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 Jusqu'à ce que la mort nous sépare...

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Yue
YueBeorc


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Age : 30
Autre Indication : Grosse dalleuse

Feuille de personnage
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MessageSujet: Jusqu'à ce que la mort nous sépare...   Jusqu'à ce que la mort nous sépare... I_icon_minitimeJeu 30 Sep - 19:00

Jusqu’à ce que la mort nous sépare




Tout se ressemble dans la nuit, plus particulièrement quand on est obligé de fermer ses sens au monde extérieur si on ne veut pas sombrer dans la démence ou simplement tomber dans les pommes. Yue ne distinguait que de vagues architectures, des maisons, des boutiques, des tours de pierre, un château, qui se dessinaient à la lumière des torches et des lampes à huile. En se concentrant un peu, elle réussissait à distinguer les arabesques, les motifs floraux et les petites sculptures qui ornaient les bâtiments mais cela ne faisait qu’aggraver son mal de crâne... Elle se baladait depuis la tombée de la nuit dans les grandes rues pavées de Melior. Cette cité était la capitale de Crimea et elle avait de quoi en être fière. Son immense château était impressionnant et en imposait forcément, surtout à une gamine de 15 ans issue de la campagne très profonde. Il luisait et semblait danser à la lueur des torches, du haut de son perchoir. Ce palais était un peu comme le gardien de la ville, le défenseur et le protecteur. Mais son allure avait quelque chose d’inaccessible, de froid, alors que la ville basse, elle, était très chaleureuse. A chaque coin de rues, des mélodies de toutes sortes s’élevaient dans l’air, embaumant la ville d’une douce brume musicale qui devait être agréable pour les passants et les habitants de la ville. Des tavernes étaient ouvertes, des gens riaient gaiement... Ce devait être bien d’être comme tout le monde. Cependant, elle était différente d’eux. A ses sens, tout ne lui apparaissait que comme une cacophonie incessante, elle ne pouvait pas se mêler aux Beorcs sans avoir envie de vomir et pourtant elle ne pouvait pas non plus se résoudre à les fuir. Elle se sentait seule parmi eux, mais moins que quand elle s’isolait dans la forêt.

Elle avait quitté Jaffar depuis quelques semaines maintenant cependant, le Beorc lui manquait. Il était vrai qu’il était impossible pour elle d’accepter l’assassin sanguinaire qu’il était mais le Beorc en tant que tel, elle l’appréciait vraiment. Elle aimait son caractère taciturne et sombre, ses côtés désinvoltes et elle adorait le taquiner, le pousser à bout…


*Arf, encore ces pensées idiotes ! Tu es partie, assume fillette! *


Depuis son départ précipité, Yue hésitait entre ses regrets et sa fierté. Parfois, elle voulait partir à sa recherche et le suivre malgré tout le mépris qu’elle ressentait pour son métier et d’autres fois, elle se disait que se revoir ne ferait que détruire leur ‘amitié’. N’ayant pu trancher avec elle-même, elle s’en était finalement remise au destin. S’ils se recroisaient un jour, elle aurait plaisir à partager son temps et sa compagnie, elle l’accueillerait à bras ouverts. D’ailleurs elle était restée à Crimea en espérant forcer ce destin.
Néanmoins, le problème n’était pas dans le fait qu’elle avait quitté Jaffar sans préavis, non… le problème c’était qu’il avait créé un manque en elle. Elle s’était tellement habitué à sa présence que la solitude, autrefois sa grande amie, lui semblait lourde, pesante, ennuyante. Elle avait bien sûr fait d’autres rencontres plutôt marrantes, quoi que dangereuses sur la route l’ayant menée à Melior, mais rien d’aussi fort que ce qu’elle avait ressenti avec le Croc Pourpre. Et maintenant, elle se retrouvait au milieu d’un ramassis de poivrots, plus saoul les uns que les autres, sans but, sans destination... Cette ville devait vraiment être belle dans la journée, mais la nuit venue, elle ressemblait à toutes les bourgades du coin, un nid à Beorcs malodorants.

Un vent agréable parcourrait les rues de la ville basse. Leur étroitesse devait protéger les gens de la chaleur durant la journée mais par une nuit comme celle-ci, elles devenaient de véritables petits couloirs à vent frais qui, si elle faisait abstraction de l’odeur qu’ils portaient, devenaient plutôt apaisant. Cependant la brise, épaissie des effluves humaines, lui apporta une odeur familière, une odeur de fourrure humide… de chien mouillé qu’elle ne pouvait ignorer. Cette odeur lui rappelait celle d’Eristoff lorsque, par temps de pluie, il revenait complètement trempé à l’abri, le poil plaqué sur l’échine et le visage ruisselant. Elle se concentra sur ce fumet, écartant les autres et en suivit la trace comme un chien à l’affût. Sa course d’abord légère et désinvolte, fut rapidement pressée par une frayeur qui la saisit en plein cœur. Elle sentait une odeur de sang. Oubliant qu’elle se trouvait dans une ville peuplée dont l’activité nocturne était presque équivalente à celle de jour, elle se lança dans une course effrénée laissant sa cape tomber sur ses épaules, découvrant son visage blême et pâle. Elle bousculait des inconnus qui la regardaient d’un air hagard et évitait les obstacles qui se présentaient sur sa route par des sauts plus ou moins gracieux. Depuis sa rencontre avec le mage noir, elle avait toujours une entaille bien moche au niveau du mollet droit qui la faisait particulièrement souffrir quant elle se mettait à courir comme à l’instant.

L’odeur lui était familière, elle en avait empli ses sens olfactifs pendant des semaines aux côtés de Jaffar. Mais ce sang n’était pas celui d’un homme cette fois-ci, son odeur avait quelque chose de différent.

-Un animal…


D’un coup, elle arrêta sa course, ne manquant pas de se déchirer le mollet. Une odeur de sang qui n’était pas celle d’un Beorc pouvait simplement être celle d’un goret qu’on égorge, d’une poule ou d’une vache qu’on abat. Elle n’en avait rien à faire alors… pourquoi se presser ainsi ? Pourquoi se donner autant de mal ?


