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| Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] | |
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❝ Akamae ❞
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| Sujet: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Lun 19 Juin - 22:51 | |
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Je n'ai jamais été sûre de moi. Longtemps, c'était les autres qui choisissaient pour moi, ma voix leur importait peu. Seules les voix dans ma tête m'obéissaient encore... Et puis elles aussi ont commencé à me trahir. Seule... Je releva la tête et me concentra sur mon cheval avançant à petit pas, entouré de mes confrères mages. Nous ressemblions en toute franchise à des fantômes obscures montés à cheval. Le but de mon voyage? Je ne m'en souvenais plus... Cela faisait longtemps depuis notre départ de Mélior, et la bordure de Daein approchait. La route était dégagée mais la nuit approchait à grand pas. Le leader retira sa capuche et tout le monde suivirent. Les fantômes avaient désormais des visages et des noms. Le petit groupe commença à préparer un campement, mais les voix m'assaillaient de nouveaux. On me regarda, ils savaient qu'il m'appelait. Je remis ma capuche et descendit de mon cheval, caressant sa crinière avant de le laisser entre les mains du plus proche. Je devais me séparer du groupe...
"Vous allez bien?" "Oh! M...Merci mais je vais bien. C'est juste que..." "Ne vous en faites pas, prenez votre temps pour méditer. Nous camperons ici."
Je hochais la tête. Depuis la découverte d'un esprit noir lié à moi, on me regardait différemment. De la peur parfois, de l'admiration, des questions. Toutes ses émotions que je ne savais encore appréhender... Je remonta une colline pour apercevoir une forêt. Une brume l'entourait, une magnifique brume qui m'appelait. Le mystère, les ondes étranges, la beauté simple de la nature dissimulé dans son voile d'ombre. Regardant derrière moi, je confirma que j'allais me séparer du cortège pour la soirée certainement... Etait-ce ma curiosité? J'éprouvais cette sensation irrésistible d'entrer dans ces bois.
Couverte de la tête au pied de ma cape noire, le capuchon dissimulant mon visage, la voix dans ma tête sembla se mêler au courant d'air de la forêt. Devrais-je avoir peur? Le vent sifflait comme s'il pestait contre moi, et pourtant j'alignais pas sur pas. Le crissement des feuilles sembla briser la voix obscure résonnant dans mon esprit. Le bruit des oiseaux et de la nature firent reculer jusque dans les fin fonds de mon conscient l'esprit auquel j'étais liée. Sérénité... Ma marche continua, et je retira mon capuchon pour observer la brume passer de sa couleur orange de couchée de Soleil à grisée comme la nuit. Bientôt le voile de la nuit m'accueillera, et je l'accepterais avec joie. Les corbeaux semblaient se joindre à cette réunion et se mirent à tourner autour de moi depuis les cieux. Je gloussa, avant de sentir un pincement au cœur... David n'était pas du voyage hélas. Oh comment j'aurais aimé l'amener. Mes pas m'amenèrent dans le centre de cette forêt, et l'obscurité gagna doucement les bois. La brume devint sombre, mais je ne craignais pas le noir. Du moins. Pas ce noir. Une autre noirceur me fit frissonner d'horreur, pourtant, je me sentais inlassablement attiré par elle. Les couloirs ténébreux de la forêt semblait sans fin, et je marchais, encore et encore...
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 20 Juin - 13:42 | |
| Et voilà. A nouveau sur les routes, comme toujours. Depuis quelques temps, les événements s'étaient précipités à une vitesse ahurissante. On venait l'attaquer pendant une pause casse-croûte en plein parc public, puis Liyu était enlevée, puis le quittait car elle ne supportait plus Daein, et vint ensuite le bal. Le Rôdeur avait encore un peu de mal à assimiler tout ce qui s'était passé d'ailleurs. En écoutant à droite à gauche, il avait pu apprendre qu'un certain "Peste" avait abattu le roi Sothe et était responsable du chaos qui régnait depuis. Et pour finir, le "père" de Pandora l'avait congédié. Il n'avait pas vraiment insisté, si ce n'est en notant quelque part dans un coin de sa tête de retrouver un jour ce tas de merde pour le buter. Pas en l'honneur de la fillette ni quoique ce soit, mais tout simplement car il ne l'aimait pas.
Mais voilà où il en était. Beaucoup de choses méritaient qu'on s'y intéresse. Trop de choses en vérité. Sa relation avec Liyu, pour laquelle il s'était donné tant de mal. Et maintenant celle qu'il entretenait avec Pandora. Aimait-il cette enfant ? S'en moquait-il éperdument ? Oui et non, dans les deux cas. C'était bien le problème. L'assassin mystère était un autre soucis, car ce qui s'était passé à Nevassa lui rappelait quelque chose, quelque chose de chaud, et douloureux. Du sable et des flammes. Le Rôdeur savait qu'il avait déjà été confronté à un être étrange, et lui aussi avait bien entendu parler des rumeurs à propos de la cavalière du ciel qui avait affamée Criméa. Des ennemis hors du commun rôdaient là, dehors, sans que nul n'en sache rien et possédaient un pouvoir démesuré. Cela l'intriguait grandement. Et c'est là que se recoupaient toutes ses pensées décousues. Qu'allait-il faire désormais ? Kerorian en avait conscience, les choses changeaient. L'Histoire, le monde, lui. Il pouvait maintenir sa volonté sur ce reflet sombre de lui-même qu'était la Dragonslayer, il en devenait le maître, comme il l'espérait autrefois. Mais ensuite ? Devait-il écouter les récits chevaleresque de son maître, et se battre pour des peuples stupides et égoïstes, ou bien abréger leur existence ? Pour le moment, il s'en fichait éperdument, de leur vie comme de leur mort.
"Hé toi ! Je te reconnais, tu es le Redeye ! Ta tête est mise à prix, alors tu vas bien gentiment te rendre sinon tu auras affaire à moi !"
Une mercenaire, probablement milieu de la vingtaine, venait se mettre en travers de sa route en brandissant une épée qui semblait de bonne qualité. A sa posture et son ton, elle avait pleinement confiance dans ses aptitudes et espérait se faire une paye monstrueuse en attrapant le fameux Redeye, qu'elle ne pouvait pas confondre avec quelqu'un d'autre. Pas de chance pour elle, Kerorian était plongé dans ses pensées et la remarqua à peine. Elle l'attaque quand il continua à avancer, sans même répondre. Par pur réflexe il dévia l'épée d'une claque blindée, la lame ripant sur une autre partie de son armure, et lui retourna un revers du poing. La fille avait beau être mignonne et généreusement pourvue, elle était avant tout une guerrière et la baffe ne lui fit guère de dommages...mais brisa son élan, permettant au Rôdeur de la saisir par le col et de l'accrocher à une branche en hauteur. Mignonne et fort, mais petite, minuscule comparée à lui. Et alors qu'elle protestait et criait toutes les insultes qu'elle pouvait connaitre, en inventant certainement même de nouvelles dans la foulée, le colosse continua, espérant qu'à force de marcher il trouverait le chemin de sa réponse
Et il marcha toute la journée, sans être à nouveau dérangée. La chasseuse de prime continuait-elle sa déprime en jouant à chat perché contre son gré ? Peut-être. En tout cas elle n'était pas revenue le déranger. Mais une chose était sûre, le Rôdeur avait besoin...d'une certaine forme de repos. Depuis que la Dragonslayer avait commencé à ronger son être, Kerorian n'avait plus eu un sommeil véritablement digne de ce nom. Mais avec sa volonté qui s'affermissait, il pouvait se reposer...et affronter les ombres de ses rêves, sans parvenir à déterminer s'ils s'agissait de fantômes, de cauchemars, ou de souvenirs. Par habitude, il chercha au pied des arbres un coin qui conviendrait à sa carrure. Un recoin stable, où il pourrait s'assoir et fermer les yeux, laisser la torpeur le gagner et se plonger tout entier dans sa relation avec sa sombre soeur, l'interroger, l'écouter. Car il n'était jamais seul.
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Dim 2 Juil - 23:32 | |
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Les ténèbres m’attiraient inlassablement, m’entourant comme un manteau chaud que je connaissais bien. Ses bras m’agrippèrent pour me guider dans la sombre forêt. J’ouvrais les yeux, et deux visions s’alternaient. Celle d’un bois au couleur flamboyante du coucher de Soleil. Et une autre emplis d’arbres avec une obscurité abyssale devant moi. Je mis ma main sur mon miroir et le sortie pour voir avec soupir mon œil gauche noir, la pupille rouge flamboyante d’un lumière démoniaque. L’envie de me cacher me prit les tripes. Oh combien je haïssais voir les marques de l’esprit que je porte se refléter. Mais c’est pour cette raison même que je devais méditer et me retrouver. Un grand arbre de stature solide se présenta enfin devant moi. C’était amplement suffisant.
Dans ma vision des ténèbres, je ne voyais pas l’orange qui déchirait le ciel comme une épée de lumière dans son dernier râle. Non. Tout était sombre, mais chaud. Doux. Et agréable. Les arbres parlaient par le vent, les profondeurs de la forêt n’était que noir s’étirant à l’horizon, et pourtant, je ne pouvais rêver endroit plus réconfortant. Car je savais que j’étais ma propre lumière dans cette obscurité normalement si opaque. Prenant place contre l’arbre pour me reposer, un réconfort m’emplit : le mélange de la sensation d’un appui solide avec les bruits tranquilles de la nature. Il ne manquait qu’un de mes tics. Dans un petit bruit d’acier doux, je sortis ma dague pour enfoncer la pointe dans le bout de mon doigt. La petite goutte gonfla, gonfla, avant de prendre la forme d’un oiseau, ajoutant son chant à celui de la forêt qui allait doucement sombrer dans la nuit. Maintenant, le calme revenait. Les voix étaient aussi claire que de l’eau de roche… … tu n’es pas seule. En effet. Je n’avais pas remarqué qu’une autre personne avait prit place à l’opposé de l’arbre. Mais une personne n’était pas immédiatement ce que j’avais perçu. C’était plutôt un… vide. Mon oiseau prit place sur mon épaule alors que je contournais l’arbre en remettant ma capuche pour dissimuler mon identité.. L’homme, ou plutôt le géant, avait les cheveux rouges, et une cicatrice sur un œil. Son armure semblait terriblement lourde, mais ce qui me souleva l’estomac fut son épée.
… Ne t’en approche pas. J’entendais. Et je savais qu’au fond de moi je ne voulais pas non plus entrer en contact avec cette épée. Mais malgré cette répulsion, je laissa mon oiseau filer et se poser sur l’armure de l’homme. Celui-ci l’observa de près et continua son chant dans une tonalité plus douce, jusqu’à ce que je remarque qu’il ne dormait pas. Le brin de politesse que j’avais pratiqué m’empêcha de perdre mes moyens mais malgré tout, la phrase sonna horriblement mécanique et sans vie. « Désolé Sir, je ne pensais pas que vous étiez réveillé… » Une petite courbette respectueuse en avant, puis je remis prit place en tailleur à côté de lui pour l’observer. Le fait de savoir son visage cachée est une forme de sécurité primaire, qui me permettait de plus facilement aborder l’inconnue, bien que ce soit souvent à double tranchant…
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Lun 3 Juil - 14:50 | |
| Serait-il réellement maudit ? Depuis les premiers jours où il entendit les véritables murmures de la Noirceur, le Rôdeur sut que son esprit ne connaitrait plus le répit, qu'il serait à la fois tombeau et gardien de toutes ses rumeurs provenant d'un autre temps, d'un autre monde. Et ça ne le dérangeait pas plus que ça.
En revanche, où qu'il aille, peu importe l'époque et le lieu, aux frontières d'une guerre ou en plein temps de paix, Kerorian avait aussi remarqué qu'il y avait toujours quelqu'un pour venir le dénicher, où qu'il puisse se rendre, et lui casser les pieds. Surtout des femmes, maintenant qu'il y repense. Toujours elles qui lui apportent le plus d'emmerdes, vu qu'elles ne répondent généralement pas simplement à un coup de latte dans la gueule...voire même en redemandent, selon les cas. Eurk.
