop y penser ? Et puis, cet homme est vraiment charmant.


    « Alors, je vous dessine ça… Ils sont installés dans la clairière. Ils sont cinquante-et-un en tout. huit archers, vingt-trois combattants, six voleurs et treize rôdeurs. La priorité reste bien évidemment les archers, que nous tenteront de surprendre. Il faudra qu’Hélène reste en priorité sur les manieurs d’épées… Oh ! C’est quoi, un brise-hache ? Bon, bien. C’est d’autant mieux pour nos affaires ; j’avais un peu peur que nous devrions vous mettre à l’écart… »

    Parfois, Léandre lui coupe la parole pour lui poser des questions diverses. Ils commentent la stratégie. Hélène risque quelques rares interventions, mais se rend vite compte que les deux hommes l’écoutent à peine, tant ils sont concentrés. Au début, elle se sent légèrement vexée. Elle aussi connaît bien la stratégie des combats, elle n’est pas une débutante. Mais elle doit se rendre à l’évidence ; ils font cela pour que tout le monde rentre sain et sauf. Il n’empêche que c’est un peu embêtant. Elle reste calmement à les regarder et les écouter, analysant soigneusement les consignes et les schémas dessinés puis effacés à l’aide d’une pointe de flèche sur le sol meuble du sous-bois. Puis, finalement, ils sont décidés. Hélène ajuste la selle de Liam, puis vérifie le tranchant de ses armes. Léandre s’échauffe et exécute quelques passes compliquées et d’une finesse remarquable. Asto, quant à lui, vérifie que ses flèches sont empennées correctement. Il en ajuste quelques unes pour être certain qu’elles fileront bien.
    Finalement, tout le monde est fin prêt. Chacun ressert les lanières de ses pièces d’armure. Puis, alors qu’ils vont partir, Hélène s’arrête d’un coup, et ouvre les bras. Les deux hommes la regardent, au début sans comprendre. Un doux sourire éclaire le visage de la jeune femme.


    « Venez, que l’on se donne du courage. »
    Léandre est le premier à sourire et aller prendre sa petite sœur dans ses bras. Asto le suit bientôt, et ils restent quelques instants tous les trois, enlacés, sans rien dire. Se pressant parfois à peine l’épaule, sentant la chaleur émanant des autres. La tension monte par palier. Hélène inspire profondément une ou deux fois. Elle sert les dents. Cinquante… Elle n’a jamais fait autant. Elle entend Asto soupirer un instant. Puis, il chuchote doucement.
    « Leur chef… Il est de seconde classe. Un barbare. Léandre devrait pouvoir s’en occuper, mais… Faîtes attention à lui. Il est dangereux. »
    Ils restent encore un instant silencieux, puis s’éloignent les uns des autres. Hélène grimpe sur son pégase, qui s’ébroue doucement. Elle lui tapote le cou, puis tire les rênes afin qu’il s’envole. Son frère et Asto disparaissent derrière les arbres. L’archer lui fait un signe de main. Elle vole vers le nord-est. Ils arriveront tous en même temps.
    Elle ferme les yeux. Sa nuque la picote un peu ; elle souffle profondément à plusieurs reprises. Ne pas avoir peur. Tout va bien se passer. Elle embrasse la crinière du pégase.

    « Et bien, Liam, on va pouvoir s’entraîner au piqué… Il va falloir être prudent avec toutes ces flèches. »Elle ouvre les yeux, et serre les jambes autour de sa monture. Liam commence une vertigineuse descente, à toute vitesse. Il rase la cime des arbres, pour éviter de se faire remarquer trop vite. Hélène prépare sa lance, qu’elle tient en avant, la pointe un mètre devant le cheval ailé. Elle serre les dents. Le camp est dans son champ de vision. Il est grand. Elle aperçoit un archer. Elle chuchote sa cible au pégase, qui vire légèrement, et pique vers l’ennemi.