*Ma solitude m’a affectée plus que je ne pensais… je me mets à vouloir aider nos amis les bêtes alors que je suis surement parmi les êtres les plus friands de leur chair.*


Doucement, comme si de rien était elle reprit sa marche d’un pas plus régulier et serein. Les gens autour d’elle la regardaient effarés par sa brusque apparition dans la rue du marché et, petit à petit cet effarement laissa place à un sentiment plus désagréable. Ils la regardaient avec dégout. Yue remit sa capuche sur son visage essayant de cacher à leur yeux scrutateur la blancheur de sa peau, la teinte rouge vif de ses yeux et la balafre encore récente qui barrait sa joue. Naturellement elle traversa le flot continu de visages grotesques. N’avaient-ils rien d’autre à faire que de la fixer ainsi ? Elle n’était surement pas la première fille de lune qu’ils voyaient. Elle piétina un peu sur place regardant à droite, à gauche. Les gens ne s’étaient pas vraiment dispersés et la regardaient toujours avec une curiosité malvenue. Elle décida de leur rendre leur regard les dévisageant volontairement de manière exagérée et impolie. Les femmes portaient pour la plupart de longues robes de soie ou de coton aux teintes ambrées, chaude et attrayantes. Des perles de bois ou de verre formaient leurs atours et des bottines de cuir ornaient leurs pieds. Leurs tenues étaient simples et pratiques simple. C’était en un sens une mode qui convenait tout à fait à Yue. Les hommes quant à eux portaient, des hautes bottes de cuir, bien attachées autour de culottes seyante dans lesquelles disparaissait le bas des chemises. Les différences se faisaient principalement au niveau des bijoux et des parures pour les femmes mais pour les hommes, c’étaient les chemises qui faisaient la variété. Il y en avait des bouffantes, des avec plastrons de dentelles, d’autre à moitié ouverte sur le torse musclé de leur porteur, des cols droits… Elle dénotait étrangement dans le décor avec sa jupe et son haut courts, son corps recouvert de bandages et ses bottes à moitié cramée. Elle n’avait plus de collant et sa cape semblait bien miteuse vis-à-vis des châles que portaient avec fierté et complaisance certaines femmes.
Voyant qu’elle n’avait pas sa place parmi eux, elle décida de s’en aller et de remonter dans les hauteurs. Les odeurs, les sons et la vue là bas étaient bien meilleurs que dans la rue du marché. Elle reprit son chemin baissant la tête pour éviter d’attirer l’attention. De toute façon l’alcool annihilait toutes possibilités d’intimidation.

Elle passa devant les étals encore vides des marchands itinérants ou fixes et trouva quelques pommes qui avaient du tomber d’un cageot. Elle les prit, bien qu’elle n’ait pas très faim mais ça pourrait toujours la dépanner. Dans la journée, elle imaginait bien la cohue que ce devait être. Elle imaginait les gens se bousculer pour avoir les meilleurs prix, les vendeurs criant leurs arguments de vente… un jour, elle ferait en sorte de vivre ça pour de vrai plutôt que de se l’imaginer. Elle avait frôlé la mort sans rien connaître réellement et ne voulait pas que cela se reproduise. Le jour où elle mourrait, elle emporterait des milliers de souvenirs intenses en émotion avec elle. Elle continua son chemin le regard fixé au loin, elle n’avait pas besoin de regarder les étals vides, bientôt elle les verrait pleins de vie.
Soudain, elle se retrouva de nouveau prise dans les filets de cette odeur familière. Elle avait beau avoir fermé ses sens, elle ne pouvait ignorer cette dernière, la source étant juste à côté d’elle, cachée dans une grande carriole bâchée. Au vue de l’étal derrière laquelle la carriole était stationnée, ce devait être un stand d’animaux exotiques. Il y avait des cages suffisamment grandes pour contenir un ours et d’autres plus petites pour des oiseaux ou peut être même des petits félins ou canins. Elle percevait des odeurs mélangées de fientes, d’excréments, de viandes gâtées,…
La tentation d’ouvrir la carriole était trop grande. Bien sur elle pourrait attendre le jour où elle traverserait le marché la tête haute. De plus les yeux posés sur elle étaient trop nombreux. La petite voix de la prudence que lui avait imposée Jaffar lui soufflait de partir en jouant la comédie de la femme fragile et perdue puis de revenir plus tard lorsque la ville serait moins peuplée...Un conseil avisé, mais bon… quand on chasse le naturel, il revient au galop.
D’un pas assuré, elle alla droit vers la carriole et arracha la bâche d’un coup de main. La toile se déchira laissant un spectacle effroyable devant ses yeux. Là, cloitré dans une cage à peine assez grande pour permettre à l’animal de s’assoir et de se coucher sur ses propres membres, un petit louveteau roux la regardait les crocs découverts, les griffes et le museau couverts de sang, les yeux emplis de haine. Il était si maigre et pourtant si vif et vivant. De toute son existence elle n’avait vu une telle fourrure, une telle couleur et une telle fureur. Les yeux de la bête ne reflétaient pas la résignation, la douleur, la peur ou la détresse comme ceux des autres créatures présentes dans le véhicule. A travers les siens n’existait que le défi, l’envie de liberté et la certitude qu’il l’atteindrait. Cet animal n’avait rien à faire dans cette cage. Elle approcha la main, il grogna. Elle l’approcha un peu plus, suffisamment pour sentir son souffle humide se déposer sur sa main. Quelque chose entre eux passa, une reconnaissance mutuelle, le savoir d’appartenir à la même espèce. Elle lui tendit une pomme et il la saisit en même temps que le bout de ses doigts. Elle s’était peut être imaginée cet instant d’union. Il dévora le fruit comme s’il s’agissait d’une bonne viande crue et se remit à grogner les dents serrées, l’air menaçant.
Elle esquissa un mouvement vers lui mais avant qu’elle ne puisse le toucher, deux gardes civils rejetèrent brutalement sa main en arrière.

- Hé, ma p’tite dame, on ne joue pas avec les affaires des autres !


Yue était en colère, pire que ça, elle avait envie de frapper tout ce qui était à portée de main. Comment pouvait-on faire cela à un animal sauvage ? L’affamer, le séquestrer, le frapper ; car elle ne doutait pas que le sang qui zébrait ses flancs était le résultat de sévices. Ses yeux étaient devenus flamboyant. Elle allait les punir de leur cruauté… D’un grognement féroce, le loup rappela la jeune fille à la réalité. Comme lui avec ses barreaux, elle aurait beau se débattre contre ces hommes, elle n’avait pas suffisamment de force pour les briser. Elle réprima sa rage, la force seule ne suffirait pas à les sortir tous les deux de cette situation. Etudiant ses différentes possibilités et réfléchissant rapidement, elle se résigna à utiliser les techniques viles et mesquines de Jaffar.
D’une petite voix fluette et en baissant les yeux comme si elle était honteuse d’avouer une pareille chose mais surtout pour cacher leur flamboiement, elle dit rapidement feignant la gêne et l’embarras :

- Désolé messieurs les gardes, mais j’étais à la recherche de mon petit jaffar. C’est mon chat, je l’ai perdu dans la journée et à cause de ma maladie je n’ai pas pu partir à sa recherche avant la nuit… Voyez-vous, je suis atteinte d’une maladie très rare et très contagieuse _
elle insista particulièrement sur ce point_ qui me fait perdre les pigments de ma peau. Je préfère donc éviter le contact avec les gens de peur de les infecter et ne sors que la nuit quand il y a moins de…

Elle n’avait pas vraiment besoin de continuer son monologue larmoyant, le garde qui la tenait l’avait d’ores et déjà lâchée. Tous les gens qui s’étaient attroupés lors de l’interpellation s’étaient écartés d’une bonne dizaine de mètres également et les regardaient comme s’ils assistaient à un spectacle de marionnettes. Le premier garde se racla la gorge pour reprendre contenance pendant que le second essuyait frénétiquement ses mains sur son pantalon.

