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| Le Rouge et le Rose. [Burnagore] | |
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❝ Phoenix ❞
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| Sujet: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Lun 7 Sep - 16:48 | |
| “ Le Rouge et le Rose.« Ferme-la !! » La claque partit toute seule, mue par un énervement plus que prononcé. Phoenix baissa la tête, réprimant l’océan de larmes qui menaçait, avant de partir en courant, loin, sans savoir où. Kellan remonta lentement sa main le long de sa joue. Il ne comprit pas. Ou peut-être que si. Il était habitué à ce genre de réactions quand il abordait ce sujet. Toutefois il ne s’attendit pas à une telle violence aussi brusquement. Peut-être que sa petite perle s’affirmait enfin ? Malheureusement pour lui, à force de la titiller de cette façon, la blondinette ne finirait que par le renvoyer au cirque. Phoenix aimait trop son indépendance pour qu’il l’étouffât de cette façon. Ne pouvait-il pas simplement se mêler de ses propres oignons, plutôt que de tirer dans ses pattes ? L’ange continua sa traversée, sans démordre, sans savoir où ses pieds la menaient. Le coucher de soleil baignait Begnion d’une lueur orangée, apaisante. L’odeur des nombreux étals ayant été disposés tout au long des ruelles montaient à son nez. Son sourire revint petit à petit, balayant les gouttelettes salées qui venaient de tacher son visage. Phoenix soupira et se posa contre un mur, probablement la bâtisse d’une maison, pour tenter de réfléchir. Que faire, maintenant que Kellan se trouvait loin d’elle ? Il lui fallait un moyen de décompresser, de tout oublier. Faire table rase pour recommencer, encore et encore. Cette litanie lui tapait littéralement sur le système, mais comment arrêter cela ? Kellan était son seul ami. Un idiot de première, incapable de parler à une fille et constamment à revenir sur le meurtre de sa mère, certes. Mais il était aussi capable d’être une oreille indéfectible, pleine de bons conseils. « Mouais. Je le déteste, je crois. » murmura-t-elle du bout des lèvres, dépitée. Une légère brise passa, remuant sa crinière. Une odeur de framboise se leva dans les alentours. Phoenix reprit courage. Elle savait ce qu’il fallait faire. Au milieu de la place du marché, beaucoup de passants parlaient les uns aux autres, se criant quelques palabres incompréhensibles au milieu de la cohue. Son parfum sucré passa, secouant les visages, perturbant certains des paysans. Les regards se posèrent instantanément sur cette créature aux longues couettes blondes, qui disparut presque aussitôt. Au détour d’une ruelle, pourtant, la demoiselle s’était élancée dans une danse effrénée, faites d’arabesques et de pirouettes, mêlées à de longs mouvements de jambes, de bras. Sans aucune discrétion, d’ailleurs … Complètement enivrée par sa petite danse, Phoenix partit en arrière, la tête ailleurs. Et puis boom. Vous ne comprenez pas ? Voyons, c’est simple.Boom, patatra, une Phoenix par terre, la capuche de sa cape descendue, qui se releva aussitôt, sur ses gardes, la main posée sur sa dague. « Rouge … » fut le seul mot qu’elle parvint à sortir. Elle arqua un sourcil en reculant, tandis que ses joues se parèrent de rose, sa main retombant presque instantanément, avant de se relever. L’homme face à elle paraissait bien différent des autres. Une crinière incarnate et des yeux de la même couleur, avec une tenue bordeaux et un manteau noir. Un personnage monochrome, légèrement repoussant. Son épaulette attira énormément l’attention de la blonde, qui ne put s’empêcher de sourire. Un phénix, hein ? Quelle coïncidence. Elle pencha la tête, puis se rendit compte du temps passé à contempler cet étrange inconnu. « Pardon ! Je, je suis vraiment désolée, je ne vous ai pas vu, et … » Et quoi ? Et rien. L’adolescente baissa la tête, puis la releva, croisant les prunelles rubis du jeune homme. « Je m’appelle Phoenix, et je suis une danseuse, haha. Je pense que vous l’avez remarqué. » Haha. Même pas drôle. « Et, en fait … Je me suis perdue. J’ai couru, j’ai eu un petit problème, et me voilà. Vous connaissez l’endroit ? » Blablabla. Phoenix et la parlotte. Une pipelette, incapable de s’arrêter. En espérant que tout irait bien … Même si cette balafre, et tout ce rouge … Peut-être aurait-elle dû s’en méfier ? Il était bien trop tard pour s’en poser la question …
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| | | ❝ Burnagore ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mar 8 Sep - 0:57 | |
| La veille fut mouvementée. Les blessures résultantes de cette bataille tardive continuaient de l'élancer à chacun de ses pas, si bien qu'il devait serrer les dents pour ne pas grogner de douleur. Ce salopard de Doryan ne l'avait pas loupé, lui et ses petits copains trépassés. Cependant, il en gardait quelques souvenirs, l'air satisfait. Leurs grimaces, leurs yeux écarquillés,.... ce genre de faciès ridicule annonçant une mort imminente, un dernier soupir accompagné le plus souvent par de la frustration. Mais le dessert attendait toujours, dissimulé on ne sait où, bâillonné et ligoté sans nul doute. La sentence sera lourde, mais le bougre pouvait attendre et méditer sur l'ampleur de ses pêchés. L'attente du retour de son bourreau. La peur de le voir surgir pour l'interroger et appliquer son jugement. Quoi de plus effrayant après avoir vu l'un de ses propres soldats finir étranglé par les entrailles d'un autre de ses sous-fifres ? Existe t-il un spectacle aussi morbide ? Sûrement. Encore faut-il avoir la malchance de le vivre. Bref, le mercenaire méritait bien de prendre un peu l'air avant de se retrousser les manches pour torturer son invité.
Pour une fois, Burnagore ne prit pas la peine de s'équiper de sa toge. Mais bon, étant donné son triste état de délabrement, il ne valait mieux pas. Vraiment pas. Dans la hâte, il oublia de raccommoder sa veste et son épaulières abîmées. Résultat des courses ? Une dégaine de clochard avec une tête de meurtrier non dissimulée. Les passants le regardaient le plus souvent du coin de l’œil, par prudence et par peur. Celui-ci les remarquait malgré tout mais s'en moquait, perdu dans ses songes. « Haine » ne le tourmentait plus, ou ne le pressait plus selon les circonstances. Un bref moment de répit. Cette maudite voix s'était sûrement rassasiée des précédents meurtres et s'en délectait toujours, en silence. Du coup, le vengeur pensa à sa sœur. Encore une fois. A son passé. A cette ancienne vie paisible passée dans un village comparable à celui-ci où le mercenaire occupait le poste d'apprenti forgeron. Une période calme, exactement comme cette ruelle. Une existence piétinée par un foutu noble raciste, un exil forcé pour devenir mercenaire et pour, au final, se faire trahir par son meilleur ami. Sans oublier cette équipe de « braves » soudoyés par son bourreau dans l'unique but de se débarrasser d'un concurrent potentiel au titre de « chef ». Suite à cette pensée, la ruelle devint tellement sombre. Trop calme et sinistre aux yeux d'un esprit dérangé. Pourtant, rien n'avait changé. Rien hormis sa façon de voir les choses. Il suffit d'une simple étincelle pour embraser toute une forêt. Une goutte de ténèbres pour noircir le plus propre des étangs. Un simple coup de lame pour mutiler à jamais un visage.
Lui aussi marchait, sans trop faire attention à sa destination. Poursuivi inlassablement par ses pensées néfastes. Impossible de se concentrer. Toujours possible de grimacer. De ronchonner. De marmonner des jurons à la chaîne. Heureusement, personne ne l'entendait. La ruelle n'attirait pas grand monde. Du moins, c'est ce qu'il croyait lorsqu'une personne lui rentra soudainement dedans. Il manqua de s'effondrer sur le dos mais se rattrapa de justesse, aidé par sa souplesse et ses appuis travaillés avec le temps. Toutefois, il grimaça de douleur, étirant la cicatrice barrant la moitié gauche de son visage. Le mercenaire avait nettoyé ses plaies, mais elles demeuraient encore douloureuses et sensibles. Plusieurs coups de hache ne se soignent pas d'un claquement de doigt, après tout. Et quand une masse vous percute de plein fouet au point de s'écraser par terre... ça pique. Beaucoup, même. Assez pour hurler si on ne sait pas se retenir. Chose supportable pour un épéiste au palmarès convenable.
Intrigué, le vengeur s'efforça de ne pas paraître trop faible ou trop épuisé. De ce fait, il se tenait droit comme un « i », soutenant le regard innocent de la petite blonde. Loin de lui l'envie de commettre un nouveau meurtre en si peu de temps. Et puis, à quoi bon ? Teinter les murs de la ruelle avec son sang ne pourrait que lui apporter des ennuis, or il en avait déjà assez comme ça...
« Pardon ! Je, je suis vraiment désolée, je ne vous ai pas vu, et … »
Burnagore ne disait rien, mais il se sentait lui-aussi fautif. Trop occupé à récupérer son souffle, l'idée de poser la main sur son fourreau - dissimulé par son manteau - ne lui vient même pas à l'esprit. Si cette gamine voulait le tuer, il n'aurait peut-être pas pu se défendre, faute de temps et de moyen. Merci les combats éreintants, les armes tranchantes et les blessures de la veille ! Et cette envie soudaine d'arpenter les rues d'un village à peine connu...
« Je m’appelle Phoenix, et je suis une danseuse, haha. Je pense que vous l’avez remarqué. »
Pas du premier coup d’œil. Mais un mensonge n'a jamais tué personne. Le mercenaire hocha la tête. Cela dit, Burnagore n'esquissa pas le moindre sourire. La douleur s’apaisait, lentement mais sûrement. Lever ne serait-ce que le coin de ses lèvres paraissait trop compliqué pour lui. Hors des combats, il ne savait plus vraiment sourire. Le sang lui valait un rictus, c'est vrai. Mais uniquement quand les victimes le méritaient. Aussi, pour ne pas paraître trop sauvage, il répondit d'une voix aussi claire que possible, mais légèrement plus grave qu'il ne l'aurait cru.
- « Je me nomme Burn-... Bolganone. », rectifia maladroitement le mercenaire.
Satané réflexe ! Il s'en est fallu de peu. Pfiouh. Surtout que cette fille parlait beaucoup. Plus que nécessaire, du moins. Il voulut se marteler la face dans un mur mais se retint pour ne pas avoir l'air idiot. L'envie lui prenait souvent quand il frôlait la bêtise.
« Et, en fait … Je me suis perdue. J’ai couru, j’ai eu un petit problème, et me voilà. Vous connaissez l’endroit ? »
Elle continuait de s'adresser à lui. Une autre personne moins ouverte aurait sûrement pris ses jambes à son cou sans demande quoi que ce soit, inévitablement. Elle ne paraissait pas effrayée. Peut-être dissimulait-elle ses émotions avec brio ? Burnagore haussa les épaules à cette idée, ce qui lui valut une vive douleur au niveau de son épaule droite déchirée. Il grimaça, fermant son œil balafré dans l'effort de se retenir une nouvelle fois. Cette foutue douleur... Doryan morflera en réponse à cet affront. Saloperie de butor. Puis la question de la jeune fille résonna en écho dans son esprit. S'il connaissait l'endroit ? A peine. Juste les endroits les moins fréquentés. Les places les plus vides du village. Les échoppes vendant des articles destinés à prendre des vies. Mais soit.
- « En partie.. certaines zones de ce village ne me sont pas inconnues. D'où venez-vous pour traverser cette ruelle à une telle vitesse ? Fuyez-vous quelqu'un ? », questionna le vengeur.
Quoi de plus normal ? Si tel était le cas, il ne s'en sortirait pas. Pas dans son état actuel. Prudence est mère de sûreté. Un malheur est si vite arrivé... |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mar 8 Sep - 16:19 | |
| “ Le Rouge et le Rose.Un océan de mystères. En un simple coup d’œil, Phoenix remarqua à quel point cette personne recelait de secrets. Le problème des secrets, eh bien, c’est qu’ils sont secrets. Et comment les percer à jour sans paraître lourde ? Autre longue et périlleuse quête. Toutefois, la blonde ne tendait pas à s’y lancer, certainement pas aussi soudainement. Ce type ne la connaissait depuis quoi, quelques secondes à peine ? Pouvons-nous même parler de « connaître » à ce stade ? Pas vraiment. Ils s’étaient croisés, ou plutôt, elle lui était tombée dessus, et voilà. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à découvrir ce jeune homme plus que particulier. Ses prunelles céruléennes se posèrent sur la longue cicatrice qui lui traversait le visage, avec de petites étincelles scintillantes. Beaucoup de personnes devaient craindre cet homme. À tort ? Ou à raison ? Il tardait à Phoenix de le découvrir. « Bolganone ». Ou « Burn » quelque chose. Qui sait ? Encore un nouveau mystère sur une liste déjà bien longue, non ? Phoenix lui sourit gentiment. Quelle raison pousserait quelqu’un à se cacher sous un pseudonyme ? Puis elle se moqua d’elle-même, se balançant une gentille pique. Et toi, alors, Katelynn, qu’est-ce qui t’a transformée en Phoenix ? Haha. De lourds mystères, chacun ses secrets, chacun son passé, non ? Pourtant, quelque chose disait à la danseuse que cette ombre n’avait pas un mauvais fond. Loin de là. Une sorte de folle intuition. Dangereuse, peut-être. Mais qu’à cela ne tienne, elle ne le craignait pas. Il ne connaissait que quelques zones de la ville, hein ? Eh bien, Phoenix n’irait pas bien loin, de cette façon ! Cela la fit sourire de plus belle. La suite de sa phrase eut le don de faire fuir ce rictus, néanmoins. La couverture de la blonde se dissipa presque instantanément. Elle perdit pieds l’espace d’un instant. « D'où venez-vous pour traverser cette ruelle à une telle vitesse ? Fuyez-vous quelqu'un ? » Est-ce que je fuis quelqu’un ? Peut-on dire que je sois en train de fuir Kellan ? Hum. Ses prunelles glacées remontèrent à toute vitesse se noyer dans le magma oculaire de Bolganone. Une certaine panique se lisait sur le visage de Phoenix, pas encore assez futée pour manipuler les gens et cacher ses sentiments. Trop spontanée, beaucoup trop. « Disons que certaines personnes peuvent être très persévérantes, des fois. » Mensonge ? Omission ? Elle ne savait pas trop. Pourtant, l’envie de lui parler de Kellan ne l’enchantait pas du tout. Pas parce que Phoenix voulait lui cacher cela, juste que son premier but restait … de l’oublier ? Juste l’espace de quelques secondes. En espérant que cela ne vexerait pas le jeune homme qui, soit dit en passant, avait juste bafouillé sur son propre prénom. Alors de secrets en secrets, jusqu’où iraient-ils ? Phoenix revint à la surface, avec un sourire radieux, avant d’attraper la main de l’inconnu, gentiment. « Vous savez quoi ? On s’en fout ! Je suis ici, vous êtes là, et on ne connaît pas l’endroit ! » Le contact de la main de Bolganone lui arracha un frisson. Sa poigne était chaude, mal assurée. La pression de la blonde sur cette mimine se ressentait, peut-être un peu trop. Pourtant, dans son petit monde rose bonbon, tout allait bien. Croire en n’importe qui ? Non. Mais lui n’était pas méchant. Certes, sa tête, ses vêtements et tout plein de détails hurlaient l’inverse, mais et alors ? Pouvait-elle se cacher derrière ses propres meurtres ? L’Homme lui-même est un monstre, alors de quoi avoir peur ? Rien, non ? La danseuse tira un peu plus sur son bras pour le faire avancer, sans utiliser trop de force non plus, comme une invitation. Au bout de quelques pas, elle s’arrêta, pour lui faire face. « Le Soleil va bientôt totalement décliner, il fera nuit noire. À cette période de la journée, les méchants du quartier peuplent les rues, j’espère que vous savez vous défendre ! ~ » Gentiment, Phoenix lui tira la langue. Bien sûr qu’il savait se défendre. Évidemment. Cela se voyait encore plus que sur la blondinette. Heh, une danseuse, c’est juste une danseuse, non ? L’effet de surprise était bien plus grand, alors que Bolganone avait presque « combattant » de griffonné sur le front. Puis, enjouée, elle repartit, la main de l’incarnat toujours serrée dans la sienne. En quittant la ruelle, Phoenix regarda tout autour d’eux, à la recherche d’une destination. « Perdus pour perdus … », soupira-t-elle, « prenons à gauche ! » La marche continua, totalement improvisée, sans aucune logique, sans aucun repère, mais avec un amusement total de la blondinette. Elle ralentit légèrement la marche, lâcha la main du jeune homme, puis tiqua. « Qu’est-ce qui vous amène ici ? Vous voyagez ? » Autour d’eux, les boutiques allumaient toutes leurs lumières, petit à petit, décorant les rues de lueurs orangées sur un fond de plus en plus sombre. Le violet prenait doucement sa place dans le ciel, chassant les jolies couleurs du Soleil. Les loups sortiraient bientôt de leur tanière. « Je peux vous proposer une marche nocturne, qui sait où on pourra arriver ! Avec les étoiles et les hiboux ! » Rêveuse, rêveuse … Puis, d’un coup, Phoenix surgit devant le jeune homme et ouvrit ses grands yeux bleus perçants. « Je ne vous fais pas peur au moins ?! » Pourquoi pas ! Son sourire revint aussitôt sur ses lèvres, chassant presque totalement cette folie. Taquine, douce, joueuse. Le pauvre Bolganone ne devait plus trop savoir où se mettre … « Je vous promets que je ne vous mangerai pas. Du moins, pas maintenant ! Je ne suis qu’une danseuse, après tout, que pouvez-vous craindre de moi … » Sa cape camouflait encore la sacoche de couteaux de lancer et la dague attachée à sa cuisse, alors oui, comment pourrait-il la craindre ? Phoenix s’approcha un peu plus de lui et posa sa main sur son épaule. « Sachez. Que je ne vous crains pas. Alors n’ayez pas peur de moi. » Cette fois, son ris était bien plus gentil, avenant, dégageant une certaine chaleur. Jusqu’où le mènerait-elle ? Nul ne le savait, mais taquiner les gens renfermés amusait beaucoup Phoenix. En espérant qu’il ne le prît pas mal …
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| | | ❝ Burnagore ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mer 9 Sep - 1:16 | |
| Quelle fille étrange. Elle irradiait de bonne humeur. Un contraste absolu avec le mercenaire constamment sur la défensive. Le jour et la nuit, littéralement. Ou l'eau face au magma. Bien que le magma en question soit très loin de déborder. Il dormait encore, piégé dans les profondeurs de la terre. Tout comme cette petite voix malsaine ayant sombré dans le mutisme. Étant donné cette rencontre inattendue, il ne valait mieux pas qu'elle s'exprime. Burnagore remarqua cette brève contrariété sur le visage de la jeune blonde, juste après avoir posé sa dernière question. Apparemment, cette interrogation la dérangeait. Sans doute avait-elle fui quelqu'un. Par caprice, peut-être ? Probablement. Elle ne semblait pas en danger de mort, même si les apparences prêtent parfois à confusion. Une légère panique très vite éclipsée par le retour de son sourire radieux. Cette expression familière... un souvenir ressuscita dans son esprit assombri par les meurtres, telle une vive lumière chassant les spectres du mal. L'espace d'un instant, il vit sa sœur entrain de sourire. Son visage imprégné de lumière se superposait à celui de son interlocutrice actuelle. Une sensation noyée par ses remords, et éveillée par une inconnue à l'aide de ses bonnes intentions. Force est de constater que dernièrement, il était plus habitué à se prendre des coups de lame, à supporter moult injures et à subir d'impitoyables trahisons, sans omettre les regards méfiants des passants. Ou même à satisfaire son désir de vengeance. Bref, une vie chargée de mauvaises intentions. Immobilisé par l’illusion de sa sœur, il n'eut quasiment aucune réaction quand Phœnix entreprit de le guider en lui prenant la main. Le mercenaire nostalgique ne s'y attendait pas et cet événement imprévu brisa sa rêverie.