    Certains la voient arriver juste avant son attaque, mais ne sont pas assez vifs pour sauver leur camarade, qui prend violemment la lance dans le cou. Hélène dégage la pointe d’un coup sec, et se s’envole à nouveau. Du sang rouge tâche la pointe d’argent de son arme. Elle fronce les sourcils, et fait effectuer un demi-tour serré à sa monture pour une seconde charge. En bas, le camp est en branle bas de combat ; l’alerte est sonnée.


    « Des intrus !!
    - Aux armes !!
    - Attaquez la cavalière volante !!
    - Là-bas, il y en a deux !! »


    Hélène fonce vers le dernier ayant parlé, un rôdeur, qui a la poitrine transpercée de part en part grâce à la lance. Il s’accroche, dans un soubresaut, au manche sombre. Hélène grince des dents, et lance son pied dans le torse de l’homme pour le rejeter à terre et récupérer son arme. Mais deux autres hommes l’entourent. Liam peine à s’envoler à nouveau. La chevalière effectue, d’un coup, un moulinet avec son arme et fauche deux têtes. C’était un coup chance, mais il était bienvenu. Puis, elle parvient à décoller. Des flèches sifflent à ses oreilles, et elle tente de les briser au mieux pour éviter toute blessure à son compagnon animal.
    Elle baisse les yeux vers un archer, monté sur un promontoire, qui la vise avec soin. Elle ouvre la bouche. Aucun son n’en sort. Rien. Elle aimerait crier, appeler ses camarades au secours. L’homme a un sourire mesquin alors qu’il bande son arc. Alors qu’il va lâcher la flèche, quelque chose siffle à toute vitesse et lui traverse la tête en perçant d’abord un tympan ; il s’écroule, sans vie.
    Hélène regarde autour d’elle ; Asto lui fait un petit signe de tête. Il tend à nouveau sa corde ; l’arc chante, et une flèche vient cueillir un autre archer. De son côté, Léandre fait bon ménage avec les combattants, qui ne parviennent pas à suivre la danse délicate du bretteur avec leurs haches lourdes et massives.
    Hélène lance à nouveau son pégase à l’attaque. Elle renverse un groupe de quelques rôdeurs, pour parvenir à embrocher un des autres archers. Mais les hommes se relèvent, et l’entourent. Liam n’a pas la place de s’envoler. Il se dresse sur ses pattes arrières, et assène un coup mortel à l’un des hommes sur la tempe à l’aide de son sabot. Puis, Hélène descend de selle, empoigne sa lance et la fait tournoyer autour d’elle. Les hommes reculent d’un pas, puis rient grassement avant de s’avancer. Quoi, une pauvre petite chevalière pégase.
    Ni une ni deux, elle s’élance dans la mêlée. Plissant les yeux, concentrée, elle virevolte et use de sa lance comme d’une plume, danse avec et cherche les points faibles des armures de ses adversaires. Elle se démène, c’est certain. Mais jamais elle ne s’éloigne à plus d’un mètre de Liam, qui hennit comme s’il avait la Mort à ses trousses. Le pégase rue puissamment, et éjecte quelques opposants. Hélène parvient finalement à abattre le dernier d’un coup ascendant dans le menton. La lame s’enfonce avec un bruit mat ; un gargouillis émane des profondeurs de la gorge de l’homme, puis il s’affaisse, les yeux dans le vague. La jeune femme remonte sur le pégase, et prend de la hauteur pour observer le terrain. Ses compagnons semblent se débrouiller aussi.
    Soudain, elle avise trois des voleurs s’apprêtant à attaquer son frère par derrière.


    « Lâches !!! »

    Léandre a tout juste le temps de se retourner et d’éviter les coups. Hélène assène aux trois voleurs un grand coup de lance pour les faire tomber. Elle ouvre le ventre de l’un d’entre eux, et éjecte les deux autres par terre ; Léandre se charge de les achever.
    Les archers sont tous morts. Asto s’en est chargé avec brio. Elle retourne à sa monture lorsque…


    « HELENE !!! »

    Elle voit son frère courir vers elle. Asto encocher une flèche plus vite qu’elle n’a jamais vu un archer le faire. Liam a un sursaut de stress. Et puis, une grande douleur, à la base de sa nuque.
    Le noir.