- Je vous prierai de bien vouloir partir désormais et que je ne vous revoie plus à trainer dans les rues. Votre chat a dû se faire manger par ce loup…
_ il cherchait ses mots sans les trouver, puis finit par clamer _ tout le monde du balais ya rien à voir déguerpissez !!

Yue lui obéit sans se faire prier. Elle repassa discrètement devant la cage en faisant semblant de chercher son chat et regarda le louveteau avant de lui glisser un autre fruit qu’il s’empressa de saisir de ses canines puissantes. Ses yeux injectés de sang, fixés sur la jeune fille, il heurtait avec frénésie les barreaux de sa cage avec son museau. Pauvre bête…

***


Le lendemain, le réveil fut difficile. Elle n’avait pas réussit à trouver le sommeil ne pensant qu’au petit être sans défense prisonnier de sa cage étroite. Elle s’habilla dans la lueur du jour qui traversait les volets de sa petite chambrette. Elle avait décidé d’avancer sa visite du marché. Ce ne serait pas ‘un jour’, ce serait aujourd’hui. Pour se protéger des rayons du soleil, elle avait troqué ses bas résilles qu’elle ne possédait plus, contre un pantalon de laine épaisse qu’elle avait chapardé dans une boutique qui avait ouvert ses portes à l’aube. Sa chemise noir et poussiéreuse qu’elle avait achetée à un clochard dans la rue était assez longue et remontait suffisamment haut au niveau de son cou pour cacher son corps. Elle avait rajouté des gants à sa tenue pour protéger ses mains et un foulard épais entourait son visage. Avec sa cape, seuls ses yeux étaient encore visibles. Ce foulard sur son nez avait en plus la bienveillance de la protéger des humains. Elle avait même mit des bouchons de cire dans ses oreilles pour le bruit. Elle était fin prête à se mêler aux Beorcs.
Après une grande respiration devant lui donner du courage, elle ouvrit la porte de ce qui lui servait de chambre et avança la tête droite. C’était peine perdu, la lumière était trop aveuglante. Même si elle ne regardait pas le soleil ou le ciel en face, le sol le lui reflétait et faisait saigner ses yeux. La lumière était agressive comme toujours avec elle. Tant pis, elle ne pouvait plus reculer maintenant. Elle clôt ses paupières, décidant qu’elle se dirigerait à l’aide de ses oreilles seules.
Elle descendit la rue, laissant derrière elle l’auberge qui l’avait hébergée durant les quelques heures de l’aube. Les gens affluaient en tous sens mais elle n’osait ouvrir les yeux pour voir leur expression, elle devait se dépêcher. En rentrant se coucher elle avait demandé à l’aubergiste combien pouvait coûter une bête sauvage. Le prix qu’il lui avait alors donné lui semblait dérisoire, cent pièces d’argents environs voilà ce que valait une vie animale. Cette somme pouvait sembler exorbitante pour certaine personne mais elle la trouvait honteuse. Cependant, elle devrait négocier car elle n’avait pas la totalité de l’argent mais, vu l’état pitoyable dans lequel elle avait vu la bête, elle espérait avoir une ristourne.
Négocier l’écœurait mais elle devait le faire pour son bien.

Elle arriva rapidement dans la rue du marché bondée de monde. Dans tous les coins on criait, on vantait les mérites de ses produits et on se bousculait comme elle se l’était imaginée. Néanmoins, malgré les bouchons, le foulard, la préparation physique et la préparation mentale, tout ce raffut lui donnait des hauts le cœur. Elle verrouilla son estomac, ne se concentrant que sur une seule odeur et entama sa marche salvatrice. Partout autour d’elle, elle entendait le son des armes ou des ustensiles de cuisine dont le fer s’entrechoquait, elle sentait l’odeur nauséabonde des porcs trop gras qui se dandinaient pour se vendre au plus offrant. Des odeurs de légumes frais et de terreau venaient chatouiller ses narines, des gens la heurtait, la poussait, la tirait,… Au fond d’elle-même, elle était heureuse de se trouver parmi son peuple. Elle se dirigea directement vers son objectif, se créant un passage entre le méandre de Beorcs. Elle avait l’impression de nager à contre courant.
Soudain, elle le sentit. Il était là, pitoyable mais bien là.
Elle ouvrit les yeux en réprimant une grimace, se redressa pour se faire plus grande qu’elle ne l’était et s’approcha d’une démarche lente, sereine, presque aristocratique, regardant les gens qu’elle croisait d’un regard intimidant et hautain. Ils s’écartèrent tous devant la couleur effrayante et la froideur de ses yeux. Tout en copiant sa démarche sur celle des paons en cour, elle s’approcha de son étal et sans un regard pour le marchand, analysa la marchandise. Elle connaissait un peu le genre de caractère qu’elle devait adopter si elle voulait réussir cet achat.

- Eh bien, eh bien, ce n’est pas du fameux tout ça. Moi qui cherchait un loup fort et vigoureux pour entrainer mes chiens…ce n’est pas fameux.