Celle-ci avait une allure de mage avec sa capuche comme ça, probablement une shamane d'ailleurs...ou alors faisait partie des témoins d'Ashunera. Entre une sorcière et une cultiste, le Rôdeur ne savait pas trop ce qui serait le pire. Probablement son double chromosome X, songea-t-il à sa façon. Et ça semblait bien mal engagé pour être tranquille, car bien loin de le fuir malgré le malaise qui semblait l'animer - très certainement une mage alors, elle avait du sentir son épée - elle vint s'installer à côté de lui, après lui avoir envoyé un piaf bizarre. Et tout ça pour s'excuser car elle le pensait endormi, ben voyons.
"Pourquoi, tu espérais me faire les poches ?"
'brutie va...sautez à pied joints sur le ventre de quelqu'un, et excusez-vous de l'avoir cassé en deux car vous pensiez que ça ne lui ferait pas mal. Pourquoi devait-il toujours rencontrer des attardés, des fous et autres débiles en tout genre ? Probablement car l'existence humaine est faite ainsi...pas la peine de se demander pourquoi les Laguz les méprisaient autrefois. Le Rôdeur ne donnait pas cher de la peau des Beorcs de cette époque, s'ils étaient aussi idiots que ça et sans lames ni magie.
"T'as l'air d'une mage. Qu'est-ce que tu m'veux ?"
Mais outre le fait de devoir garder un certain contact avec l'humanité, au risque de passer à côté d'une piste, le fait que l'encapuchonnée lui donnait l'air d'une certaine familiarité avec les ténèbres l'intéressait. Autrefois, le guerrier aux yeux rouges était animé d'une curiosité sans bornes. Il voulait simplement "savoir". Si cette quête n'était plus d'actualité, le Savoir était toujours dans ses centres d'intérêt. Lui avait étudié comment tuer un homme là où les magiciens recherchaient contes, légendes et fonctionnements sur les mystères mystiques, comme celui qu'il trimballait sur son dos jour et nuit. Autrement dit, elle pouvait peut-être lui apprendre un truc, à défaut d'être utile, intéressant. Ou distrayant. Ou être totalement inutile, m'enfin tout le monde lui dit toujours qu'il devrait être plus sociable...ça lui coûtait pas grand chose de tenter sa chance.
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 4 Juil - 13:41 | |
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Hélas, ce contact humain n'était pas réellement ce que j'étais venue chercher dans cette forêt. Heureusement que ma capuche cachait mon mécontentement, et bien qu'on m'avait recommandé d'apprendre à m'ouvrir aux autres, ce n'était ni le moment, ni l'endroit. Pourtant j'avais déjà fais lancée une conversation là ou un silence de plomb m'aurait certainement plus apaisé. Ce qui est fait est fait. Trop tard pour simplement partir et chercher un autre endroit pour méditer. Lentement, je perdais mon sourire pour reprendre ce visage inexpressif... Mon cache social si on veut le dire comme ça. J'attendis péniblement une réponse durant des secondes qui parurent des heures. Plus vite je mettais fin à cette conversation (que j'avais commencé par ailleurs, quelle sotte je fais), plus vite je pourrais retourner méditer.
La réponse me fit ni chaud ni froid, je me contenta de le regarder sous ma capuche sans chercher à répliquer ou même rire. Mais au moins, il semblait ne pas apprécier ma présence autant que moi lui. Peut-être une bonne chose au final. Je laissa mon oiseau reprendre sa consistance de sang liquide, avec cette absence de confort, rien ne me mettait plus mal à l'aise que d'utiliser de la magie à tort et à travers. Digérant encore difficilement que ce lieu n'est pas aussi tranquille que je le souhaitais, je formula tout de même une réponse? Si on pouvait appeler ça comme ça...
"J'aurais aimé méditer ici. Si vous dormiez, au moins j'aurais eu le silence."
... Ne le provoque pas pauvre sotte! Encore cette voix. Je n'avais plus la tête à l'écouter. Mais oui, s'il dormait, je n'aurais pas eu de mal à méditer tant sa présence était... fine. Ce qui était déjà en soit quelque chose de vraiment étrange... Quitte à rendre cette conversation utile. L'occasion pour moi de méditer et m'extirper de l'esprit qui vagabonde en moi était déjà loin, mais j'essaya tout de même de m'apaiser à nouveau. Se concentrer sur les sons, l'essence, tout ce qui m'entoure, n'est pas si facile, et encore moins avec quelqu'un à côté de moi, mais pourtant il ne semblait pas affecter ma méditation comme s'il n'était pas... humain. Je repris parole après un long soupir.
"Je ne vous veux rien..."
... Tué moi par pitié. Pour une fois, j'étais d'accord avec la voix. Je ne savais pas faire preuve de sarcasme, ou d'humour, ou même de simple forme de conversation. Était-ce le destin qui avait mit cette personne sur ma route? Dans ce cas, le destin est un bien triste clown. Dans tout les cas, j'étais là désormais. A l'inverse de ce que je souhaitais. Je voulais la paix, et je rencontre un homme assez grand pour me casser en deux d'une main... Devais-je faire semblant de m'intéresser à lui? Ou simplement partir pour retrouver le silence? C'était tout ce dont je rêvais... Mais c'était aussi une occasion de pratiquer l'aspect social comme on dit. Alors je me força à parler.
"B-Bref. V-vous venez de Daein? Euuuh non, je... vous?" (Se calmer, il ne me voit pas, du moins, pas encore tant que j'ai ma capuche. Pense à quelque chose... N'importe quoi! Rien à faire. C'était parler pour ne rien... Quoique. Rien?) "Vous dégagez... rien au fait, comme un vide. C'est pour ça q-que je ne vous ai p-pas remarqué."
Au moins, cela avait le mérite d'être une question intéressante. Il était plus que probable que cet homme ne le sache même pas, mais peut-être je pouvais comprendre pourquoi. Découvrir, analyser, comprendre. L'essence même de la magie noire. Du moins, c'était ce que m'avait raconté mon maître... Rien que d'y penser, j'en frissonne encore. Mais si je pouvais comprendre, alors peut-être que je pourrais aider? C'est bien arrogant de ma part, mais autant essayer. ...Rien ne peut le sauver. !!?!!
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 4 Juil - 14:25 | |
| Formidable. Il était tombé sur une demeurée. Après Nino, Fiore, Niza, et le fantastique duo Liyu-Pandora, et tant d'autres, voilà qu'il rencontrait une abrutie finie qui parvenait même pas à concilier deux neurones avec un instinct de survie un minimum cohérent. Quelle plaie d'avoir un tant soit peu de fierté ! Plus le temps passait, et surtout plus il rencontrait de femmes, plus le Rôdeur comprenait pourquoi son alter-ego du futur avait viré maboul. Mais, dignité d'un guerrier exceptionnel oblige ou excellente éducation par un vieux sage, le colosse borgne préféra soupirer que brandir une arme. Si les propos de la jeune fille étaient aussi logiques que ceux d'un ivrogne en train de cracher ses tripes, elle parla de son origine Daeinite et de "présence". Si le premier invitait à une discussion tout à fait normale, le second en revanche évoquait des propos mystiques. Et ça, ça l'intéressait. Un peu.
"J'ai grandi dans les montagnes, entouré de pierres, de glace et de loups."
Un message aussi évocateur que réel. De sa naissance jusqu'à son départ, Kerorian n'avait jamais eu pour seule compagnie que le froid de l'air raréfié de la montagne, des roches sublimes et létales à perte de vue, des voyageurs isolés pour une raison ou une autre, et des animaux capables du plus fascinant comme du pire, et d'un vieil homme paisible et aussi rigoureux qu'aimant. En repensant à la discussion qu'il avait eu avec lui, il n'y a pas si longtemps que ça, bien que le temps lui semblât une notion fort obscure depuis un moment, le Rôdeur se renfrogna de plus belle. "Tu auras tout le temps d'être seul, par choix ou par défaut", avait-il retenu. Autrement dit, inutile de presser les choses, autant essayer de "s'ouvrir" aux autres.
"Arrêtes de bégayer. Je n'ai rien à gagner à t'attaquer."
Si le Rôdeur appréciait son laconisme, c'était pour le temps qu'il lui faisait gagner. Il allait directement au vif du sujet, sans s'encombrer de manières ou de doutes. Un propos, une idée, un résultat. Et c'est tout. Tout ce qui donnait un sens à des mots, selon lui, qui avait été élevé dans une idée d'efficacité et d'indépendance. Cela dit, elle l'intriguait. Vu son histoire de "présence" et sa tenue, c'était définitivement une mage, comme il l'avait supposé. Ou une folle. Il aurait tout le loisir de lui faire payer son inutile dérangement dans ce cas. S'il répugnait à faucher les misérables, leur force vitale pathétique pouvait tout de même s'avérer utile en grande quantité, à la longue.
"Si tu voulais méditer et que tu ne me remarquais pas, t'avais qu'à rester dans ton coin. Si tu es venue, c'est que tu as des questions. Poses-les."
Durant une seconde, il repensa à l'ancien Kerorian, le "petit Redeye", comme disait son maître. Ce jeune homme qui aurait été totalement affolé de se faire soudainement aborder par une jeune femme, en privé. Le Rôdeur ne sut pas s'il devait être heureux ou attristé de songer que ce jeune garçon était définitivement mort et plus qu'enterré. Il n'était pas sûr de toute façon de savoir quoi penser de son état en général...
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 4 Juil - 16:45 | |
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Je restais encore choquée par cette voix... Cette dernière phrase m'avait chamboulée plus que je ne l'aurais voulu. Mais le son de la voix lourde et sourde de l'homme me décrocha de cette pensée. Ainsi il avait grandi dans un lieu reculé, ce qui n'était pas la cause, mais certainement une d'elle en tout cas. Cela était plus... particulier. Il mentionna aussi comment je bégayais, le sang me monta aux joues. L'envie de simplement lui dire à haute voix à quelle point c'était compliqué pour moi me tordit les tripes. D'ailleurs trop, pour me retenir.
"Si vous pensez que c-c'est facile! Je ne crains pas votre é-épée! Enfin, je devrais. Mais je n'ai pas p-peur de vous, je ne suis simplement pas encore à l'aise en d-discutant!"
... Tu veux vraiment mourir ici? Oh mon dieu non... Mais sur le coup, c'était sorti tout seul. Et il n'avait pas tort en vérité, j'aurais pu tout simplement l'ignorer et méditer. ... Pour qu'il te trouve comme ça et te coupe la tête si l'envie lui prenait? Il était parfaitement possible qu'il ne me remarque pas du tout non plus! Je devais me calmer, je pris une longue respiration avant de finalement reprendre la parole.
"Désolé... Pour me reprendre, les gens émettent des émotions que l'on peut ressentir. Vous... n'émettez rien. Comme si vous ne ressentiez rien. Certains pourraient trouver ce manque d'émotion a-alarmant mais je trouve cela... relaxant."
... Et tu vas dire que tu apprécies sa présence après lui avoir crié dessus? Mal exprimé, certainement. Mais quand cet homme était immobile et ne parlait pas, il était... totalement silencieux, que ce soit dans le son ou ce qu'il dégageait. Dans ce sens, il était plus supportable que la plupart des personnes que je connaissais en ville. J'avais donc une question. Et il se pourrait bien qu'il ait des éléments de réponse. ... Tu crois qu'il sait quelque chose sur moi? Sur toi? Non, mais il est possible qu'il sache comment te mettre sous silence. J'arrêtais d'hésiter en retirant ma capuche. Comment expliquer cela sans paraître pour une demeurée?
"Avez-vous déjà eu des voix dans votre tête, quelque chose qui ne vous appartient pas, qui vous murmure des choses ou vous fait voir autre chose que ce que vos yeux vous montrent?"
... Je crois que tu viens de lui donner le feu vert pour te faire décapiter. Je vais devoir prendre le relai. Quoi? Non! Hors de question! Il va nous tuer tout les deux si tu continues ton baratin. Ou peut-être qu'il te fait peur parce qu'il pourrait m'aider? Laisse moi tranquille!
Je savais que l'esprit se cachant en moi n'aime pas que j'aborde ce sujet, mais j'étais encore trop forte pour lui, du moins pour l'instant. Malgré mon œil à l'iris rouge sur fond noir au lieu de blanc, la corruption resta fixe, incapable de progresser. Les entrainements de Mysti m'avaient donnés la force de le combattre avec mes moyens, et mes moments de méditation étaient mes seuls moments de repos par rapport à cette menace qui pèse sur moi.