« Vous savez quoi ? On s’en fout ! Je suis ici, vous êtes là, et on ne connaît pas l’endroit ! »
Ce geste amical plutôt brusque accompagné de ces paroles... Une vive association, certes surprenante, mais qui ne le poussa pas à poser sa main dissimulée sur son Ignifer. Malgré son épaule endommagée, il se laissa emporté sans dire un mot, sans émettre la moindre objection. Non, il se contentait tout simplement de ravaler la douleur, même si la jeune fille ne tirait pas si fort sur sa main bandée, une façade de blessure destinée à masquer sa maudite marque de naissance. Après tout, il ne pouvait que s'accoutumer à cette souffrance passive. Maudite épaule blessée !
« Le Soleil va bientôt totalement décliner, il fera nuit noire. À cette période de la journée, les méchants du quartier peuplent les rues, j’espère que vous savez vous défendre ! ~ »
Se défendre ? Oui. Mais tuer relevait bien plus de ses fonctions, ses contrats effectués ayant un rapport avec des assassinats commandités par des personnes peu fiables. Des gens laids et peu scrupuleux.
- « C'est le cas. », conclut Burnagore, ne sachant pas trop quoi répondre avant de remarquer le tirage de langue.
Les méchants du quartier, hein ? Dans ce genre de ruelle, les assassins peuvent apparaître à tout moment et vous trancher la gorge depuis les ombres. Un petit moment d'inattention peut s'avérer fatal. En somme, cette idée de décamper lui plaisait bien, même si ce plan impliquait de parader à visage découvert parmi un peuple suspicieux. Ainsi, ils marchèrent tous les deux en traversant plusieurs ruelles désertes, bifurquant de temps à autre, pour au final être entourés de lumières. Des lumières artificielles remplaçant peu à peu le Soleil. Les ruelles peu éclairées les amenèrent ici, devant un bon paquet de boutiques. Ce quartier, il ne l'avait jamais visité. Bien au contraire, il le fuyait volontairement.
« Qu’est-ce qui vous amène ici ? Vous voyagez ? »
Quoi de plus troublant que de devoir toujours mentir ? "Je suis là pour qu'un putain de traître me révèle où se cachent ses maudits compagnons, ainsi que ma sœur. Je vais très certainement tous les crever, et lui avec, même s'il parle. Le résultat sera le même, et mes mains seront rougies par son sang. Voilà." Assurément, la vérité choquerait la danseuse. La ferait fuir. Un bourreau en devenir n’attirerait que les corbeaux. Quoi de plus logique... Bref, il fallait répondre. Trouver quelque chose.
- « En quelque sorte. J'aurais sans doute préféré ne pas devoir voyager autant, mais la prudence m'y oblige. Pour survivre, il faut savoir s'adapter. Je suppose. », répondit le mercenaire.
Une réponse floue mais beaucoup moins désastreuse que la terrible vérité.
« Je peux vous proposer une marche nocturne, qui sait où on pourra arriver ! Avec les étoiles et les hiboux ! »
Aussi étrange que cela puisse paraître, Burnagore ne rechigna pas. Cette promenade lui permettrait de ne pas réfléchir à son avenir. De ne pas se remémorer son passé troublé, de ne pas s'imaginer entrain de trancher la gorge de son ancien camarade. Une balade innocente dans un village pas trop peuplé. Avant même d'acquiescer, la jeune blonde le surprit avec ses grands yeux bleus perçants. Le mercenaire eut un bref mouvement de recul. Et elle continuait de s'exprimer. Un vrai moulin à paroles ! Si ces mots étaient des flèches, il serait mort à plusieurs reprises, criblé de toutes parts. En effet, il ne savait plus vraiment où se mettre.
« Je vous promets que je ne vous mangerai pas. Du moins, pas maintenant ! Je ne suis qu’une danseuse, après tout, que pouvez-vous craindre de moi … »
Il ne la craignait pas.. ou plus ? Même méfiant depuis sa chute, il ne la croyait pas armée. Ni même dangereuse. Cela ne lui ressemblait pas. Pas du tout. Peut-être que la brève vision de sa sœur l'eut adouci ? Ha ! Il ricanait intérieurement, ce qui lui valut un sourire en coin sur son visage balafré. Chose à laquelle il ne fit pas attention.
- « Pas grande chose, j'imagine ? Vous auriez tout aussi bien pu m'abattre à l'écart, au lieu de m'attirer ici. Raison pour laquelle je ne peux que vous suivre. Pour le moment. », commenta t-il.
De ses yeux écarlates, il observa Phœnix s'approcher et poser la main sur son épaule. Encore une chose à laquelle il ne s'attendait pas. Cette fille paraissait insondable. A vrai dire, il s'en sortait mieux avec une lame entre les mains. Il resta immobile, toujours les yeux fixés sur son interlocutrice.
« Sachez. Que je ne vous crains pas. Alors n’ayez pas peur de moi. »
Peur ? Intrigué, surtout. Bavarde et intéressante. Bien plus que les victimes ayant rencontré le fil de son sabre. Cultivée, sûrement. Le genre de personnage qui, d'habitude, passerait son chemin sans se soucier de sa misérable existence. Comme quoi la vie est imprévisible. Suivant cette optique, il haussa un sourcil.
- « Je vais devoir prendre sur moi, alors. », ironisa le vengeur. « Voyons ce que cette rue a à nous offrir. ».
Il en avait même oublié sa veste déchirée, son épaulière lacérée, et son visage balafré. De même pour sa douloureuse épaule. Cette chaleur apportée par la présence de Phœnix atténuait remarquablement la souffrance. Une sorte de remède méconnu par celui-ci. Intriguant. Le mot adéquat. Malgré l'omniprésence de la lumière, la seule lueur attirant son regard pourpre se trouvait juste devant lui. Apparue précédemment comme par magie au beau milieu d'une ruelle assombrie. Son sourire en coin muta en une expression naturelle. Un sourire franc ayant resurgi d'un passé lointain. |
| | | ❝ Phoenix ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mer 9 Sep - 16:41 | |
| “ Le Rouge et le Rose.De grands yeux bleus émerveillés face à la tristesse d’une âme. Rouge. Comme le sang. Comme des flammes. Comme le drapeau de Daein, menaçant et meurtrier. Rouge violence. Rouge terreur. Pourtant, personne n’avait jamais pris le temps de regarder sous les vêtements, sous l’effroi que cet homme pouvait renvoyer. Personne ne s’était penché sur son âme, sur sa tristesse. Rouge tristesse. Maladie ? Passé douloureux ? Guerre ? Beaucoup de réponses possibles, de nouveaux mystères. Rouge souvenir. Souvenir d’un moment que tout le monde aimerait effacer, que certains aimeraient prendre sur leurs épaules pour qu’il se sentît mieux l’espace d’un instant. Rouge dépression. Comme une agonie silencieuse, cachée sous la violence d’un coup d’épée, sous la férocité d’un hurlement. Rouge dépression. Et un malicieux sourire pour couronner le tout, et chasser la peine. Rose tendresse. Cette nouvelle savait se défendre, un nouvel ami pour le jeu ? La danseuse, pas dangereuse ? Qui sait ? Cette pensée amusa doucement la blondinette, qui haussa mentalement les épaules. Tant mieux s’il ne la craignait pas, ce n’était pas ce qu’elle voulait, bien au contraire. Toutefois, même s’il ne voyait pas de mal en elle, le jeune homme n’y voyait pas encore une oreille. Rose sauvetage. Normal, non ? Une personne inconnue qui déboule sur vous, pleine de bons sentiments, de rires et de joie, puis vous demande de déballer votre vie. Personne ne se confierait. Quelque chose de tout à fait normal. Rose persévérance. Tout le monde avait son jardin secret, Phoenix ne dérogeait pas à la règle, loin de là. Deux êtres solitaires, face à un passé sombre et triste, qui s’en sortaient à leur façon. Le Rouge violent, sanglant, et le Rose, doux et attendrissant. Un contraste amusant, que Phoenix s’amusait à tirer par les oreilles. Elle le voulait, ce jeune homme. Pas dans le sens où une femme veut un homme dans son lit, non. Elle le voulait souriant. Radieux. Elle voulait que son cœur ne battît pas au rythme de la douleur, mais au rythme de la douceur. « Personne n’aime partir pour survivre, croyez-moi. » Un signe. Elle comprenait. Phoenix sentait que des « non-dits » flottaient entre eux, et qu’ils ne s’en iraient pas de sitôt. Mais leur part de mystères, de ténèbres, leur était similaire. Cette petite partie, terrée loin au fond de leurs cœurs, marquée sur leur visage ou ailleurs, les reliait l’un à l’autre. Force inexorable, surpuissante, capable de vaincre tous les mystères. Rose confiance. Rouge tenace. Pourtant, l’homme plia. Il lâcha simplement à Phoenix qu’elle aurait pu l’abattre avant, sans problème. Rouge captivité ? La danseuse ne l’emportait pas contre son gré, ou presque. Enfin. Ce fut avant qu’il ne finît par rentrer dans son jeu et la taquiner à son tour. Rouge amusement. Rose bonheur. Phoenix caressa sa main du bout de l’index, frottant doucement sur le bandage. Ce qui se cachait en-dessous ? Nul besoin de le savoir. Les deux contraires allaient se suivre dans cette folle nuit pour découvrir quelque chose de nouveau. Un mariage particulier, qui n’était pas pour déplaire à la Beorc. Son sourire s’agrandit à la vision du sourire du jeune homme. Rose victoire. Sa main lâcha la sienne puis remonta le long de sa joue, maladroite, timide. « J’ai gagné, hein ? » Pendant un instant, le silence tomba sur les avenues, comme stoppé par ce moment. Pas un bruit, pas un seul tic-tac d’horloge. Les prunelles de la blondinette plongèrent dans les rubis de Bolganone. Pas un mot, pas un son. Pas une minute. Rien. Puis Phoenix se reprit brusquement et relâcha cet instant. Rose confusion. Que se passait-il, ici ? Elle se tourna, cligna des yeux plusieurs fois, hébétée. Rose perturbation. Sa main revint chercher celle du jeune homme, chassant quelque chose pour redescendre sur terre sans s’écraser. Sa joie se manifesta quelques secondes après et, quand elle se tourna vers lui, son sourire amusé s’était à nouveau fait une place. Sa gêne n’existait plus, comme balayée d’un seul coup, sans comprendre. Rose naturel. Rouge fascination. « Vous êtes comme moi. » Ce fut la dernière phrase avant de repartir de plus belle. Dans les rues, des hommes bourrés, des femmes à terre, complètement disparues de leurs corps. L’alcool menait la danse partout autour d’eux, devenu maître des lieux en quelques secondes seulement. La nuit, tout changeait d’apparence. Phoenix, Bolganone, Begnion. Tout. La nuit avait ce quelque chose de magnifique, d’intrigant, ce quelque chose qui lui faisait faire n’importe quoi. La nuit, plus aucune réflexion. Juste le « feeling ». Il fallait suivre les pas des noctambules pour s’amuser. Phoenix traîna encore un peu, puis se posta non-loin d’un endroit bruyant, où la musique faisait rage. Une sorte de jazz, pas forcément désagréable aux oreilles. Toutefois, elle n’entra pas dans l’enseigne, se contentant de rester à l’extérieur, à profiter du son affaibli par les murs. Ses prunelles revinrent attaquer l’incarnat. « Vous pensez ne pas me connaître, mais en fait … Je vous connais aussi bien que vous ne me connaissez moi-même. » Rose proximité. Rose timidité. « Je vais me permettre de te tutoyer, je me sentirai moins mal à l’aise. Même si ça m’amuse de t’embêter en mettant cette barrière de respect ! » Un clin d’œil. Phoenix n’avait pas confiance, mais, sans savoir pourquoi, quelque chose continuait de l’attirer vers ce jeune homme. Un « truc », incompréhensible. Plus fort que n’importe quelle force. Elle pencha la tête puis s’approcha de Bolganone. Sa main grimpa le long de son torse pour se poser sur la balafre qui traversait son visage. « C’est ça qui leur fait peur, hein ? Je la trouve … jolie. Elle rappelle les erreurs passées, force l’homme à s’améliorer. » Reprenant habilement sa main, la blondinette poussa sa cape, leva doucement sa tunique, ce qui dévoila sa hanche, et cette monstrueuse cicatrice. Elle aussi. Ils étaient pareils, c’était tout. Rien de plus, rien de moins. Juste deux personnes similaires dans un monde grotesque. Élevés comme des monstres à cause de ce dernier. En relevant sa cape, elle put laisser apparaître sa dague, fameuse preuve de son côté combattant. Son sourire s’agrandit, bien plus joueur, tandis que sa main glissait sur sa cuisse pour se poser sur la Jambiya. Ses prunelles remontèrent à l’assaut du magma de Bolganone. « Je ne suis pas qu’une danseuse, moi aussi, je sais me défendre. » Sa main relâcha la pression, laissant la robe puis la cape retomber aussi vite, redevenant un océan de mystères aux yeux de tous. Sa tête se pencha en direction de la taverne, d’où un homme complètement bourré sortait. Il passa près d’eux et mit une grande claque sur l’épaule de Phoenix. « J’te connais, toi … », commença-t-il. « T’es la bonnasse du cirque … » Il ferma les yeux, puis reprit de plus belle. « J’ai connu ta m… » Couic. Rapide, efficace. Sa gorge fut tranchée aussi sec. Phoenix le serra contre elle puis le posa contre le mur de l’enseigne, avant de ranger sa dague, dans un silence pesant. Personne ne l’avait connue. Personne ne connaissait Lightning. Elle était ce qu’elle était. Et appartenait au passé, désormais. Non ? « Ma mère. Voilà ce qu’il voulait dire. » La blondinette avait perdu son magnifique sourire. Les souvenirs faisaient toujours aussi mal. Pas de deuil, toujours pas de deuil. Lightning lui manquait énormément. Phoenix prit Bolganone par la main, puis l’entraîna un peu plus loin. Étonnamment, une fois loin du vacarme, sa seule réaction fut de se blottir contre lui. Les larmes tendirent à rouler sur ses joues, pour créer un nouvel océan. Elle serra les dents aussi fort que possible puis se recula. « On a tous nos mystères, hein ? Je comprendrais si tu voulais me fuir, héhé. Les gens voient en toi un monstre, mais ils ne font que le voir. Pour moi … C’est différent. J’en suis un. Je prends des vies. Tout le temps. Comme ça, pouf. » Rose coupable. Rouge traumatisme ? Elle ferma les yeux, puis sourit à nouveau, comme si de rien n’était. « Je n’ai peur de rien, en fait. Une vraie tête brûlée ! » Rose danger. Rose attirance ? Phoenix ne le craignait plus. En fait, elle ne l’avait jamais craint. Elle avait juste voulu l’amuser. Décrocher un sourire sur son visage. C’était une victoire. « Je préfère te suivre, maintenant, on évitera peut-être de faire d’autres morts ! » siffla-t-elle, avant de reprendre, amusée : « Ou pas ! »
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| | | ❝ Burnagore ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Jeu 10 Sep - 0:09 | |
| Cette main droite bandée, coupable de tant de meurtres, de tant de destruction et de violence. Mais captivé par Phœnix, il en oublia tous les outrages commis. Face à elle, il était inexplicablement désarmé. Pourtant, il portait toujours son fidèle Eskhàrion attaché à sa ceinture, niché dans son fourreau, dissimulé prudemment sous son manteau. Le poids de la lame disparut, donnant l'impression qu'elle n'eut jamais existé. Cette même lame souillée tirée de la main droite. Cet acier incandescent légué par son défunt père. Oublié, perdu pendant cet instant. Pendant ces quelques secondes, il resta muet, toujours inconscient de son sourire ranimé par Phoenix. Lui qui ne croyait plus en la lumière, il reçut une gifle plutôt agréable. Lui qui se tapissait constamment dans l'ombre, il sentit la chaleur de la lumière se propager. Cette étrange sensation perdue, repêchée dans un flot de ténèbres étouffant. Cela lui rappelait une phrase de sa mère, aussi optimiste que sa précieuse sœur. "Une lueur d'espoir brille toujours, même dans les heures les plus sombres." Une vérité réanimée. Un espoir soulevé, étincelant, brillant, tel l'envol majestueux d'un Phénix. Cet oiseau mythique connu pour sa capacité de résurrection parmi les flammes les plus intenses.