Elle secoua la tête d’un air dépréciateur, continuant à regarder d’un œil distrait le reste des animaux. Le marchand commençait à se justifier. C’était précisément ce qu’elle recherchait bien qu’elle se demandait comment pouvait-il justifier sa bêtise…Maintenant elle devait se détourner et le laisser la rappeler pour lui faire une bonne offre. Elle fit un pas, puis deux…

- Madame, je…je n’peux vous vendre ce loup. On mla djà acheté mais si vous vlait j’ai de parfait margays pour vos chiens…


Il continua sa phrase mais elle ne l’écoutait plus. Déjà acheté, ce n’était pas possible. Tous ses espoirs partaient en lambeaux. S’il était acheté, elle ne pourrait sortir le loup de sa cage, le rendre à la liberté, le voir gambader à ses cotés, le regarder dormir…Soudain, elle se sentit idiote, elle s’était déjà attribué ce loup comme sien. Elle se voyait comme une mère protectrice alors qu’elle ne lui devait rien. S’il avait été acheté peut être sa vie serait-elle meilleur que tout ce qu’elle pourrait lui offrir. Elle était seule mais ne devait pas lier ainsi cette créature à elle.
Elle était ridicule et pitoyable… c’était triste pour elle. Elle ne pouvait plus rien pour lui. Elle se résigna, à la base elle était venue pour trouver de la compagnie Beorc et non pas animal. Elle ne daigna pas regarder le marchand et fit quelques pas pour s’éloigner de l’étal. Le loup hurla soudain à la lune alors qu’il faisait encore jour. Elle se retourna en le regardant, ses yeux sombres transperçaient son âme, elle devait demander :

- Qui a acheté…cette chose?


Son ton était un peu trop sec et empressé mais elle ne pouvait faire mieux. Le marchand la regarda la dévisageant de haut en bas. Il doutait mais elle s’en fichait, elle ne réutiliserait pas ce personnage.

- Eh bien madame c’est sir Legan qui l’a acheté pour ses combats de chiens, il lui a semblé assez vigoureux pour amuser son public.


Combat de chiens, quelle horreur ! La cruauté de l’homme n’avait donc pas de limites. Le petit marchand était retourné à ses occupations laissant Yue dans un total désarroi. L’Homme, elle l’avait remarqué depuis peu, avait une tendance à la destruction. Il aimait se battre, asservir les plus faibles, gouverner en maître. Ils étaient intolérants et se devaient d’exterminer les personnes différentes d’eux. Le changement les effrayait tout comme l’adversité. Ils avaient peur de l’inconnu et s’inventaient des entités du nom de Dieux pour pallier à leur ignorance. Ils se sentaient obligés de tout prévoir à l’avance, oubliant de se laissait vivre … Parfois, elle se trouvait idiote de vouloir partager leur vie.
Cependant, si elle avait choisi de rester avec les Beorcs, le louveteau s’était vu imposer ce choix. Elle le reprendrait, le soignerait et le rendrait à la vie sauvage.
Elle s’en faisait une nouvelle résolution. Elle aurait pu le voler dès maintenant mais elle voulait utiliser un moyen légal car elle ne voulait pas se retrouver avec sa tête placardée partout associé du titre ‘voleuse de loups ’ elle en avait déjà assez de celui de ‘voleuse de chevaux’... en plus les affiches n’étaient pas très flatteuses. Elle ressemblait plus à une sorcière qu’à une jeune fille de 15ans. Elle devait trouver ce Sir Legan et lui arracher le petit loup.

***


Elle avait fini par le retrouver grâce à l’information que lui avait donné le marchand, les combats de chiens. Sir Legan était vraiment très connu pour ses mises en scène et ses combats spectaculaires. Il créait des histoires romanesques où les combats s’imbriquaient, représentant des nations ou des protagonistes. Nombreux étaient les gens de la haute société à aimer parier sur ces jeux. C’était la manière de Sir Legan d’arrondir ses fins de mois et de prendre soin de sa petite cour. Le combat avec le loup était prévu dans trois semaines. Selon le scénario qui accompagnait l’annonce, le loup représenterait la nation des homme-loups d’Hatary et serait mis à mort lors de son combat par les chiens représentant les armées de Crimea et de Begnion réunies. Cela signifiait qu’elle avait trois semaines pour faire en sorte que cet aristocrate lui donne ou lui vende le loup.

Pour l’instant, elle avait réussit à se faire engager en tant que garde chasse de nuit à son service.
Pour cela, elle avait dû pas mal se renseigner mais le monde de la nuit avait l’avantage de délier les langues. D’abord elle posa ses questions sur les combats de chiens feignant d’adorer ça, ce qui se révéla être pour elle le plus difficile dans cette affaire. Puis, elle s’était informée sur ceux qui les organisaient et qui elle devait contacter si elle voulait y assister. En posant les bonnes questions et en jouant parfois le rôle de la fille fragile, elle avait réussit à entrer en contact avec le garde chasse officiel de Sir Legan : Rodd. C’était un homme qui aimait le jeu, les défis et apparemment perdre de l’argent. Elle avait passé quelques soirées à l’observer, ce qui fut très difficile pour elle et ses sens, mais également gratifiant car elle commençait doucement à s’habituer. Elle lui avait par la suite adressé la parole à plusieurs reprises. C’était un homme, alcoolique qui plus est, avec qui elle n’eut pas de mal à nouer des liens. Elle l’avait séduit et amené sur un terrain qu’ils connaissaient particulièrement bien tous les deux… la chasse.
Elle l’avait laminé haut la main et pour la récompenser il l’avait prise comme apprentie. Quelle ironie ! Elle était pourtant bien plus forte que lui mais grâce à cela elle avait pu entrer dans la propriété de Sir Legan et quelle propriété ! Il possédait une maison qui s’étendait sur presque un hectare de forêt qui, bien que trop luxueuse au goût de Yue, était splendide.
Cette investigation lui avait donné du baume au cœur car elle ne pensait pas si bien réussir surtout à cause de son apparence, mais elle avait remarqué que si son allure effrayait certaines personnes, elle en attirait également beaucoup et souvent les plus bavards. Par un incroyable coup de chance, Rodd en faisait partie, elle était chanceuse.

Lorsqu’elle avait aperçu le louveteau dans une cage de taille raisonnable, elle s’était retenue pour ne pas paraître trop intéressée ou attachée à lui. Elle s’efforçait chaque soir de s’en tenir à son travail et aux tâches qu’on lui avait demandé d’accomplir. Elle devait s’occuper des animaux, parfois chasser pour le lendemain ou faire des tours de reconnaissance dans la forêt pour trouver les meilleures zones de chasse, de sorte que Rodd puisse mener ses chasses de jour. Elle aimait bien ce travail, on lui avait même fourni de nouvelles bottes et des collants plus résistants que ses anciens. Travailler pour les riches avait ses avantages. Même si elle devait toujours limiter ses sens, elle aurait aimé que cette vie soit vraiment la sienne.
Par contre, les écuries et les chenils lui inspiraient une sainte horreur surtout les écuries, elle ne s’entendait vraiment pas avec les chevaux. Tous les jours, elle portait des bouchons d’oreilles et elle s’efforçait de respirer par la bouche. Mais ce qu’elle détestait plus que les chevaux et leur odeur, c’était la manière et la violence avec laquelle Sir Legan et ses acolytes traitaient les bêtes dont elle devait s’occuper.
Ses chiens de combat étaient dans un état pire que le louveteau roux. Ce dernier, qu’elle nourrissait tous les jours était mal physiquement mais reprenait des forces petit à petit. Par contre les chiens eux, allaient bien physiquement mais étaient complètement dérangés mentalement, on ne pouvait pas les mettre en groupe au risque de les voir s’entretuer. Ils étaient très agressifs et aucune intimidation ne fonctionnait sur eux. Ils étaient déjà morts à l’intérieur et n’existaient plus que pour tuer. Ils lui faisaient pitié bien plus que le louveteau.