"La magie noire a des effets secondaires, mais si vous savez comment tenir face à ce genre de chose, alors j'aimerais savoir comment vous faites..."
Que ce soit clair, gamine. Ce que cet homme porte est au delà de ce que tu pourras jamais supporter. Et bien s'il sait si bien tenir un poids pareil, il pourra m'aider à te tenir en cage. Comme tu l'as été pendant tant d'années? !?! Dois-je te rappeler qu'une phrase mal placée de ma part et c'est ma tête qui part? Reste à ta place démon. Comment cette simple conversation avait tourné au débat avec ce qui me corrompait de l'intérieur...
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 4 Juil - 18:18 | |
| Pourquoi devait-il toujours tomber sur des tarées ? Outre le fait que ce soit une magicienne, ce qui représentait déjà à ses yeux un handicap mental lourd, mais ce n'était que son avis personnel, cette pauvre fille avait l'air complètement schizophrène. Elle aurait pu être deux personnes, une curieuse, une pétocharde, qui lui causent en même temps au même moment, ça aurait été pareil. Les mêmes propos, la même présence dérangeante...pareil ! En plus elle s'assumait absolument pas, affirmer haut et plus ou moins fort "j'ai pas peur !" était généralement signe qu'on chiait dans son froc. Toutefois, son manque d'assurance devant une norme sociale qu'on appelle communément "Discussion" lui parlait. Lui-même n'en menait pas large, il n'y a pas encore "si longtemps" que ça, lorsqu'il fallait faire claquer la langue plutôt que les baffes. Ca valait le coup d'écouter jusqu'au bout au moins, avant de prendre une décision. En particulier quand elle évoqua son histoire "d'émotions". C'était quelque chose qui lui avait toujours échappé, les mystères métaphysiques de la magie ou du septième sens. La jeune femme semblait...en pleine lutte intérieure. Il reconnaissait les symptômes du moins, d'une certaine façon. En particulier lorsqu'elle évoqua des voix dans sa tête, des murmures inconnus. Intéressant.
Et elle termina sa tirade en lui demandant de l'aide, ou au moins des conseils, une astuce, pour lutter contre ce genre de voix. C'était...une situation à laquelle il ne s'attendait pas, lui qui cherchait déjà quoi faire de sa vie solitaire. En tout cas, cela confirmait ses suspicions. Cette femme était bien une mage noire...et elle devait être débordée. C'était amusant.
"Ha ! Une sorcière qui demande conseil à un guerrier...voilà quelque chose d'inhabituel."
C'était tellement absurde que ça l'amusait. En revanche, avait-il envie de lui répondre ? Oui, non. Les deux en fait, il n'avait toujours pas déterminé de quel côté il devait pencher. Jusqu'à maintenant, il avait poursuivi des "pseudo-buts". Aider les inconnus, conquérir Liyu, protéger Pandora...mais ce n'était pas lui. Aujourd'hui, il balançait entre le mal et le bien. Avec sa force, et celle qu'il finirait par acquérir, il pouvait grandement impacter son environnement. Mais vers qui balancer ? Il n'avait pas la moindre envie d'aider les autres. Il méprisait les faibles et les lâches, et ne souhaitait que briser les forts, les dévorer, réduire les plus fiers guerriers en vulgaire carburant. Cependant il ne voyait pas l'intérêt d'agresser à vue tous ceux qui passent, que ce soit par dégoût ou par une sinistre logique, les carnages pour le seul but de tuer des trucs...ne l'intéressait pas plus que ça. Et la neutralité, comme son maître, n'était pas non plus son destin. Pas encore en tout cas, si cela devait arriver...bien qu'il en doutât, du fait de sa nature destructrice. Son oeil rouge se fixa sur la jeune femme, la braquant avec insistance.
"Avant que je te réponde...dis-moi, que penses-tu du monde d'aujourd'hui. De l'alliance des humains et des Laguz, de leur avenir individuel et commun, et quelle est ta place parmi eux, ou celle que tu espères ?"
Lui était pessimiste. Simplement pessimiste. Il n'avait pas l'intention de réfléchir ou de peser le bien et le mal de tout et chacun. La mort était la seule réponse, la seule véritable destination. Qu'importait ce qui se passait en attendant...
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 11 Juil - 18:19 | |
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Je ne m'étais pas attendu à ce rire de sa part. C'était si étrange qu'une sorcière demande des conseils à un maître d'armes? Nos mondes sont différents, certes, mais c'est en apprenant de l'autre que l'on peut mieux s'en défendre. Du moins, on croit souvent que ces deux mondes, celui de la magie et des armes, sont hétérogènes. Pourtant ce n'est pas le cas. Et il arrive que l'en se renseignant dans l'un, on apprenne des choses sur l'autre. Mais oui, je voulais des conseils venant de lui. ... Cet homme n'apporte que la mort dans son sillage. Et toi non peut-être? J'ai alors certainement encore plus raison de demander ce qu'il en pense. ... Pauvre folle.
En me concentrant sur lui, je pouvais difficilement ressentir ce qui l'animait. Cela me mettait dans une situation relativement inédite, où je n'avais que mes sens normaux pour déterminer quelque chose sur lui. Le regard. Mysti disait toujours qu'on peut lire dans le regard des autres les émotions... Sans résultat dans ce cas il semblerait. Les gestes? Une posture totalement neutre. Rien à faire, je ne savais rien de lui. Est-ce comme ça que l'on me voit aussi? Ah... Une question? Ce n'est que naturel je suppose.
"Ce que je pense?"
Je restai bouche bée, ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, et je n'en savais toujours rien de plus sur lui malgré ses paroles... Cela attendra, je dois lui répondre. ... Et quelle sera ta réponse? Celle de Mysti? Ou la tienne? ... La mienne.
"Ce monde est... sombre, corrompu et même malveillant. Pourtant, il y a aussi de la lumière, et sans cette obscurité, cette lumière n'en serait pas une. Les alliances... Je pense que chaque race à quelque chose à apporter à l'autre si elle accepte de s'ouvrir, mais c'est une pensée bien naïve. Les Laguzs ne sont pas innocents ni les seules victimes, il fut un temps où ils nous chassèrent comme des vulgaires bêtes."
Une époque où les Laguzs tuaient les Beorcs trop faible. Il nous a fallu du temps pour éveiller notre potentiel par la magie, la conquête des eaux, des wyverns et de l'acier. Lentement mais sûrement, la balance a penché en la faveur des Beorcs qui persécutèrent en retour les Laguzs. Un retour des choses si l'on peut le dire.
"Quant à comment l'avenir se dessine... Le Chaos et l'Ordre sont deux forces que tout oppose, pourtant elles doivent vivre en harmonie. C'est comme cela que je vois ma vie dans un monde de Beorc et de Laguz : S'il faut qu'ils aient peur pour rester ensemble, alors je serais un monstre. S'il faut solidifier leur union, alors j'apaiserais les tensions... Voilà comment je vois ce monde."
... Ainsi tu veux être un monstre? Seulement s'il le faut. Je suis une âme déjà teintée, tuer ne me fait pas peur, et perdre la vie pour cet équilibre que je chéris est une mort que je considérerais comme digne. Il n'y a pas de bien absolu, chaque action a des conséquences : sauver un enfant d'une mort certaine alors qu'il allait devenir un tueur de sang-froid n'est qu'un exemple. Le tout, c'est de ne pas tomber dans l'excès.
"Bien sûr, tout cela demande de relativiser, le tout est de trouver son équilibre, la ligne que l'on veut suivre. Voyez ce monde comme un corps malade, avec un organe infecté. Certains tenteront d'utiliser des médicaments, d'autres l'arracheront sans autre forme de procès. Chaque solution a ses avantages et ses risques. Les médicaments peuvent être inefficaces ou trop lents. L'arrachage peut tuer le patient. Mais en soi, aucun choix n'est totalement bon ou mauvais." Cette comparaison primaire avait au moins la capacité de montrer efficacement que chaque solution, aussi horrible et terrible soit-elle, peut être sur le moment la meilleure. De plus, certains docteurs s'acharnent dans les cas perdus, d'autres au contraire, voit tout de suite un cas comme irrémédiable et applique immédiatement la méthode la plus extrême. La naïveté est un défaut, mais une approche extrême au moindre signe de danger est presque pire. Si c'était la seule leçon que je devais donner, ce serait celle-là.
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 11 Juil - 19:37 | |
| Hm...des histoires d'équilibres, essentiellement. Bien et mal co-existent grâce à l'autre, les méchants sont aussi un peu gentils, les gentils sont forcément un peu méchants. Tout ça pour finir sur le besoin de trouver un compromis à tout ça, chacun à sa façon. Une vision des choses...aussi moralisatrice que terre-à-terre. Cela le changeait de ses abrutis défaitistes ou de ces incapables aux grands idéaux, mais sans le moindre réalisme ou courage pour les défendre.
"Une réponse sensée. Comme quoi, les études servent à quelque chose..."
Le Rôdeur ne savait rien d'elle. Qui elle était, d'où elle venait...et s'en tapait royalement. Ce dont il pouvait se douter, c'est que la froide cruauté de la magie noire avait amené cette jeune femme à mieux comprendre ce qu'éatit le monde. Des vies qui s'éteignent, naturellement, brutalement, par un coup du sort ou les ambitions d'un parfait inconnu. Mais dans tous les cas, le même destin, le même résultat : La mort. La meilleure chose à faire pour un humain normalement constitué, était donc de retarder celle-ci et de vivre en accord avec lui-même. Un concept à priori simple, mais quasiment impossible à réaliser Preuve en était la magicienne d'ailleurs. Un rictus cruel étira un instant ses lèvres, alors qu'il s'affamait de violence. Pourquoi se contentait-il de parler, là où les autres le faisaient toujours souffrir ? Il retrouva son air de marbre, préférant la froideur insensible d'un masque à la folie d'un autre.
"C'est bien joli l'équilibre, mais vas-tu défendre le tien, ou celui des autres ?"
La véritable question au final avait été "comment faisait-il pour contrôler les forces sombres qui le hantaient", et le Rôdeur ne savait pas comment y répondre. Pas plus qu'il ne pouvait vraiment le faire au reste, pas même à ses propres questions. Ce conflit intérieur le déchirait, et l'angoissait. Il pouvait brandir une lame jusqu'à sa mort, et le ferait très certainement...mais n'avait aucune idée de pourquoi. Ou dans quel but. Parce qu'il le pouvait, et pour tuer. Mais cela s'arrêtait là. Et se définir comme "coupant" parce qu'on a été aiguisé, lui semblait être une bien piètre raison de vivre avec une telle force. Mais comment concilier les parcelles de son être, quand certaines criaient à l'abnégation et les autres au meurtre ? Son équilibre à lui, le Rôdeur pensait l'avoir trouvé il y a quelques années en arrière, lorsqu'il songea à éradiquer tout être vivant sur Tellius. C'était aussi lâche qu'absurde, une solution parfaitement logique et radicale, pour un résultat qui ne le concernait pas. Sans but, sans avenir, sans rien, Kerorian était perdu et ne conservait au moins son identité que par...quoi ? Sa force mentale ? Sa colère ? Sa générosité ? Ne le faites pas rire...il est bien trop énervé pour ça, alors que sa voix se fait plus grondante.
"N'importe qui peut se clamer un héros ou un monstre, pour une raison ou une autre. Ca leur donne une identité aux yeux des autres une bile amer lui remonta dans la gorge, le Rôdeur la cracha avec colère sur le coté ça me donne envie de vomir."
