Sujet: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Ven 26 Déc - 18:29
La foret de Serenes… un lieu de pureté, sanctuaire de la toute puissante Ashera, son jardin secret, là où vivaient jadis ses magnifiques hérons. Aujourd’hui, ce n’était plus qu’une forêt souillé par bien des vices humains. Repère de bandits, victime de la hache des bucherons, tout une armée de profanateurs détruisent cet endroit qui n’aspirait pourtant qu’à représenter l’ordre le plus parfait.
Et parmi les immondices, Shikonai était une des pires souillures qui puissent pénétrer cet endroit…
Installée au pied d’un arbre, la petite fille tentait de se reposer un peu. Voilà bien des jours qu’elle a cavalé en ne s’accordant que peu de répit. Affamée, assoiffée, elle a trouvé refuge dans le sanctuaire d’Ashera, trainant son frêle corps comme elle pouvait. Une flèche a transpercé sa côte et le manque de soins a infectée sa plaie. La fièvre l’a pris et elle souffrait au moindre mouvement. Luttant contre le délire qui tentait de s’emparer d’elle, elle faisait bouillir des herbes à appliquer sur sa plaie pour la nettoyer. Dans sa tête, les images de sa dernière fuite s’imposaient. Elle a manqué de vigilance, on l’a repéré en train d’assassiner une famille de par sa magie noire et la voilà contrainte à lutter et fuir. Si cette flèche ne lui a pas coutée la vie, l’infection pourrait bien s’en charger.
Et il n’est pas dit qu’un apprenti sorcier ne l’invoque par mégarde avant bien des années. D’ici là, tout son travail aura été réduit à néant.
Shikonai, mordant une branche, nettoyait sa plaie avec un linge propre. Chaque contact était un supplice pour son frêle petit corps, mais le plus dur restait à venir, il le savait. Lentement, il extirpa une feuille bouillie et l’approcha de la plaie d’un rouge aussi sombre qu’inquiétant.
Le cri de douleur qui suivit engendra une envolée d’oiseau à travers toute la forêt.
Dans un effort sapé par la fièvre, Shikonai termina ses soins avant de s’effondrer au pied de l’arbre, épuisé. Il n’a pu étancher que sa soif dernièrement et il n’avait plus rien à manger, ajoutons à cela la maladie et il ne se faisait que peu d’illusions sur ses chances de survie. Lui, l’être des ténèbres, pourrait bien mourir dans ce lieu sanctifié. La déesse en adonc décidée ainsi. Il allait mourir ici…
Il se doutait bien que ça pourrait arriver… ce corps d’enfant n’était pas conçue pour la grandeur de sa tâche.
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Ven 26 Déc - 20:02
Acte III ~ Scène 3 : Retrouvailles.
Serenes. Lieu légendaire et saint où vivaient les hérons il y a longtemps. Cet endroit est connu par tout le monde en Tellius : le massacre a été l’un des plus grands événements du monde. Deux camps opposés, et encore la haine qui surgit de nulle part. Elle détruit tout, cette saloperie. Personne ne se rend compte de son pouvoir dévastateur, au contraire : ils la suivent tous, ils l’adulent sans même le voir. Qui en pâtit ? Les Laguz. Pourquoi ? Parce qu’ils sont différents. Tu soupires. Cette histoire t’a toujours révulsée, et tu as toujours rêvé de voir la forêt pour de vrai. Tu n’as pas eu le temps de t’y rendre, au départ ; ton carnet de route a légèrement été modifié. Maintenant que tu es libre, tu comptes bien en profiter !
Tu vagabondes tranquillement dans ces vestiges, intriguée par le lieu. Certaines têtes apparaissent çà et là, parfois des oiseaux, parfois des hommes. La pureté souillée, là où les hommes se sont établis contre l’ordre naturel des choses. Ils n’auraient jamais dû être ici, jamais. Mais ils en ont voulu autrement. Ils ont réduit cet endroit à l’état de légende sacrée, pourrie par l’humanité. Ils. Toujours eux. Tu pestes un coup, rageuse. Le prochain qui passe, tu le …
« GYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »
Tu relèves les yeux, troublée par ce cri strident. Une flopée d’oiseaux passe au-dessus de ta tête, choquée par la violence du bruit. Tu penches la tête. Ce lieu est encore pire que ce à quoi tu t’attendais. Alarmée, tu t’élances en provenance du son. Dans ta course, tu réfléchis aux circonstances. Déjà, c’était une femme, vu le bruit aigu. Mais ensuite : pourquoi ? Comment ? Une blessée ? Une victime ? Quelqu’un qui est simplement tombé d’un arbre ? Ce serait surprenant, on ne hurle pas comme ça après une toute petite cascade, à moins de s’être très violemment amoché. Alors quoi ?
Tu accélères le mouvement, inquiète. Une fois atterrie, près de la victime, un grand sourire naît sur tes lèvres : tu connais cette petite fille, oh, oui, tu la connais. Le fait que cette enfant soit vivante ne te choque pas, cela dit, ton état te surprend légèrement : dans quel foutoir s’est-elle encore mise ? Tu t’approches rapidement, regardant le bazar qui l’entoure.
« Rahlala. Toujours aussi inconsciente, petite. »
Tu inspectes la demoiselle, constatant les blessures. Qu’est-ce qu’elle a fichu pour en arriver là ? Personne ne se fait transpercer les côtes sans raison, si ? Et surtout, qui est assez inconscient pour laisser une telle plaie s’infecter ? Tu penches la tête. La plante avec laquelle elle se soignait a, semble-t-il, bien réparé les dégâts. Pourtant, quelque chose cloche quand même. Tu la soulèves, la secouant sans trop la brusquer pour la ramener sur la terre ferme. Elle est fragile, en très mauvais état.
« Hey, lève-toi, petite. »
Elle est pâle, toute creuse. Cette môme est complètement cinglée : il faut manger quand on est en pleine croissance. Manger, dormir. Arrêter de cherche les emmerdes. Ah, faut tout leur apprendre à ces petits ! Tout ! Malheureusement, pour leur faire comprendre, c’est autre chose. Tu la secoues encore un peu, jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment sortie de sa transe pour pouvoir te comprendre.