« J’ai gagné, hein ? »
Gagné ? Pourquoi ? Mais... Son visage trahissait son incompréhension, toujours fendu par ce sourire dont il n'avait pas idée. Jusqu'à maintenant. Comme si ses nerfs se réactivaient, le mercenaire se sentait bel et bien esquisser un sourire. Un rictus tout ce qu'il y avait de plus saint, d'innocent, de bon et de sincère. Et non ce visage tordu par la démence, par l'envie de meurtre ou par la folie. Il n'incarnait plus cette monstrueuse machine à tuer capable d'abattre une escouade de ses anciens compagnons d'arme, sans pitié ni remords. Comme un individu lambda, il souriait tout simplement. Rose confusion. Comme lui, elle ne savait plus où se mettre. L'espace d'un instant seulement, d'un pivot pour être plus précis. Que pouvait-il lui dire de plus ? Rien. Le silence est parfois plus éloquent que de vaines paroles. Toutefois, Burnagore ne la quittait pas des yeux. Encore et toujours captivé par cette jeune femme, par sa joie et par sa lumière. Plus rien n'existait autour d'eux, plus rien n'avait d'importance. Comme si le Néant rongeait les lieux et bâtissait une frontière invisible entre le village et les deux intéressés. Une soudaine sérénité nocturne. Une autre dimension. Un autre monde. Loin des boucheries provoquées par les hommes, par sa soif de vengeance. Loin des trahisons, des vices, des manipulations,... du mal.
« Vous êtes comme moi. »
Une phrase lourde de secrets. Si Phoenix s'était montrée capable de sonder Burnagore et de deviner ses souffrances et autres maux liés à son passé, alors le sien devait obligatoirement être aussi triste, impitoyable et cruel. Une vie de désespoir aux conséquences dramatiques. Incapable de prononcer le moindre mot, il se laissa guider. Le Néant se volatilisa, laissant place à toute une agitation. Des carcasses vivantes – plus ou moins – étendues au sol. Des soûlards. Un quotidien répugnant. Une humanité décadente. Une multitude de sons différents comprenant des gémissements, des râles provenant des alcooliques ivres mort et une musique vivante. Bref, un brusque retour à la réalité. Bien que Phœnix n'ait pas disparu. Chose à laquelle il se réjouit intérieurement. Délesté du poids de son arme, du sang de ses victimes, des voix des damnées ; il renaissait. Oui, tel le Phénix.
« Vous pensez ne pas me connaître, mais en fait … Je vous connais aussi bien que vous ne me connaissez moi-même. »
Intéressant. Vraiment, son interlocutrice débordait d'intelligence. Cela lui donnait l'impression d'être cerné, mais de voir tout ce qui se passait autour de lui. D'éviter les catastrophes à venir. Une force insoupçonnée que son sabre ne pourrait trancher. Le cœur emmuré par la méfiance, il ne put réprimer un rire. Les barricades tombèrent les unes après les autres, une offensive silencieuse et tellement efficace. Par tous les enfers ! Un homme capable d'étrangler quelqu'un avec ses tripes se retrouvait sans défenses devant une identité chargée de mystères. Une lumière désarmante.
- « J'aimerais tellement vous croire... », répondit le mercenaire ayant littéralement perdu ses repères.
« Je vais me permettre de te tutoyer, je me sentirai moins mal à l’aise. Même si ça m’amuse de t’embêter en mettant cette barrière de respect ! »
Taquine. Redoutable. Sa souplesse légendaire et sa volonté meurtrière ne lui servaient plus à rien devant ce regard d'azur. Il ne pourrait jamais dégainer son arme pour l'abattre sur une telle personnalité, tout comme il ne pourrait jamais faire du mal à sa sœur. Vaincu. En si peu de temps. Pourtant, à ses yeux, le mercenaire ne voyait pas cela comme une défaite. Bien au contraire.
- « Je vais donc me permettre de faire de même. Si v-... Tu n'y vois pas d'inconvénient. », répliqua Burnagore, un peu gêné par sa bourde.
Lentement, il la vit s'approcher puis sentit sa main glisser sur son torse, et grimper sur son visage mutilé. N'importe qui d'autre serait mort en tentant ne serait-ce que de le frôler, une longue lame en travers de la gorge ou du ventre selon les circonstances. Mais pas elle. Pour une raison absurde et incompréhensible. Il commettrait une erreur impardonnable et regretterait ce geste tout le long de sa vie. Ainsi, le mercenaire ne cilla pas. Le contact apaisant de cette petite main en guise de réconfort.
« C’est ça qui leur fait peur, hein ? Je la trouve … jolie. Elle rappelle les erreurs passées, force l’homme à s’améliorer. »
Ou à devenir mauvais. A sombrer dans l'assassinat sur commande et à redoubler de méfiance. Une jolie balafre en mémoire de son horrible auteur. Chaque glace reproduisait le visage de son ultime tourmenteur et chevauchait son propre reflet. Une vision attisant constamment son courroux. Certes, Burnagore avait remonté cette maudite pente et s'était aguerri avec le temps. Mais la souffrance rongeait l'esprit du mutilé. Elle en venait même à le contrôler dans les pires moments. Quand il devait salir l’héritage de son père, par exemple. "Ce qui ne te tue pas te rend plus fort", répétait son père.
- « Jolie ? », s'enquit l'épéiste en s'imaginant la forme et la longueur de sa balafre, « Alors ton avis diffère radicalement de la masse. »
S'ensuivit un geste de Phoenix. Un mouvement éloquent dévoilant non seulement sa cicatrice, mais aussi une arme. Sur le coup, il fut surpris. Aussi un peu idiot. Qui oserait se balader dans un village perdu, à cette heure tardive, sans se munir d'une arme ? Tout portait à croire que Phoenix troublât ses pensées à maintes reprises. A un point qu'il n'imaginait pas. Une soirée imprévisible. Comme quoi, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas... Il haussa les sourcils à cette idée, tout en suivant la conversation comme un moustique attiré par la lumière. Le mystère se désépaississait comme un nuage se dégorgeant de son eau, toutefois celui-ci ne perdait pas sa teinte grise inquiétante. L'annonce d'un mauvais présage. La couleur d'une mauvaise augure. L'arrivée d'un ivrogne, coupant brusquement cette discussion instructive. Maudit bâtard alcoolisé...
« J’te connais, toi … », commença-t-il. « T’es la bonnasse du cirque … »
En un éclair, une gerbe de sang s'expulsa de sa gorge meurtrie. Une tempête féroce, un tranchant canalisé. Une éclat métallique qu'il connaissait bien. Un geste tellement familier. Décidément, cet abruti ne fit pas long feu. Son corps reposait désormais contre le mur, une écume de sang s'échappant de ses lèvres, quelques bulles pourpres moururent dans un pétillement macabre. Le mercenaire n'eut pas l'occasion de saisir le poignée de son Ignifer. De toute évidence, Phoenix manipulait son arme avec dextérité. Une compétence aussi aiguisée que celle d'une voleuse, sans doute. Une sensation de danger l'envahit. Loin d'être désagréable, cependant. Elle pouvait le tuer à tout moment, depuis un bon bout de temps déjà. Ce qu'elle ne souhaitait pas, apparemment. En détachant son regard du macchabée, son regard se posa sur la danseuse en même temps que les mots qui s'échappèrent de sa bouche. Un sourire disparu. Une lumière moins vive.
« Ma mère. Voilà ce qu’il voulait dire. »
Elle paraissait troublée. Attristée par cet imprévu. Des souvenirs blessants. Ils étaient pareils. Il aurait agi de la même façon si ce fanatique de la bouteille se serait présenté devant lui en prononçant des stupidités sur sa sœur, ou sur ses parents. Sans pour autant connaître le fond de son histoire, il la comprenait. Burnagore voulut lui suggérer de ne pas traîner dans les parages. Si un garde passait pas là, le mercenaire aurait couru un risque inconsidéré. Lui, mais aussi la main meurtrière maîtresse de ce spectacle macabre. Contre toute attente, elle fut bien plus rapide que prévu. Le mercenaire et la danseuse s'éloignèrent quasi-instantanément de la scène du crime. Il ne fut jamais autant soulagé, un peu comme un enfant échappant à une affreuse bêtise commise dans les dernières minutes qui suivirent cette fuite. Puis cette petite masse blonde se colla contre lui, crispée comme jamais. Elle voulait être consolée et celui-ci posa sa main bandée derrière sa tête pour la soulager ne serait-ce qu'un minimum, guidé par son empathie. Phœnix, forte et rapide, mais aussi fragile et sensible. Le passé laisse quelques séquelles. Un poids qui finit tôt ou tard par essayer de nous écraser. La danseuse se recula, et lui se contenta de la laisser faire en retirant sa main droite paternelle.
« On a tous nos mystères, hein ? Je comprendrais si tu voulais me fuir, héhé. Les gens voient en toi un monstre, mais ils ne font que le voir. Pour moi … C’est différent. J’en suis un. Je prends des vies. Tout le temps. Comme ça, pouf. »
Une triste similitude entre deux personnes aux mains recouvertes de sang. Une compréhension mutuelle. Hors de question de fuir. Au contraire, cet aspect sombre de cette lumière d'espoir attisait les braises ardentes de la volonté du guerrier. Qui aurait pu prédire une telle scène ? Une rencontre de ce genre ? Deux individus tourmentés. Brisés, mais ressoudés par le temps et par le biais d'un esprit de fer.
- « Te fuir ? Moi ? Tu prends des vies. J'ai bien pu le voir. Mais tu peux aisément deviner que tu n'es pas la seule dans ce cas-là. Fuir ta présence n'aurait aucun sens. Ne charge pas tes épaules d'un fardeau qui excèdes tes forces. Il faut savoir partager ses souffrances. Même si je suis mal placé pour te faire la morale. », conclut Burnagore.
Ses propres paroles l'étonnèrent. D'ailleurs, elles n'étaient pas siennes. Loin de là. Tout cela provenait de sa sœur disparue. Elle disposait d'assez de culture pour l'écraser avec de simples mots. Le cerveau de la famille, l'unité centrale de son équipe. Impossible de la contredire. Sa volonté surpassait radicalement la sienne à tout instant. Elle lui manquait terriblement. Il se battait pour elle, en espérant la revoir vivante. A son tour, Burnagore serra les dents, crispant ses mâchoires l'une contre l'autre. Il pouvait basculer rapidement de la lumière aux ténèbres, mais finirait par être inéluctablement attiré par la radiance produite par la danseuse. Plus particulièrement grâce à son sourire renaissant et vivifiant.
« Je préfère te suivre, maintenant, on évitera peut-être de faire d’autres morts ! » siffla-t-elle, avant de reprendre, amusée : « Ou pas ! »
Cette tirade lui valut un rire étouffé. Ce changement d'attitude surprenant et aussi amusant. Burnagore secoua la tête en souriant. Elle avait raison. La soirée leur appartenait, n'est-ce-pas ? Ne pas tuer tout ce qui bouge, pour une fois. Ne pas sombrer dans la folie, éclairés par une lune à peine visible. Vivre. Visiter. Explorer. Quelles perspectives magnifiques ! Le monde reprenait lentement des couleurs plus vives, plus gaies. Tout cela grâce à elle. Par réflexe, le mercenaire apaisé la prit par la main et la guida en traversant la rue. D'autres boutiques éclairées défilèrent dans leur sillage. Ils croisèrent des passants - suspicieux pour la plupart – mais lui n'en avait cure. Des murs miteux se répandaient sur les côtés, à n'en plus finir. Burnagore ne disposait pas d'un sens de l'orientation des plus fameux. Il regrettait d'avoir pris cet itinéraire jusqu'à ce qu'ils atteignent une place plutôt bien décorée en comparaison des éléments dépassés. Une vaste place s'étendait devant eux. Recouverte de pavé, et surmontée d'un édifice en pierre. Une fontaine, visiblement. Le bruit calme et apaisant de l'eau primait dans ce lieu peu commun. Les habitations entouraient cet havre de paix, mais gardaient une distance raisonnable. Un tableau d'affichage en bois, éprouvant grande peine à supporter son propre poids, manquait de basculer sur le côté. Si bien que le vent secouait couramment les planches dans un grincement sinistre. D'ailleurs, les informations consignées sur ce panneau n'indiquaient rien de drôle. Des recherches de bandits aussi menaçants les uns que les autres. D'aucuns paraissaient plus mystérieux mais méritaient tout de même une place parmi les portraits repoussants. L'attention de Burnagore se portait sur la fontaine. Le panneau n'avait aucune valeur à ses yeux.