D’ailleurs, lorsqu’elle passait du temps avec le loup, cela ressemblait largement à deux chiens de faïence se regardant dans le blanc des yeux, même si les siens étaient rouges. Nuit après nuit, il avait commencé à grossir et son poil miteux s’était renouvelé, il reprenait du poil de la bête. Elle arrivait maintenant à l’approcher à moins de deux mètres sans qu’il grogne ou montre les dents. Cependant, elle ne pouvait pas le soigner efficacement car il retirait et grattait ses croutes ou léchait les baumes de soin, les rendant inefficace.
Parfois quand il dormait, elle pouvait s’assoir juste à coté de lui et se mettait alors à parler dans le vide. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle espérait en faisant ça, peut être allait-il s’habituer à sa voix. La seule chose dont elle était sure, c’était qu’elle le voulait… ou plutôt voulait-elle son bonheur et sa liberté. Mais pour cela, elle devait convaincre Sir Legan.

Elle ne le voyait que peu souvent. Travaillant de nuit, elle ne le croisait jamais mais l’apercevait parfois dans les jardins en compagnie de jeunes femmes. Elle en avait d’ailleurs comptées trois différentes depuis le début de la semaine. Rodd, son maître comme il aimait à être appelé, lui avait assuré qu’elle ne pourrait pas racheter le loup sur lequel elle lorgnait. Cependant, il lui avait raconté qu’une fois, il avait réussit à obtenir un faucon comme une faveur pour bonne conduite lors d’une chasse. Bien sur il n’aurait jamais eu cette faveur si cette chasse n’avait pas eu lieu avec d’autres nobles. La récompense ne visait qu’à le montrer généreux devant ses ‘amis’. A ces paroles, une idée était née dans l’esprit de Yue.
Une autre chasse de ce genre avait lieu le jour du combat qui faisait déjà grand bruit parmi les nobliaux. Le jour où le petit louveteau serait donné en pâture aux chiens enragés, Sir Legan organisait une petite battue avec ses nouveaux camarades dans la matinée. C’était elle qui s’était occupée du repérage. La zone qu’elle avait choisie était sur le territoire d’un grand nombre de sangliers. Elle aurait pu faire une mise en scène où elle le sauvait mais elle ne pouvait pas l’accompagner. Ce privilège était réservé à Rodd, il était de service depuis près de dix ans, elle était là depuis douze jours. Elle avait réfléchit à des milliers de manières légales de récupérer le loup mais toutes se basaient sur la bonté de Rodd. Il avait refusé…Cette fois-ci, elle devrait faire une petite entorse à sa morale car la légalité ne suffirait pas. Elle devait mettre Rodd sur le banc de touche quelque soit la façon.


- Hey Rodd ça vous dit de prendre un verre avec moi avant que je ne prenne mon service.


Le sourire qu’elle arborait, était des plus engageants, il ne refuserait pas son invitation.

- Avec grand plaisir ma p’tite Yue, tu offres une tournée bien sur et je ne veux pas du lait moi je suis majeur pas comme toi.


Comme elle le pensait, ce serait facile. Il avait confiance en elle ou plutôt il la pensait naïve et inoffensive.

- Mais oui, c’est ça avec la modique somme que vous me versez pour faire votre travail.


Elle l’emmena dans l’auberge se fourrant plus de cire dans les oreilles et dans le nez par la même occasion. Ce soir elle allait le droguer avec une plante qu’elle avait trouvée dans la forêt. Eristoff et Jaffar lui avait enseignée les rudiments sur les poisons. Elle était désolée pour lui, demain il aurait une diarrhée horrible et ne pourrait pas accompagner Sir Legan, elle le remplacerait.

***


- Pourriez-vous vous dépêcher mademoiselle…


Sir Legan était exaspérant. Il était sans aucun doute beau avec ses bouclettes brunes soigneusement huilée retombant gracieusement sur son visage jeune et viril, sa carrure digne d’un brave soldat et sa délicate odeur de rose… Elle ne pouvait critiquer son physique mais sa personnalité… Il était exécrable. Il lui parlait avec mépris, n’avait aucune considération pour son travail et sa personne et ne pouvait s’empêcher de lui hurler dessus. Mais bon, elle préférait ça à sa manière hypocrite de s’adresser à ses hôtes.

- Vous rirez peut être chers amis, mais je ne savais même pas que nous avions un garde de chasse de remplacement. A croire que je suis vraiment prévoyant, ha, ha, ha !!

- Mon seigneur nous savons parfaitement que vous êtes intelligent hum, hum, hum !!


*Il essaye de faire de l’humour, écoutez ça c’est pathétique…*


Non, le pire devait être ces ‘demoiselles’ qui gloussaient à toutes ses réflexions. Ce qu’il disait n’était même pas drôle. Elle les détestait tous et devait se concentrer sur le petit loup si elle ne voulait pas les démonter les uns après les autres… se concentrer, elle devait se concentrer…


- Dites donc la garde chasse débutante, on se concentre et on se dépêche, mon cheval est mal harnaché ! J’ai chaud, je veux de l’eau et je vous pris de donner ce message à mademoiselle Iris. Oh et profitez en pour dire au seigneur Gabu qu’il ne pourra pas nous accompagner, manque de place ha, ha, ha !


- Oui mon seigneur…


Elle aussi avait soif mais le pire était que malgré sa potion anti-UV, qu’elle avait pris en prévention de cette journée, la chaleur des rayons du soleil, lui étaient très désagréables.
Il ne pouvait pas imaginer à quel point elle rongeait son frein.

*


Le terrain de chasse qu’elle avait choisi était abondant en petits rongeurs, ce qui était idéal pour une chasse aux faucons ou aux margays mais plus loin il y avait pour les chiens des sangliers et, avec un peu de chance, des chevreuils. Elle aurait surement apprécié ce genre de chasse en meute, du moins si elle s’était déroulée avec de vrais chasseurs. Mais là, elle espérait juste que tout ça se terminerait rapidement.
La forêt était affreusement bruyante aujourd’hui. Ces dames de la haute habillées de leur flanelle et de leur chaussure à talonnette, montées sur leurs chevaux de concours de beauté, ne pouvaient s’empêcher de piailler. Avec le boucan qu’elles faisaient, Yue ne pourrait jamais organiser son traquenard. Et l’autre Don juan s’occupait plus de tenir compagnie à Miss Iris, que de réussir une grande chasse.