    Elle ouvre un œil. Un second. Elle tente de porter la main à l’arrière de son cou ; ses bras sont liés. Elle a mal. Elle baisse les yeux. Elle n’a plus son armure. Elle n’a plus sa tunique, d’ailleurs. En fait, elle n’a plus rien sur le dos. Ses affaires sont éparpillées dans la tente. Une tente ? Que s’est-il passé ? Il fait noir dehors. A-t-elle été inconsciente toute la journée ? Et le combat ? Et Léandre, Asto ? Comment vont-ils ?
    Alors qu’elle commence à s’agiter, le pan de tissu servant d’entrée à la tente est soulevé, et un homme, immense, entre. Il est vêtu assez sobrement, dans les tons bruns, et arbore une longue chevelure auburn. Une épaisse barbe lui mange le menton et les joues. Une hache gigantesque dont le fil semble aiguisé au possible est accrochée dans son dos. Il s’arrête devant elle, et part dans un grand rire. Sa voix est tonitruante et rauque.


    « Voilà une bien belle demoiselle ! Je n’ai pas pu m’empêcher de vous dévêtir un peu, c’est la première fois que j’attrape une soldate… Je voulais savoir si c’était différent des autres femmes. Un peu plus musclé peut-être.»
    Hélène baisse les yeux vers son corps nu et vulnérable. Elle a une petite moue contrite. Hmm. Elle est en mauvaise posture. Mais quelque chose dans la locution de l’homme l’intrigue. Elle tente de faire la conversation, pour gagner du temps. Pour ne pas laisser le temps à la honte de l’envahir.
    « Je pensais que les bandits avaient un langage moins… Châtié ? »
    L’homme lève un sourcil, surpris de ne pas la voir se démonter. Puis il éclate à nouveau de rire et décide de jouer franc jeu. Il a tout son temps. Ses amis ne la retrouveront certainement pas.
    « Oh, j’ai reçu une bonne éducation grâce à mon père. Il était capitaine de vaisseau pirate, mais très distingué. Le genre de vieux loup de mer qu’on ne trouve plus. Mais je me suis fais jeter de mon bateau lorsque les matelots ont découvert que j’étais marqué. Alors j’ai du trouver à faire sur la terre ferme. »
    Comme il se tait, Hélène songe que son histoire est bien triste. Beaucoup trop de gens ont de tristes histoires. Elle ouvre la bouche pour parler, mais il s’affale sur elle, l’écrasant de tout son poids. Sa bouche à l’haleine douteuse vient s’imposer à la sienne, tandis que son énorme main trouve une bonne place sur un de ses seins. Elle ferme les yeux, très fort. Une vague de dégoût s’empare d’elle, la moindre parcelle de sa peau se révolte contre cette attaque prévisible certes, mais tout autant inévitable que répulsive. Une légère nausée la prend, alors que l’homme s’écarte, lui obstruant la bouche avec l’une de ses mains, et commence à baisser son pantalon.

    Hélène mord la main jusqu’au sang, de toutes ses forces, puis pousse un cri déchirant, tel qu’elle n’en a jamais poussé.