- « Moi qui maudissais mon effroyable sens de l'orientation, je vais devoir me raviser. », commenta Burnagore. « Il faut savoir saisir sa chance. » dit-il en proposant à Phœnix de s'approcher davantage de l'édifice éveillant son intérêt d'un geste de la tête. |
| | | ❝ Phoenix ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Dim 18 Oct - 14:35 | |
| “ Le Rouge et le Rose.« T’es pas une fille comme les autres, Kate, t’es pas normale. » Un soupçon de bonheur, une grosse dose de sourires, et la voilà. Une demoiselle fraîche et pimpante, haute comme trois pommes, qui courait partout. Sa vie se résumait à la danse, la mort de sa mère et l’irrépressible besoin de faire sourire les autres. Mais lui. Lui. Il avait ce truc, cette « chose » que personne ne pouvait expliquer. Ce visage meurtri par un passé trop douloureux, mais pourtant si attirant. Une étincelle magnifique, incompréhensible, qui attirait les yeux de Phoenix comme un papillon attiré par la lumière. Cette demoiselle n’était décidément pas comme les autres. Et c’était peut-être bien la raison pour laquelle ils s’intéressaient autant mutuellement. Pourtant, même quand l’ombre était passée sur son visage, même quand la meurtrière qui sommeillait en elle avait refait surface, il n’avait rien dit. Au contraire, il avait presque accompagné Phoenix, en la serrant doucement contre lui. Geste paternel ? Fraternel ? Incompréhensible, mais terriblement agréable. Une chaleur délicieuse se déversa en elle, courant dans ses veines à folle allure. Comment cela s’appelait-il ? Le bonheur ? Non, peut-être pas. Quelque chose de similaire, mais quand même différent. Mais Phoenix ne voulait jamais s’arrêter sur un flot de larmes, sur une tristesse. L’ombre lui était interdite. Phoenix revivait, à chaque seconde, comme un Soleil ne s’arrêtant jamais de rayonner. La lueur au bout du tunnel de vos ténèbres. Celle qui apaisait les âmes, qui faisait fondre les cœurs, qui redonnait espoir. La tendresse, le sourire, la douceur incarnée ? Magnifique masque sur une essence rongée par la peine. Cet homme lui ressemblait sûrement à cause de ces signes. Ils étaient pareils. Et Phoenix se sentait à l’aise avec lui. Sa main tirant sur la sienne pour l’entraîner dans de nouvelles ruelles la tira de ses rêveries. Son cœur s’était violemment accéléré, battant au rythme d’une litanie différente, bien plus amusante. À elle de suivre les pas de cet étrange compagnon, peut-être serait-il plus chanceux ? Au bout de quelques minutes à marcher, à suivre les pavés, ils débouchèrent sur une fontaine. Magnifique réconfort d’une nuit agitée. Les lèvres de la blonde s’étirèrent en un gigantesque sourire, ses prunelles se parurent de paillettes. Ce fut à son tour de tirer sur la main de Bolganone, presque sèchement, tant l’excitation la gagnait. Après l’avoir entraîné sur quelques mètres, elle s’arrêta puis se tourna vers lui, avant de se mettre à sautiller sur place. « Tu es génial ! Génial !! », lâcha-t-elle en tirant sur sa main. Le bras de Bolganone suivait le mouvement des petits sauts de la danseuse, inarrêtable. Puis le contact fut rompu, poursuivi par une danse de Phoenix, excitée comme une puce. D’arabesques en arabesques, elle fit le tour de la fontaine puis revint sur ses pas, passant d’une pirouette à l’autre avec une grâce tout à fait naturelle. La danse fit vibrer son cœur encore plus fort, l’emmenant dans une sorte de transe, presque la même dont le jeune homme avait l’expérience, quelques … minutes ? heures ? plus tôt. Ni une, ni deux, la demoiselle revint presque aussi vite auprès du jeune homme, comme si rien ne s’était passé. Mais que pouvaient-ils faire ici, maintenant ? Profiter de la vue ? Ses prunelles se levèrent pour scruter le ciel. Ses mains attrapèrent celles de Bolganone, tandis que ses yeux continuaient leur voyage dans l’éther. Un ballet de lueurs violacées se mariaient à la perfection avec de petites étoiles scintillantes. La Lune, au loin, semblait veiller sur eux, comme la Mère de ces êtres nocturnes. Ses doigts s’entrelacèrent doucement à ceux de Bolga’, puis ses saphirs redescendirent. « Je m’incline, tu es bien plus fort que moi. » Phoenix sourit gentiment à cette splendide créature qui lui faisait face. Un être si différent, mais dont elle se sentait tellement proche … « Comment est-ce que des gens ont pu vouloir abîmer ton visage de cette façon … », finit-elle par murmurer, presque inconsciemment. L’une de ses menottes se détacha pour parcourir à nouveau le torse, puis la joue du jeune homme. Comment pouvait-on abîmer une personne comme ça ? Pourquoi ? Pourquoi tirait-on sur les anges en plein vol ? À quoi bon ? Pour en faire de nouveaux spécimens ? « Tu es aussi étrange que moi … Peut-être que c’est pour ça que je te colle ainsi ? » Son visage se rapprocha du sien, à tel point qu’elle dut se mettre sur la pointe des pieds pour arriver à atteindre ne serait-ce que le nez du jeune homme avec son front. Ses yeux céruléens revinrent à la charge des andrinoples. « Je te fais peur maintenant ? », lâcha-t-elle avec un regard malicieux. Sa langue passa sur ses propres lèvres, puis elle lui fit une grimace et l’entraîna vers la fontaine. « Je ne sais pas d’où tu viens, monsieur ‘Bolganone’, mais je sais que je ne sais rien de toi, en réalité … » C’était simple, pour elle, de le savoir. Après tout … Ils jouaient exactement au même jeu. Deux enfants qui se cherchaient, qui cachaient presque les mêmes secrets. Avec des différences, certes, mais cela restait dans le même domaine. « Et ça m’intrigue. » Elle se tourna brusquement vers lui puis l’attira contre elle. Une chaleur inconnue se déversa dans ses membres. Elle l’ignora. « Je voudrais … apprendre à te connaître. Savoir qui tu es vraiment. Connaître l’origine de cette vilaine cicatrice. Mais je ne veux pas que tu me prennes pour une autre de ces filles qui ne veut que savoir pour s’enfuir … Je suis comme toi, et c’est la sensation la plus grandiose que je connaisse … Quand bien même ce soit méchant de ressentir ça … » Sur ces mots, Phoenix lui tourna le dos et regarda la fontaine. Quelle égoïste maladroite. Elle venait de tout foutre en l’air. |
| | | ❝ Burnagore ❞
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mar 20 Oct - 0:04 | |
| Tiré par la main, et malgré tout surpris par cet entrain dont il avait visiblement perdu l'habitude, il suivit le pas avant de s'arrêter de nouveau aux côtés de Phoenix. Cette fille, véritable pile électrique inépuisable surpassait la gaieté de sa sœur plus le temps s'écoulait. Intérieurement, il se demandait vraiment comment avait-il pu se retrouver ici, alors que quelques heures auparavant, le vengeur sillonnait les rues, embourbé dans ses pensées les plus sombres, imaginant les pires supplices applicables sur son prisonnier.
« Tu es génial ! Génial !! », lâcha-t-elle en tirant sur sa main.
Quelle ironie ! Génial ? Lui ? Cela était presque comique ! Depuis des lustres - oui, des lustres -, Burnagore n'avait entendu quelqu'un lui dire une telle chose. En fait, les réactions de ses précédentes rencontres puaient la négativité à quelques exceptions près. Les bandits ayant péri sous ses coups lui balançaient des insultes, des cris de rage, des cris de détresse, une demande de grâce – proposition qui le dégoûtait encore plus que les insultes -, et d'autres suppliques aussi ridicules les unes que les autres. Toutefois, il avait conversé avec un sage dans un autre village au sujet de son propre avenir, c'était même battu aux côtés d'un colosse à l'épée aussi immense que lui dans le but de capturer un salopard de traître... sans omettre sa rencontre avec une laguz féline au caractère changeant. Une vie plutôt mouvementée. Puis vint la rencontre imprévisible d'une fille capable de trancher la gorge d'un homme si celui-ci commettait une erreur à ses yeux, en parlant trop par exemple, ou en mentionnant des détails apparemment interdits. Mais Burnagore se moquait royalement du sort de ce genre d'idiot incapable de se taire, hormis lorsqu’on leur passe un bout d'acier en travers de la gorge. Vive et agile, elle sautilla en lui secouant le bras et lorsque le contact fut rompu, il la regarda danser, captivé par sa grâce, par ses gestes et par la précision de ses mouvements fluides. Une vision mélangée par la présence de cette fontaine. Phoenix, élégante et tactile, rapide et instable, forte et fragile. Une myriade de contrastes mais un bonheur partagé. Et une sensation oubliée refaisant surface parmi les clapotis de l'eau. Pour sûr, tout cela changeait graduellement de ses bains de sang habituels. Au point d'en oublier toutes les victimes pourfendues par sa lame dorée, mais ô combien souillée par les mécréants. - « Génial, hein ? J'aimerai vraiment penser comme toi. », répondit-il l'air songeur.
Il la regardait droit dans les yeux, Saphirs et Rubis entrèrent ainsi dans une sorte de résonance. Elle se tenait plus proche de lui qu'aucune personne ne l'ait jamais été, mais il n'en demeurait pas pour autant inquiet. Non, il ressentait quelque chose d’indescriptible en sa présence, une sensation intensifiée quand celle-ci entreprit de lui prendre les mains une nouvelle fois. Le vengeur ne se voyait plus comme tel, plutôt comme un être humain ordinaire à côté d'une fontaine semblable à une illusion. Une agréable illusion, et non un cauchemar sorti de sa sombre conscience. Elle rompit ensuite cette curieuse liaison oculaire en baissant les yeux et en s'exprimant.
« Je m’incline, tu es bien plus fort que moi. »
La danseuse sourit, respirant encore la gentillesse, et le mercenaire fit de même sans en être conscient.
- « Vous vous sous-estimez. Plus que vous ne pouvez l'imaginer. », répliqua-t-il sans se faire attendre.
Burnagore le pensait vraiment. Mais Phoenix disposait d'une force qui le désarmait, lui, alors que toutes les autres personnes rencontrées sur son chemin – à l'exception de quelques personnalités – éveillèrent simplement son courroux et finirent par le regretter amèrement, la tête décrochée des épaules ou une lame emmêlée dans leurs entrailles.
« Comment est-ce que des gens ont pu vouloir abîmer ton visage de cette façon … », murmura la danseuse sans vraiment s'en rendre compte.
Les réponses à cette question, en ces heures sombres, pouvaient remplir tout un livre en raison de tous les meurtres produits par son bras meurtrier, mais pas autrefois. Pas avant cet événement tragique et si imprévisible. Naguère – avant sa chute – il suivait le chemin le plus droit même si celui-ci passait par le sommet des montagnes, épargnant les bandits quand il le pouvait, prêchant la bonne parole et multipliant les bonnes actions avec ses camarades motivés. Mais tout cela... toute cette rêverie, cette nostalgie poignante... Envolée. Des pensées soufflés comme un feu de paille.
- « Je me suis posé la même question, mais la folie de mon tourmenteur ne se limite pas à une seule raison. », lança-t-il avec regret.
Il revit le visage narquois de son bourreau, et sentit de nouveau la pointe de sa lame lui entailler la joue, glisser non loin de son œil et déraper en cisaillant son sourcil. Puis se retirer en laissant place à un filet de sang aveuglant, ainsi qu'à cette odieuse balafre repoussante. Il grimaça en y repensant, comme ébloui par des flashs intempestifs, mais reprit le dessus face au soleil qui se dressait devant lui. Surtout lorsque celle-ci lui toucha le visage, l'extirpant ainsi des ténèbres envahissant et si lourds à porter.
« Tu es aussi étrange que moi … Peut-être que c’est pour ça que je te colle ainsi ? »
Ne sachant pas quoi lui répondre de sensé, il se contenta de hausser les épaules sans trop de hâte. Et, la sentant plus proche encore, la regarda droit dans les yeux, hypnotisé par sa présence et le peu de distance les séparant.
« Je te fais peur maintenant ? », lâcha-t-elle avec un regard malicieux.
Elle essayait de le sonder, selon lui. D'analyser ses réactions, de déceler quelque chose en lui. De trouver la 'clé de l'énigme'. Mais cela ne l'effrayait pas. Non, au contraire, il était aussi curieux qu'elle à son sujet.
- « Pas encore. Mais je s... », commença Burnagore avant d'être interrompu par la grimace, et surtout par le fait d'être tiré en direction de la fontaine.
Lui ? Bien plus fort qu'elle ? Ha ! Cette bonne blague. Incapable de résister et de finir sa phrase, perturbé par les actions de Phoenix. Vraiment, le mercenaire ne se sentait pas du tout supérieur en comparaison avec la vitalité de son interlocutrice infatigable.
« Je ne sais pas d’où tu viens, monsieur ‘Bolganone’, mais je sais que je ne sais rien de toi, en réalité … »
Futée. Burnagore se doutait que ce nom ne la duperait pas longtemps, plus la conversation durait. Et il rougit lamentablement à cette conclusion. Lui ? Gêné ? Ha ! Il dût prendre sur lui pour effacer silencieusement sa honte, et imaginer la meilleure manière de lui annoncer son véritable nom, quitte à en faire les frais...
« Et ça m’intrigue. »
Un sentiment partagé, mais le sujet différait quelque peu.
- « Nous en sommes... au même point ? », bredouilla-t-il en se frottant l'arrière du crâne, comme s'il venait de se prendre un coup tout droit sorti des ombres de la nuit. « Alors, je voulais te d- Aaah ? »,fit-il sous le coup de la surprise lorsque Phoenix l'attira brusquement vers elle.
Il garda le silence, gêné par le son plutôt étrange sorti de sa gorge. Un coup de lame ne l'avait jamais vraiment surpris auparavant, en comparaison à cette réaction inattendue. Et ce geste intensifia la sensation selon laquelle il se sentait terriblement faible en sa présence. Admettons, combien de fois aurait-elle pu le poignarder pendant la conversation, hum ? Deux fois ? Trois fois ?... Ha ! Bien sûr, Burnagore ne voyait pas la scène ainsi. Comme si la dague de la jeune femme n'avait jamais quitté sa cachette pour trancher la gorge d'un alcoolique.
« Je voudrais … apprendre à te connaître. Savoir qui tu es vraiment. Connaître l’origine de cette vilaine cicatrice. Mais je ne veux pas que tu me prennes pour une autre de ces filles qui ne veut que savoir pour s’enfuir … Je suis comme toi, et c’est la sensation la plus grandiose que je connaisse … Quand bien même ce soit méchant de ressentir ça … »
Curieuse autant que lui, elle se retourna pour observer la fontaine, ou dissimuler un mal-être ? Se sentait-elle coupable d'avoir fauté quelque part ? De s'être précipitée ? De ne plus se sentir seule parmi le groupe très restreint des individus écartés du droit chemin ? Burnagore leva une main, la gauche. Dévoilant son avant-bras orné d'une entaille assez impressionnante, résultat d'un affrontement remporté la veille face à l'un de ses vieux amis. Et il la posa doucement sur l'épaule de Phoenix, étonné par son propre geste.
- « D'accord... », débuta le mercenaire d'une voix calme. « Je ne me nomme pas Bolganone, mais Burnagore. Ex-dirigeant d'un groupe de mercenaires que je considérais autrefois comme mes plus fidèles alliés. Comme ma famille. Parmi 'L'Ordre de la Lame', nous ne faisions qu'un. Nous combattions tous comme un seul homme. Inébranlables, veillant les uns que les autres à tout instant, rendant des comptes pour les plus faibles, mettant à terre les plus forts et les plus hostiles. Tous étaient comme mes frères... au même titre que mon unique sœur disparue... jusqu'à ce jour. Ce... Cet instant maudit. », dit-il la gorge nouée par ses propres mots, le cœur battant et l'estomac alourdi.