Un reste de son ancienne agoraphobie ? Peut-être. En tout cas, c'est pour ça qu'il l'avait laissé venir à lui, lui parler, et qu'il lui répondait. Face à une autre pensée, il pouvait affirmer les siennes, donner corps et sens à quelque chose, écarter le reste. Son oeil solitaire se posa sur son poing, et le regarda avec haine se serrer lentement. "Une identité aux yeux des autres"...cela lui rappelait qui il avait été autrefois, et ça l'écoeurait. Voilà où ça l'avait mené, de se consacrer aux belles valeurs. C'était lui-même qui avait défendu sa vie et ce qu'il était, et pas seulement contre l'épée maléfique qui le tourmentait. Liyu, Pandora, la civilisation...tout ça était un poison au même titre que sa malédiction. A ceci près que la seconde était possible à affronter avec sa seule volonté. Son oeil flamboyant se fixa à nouveau sur ceux de la magicienne, la verrouillant d'un regard mauvais. Il ne la haissait pas elle, il haissait ce qu'elle était. Une Humaine, tout simplement. Elle existait au travers des autres, et pensait aux autres. Comme lui-même l'avait fait. Elle était foutue sur cette lancée.
"Tu pratiques la magie noire, et tu penses devoir aider le monde. Cela a autant de sens que prétendre défendre des vies en brandissant une lame. Mais qu'importe..."
Protéger une vie en en prenant une autre...l'absurdité à son paroxysme, songeait-il, ou la plus intense des hypocrisies. Le Rôdeur leva l'oeil vers le ciel, sans y trouver aucune des couleurs qui l'émerveillaient autrefois. Ce n'était pas important, il commençait à entrevoir un chemin, non pas dans les étoiles mais dans ses propres pensées, enfin. Tuer pour protéger, c'était se prendre pour dieu, ou être incroyablement arrogant. Lui avait une réponse infiniment plus sage : Tuer pour tuer. Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres sèches. L'idée lui plaisait. Tuer pour la seule raison d'en avoir envie, ou besoin, sans aucune prétention. Utiliser une arme pour ce à quoi elle a été destinée, voilà qui était censé. Puis, son oeil solitaire s'abaissa à nouveau vers la magicienne et la fixa avec une intensité renouvelée. Ce n'était toujours pas un but, mais au moins il avait un moyen de vivre pour et par lui-même. Sans se soucier de quoique ce soit d'autre.
"Seulement : Pourquoi ?"
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 11 Juil - 22:25 | |
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Une réponse sensée en effet. Il faut se battre pour un équilibre, qu'il soit vers l'ordre ou le chaos importe peu. On est définit par les actions et les idées que l'on défend. Chacun fait ce qu'il semble juste dans ce monde, et c'est pour le mieux. Mais lui, que ferait-il? Et surtout, que ferais-je? Dois-je me battre pour moi, pour les autres, pour l'esprit qui m'habite? ... ouiiiiiiiii. Arrière démon, je ne te laisserais pas me contrôler. Mais si je pouvais être sûre d'une chose, c'est que la mort est une fin inévitable. Elle régit tout les êtres vivants. Ce qui rend le voyage important, pas la destination. Mais je suis mal placé pour parler de cela, mon voyage n'a été que souffrance et torture, le bain de lumière que j'expérience n'est que temporaire, je ne le sais que trop bien. Si je pouvais faire quelque chose... C'est rendre ce passage plus facile. Le visage cruel de mon interlocuteur coupa ma pensée, je le connaissais. C'est de la folie. Quel équilibre? Le mien bien évidemment. Ma vision est la mienne et uniquement la mienne. Je ne demande pas aux autres de la comprendre, juste de me laisser croire en ce que je crois.
C'est un regard empli de force que je lui rendis. Mais ma neutralité se dégrada en une sorte... d'empathie? Comment est-ce possible? Je secoua brièvement la tête pour essayer de chasser cette idée. Mais pour une fois, je ressentais quelque chose. Il est... Il est... Perdu? Non. Quoique. ... Je crois que tu as raison. C'est bien la première fois que tu es d'accord, il te fait peur à ce point? Amusant. Son crachat m'arracha un peu sursautent, mais son mécontentement était palpable. Héros, monstre, pour moi, c'était des titres, des points de vues, ce que l'humain fait de pire : un opinion.
"Pourquoi? Et pourquoi pas. Ne crois pas que je ne sais pas à quel point mon art est létal, ni que ceux qui prétendent protéger par une épée se voilent la face. Une épée est arme, une arme est faite pour tuer, l'épée est même la première arme faites par les Beorcs pour tuer des Beorcs, c'est dire l'hypocrisie du propos." Je levais la tête vers le ciel désormais sombre, les branches cachant les étoiles mais la lune laissait désormais son voile d'argent couvrit la forêt. Seul nos yeux rouges comme les flammes pouvaient se voir facilement. L'intensité du regard était assez intimidante pour que je commence à trembler, mais je ne pouvais pas. Ou plutôt, "il" ne me laissait pas. Au contraire, l'esprit semblait me rendre... forte, comme si nous travaillions à l'unisson.
"Pourtant, ca ne m'exclue pas de réfléchir à mes actions. J'aimerais laisser ce pouvoir détruire tout ce qui m'entoure. C'est comme un... besoin. Le pouvoir coule dans les veines, et veut sortir. Comment vous appelez cela déjà? La soif de sang? La ferveur du combat? Certains la laissent couler comme ils l'entendent, pas moi. Je vaux mieux que ça. Toi aussi." ... C'est ce que tu te dis. Et ce que je crois. David a cru en moi, que ce pouvoir de détruire avait sa place dans ce monde. Je m'en sers comme je l'entend, et un jour, j'apprendrais aussi à utiliser ce pouvoir du sang pour soigner et aider les autres. ... Je sais ce qu'il cherche : un but. Il est donc perdu, comme moi c'est ça? ... En quelques sortes. C'est un guerrier, il n'a été éduqué certainement que pour combattre. Je crains alors ne pas avoir la réponse à ces questions, mais... peut-être que si je le forçais à parler, alors je pourrais trouver une réponse.
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mer 12 Juil - 8:45 | |
| Tiens, brièvement, l'esprit autrefois analytique du Rôdeur nota quelque part que la jeune femme venait de passer au tutoiement. L'info mise dans un coin, la conscience cessa aussitôt de s'en soucier tandis que la magicienne évoquait le fait d'être consciente du rôle d'une arme et de sa magie. Mouais, une belle parleuse encore. Ceux qui clamaient haut et fort de parfaitement savoir à quoi servait tel ou tel truc n'en avait généralement que trop peu fait usages...enfin, c'est ce qu'il lui semblait, bien que sa définition "d'usage" avait pris un sens plus extrême que la norme. Puis elle enchaîna sur une tirade assez étrange, sur un sentiment qu'il connaissait bien. Cet appel sauvage, grave, qui demandait du sang, des morts, et qu'elle - et lui - avaient le choix de dominer ou laisser couler. Pendant une seconde, le Rôdeur dressa un sourcil quand elle essaya de l'encourager. Voilà autre chose se dit-il, tandis que la seule partie de cette réponse qui lui parlait était le "pourquoi pas ?", qui représentait tout ce qui le troublait en deux mots.
"Et je vaudrais mieux que ça aux yeux de qui, gamine ? De ceux qui comme toi ignorent tout de moi et n'ont même pas à espérer avoir le droit de me juger, ou des miens ?"
La colère revenait. Depuis que Drake avait été arraché par Kira, le Rôdeur n'entendait plus que sa propre raison lutter dans la tourmente. Un millier de gorge fantôme hurlaient à l'en rendre fou, sans aucune interruption, dans cette interminable hymne à la souffrance et à la peine, et d'autant plus de mains et de crocs sans formes essayaient de le lacérer, de créer une faille, de le fragmenter pour le faire devenir comme eux. Voilà ce qu'il avait écopé pour avoir offert sa vie - du moins la courte vie de ses voyages de jeunesse - au service des autres, tel qu'aurait du le faire un vrai héros du peuple.
"Parce que moi il marqua un arrêt, pensif, avant de se renfrogner de plus belle et de chasser ses pensées, comme s'il pouvait le faire physiquement, d'un geste sec de la main "Si ce pouvoir a besoin de sortir, c'est que tu es son esclave. Tu as besoin de lui, comme lui t'utilise. Et tu pourras te répéter "je suis plus forte, je suis plus forte" autant que tu veux, te mentir ne changera pas les choses."
Il commençait vraiment à s'énerver. La question de l'estime de soi était probablement celle qui l'emmerdait le plus, ou presque. Lui qui cherchait juste quoi faire de sa vie et sa raison devait lutter contre un millier de désirs différents. Tuer, défendre. Aimer sans attendre, punir sans justice. Héros ou monstre, il pouvait être les deux sans problème, mais cette identité par autrui l'écoeurait plus que jamais. Lui...voulait juste être lui-même. Pas nécessairement seul, pas un de ces fantômes pitoyables qu'il détenait comme carburant, ou ce vagabond moisi qu'il était après avoir été chassé d'Hatary par sa pseudo-famille. Juste lui. Un homme fort de corps et d'esprit, qui ne répondrait qu'à ses propres lois. Il renifla avec mépris.
"Ce doit être pour ça que je n'aime pas les mages. Des érudits, des savants, des donneurs de leçons...enlevez leur leur précieux bouquin, et ils sont plus inutiles que le plus misérable des clochards."
Quelque part, l'image d'un jeune homme protestait contre cette hostilité ouverte. Un garçon qui ne souriait pas, ne parlait pas, mais qui avait la conviction que la justice pour tous était possible, pour peu qu'on accepte d'en payer le prix. Un caractère passif. Un caractère de proie ! La place du chasseur lui convenait tellement mieux...un début de sourire carnassier commença à se dessiner au coin de ses lèvres. Depuis combien de temps n'avait-il pas savouré une chair bien fraîche ?
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mer 12 Juil - 14:55 | |
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Ca ressemblait à une séance de thérapie psychologique, alors que c'est plutôt moi qui en ait besoin. L'homme en question cherchait un but, et c'était le soucis. Le pouvoir sans but est destructif. On se retrouve puissant, mais sans réelle direction pour la diriger, alors on se fait consumer peu à peu. ... Ce n'est actuellement pas si faux. Deux fois d'accord dans la même journée? C'est assez incroyable dit donc. ... Je te passe le fait que cet homme peut te briser la gorge avec une main. C'est vrai. J'ai peur, et "lui" aussi. Assez pour que nos forces se combinent et que l'on travaille de concert. Ce n'était pas une sensation désagréable, j'avais l'impression d'être plus forte, plus sereine. Moins... fragile.
Aux yeux de qui? Des miens ou des siens? ... Il n'a plus des "siens", ne te laisse pas berner. ... Entendu. Mais c'est une question de s'accepter comme on est, pas d'être accepter aux yeux des autres, c'est depuis le début ce que j'aimerais qu'il comprenne. ... Il n'a visiblement pas compris cette partie. On dirait bien. Je ressens de la colère désormais, et mon calme sembla fondre comme neige au Soleil. Je devais le apaiser cette tension si possible.
"Peut-être que je suis en effet destinée à être l'esclave de la magie qui sait... Difficile de choisir n'est-ce pas? Aux yeux de qui. Ne pas vouloir être juger et simplement agir comme bon nous semble. Je réitère donc ma réponse à cette question. Soyez... vous. Ni un monstre, ni un héros. Soyez un Beorc."
Cet homme ne jure que par la puissance Akamae. J'ai remarqué, dans ce sens, je suis une moins que rien. ... Non, pas comme ça, la puissance physique. Voila pourquoi il te déteste. J'imagine. D'un point de vue extérieur, ces guerriers passent leurs journées entières à pratiquer leurs armes et s'épuiser à la tache. Alors que nous, il nous suffit de lire des phrases en ancien langage pour que les éléments nous assistent. ... Mais tu n'es pas sans défense sans tome. Je le sais. ... On lui donne une démonstration? Je... ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, mais après-tout. Je retira mon tome pour le poser à côté de l'herbe et sortit doucement la dague de ma poche avant de la passer longuement sur ma main. La douleur me fit frissonner à la fois d'excitation et de douleur. Le sang qui aurait dû couler de ma plaie se concentra en une sphère qui s'éleva doucement devant l'œil de l'homme. D'un geste du poignet, le sang forma différente forme, certaines animales, d'autres inédites. Je la maintenais en l'air avec ma main pour l'observer, presque nostalgique de l'époque où je pensais pouvoir faire ce que je voulais de cette magie.