*Quoi qu’à bien y réfléchir c’est peut être ça pour lui une grande chasse, ajouter des femmes à sa collection*


En quelques heures, ils avaient fait de sa paisible zone de chasse une espèce de salon de thé affreux. C’était à peine si deux jeunes femmes avaient réussit à attraper du petit gibier, un furet et un écureuil. L’un des seigneurs avait abattu une multitude d’oiseau de toutes sortes, mais personne ne semblait vouloir se risquer au plus gros gibier et maintenant, toute la forêt avait dû fuir.
Avec un peu de chance, les sangliers seraient toujours là, elle devait se dépêcher. Si elle voulait convaincre Sir Legan de se lancer dans son piège, elle devait amadouer sa compagne. Prenant son courage à deux mains et adoptant un caractère un peu roublard, elle se lança.


- Vous ne trouvez pas cela triste mademoiselle Iris ? Tous ces gens qui s’extasient sur ce petit gibier alors qu’à à peine 500 mètres de notre position, il y a du vrai défi : du sanglier, du chevreuil et même de l’ours…

- Aaaarg… vous m’avez fait peur
_ Yue avait bien remarqué que son apparence les dérangeait tous. Elle en avait même entendu quelques uns la comparer à leur cheval ou des lapins. Quels crétins ! Reprenant son souffle, la jeune femme demanda avec curiosité _ De l’ours vous êtes sûre ? Mais personne ne peut affronter un ours.

*Trop crédule*

- Moi je pense que Sir Legan pourrait…

- Ah non, non, non, ce serait trop dangereux

- Que se passe-t-il ? Le garde chasse vous importunerait-il ma chère ?

- Ah non, non, non mon seigneur Legan. Il me disait simplement que vous étiez capable d’affronter des ours et moi...
_ elle hésita et ses joues rosirent légèrement _ oh bien sur je vous sais plein de bravoure mais un ours…
- Mais si parfaitement ma chère ce n’est pas plus difficile qu’un faisan. Il faut simplement faire mouche du premier coup. D’ailleurs pour vous le prouver j’y vais de ce pas.


*Il a mordu à l’hameçon, c’est parfait*


Il s’éloigna dans la direction indiquée d’un air fier et sûr de lui. Il jouait bien la comédie. Elle courut pour le rattraper et lui précisa qu’il n’y avait pas de risque de rencontrer d’ours et qu’elle n’avait fait cela que pour l’aider. D’un regard, il lui avait signifiée qu’il n’avait besoin de nulle aide et avait talonné son étalon pour s’éloigner plus rapidement. Quel malotru !
Elle profita de son éloignement pour préparer son embuscade, s’assurant que certains nobles le suivaient, laissant trainer quelques compliments sur son courage et se dépêcha de trouver les acteurs de son traquenard. Grâce à son odorat, elle avait trouvé un groupe de deux phacochères en train de retourner la terre à l’aide de leurs défenses pour trouver des racines. Ils étaient mignons et elle s’en voulait de les sacrifier pour sauver le louveteau roux… Pourquoi avait-elle décidé que leur vie était moins importante que celle du loup ? Elle ne savait pas. En tout cas elle se chargerait de leur donner une fin rapide. Elle se cacha subrepticement près d’eux et attendit l’arrivée de Monseigneur.

*Le voilà*


Il était juste dans son champ de vision à 200 mètres à peine. Les phacochères l’avaient déjà repéré mais ils restaient immobiles pour ne pas lui signaler leur présence. Intelligents.... Par contre, Sir Legan avait dû cacher son cerveau très loin derrière sa tignasse. Il se pavanait en grand chasseur exagérant chacun de ses gestes, on aurait dit une parodie. Yue ne tenait plus. Elle sortit de sa cachette effrayant les deux bêtes qui se mirent à foncer tête baissée. Avec ses flèches, elle les dirigea pile dans la bonne direction. Les phacochères n’étaient pas des créatures très malignes et, à part charger droit devant elles, elles ne savaient pas faire grand-chose. Sir Legan ne les vit que trop tard pour les arrêter.Ses chiens, qu’elle avait drogués la veille, ne firent pas un pas pour le protéger. Sa vie était entre ses mains. Si elle ne faisait rien il mourrait, elle récupérerait le loup et partirait. Si elle le tuait, les animaux s’en porterait mieux... Tout pourrait se terminer en un instant... mais elle ne pouvait pas. C’était trop lâche. Elle ne pouvait tuer pour potentiellement sauver son espèce…


*Finalement on n’était vraiment pas compatible, Jaffar…*


Elle arma son arc et décocha deux flèches à la suite. Les deux atteignirent leur cible, ils n’avaient pas souffert.
[color=yellow]
- Sir Legan, allez-vous bien, j’ai eu tellement peur pour vous [/colo]
- Oui, ma chère, il y a eu plus de peur que de mal ha, ha, ha…


Son rire sonnait faux, il avait certainement dû se pisser dessus. Mademoiselle Iris plongeait dans ses bras le serrant avec force. Elle allait le briser si elle continuait. C’était trop drôle. Maintenant, ne restait qu’à le mener sur la voie de la générosité. Ce serait difficile et elle devrait bien manœuvrer. Elle alla pour commencer le petit speech qu’elle avait répété des dizaines de fois quand une tornade de flanelles se jeta sur elle.

- Oh merci, mademoiselle, merci mille fois s’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous je le ferais. Vous lui avez sauvée la vie… merci


Elle l’étouffait et mouillait ses joues. Des larmes coulaient de ses yeux, Yue la plaignait mais l’enviait un peu aussi. Elle était éperdument amoureuse d’un crétin mais le bonheur qu’elle lisait dans ses yeux était le plus beau qu’elle ai vu à ce jour. Son soulagement était sincère, sa peine également. Elle aurait aimé accepter son offre cependant, ce n’était pas d’elle qu’elle voulait une faveur mais de Sir Legan. Soudain, son plan se mit en marche. Les différents nobles et témoins réunis, exacerbèrent sa dévotion, son agilité et sa précision, en répétant maintes et maintes fois qu’elle lui avait sauvé la vie. Sir Legan était trop fier pour avoir des dettes. Il s’approcha solennellement en passant bien loin des cadavres encore chaud et posa sa main sur l’épaule de Mademoiselle Iris, déclarant haut et fort avec une teinte d’amertume que seule Yue dut entendre :

- Allons ma chère, laissez moi l’honneur de récompenser les hommes qui me sauvent… enfin dans le cas présent, la femme ha, ha, ha
_ il se tourna vers Yue, une pointe de haine perçant dans ses yeux _Eh bien mademoiselle la garde chasse…

*Il ne connait même pas mon nom…*


- Je suis prêt à vous offrir tout ce que cette terre peut offrir. Désirez-vous ce gibier pour vous mettre à l’abri de la faim durant quelques mois peut être ?