Sa main tremblait, brisant du même coup ce geste supposé rassurant, exposant les trous béants laissés dans son cœur piétiné par la trahison, crevé par les siens, rongé par le temps et avili par le mal. Depuis le jour de sa rédemption, il continua d'arpenter la forêt, brisant tous les bandits sur son chemin, effectuant tous les contrats avant que ses anciens camarades puissent s'en occuper, bâtissant sa légende sur un amas de cadavres et créant des rumeurs sombres sur un homme sanguinaire à la lame dorée, au regard de braise et à la toge portée par la Mort elle-même selon les ragots, ou l'imagination débordante des bardes...
Dernière édition par Burnagore le Sam 31 Oct - 18:04, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Ven 30 Oct - 3:10 | |
| “ Le Rouge et le Rose.La faiblesse des hommes se trouvait dans le regard des femmes. Phoenix sourit à toutes ces réactions, à la fois inattendues et attendues. Bolganone n’avait de cesse de la surprendre, tout autant qu’elle le surprenait elle-même, apparemment. Cette vivacité, cette capacité à être infatigable … Phoenix tenait tout cela de sa chère mère, et ne pouvait s’empêcher de balayer le monde d’un sourire radieux pour le rendre plus beau. Personne ne méritait de souffrir, personne, surtout pas une personne comme lui. Ses yeux de braise devaient en effrayer plus d’un, pourtant … La blonde s’en contrefichait. Il y avait dans ces deux yeux une chaleur incroyable, qui apaisait son cœur tout en le faisant s’accélérer. La danseuse ne connaissait pas de telles sensations, il ne s’était jamais rien passé de tel avec Kellan, rien du tout. Elle ne le considérait que comme un ami, parce qu’il la connaissait depuis l’enfance, parce qu’ils avaient vécu au cirque ensemble, parce qu’ils avaient travaillé ensemble. La jeune femme prenait désormais son envol, et en oubliait purement et simplement tout le reste. Une nouvelle vie, plus palpitante, faite de rencontres extraordinaires s’offrait à elle. Toutes ces choses qu’ils s’étaient dites, toutes les jolies réponses qu’il lui avait données, toutes ces hésitations, tout ça … Il avait façonné un univers entier autour d’eux deux seulement, et Phoenix craignait de le détruire complètement en lui posant toutes ses questions. Pourtant, sa main sur son épaule lui fit comprendre que non, elle ne le repoussait pas, au contraire. Il se confia à elle, ne donnant pas tous les détails qu’une personne curieuse aurait aimé obtenir, mais suffisamment pour calmer sa curiosité. Burnagore, hein ? Pas bien différent de Bolganone. Mais changer de nom … Peut-être cela lui permettait-il de se dégager des autres ? Pour ne pas se faire avoir à nouveau ? La main tremblante fut rattrapée, puis serrée doucement par Phoenix. Elle se tourna vers lui simplement, mêlant à nouveau ses prunelles aux siennes. La main de Burnagore fut posée à nouveau sur l’épaule de la blonde, tandis que la sienne remonta son bras pour lui caresser la joue. Ce geste, si simple, répété de si nombreuses fois, lui paraissait pourtant plus que nécessaire ici. Un sourire délicat naquit sur ses lèvres. « J’en sais suffisamment. Merci, Burnagore. » Tendrement, sa main redescendit puis fit le tour jusqu’à son dos, suivie par sa comparse, et les deux l’attirèrent contre elle. Sur la pointe des pieds, elle approcha ses lèvres des oreilles du jeune homme. « Tu resteras Bolganone aux yeux de tous, faut pas compromettre cette fausse identité ! Ce sera notre petit secret ! » La danseuse recula et lui offrit un superbe clin d’œil, plein d’une folle complicité. Ils ne se connaissaient presque pas, pourtant, quelque chose d’incroyable les liait déjà. Une force inexplicable, grandissante, surpuissante. L’étreinte toujours présente, Kate en profita pour le tirer à nouveau, sans aucune véritable idée derrière la tête. Elle descendit une de ses mains, puis attrapa une menotte de Burnagore pour la mettre légèrement en l’air et la serrer à nouveau. « Suis-moi, tu vas voir, c’est facile. Va dans le même sens que moi : si je vais en avant, tu vas en arrière, si je vais en arrière, tu vas en avant. Le reste est normal, à gauche, tu vas à gauche, à droite, tu vas à droite. D’accord ? » Elle fit un pas en arrière, l’attirant vers elle, puis un sur la droite, le traînant toujours de la même façon. Pendant cet étrange laps de temps, où le pauvre épéiste devait peiner à suivre, Phoenix en profita. « Je m’appelle Kate, Phoenix est mon nom de scène. Parce que je me relève toujours. » Son sourire s’agrandit de nouveau, malicieux. Ses prunelles s’illuminèrent de petites étincelles, tandis qu’elle fit une pirouette en se tenant à la main de son partenaire, puis atterrit dans ses bras, le dos contre son torse, le bras de Burnagore contre sa poitrine, avant de repartir de plus belle. « Ça, c’est une valse, je suis sûre que tu connais, mais que tu n’as jamais pratiqué ! » Sur ses mots, la blonde arrêta de le traîner dans son petit monde, puis l’entraîna sur le sol, pour qu’il prît place face à elle. Ces deux créatures, opposées par bien des manières, se retrouvaient plus que similaires grâce à leurs histoires respectives. La main de la demoiselle attrapa celle bandée de Burnagore et la pressa doucement. « Et ça … C’est une marque de tes batailles, aussi ? Tu as plus de cicatrices que moi, monsieur le Guerrier ? » Pour ponctuer sa réplique, Phoenix pencha la tête et prit une fausse mine boudeuse. Jalouse des blessures de guerre du jeune homme ? Non ! Juste une nouvelle tentative de le faire s’ouvrir à elle. Un jardin secret dans lequel elle pénétrait petit à petit, pour finalement essayer de s’y installer. Être une amie ? Probablement. Pourtant, dans son cœur, résonnait une toute autre volonté. Être amie, hein ? Cette folle attirance la traînait vers quelque chose de sensiblement différent, d’inconnu, mais de bien plus merveilleux encore. Sa main pressa un peu plus fort la sienne, puis ses prunelles plongèrent à l’assaut, à nouveau. Cette fois, plus aucun sourire, un sérieux totalement inhabituel venant de Phoenix. « Tu n’as rien à craindre de moi. Tu pourras tout me dire, tout me montrer. Je ne m’enfuirai jamais. Tous ces détails feront de toi une personne toujours plus exceptionnelle. » Une déclaration, hein ? Étrange, venant d’elle. Différente, rare, pas encore signe d’une relation particulière, juste l’instigatrice de quelque chose de nouveau. Le souffle chaud du Phoenix. Une renaissance. Encore une fois. |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Sam 31 Oct - 20:20 | |
| Plus la conversation durait, plus Burnagore se sentait impuissant. Comme si le temps se figeait, lentement, puis retournait en arrière, avant d'apprendre à manier le sabre, avant de souffrir des affres de la trahison, avant de vivre toutes les horreurs de ses projets désormais irréalisables. Avant de commettre une montagne d'erreurs pour étancher sa soif de vengeance. Et de surtout s'approcher un peu plus de sa sœur, l’objectif principal étant encore très loin d'être atteint.
En prononçant ses mots, Burnagore se sentit soulagé d'un poids outrageusement lourd. Une ancre au poids incommensurable le traînant inlassablement dans les profondeurs des ténèbres, puis dans le brasier vif conçu par son esprit ravagé par la folie de son entourage maudit. Un étouffant brasero rongeant sa raison, cadavre après cadavre, bain de sang après bain de sang. Contrat après contrat ? Mais « Haine » ne se manifestait pas en présence de la danseuse. Sa voix mourrait dans l’œuf et son écho sinistre sombrait dans les méandres de son esprit. Le regard de cette fille avait une incidence positive sur le mercenaire sanglant. Le nier serait inutile et n'y changerait strictement rien. De toute manière, la fin de ses tremblements nerveux constituaient une preuve amplement suffisante. Depuis combien de temps n'avait pas répugné un être humain en ce bas monde ? Impossible de compter, surtout pas dans l'instant présent. Le contact chaleureux de cette main lisse étouffait ses tourments et captait entièrement son attention. Autrui ne l'intéressait nullement avant cette rencontre, tuer représentait une coutume pour le vengeur. Un acte cruel, répété et indispensable. Même si sa victime le regardait droit dans les yeux. Ses yeux vitreux suppliant qu'on lui laisse la vie sauve ne signifiaient plus rien. Tout le contraire de Phœnix. De ce puissant contact visuel. De ce sourire vivifiant.
« J’en sais suffisamment. Merci, Burnagore. »
Il haussa les épaules, sans trop savoir quoi répondre. Mieux, il ne voulait pas fauter en disant une ânerie, ou en énonçant une évidence. Et puis, le temps de réfléchir à un tirade réfléchie, il fut surpris par l'enlacement de son interlocutrice. Il se retint d'évacuer un hoquet accompagné d'un léger sursaut. Il y parvint avec une aisance plutôt surprenante, écoutant en silence la jeune danseuse survoltée.
« Tu resteras Bolganone aux yeux de tous, faut pas compromettre cette fausse identité ! Ce sera notre petit secret ! »
Un secret. Peut-être pensait-il avoir merdé en divulguant une parcelle de son passé à la jeune femme ? Ou au contraire... jusqu'à cette déclaration. Dans tous les cas, il ne pouvait pas entièrement la comprendre tout comme elle ne le pourrait pas non plus à son sujet. Elle garderait sa langue et n'ébruiterait pas la chose. Il en ferait de même. De toute manière, les gens susceptibles de lui adresser la paroles n'étaient pas légion. Un véritable petit comité de VIP ! Ha ! En pensant à cette bêtise, il sourit tout en gardant les yeux fixés sur sa partenaire tactile. Burnagore la suivit en fonction du rythme imposé, espérant silencieusement ne pas la décevoir, rassuré par son clin d’œil marquant.
- « Un masque indispensable pour duper les chasseurs de primes. Un nom dévoilé peut vous coûter bien des ennuis... plus qu'un simple surnom. », répondit-il en comprenant à peine les intentions de Phœnix.
« Suis-moi, tu vas voir, c’est facile. Va dans le même sens que moi : si je vais en avant, tu vas en arrière, si je vais en arrière, tu vas en avant. Le reste est normal, à gauche, tu vas à gauche, à droite, tu vas à droite. D’accord ? »
Là par contre, tout devenait plus clair. Jamais il n'aurait cru devoir danser devant une fontaine sous la vaste voûte céleste étoilée. De ce fait, il tint bon et se concentra en premier lieu sur les paroles de la danseuse, s'efforçant de les mémoriser pour ne pas faire l'inverse dans le feu de l'action. Le pire provenait de l’éventualité de lui écraser les pieds. Une ruse employée souvent durant des affrontements sanglants face à un nombre conséquent d'ennemis, ou de cibles définies par des employeurs pas très nets. Assurer la perte d'équilibre d'un ennemi par le biais d'un pas lourd, pour ensuite le trancher proprement d'un coup vif. Un geste simple et ô combien efficace. Vil, certes, mais le champs de bataille ne pardonne pas, jamais. Ici, il devait à tout prix éviter ça au risque de passer pour un incompétent. Agir en finesse, se concentrer sur ses foulées, s'adapter à la cadence de la jeune femme. Une activité plus élégante que le maniement de l'épée, de toute évidence.
- « Avant, arrière,... arrière, avant... Gauche, gauche et... droite, droite. Je vois... Très bien. », résuma-t-il en songeant un maximum aux pas à venir.
Burnagore entama sa première avancée d'un pas hésitant, regardant ses pieds par réflexe, comme un débutant malhabile. Il suivit ensuite la danseuse et finit pas s'estimer heureux de ne pas porter son encombrante toge sombre, celle-ci lui aurait sans doute valut une chute mémorable en emportant sa partenaire dans la fontaine. Très mauvaise perspective, quoique comique. Désagréable tout de même, cela dit. Il analysa la gestuelle de Phœnix pour éviter une vilaine bourde, piètre danseur tentant de suivre les petits gracieux de la jeune femme resplendissante. Une manœuvre étonnamment compliquée, contrairement à un coup de son Ignifer dans l'aine d'une de ses nombreuses victimes.
« Je m’appelle Kate, Phoenix est mon nom de scène. Parce que je me relève toujours. »
Le regard dirigé vers le bas, le cerveau occupé à jongler entre les différents pas de danse, il n'arrivait tout simplement pas à lui répondre quelque chose d'intelligent. Tout en sachant qu'un pas de travers pourrait la déstabiliser. Surtout lui, c'est sûr. Il finirait par s'exprimer après, entre deux bouffées d'air. Du coup, il se demandait comment sa partenaire faisait pour maintenir une telle cadence - supposant tout de même qu'elle pourrait aller encore plus vite – et conserver un souffle optimal pour parler en même temps. L'expérience et la pratique, conclut-il en pensant.
Kate entama une pirouette au grand étonnement du mercenaire. Il réagit malgré tout au quart de tour, même si la difficulté reposait en grande partie sur les gestes fabuleux de la danseuse, et survécut à cet exercice. Soulagé de ne pas avoir échoué – et de l'avoir si proche de lui du même coup -, l'accalmie ne dura qu'un court instant et la jeune femme reprit de plus bel.
« Ça, c’est une valse, je suis sûre que tu connais, mais que tu n’as jamais pratiqué ! »
Il s'y connaissait davantage en tranchages de gorge, perforations teintées de rouge, cris de guerre féroces et éventrations salissantes. Mais il hocha la tête en se remémorant les rares moments de sa jeunesse dans son petit village perdu au beau milieu de la forêt, admirant l'agilité d'acteurs ou d'actrices moins doués que sa partenaire motivée.
- « Je suis loin d'être aussi insondable que je le croyais. Vous êtes plus vive que la plupart de mes rares connaissances. », la félicita le mercenaire une fois à l'arrêt.
Bien sûr, par « rares connaissances », il parlait surtout des victimes passés sur le tranchant impitoyable de son Ignifer. Par contre, mieux valait ne pas en dire plus à ce sujet. Il s'enfoncerait plus qu'autre chose. Son cœur battant la chamade s'apaisa, s'accordant un bref moment de répit, avant de tambouriner une nouvelle fois dans sa poitrine lacérée par la traîtrise de son meilleur ennemi. Il se trouvait désormais en face d'elle, sa main bandée soulevée par celle de la danseuse intriguée.
« Et ça … C’est une marque de tes batailles, aussi ? Tu as plus de cicatrices que moi, monsieur le Guerrier ? »
Un message prononcé avec une touche ironique. Le genre de phrase lancé par sa sœur. Il s'y était habitué depuis son plus jeune âge, profitant de toutes les blagues possibles. Il en eut un bref pincement au cœur, accentué par la marque dissimulée sous ses bandages. La marque en elle-même ne le dérangeait pas réellement, mais le regard d'autrui et l'opinion qui en découlait n'apportaient jamais rien de bon. Un symbole de mauvais augure, une erreur de la nature dans le pire des cas. Un échec sur pattes. Un descendant hybride monstrueux aux yeux de la plus grande communauté. Pourtant, la différence était minime. Une tâche de quelques centimètres incrustée sur le dessus de sa main dissimulée. Rien de plus. L’opinion publique. Quelle connerie monumentale.
- « C'est possible. Mais les pires cicatrices ne sont pas physiques. Les dégâts moraux sont bien plus lourds à porter. Les marques resteront des marques, rien de plus. Un coup de lame laissera son empreinte, mais certaines paroles peuvent briser des personnalités, aussi solides soient-elles. », répondit le mercenaire sanglant en toute connaissance de cause.
Ses yeux rivés dans les siens et le contact plus prononcé de cette main, il avisa cette expression peu orthodoxe sur un visage angélique. Il buvait ses paroles, attendant tranquillement la prochaine interrogation. A quoi bon se défiler dans de telles circonstances ? Ce connard de Doryan pouvait attendre encore longtemps, pendu par les poignets comme de la viande morte. Ce misérable traître prendra soin de méditer sur l'ampleur de sa stupidité avant d'en faire les frais.