« Tu t’souviens d’moi ? » Tu lui souris gentiment, avant de farfouiller dans ta sacoche pour lui tendre un bout de viande séchée, accompagnée de fruits frais. « Tiens, mange, tu en as besoin. »
Tu n’es pas la plus douée de toutes à ce jeu-là, tu ne seras jamais infirmière, mais tu t’y connais suffisamment dans bien des domaines ; là, la môme a besoin de manger, puis de vrais soins. Et du repos. Beaucoup de repos. Si elle veut mener à bien ses projets, faut pouvoir survivre, même si personne n’espère que ses desseins viennent au monde.
« Après, je regarderai ta blessure. Faut arrêter de te la jouer guerrière, tu vas y passer si tu continues. »
❝ Shikonai ❞
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La fièvre l’emportait, plongeant l’enfant dans ce miasme de délire. Elle avait chaud, très chaud. Dans sa tête, des images de sa précédente incarnation, un spectacle de noirceur et de folie pure. Cette geôle froide, sinistre, pestiférée, ces jours de torture qui marquèrent à jamais le corps de cet enfant, ce rituel païen pour convoquer les forces des ténèbres. Shikonai pensait avoir laissé tout ça derrière lui, mais voilà qu’une simple fièvre ramenait tout ça sur le tapis. Il a tué son père, il a détruit la demeure familiale, c’était fini tout ça !
Fini… oui… la faim et la maladie auront raison de ce petit corps, c’en était fini de lui, il allait retourner aux ténèbres et s’endormir il ne savait combien de temps avant de revenir dans le monde des vivants et reprendre sa tâche, probablement depuis le début… En attendant, elle se laissa sombrer dans ce sommeil douloureux et plein de délires d’un passé révolu.
« Rahlala. Toujours aussi inconsciente, petite. »
Une voix la tira de cette torpeur… l’enfant connaissait cette voix, elle l’avait déjà entendue. Qui était-ce ? Impossible de voir, sa vue était trop trouble. De la silhouette n’était discernable que des tâches d’ombres sur fond lumineux et aussi une certaine tâche pâle au centre, là où devait se trouver le visage.
L’inconnue souleva alors Shikonai, ravivant la douleur qui lui arracha contre son gré un couinement plaintif.
« Hey, lève-toi, petite. »
L’inconsciente ! Elle n’a pas remarquée qu’elle était mal en point ? La blessure sur le flanc ? La chaleur anormale de son corps ? Qui était-elle, cette femme insensée pour oser la toucher et la secouer sans ménagement ?
« Tu t’souviens d’moi ? Tiens, mange, tu en as besoin. »
A manger ? Shikonai cligna des yeux une fois, deux fois, trois fois, tentant tant bien que mal de chasser cette brume devant ses yeux épuisés. Finalement, les lignes se clarifiaient, elle aperçut le morceau de viande, les fruits et le visage de sa sauveuse…
« Vous… le corbeau du cirque. »
Oui… les images revenaient. Ce cirque itinérant, la Laguz exhibée aux yeux de tous, le directeur qui lui rappelait tant son père. Tant de souffrances, tant de colère et Shikonai qui se revoyait en elle. Ah, si le directeur n’était pas un élu de la lumière si puissant, peut-être n’y aurait-il pas eu autant de souffrances.
« Après, je regarderai ta blessure. Faut arrêter de te la jouer guerrière, tu vas y passer si tu continues. »
Des soins… Shikonai aurait aimé répliquer, s’emmitoufler dans sa fierté, la repousser, lui rendre sa nourriture, partir, mais le premier geste qu’il esquissa, un pas en arrière, le fit retomber au sol, sur les fesses. Ca tanguait, comme sur un navire en pleine tempête, ça tournait autour de lui. Trop faim, trop faible. Fichu corps en pleine croissance. Et la fièvre… maudite fièvre…
Ravalant sa fierté, il arracha un morceau de viande et le mastiqua avant de l’avaler.
« Qu’est-ce que vous faites ici ? Qu’est-ce qui est arrivé à cette pourriture de directeur ? »
Cette pourriture… ah, quelle joie ça aurait été de le détruire soit-même ? D’abords son âme, puis son corps, puis lui crever les yeux, lui arracher la langue… oui, quelle joie. Mais si le corbeau était là, hors de sa cage, sans laisse ni surveillance, alors il était fort probable que…
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Dim 4 Jan - 23:05
{ III, 3 : Retrouvailles.
Un murmure, une manifestation de vie. Tu lui souris et hoches doucement la tête. Oui, c’est bien toi, le corbeau du cirque. La fille pas très douée qui s’est retrouvée emprisonnée entre les griffes d’un malade mental. Ouaip’, Maëlly, première du nom, pas très maligne mais qui s’en est quand même sortie. Ça implique que tu fasses bien plus attention, désormais, n’est-ce pas ? Tu progresseras, deviendras plus forte, plus réactive. Tu n’es encore qu’un petit corbeau en vadrouille, même si tu aimerais que ce soit davantage. Un corbeau ambassadeur, avec des armes ! Ouais, nan, arrête, Maë. Tu reprends le cours de tes pensées, suivant l’évolution de la demoiselle avec attention. Cette petite fille t’a toujours épatée. Comment un corps aussi frêle peut prétendre à de telles ambitions ? Ça t’échappe totalement. Surtout que maintenant, elle est dans un sale état.
Au moins, l’enfant accepte de manger sans rechigner, mâchant lentement le morceau de viande que tu viens de lui donner. Vient enfin la question fatidique, la grande question, celle à laquelle toute personne dans ta situation aurait pensé. Après tout, tu as rencontré cette petite fille au moment de ta prison, tu te souviens ? Alors, qu’est-il arrivé au grand méchant loup qui te retenait ? Tu baisses la tête, sans tenter de contenir ton sourire. « Il est mort », ce serait trop simple comme réponse, non ? Il lui est arrivé … bien pire.
« Une nuit, deux hommes sont venus jusqu’à ma prison. Je ne les connais pas, je ne sais même pas quels sont leurs noms. Ils sont venus, ont vu ma situation et le maître est sorti. Il a crié, il a râlé très fort, mais il pensait sûrement qu’il les aurait facilement. Pourtant, en nous y mettant à plusieurs, nous avons réussi à l’humilier, jusqu’à lui ôter la vie. Il est tombé, et quand il a touché le sol sans pouvoir se relever … J’ai compris que j’étais libre. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé après. Je me suis écroulée par terre. Quand je me suis réveillée, il n’y avait plus personne. »
Quel passé. Et dire que tu n’étais partie que pour un petit voyage, au départ … Tu ne te serais jamais attendue à ça et même si on te l’avait dit, tu n’y aurais pas cru. Mais voilà. Ce qui est arrivé est indélébile, tu as appris à vivre avec. Cette petite fille en est le témoin. Maintenant tu vas mieux, c’est le principal. Enfin. Physiquement, tu vas mieux. Mentalement, c’est une autre histoire.