- Non rien de tout cela mon seigneur
_ il parut soulager, elle sourit _ Je n’aimerais qu’une chose. Depuis quelques jours que je vous sers, je me suis attachée à une de vos bêtes et je voudrais qu’elle m’appartienne.

- Tant que ce n’est pas un cheval je suis prêt à tout vous donner.

- Rassurez-vous je ne veux pas l’un de vos chevaux.
_ loin de là_ Je veux simplement le louveteau roux.
- Mais bien sur, avec pl…Le loup !


Il allait protester mais de nouveau la tornade de flanelle lui sauva la mise.

- Oh si peu ! Vous êtes vraiment une bonne âme mademoiselle. Votre nom, donnez moi votre nom !


*Génial, elle me mâche le travail cette fille, je l’adore, mais le meilleur reste sa tête à lui*

- Mon nom est Yue mademoiselle Iris et je vous remercie de votre soutien.


La dame lui serra la main et l’embrassa avec force. Qu’il était agréable de se sentir aidée, même si c’était involontaire. Elle jeta un œil à Sir Legan. Très énervé, elle devrait faire profil bas désormais. Elle lâcha Dame Iris et celle-ci la remercia encore. Elle espérait qu’elle ne ferait pas trop de vagues par rapport à l’évènement au risque d’énerver son beau seigneur. Dame Iris retourna sur son cheval frôlant au passage la main de Sir Legan. Savait-il seulement à quel point cette fille était formidable ? Non, il était trop bête pour s’en rendre compte. D’un geste ce dernier signala la fin de la battue et tous remontèrent sur leur chevaux, les vassaux se dépêchèrent de charger le gibier, tout se terminait. Mais elle ne pensait plus à rien. Elle était sur un petit nuage, elle avait réussit. Plus rien avait d’importance… Elle récupéra discrètement ses flèches sans que personne ne fasse attention à elle et retrouva le petit groupe.
Par la suite elle ne se souvint même pas comment elle était rentrée de cette chasse.

***


Lorsqu’elle rentra à la propriété de Sir Legan, tout s’enchaina très vite, elle devait s’occuper des chiens de chasse, les abreuver, les panser pour certains, les nourrir. De même pour les chevaux et pour les faucons. Puis, on lui demanda d’aller voir Rodd pour prendre de ses nouvelles. Elle s’occupa de chaque tâche en mettant du cœur à l’ouvrage, ce serait la dernière fois qu’elle s’occuperait de tout ce travail elle voulait laisser une bonne image à Rodd pour qu’il ne soit pas trop pénalisé par son comportement. Après avoir tout fini, elle alla le voir et lui raconta en détail tout ce qui s’était passé pendant sa journée de repos. Il rit à l’énonciation de Dame Iris mais déchanta rapidement lorsqu’elle parla des phacochères et de la manière dont elle avait obtenue la garde du louveteau. Il prit un air grave et lui dit avec dureté :

- Prend le Yue, prend le et disparait maintenant. Personne ne t’accusera de vol si tu pars mais si tu restes, il trouvera un moyen de te le faire payer, alors pars, dégage !!


Il avait dit cette dernière phrase avec véhémence et la puissance de sa voix l’avait faite reculer de quelques pas. Elle inclina la tête et sortit.

- C’est dommage tu aurais été une bonne héritière fillette…



Yue courut vers le chenil. Ce que venait de lui dire Rodd lui avait rappelée qu’elle n’avait pas forcément à faire à des personnes d’honneur mais à des Beorcs. Elle se précipita vers l’endroit où était enchainé son louveteau, car désormais, c’était le sien. Elle arrêta sa course, haletante, il n’était pas là. Elle ouvrit tous ses sens, repoussant ses limites, défaillant quelque peu devant l’intensité des stimuli, elle rechercha l’odeur de son louveteau. Ils l’avaient emmené au loin mais elle perçut le bruit de la foule qui acclamait Sir Legan.


*Enflure !!!*


Elle alla chercher son arc et se rendit aussitôt là où elle les trouverait, son loup et lui. Elle lui ferait payer.

La foule était dense, des gens de toutes natures s’étaient réunis et pariaient furieusement sur le temps que mettrait le louveteau à mourir. Sans gène, elle les dégagea se rapprochant rapidement de Sir Legan, fendant la foule.

- Comment osez-vous, cet animal ne vous appartient plus !!

- Allons mademoiselle la garde chasse, je vous ai dit que je vous le donnerais, je n’ai pas précisé l’état ha, ha, ha !! Bien sur si vous allez le récupérer maintenant je ne m’y opposerais pas ha, ha, ha enfin si vous êtes assez folle pour affr…


Elle n’écouta pas la fin de son petit monologue et se jeta à travers la foule pour atteindre l’arène où s’entretuaient les chiens. Le petit loup était au milieu entouré de trois chiens enragés. Le terrain où ils se battaient se trouvait en contrebas, il était vide. La foule en délire entourait le terrain, elle devait arrêter ça. Elle décocha une flèche, visant près de l’un des chiens mais ils avaient complètement perdu tout instinct de survie. Les gens la regardèrent avec colère, on ne devait pas interrompre un combat. Qu’ils aillent se faire fou… les chiens se jetèrent sur le loup, celui-ci esquiva en sautant sur le coté, deux d’entre eux se rentrèrent l’un dans l’autre et commencèrent à se battre. Ils étaient fous. Elle sauta dans l’arène sous les applaudissements du public. Pensaient-ils vraiment que ça faisait partit du spectacle ? Elle préférait ne pas y penser, elle avait d’autres chats à fouetter.
Les deux chiens qui se battaient, s’étaient arrachés des bouts de chair et une oreille mais ils s’étaient relevés pour se liguer contre le plus faible. Le louveteau haletait au milieu, il était lacéré sur le flanc gauche et sa patte droite semblait brisée. Il la trainait derrière lui comme un poids mort. Elle leva les yeux vers le public, ils étaient tous hilares.