« Tu n’as rien à craindre de moi. Tu pourras tout me dire, tout me montrer. Je ne m’enfuirai jamais. Tous ces détails feront de toi une personne toujours plus exceptionnelle. »
Il n'en doutait pas, ou plus. Il ne le savait tout simplement pas, ou plus. Confus, surtout. Elle menait la danse, et lui il suivait. Plus sensée que tous les idiots bourrés de préjugés, elle ne quitterait sûrement pas les lieux en hurlant comme une hystérique. Pas devant une marque aussi maudite soit-elle par un peuple aussi idiot soit-il. Dégageant doucement sa main, il retira les bandages en question, déroulant les morceaux de tissu sur le sol avec soin. Le tout formait presque une sorte de serpent blanchâtre, enroulé sur lui-même, dénué de ses crochets venimeux. Une créature aussi inoffensive que le Burnagore actuel.
- « La blessure n'en est pas une, mais pourrait me nuire d'une toute autre façon. Tout dépend du regard d'autrui. Des préjugés de la population. De la triste histoire de ce monde. Des répercussions d'un passé souillé par les guerres. Je suis... un marqué, descendant d'une laguz et d'un beorc. Tous deux décédés depuis bien longtemps. », précisa-t-il en serrant le pendentif de son père à travers sa veste bordeaux.
Mais malgré ses paroles, il continua de plonger son regard dans le sien, le sourire inexistant et les lèvres pincées. Sa main nue jonchait le sol en pavé, un étrange motif sous forme d'une aile noire ornant le membre manipulateur d'une arme meurtrière. Cette même épée léguée par son père... |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Lun 7 Déc - 19:15 | |
| “ Le Rouge et le Rose.« C’est écrit sur ton visage. C’est gravé sur ta peau. Ça court dans tes veines. C’est comme ça, tu es maudit. Ils te détesteront tous pour ça. Parce que tu n’es pas comme eux. » Elle attrapa doucement sa main et y entrelaça ses propres doigts. Phoenix s’approcha de son interlocuteur, les yeux toujours plongés dans les siens. Peu lui importait l’existence de cette marque, cette personne restait aussi humaine qu’elle. Du sang coulait dans ses veines, faisait vivre chacun de ses organes. Bref, au fond, à part cette particularité, il était doué de sentiments, comme tout un chacun. Un grand sourire naquit sur ses lèvres, plus maternel cette fois-ci. « Je m’en fiche que tu sois un Marqué. Tu pourrais même avoir des ailes et un bec, tu resterais Homme au même titre que moi. » Puis, la blonde lâcha sa main et se dégagea légèrement. Sans aucune gêne, elle fit tomber entièrement sa cape, révélant un haut rose clair simple ainsi qu’une jupe et des chaussures à talons. Ses prunelles se posèrent sur Burnagore, tandis que ses mains, elles, dessinaient un nouveau chemin sur son corps. Elle releva sa jupe, montrant quelques marques sur ses cuisses, puis la relâcha pour attaquer son haut. De nouvelles cicatrices, sur le ventre, sur les seins, un peu partout. Certes, cela pouvait paraître dérisoire par rapport à la situation de ce jeune homme, pourtant … « C’est juste une marque, moi aussi j’en ai ! Alors oui, j’ai triché, elles sont pas naturelles. » Elle se mit à rire doucement. « Mais hey, s’ils te détestent parce que tu as ce petit truc sur la main, qu’ils me détesent aussi. Et toc. Tu es vivant, tu respires, tu marches, tu souffres. Comme tout le monde. Une marque est une marque. Je m’en fous. » Elle épousseta ses vêtements, puis remonta sa cape sur ses épaules pour ne pas avoir froid. Sa main vint à nouveau chercher celle de Burnagore, qu’elle serra plus fort, tendrement. « Je suis contre les préjugés racistes de ce monde, alors tu sais … Mais je ne le dirai pas non plus. Tu t’es confié à moi, alors ça restera … à moi. » Phoenix protégeait les secrets qu’on lui confiait. Toujours. Peu importait ce que cela lui coûtait, ce que X lui avait dit, elle le gardait pour elle jusqu’au bout. Surtout que la blonde n’aimait pas se confier elle-même à cause d’un problème de confiance en tous ces gens. Certes, Burnagore semblait se distinguer des autres, pour autant, elle ne se sentait pas prête à tout déballer. Il savait déjà son vrai prénom, peut-être était-ce déjà bien ? Cela restait à voir, en réalité. Pour briser le silence qui commençait à la peser, Kate attira Burnagore contre elle, si près que ç’eût été presque gênant. Ses yeux se mêlèrent aux siens, comme leurs souffles. Son cœur s’accéléra brutalement. Elle posa ses mains sur son torse et lui sourit. « J’ai tué plus de personnes que j’en ai l’air. Cela fait-il de moins quelqu’un de non-humain ? Pourquoi aurais-je le droit d’être ‘comme tout le monde’ et toi non ? Alors que j’ai pris des vies ? Parfois sans vraie raison ? » Sa main gauche remonta le long de la poitrine du brun, pour se poser sur sa joue. « Être un monstre, qu’est-ce que ça veut dire au fond ? » Elle le caressa du bout du pouce, doucement, gentiment. « Parce que je ne vois rien de monstrueux ici … » Son cœur manqua un battement, une chaleur délicieuse envahit son corps. Son sang pulsait dans ses veines à une allure folle, qui faillit la faire tomber à la renverse. Quelle étrange rencontre, quelle personne étrange. Il était bien différent de Kellan, avait ce quelque chose qui l’attirait irrémédiablement, même malgré toutes les atrocités qu’il semblait avoir commises. Même malgré la haine qui semblait le ronger. « Qu’est-ce que tu n’aimes pas, en vrai, Burnagore ? Toi-même ? » Sa main fut rejointe par sa comparse, puis elles grimpèrent à l’assaut de ses cheveux. D’un geste délicat, et pourtant empreint d’une violente envie, Phoenix tira sur les cheveux de Neryos, vers l’arrière. Ses prunelles se jetèrent à l’assaut des rubis, tandis qu’elle se serra un peu plus contre lui. « Je ne vois rien de détestable ici. Au contraire. » En faisant preuve de toute la retenue possible qu’il lui restait, Phoenix déposa un baiser sur la joue de Burnagore, avant d’enfouir sa tête contre son épaule. Elle pardonnait à l’infâme tous ses crimes en échange d’un passé douloureux. Comme dans son propre cas. « Nous ne sommes ni monstres, ni victimes. Nous vivons dans un monde où nous rendons la monnaie, c’est tout. » Ses mains avaient relâché ses cheveux et s’étaient posées sur ses omoplates, pour se serrer un peu plus. |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Mar 8 Déc - 1:17 | |
| Cette marque qui répugnait tant le monde ornait le dos de sa main droite détendue. Cela lui faisait bizarre de la voir ainsi. La plupart du temps, elle tenait fermement son Ignifer et semait la mort dans son sillage sanglant. Ce même liquide effrayait les potentiels explorateurs. Mais le pire flottait sur sa surface miroitante. Une plume rouge accompagnait chaque corps découpé par le vengeur. Chaque meurtre était signé et donc volontairement proclamé comme son œuvre macabre. Quelques légendes devaient déjà courir à son sujet. Et quelques titres voyaient sûrement le jour pendant qu'il prenait du bon temps, entouré par les étoiles, la brise fraîche de la nuit, et les pavés de la cour. Il se demandait encore comment il put en arriver là, aux côtés de Phoenix alias Kate. La scène semblait irréelle, sortie d'un rêve destiné à le narguer des son réveil.
« C’est écrit sur ton visage. C’est gravé sur ta peau. Ça court dans tes veines. C’est comme ça, tu es maudit. Ils te détesteront tous pour ça. Parce que tu n’es pas comme eux. »
Sa voix résonnait comme le coup de marteau d'un juge donnant son verdict. Une série de frappes annonciatrices d'une sentence éternelle qui secoua le cœur du vengeur désarmé. Pourquoi les mots de cette fille le blessaient bien plus qu'une lame affilée ? Cela n'avait pas de sens. Elle avait fait sauté le verrou destiner à le protéger de ce genre de réaction. Et le contact de ses doigts accentuait la redoutable faille creusée au plus profond de son âme acculée. Puis ce regard bleu aimanté dont il ne pouvait guère se détourner. Sans compter ce sourire réanimé, toujours plus intense. Plus rayonnant. Plus puissant. Les sept coups de marteau déjà grandement adoucis se substituèrent à des paroles réconfortantes.
« Je m’en fiche que tu sois un Marqué. Tu pourrais même avoir des ailes et un bec, tu resterais Homme au même titre que moi. »
Que de douces paroles. Ce genre de pensée ne courrait pas les rues. Et, généralement, les gens ne s'approchaient pas du mercenaire sans pousser un cri d'effroi et prendre leurs jambes à leur cou. Ou alors, ils l'évitaient avec son, empruntant une parallèle en toute discrétion pour ne pas le vexer. A croire que celui-ci puait la mort à plein nez. Il l'a côtoyé, certes, mais ne souhaitait pas le laisser paraître. Donc, au final, si ces mêmes gens voyaient cette marque sur le dessus de sa main, les cris deviendraient des soupirs de mépris, des grommellements ou des injures. S'ensuivrait un bain de sang, une journée de merde et un esprit tourmenté plus qu'à l'accoutumée. Il ne pouvait tout simplement pas se permettre de l'exposer à outrance. Et certainement pas à n'importe qui. Phoenix sortait définitivement du lot.
- « Si je pouvais encore verser une larme, je l'aurais fait illico... », dit-il en étouffant un rire.
Un peu gêné par ses propres paroles, il détourna le regard un instant. Néanmoins, cette esquive ne dura pas éternellement et celui-ci leva les yeux pour contempler Phoenix exposer les cicatrices maculant son corps. Il en fut particulièrement surpris mais s'efforça de se contenir, les yeux grands ouverts, quasiment pétrifié par l'audace de son interlocutrice imprévisible.
« C’est juste une marque, moi aussi j’en ai ! Alors oui, j’ai triché, elles sont pas naturelles. » Elle se mit à rire doucement. « Mais hey, s’ils te détestent parce que tu as ce petit truc sur la main, qu’ils me détestent aussi. Et toc. Tu es vivant, tu respires, tu marches, tu souffres. Comme tout le monde. Une marque est une marque. Je m’en fous. »
Elle n'y allait pas par quatre chemins, et répondait à une vitesse tout aussi surprenante. Elle voulait décidément partager sa souffrance en exposant ses blessures du passé. Elle semblait bienveillante envers lui, elle le comprenait comme s'ils se connaissaient depuis des lustres. Quelque part, il en souffrait, mais tout semblait tellement confus. De même, son combat face à Doryan et ses acolytes l'avait fatigué. Bien que ses blessures ne le faisaient plus autant souffrir, le contre-coup des effort fournis agissait sans ménagement.
- « Jolie collection. En tout cas, comme tu as su si bien me le dire, tu sais très bien te relever. Et je suis.... ravi que tu acceptes ce fait aussi facilement. », dit-il en toute sincérité.
Et le contact de la main de Phoenix s'accrut. Cela devenait presque machinal. Une habitude promptement établie, acceptée par l'un comme par l'autre. Il lui faisait confiance, indubitablement. Il aurait effectivement du mal à lui refuser quoi que ce soit à l'heure actuelle. Il l'écoutait sans broncher, comme une personne égarée la nuit tomberait en arrêt devant l'infinité étoilé nimbant le ciel obscurci par la nuit.
« Je suis contre les préjugés racistes de ce monde, alors tu sais … Mais je ne le dirai pas non plus. Tu t’es confié à moi, alors ça restera … à moi. »
Le secret demeurerait ainsi encore et toujours un secret. Une confiance mutuelle, encore et toujours. Il n'en doutait pas le moins du monde. Mais ce monde changeant le troublait quelque peu, lui qui vivait dans le feu de l'action, brandissant une lame aussi ardente qu'une torche. Répandant du sang partout et nulle part. Ce côté de sa personnalité lui semblait dissous par les temps. En fin de compte, il se mentait à lui-même mais persistait dans le déni, le visage voilé par un rideau pourpre le poussant à l'outrage et au meurtre.
Il fut inéluctablement attiré vers elle et sentit à la fois son souffle lui caresser le visage, ses yeux rivés dans les siens, ses mains tactiles et les promptes battements de son cœur. Il s'efforçait de reste calme, mais son cœur ne lui obéissait pas. Ni même ses poumons pourtant si endurcis par les épreuves de sa triste existence. Pourtant, il se sentait bien. Il n'y comprenait plus grand-chose, secoué par la fulgurance des événements. Il n'osait piper mot, trop concentré sur son interlocutrice ayant soudainement brisé les distances.
« J’ai tué plus de personnes que j’en ai l’air. Cela fait-il de moins quelqu’un de non-humain ? Pourquoi aurais-je le droit d’être ‘comme tout le monde’ et toi non ? Alors que j’ai pris des vies ? Parfois sans vraie raison ? »
Sa main grimpa le long de son torse pour assaillir son visage avec douceur. Aucune réponse ne naquit suite à cette interrogation.
« Être un monstre, qu’est-ce que ça veut dire au fond ? »
Une petite idée germa dans son esprit entravé par les chaînes de la confusion, mais il ne parvient pas à articuler le moindre mot en sa présence, clairement hypnotisé par ses prunelles bleus et le contact de sa main salvatrice.
« Parce que je ne vois rien de monstrueux ici … »
Il en oublia sa balafre un court instant, mais la première vision de celle-ci, aperçue dans un miroir dés son réveil chez le chasseur nommé Bladen lui ayant procuré les soins nécessaires à son rétablissement, gagna son champs de vision en surgissant comme un éclair. Cela ne changeait pourtant pas grande chose à son attitude. Même s'il l'aurait voulu, il ne serait pas parvenu à se dégager. La confusion et la faible allaient manifestement de paire. Mais peut-être qu'un autre élément agissait dans l'ombre et croissait au fil de la conversation ?
« Qu’est-ce que tu n’aimes pas, en vrai, Burnagore ? Toi-même ? »
Le mercenaire dut retenir son souffle. Cette question l'avait frappé comme un coup de poing dans le creux de l'estomac. Il n'en savait trop rien. Il se sentait coupable d'avoir été trahi par son meilleur ami, et que sa sœur soit désormais entre ses sales pattes. Il serra les mâchoires, manquant de se mordre la langue au passage. Les visages de sa famille défilaient devant ses yeux rouges, le dernier de la liste le laissa coi. Celui de sa sœur. Mais rien ne put remplacer la scène qui se jouait devant lui. Il sentit ses cheveux tirés par Kate et manqua de se redresser à la hâte. Rien à faire; échec cuisant.
« Je ne vois rien de détestable ici. Au contraire. »
Impossible de répliquer quoi que ce soit lorsque le baiser le laissa stupéfait. Il l'a senti également se blottir contre son épaule. Sa main porteuse de la soi-disant malédiction se posa doucement sur sa tête tandis que l'autre entoura délicatement Pheoinix, et il profita de sa chaleur bienfaisante, tout en restant attentif à ses dernières paroles.
« Nous ne sommes ni monstres, ni victimes. Nous vivons dans un monde où nous rendons la monnaie, c’est tout. »
Elle se serra davantage contre lui, et ce dernier l'accueillit avec douceur, respirant calmement tout en regardant sa chevelure blonde reflétant les quelques rayons de lumière émis par la lune. Comment diable en était-il arrivé à cela ? Il balaya cette question ridicule en clignant des yeux faute de pouvoir utiliser ses mains, puis entonna une réponse d'une voix posée.