« Depuis, j’ai repris mon voyage et d’autres choses se sont passées, mais ce n’est pas important. »
Tu la gratifies d’un gentil sourire avant de t’approcher d’elle. Ses blessures. C’est l’autre chose que tu dois contrôler. Cette petite suicidaire ne fera jamais le poids face à la vie, sinon. Même en se prenant des pêches monstrueuses en pleine tête, l’enfant n’arrête pas sa quête. Est-ce honorable ? Punissable ? Tu ne sais pas trop. Tu hésites énormément, sur le coup. Poursuivre ses desseins, c’est bien ; poursuivre ceux-là … un peu moins.
« Allez, faut contrôler tes blessures. »
Tu t’approches tranquillement de la gamine, te mets à sa hauteur. Ses vêtements sont dans un sale état, alors qu’est-ce que ça doit être en-dessous. Tu tires légèrement sur le bout de tissu, soulevant une jolie plaie béante. Tu écarquilles les yeux.
« Et tu tiens le coup ? »
Cette remarque t’échappe, partie plus que naturellement. Y a sûrement quelque chose de transpercé là-dedans. Cette petite est inconsciente, qu’est-ce qui lui passe par la tête ? Étant une marquée, elle est sûrement âgée, mais même ! Personne n’est aussi immature passé un certain âge, alors quoi ? Les fanatiques devraient arrêter de fumer de l’herbe, ça les rendrait moins cinglés. Tout ça pour un Dieu qui ne les regarde même pas. Si elle avait été en état, tu lui aurais flanqué une gifle monumentale dans la figure, sans même savoir si ça servirait à quelque chose. Tu soupires.
« Comment t’as fait ça ? Vu ton hurlement, t’as dû un peu y toucher, mais les soins prodigués ne sont pas suffisants … »
Tu sors un bandage, une plante et une potion de ta besace. Tu as trouvé tout ce bazar en passant. Les voyages, ça a du bon, en fait. Tu donnes le breuvage à l’enfant, pendant que tu prends la plante médicinale. Tu lui tends un bâton que tu as plongé dans l’eau non-loin de vous. « Tu serres ça bien fort entre tes dents. » Un peu après, tu écrases doucement l’herbe avec un peu d’eau, jusqu’à avoir une pâte verdâtre. « Tu serres bien ? » Tu poses la pâte sur sa peau, tout autour du trou, l’appliquant comme un baume, jusqu’à ce que cela s’imprègne bien. Tu n’es pas très douée en suture, donc tu espères que les remèdes que tu lui as donnés suffiront. Une fois la pâte bien étalée, tu prends le bandage et tu le passes autour de sa peau, de façon à l’entourer deux fois. Cela devrait faire l’affaire, au pire tu l’emmèneras voir des clercs.
« Tiens. Si ça ne s’améliore pas avec ça, on ira dans un village chercher quelqu’un pour t’aider. Bref. Qu’est-ce que t’as encore fait d’héroïque, Mademoiselle ? »
❝ Shikonai ❞
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Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Mar 6 Jan - 2:10
In horto sordida castitate
Did you really feel my pain ?
Shikonai pv Maëlly
De l’aide… bien qu’elle n’en veuille pas, elle devait mettre sa fierté de côté et accepter le soutien de cette femme. Pourquoi l’a-elle épargné, déjà ? Elle ne savait plus, la fièvre l’empêchait de réfléchir posément. La seule certitude, c’est que ce corbeau lui sauvait la vie plutôt que se repaitre de sa charogne. Un miracle que l’enfant aie su la reconnaître, déjà, preuve aussi qu’elle n’était pas encore prête à mourir.
La seule chose que pouvait faire Shikonai en cet instant, c’était mettre de côté sa fierté, manger sa viande et laisser, consciemment ou non, cette femme la tirer des griffes de la mort. Qui sait, peut-être pourra-il ensuite mettre un terme aux souffrances de cette femme par la suite, avant de reprendre sa quête ;
« Une nuit, deux hommes sont venus jusqu’à ma prison. Je ne les connais pas, je ne sais même pas quels sont leurs noms. Ils sont venus, ont vu ma situation et le maître est sorti. Il a crié, il a râlé très fort, mais il pensait sûrement qu’il les aurait facilement. Pourtant, en nous y mettant à plusieurs, nous avons réussi à l’humilier, jusqu’à lui ôter la vie. Il est tombé, et quand il a touché le sol sans pouvoir se relever … J’ai compris que j’étais libre. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé après. Je me suis écroulée par terre. Quand je me suis réveillée, il n’y avait plus personne. »
Mort… l’homme était mort, ce rebus régurgité par la lumière, ce faux apotre de la lumière, cette souillure qui salissait la beauté de ce monde est mort. Tant mieux, tant mieux… Même si Shikonai aurait mille fois préféré être son bourreau plutôt que celui de deux inconnus qu’il ne saura reconnaître pour les remercier dignement… tant pis…
« Depuis, j’ai repris mon voyage et d’autres choses se sont passées, mais ce n’est pas important. »
Pas important… effectivment, ils auraient dérivés loin de la question de Shikonai qui a déjà eu sa réponse, par ailleurs. Elle était là, le directeur du cirque était mort, c’était tout ce qu’il souhaitait savoir… la fièvre reprenait le dessus, sapant sa capacité à réfléchir, troublant sa vision.
« Allez, faut contrôler tes blessures. »
L’idée de réfuter l’aide que lui proposait cette femme effleura temporairement la conscience de Shikonai, mais bien vite les brumes de la fièvre éloignèrent ce flux de pensée et elle resta là, immobile, à regarder dans le vague alors que – sans pudeur aucune – la femme souleva ses habits et exhiba la purulence de la plaie infectée, engendrée par la flèche d’un archer.
