Une fois qu’il se fut redressé il pu remarquer qu’il devait faire quelques centimètres de plus. Quelle importance ? La taille n’avait aucune importance. Mais le plus important fut le mince rire qu’elle laissa échapper, à peine plus bruyant qu’un murmure. Celui-ci était clair, elle l’avait « percé à jour », devinant son jeu d’acteur, de séducteur. Et encore plus intéressant, elle continua dans son jeu en mimant un révérence. Tous les deux mimaient les gens bien nés, peut-être que tous les deux pouvaient être considérés comme des gens bien nés ? Après tout, n’était-il pas lui-même l’héritier d’un comté ? Un éclair d’ironie passa dans son regard lorsqu’il songea qu’il n’aurait jamais du être noble, Galen était né pour être soldat pas pour être noble. D’un autre côté, Dakeyras était né pour être un masque n’est-ce pas ?
A vrai dire, il appréciait le fait qu’elle ne cherche pas à écourter leur mascarade, cela montrait dans le pire des cas une politesse des plus agréables. Dans le meilleurs des cas… cela était une autre histoire. Mais l’acteur qui joue son rôle sans que nul ne s’en aperçoive se lasse de jouer ;ou alors il se prend au jeu, et cela n’amène jamais rien de bon. Alors que la… Quelqu’un pouvait lui donner la réplique, permettant à son jeu de progresser, c’était idéal. Surtout lorsque vous aviez passé une nuit des plus difficile et que premièrement vous vous retrouviez face à une actrice à croquer et deuxièmement quand celle-ci n’était pas qu’une simple noble ou petite bourgeoise.
Car il avait noté plusieurs choses. Premièrement elle portait une tenue de monte, pas la tenue quelconque de n’importe quel individu fortuné nom, la tenue réglementaire des soldats. De plus bien que cela ne soit pas visible pour un néophyte, il avait pu remarquer que celles-ci étaient légèrement arquées, faisant d’elle une cavalière. Un détail qu’il doutait qu’elle ai remarqué car cela était bien trop discret pour qu’un cavalier le remarque. Mais pour tout physionomiste cela était aussi visible que le nez au milieu de la figure. Elle était cavalière, et pas une débutante. Mais il ne pu s’empêcher de chercher à quel corps de cavalerie elle appartenait. Un frisson parcouru alors son échine, si son maître découvrait qu’il avait oublié ces détails pourtant « si » importants selon lui, il finirait pendu par les pieds pendant un certain temps à la muraille du château… Vite, il se devait absolument de s’en rappeler. Sans se rendre compte qu’il la détaillait de la tête au pieds, bien que la tête eu été oubliée dans son examen.

"Enchantée de vous rencontrer, Dakeyras. Je suis Hélène Vincade, chevalière pégase au service de Sa Majesté. Et je dois avouer que je ne pensais pas faire une rencontre aussi plaisante cet après-midi ; que diriez-vous que nous cheminions quelque peu ensemble ? Si retrouver votre soeur n'est pas d'une prime importance, bien évidemment"

La dernière phrase avait été ajoutée avec précipitation, lui arrachant un sourire. En théorie et vu sa nature il n’aurait jamais laissé une gamine de quatorze ans arpenter les rues de long en large sans personne pour s’assurer de sa sécurité. Plus particulièrement quand celle-ci était de nature espiègle comme il avait pu s’en apercevoir à ses propres dépends. Seulement voilà, il n’aurait jamais eu à s’occuper de quelqu’un incapable de survivre seul, après tout ne devait-il pas la former pour qu’elle devienne un tueuse ? Sa bouche se plissa d’un rictus ironique, il aurait mieux valu qu’il la rattrape pour la sécurité de celui qui oserait s’en prendre à elle.
Sa proposition ne pouvait donc être refusée, qui aurait été assez fou pour ne pas vouloir passer un peu de temps avec une créature aussi charmante ? Créature charmante qui lui adressa d’ailleurs un compliment plus ou moins justifié. Il était peut-être de plaisante compagnie mais il était avant tout un tueur, elle aurait très bien pu être la fille d’une de ses victime, ou aussi bien une de ses victimes. Mais cela importait peu, car déjà il n’avait jamais approché un membre de la famille Vincade car tel était son nom et ensuite elle n’avait rien à craindre de lui. Il avait eu de plus la réponse à ses interrogation, la demoiselle était chevalière pégase. Un sourire se dessina sur son visage en repensant à une remarque de son mentor.