- « Parfois, la note est trop salée pour être rendue en une seule fois. Et les intérêts la rendent encore plus impitoyable. Certaines croix ne s'effacent jamais, quoi que l'on fasse... mais ton humeur me surprend, tout autant que celle de ma sœur, à l'époque. Tu es forte. Et cette force, je n'arrive pas à l'obtenir. Celle que je détiens se noie dans les ténèbres, et non dans la lumière. ...Si l'on devait se comparer à quelque chose... »,fit-il en relevant la tête vers le ciel de jais. « Tu serais la plus brillante étoile qui soit ; je serais l'immensité ténébreuse qui l'entoure. »
Mais il ne daigna pas la lâcher, son esprit refusait de s'y atteler. Peu importait l'avenir pendant ce bref moment de répit et seul comptait le présent qui se déroulait à ses côtés. |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Sam 6 Fév - 18:44 | |
| “ Le Rouge et le Rose.Elle le serra un peu plus fort, blottie au creux de ses bras, plus à l’aise que jamais. Sa comparaison la fit rougir. Phoenix, une étoile ? Brillante et chaleureuse, guidant l’innocence et la candeur, amenant les marins à bon port. Une image de bonté, en somme. Ses prunelles vinrent chercher les flammes de Burnagore. Quelque chose en elle semblait s’être effacé. Une petite part de Phoenix se cachait, quelque part, intimidée. Mais par quoi ? L’ombre s’effaça, puis la blondinette, apparemment inébranlable, ressurgit de nulle part, comme si rien ne s’était passé. « Oui, mais l’un sans l’autre, ils ne sont rien, Burnagore. » Sa main caressa lentement sa joue, puis elle se détacha en s’éloignant lentement de Burnagore. Une fois centrée, seule au milieu de cet océan violacé, Phoenix écarta les bras. « Regarde le ciel. Tu vois toutes ces étoiles ? Elles scintillent, elles sont magnifiques. Mais si tu enlèves l’étendue sombre qui les entoure, que deviennent-elles ? » Phoenix revint auprès de Burnagore d’un pas souple, léger. Son sourire brilla de nouveau, plus fort. « Si on les sépare, il leur manque quelque chose. Une personne foncièrement méchante sera sombre, mais une part de lumière subsistera en elle, cette petite étincelle, au fin fond de son âme, qu’il a cachée, camouflée. Il y aura ça et, même s’il s’obstinera à dire non, à nier qu’il y a une peine ou quelque chose, il aura quand même quelque chose de beau. C’est ce qui le rendra tel qu’il est. » Elle inclina la tête, pensive. Son avis sur l’Homme, en règle général, pouvait probablement choquer certaines personnes, Phoenix le savait. Pour autant, elle ne craignait pas de s’ouvrir à cette homme, lui donner son opinion à ce sujet lui apparaissait comme totalement normal. Après un petit hochement de tête, Phoenix se redressa, toujours aussi souriante. « J’imagine qu’on a tous une part sombre et une part de lumière, que l’une domine parfois l’autre et n’est pas forcément comprise par l’Homme, mais c’est là. Il n’y a ni bon, ni mauvais être vivant, juste des personnes qui agissent selon une balance, avec leur propre morale. » Doucement, la blonde vint jusqu’à Burnagore et le prit à nouveau dans ses bras. Son nez se nicha au creux de son cou et elle inspira longuement. « Après tout, tu n’es pas qu’un océan sombre … Je vois énormément de lumière en toi, je vois toutes ces jolies choses qui sont là, qui sont étouffées par … la peine ? » Ses mains montaient et descendaient le long de son dos. « J’ai choisi d’illuminer le monde, de rayonner pour les autres. Mais au fond, j’imagine que je suis sombre, aussi. Que ma morale peut être bizarre. Que ma balance est parfois déréglée, ou ‘pas normale’, comme ils disent. » Phoenix soupira doucement, puis haussa les épaules. « J’imagine que mon dérèglement ne te dérange pas … Je me trompe … ? » Ses mains approchèrent le corps de Burnagore du sien, renouant ce contact brûlant, qui faisait très violemment battre son cœur. Elle les balada jusqu’à sa crinière, qu’elle tira doucement, et frotta le bout de son nez contre son cou, taquine. « Il faut croire que ma lumière brûle tes ténèbres … et inversement. » Son sourire devint presque carnassier. Elle releva la tête et fixa Burnagore. Ses prunelles céruléennes brûlaient, contraste presque surprenant d’un ballet ardent de prunelles glacées. « La lumière guide les ténèbres vers le bien, et les ténèbres la guident vers le mal. » Son sourire devint taquin, malicieux. Son cœur battait la chamade, entre l’excitation et l’amusement ingénu. Sa main remonta le long de sa joue. Ses yeux perdirent leur éclat brûlant et devinrent plus doux, sincères. « Je serai ta lumière. » Phoenix s’approcha lentement et posa sa tête contre son épaule. Elle ferma les yeux et exhala un léger soupir, tout à fait à son aise. Cet homme serait sa part de ténèbres, et elle le guiderait à travers ces derniers. Lumière salvatrice qui guide vers le bonheur. Ses bras remontèrent le long de son dos et elle le serra doucement, dans un câlin tout à fait innocent, mais au pouvoir infini. |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Dim 7 Fév - 2:19 | |
| En parlant des ténèbres et de la lumière, Burnagore pensait naïvement à son propre.... "mode de fonctionnement". Oui, ce terme convenait assez bien au personnage. Quand il se battait, depuis sa rédemption grâce aux bons soins de son ami chasseur, il baignait inexorablement dans les ténèbres. Il voyait rouge, certes, mais cette couleur morbide reflétait la noirceur de son cœur; elle brisait ses ennemis. Il n'en restait généralement que des morceaux de cadavres calcinés. Voila ce que lui évoquait ce ciel sombre, ces derniers temps. Des pensées relativement obscures et trop difficiles à exclure de son esprit maudit. Le mercenaire baignait quotidiennement dans le sang et croisait moult corps mutilés a tel point que ce genre de folie n'éveillait plus la moindre empathie pour ses victimes. Pourtant, une étoile perdurait en lui. Particulièrement discrète, tapie dans l'ombre étouffante de sa haine accablante. Et cette même lumière pouvait croître, si on lui en donnait la possibilité. Elle ne demandait qu'un stimulus susceptible d'en éveiller l'essence. Le tissage d'un lien salvateur. Rien de plus. En l’occurrence, ladite lueur miraculeuse se trouvait dans ses bras, au même titre que les étoiles situées dans le ciel, toujours entourées d'une gigantesque ombre indélébile. Dans l'instant, il ne pensait plus à détruire ni même à tuer. Il pensait... à vivre, tout simplement.
« Oui, mais l’un sans l’autre, ils ne sont rien, Burnagore. »
Le vengeur apaisé réprima un rire. Non pas parce que les dires de son adorable interlocutrice étaient drôles. Juste parce qu'il ne se rappelait plus de la dernière fois où son nom parvint à ses oreilles de la part d'une autre personne. Après tout, il ne fréquentait plus beaucoup de gens fiables depuis sa chute. Ses anciens employeurs puaient le complot, la sottise et l'avidité à plein nez. Burnagore menait ses missions à bien, certes, mais il ne tolérait pas leur orgueil. Vous l'aurez compris : certains commanditaires ne virent plus jamais le jour se lever après son passage. Bref, revenons-en plutôt aux faits. Burnagore, passif, se contenta de hocher la tête avant de suivre Phoenix du regard lorsque cette dernière s'éloigna sans se hâter. Le contact se sa main contre sa joue dura quelques instants de plus, malgré l'absence de la source de chaleur. Une infusion de lumière, en quelque sorte. Un éclat de bonheur ? Pour lui ? Quelle étrange soirée. Il en resta coi.
« Regarde le ciel. Tu vois toutes ces étoiles ? Elles scintillent, elles sont magnifiques. Mais si tu enlèves l’étendue sombre qui les entoure, que deviennent-elles ? »
Une question rhétorique. Les astres brillent en profitant du contraste apporté par la sinistre couleur enveloppante. Tout cela forme un tout. Burnagore contempla tout bêtement le ciel, localisant la Lune d'un air presque béât. Le jour, le ciel lui paraissait rouge écarlate. La nuit apportait son lot de consolation. Pour lui, le noir demeurait neutre, à l'instar des corbeaux qui ne collaboraient en rien avec sa personne lors des massacres. Les charognards dévoraient simplement les carcasses sans vie pour subsister. Aucun des leurs ne s'était posé sur l'épaule de l'Oiseau de Sang. Tous le suivaient pour assurer leur alimentation carnée. Burnagore haussa les épaules, sachant pertinemment que Phoenix prévoyait de continuer sa tirade. Il le savait avant même que le sourire de l'intéressée ne se manifeste.
« Si on les sépare, il leur manque quelque chose. Une personne foncièrement méchante sera sombre, mais une part de lumière subsistera en elle, cette petite étincelle, au fin fond de son âme, qu’il a cachée, camouflée. Il y aura ça et, même s’il s’obstinera à dire non, à nier qu’il y a une peine ou quelque chose, il aura quand même quelque chose de beau. C’est ce qui le rendra tel qu’il est. »
Elle brillait de par son optimisme. Phoenix vivait d'espoir, plus que n'importe laquelle de ses connaissances, à l'exception de sa sœur bienveillante disparue. Il lui rendit donc son sourire, de manière totalement inconsciente. Étrangement, sa cicatrice au visage ne le gênait pas. A contrario des esquisses habituelles impliquant de dangereux sourires mauvais, voire sataniques, en plein milieu des combats menés. Sa présente compagnie jouait le rôle d'un baume, soulageant les douleurs persistantes de son passé macabre. Elle n'effaçait en rien les trop nombreux traumatismes de sa vie, mais empêchaient les ténèbres malsaines de se répandre. De ce fait, pas la moindre tache rouge ne troublait sa vision.
« J’imagine qu’on a tous une part sombre et une part de lumière, que l’une domine parfois l’autre et n’est pas forcément comprise par l’Homme, mais c’est là. Il n’y a ni bon, ni mauvais être vivant, juste des personnes qui agissent selon une balance, avec leur propre morale. »
Son regard de braise, calme et reposé, contemplait la douce silhouette de Phoenix découpée dans la nuit noire. Les mots de cette dernière plainèrent dans son esprit purgé provisoirement de son fardeau écarlate. Bien et mal, lumière ou ombre. L'un ne pouvait pas demeurer sans l'autre. Au contraire, l'esprit humain, comparable à un champ de bataille, voyait s'affronter en permanence deux armées distinctes et pourtant si proches. Une blanche et une noire. L'un parvenait à l'emporter, et l'autre se terrait en reculant, pour espérer revenir à la charge plus tard, avec du renfort. Avec un soutien tant attendu, malgré tout ce que l'individu pouvait en penser.
- « Tu es bien la première personne que je connaisse qui accepte de penser de cette manière. Et pourtant, je ne te connais que depuis quelques minutes... ou quelques heures. J'ai perdu la notion du temps en ta compagnie », finit-il enfin par déclarer sans décrocher ses yeux pourpres de son interlocutrice volubile.
Burnagore ne se montrait pas distant le moins du monde. Il ne la voyait pas comme une folle capable de poignarder un homme sur un coup de tête. Non, il comprenait à peine sa propre réaction, à la rigueur. L'empathie ne faisait plus vraiment parti de son registre, jusqu'à présent. Et personne de sensé n'essayait de s'approcher de lui non plus. Le mercenaire sillonnait les sentiers de la forêt et les ruelles des villages alentours en émettant constamment une horrible tension, dissuadant quiconque d'entreprendre le moindre brin de causette avec lui. En l’occurrence, il ne regrettait pas d'avoir croisé Phoenix pendant qu'il broyait du noir, à ruminer ses pensées lugubres. Car dès lors, son aura de mort avait disparu dans la surprise. Le mercenaire réceptionna la danseuse tactile, ce simple geste devenait un réflexe.
« Après tout, tu n’es pas qu’un océan sombre … Je vois énormément de lumière en toi, je vois toutes ces jolies choses qui sont là, qui sont étouffées par … la peine ? »
L'espace d'un instant, une myriade de flashs perturbateurs s'engouffra dans les vides laissés par sa garde brisée. Il se revit chuter de la falaise, avisant le monde chavirer, tournoyer, basculer, s'alterner entre ciel et terre... puis l'image de sa sœur en larmes, en très gros plan. Sa main tendue. Inatteignable. Son cri, en proie au désespoir. Lointain. Une distance frustrante et impossible à combler. Et enfin un contact. Une main glissante, caressante, emprunte de douceur. Un geste apaisant, salvateur, bienvenu, longeant son dos recouvert de sa tenue de cuir bordeaux lacérée.
« J’ai choisi d’illuminer le monde, de rayonner pour les autres. Mais au fond, j’imagine que je suis sombre, aussi. Que ma morale peut être bizarre. Que ma balance est parfois déréglée, ou ‘pas normale’, comme ils disent. »
Le mercenaire fronça légèrement les sourcils en pensant aux autres créatures stupides capables de sortir de telles sornettes. A ses yeux de tels penseurs méritaient une lame dans le ventre. Ou dans la gorge. Un morceau de métal pointu assez efficace pour les faire taire, tout simplement.
« J’imagine que mon dérèglement ne te dérange pas … Je me trompe … ? »
Il secoua lentement la tête, reprenant petit à petit son expression sereine, toujours accroché à son aimable interlocutrice. Elle fit apparemment de même, et le cœur du vengeur tambourinait dans sa poitrine balafré. Ce même organe vital qui ne se manifestait que très peu lors des affrontements, cet élément supposé mort... battait à tout rompre.
- « Je serais un abruti de fini d'en penser le contraire. L'ombre et la lumière sont indissociables, tu l'as dit toi-même. Qui suis-je, sinon un tueur, pour te juger ? Ton 'dérèglement' n'a aucun impact sur moi », répliqua-t-il en posant une main chaleureuse dans le dos de Phoenix, répondant ainsi à l'étreinte accueillante de cette dernière.
« Il faut croire que ma lumière brûle tes ténèbres … et inversement. »
De nombreux éléments attirèrent son attention, en plus des mots prononcés par Phoenix. Son ouïe n'en ratait pas une bribe, au point d'écouter le cœur de la danseuse réagir à l'unisson, et son sens du toucher captait le délicieux contact des mains de celle-ci au même titre que la pointe joueuse de son nez. Il eut un léger rictus puis la regarda droit dans les yeux. Ces pupilles azurées l'hypnotisaient et cet étrange sourire renforçait la curiosité de Burnagore à l'égard de la danseuse. Elle parlait avec des métaphores mais l'ensemble de ses mots restaient parfaitement compréhensibles. Ils formaient donc une paire. Oui, et une paire bien étrange. Pourtant moins différente qu'il ne l'aurait cru au préalable.
« La lumière guide les ténèbres vers le bien, et les ténèbres la guident vers le mal. »
Une nouvelle expression naquit sur le visage de Phoenix. Elle donnait l'impression de s'amuser avec Burnagore. Mais ce dernier voyait plus loin que ça. Il ressentait quelque chose d'atypique pour elle. Il se sentait désarmé, littéralement. Même les vestiges de ses blessures en voie de cicatrisation demeuraient indolores. Toute son attention se focalisait sur la fille qu'il tenait entre ses bras. Quelqu'un qui lui ressemblait, capable de tuer autant que d'aimer.
- « Je n'aurais pas pu dire mieux. C'est... un cycle », surenchérit le mercenaire en détournant brièvement son regard rougeoyant vers la lune.
« Je serai ta lumière. »
Vive et touchante. Incapable d'émettre la moindre protestation à l'encontre de cette idée, il se laissa bercer dans les bras de Phoenix et le lui rendit bien malgré son accoutrement abimé et tailladé par sa récente tuerie. Pas un moment Burnagore ne pensa à son captif qui pourrissait à l'intérieur d'une baraque en ruine, non loin de cet hameau. Il profitait étonnement de cet instant, chérissant le danseuse pour sa bienveillance. Sentiment de bonté autrefois écrasé par sa colère, sa rage, sa haine et son intarissable soif de vengeance. Une part d'humanité s'accrochait à lui avec insistance, et il ne ressentait plus le besoin de se protéger de celle-ci. Quant bien même "Haine" déciderait de lui jouer des mauvais tours plus tard. Son main droite glissa volontairement dans la chevelure dorée de Phoenix et les lui caressa doucement, tandis que son opposée serra le corps de la danseuse contre le sien.
- « Un privilège. Je veillerai alors à ce que personne ne cherche à en dévier le rayonnement bienveillant. Tout comme la Lune, tu resteras inatteignable aux yeux des autres, insondable. Et mes ténèbres chercheront toujours à te satisfaire pour que ton éclat n'est aucun égal parmi la voûte céleste », dit-il en tout franchise, profitant pleinement de l'instant présent.
Ses épaules lui paraissaient si légères. Comme si bon nombre de chapes de plombs s'étaient volatilisées en l'espace de quelques secondes. Sa conscience se joignit à cet agréable statut prônant la sérénité plutôt que les remords intempestifs. Tout se passait dans ce cadre nocturne, sous une petite brise fraîche, à côté d'une fontaine qui tenait presque du rêve, de l'illusion. Les clapotis de l'eau rendaient cette pensée obsolète, ramenant l'esprit du vengeur à la réalité.