« Et tu tiens le coup ? »
Incapable de saisir le sens de cette phrase, l’enfant ne réagit pas vraiment. Elle était brulante de fièvre, fatiguée de lutter contre les affres de la maladie, elle sombrait lentement mais surement.
« Comment t’as fait ça ? Vu ton hurlement, t’as dû un peu y toucher, mais les soins prodigués ne sont pas suffisants … - Un archer… »
Pourquoi elle répondait à cette question ? Elle ne savait pas… peut-être parce qu’elle n’a pas réfléchi assez pour envisager de répondre « ça ne vous regarde pas, laissez-moi ». Trop tard, elle a donné la réponse de toute façons, qu’est-c que ça chngerait à la suite ? Rien…
Le corbeau donna à boire une potion au goût si infect mais à l’efficacité incontestable à Shikonai qui s’abreuva donc, sentant son corps se régénérer petit à petit de ses blessures internes, mais ni de la fièvre ni de l’infection de la plaie, hélas, ce qui engendra la seconde partie des soins.
« Tu serres ça bien fort entre tes dents. »
Quelque chose de dur fut présenté à sa bouche et l’enfant obéit sans sourciller, sans se demander ce qui l’attendait…
« Tu serres bien ? »
Et peu après, la douleur fut. Plus ardente que les flammes, plus douloureuse que tout ce que le shaman n’a jamais connu. Elle serra les dents à s’en bousiller la gencive, un hurlement étouffé par le bout de bois qu’elle mordait.
« Tiens. Si ça ne s’améliore pas avec ça, on ira dans un village chercher quelqu’un pour t’aider. Bref. Qu’est-ce que t’as encore fait d’héroïque, Mademoiselle ? »
Cette phrase atteignait péniblement les portes de sa consciences Lentement, les rouages de son raisonnement s’enclenchaient, grippés par la fatigue et la fièvre, le délire altérait le jugement clair et raisonné qu’elle aurait eu en temps normal, aussi se montra-elle étrangement coopérative dans sa réponse.
« J’ai tué des bandits, au nord d’ici… je les ai presque tous eu, sauf quelques-uns. J’ai été blessé… une flèche dans la hanche. J’ai fui jusqu’ici pendant des jours… je n’avais rien pour me soigner… »
Elle était trop épuisée. La fuite, le manque de nourriture, la blessure à traiter, la maladie… et maintenant cette douleur qui a sapé ses dernières forces, la fatigue a fini par emporter cette longue lutte. Elle sombrait dans l’inconscience, le sommeil la gagnait. Vivra ? Vivra pas ? Tout dépendait du corbeau. Elle savait ce qu’il valait mieux faire : l’abattre… et pourtant, Beorcs comme Laguz étaient pétris de la bêtise qu’on nommait « conscience » et qui sapaient parfois tout raisonnement logique et sensés.
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Sam 14 Fév - 18:54
{ III, 3 : Retrouvailles.
Elle s’appelle Shikonai, fille des ténèbres et des enfers, fidèle servante de la Déesse Ashera. Haute comme trois pommes, elle déambule dans le monde de Tellius et affronte tous ses dangers sans jamais craindre pour sa vie. Pourtant, son corps ne suffit plus à la porter. Chétive, elle a reçu une flèche en plein dans le flanc, et boum. Elle est tombée, elle a sombré. Comment remettre en question de nombreuses croyances. À quoi bon y croire encore ? Malgré tout, l’enfant s’accroche, encore et encore, comme si toutes ses actions allaient lui apporter la reconnaissance d’une chère madame endormie. Quelle bonne blague. Elle n’épargne personne, est encore pire que la guerre. Le salut n’existe pas dans le trépas, ce n’est qu’une connerie inventée par l’humain pour justifier ses actes. Il pille, viole, tue, explique ça par une quelconque parole divine et s’en tire ni vu, ni connu. L’Homme est idiot, tu ne le sais que trop bien.
Tu ne connais quasiment rien de cette gamine, juste qu’elle est psycho-suicidaire et n’en a rien à carrer de se faire épingler par des gens qui font deux fois sa taille. La sécurité ? Un mot bien inconnu à ses petites oreilles. Pourtant, il lui en faudrait. Tu n’es pas un génie, ni un médecin, tu n’as pas appris à soigner ce genre de choses. Mais devant sa détresse, tu ne pouvais pas croiser les bras. La connerie humaine qui t’a contaminée, hein, Maëlly ? Tu devrais apprendre à te taire et rester dans ton coin.
Et pourtant. Dans un accès d’idiotie énorme, tu t’es transformée et tu es partie chercher un médecin dans le patelin le plus proche. Pourquoi ? Nul ne le sait, pas même toi. La partie lucide de ton esprit hurle encore de cet acte, mais ton cœur te félicite. Un tel fossé qui sépare une seule personne. Tu soupires, chasses ces mauvais songes et accélères le vol. Begnion est un endroit bien particulier, avec ses temples de plus en plus grands à mesure que tu approches de la Cathédrale de Mainal. Une ville en crescendo, qui n’a pour mot d’ordre que la noblesse, qui leur permet de dominer allègrement sur le reste du monde. Tu aimes cet endroit pour son architecture, tu le détestes pour la mentalité ambiante. Tu regardes autour de toi, cherches un peu partout.
Une fois que tu as déniché un médecin, ni une, ni deux, sans qu’il n’ait le temps de comprendre, tu l’embarques. Une petite fille est en danger, il n’a rien à savoir de plus. De toute façon, tu ne lui as rien donné comme détails à part celui-ci, puis tu l’as chopé entre tes serres et tu es partie. Qu’est-ce qui te pousse à sauver cette gamine, Maë ? Tu ne connais même pas son nom, haha. C’est drôle, hein ? Toi qui passes ton temps à cracher sur tout le monde, tu veux aider une môme à sortir d’un tel pétrin ? Pétrin qu’elle a voulu, précisons. Elle ne t’a pas l’air d’appartenir à ces « élus », comme tu dis, mais même, tu t’accroches. Au fond, tu as l’espoir qu’elle en soit une, même si tu as du mal à y croire.
Tu déposes le médecin à portée de la gamine, pour qu’il s’en occupe. C’est un grand homme, environ la trentaine d’années, des cheveux roux en bataille sur le sommet de son crâne. Il est svelte, mais sa finesse ne le rend pas moins charismatique. Tu n’as même pas fait gaffe à ce qu’il racontait, au fond tu t’en fiches, tu veux juste qu’il soigne la petite. Il s’approche, soupire longuement.