-Chevaucheur de poney volant…

Il réalisa ce qu’il venait de laisser échapper avec un mince sourire et… se sentit pris au dépourvu par son propre manque de tact. Il n’avait jamais eu de problème avec les pégases mais il repensait à Drakaon en train de faire l’apologie des cavaliers wyverne et parler des chevaliers pégase avec un mépris remarquable. Le tueur restait un patriote de Daein, attaché à son pays plus qu’à tout autres, il en avait presque oublié cela. Il s’excusa d’un air confus.

-Veuillez me pardonner mon manque de tact, cette phrase m’a échappé alors que je repensais à un vieil ami. Mais ce serait avec plaisir que je passerai un peu de temps avec vous si vous me pardonnez, ce n’est pas tous les jours que l’on peu rencontrer une personne aussi agréable.

Apparemment elle ne pris pas la mouche ou bien ses excuses avaient été efficaces

"Bon, et bien je ne sais pas trop où vous emmener ! Vous connaissez un peu la ville ? Enfin de toute manière, qu'on la connaisse ou pas, il y a des coins qu'on trouve assez difficilement... Et qui pourtant valent le détour ! Si vous avez un peu de temps, je vous promets que ce n'est pas décevant."

La proposition lui semblait parfaite, il connaissait le plan des rues de la ville presque par cœur, ayant mémorisé la majorité des embranchement mais… Cela restait pour lui de l’ordre d’une carte, il aurait bien eu du mal à citer beaucoup d’endroit précis. Ou alors ceux-ci ne devaient pas être donnés à des « inconnus », bien que la cavalière nommé Hélène n’était plus exactement une étrangère. Et puis pourquoi ne pas faire un peu de tourisme ? Cela lui ferait le plus grand bien et l’architecture criméenne changeait de celle de Daein. Il opta pour un demi mensonge.

-Je dois avouer que je ne connaît guère bien a ville, je suis arrivé hier dans l’après midi, je n’ai donc guère eu le temps de me promener.

Il eut à peine le temps de répondre que déjà elle avait attrapé sa main, le tirant à travers la foule qui marchait sous le soleil. Ils évoluèrent à travers les rues, Dakeyras écoutant avec plaisir Hélène lui expliquer un nombre de choses remarquable. Encore une fois, les rues principale s’avéraient potentiellement moins intéressantes que les petites rues, les chemins de traverse. Elle lui indiqua diverses boutiques pour terminer par lui montrer une boutique de vêtement apparemment de fort bonne qualité, lui rappelant Mica au passage. Il n’avait pas du tout pensé à elle entre temps et ne pu s’empêcher de retenir un ricanement intérieur, elle l’avait provoqué, et bien elle avait gagné. Entre se promener tranquillement et lui courir après, il avait choisit la première solution. Et en la regrettait pas d’ailleurs, il prenait véritablement plaisir à deviser avec la cavalière, lui posant de temps à autre une question.
Mais il n’aurait jamais été dans un magasin classique pour ses vêtements, ceux qu’il exigeait nécessitaient certains arrangements qu’aucun couturier honnête n’aurait fait. Mais elle n’avait pas forcement tord, Mica apprécierait certainement. Le jour ou il devrait la félicité il saurait au moins ou aller. Et pendant tout ce temps, ils ‘était laissé tirer.

-Vous devez certainement avoir raison, je l’emmènerais ici plus tard je pense, cela est une bonne idée.