"Nous ne sommes rien sans tome, c'est vrai. Quand je parlais de pouvoir coulant dans mes veines..." Le sang se forma finalement en une sphère imparfaite mais Je passa un bandage sur ma main pour éviter de perdre plus de sang. "Tout le monde vous jugera, c'est ce que les humains font de pire : avec leurs opinions... Cela ne doit pas vous influencer, seuls les opinions auquel vous accorder de l'importance doivent vous guider. Sinon, voyager, trouvé ces personnes, ces esprits que vous penserez digne d'intérêt, vous n'en avez visiblement pas encore rencontré."
... Tu t'en sors gamine, mais reste prête à en faire une arme. Je sais, c'est une forme de prudence. Mais au moins, j'espère que cela piquera sa curiosité. ... Tu ne sais rien de ton propre pouvoir pourtant. Car c'est toi qui en est la source n'est-ce pas? Aide moi à lui répondre s'il me pose des questions veut-tu?
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mer 12 Juil - 18:30 | |
| Une migraine commençait à poindre, alors que le Rôdeur luttait pour rester dans la réalité. Ses démons avaient toujours eu des flux et reflux, et ce moment ils commençaient à venir, à essayer de le submerger comme la marée recouvre les flancs rocheux. Mais au lieu de vagues, poétiques et élégantes, ou bien brutales et magnifiques, le guerrier aux cheveux d'ombre et de sang devait subir les assauts d'innombrables voix et mains contre les parois de son esprit...sans déterminer dans quel sens il lui fallait se défendre. Il les entendait gratter, encore et encore. Comme une infinité de rats puants, qui raclent leurs griffes du soir au matin dans cet éternel crépuscule. C'était déjà un supplice, qu'il avait fallu des années à supporter...des années, et bien des tourments. Cela rendait difficile de mener une conversation, lorsque l'on a l'impression d'avoir un cimetière vivant mécontent dans le crâne, déjà qu'il n'aimait pas ça. Dommage, il se serait peut-être permis un rire jaune à la première réponse de la magicienne. "Soyez vous, soyez juste un Beorc". Ha ! Quelle connerie.
Mais il était trop occupé à fortifier sa tête pour cracher son venin tout de suite, et haussa un sourcil dubitatif lorsqu'elle commença à se tailler la chair pour faire joujou avec son sang. Si le sort était fascinant, tant par sa nature inhabituelle - probablement du moins, il n'était pas mage - que par le fait de ne pas requérir de tome, le Rôdeur demeura indifférent. Au moins il approuva la tirade qui suivit d'un haussement d'épaules, il aimait assez les phrases doté d'un sens littéral. C'était tangible au moins. En revanche, la pseudo-morale à la mords-moi-l'noeud qu'elle osa lui pondre à la fin faillit le faire sortir de ses gonds. Sa patience autrefois plus que correcte s'était cruellement érodée avec le temps, et le combat interne qu'il menait pour garder à la fois son corps et sa conscience ne l'était pas à rester placide. Elle était comme tous les autres. Toujours à le juger, à penser avoir la raison de leur côté, à savoir dire ce qui peut être bon pour lui ou non. Elle plus que les autres puisqu'elle aussi était liée à la magie noire ? Oui, non, peut-être. Aux yeux carmins du Rôdeur, il n'y avait pas de différence. Qu'elle meure, puisqu'elle ne valait pas la peine.
Sa guerre mentale le laissait continuellement sur les nerfs, et il ne hurlait pas toute la journée grâce à son stoïcisme naturel. Mais l'envie de détruire l'agitait en permanence. Sa nature guerrière, sa malédiction, cette violence éternelle dans sa tête, sa haine de toute civilisation...le poussait à vouloir faire table rase. Kerorian sentait son corps être dangereusement chaud. Mauvais signe. Pour lui, pour elle. Qu'importe. Avec une rage contenue, comme une eau bouillante dans sa cocotte, le géant cuirassé se déplia, se redressant de toute sa lourde stature. De son point de vue, la magicienne ressemblait à de la vermine. Un misérable insecte, un pathétique rongeur. Une bestiole, qu'il valait mieux voir disparaître. Même l'épée noire ne réclamait pas son sang, il n'avait qu'à tendre le pied, l'écraser sous sa botte d'acier et l'oublier aussi sec. Qu'elle meure. Les lèvres pincées, le visage fermé, il émit un genre de sifflement. Comme la cocotte, il laissait échapper la vapeur. Parler. Il avait besoin de parler à quelque chose qui n'était pas dans sa tête. Aucune logique ne méritait de s'abaisser à parler avec une vermine, mais il fallait qu'il trouve une réponse. La tuer c'était attendre, encore. De toute façon, il était déjà au fond. Patience. Juste un peu. Mage noire. Utile. Presque. Plus tard...
"Marchons. Cette inaction m'énerve."
Son oeil virevolta à droite à gauche. Il avait besoin de renouveler son champ de vision, de sortir de cette cage noire qui se refermait sur lui. S'il se laissait prendre au piège, il allait criser. Et le Rôdeur n'y tenait pas, se laisser attraper était une preuve de faiblesse, devoir se débattre avec l'énergie du désespoir pour essayer de se libérer était un acte pathétique. Lui pouvait éviter cette prison de ténèbres, la contourner, la briser au besoin. Mais il avait besoin de garder une ancre, quelque chose à quoi s'accrocher, ne pas finir submergé par ses seules pensées. Il n'avait jamais très bien nagé, et ça ne changeait pas dans sa tête, hélas. Après quelques pas, le cliquetis régulier de son armure ayant tout d'une comptine à ses oreilles, le Rôdeur joua des épaules. Il sentait le poids de sa carapace, de ses armes. Un homme normal aurait été écrasé, étouffé, lui...y trouvait une certaine forme de confort. C'était une façon de se leurrer bien sûr, de conjurer ses peurs en se faisant rêver, mais il avait le sentiment d'avoir une peau d'acier et des poings de la force d'un marteau. C'était...agréable.
"Tu es stupide magicienne. Comme tous les autres."
Et merde, voilà que les hallucinations reprenaient. Au moindre recoin sombre, à la moindre petite cachette où la vision était difficile, son oeil se perdait dans le néant, persuadé d'avoir aperçu quelque chose. Pourtant, maintenant, le Rôdeur parvenait à faire la différence...à peu près fiablement. Mais avoir le sentiment d'être épié partout où il va, d'être suivi par des ombres, pesait très vite sur les nerfs. En particulier quand on le subit depuis des années, et qu'on est déjà énervé.
"J'ai fait plusieurs fois le tour de Tellius, j'ai vu et combattu des pics enneigés jusqu'aux sables d'Hatary, j'ai même rencontré des dragons. Ne me dis pas de voyager pour trouver "les êtres qui seront importants pour moi", quand c'est ce qui a failli me damner et tuer."
D'un grand geste il chassa un fantôme. Ou un moustique. Qu'importe. Son oeil solitaire ne cessait de voltiger dans toutes les directions, réflexe automatique dès qu'il voyait une ombre - omniprésente au crépuscule, une fois de plus - un coin sombre, ou une branche sur son chemin, qu'il pourrait piétiner violemment. C'était puéril, enfantin même, mais le craquement avait une douce sonorité au goût de sa démence. Il avait le sentiment de casser quelque chose, ça défoulait.
"Je ne veux pas être "Un beorc". Je ne veux pas avoir une putain d'étiquette, ni de compte à rendre à qui que ce soit. Je veux être moi et pour ma gueule. Peu importe qu'ils vivent ou meurent, de ma main ou d'une autre. Ils y passeront tous, alors je veux juste qu'on me foute la paix !"
Un gros caillou dépassait sur la route. Il ponctua sa phrase en shootant violemment dedans, l'envoyant voler loin de là. Le Rôdeur s'arrêta un instant pour regarder le bout de sa botte. Il était un peu cabossé. C'était à cause du rocher ou ça datait d'avant ? Vu la distance à laquelle il avait volé de toute façon, le borgne se dit que sans sa lourde chausse, il se serait cassé quelque chose... Bordel. Il possédait une force hors du commun et un talent redoutable pour l'épée, mais voilà à quoi il en était réduit. Devoir s'envelopper d'acier, sous peine de détruire son propre corps. Il cracha de dédain, et frustration.
"Et toi magicienne, tu fais des belles morales, mais tu t'empresses bien souvent de citer les autres. Qu'ont-ils fait de si important que tu ne te rendes même pas compte de ne jurer que par eux ?"
Ca l'énervait, ça l'énervait d'avoir besoin d'une voix extérieure pour réfléchir alors qu'il refusait de les écouter. Ils pensaient tous à bien, en général, avec sagesse ou innocence, mais le Rôdeur ne parvenait pas à leur faire confiance. La sorcière avait dit vrai quelque part, et Kerorian ne souhaitait pas se ridiculiser un peu plus en essayant vainement de le démentir, il se haissait déjà suffisamment tout seul, mais il avait besoin de quelqu'un sur qui compter. Il avait besoin...d'un ami, d'un rival, d'un exemple, de n'importe quoi mais pas d'un miroir ou d'un mannequin. Or, à ce jour, il ne pouvait faire confiance qu'à une seule personne. Une seule, l'unique qui n'avait à subir ni sa colère désespérée ou son obstination démente. Hélas, c'était probablement l'une des rares qui avait la sagesse de ne pas tenter de lui indiquer un chemin sans le connaître lui-même...et le vieux Daeroth ne s'était jamais vendu à une malédiction, si ce n'est celle d'avoir eu un enfant, un domaine où le vieil homme avait bien mieux réussi que lui. Sa colère se teinta de tristesse. Il avait échoué, qu'il soit bon ou mauvais, Kerorian, le jeune innocent comme le violent guerrier, avait tenté beaucoup de choses. Parfois avec de bonnes intentions, parfois par pur caprice...mais n'avait jamais rencontré au final que l'échec, et ça le minait.
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Ven 21 Juil - 23:02 | |
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Marcher? P...Pourquoi pas. Après tout, cet homme commençait doucement à émettre quelque chose que je pouvais sentir. ... Il était temps gamine. Il empeste la malveillance, mais qui n'est pas comme tout à fait la sienne... Mais je n'en savais pas encore assez. Juger quelqu'un est un acte vil mais également un mal nécessaire pour estimer ces valeurs. C'est comme cela que les relations humaines évoluent, je crois. Je me relevai et dû adapter mes pas à la taille du géant, ce dernier semblait aussi se battre, à la différence qu'il était déjà le vaincu. ... Actuellement, le plus comparable serait un guerrier retranché contre un mur qui tente d'intimider une armée l'encerclant. Il ne peut pas gagner, il ne peut gagner que du temps. Ne t'attarde pas. Je vois. D'un geste, je remis ma capuche pour camoufler mon visage à nouveau tout en maintenant la sphère de sang en suspension d'une main, la laissant tournoyer et prendre des formes aléatoirement, à l'image de mes pensées.
Jeune, et stupide. Certainement. Je ne suis personne pour questionner et cette remarque m'arracha un sourire discret sous mon voile de ténèbres. Après tout, que sommes-nous sinon stupides? Qu'est-ce qu'un Beorc mais un être irrationnel? Après tout, je trouve le réconfort dans la méditation et la présence d'un livre de papier. Cela me rend stupide aux yeux de certains, et cultivées aux yeux d'autres. La perspective... Jamais absolu. Mais la suite du récit me laissa plus pensive... Il aurait tant voyagé que ça! Je... Je ne. ... Tu t'attendais à ce qu'un être avec tant d'expérience soit plus sage? Calme? Respectable? O-oui. Quelqu'un qui en sait plus que moi et qui serait prêt à échanger, apprendre et comprendre? ... Il est la meilleure représentation du fait que le monde change un homme, rarement le contraire. On me l'a souvent faite celle-la... Mais oui alors. Qu'il soit damné ou tué importe uniquement s'il le fait pour ce qu'il considère comme juste. Après tout, nous mourrons tous, autant vivre alors une vie que l'on considère digne. Pour certains c'est servir, d'autres protéger, et simplement survivre est une réussite en soit pour les moins garnis.