« Eh ben. Elle a pas été ratée. »
Il sort de sa mallette plusieurs outils que tu ne connais pas et s’affaire. Tu espères que ça ira, parce qu’au fond … C’est la seule chose que tu puisses faire. Espérer. Attendre. Y croire. Sérieusement, Maë, qu’est-ce que tu fous là avec cette gamine qui t’est purement inconnue, à trimballer un pauvre médecin qui n’y comprend rien ? Tu es tombée bas, hein ? Trop d’amitié, trop de tendresse, pas assez de colère en toi. Malgré tout. Le paradoxe même de l’humanité : être serviable malgré toutes les crasses qui ont pu être commises à ton égard.
***
Le médecin t’a donné deux-trois bricoles quand tu l’as ramené, histoire de les donner à l’enfant. Il t’a demandé de la surveiller jusqu’à ce qu’elle se réveille, pour pouvoir contrôler son état. Il lui a appliqué des soins qui te dépassent largement, ce qui te conforte dans ton idée d’être allée le voir. Tu fermes les yeux, penches la tête, soupires. Tu n’as plus qu’à te poster près d’elle en attendant.
Décidément, les enfants …
Dernière édition par Maëlly le Dim 29 Mar - 22:35, édité 1 fois
❝ Shikonai ❞
Messages : 131 Age : 33 Localisation : Dans un coin bien sombre Autre Indication : Vous êtes morts Groupe : Marqués
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Lun 2 Mar - 13:52
In horto sordida castitate
Did you really feel my pain ?
Shikonai pv Maëlly
Le royaume des songes. Terre souveraine pour les êtres en souffrance. Un refuge où nulle douleur physique ne peut les atteindre, un monde où le rêve enveloppe la conscience dans ses draps onirique et berce l’esprit de visions appaisantes en la coupant de la réalité.
Elle était là, dans un champ de blé doré comme le soleil qu’il reflétait. Le vent fouettait son corps chétif et nu, s’immisçant dans ses longs cheveux. La chaleur estivale frappait son corps avec une douceur apaisante. Pas de douleur, pas de tourment, pas de mission, rien… comme elle aimerait rester dans ce champ à paresser…
Mais elle ne pouvait pas.
La masse noirâtre s’étendit dans le ciel, masquant soleil, nuage, infinité azurée, isolant la chaleur pour ne laisser qu’ombre et froid sur le champ de blé qui se mourrait alors à une vitesse anormale et alarmante.
« Ta mission n’est pas finie, mon enfant. »
La voix venait de partout et nulle part à la fois, elle semblait provenir de toutes les directions mais aussi du cœur même de l’enfant. Shikonai grelotait de froid, ses dents se serrant sous la pression d’une température glaciale.
Puis le premier pic de douleur revint, présent à l’endroit de sa blessure qui ne s’y trouvait pas juste avant. La fièvre revenait et l’endolorissait alors. Petit à petit, sa perception de la réalité reprenait le dessus.
« Elle est là, sans défense. Elle a rempli son rôle, tu vivras. Tu n’as plus besoin de ses services. Tue là, envoie la nous. Fais ton office, mon enfant. »
Shikonai entrouvrit les yeux. La fièvre était moins présente mais pas partie pour autant. Sa blessure la lançait toujours autant et à cela s’ajoutait en plus le froid… non, la chaleur… elle ignorait, elle ne savait plus, mais elle était mal à l’aise. Lentement, elle bougea. Sa blessure la lançait avec une violence qui lui arracha un gémissement, mais elle parvint à se retourner. Le corbeau était toujours là…
« Vous n’êtes pas repartie ? Pourquoi ? »
Oui, pourquoi ? Elle aurait dû. Shikonai entendait encore la supplique des ténèbres. Elles avaient faim et cette âme errante était une aubaine pour elle. Elles allaient se repaitre d’elle et elle pourra ainsi rejoindre la grande Ashera.
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Dim 29 Mar - 23:04
{ III, 3 : Retrouvailles.
« Pourquoi ? » L’être humain est né avec cette interrogation dans la bouche. Toute sa vie, il se demandera pourquoi, parce qu’il a besoin d’expliquer chaque chose qui l’entoure. Pourquoi les Laguz, pourquoi les Beorc, pourquoi la guerre ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Encore et encore, il posera cette question, puis se rendra compte qu’on ne peut pas toujours y répondre. Alors, de nombreuses réponses, parfois totalement idiotes, se proposeront à lui. La première ? La religion. Tu as toujours trouvé ça complètement débile. Les Hommes ne savent pas pourquoi telle ou telle chose arrive ? Bah, voyons, c’est la religion ! C’est vrai que c’est parce que bidule a dit à machin que tout se passe comme ça ! Tu as du mal à y croire, quand bien même tu ne nieras jamais l’existence d’Ashera ou de Yune. Seulement, tu ne leur accorderas jamais la puissance que tout le monde leur attribue. Il y a forcément autre chose, quelque chose de plus grand qu’elles.
Cette petite est comme tous les autres humains. Enfin, à la différence près que son essence-même diffère : elle n’est pas totalement Beorc, tout comme elle n’est pas Laguz. Fruit d’une union défendue, ou d’un acte de cruauté, elle est née de deux parents biologiquement opposés et en paye aujourd’hui le prix. Mais au final, elle est comme tout le monde : elle se demande pourquoi. Pourquoi tu n’es pas partie, alors que tu aurais dû.
Peut-être parce que tu es idiote ? Parce que tu réagis comme les Beorc ? À vrai dire, tu n’en sais rien. Sûrement parce que tu ne supporterais pas d’avoir sa mort sur la conscience. Certains s’en foutraient, mais toi … Tu n’y arrives pas. Tu es peut-être trop humaine, Maëlly ? Tu recules doucement et baisses la tête. Tu es devenue trop humaine. Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Qui t’a fait ça ? Quand est-ce arrivé ? Tu regardes la môme, puis tu lui laisses une partie des médicaments que t’a laissé le médecin.
« Tiens, t’en auras besoin. »
Comme si tu ne relevais pas ce qu’elle venait de dire. Ça te fait réfléchir. Tu ne sais plus quoi penser. Pourquoi tu n’es pas partie ? Le danger court partout, tout le monde se déteste, c’est la haine, c’est comme ça, alors pourquoi es-tu là ? À surveiller une enfant dont tu ne connais même pas le prénom. Tu soupires, puis tu hausses les épaules.