    Elle se démène, gigote, donne des coups de tête, de dents, de ses deux poings liés, de ses genoux et ses pieds. Elle ne parvient pas à arracher ne serait-ce qu’un tic nerveux à l’homme dont l’épaisse musculature empêche les coups d’être efficients. Non, il n’en rit que plus. Son sexe déjà tendu se rapproche dangereusement de son entrejambe. Elle serre ses cuisses l’une contre l’autre, très fort. Une main est à nouveau venue la bâillonner, tandis que l’autre tente de lui écarter les jambes.
    Un nouveau cri se perd dans sa gorge, alors qu’elle perd tout le sang-froid qui lui restait. Ses grands yeux noisette se remplissent de larmes. Elle tente encore mollement de mordre la main qui obstrue sa bouche, de donner des coups de tête, mais sans résultat. Elle ne se concentre plus que sur un objectif. Ne pas desserrer les jambes. Les muscles puissants de ses cuisses de chevalière sont tendus au maximum. Le rire de l’homme résonne à ses oreilles alors qu’il n’est que plus excité par la résistance de la jeune femme.
    Au bout d’un moment qui lui semble une éternité, dans un halètement, ses forces l’abandonnent, et elle se relâche, épuisée.
    Le barbare, victorieux, s’arc-boute dans le but de la pénétrer avec toute la violence possible. Elle serre les dents. Une nouvelle vague de dégout la prend. Elle n’aura pas été capable de se défendre toute seule.


    « CHEF !! On est attaqués, les autres sont déjà tous… »

    SCHLAK.
    Le combattant a le cou transpercé par une flèche. Il s’écroule. Alarmé, le chef regarde Hélène un instant, puis son membre encore tendu, puis à nouveau Hélène. Il pousse un hurlement, se relève, rattache son pantalon, tire sa hache de derrière son dos, et se met en position de combat.


    « Asto ! Léandre ! »

    Au travers de ses larmes, le visage de la jeune femme est éclairé d’un sourire radieux lorsqu’elle aperçoit son frère ainsi que son dernier amant entrer en trombe dans la tente. Ils sont essoufflés, et Léandre est couvert de sang. Il n’y a presque plus de flèches dans le carquois d’Asto. Les deux hommes écarquillent leurs yeux de terreur en voyant la jeune femme nue et attachée au sol.
    Léandre voit rouge. Il hurle, puis s’élance vers le barbare, qui le cueille avec de grands moulinets. Le brigand sait user de son arme, et connaît les dangers des épéistes. Il se bat bien. Trop bien. Pendant ce temps, Asto contourne les duellistes – de toute manière il ne peut pas décocher de flèche sans risquer de blesser Léandre- , puis il se précipite aux côtés d’Hélène, dont il défait les liens grâce à une pointe de flèche. Un sanglot la prend, et elle se réfugie dans les bras de l’archer. Il lui caresse doucement la tête.

    « Rhabillez-vous. Ce combat n’est pas terminé. »
    Elle se traîne vers ses affaires ; ses armes sont encore là. Léandre grogne soudain. Une longue estafilade lui barre son bras droit, qu’il a utilisé pour se protéger le gauche. Le barbare lève haut sa hache dont le fil étincelle à la lumière de la lune qui perce dans la tente. Le bretteur serre les dents et lève son épée au dessus de sa tête en position défensive, pour accuser le coup. Il y a trop peu d’espace pour esquiver.
    Hélène, sans réfléchir, prend la première de ses lances qui lui tombe sous la main –le brise hache-, puis elle l’enfonce profondément dans le dos du barbare, qui lui fait face. La pointe ressort de l’autre côté de sa cage thoracique. L’homme baisse stupidement la tête vers le fer tâché de rouge qui dépasse de son corps. Il hurle, et se retourne en assenant son coup de hache. Hélène n’a presque pas le temps de réagir. Elle saute en arrière pour esquiver. Si elle s’était rhabillée, son plastron aurait dévié la lame. Mais non ; sa peau blanche et nue est zébrée d’une longue estafilade, de l’épaule gauche jusqu’à l’aine. Elle est éjectée par le coup, et atterrit sur ses vêtements.
    Léandre réagit, se fend, et coupe d’un coup la tête du géant. Asto se précipite pour rattraper le grand corps qui s’affaisse sur son ami. Ils se regardent avec soulagement. C’est fini.