Il continuèrent à avancer, la demoiselle lui indiquant encore ‘autre magasins. Il garda l’armurerie en tête, un passage prochain ne mangerai guère de pain et il pourrait certainement y trouver quelque chose d’utile. Un bref coup d’œil lui permit aussi de remarquer que quatres types les suivaient, cherchant à se faire discret et y parvenant. Mais pas assez pour quelqu’un qui passait son temps à se dissimuler et à traquer. En faisant plus attention, il découvrit aussi trois autres individus. Ils n’étaient pas mauvais il devait le reconnaître. Mais pas assez doués pour le piéger et s’apercevoir qu’ils étaient découverts et, trop pour en pas faire preuve de prudence.
Et puis d’une certaine manière ils formaient les proies idéales. Hélène qui semblait pleine d’insouciance, le traînant à travers les rues, lui faisant découvrir des surprises avec un plaisir manifeste. Dakeyras quand à lui devait reconnaître que c’était une journée particulièrement agréable et qu’il se sentait parfaitement détendu. Pour des individus à l’esprit limité il étaient forcément un couple, pour les autres de jeunes gens flirtant sans arrière pensée. De plus leur tenue étaient certes celles de personnes à l’esprit pratique, leur apparence et leur démarche n’avaient rien à voir avec celle d’un individu commun. Ils étaient donc à leurs yeux des « riches ». Et Dakeyras l’était cela ne pouvait être contredit. Quand à Hélène il était clair qu’elle avait grandit dans le confort. Cependant, elle n’avait pas l’attitude hautaine que beaucoup adoptaient, au contraire. Elle était comme un souffle d’air frais en plein été, particulièrement rafraîchissante.
La demoiselle l’amena d’ailleurs à un endroit qui il devait l’avouer était particulièrement beau. La place était déserte Et en son centre une fontaine avec une petite statue de pégase trônait. L’endroit était vraiment beau, propice aux rendez vous amoureux. Et aux embuscade au vu de l’absence de personne. Si quelqu’un se faisait menacer ici la garde n’aurait guère le temps d’arriver à temps, il nota ça dans son esprit, l’endroit idéal pour une embuscade. Un mouvement dans un coin. Alors c’était pour maintenant. Il vérifia rapidement ses couteaux…

-Cet endroit est vraiment reposant je dois l’avouer. Mais veuillez m’excuser d’avance pour ce que je vais faire et s’il vous plais m’écouter après et ne rien dire.

Il lui adressa un sourire de plaisantin et attrapa alors son menton, posant ses lèvres sur les siennes. L’idée d’approfondir ce contact était tentante mais n’avait pas lieu d’être, il fallait surtout que les autres y croient comme du feu. Il rompit alors leur baisé et porta sa bouche au niveau de son oreille avant de lui murmurer.

-Encore une fois pardonnez mois pour mon initiative mais, je crains que notre petite promenade particulièrement agréable ne prenne fin. Il y a un peu moins de dix individus qui nous suivent et certainement pas pour nous proposer de faire du tourisme. Je les retiendrais le temps que vous partiez, c’est le moins que je puisse faire.

Une partie de lui-même lâcha un ricanement méprisant. Dakeyras, le tueur galant. A vrai dire il n’avait guère l’intention de les retenir, lorsqu’il se battait avec des personnes qui n’étaient pas des « amis » le but n’était autre que de tuer. Et il n’y avait pas d’exception. De plus il n’y avait guère de challenge, ses hommes savaient certainement se battre et n’aurait sans doute pas de honte à tuer mais il y avait une grande différence entre eux et lui ; ces hommes ne chercheraient pas à tuer, il n’était pas de vrai tueur, ni des soldats. Juste des petits caïds, rien à voir non plus avec de véritables bandits de grand chemin. Alors que lui était formé pour tuer. De plus il doutait que ceux-ci aient autre chose que des couteau voir un ou deux avec des épées.

-Salut les tourtereaux, j’espère qu’on ne vous dérange pas…

Ils ne le savaient pas encore, mais pour Dakeyras il étaient déjà morts. Il adressa aux hommes un regard plein de bonne humeur mais tout de même contrarié, et le pire était qu’il n’avait pas besoin de feindre cette expression. Il se rapprocha l’air de ne pas comprendre ce qui allait se passer.

-En toute honnêteté si, je venais de lui déclarer ma flamme et j’aurais aimé qu’elle puisse me répondre sans aucune personne, histoire que je n’ai pas l’air ridicule lorsque je me ferais recaler.
-T’inquiète petit, on va juste vous fouiller et prendre toute vos affaire de valeur puis on vous laissera tranquilles. Et non, on va pas s’amuser à tripoter la demoiselle, on veut juste ce qui a de la valeur. A commencer par ton épée, elle a l’air plutôt pas mal.
-Pas de problème, laissez moi d’abord vous donner ça.

Il était à présent à porté de celui qui était apparemment le leader et qui parlait pour tous. Dakeyras lui décocha un coup de pieds dans les testicules remarquable.

-Petit con !