« Je sais pas pourquoi. P’têt’ parce qu’il y a toujours des gens bien parmi nous ? »
Tu ne crois même pas ce que tu dis. Les « bonnes » personnes se sont échappées il y a bien longtemps, tu n’en as plus croisé depuis un moment. Tu as croisé des âmes en peine, des vengeurs, des criminels, des haineux ; mais personne de profondément bon. C’est étonnant. Ce monde a dévasté tous les esprits, plus personne ne tend à s’aimer et c’est certainement pas toi qui impulseras le mouvement. Tu n’es qu’un corbeau, après tout, un vulgaire Laguz, pourquoi chercherais-tu la paix ?
« Et puis, si j’avais pas été là, tu serais morte. Si tu sers vraiment la déesse, crever maintenant aurait mis un terme à ta mission. »
Tu hausses les épaules. Petit soldat d’une entité invisible, qui ne réclame que le chaos. Foutaises, foutaises, foutaises. Tu lui colles une pichenette sur le front et tu te mets dos à elle, pensive.
« T’es trop jeune pour ces conneries. »
Puis tu lui fais à nouveau face, à la regarder entre dédain et compassion. Que sont les enfants de la guerre, finalement ? Ils sont malheureux, non ? Et encore, cette môme n’est pas tout à fait humaine, quel âge a-t-elle en réalité ? Quelle question amusante … En tous les cas, tu as encore beaucoup à apprendre sur elle. Voire sur tout le monde en général.
❝ Shikonai ❞
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Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Mer 1 Avr - 13:53
In horto sordida castitate
Did you really feel my pain ?
Shikonai pv Maëlly
La logique humaine… incompréhensible, imprévisible, improbable. Tous ces actes idiots et insensés. Ils tuaient certains, mais en sauvaient d’autres. Ils ont des ennemis, ils connaissent la cruauté d’un homme et pourtant ils l’épargne d’un sort aussi funeste que mérité. Ici, c’était cette Laguz qui connaissait son but, son secret, qui la sauvait d’une maladie qui sapait ses forces et aurait raison de lui à terme… alors qu’elle savait qu’elle pourrait n’avoir pour seul remerciement qu’un sort qui la consumera… pourquoi, alors ?
La réponse ne venait pas. La femme-oiseau fouillait dans un sac et en tira des médicaments.
« Tiens, t’en auras besoin. »
Des médicaments… Cet illogisme dépassait l’enfant… une fois encore, elle recevait de l’aide d’une femme qui ne la craignait pas malgré tout ce qu’elle savait sur la chaman…
Et finalement, la réponse – si tant est qu’on puisse appeler ça une réponse – arriva.
« Je sais pas pourquoi. P’têt’ parce qu’il y a toujours des gens bien parmi nous ?
- Des gens bien ? Comme celui qui vous a enfermé, présenté comme une bête de foire à des spectateurs insensibles et violé chaque soir ? »
Etait-ce de la naïveté à l’état pur ou bien lui mentait-elle ? Etait-ce si difficile de répondre à la question de Shikonai ? Non, il n’y a plus de gens bien sur cette terre. Il n’existe plus un seul être pur. Le mal est dans le cœur de chacun, l’innocence finit toujours souillé par le désir malsain qui anime les hommes. Tous pêchent, tôt ou tard… tous succombent à un désir qui les détournent de la voie sacrée de la déesse.
« Et puis, si j’avais pas été là, tu serais morte. Si tu sers vraiment la déesse, crever maintenant aurait mis un terme à ta mission. »
Elle ne savait rien… cette maladie aurait détruit son corps, mais la déesse se sera trouvé un nouvel avatar, tôt ou tard, quelqu’un pour reprendre le flambeau. Peut-être même aura-elle simplement élu un nouveau réceptacle pour accueillir l’âme de Shikonai, qui sait ?
La femme lui colla alors une pichenette sur le front.
« T’es trop jeune pour ces conneries.
- La vie n’attend pas la maturité de ses victimes pour se montrer cruelle. »
Parfois-même s’en prend-elle directement à un nourisson tout juste sorti du ventre de sa génitrice pour lui infliger les pires supplices… Shikonai n’aura jamais connu que la geôle de sa mère aux premiers instants de sa vie et il aura fallu servir de sacrifice à son père si cruel pour enfin goûter la liberté. Ce sont les ténèbres qui l’ont libéré, le choisissant lui comme héritier du pouvoir sombre plutôt que celui qui les a invoqué. Et pourtant… pourtant, il n’a jamais goûté qu’à la cruauté de la vie, même dehors. Survie, solitude, fuite, mort… ou était cette joie à laquelle tous goûtaient ? N’était-ce donc qu’une chimère ?
« Je crois ne jamais pouvoir comprendre les gens comme vous… »
Jamais, oui… la logique humaine n’était pas pour lui.
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Dim 6 Sep - 20:22
{ III, 3 : Retrouvailles.
Être malade. Faible. Succomber à un poids qui nous rend plus faible, vulnérable, dépendant d’une autre personne. Beaucoup de personnes ne s’imaginent pas capables d’accepter de l’aide de quelqu’un d’autre. Paraîtrait que ce monde est peuplé de créatures sanguinaires, auxquelles on ne peut pas faire confiance. Tu ne le sais que trop bien, ce qui explique pourquoi tu es toujours aussi seule. Pourtant, contre toutes attentes, tu es probablement celle qui fera toujours le premier pas. Tu recherches le « bon », ce qui peut faire sortir quelqu’un du lot. Tu as beau tourner encore et encore autour de la petite fille, tu ne trouves pas ce mince éclat d’espoir que tu chasses. Pas parce qu’elle est trop sombre, non. Parce qu’elle ne s’est jamais ouverte au monde.
Quelque chose bloque. Mais quoi ?
« Si la vie est si dure, c’est justement pour que nous puissions devenir matures. »
Malheureusement, cette pauvre chose n’a pas eu le temps de s’y faire. Ou peut-être que si, au contraire. Mais elle n’a pas eu la chance de faire une progression simple, comme celle d’une enfant. Jamais guidée, jamais aidée. Tu te penches, puis t’assoies à côté d’elle. Rater une étape si importante plombe qui que ce soit. Tu as de la chance, toi, tu as été embarquée par la vie à un moment où tu étais suffisamment mature pour y survivre. L’enfant n’a pas eu cette possibilité. Plongée abruptement dans un océan de ténèbres, sans aucune échappatoire.