*Merde, je vous déteste tellement parfois*


Elle se concentra sur les quatre bêtes et attendit le moment opportun, essayant d’oublier ce qui l’entourait.
Ils se jetèrent sur lui, elle aussi. Elle fut plus rapide et de ses bras, elle entoura son corps poilu et l’enserra fermement. Une flèche à la main elle transperça le cœur du chien qui attaquait dans le dos du loup. Dans son dos à elle, elle sentit des crocs et des griffes s’enfoncer profondément dans sa chair. Elle hurla de fureur. Le loup entre ses bras la mordit également. Il avait peur, c’était normal. Elle desserra son étreinte, le regardant droit dans les yeux d’un regard ferme mais rassurant, le calmant instantanément. Elle se retourna et dégagea les chiens d’un coup d’arc dans les côtes. Les gens restaient bouche-bée et la regardaient avec un respect effrayé, elle s’en foutait. Elle se releva en serrant les dents et se baissa sur le louveteau. Il grogna, il était prêt à en découdre s’il le fallait. Elle prit quelque chose dans sa poche et lui tendit. Le loup regarda la pomme qu’elle lui mettait à porter de museau et la prit du bout de la langue. Il la goba d’un coup de dents. Elle lui sourit chaleureusement et le vit rapidement défaillir. Il était épuisé et le calmant qu’elle avait glissé dans le fruit devait aussi y être pour quelque chose. Doucement, elle le prit dans ses bras. Qu’il était lourd ! Avec une impulsion dans les jambes, elle sortit de l’arène tandis que la foule s’écartait sur son passage. Elle se demanda de quelle couleur était devenus ses yeux pour les effrayer de la sorte et quelle expression arborait son visage. Sir Legan se précipita sur son passage avec quelques uns de ses gros bras. Elle lui décocha un regard qui le fit vaciller.

- Cette animal est mien, vos nobles en sont témoins.


Elle se tourna vers eux, leurs yeux étaient baissés et seule Iris la regardait, osant élever la voix.

- Je suis témoin Seigneur Legan,…


Sa voix était à peine audible mais elle s’était opposée à lui. Ça suffisait. Il s’écarta de son chemin alors qu’elle passait sans se retourner. Quand elle fut suffisamment loin, elle l’entendit proférer des menaces vis-à-vis d’elle. Il la dénigrait et la traitait de malade mentale. Elle ne répondrait pas à ses provocations, ce serait lui donner trop d’importance. Elle avait des millions de choses à hurler mais ce n’était pas sa priorité, elle devait soigner le petit loup, trouver un abri rapidement car sa peau commençait à brûler et chasser pour les nourrir tous les deux mais avant tout, elle devait dormir et laisser son corps se reposer et se soigner seul.

Le petit loup remua entre ses bras, elle resserra son étreinte et lui chuchota à l’oreille :

- Ne t’inquiète pas mon petit Jaf, je prendrais soin de toi jusqu’à ce que tu deviennes fort et indépendant. Je te rendrais à la liberté et si tu le veux, je resterais à tes cotés jusqu’à ce que lq mort nous sépare.


Jaf, ce nom lui était venu comme une évidence, un petit loup roux, solitaire et teigneux ce ne pouvait être que Jaf.

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Jusqu'à ce que la mort nous sépare... Empty
MessageSujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare...   Jusqu'à ce que la mort nous sépare... I_icon_minitimeDim 24 Oct - 1:49

RÉÉVALUATION DU NIVEAU

    Langue : 4/5

    Commentaires : Quelques fautes d'innattention (et surtout d'accord) retrouvées dans ton texte. Malgré tout, sa longueur les rend assez négligeables.

    Citation :
    - A chaque coin de rues > rue
    - des mélodies de toutes sortes > de toute sorte (j'l'aurais mis au singulier moi, mais j'suis pas du tout sûre que ça soit juste en fait x))
    - Elle s’était tellement habituée
    - quoi que > Quoique
    - petits couloirs à vent frais qui (..) devenaient plutôt apaisantS

    - leurs yeux scrutateurs
    - culottes seyantes
    - [Les chemises].. d’autres à moitié ouvertes
    - ses bottes à moitié cramées
    - Au vu de l'étal

    - Bien sûr
    - le museau couvert de sang
    - Ses yeux étaient devenus flamboyants
    - Prends le Yue
    - je ne m’y opposerai pas

    Style : 4.5/5

    Commentaires : T'as toujours un style aussi prenant et captivant, ce qui fait qu'on lit ton rp d'une traite, sans se lasser pour autant. ^^
    De jolies tournures de phrases associées à des images. Et le fait qu'on arrive aisément à comprendre les sentiments de ton perso quand on te lit.. Bref, j'aime. =)

    Quant à ta mise en page, parfaite mise à part une petite erreur de balise de couleur.

    Citation :
    A ses sens, tout ne lui apparaissait que comme une cacophonie incessante
    > Tout ne lui semblait être une cacophonie incessante

    Citation :
    Leurs tenues étaient simples et pratiques simple.

    Caractère : 2.5/2.5

    Commentaires : Un perso totalement cerné et en accord avec son passé. Tu te sers bien de ton background et de tes précédents rps dans ce rp, mêlant ainsi passé et présent. Les réactions de ton personnage sont recherchées et correspondent à l'image qu'on s'en était donné.
    Bel et bien butée, elle est vraiment allée jusqu'au bout des choses. ^^

    RôlePlay : 9/10

    Commentaires : C'était en somme un très beau rp, même si la rencontre faisait un peu une impression de déjà vu. Mais la manière dont tu l'as amené et la chute en font quelque chose de vraiment sympa à lire et lui confère son originalité.

    Alors, j'ai particulièrement apprécié tes descriptions qui sont vraiment réussies. Riches en détails, on peut très bien s'imaginer la scène, que ce soit la place bondée du marché, les gens de haute société, la première rencontre avec le loup ou bien même celle de Sir Legan qui en fait un personnage tout à fait méprisant..
    Bref, les scènes sont également bien choisies. J'avais pressentie l'intervention d'Iris d'une manière ou d'une autre. Comme quoi.. x)
    La chute était devinable mais t'as bien fait d'enfoncer davantage le clou sur la pourriture qu'est Sir Legan. Le ressentiment du lecteur envers lui n'en est que plus renforcé.

    Quant à Yue/Jaf.. Que dire à part que c'était une magnifique rencontre et qu'ils se sont décidément bien trouvés ces deux-là ? ^^

- Note : 20 > 17.5
- Niveau précédent : 17
>> Niveau final : 18

Bon et bien, désolée pour l'attente et félicitations pour ce niveau durement gagné.
Au plaisir de te relire. ^^
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Jusqu'à ce que la mort nous sépare...

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