    Ils viennent bien vite au niveau d’Hélène, qui est sonnée. Elle a verse l’eau de la gourde tombée à côté d’elle sur sa blessure. Elle n’est trop profonde, mais elle en gardera une cicatrice fine et blanche. Léandre arrive à côté d’elle. Il l’aide à nettoyer la blessure, puis il lui tend gentiment ses vêtements, qu’elle commence à enfiler en commençant par ceux du bas.

    « Vêts-toi un peu. La journée a été difficile. »
    « Désolée de vous avoir causé tant de soucis… Que s’est-il passé ? Je me suis réveillée, il faisait déjà nuit. Je… Non, abandonnez cet air triste sur votre visage, tous les deux. Vous êtes arrivés à temps. Il ne m’a pas… prise. »
    Son grand frère, de soulagement, pose son front contre son épaule blanche. Il reste ainsi cinq ou six secondes, puis l’aide à enfiler son haut sans rouvrir la blessure. Elle revêt son plastron avec précautions. Asto reste silencieux. Puis, lorsqu’elle se relève, il hésite à s’avancer vers elle. Il décide d’abord de répondre à ses questions.
    « Le barbare vous a assené un grand coup sur la tête, puis s’est enfui sur des chevaux cachés plus loin, avec encore une dizaine de ses hommes les plus compétents. Seulement, il restait encore quelques assaillants sur le champ de bataille, qui ne se sont laissés tuer que difficilement pour faire gagner du temps à leur chef. Nous avons mis près d’une demi-journée pour vous retrouver. »
    Il détourne le regard, honteux. Il ne s’en voudra jamais assez. Mais Hélène n’aime pas le remords. Surtout lorsqu’il n’y a pas de raison d’en avoir. Elle s’approche de l’archer, prend son visage entre ses mains, et dépose un petit baiser sur ses lèvres. Puis elle se recule bien vite, riant gentiment de l’embarras du jeune homme. Léandre, derrière, sourit.

    « Je ne vois pas d’où peut provenir la tristesse dans vos si jolis yeux bleus, Asto. Vous m’avez sauvée, je n’ai pas été souillée, et nous avons dument accompli notre mission. Tout est bien. »
    Liam, son pégase, hennit à l’extérieur de la tente. Elle part le retrouver avec joie, et serre fort dans ses bras la longue tête du cheval ailé. Léandre récupère une sorte d’insigne accrochée autour du cou du barbare mort, qu’il apportera à la Reine pour montrer sa réussite. Asto récupère quelques flèches sur les corps criblés à l’extérieur de la tente. Il en a tout de même beaucoup perdu dans la mêlée.
    Ils allument un grand feu, et y font cuire un lapin qu’Asto a tué plus tôt dans la journée. Ils donnent du fourrage à Liam et au cheval que l’archer s’est fait confier.
    Ils mangent joyeusement, conversant de choses et d’autres. A la fin du repas, Hélène invite candidement Asto à aller faire un tour. Léandre lève les yeux au ciel, mais les laisse partir. Puis, il s’étend sur un lit de feuilles, pose sa tête sur la racine la moins inconfortable qu'il ait trouvée, et se met à rêvasser doucement. Les yeux verts scintillants de sa femme Mélina viennent à sa mémoire. Il se dit que bientôt, elle offrira un héritier – ou une héritière- à la maison des Vincade. Non, non. Le plus important est que bientôt, il sera père. Sur cette pensée émouvante, il se laisse au sommeil.