Tu souris suite à sa remarque. Elle ne « vous » comprend pas. Parce que vous espérez ? Parce que vous êtes suffisamment faibles pour continuer sur votre voie ? Est-ce une faiblesse ?
« En s’enfermant dans la rancune et la noirceur, on n’avance pas. »
Se bloquer, ne pas fermer les yeux, toujours conserver dans son cœur cette bile, pleine d’amertume. Une mauvaise idée que tu as de plus en plus de mal à suivre. Tu sais que les Hommes sont cons, qu’ils sont plein de faiblesses et qu’ils ne réfléchissent pas autant qu’ils le devraient. Toutefois, c’est cette colère, cet aveuglement, tous ces sentiments qui ont mené à la guerre d’autrefois. Il n’est plus temps de faire des morts, au contraire.
« C’est parce que tu n’as pas eu la chance de connaître quelque chose de beau, que tu penses comme ça. Pourtant, il existe des choses pour lesquelles nous devrions nous battre. Des choses plus jolies que toute cette noirceur dont tu t’entoures. »
Est-ce être faible qu’espérer ? Tu te poses toujours toutes ces questions, encore sur le chemin de la rémission, encore à la recherche de ce que tu veux, de ce que tu dois faire. Surtout après ce qui t’est arrivé. Tu ne crois pas au destin, ni à la malchance. Tu penses que si l’être vivant s’en sort ou meurt, c’est parce qu’il agit, ou cesse d’agir.
« Pense que je suis faible, si tu veux. Mais aucun être ne devrait vivre dans l’idée que tout le monde est laid, et que la mort est la seule solution. »
Faire un monde meilleur par la destruction. Nombreuses sont les personnes qui y pensent, y ont pensé, y penseront. Et toutes ces personnes ont tort. Ou pas. Tu hésites. Est-ce qu’il est vraiment possible de changer les idées d’une personne ? Combien de preuves faut-il pour troubler l’esprit de quelqu’un de vraiment ancré dans ses idées ? Hum.
« Peut-être devrais-tu essayer de faire confiance ? Pas tout de suite, pas à tout le monde. Mais à moi, déjà, ce serait un bon début, non ? »
Faire un pas. C’est petit pour l’humanité, mais ça peut être énorme pour une personne.
« Je m’appelle Maëlly. Et toi, petite ? »
Mettre un nom sur un visage. Il paraît que la coutume veut que les prénoms soient une première base pour faire confiance à quelqu’un. En même temps, ça paraît logique. Comment peux-tu te fier à une personne dont tu ne sais rien ? Absolument rien ? En espérant que ce pas ne soit pas le seul pas de ces retrouvailles, évidemment.
❝ Shikonai ❞
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Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Ven 11 Sep - 18:44
In horto sordida castitate
Did you really feel my pain ?
Shikonai pv Maëlly
Qu’est-ce qu’elle pouvait bien s’immaginer ? Shikonai ne comprendra jamais les humains et cette façon de penser et d’agir si imparfaite. Partout où ils allaient, quoi qu’ils fassent, les humains n’engendraient que des guerres, des meurtres, des viols et autres barbaries. Ils souillaient les terres que la Sainte Ashera a conçu pour eux… ils rendaient la vie, don inestimable et merveilleux, si pénible à leur prochain…
« Si la vie est si dure, c’est justement pour que nous puissions devenir matures. »
« devenir matures »… comment espérait-elle devenir mature quand votre géniteur tente de vous sacrifier pour son propre profit ? Les morts ne murissent pas, ils pourissent…
« En s’enfermant dans la rancune et la noirceur, on n’avance pas. - Et en s’avançant aveuglément vers la lumière, on finit par tomber. »
Tellement idiote et naïve, c’était à en vomir…
« C’est parce que tu n’as pas eu la chance de connaître quelque chose de beau, que tu penses comme ça. Pourtant, il existe des choses pour lesquelles nous devrions nous battre. Des choses plus jolies que toute cette noirceur dont tu t’entoures. - Ah oui ? Quoi par exemple ? »
Shikonai le demandait, mais la réponse qui surgira lui semblait tellement évidente que la naïveté dont allait faire preuve la femme corbeau lui piquait d’avance les narines… encore un truc puéril comme « l’amour » ou « l’amitié »…
« Peut-être devrais-tu essayer de faire confiance ? Pas tout de suite, pas à tout le monde. Mais à moi, déjà, ce serait un bon début, non ? »
Faire confiance… alors ça c’est la meilleure. S’il n’était pas déjà en train de luter contre les symptômes de la fièvre, Shikonai aurait soudainement eu envie de vomir… et elle lui demande de commencer par elle en plus ? C’était d’une naïveté tellement écoeurante…
« Je m’appelle Maëlly. Et toi, petite ? - Je n’ai pas de nom… »
C’était à moitié vrai : Shikonai n’a pas reçu de nom de ses géniteurs. Enfant non voulu, fruit du viol d’une mère qui ne lui a donné aucune affection et simple tribut pour un père qui ne voyait en lui que l’accès au pouvoir sombre, Shikonai s’est forgé son propre nom pour se créer une identité dont il se servait à peine…
« Tu peux m’appeler Shikonai, si ça t’amuse… »
Shikonai, l’enfant des âmes en peine, l’émissaire des ténèbres, c’était ce qu’il était après tout… pourquoi il voudrait d’un nom ? Personne ne se souviendra de lui parmi les vivants…
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Ven 30 Oct - 2:07
{ III, 3 : Retrouvailles.
Tic, tac, tic, tac. Le temps avance, le temps t’oublie.
Tu contemples cette petite fille, déjà à moitié enterrée alors qu’elle n’est que dans les plus tendres années de sa vie. Tu sais qu’elle est anormale, que quelque chose cloche chez cette gamine, mais quoi ? Tu sens que son corps n’est qu’une facette de sa réalité, que beaucoup de mystères se cachent bien en-dessous, mais lesquels ? C’est une enfant fataliste, déjà perdue dans un monde de ténèbres alors qu’il y a bien plus à tirer de cet univers ! Voyons, tu as failli mourir, tu as été violé par le plus perfide des hommes, tu t’es faite battre encore et encore, et cette gamine ne trouve à redire que le fait que la lumière finit par détruire l’Homme. Tu penches la tête et lui souris gentiment.