Ces gestes devenaient menaçant, chaotique et sans aucun sens. Son œil ne m'échappa pas, il s'agitait comme s'il était assailli de toute part... La folie et la démence qu'il dégageait. Ses mots avaient du sens certes, mais quelque chose me filait entre les doigts. Tout se liait comme avec une pièce manquante. ... Ce mec commence à me gonfler. Parce que tu penses qu'on pourrait le remettre à sa place? Toi? Moi? Nous? Mais je peux comprendre que ce dont il a besoin, c'est d'être seul... Totalement seul. ... Impossible. Comment ça? Son épée est bien maudite non? La magie noire, c'est dans mes cordes, et les tiennes. ... Tu ne comprends pas gamine, il est l'épée, et l'épée est lui. Ils sont deux faces d'une même pièce. Une liaison parasitaire? Non c'est plus comme un lien. Ca ressemble un peu à notre cas non? ... A la seule différence que la conscience de cette épée n'est pas... Écoute, si tu y tiens temps, essaye de t'y lier, l'espace d'un instant. Ca ne me dit rien qui vaille... Mais ca aurait le mérite d'être essayé. Pour l'instant, je vais utiliser la voix, ce n'est pas ma meilleure arme, mais tant pis.
"Stupide, c'est le moins que je puisse dire. Mais tu l'es tout autant pour croire que tu peux échapper au jugement des autres. Nous sommes des Beorcs, ou des Laguzs. C'est un fait." Un rire sinistre ponctua ma pause. "Obtient de la force, et les autres vont te craindre, te juger. C'est tout naturel, on craint ce que l'on ne maitrise pas. C'est naïf de croire que l'on peut échapper à cette règle. Car quand on voit quelqu'un qui est bien plus fort que soit, la première chose que l'on souhaite, c'est d'être derrière lui et non devant."
De la même manière que l'on veut toujours être du côté de la poignée d'une épée et jamais du côté de la lame. La logique élémentaire de l'homme après tout. "Les autres? Ils sont mon ancre, mon point d'attache quand l'esprit qui me possède déchire ma volonté avec ces griffes. Ils m'ont aussi libéré d'une vie où je n'étais rien de plus qu'une arme au service du Black Fang."
La sphère de sang mima une enfant se faisant enlever puis mise en cage, jusqu'à ce que l'enfant en grandissant, finisse par exploser de rage et détruire les barreaux qui la retenaient prisonnière. Je cachais les détails de cette histoire pour éviter de rajouter des images trop... choquantes, pour lui comme pour moi. Cette nouvelle vie que j'expérimentais, cette conversation était le résultat de mon évasion après tout. Le silence commença à peser entre lui et moi et la voix de l'esprit en moi prenait à son tour une tournure que je n'appréciais guère. ... Je SuIs La. Je sais, et tu resteras à ta place. ... HéhéHé, tU crOiS PoUvoIr me RetENir? LAisSe MoI FaIRe! ???
Soudainement, la voix cessa pour prendre une forme de hurlement strident dans ma tête. Un terriblement bourdonnement dans mes tempes me faisait mal. J'en avais oublier que cet esprit gagnait en folie en se renforçant. Je pouvais déjà dire adieu à la concentration. D'ailleurs, la sphère de sang n'y tint pas et explosa brutalement. Mal... Si mal. C'était comme si un de ces couteaux fins me coupait l'intérieur de la tête pour m'en retirer le cerveau. Mes pas tenaient plus difficilement la cadence, la gorge me serrait, je devais retenir mes gestes de faiblesse en plus de soutenir la douleur. Dans un souffle tremblant, je fis une erreur, une terrible erreur. Je mis la main sur son épée. Et ce qui en sortit fut... La seule douleur comparable remonte à mes souvenirs qui tourmentent mes pires cauchemars. Des cris, des bras m'agrippant pour tirer dans le sol avec eux, des visages dans chaque coin d'ombre hurlant, le noir dans l'orbite des yeux reflétant la mort et l'enfer. Une rage indescriptible, la peur, la haine, la mort. Et soudainement, plus rien. Le contact avait été brisé.
"Hah... hah..." Je levais les yeux sur son armure pour voir que seul deux iris rouges comme le sang ressortait de l'obscurité de ma capuche. "Je ne peux pas savoir de qui... Hah... tu veux la paix... Mais. Je crains que la paix que tu cherches ne viennes jamais. Pour cela, il te faudra des émotions, ca veut dire laisser ce que tu portes. Mais on sait... tous les deux." Je levai à nouveau mes yeux pour le dévisager même si ce n'était pas possible. "On sait que le pouvoir prend et ne rend pas."
Marcher, continuer à marcher et penser. Discuter. Avoir une ancre... Merde, mon bras est totalement noir, c'est pas bon. ... Tu tE CrOYaIs SoRTiE D'aFFaIrES? ... Arrière. J'ai un tome pour toi, et tu ne peux pas me contrôler sinon ce gars que tu n'aimes pas nous trancheras tout les deux. Alors reste à ta place. Tu. Ne. Sortiras. Pas. Moi aussi je sais faire l'intimidante. ... PFHAHAHAHAH! Ce n'EsT qUE pArtiT ReMIse GamINe. ... Méditer, je dois méditer... Ne pense à rien, fais le vide...
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Dim 23 Juil - 11:16 | |
| Lorsqu'il l'écoutait, le Rôdeur ne pouvait reconnaître qu'une seule véritable qualité à cette magicienne farfelue : Elle ne se perdait pas en d'interminables palabres. Sans être laconique, au moins était-elle plutôt simple et relativement directe, ça changeait. Cela faisait au moins un bon point pour elle, le guerrier aux yeux rouges n'ayant jamais supporté ces imbéciles qui se plaisaient à s'écouter eux-même. Cela dit, elle lui donnait envie de rire. Du moins, ça aurait été le cas s'il avait eu un penchant pour l'hilarité, ce qui n'était pas le cas. Même si elle avait souffert, qu'elle possédait des dons particuliers et étudiait l'art le plus occulte de l'humanité - selon l'avis populaire - sa langue claquait de la même façon que n'importe quel ahuri que le géant essayait d'éviter. Il se fit plus attentif une brève seconde, quand elle mentionna le Black Fang. Un vagabond/mercenaire tel que lui avait forcément entendu les rumeurs à leur sujet, cependant il se désintéressa rapidement. Cette pauvre fille avait été brisée, mais pas encore reforgée. Un peu comme lui en fait, et c'est certainement ce qu'elle devait penser. Qu'elle pouvait le comprendre, qu'ils se ressemblaient. Mais le Rôdeur lui, savait que leurs fêlures n'étaient pas du tout les mêmes.
Son humeur s'assombrit encore, le calme qu'il essayait de consacrer à la discussion, pour occuper ses pensées, fut mis à encore plus rude épreuve quand la fille se mit à agir bizarrement, son petit joujou sanguin éclatant. Il lui jeta un regard, elle paraissait souffrante, presque à l'agonie. Puis elle tituba, s'appuyant un instant sur la Dragonslayer pour ne pas se vautrer sans doute, et resta toute pantelante alors que son épée criait famine, encore, et toujours. L'arme noire avait-elle senti cette étrangère, pourtant doté d'une odeur familière ? Peut-être. Dans la tourmente, Kerorian ne saurait différencier un cri de rage affamé d'un autre, et il ne s'y connaissait pas assez en magie ou en reliques pour savoir ce qui pouvait bien ce passer dans un tel cas. Et franchement, il s'en tapait les burnes.
"C'est pour ça que je dis que tu es stupide. Stupide ou pathétiquement humaine."
Une migraine revint l'assaillir, lui faisant rater un pas. Son lourd pied se prit dans une racine et il trébucha, se rattrapant aussi lourdement que de justesse. Son équipement rendait ce genre d'incident assez expéditif, mais ce qui le fit grimacer n'était pas d'avoir manqué de se vautrer. S'il n'aimait pas se ridiculiser, cela pouvait arriver de tomber, ce n'était pas très grave. Ce qui titillait ses nerfs déjà à vif, c'était la faiblesse de son genou qui avait failli plier sous son poids lorsqu'il s'était rattrapé dessus. Durant un battement de coeur, le Rôdeur crut que l'articulation n'allait tout bonnement pas le supporter, et c'était mauvais signe. Il savait que son corps avait immensément souffert, et que c'était déjà un miracle qu'il soit ne serait-ce qu'en vie et entier. Maintenant il prenait réellement conscience de son état, et ça ne lui plaisait pas. Il se renfrogna et reprit la marche, faisant comme si rien ne s'était passé.
"Ma paix est la solitude. Si tu veux que je nomme un rêve, je te répondrais le génocide."
Plus aucune espèce sur son chemin. Juste lui, les forêts et ses chères montagnes. C'était une idée qui lui parlait. Tout autant que repeindre Tellius en rouge. Il n'avait pas à se forcer pour comprendre pourquoi son "lui du futur" était passé à l'acte.
"Ne serait-ce que pour ne plus entendre ce genre de conneries, de la part d'imbéciles et de lâches qui pensent que leur vision des choses s'appliquera toujours à tous les autres."
Encore, et toujours le même refrain. Ne pouvait-il donc pas entendre autre chose ? La seule personne capable de l'écouter, et de lui répondre, ne pouvait donc être que son vieux maître ? Partout où il passait, c'était toujours la même histoire : "tuer c'est mal, tu devrais te débarrasser de ton épée, tu devrais ceci, tu devrais cela" et blablabla...des paysages les plus stupides avec un gros nez rouge, jusqu'à sa propre compagne, sa propre fille - du futur certes mais chut - aucun n'essayait de le comprendre ou de l'accepter. Personne n'avait jamais voulu de lui, tel qu'il était et tel qu'il voulait l'être. Même Alan, qui possédait pourtant lui même une lame ensorcelée, n'avait pas cherché à l'aider. Tous voulaient le voir changer à l'image qu'ils attendaient de lui. Le façonner selon LEURS goûts. Qu'ils aillent tous au diable ! Il cracha avec haine par terre, maudissant sa passivité qui laissait respirer ces fumiers autant que son impulsivité qui l'invitait à s'abandonner à son arme carnassière. Eux aussi pouvaient aller se faire foutre. Le petit Redeye et ses valeurs utopiques et sa noire soeur d'ombre et d'acier. Personne ne lui ferait courber l'échine, et il n'avait pas l'intention d'y jouer sa vie. Il vivrait, il vivrait parce qu'il souhaitait le faire, mais en tant que lui-même et son propre et unique maître.
"Et le pouvoir n'a rien à rendre. La puissance ne se partage pas, elle se prend."
Le colosse furieux coula un regard rouge vers la magicienne, qui semblait au bout du rouleau. Pathétique. Dire qu'il devait ressembler à ça, après avoir l'incident avec Drake et Alan. Cela le fit grimacer. Cette allure misérable, les pieds trainant, la mine perdue dans le vague...ça l’écœurait de songer qu'il avait pu être comme ça.
"Tu ne seras jamais assez forte ou cruelle pour résister à ton sort. Si tu veux garder ta tête, suicide-toi. Ou fais toi exorciser et mets toi au tricot. Ca t'évitera de dire plus de conneries."
Qu'elle ait osé se comparer à lui l'énervait encore plus. Au début, il avait bien voulu tendre l'oreille...mais c'était toujours, encore, sans cesse la même histoire. On le prenait de haut, le pensait fou et tout le monde se croyait capable de lui dicter sa vie. Abrutis aveugles qui ne pouvaient pas se résoudre à accepter qu'il évolue sur un plan supérieur au leur, à réaliser à quel point ils sont insignifiants par rapport à lui.
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Ven 13 Oct - 11:57 | |
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Etre à la merci d’un esprit noir est… Comment exprimer cela ? Vous voyez les pièces de théâtres ? Quand la musique devient lourde, sombre, sanglante presque mais que la scène ne présente encore que le personnage principal seul. Quelque chose va arriver, quelque chose de mal, qui blesse et vous ne pouvez faire qu’une chose, attendre bien gentiment sur votre siège le temps que l’épée de Damoclès s’abatte.