    Hélène et Asto marchent quelques temps avant de s’arrêter sur un petit promontoire qui fait face à la forêt. Ils s’assoient, sans rien dire. Hélène sait qu’Asto s’en veut de l’avoir attaquée plus tôt dans la journée, de ne pas lui avoir dit qui il était, et surtout de ne pas avoir pu la secourir plus vite. Mais elle ne peut s’empêcher de ne pas comprendre son désarroi. Ce qui est fait, est fait, n’est-ce pas ? Elle rit doucement à cette pensée. Elle se penche un peu, et dépose un petit baiser sur la base du cou. Il réagit à peine. Elle continue, doucement, en remontant son cou, puis finalement embrasse ses lèvres. D’abord des baisers rapides et légers, comme des caresses. Puis, plus longs et langoureux.
    Asto finit par céder. Ce qu’Hélène n’aurait pu lui faire comprendre par la parole, il l’accepte par le langage du corps. Elle ne lui en veut pas, car elle n’a aucune raison de lui en vouloir.
    Il la prend par la taille, et l’allonge gentiment dans l’herbe meuble. Leurs ombres se fondent dans la nuit.

    Le lendemain, ils retournent au campement à l’aube. Léandre, déjà levé, les invite à faire un brin de toilette grâce à de l’eau qu’il a récupérée au campement des brigands. Puis, une fois rafraîchis, ils plient bagage. C’est le temps de se séparer. Léandre décide de rentrer avec Asto, à cheval. Hélène doit rentrer rapidement pour honorer ses devoirs de soldate, et elle n’a pas le grade nécessaire pour se permettre de manquer un jour de plus à l’appel. Aussi, elle récupère ses affaires, selle Liam, et se prépare à partir. Les deux hommes aussi sont prêts. Pour tout adieu, elle leur colle à chacun une grosse bise sur chaque joue.

    « J’aimerais bien dire : le premier arrivé a gagné ! Mais je ne peux pas, car je ne repasse pas par la maison. Sinon le sergent va me tuer ! », conclut-elle avec un large sourire. Puis, elle grimpe sur le pégase, et elle s’envole. Elle fait quelques tours dans le ciel.
    Asto la regarde, puis se tourne vers Léandre.


    « Dis, j’ai le droit de tomber amoureux de ta sœur ? »
    « Non. »
    « Mais je… »
    « Non. »
    « Bon, alors la fréquenter ? »
    « … Je pense qu’elle n’a pas encore l’intention de se poser. Et d’ici cinq ans ton père t’auras forcé à te marier, je pense. D’ailleurs tu devrais vraiment te dépêcher. J’ai gagné notre pari. »
    « Hein ? Celui qu’on a fait il y a quatre ans ? »
    « Et oui. Mélina est enceinte. Tu voudras être le parrain ? »
    « QUOIIIIII ?? »

    Ils entendent un grand rire éclater au-dessus d’eux. Hélène, dix mètres plus haut, les observe l’air radieux. Puis elle presse les flancs de Liam, et bientôt elle n’est qu’un petit point blanc se détachant sur le ciel bleu.
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Allen
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MessageSujet: Re: A en mordre la Poussière ~ Nc -16   A en mordre la Poussière ~ Nc -16 I_icon_minitimeSam 14 Mai - 17:45

Langue: 5/5

Rien à dire, c'est très agréable aux yeux.

Style: 5/5


Une fois de plus je dirais que tu écris très bien, même si tu utilise un langage un peu ancien que je trouve pompeux (ce qui reste subjectif et donc je ne retire pas de point vu que bien utilisé).

Histoire: 9/10

"Elle a encore du chemin à faire avant de devenir une deuxième classe."

Il y en a trois autres des comme ça. N'as tu pas compris que les classes sont des termes techniques de la fiche de personnage et ne veulent rien dire dans le monde? Les classes s'utilisent au mieux comme grade dans l'armée ou une organisation, mais sinon ça ne veut rien dire.

Dommage, ça tue un RP qui est très bien mené quoi qu'un peu cliché (et du cliché mal utilisé comme durant la tentative de viol, le sauvetage est bateau) par endroits. Ce sont les deux seuls erreurs à noter, le reste est parfait.

Note Finale: 19/20

Ta note ne change pas mais c'est pas bien grave, ton personnage n'évoluerais pas assez si il passait 20 dès lors ^^
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A en mordre la Poussière ~ Nc -16

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