Hélène aimait beaucoup les surprises et les aventures. Elle aimait aussi quand tout se terminait très bien. Dans les romans d’aventures qu’elle dévorait, elle se mettait bien souvent à pleurer comme une madeleine si jamais la fin n’était pas un happy ending. Et lorsqu’elle se faisait embêter dans la rue, ce qui arrivait de temps à autres les fois où elle ratissait les petites rues à la recherche de coins merveilleux à découvrir, elle s’efforçait de régler les conflits avec le plus d’amabilité possible. Et si le combat était inévitable, alors elle s’efforçait de faire croire jusqu’au bout qu’elle n’était pas une combattante, afin de pouvoir sonner ses ennemis et s’enfuir rapidement, sans soucis, sans problème. Sans aucun problème.
La surprise cette fois-ci fut l’initiative de Dakeyras. Il lui chuchota rapidement quelques mots, après avoir pris un petit temps afin d’admirer l’architecture et la disposition de la petite place. Elle s’étonna de ses mots, se demandant finalement si elle n’était pas tombée sur un sacré goujat. Mais dans la tête de la jeune femme, quelque chose lui chuchotait d’attendre encore un peu, d’écouter ce qu’il avait à dire. Sa bouche s’arrondit alors qu’elle allait s’informer de ce qui se passait, mais elle fut stoppée par les lèvres du jeune homme qui se collaient aux siennes. Le contact fugace lui arracha un petit frisson d’étonnement. Ce fut très rapide, à peine le temps d’un soupir. Il termina bien vite le baiser ; Hélène n’avait même pas fermé les yeux. Elle sourit en rosissant légèrement, mais fut attentive aux paroles qui suivirent. On les avait suivis. N’ayant pas été formée pour la traque ou l’espionnage, elle ne repérait pas spécialement les embuscades, sauf si elles étaient aussi évidentes que le nez au milieu de la figure. Et puis, qui nous prendrait en embuscade discrète alors qu’on vole sur un susnommé « poney volant » ? Les rares corbeaux l’ayant déjà attaquée s’entendaient à des mètres à la ronde.
Elle fut étonnée qu’il demandât qu’elle s’enfuie. Elle était formée au combat, elle savait se défendre, et … Et elle avait oubliée sa lance. Bougre de tête de linotte. Pire qu’un canasson. N’en déplaise aux chevaux. Elle regarda rapidement autour d’elle, alors que son compagnon se tournait vers une petite dizaine de brutes qui ne semblaient pas leur vouloir le plus grand bien. Elle avisa alors une longue branche assez fine, tombée de l’arbre de derrière le muret. Le plus doucement possible, elle marcha en direction du bâton de fortune. Pas assez discrètement, à priori, puisqu’elle sentit un bras impérieux se refermer autour de sa gorge, et une main indiscrète se frayer un chemin vers son postérieur. Elle émit un petit sifflement contrarié.

 « Et bien alors, vous n’avez pas entendu votre chef, messire ? Vous n’étiez pas sensé me tripoter.
- Oui ma p’tite dame, mais ça c’était si vous restiez tranquille ! »

La main palpa le rebondi de ses fesses, et tenta de migrer sous les vêtements, plus haut. Elle se heurta à la pièce d’armure qui couvrait le haut du buste de la jeune femme, ne pouvant accéder à sa poitrine ronde. Tentant de contenir son dégoût, elle émit un petit rire, imaginant la mine déconfite de son agresseur. Un coup d’œil dans la direction de Dakeyras la mit au courant qu’il n’était pas spécialement en état de l’aider d’une quelconque façon. Il était entouré par la plupart des hommes, désireux de se venger du coup porté à la partie la plus importante du corps de leur chef. Avisant l’arme qu’il sortait, et le regard d’assassin qui s’était peint sur son visage, elle tenta d’attirer l’attention pour détendre quelque peu l’atmosphère devenue bien trop lourde. Tout en tâchant d’ignorer la main qui tentait de comprendre comment on détachait son armure.

 « Dake mon cher, ne les amochez pas trop, sinon vous serez couvert de sang, et il me sera difficile de répondre positivement à votre déclaration alors que votre si beau visage sera barbouillé de vermeil ! »