Des fois, je savais tenir l’attente, je m’accrochais, tirait sur un morceau de tissus pour passer les nerfs, faisait des exercices de respiration. Mais quand la musique devient la seule chose que vous pouvez entendre, voir et même ressentir. Alors mon corps semble s’infliger lui-même une torture, laissant le couteau qu’est la tension me découper doucement… Hochant ma tête vers le géant, la qualité humain ressortit comme un défaut de sa bouche. Peut-être que c’était ça ma faiblesse ? … Nonononononon…
Une panique sans nom prit Akamae, pendant un instant, l’image de tout ce qu’elle s’était battue pour voir un jour : le Soleil, la vie, les arbres. Tout brûlait, détruit dans les flammes de la guerre et ses propres sorts. Le seul moyen de contrôler son pouvoir était donc d’être une machine ? Le reste de la conversation lui parut horriblement flou alors que son cœur accélérant, ratait des battements, ralentissait et alternait toutes les douleurs possible. Malgré tout son esprit logique… Ce géant avait raison, l’humain est faible, et seuls ceux dénués d’humanité peuvent manier un pouvoir pareil. Elle regarda avec une forme de pitié envers elle-même sa main noire corrompue par la magie.
Le fait qu’il manqua de trébucher me sortit de ma panique pour me focaliser sur le présent à nouveau. Ce signe de faiblesse ne lui avait visiblement pas fait plaisir mais je n’avais ni la force, ni la stupidité de lui faire remarquer. Une paix dans la solitude est compréhensible, un rêve de génocide non. En temps normal, j’aurais pris le temps de disséquer et de comprendre mais la seule chose que je pouvais tirer de ce mot était une forte pulsion meurtrière, envers… tout le monde. La suite me fit comprendre que sa vision et sa vérité à lui était fort simple : Lui et rien d’autres. L’inverse de ce qu’elle attendait chez un être humain.
Son discours sur la puissance était vrai pour un guerrier, pas pour un mage. Les talents magiques ne sont pas toujours des bénédictions, mais c’était évident qu’il n’avait pas la perspective nécessaire pour comprendre cela, de la même manière que je n’ai jamais fait d’entrainement qu’il aurait fait pour atteindre sa force… Fatiguée… Si fatiguée. Je dois… me reposer.
Akamae rendit le regard au colosse de manière morose, ses iris rouges sur fond noir reflétant son égarement dans ce qu’on pouvait peut-être encore appeler une réflexion enivrer par la fatigue et la perte de contrôle sur ce qui la dévorait de l’intérieur. En écoutant le mot suicide, une part d’elle se brisa, ses yeux s’écarquillant pour laisser des longues larmes rouges s’en écouler un instant. Un rire terriblement sinistre sortit de ses lèvres. « Qui es-tu pour connaître mon sort ? » La mage chercha un instant dans sa poche un objet avant de tendre une remède médicale élémentaire. « Tu ne tueras pas grand monde avec un genou qui flanche. »
Elle continua la marche sans rajouter un mot si ce n’était un sourire mauvais au visage. On pouvait le voir dans plusieurs cas mais le plus évident est sur quelqu’un qui sait qu’il va mourir et qui l’accepte. Un sourire à la fois défaitiste et heureux. Comme une défaite acceptée, la joie de ne plus à devoir souffrir d’un poids et de s’en libérer purement et simplement. Celui de retirer une barrière imposée par soi-même que ce soit une morale ou physique.
Soudainement, elle trébucha à son tour et ne se rattrapa pas assez rapidement. Allongée au sol et couverte de boue, elle tourna doucement la tête pour entrevoir le colosse. « Continue ton chemin… » Sur ce mot, elle tenta de se relever, sans succès. Le froid du sol, le choc, l’ivresse de la folie redescendant doucement et de nouvelles larmes se tenaient prêtes. Une faible volonté de garder la face un instant la força à se retenir. Elle pouvait retenir ses larmes un instant, qu’il ne soit plus là.
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| | | ❝ Kerorian ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Ven 13 Oct - 16:59 | |
| Et comme si ça ne suffisait pas que cette vermine bien pensante puisse se croire capable de lui dicter sa vie et la voie qu'il devrait suivre, elle était en plus à l'image d'une poupée de porcelaine. Inerte, belle, et fragile. Ses seuls mots avaient suffit à l'ébranler, comme si la vérité énoncée par sa cruauté franche l'avait frappée en plein coeur, au vu de sa réaction qui paraissait partagée entre l'effondrement moral et la crise de folie. Pour ne rien arranger à son cas, son rire glauque ne trahissant rien d'autre que son esprit ébréché, elle lui rétorqua qui il était pour connaitre son destin. Une réponse de faible, bien évidemment, de faible qui ne peut digérer d'être bousculé par la dure réalité. Le Rôdeur n'aurait pas prétendu connaître l'ultime réponse, mais il savait que les "bien pensants" se trompaient, se leurraient en masse. Mais l'ultime insulte arriva lorsqu'elle se permit de sortir ce qui devait être un genre d'herbe médicale qu'elle lui tendit, prétendant qu'il n'irait pas loin dans un genou dans cet état. Alors le géant vit rouge. Sa colère grondante se changea en bouillonnement intense, et il aurait juré que son visage enflait alors qu'il enrageait de l'audace, de l'arrogance de la magicienne. Il ne fit rien toutefois, mais moins par discipline ou désintérêt que par soucis de trouver un châtiment adapté.
Ses oreilles bourdonnaient, la face empourprée, quand la sorcière s'étala pitoyablement toute seule, et qu'enfin à la place qu'elle méritait elle lui jeta un regard pathétique en osant une fois de plus lui ordonner de continuer. Le guerrier craqua. Il ne rugit pas un millier d'insultes que par sa nature laconique et par la rage qui serrait sa gorge. Son pas lourd piétina furieusement, martela le sol jusqu'à la magicienne, et avec la force d'un coup de tonnerre le colosse enfonça violemment son poing à moins d'un pouce de la tête d'Akamae, imprimant profondément le dessin de ses phalanges blindées dans la terre. Ô comme il aurait aimé simplement lui pulvériser le crâne. Ô comme cela aurait été facile, alors qu'elle était si docilement offerte à ses plus sombres vices. Elle aurait mérité de mourir, par les derniers fragments de compassion qu'il pouvait offrir ou pour le sadique et futile plaisir de faire taire ceux qui l'offensent, à tort ou à raison, de voir les "souffrances" qui la hantaient disparaître tout à coup. Mais il savait que ce n'était pas ce qu'il voulait réellement. Il avait besoin...de quelque chose. Il ignorait quoi, et même si cette pauvrette pouvait lui apporter quoique ce soit, mais le Rôdeur sentait qu'il n'aurait pas ce...cette "chose" qu'il cherchait maladroitement par lui-même.
Au bord de l'explosion, peinant même à trouver ses mots tant il aurait préféré laisser parler l'acier dans ce langage si simple et pratique qui lui était propre, Kerorian fit pourtant l'effort infernal de se contenir tant bien que mal.
"Pour donner des leçons et vous croire sage, ça vous êtes forts, vous les mages. Tellement forts que vous osez juger ce qui vous dépasse alors que vous rampez dans la fange."
Il cracha à terre, autant de rage que de mépris, serrant les poings en se gardant bien de la frapper. Elle avait l'air si fragile qu'il doutait de pouvoir seulement la gifler sans lui tordre le cou...et en ce moment, il avait plutôt envie de l'équarrir vive. Une pensée amère lui traversa l'esprit, et il eut un reniflement dédaigneux.
"J'ai souvent entendu dire que les magiciens tiraient leur puissance de leurs connaissances, j'avais toujours imaginé que c'était encore plus vrai pour les mages noirs..."
Le savoir c'est le pouvoir, avait-il souvent vu. Son maître disait qu'il fallait savoir pour pouvoir choisir entre le bien et le mal, entre le sage et le nécessaire. D'autres étaient plus simples, pragmatiques ou philosophiques...mais toujours cette pensée se retrouvait. La connaissance apportait la possibilité, dans chaque domaine, à chaque situation. Avec un rictus partagé entre l'écoeurement et la haine aveugle, le Rôdeur saisit la magicienne par la chemise, sans se soucier de la boue, de la pudeur ou de l'éthique et la souleva à sa hauteur à bout de bras, se redressant de toute sa lourde stature et plongea son regard furieux, cruel, égaré, dans ses traits.
"Alors dis-moi, sorcière. Que te reste-il, toi qui ne sais rien ?"
Ce n'était sans doute pas la voie à suivre pour avoir ses réponses, mais le guerrier était piqué au vif. Il craignait de se retourner sur son chemin, d'affronter des questions qui allaient l'ébranler, ou qui nécessiteraient qu'il se laisse aller à des sentiments, des faiblesses, ou des peurs. Alors il s'en détournait, enfouissait ses doutes et sa confusion sous la colère et la cruauté et agressait cette fille, pour ne pas s'en prendre à lui-même. Il la relâcha, la jetant à moitié par terre, comme si cela le dégoûtait de la toucher. Son attitude l'écoeurait vraiment, quelque part au fond de lui. Il n'aimait pas cette fuite en avant, cet aveuglement obstiné qu'il s'acharnait à maintenir pour ne pas s'affronter. Peut-être, en vérité, le Rôdeur aurait espéré de l'aide...mais ne pouvait se résoudre à la demander, ni à considérer que quelqu'un puisse être apte à lui porter secours. C'était sans doute par dépit et chagrin qu'il s'en prenait à Akamae, incarnation de son innocence d'autrefois rongée par les ténèbres et qu'il ne pouvait que regretter, pour le meilleur ou le pire...mais sans pouvoir le reconnaître, ni pour lui, ni pour un autre.
Sa colère se troubla, mua en un sentiment plus étrange, plus mélancolique mais pas moins puissant. Sans y prendre garde, le Rôdeur tira sur le col de sa cape, le remontant plus haut autour de son cou épais, tandis qu'il regardait la fragile jeune fille de son unique oeil de feu.
"Tu n'es pas assez forte pour te survivre seule. Tu devrais l'accepter, et trouver quelque part une main ouverte..."
Voilà ce qu'il aimerait pouvoir se dire lui-même, ce qu'il aimerait lui-même accepter...mais ça lui était impossible. Par fierté ou nécessité, le Rôdeur ne pouvait être faible. Des années durant, il avait vacillé, succombé à ses ténèbres, s'il admettait être faible, sa volonté s'effondrerait et il disparaîtrait. Il devait être fort, fort et seul, car sa puissance lui interdisait d'accepter les autres,de compter sur eux. Durant un bref instant, un éclat voila de chagrin le regard d'un jeune homme,dont l'innocence avait été perdue trop vite et trop brutalement, alors qu'il enviait la fragilité et la douceur de la magicienne. Elle au moins, ne serait pas solitaire pour le reste de ses jours, puisque son propre corps le lui interdisait de toute façon...alors que lui avait tout perdu. Ses amis, sa famille, ses rêves...tout était parti en fumée, parce qu'il ne supportait pas leur proximité.
Incapable de soutenir plus longtemps les sentiments qui lui serraient le coeur quand il dévisageait la sorcière, le Rôdeur détourna la tête avec un ricanement dédaigneux, se murant à nouveau et tirant plus haut encore le col de sa cape. Il lui fallait être dur pour survivre...il ne pouvait pas lui tendre la main.
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| | | ❝ Akamae ❞
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Sam 14 Oct - 12:08 | |
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Akamae avait désormais perdu de vue beaucoup de chose. Les ténèbres l’entouraient, les griffes du doute lacéraient son esprit tourmenté. Le géant avait raison… Elle pouvait se voiler la face, se dire qu’elle pouvait par la méditation et le contrôle de soi, elle viendrait à bout de l’esprit qu’elle avait en elle. Mais l’humain est fragile, faible et brisable. Quelque chose que cet homme n’était pas, ce lui permettait d’endurer une souffrance pire que la sienne. Alors que pouvait-elle faire ? Fuir son pouvoir dans la mort ? La fin universelle ?
Les pas du Mercenaire faisaient presque trembler la terre et Akamae sembla heureuse un instant. Le poing qui s’écrasa à côté d’elle... Et pas sur elle, lui arracha un simple regard dépité. Cela était pourtant si facile. Pour elle comme pour lui. Et pourtant. Sa vie ne s’arrêta pas. Un réflexe la fit prendre une grande bouffée d’air, chaque seconde ou elle était encore en vie avait plus de valeur, plus de tout. Les voix dans sa tête étaient si claire, le son du vent, des respirations du Beorc qui menaçait de l’écraser à chaque seconde… Tout était horriblement précis, son cerveau ne pouvait soutenir toutes ses informations en même temps. Etait-ce l’état que les guerriers atteignaient quand leurs épées s’entrechoquaient ? Peut-être.