- « J'ignore pendant combien de temps encore je resterai dans l'anonymat aux yeux de tous. C'est malheureusement une nécessité et une protection pour mes proches encore en vie. Les ténèbres, quoi qu’oppressantes, peuvent nous éviter bien des déboires. Momentanément, certes... », continua Burnagore, méditatif. « ...Mais certaines têtes doivent tomber. Ça aussi, c'est une nécessité. Le monde est vaste, mais peut facilement devenir trop petit pour accueillir des personnes trop différentes, trop... dangereuses. »
Burnagore ne souhaitait pas gâcher ce moment de bonheur avec ses histoires de vengeance, mais il devait la prévenir. Nul ne savait de quoi l'avenir serait fait. Les ténèbres et la lumière bataillent au quotidien, après tout. Et maintenir la balance représentait un sacré challenge pour lui... le sang versé jusqu'ici en disait long sur son avenir, mais pas suffisamment pour en prévoir toutes les conséquences.
Dernière édition par Burnagore le Dim 17 Avr - 14:38, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Dim 3 Avr - 14:50 | |
| “ Le Rouge et le Rose.Petite, je rêvais de toucher les nuages. C’est peut-être pour ça que j’aime autant le trapèze.Ses mains enserrèrent un peu plus Burnagore. Une sensation étrange, agréable, qui pourtant se dissipait lorsque la haine de l’homme revenait. Les instincts irrépressibles, dévorants, qui faisaient de cette créature le plus violent prédateur. L’homme était habité par le Mal, une grande partie de lui tendait vers cette force surnaturelle, dangereuse. Toutefois, ce Beorc s’y était perdu, peut-être même un peu trop. Une partie entière de son âme était submergée par ce besoin de violence. Faire tomber des têtes, hein … Phoenix soupira légèrement. Peu importait à quel point ce jeune homme tendait vers elle, peu importait comme elle le traînait vers la lumière ; trop de parties de lui se trouvaient perdues loin de la surface, dévorées par quelque chose que la blonde ne comprenait que trop bien. Une douleur trop forte, beaucoup trop forte. Mais à cause de quoi ? Comment l’Homme pouvait-il autant se perdre ? La danseuse posa sa main sur l’arrière de la tête de Burnagore et serra doucement ses cheveux. Cet être blessé de toutes parts, perdu trop loin, beaucoup trop loin dans les abysses. Phoenix n’était pas certaine de pouvoir le sauver. Le voulait-il, au fond ? Certaines personnes ne voulaient pas être soignées, après tout. Elles se perdaient joyeusement dans leur propre Mal, se laissaient dévorer. Au fond, peut-être se sentait-il mieux au milieu de ses ténèbres ? Une piste intéressante à exploiter, bien que terriblement triste pour la jeune femme. Être la lumière des autres, s’oublier, disparaître pour faire revenir le sourire de l’Homme. Était-ce réellement possible, finalement ? Danser pour eux, leur faire oublier l’espace d’un instant qu’ils étaient malheureux, dévorés par leurs monstres. Avait-il oublié sa Haine, ce soir-là ? Les prunelles de Phoenix vinrent chercher les rubis du jeune homme. Elle capitula. Peut-être était-ce sa seule solution, jusqu’à leur prochaine rencontre. Ou peut-être avait-elle réussi, ne fût-ce que l’histoire de quelques minutes, peut-être une heure. Elle lui sourit gentiment. « Tant que tu ne te perds pas entre temps … » C’était tout. Tant qu’elle ne le perdait pas. Tant qu’elle savait qu’ils se croiseraient plus tard. Qu’il ne mourrait pas. Il ne devait pas mourir. Il n’en avait pas le droit. Personne ne devait mourir, même si tout le monde mourait au final. Phoenix se disait surtout qu’il devait échapper à ses propres ténèbres. Tant qu’il ne se faisait pas dévorer. « Je n’ai aucun problème avec le fait que tu fasses tomber des têtes. Je veux juste … que tu reviennes. » Elle inspira longuement, ferma les yeux. Lorsque ses saphirs ressurgirent, ils étaient tachés. Ombragés par une triste expression. Celle d’une enfant. Perdue. Apeurée. « En vie. » Elle ne pouvait pas en perdre un de plus. Pourquoi s’entichait-elle toujours des plus violents ? Des plus entêtés ? Au point de se perdre eux-mêmes ? Phoenix haussa doucement les épaules et lâcha ses cheveux. Son sourire revint, radieux. Il chassa les ombres et la tristesse. « Comment veux-tu protéger la lumière, sinon ? » Sa main remonta caresser sa joue, pleine de tendresse. La danseuse fragile, qui dansait sur le propre fil de sa vie, de sa tristesse, semblait s’être évaporée, à nouveau chassée par cette habile acrobate. Elle semblait n’en avoir cure, à juste passer et repasser sur les bonheurs, sans même connaître une seule période d’essoufflement. Une danseuse. Heureuse. Un clown. Souriant. Phoenix. La lumière, sans tache d’ombre. Du moins, pas pour les autres. « Nous nous reverrons. Mais pour ça, tu dois être en vie. Vois-le comme un pacte. » Elle lui tira la langue, en toute insouciance. Phoenix, le retour de la petite fille. La demoiselle le prit par la main et se tourna vers les ruelles. « Tu as un endroit où dormir, monsieur le vagabond ? » La dernière étape. Il fallait bien qu’il rentre quelque part, non ? Ou alors peut-être devait-il partir ? Vagabonder toujours plus ! Certaines personnes ne s’arrêtaient jamais. « Je peux peut-être t’emmener avec moi … À toi de voir si tu n’as pas peur que ma lumière … te brûle. » Les derniers mots étaient tombés d’entre ses lèvres lentement, avec … beaucoup de malice. Son sourire était devenu carnassier, encore plus perturbant que celui d’un prédateur. Elle tira sur sa main et effectua une petite pirouette pour se retrouver contre lui, ses prunelles océan noyées dans la lave de Burnagore. « Allez, viens, il faut partir de toute façon. On verra le reste plus tard. », finit-elle par lâcher en riant. Qui sait où la vie me mènera. Peut-être dans un endroit encore plus amusant que le ciel. |
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| Sujet: Re: Le Rouge et le Rose. [Burnagore] Dim 17 Avr - 17:52 | |
| Devait-il toujours laisser son passé le rattraper ? Même dans les moments les plus... doux ? Face aux bandits et autres raclures humaines du genre, il n'y voyait aucun inconvénient et faisait montre d'une cruauté sans limite. Après tout, les visages moqueurs et méprisants des bourreaux de ses parents continuaient de le hanter, à l'instar de sa chute dans le monde du mercenariat. Son poing sanglant brandissait donc une lame souillée, exterminant le mal environnant avec un mal encore plus terrible. Un mal intérieur. Une vie couverte d’infamies, il fallait s'en rendre compte... ou plutôt tristement s'en rendre compte. Tristesse et haine dans un ragoût de désespoir. Un pilier de son existence s'était effondré, soufflé par les inimitiés et les aberrantes exactions de ses anciens amis. La confiance, érodée par le sang, faisait désormais à peine parti de son vocabulaire. Il ne croyait plus qu'en sa sœur, mais celle-ci n'était plus là pour le soutenir. Alors... que lui restait-il ? Seulement sa haine et sa colère ? Etait-il vraiment tombé aussi bas que ça, manipulé par des visions cauchemardesques et d'implacables pulsions meurtrières ? Il se noyait petit à petit dans le sang versé... et risquait d'aller à l'encontre des avertissements d'Agnan Daeroth pour devenir un démon. Rien de plus simple, après tout. Tuer, tuer et encore tuer. Sombrer dans la déraison et briser la morale. Le quotidien, désormais... Mais... non ! La lumière existait encore, bordel ! Nul besoin de tendre la main pour aller la chercher, car cette dernière était sortie de nulle part en l'espace de quelques secondes. Elle se nommait... Phoenix. Inconnue de prime abord, pas très grande, énergique et... irrésistible, attirante et encore plus implacable que la haine qui habitait le vengeur. Cette émotion destructrice perdait en puissance lorsqu'elle se tenait devant lui, près de lui... lorsqu'elle le touchait, le serrait. Une vie de souffrances momentanément purgée.
« Tant que tu ne te perds pas entre temps… »
Il préférait de loin que ses ennemis se perdent à sa place en leur donnant un petit coup de pouce pour se faire, mais réprima cette idée pour ensevelir sa haine. Au diable les soucis pour cette nuit. Ça le torturait plutôt qu'autre chose. Alors Burnagore se mit à penser comme sa sœur le ferait, c'est-à-dire en voyant uniquement le bon côté des choses. En se focalisant sur la jeune fille blonde qui l'observait intensément. Quelqu'un tenait à ce qu'il vive, et cela le changeait radicalement de son quotidien sanglant. Mais il ne put prononcer le moindre mot. Certainement pas avant son interlocutrice.
« Je n’ai aucun problème avec le fait que tu fasses tomber des têtes. Je veux juste… que tu reviennes. »
Il déglutit, se demandant s'il serait vraiment capable de se tenir droit à l'avenir, au milieu du sang... et surtout si ça vie ne se terminerait pas entre-temps. Mais il ne pouvait pas reculer, il s'en sentait incapable, pris dans un étau, le cœur serré. Il côtoyait la Mort tellement souvent que sa propre vie prenait la forme d'une lame affilée. Et si jamais cette dernière finissait par se briser, il disparaîtrait avec elle. Une sombre voie faite d'acier et de sang... Mais peut-être tenait-il à la changer, en fin de compte ? Là encore, il n'émit pas le moindre son, même si sa bouche demeurait entrouverte.
« En vie. »
Un mot. Comment ce simple mot pouvait-il le troubler à ce point ? Il voyait son propre reflet dans les yeux azurs de Phoenix et ne sut quoi dire de sensé. Le mercenaire aurait dû la remercier pour tant d'attention. Faire montre d'une grande reconnaissance, car il ne la méritait pas. Mais c'était au-dessus de ses forces. Il la contemplait, droit dans les yeux... tristement muet.
« Comment veux-tu protéger la lumière, sinon ? »
Il poussa un bref soupir, vaincu par les mots. Par sa propre métaphore en plus, quelle ironie. Qu'espérait-il réellement ? Face à sa propre sœur, il n'en menait pas large, contaminé par sa bonne humeur, entraîné par la bonhomie de la cadette. Maintenant, il devenait aussi cruel que ses bourreaux et cette pensé le fit frémir. Son chemin bifurquait dans les profondeurs des ténèbres, et sa bonne conscience prenait d'odieuses teintes. Des couleurs macabres... mais il restait encore un peu d'espoir... un petit éclat luminescent. Les douces caresses de Phoenix éclipsèrent les taches sombres et virulentes de son esprit sali et le ramenèrent à la réalité. Pas dans un monde rouge sang, mais plutôt au beau milieu d'une nuit éclairée par un ciel étoilé. Et la plus belle étoile se trouvait étonnamment proche de lui.
- « Je... Tu marques un point », souffla Burnagore d'une voix fluette, avant de se reprendre : « Illuminé par tes mots... et par ta présence »
Le mercenaire venait de mettre un pied dans un halo de lumière mais ne s'était pas brûlé pour autant. Lui qui ne vivait que dans l'ombre et qui croyait forcément se brûler les ailes... Quelle surprise. Lumière salvatrice ou simple moment d'égarement ? La confusion régnait. Néanmoins, son intensité s'amenuisait et laissait place à quelque chose de plus agréable. Des sensations qu'il pensait anéanties avec ses jolies perspectives d'un avenir radieux.
« Nous nous reverrons. Mais pour ça, tu dois être en vie. Vois-le comme un pacte. »
Burnagore hocha la tête sans même s'en rendre compte. Un geste presque machinal, incontrôlé. Un tel pacte rendrait sa mort plus lourde de conséquences. Il le savait. Sa vie n'avait pas de grande valeur pourtant. Surtout avant cette rencontre. Il n'était pas question de se suicider non plus, mais son objectif primait sur son propre bien-être. Peu lui importait les dégâts subis lors de ses chasses à l'homme, pourvu que les concernés se vidaient de leur sang. Mais ce pacte-là risquait d’accroître sa prudence et son envie de vivre. Il ne changerait rien pour la vie de ses victimes, mais allait bouleverser le sienne. Cela en devenait presque effrayant... Et pourtant, il acceptait cette idée. Un contrat radicalement différent des autres.
- « D'accord. J'accepte. Pour toi et pour l'avenir », répondit-il avec plus d'assurance qu'il ne l'aurait cru possible.
Phoenix lui... tira la langue. Ce changement d'attitude le fit encore une fois sourire. Il trouvait cela mignon mais n'oserait jamais le dire à voix haute. Dans une meilleure époque, il aurait très certainement ri de bon cœur et se serait montré bien plus ouvert. Il devait se contenter de sourire, car une telle expression sur son visage demeurait tout de même assez rare et compliqué à esquisser. La danseuse noua de nouveau un contact avec lui, toujours aussi agréable et réconfortant, et détourna son attention vers les ruelles.
« Tu as un endroit où dormir, monsieur le vagabond ? Je peux peut-être t’emmener avec moi… À toi de voir si tu n’as pas peur que ma lumière… te brûle. »
Il parut interloqué, les sourcils levés, l'air surpris. Pire encore, il se demandait si Phoenix s'adressait à quelqu'un d'autre tant il ne s'attendait pas à cela. Burnagore jeta un regard dans les environs, incrédule. Ou alors, quelqu'un lui avait balancé un sort. De la magie noire, ou quelque chose d'aussi infamant ! Il détestait les bassesses de ce genre. Ces sortilèges morbides, ces pouvoirs occultes... et encore plus le caractère machiavélique de leurs envoûteurs. Puis il se trouva ridicule, haussa les épaules, sentit l'une de ses plaies éveiller ses sens et contempla son interlocutrice. Ni rêve, ni illusion. Burnagore dormait à la belle étoile, la plupart du temps. Néanmoins, cette nuit-là, il allait la passer dans une maison abandonnée. Dans son petit monde lugubre arrosé par les meurtres. Un endroit destiné à châtier un salopard de traître. Une proie et une vengeance laissées en suspens car l'intéressé détenait des informations sur sa petite sœur. Il devait se raisonner, s'éloigner d'elle pour son bien. Il aurait dû s'y prendre dés le début. Littéralement hypnotisé par cette dernière, il n'en fit rien. Il se mit à rire... Oui, à rire. Un rictus franc et pas le moins du monde maléfique, à contrario de tous les autres. Exactement comme avec sa sœur par le passé, loin des tortures psychologiques et de l’oppressante solitude des derniers jours.
- « J'ai toujours trouvé le feu joli. Plus encore quand il n'est pas destructeur, à l'image de l'âtre dans la cheminée... mais je doute que l'on puisse comparer quelques braises à ma fascinante interlocutrice ! » dit-il sur un ton jovial.
Et encore moins au feu de son Ignifer. Mais valait mieux ne pas ébruiter l'existence d'une capacité aussi destructrice et cruelle. Triste reflet de sa haine vengeresse. Non, Phoenix représentait l'exact opposé à ses yeux. Elle n'était pas saine pour autant, étant donné qu'elle avait tranché la gorge d'un soûlard en chemin. Au mieux, cela leur faisait un point commun, loin de déplaire au vengeur. Bref, autant laisser le brasier de la haine s'éteindre dans la nuit et essayer de l'oublier un peu... au profit d'une flamme plus plaisante à regarder. Étonnamment simple lorsque l'intéressée se retrouva contre lui à lui rendre son regard.
« Allez, viens, il faut partir de toute façon. On verra le reste plus tard. »
Burnagore la suivit, les yeux rivés sur elle, soulagé d'un poids sur ses épaules meurtries. Le rire de Phoenix se perdant doucement dans le petit village, à travers la place, à travers la nuit. "Aux heures sombres, les sombres affaires" disaient les mercenaires. Le contraire méritait qu'on y prête davantage attention. Aux heures propices, loués soient les bons moments. - Sorry X.x:
Profondément navré pour le retard. X.x Ce poste m'a pris... trois heures et demi de rédaction. xD Trop dur à rédiger en semaine, bien plus que d'habitude en parallèle avec les autres fofos. Méaaaa culpaaaaaa ! *S'agenouille*
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