Quelques uns des malfrats s’arrêtèrent, tâchant de comprendre tous les mots qu’elle avait utilisés. D’autres se dirent qu’elle devait être une victime plus facile, et se dirigèrent vers elle. D’autre enfin décidèrent qu’il serait du gâchis de laisser une jeune fille aussi mignonne répondre à un homme qui était prêt à leur faire tant de mal. Un bruit de dagues et d’épées sortant de leur fourreau se fit entendre. Hélène soupira, et se dit qu’il valait mieux continuer la mascarade le plus longtemps possible. D’un geste fluide, elle fit une clé de bras à son agresseur, puis fit un saut souplement en arrière, tout en détachant par « mégarde » le devant de son plastron, laissant découvrir le vertigineux décolleté de son uniforme. Elle feint de rougir, se baissant encore un peu plus pour rattraper la pièce d’armure qui tombait au sol, et put remarquer avec satisfaction que sa manœuvre n’avait pas été vaine : la plupart des hommes qui se précipitaient vers elle (ils étaient trois), s’étaient arrêtés net en découvrant la peau blanche et laiteuse de la chevalière.
Elle recula d’un pas souple, et se précipita vers le bâton qu’elle avait avisé plus tôt, et s’en empara avec efficacité, aguerrie qu’elle était par tous ses réflexes de lancière. Un regard lancé vers Dakeyras lui confirma qu’il s’en sortait très bien tout seul. Mais c’était un peu trop rouge à son goût, de ce côté de la bataille. Elle s’élança vers ses agresseurs, omettant volontairement de remettre son plastron en place, le laissant tomber près du mur où elle avait récupéré son arme. Les hommes, gênés, faisaient de temps à autre couler leur regard sur la gorge de la jeune femme, qui en profitait pour leur asséner des coups efficaces sur des points sensibles du corps.
Elle commença tout d’abord par les désarmer comme elle le put ; mais elle se rendit rapidement compte que contre trois adversaires, qui pouvaient se ramasser leurs armes les uns les autres, ce n’était pas la bonne tactique à utiliser. Alors, elle entreprit tout d’abord de les maintenir à distance d’elle. Si l’un d’entre eux se rapprochait trop, elle se débrouillait pour le frôler, du devant ou du derrière d’ailleurs, puis se retournant vers lui, s’écrier :

 « Ah messire, je vous en prie ! »

Le tout d’une voix faible et suppliante, qui ne faisait qu’augmenter la confusion et le désir de ces hommes stupides. Elle finit, tout en se battant, à les confondre tant et si bien qu’en un seul coup, tournant sur elle-même, elle les assomma tous. Elle donna un grand coup sous le menton du premier, reprit son appui à l’arrière de son pied, tourna sous la force du coup, porta un grand coup dans le plexus solaire du second, et se servit du rebond pour viser les parties du troisième. En cinq secondes, ils étaient tous à terre, parfaitement sonnés, et ce pour plusieurs heures au moins. Fière d’elle, Hélène se redressa bien haut, et souffla de soulagement.
Elle se retourna vers l’autre moitié de la bataille, qui venait elle aussi de se terminer. Dakeyras était entouré des corps de ses ennemis. Tous morts. Le sang chaud coulait encore de leurs plaies fraichement ouvertes. Elle n’eut pas spécialement de mouvement de recul, elle-même habituée à tuer, mais elle ne put s’empêcher de ressentir quelque pitié pour ces pauvres hommes qui, finalement, à part le fait qu’ils étaient un peu malfrats, ne faisaient ce métier que pour survivre. Elle s’adressa à son compagnon, un ton très léger de reproche perçant dans sa phrase.

 « Et bien, on peut dire que vous avez fait le ménage. »

Elle posa les yeux sur l’épée ensanglantée. C’était réellement une étrange épée. Puis elle releva le visage.

 « Mais je vous remercie. J’espère ne pas vous avoir trop contrarié en restant ici. Voyez, je suis intacte. N’êtes-vous pas blessé ? »

Suivant le regard que Dakeyras posait sur elle, elle baissa les yeux et éclata de rire.

 « Oups, c’est vrai que je n’ai pas remis mon plastron ! Il est là-bas, je vais le chercher. »

Elle alla reposer le bâton sur le mur, se disant que cette vieille branche avait été bien utile, puis elle ramassa la pièce d’armure, et l’attacha soigneusement. Elle revint ensuite au niveau de Dake, tout sourire. C’était une surprise qui avait bien tourné, ils étaient essoufflés, mais un bon combat ne faisait pas de mal, une fois de temps en temps. Même si celui de Dakeyras avait été quelque peu salissant. Elle lui adressa un grand sourire.

 « Ah messire, je vous avais pourtant demandé de ne pas peindre votre face de vermeil ! Qu’est-ce que je dois dire, maintenant ? », finit-elle avec un coup d’œil malicieux.