Akamae s’apprêtait à se relever et refaire face au géant. S’il l’avait laissé en vie, c’était par pitié, ou parce qu’il voyait quelque chose qui lui servirait. Sa voix lui en empêcha, rappelant le manque d’expérience, de connaissance et de valeur qu’elle avait. Ce qui la dépassait… Akamae tenta de ramper un instant, la main tendu vers l’avant avant de sentir la force de sa main corrompue se tarir. Il est vrai que les mages tirent leur pouvoir de la connaissance. Certains du moins. Ce n’était pas le cas d’Akamae, sa connexion avec l’esprit lui permettait de tirer sa puissance d’elle-même et de ses émotions mais… A quel prix ? Ce chemin alternatif vers la puissance comprend ses risques. Jusqu’à présent, elle n’a jamais laissé ses émotions se manifester à travers sa magie par peur de détruire ce qui l’entourait. Cette peur est toujours présente.
Une autre forme de terreur s’ajouta : Elle sentit la main large et puissante du guerrier l’attraper par la chemise, sa poigne agrippa par-dessous la robe et elle se fit totalement soulever. Son souffle se coupa un instant alors que sa chemise tirait sur son corps comme des filets pour couper du fromage. Akamae tenta de se débattre faiblement, une main agrippant celle du géant pour se défaire jusqu’à se faire pénétrer par son regard, laissant son corps vider de ses forces, l’obligeant à le regarder en face. La haine déformait le visage de cet homme, mille tortures se reflétaient dans ses yeux, le sang battait avec la même fureur que ses mots. Elle n’avait… Rien. Sa liberté ? Mise sous condition de ses services à Criméa. Son humanité ? Une notion qu’elle ne pouvait elle-même définir… Des émotions…
Elle rassembla un instant son courage pour tenter de parler mais elle fut brutalement jeter un sol. La douleur sonna dans son corps comme un cloche dans une église. Cette dernière la retenait au sol, son embrasse était douce et voluptueuse, mais aussi terrifiante et mortelle. Son corps se courba un instant en réponse à cette stimulation et se calla à nouveau contre le sol. Prenant difficilement un souffle, ses pensées se perdaient au moment où elles se formaient. Elle tourna la tête pour observer son regard haineux la dépecer. Un frisson de peur la secoua devant le ricanement et réussit finalement à détacher le tome de son accroche arrière avant de réussir enfin à parler en se retournant lentement.
« J’ai… tué celui qui m’a tendu la main. Et tout perdu avec.»
Une vérité qui la hantera toute sa vie. Beaucoup pourraient argumenter contre, en disant que la folie l’avait simplement fait faire l’irréparable et qu’elle ne devait pas s’en vouloir. C’était l’offenser de considérer qu’elle n’en était pas la seule et unique responsable. Sa main trembla alors qu’elle relevait le tome Nosferatu sur son torse, futilement. Au final, la seule chose qui l’empêchait totalement de prendre une main était sa propre conscience. Elle avait besoin de quelqu’un… Mais de qui. Elle le regarda d’en bas, impuissante.
« … J’essayerais.»
Akamae savait qu’elle ne tiendrait cette promesse qu’à moitié. Doucement, elle se releva, sans se rendre compte que sa robe de shaman s’était détaché, révélant sa veste violette et son ample pantalon de la même couleur, désormais tâché de boue. Pendant un instant, elle ferma les yeux et susurra des mots l’ancienne langue, espérant parler avec l’esprit en elle. Une grimace de douleur déforma son visage désormais exposé dans toute son infamie. La dualité se voyait sur son visage, la pâleur de sa peau et son œil violet, une peau de démon noire avec un iris rougeoyant de l’autre. Reprenant sa cape elle-même, elle tenta un dernier regard avant de se murer elle aussi dans ses pensées.
« Désolée de ne pas t’apporter grand-chose d’autre… J’ai des réponses à trouver. »
Elle commença à marcher dans le sens opposé, le pas lent et monotone. Un bref instant, elle s’arrêta pour le voir une dernière fois « Comment t’appelles tu ? »
Ne sachant si la réponse viendrait ou pas, elle continue doucement à marcher vers l’arbre qu’ils avaient quitté pour rejoindre les autres sorciers de son groupe… Ce n’était pas ce qu’elle voulait faire mais nier sa faiblesse serait fatale.
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| | | ❝ Kerorian ❞
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Feuille de personnage Niveau: (35/60) Points d\'Expérience: (23/100)
| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Dim 15 Oct - 23:24 | |
| La jeune femme était méprisable. Faible, de corps et d'esprit, et pathétique. Elle paraissait disparaître face à sa colère, à sa voix cruelle chargée d'une volonté tranchante. En ne l'apercevant que du coin du regard, le géant aurait pu jurer que sa silhouette devenait floue. Quand ses doutes l'assaillirent à nouveau, la fragilité de cette belle fleur lui renvoyant l'image d'une certaine femme aimée et haïe, le Rôdeur faillit oublier la mage noire. Il avait beau faire le fort, gonfler sa musculeuse poitrine bardée de fer et d'acier, Kerorian craignait que ses discours ne cherchaient en vérité que ses propres oreilles. Il le disait lui-même, qu'en avait-il à faire des autres ? Et puisqu'il ne s'en souciait guère, que gagnait-il à essayer de les convaincre, de quoique ce soit ? Non, c'était lui que le Rôdeur essayait de raisonner par l'absurde, ou la violence. Alors qu'il reprenait son identité, sa volonté commençant à surpasser, à écraser toutes celles qui s'efforçaient de s'imposer à lui, Kerorian ressentait réellement le conflit qui le déchirait. Il était fort, et maintenant il pouvait être solide, insensible...invincible peut-être même. Et plus que tout, il était libre. Libre de choisir, et surtout de se tromper. Il n'avait plus aucun repère auquel se raccrochait, plus aucun modèle à suivre, ou rêve à défendre. Chaque parole, chaque acte, porterait ses conséquences, et c'était son entourage qui les subirait le plus. Les intentions importaient moins que les faits, et les faits n'étaient que le premier pas des résultats. Il repensa à Liyu, qu'il avait perdu pour avoir essayé de la protéger, et avoir surtout échoué en tout. Pourtant, tant qu'il vivrait il avait la possibilité de la rejoindre, de se donner une nouvelle chance, à lui-même et à eux deux...mais cela en avait-il vraiment la peine ? Quand il se cachait derrière ses grands airs, était-ce pour étouffer ce jeune garçon innocent qui survivait malgré tout au fond de lui, ou au contraire pour le protéger d'un adulte qui n'avait su s'adapter à sa propre évolution ?
Lentement, le Rôdeur tourna la tête quand la jeune magicienne s'empara de son tome, le mouvement éveillant chez lui une attention réflexe, primitive, alors qu'elle ne faisait que ramener le précieux livre contre sa poitrine. Kerorian soupira, sa haine s'étranglant d'elle-même. Il regrettait presque qu'elle ne l'attaque pas. Cela aurait été tellement plus facile, plus simple. Il n'y aurait pas eu à se poser de questions, juste à brandir une lame, une vie contre une vie. Pas de place pour la réflexion, ni même pour le doute. Il espérait le combat comme l'ivrogne courait après sa choppe, parce qu'elle repoussait le terrible moment où sa force devenait poussière. Son art, son savoir, son courage ou bien sa démence...rien n'avait servi à quoique ce soit. Qu'importe ce à quoi il avait pu aspirer, le Rôdeur avait tout perdu, et il ne supportait pas ce sentiment d'échec, d'incompétence.
Sa colère s'était soufflée comme une bougie chétive tandis qu'il regardait avec un profond abattement la jeune magicienne quand s'apitoya sur son propre chemin. Il ignora totalement l'allure étrange de la sorcière, qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à faire ? Lui-même n'était qu'un reflet brisé de deux êtres, s'il laissait libre cours à la poésie. Ses cheveux bicolores, si rares sur Tellius, son oeil mort et celui qui voyait des choses qui ne vivaient pas, son ancienne façon de défendre la vie en y mettant un terme. Il ne put empêcher son coeur de se serrer quand finalement la frêle beauté de cet automne morose se détourna. Pendant une seconde, il tendit la main. Comme pour la retenir, par réflexe, par peur de la solitude, mais elle était déjà trop loin. Ses doigts se replièrent sur le vide, et le Rôdeur se renfrogna. Il devait rester seul, il devait s'endurcir. Qu'importait le doute, l'erreur, s'il était suffisamment dur et froid pour ne plus en souffrir... Une bile amère lui irrita la gorge quand il songea à quel point elle lui ressemblait. Déboussolée comme un animal blessé, incomprise, rejetée. Difficile d'accepter que la seule différence qui le séparait réellement de cette pauvre fille était la chance d'avoir eu un corps puissant. Une dernière fois, elle se risqua à le regarder. Un nouveau signe de faiblesse. Le coeur noir du Rôdeur l'enjoignait à l'abattre pour ça, car il pouvait le faire. Celui qui se voulait encore humain s'y opposait, car il savait qu'il aurait fait la même chose. Tout ça pour un nom. Juste un pauvre nom.
Son oeil solitaire la regarda, silencieux, reprendre sa démarche traînante. Un nom. Il commença à ouvrir la bouche, à moitié par réflexe, mais s'empêcha de prononcer le sien. Son visage se tordit de dégoût, de mépris. Kerorian hein...son propre nom lui paraissait creux, encore plus flou que la silhouette qu'il avait aperçu du coin de l'oeil. Il repensa à ses yeux si caractéristiques, ceux qui lui avaient valu ce quolibet de la part de son maître, un pseudonyme qu'il avait déjà usité dans l'égarement de sa folie.
"Redeye..."
Il n'eut pas le courage, ou la patience d'ajouter autre chose. Il aurait voulu crier à la jeune fille d'être prudente, ou bien d'aller se faire foutre. Son corps brûlant d'un désir d'action aurait voulu la rattraper, autant que la fuir. Seulement, il n'avait plus le droit d'être bon. Maintenant qu'il s'était engagé sur cette voie, sur cette sanglante philosophie, le Rôdeur ne pouvait plus lui tendre la main. S'il le faisait, il perdrait cette volonté pour laquelle il avait payé si cher. Mais il n'avait pas le cran d'être définitivement maléfique. Pas assez fort, fou, ou stupide pour s'abandonner à la facilité. Alors incapable d'ajouter quoique ce soit, le guerrier se détourna à son tour, rabattant son manteau autour de lui et de son visage et retourna à la solitude, et au doute de la liberté.
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| | | ❝ Akamae ❞
Messages : 57
Feuille de personnage Niveau: (17/60) Points d\'Expérience: (20/100)
| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] Mar 17 Oct - 15:58 | |
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Redeye donc. Une réponse qui en était qu'une moitié. Elle le sentait dans sa voix, quelque chose n'était pas... vrai. Comme s'il avait du dégoût à prononcer son propre nom. Cela la laissa un instant pensive, avant de replonger dans les méandres ténébreux de sa pensée. Camouflant le mieux possible son corps, la pauvre Shaman reprit le route vers le groupe alors que la nuit venait de tomber. Ces derniers devaient déjà avoir établi leur campement... Et qu'allaient-ils dire en la voyant dans un état pareil...
Il n'y a qu'une seule manière de le savoir et Akamae n'avait ni la force de se justifier, ni de diriger ses actions. On aurait pu lui dire qu'il fallait abattre une personne et elle l'aurait fait sans hésitation. La seule chose qu'elle voulait, c'était se reposer et mettre l'esprit s'agitant en elle en état de soumission. Chaque minute étirait le risque qu'elle succombe à la corruption qui s'étendait sur son corps comme sur son esprit.
Le shaman de garde aperçut Akamae et sonna le reste du groupe pour l'aider. La suite du voyage se passa sans soucis, mais quelque chose avait à jamais changer en Akamae. Une graine s'était implémenter dans son esprit, et doucement, cette dernière grandirait et l'influencerait dans le futur. Mais donnons au temps le temps de faire son œuvre...
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| Sujet: Re: Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] | |
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| | | | Baignée dans les ténèbres [PV :Kerorian] | |
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