« Mais si on ne se brûle pas, comment on peut savoir ce que ça fait ? »
Tu as presque envie de tapoter gentiment sa tête, mais tu n’en fais rien. Tu continues de la fixer, puis relèves la tête vers le ciel. Qu’est-ce qui mérite d’être regardé, Maëlly ? Qu’y a-t-il de plus beau que la douce noirceur dans laquelle elle s’emmitoufle ? Qu’y a-t-il de plus salvateur ? De plus réconfortant ? Après tout, être fataliste n’amène aucune déception puisque cela ne comporte aucun espoir. Les gens se contentent de regarder le monde d’un œil triste, en menant une existence presque dénuée de sens, dans l’espoir de trouver une bonne raison à leur souffrance. Certains vous diront que c’est mieux ainsi, d’autres iront chercher la Mort avant qu’elle ne vienne les chercher, tandis que les derniers finiront par accepter la lumière. Et cette petite, le peut-elle ?
Tic, tac, tic, tac. Le temps t’a laissé loin derrière lui, maintenant tu ne peux que courir.
Tu te tournes vers elle, les yeux plein d’étincelles. Ce qu’il y a de plus beau que la noirceur ? Eh bien …
« Être libre. Tu n’as jamais rêvé de pouvoir faire ce que tu veux, comme tu veux ? » Tu lèves les bras comme pour embrasser le ciel. « En tant que corbeau, pouvoir me balader à ma guise au grè du vent me rappelle à quel point je suis heureuse. Je n’ai pas eu la plus belle existence, et j’ai encore eu beaucoup de problèmes, depuis que nous nous sommes croisées. Pourtant … J’ai toujours mes ailes. »
Comme un réflexe, tu caresses tes longues plumes noires. Un sourire attendri naît sur tes lèvres tandis que tu les contemples. C’est sûrement ce que tu as de plus cher, de plus beau. Ce qui fait de toi un vrai corbeau. Enfin. « vrai », c’est un bien grand mot, quand on sait que tu ne réponds à quasiment aucun des stéréotypes qui te sont affiliés.
L’enfant finit alors par mettre un nom sur son visage. « Shikonai ». Tu l’appelleras probablement Shiko, ou quelque chose du genre. Tu as du mal à retenir les noms des autres, tu te souviens plutôt des visages. Tu ne risques pas d’oublier le sien, d’ailleurs. Pas parce qu’elle est laide ou quoi que ce soit, juste que tu as le chic de la croiser dans des situations plus que cocasses.
« Pourquoi es-tu comme ça, petite ? »
Tic, tac, tic, tac. Si tu t’arrêtes, tu ne pourras que mourir.
Tu t’approches, puis sors deux lamelles de viande séchée de ta petite besace. Tu lui en donnes une, puis tires sur la tienne du bout des dents. Pourquoi les enfants perdent-ils tout espoir ? Certes, ce n’est pas une enfant, mais qu’a-t-il pu lui arriver ? Tu relâches la viande sans même l’avoir croquée.
« Je sais que tu n’es pas aussi jeune que ton corps le montre, et c’est probablement encore pire de le savoir. Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »
Tu veux peut-être trop en savoir, Maëlly. C’est bien là ton problème. Être libre signifie ne pas avoir de grandes histoires tristes à raconter, ou presque. Cette petite ne l’est pas. Elle est prisonnière. Oui. Mais de quoi ?
❝ Shikonai ❞
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Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Dim 8 Nov - 13:55
In horto sordida castitate
Did you really feel my pain ?
Shikonai pv Maëlly
Cette femme était naïve à en devenir écoeurante. Ses paroles d’amour, d’amitié et d’espoir fileraient la nausée à Shikonai si la fièvre ne s’en chargeait pas déjà.
« Mais si on ne se brûle pas, comment on peut savoir ce que ça fait ? »
Et ça continuait, elle ne manquait donc pas de stupidité ?
« Et pourquoi voudrais-je me baigner dans les flammes ? Pourquoi je voudrais volontairement me brûler ? Qu’est-ce qui vaut un tel prix ? - Être libre. Tu n’as jamais rêvé de pouvoir faire ce que tu veux, comme tu veux ? En tant que corbeau, pouvoir me balader à ma guise au grè du vent me rappelle à quel point je suis heureuse. Je n’ai pas eu la plus belle existence, et j’ai encore eu beaucoup de problèmes, depuis que nous nous sommes croisées. Pourtant … J’ai toujours mes ailes. - Je n’ai pas d’ailes. »
C’était aussi simple que ça. Au sens propre comme figuré, Shikonai n’avait pas ce qu’il faut pour « voler ». Sa eule raison d’être, ce sont les ténèbres qui lui ont fourni. La liberté n’existe pas, ce n’est qu’une chimère. Les vivants dépendent toujours de quelque chose : des besoins vitaux comme manger, boire, dormir, ils courent toujours après ça. Et quand ça n’est pas ça, c’est l’argent, le pouvoir… non, la liberté n’existe pas.
« Pourquoi es-tu comme ça, petite ? »
Qu’est-ce que c’était encore que cette questions ? Comment ça, pourquoi elle est comme ça ? Parce que la déesse l’a fait ainsi, tout simplement. Le corbeau sortit deux lamelles de viandes séchées et en donna une à Shikonai qui n’y toucha pas.
« Je sais que tu n’es pas aussi jeune que ton corps le montre, et c’est probablement encore pire de le savoir. Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »
Allons bon… « Tu ne manques donc jamais de questions ? »
Agacé, l’enfant décida finalement de prélever un peu de protéines de la viande en avalant laborieusement un morceau… Oh et puis après tout, s’il n’y avait aucune raison de lui dire, il n’y avait paradoxalement aucune raison de garder cette histoire secrête…
« Je suis mort, tué par un épéiste nomade assez… singulier… il a des cheveux verts et un poussin en guise d’animal de compagnie. J’ai croisé sa route par deux fois et par deux fois il m’a tué. La première fois, les ténèbres m’ont sauvées… la deuxième fois, j’ai été réincarné dans ce frêle petit corps. La troisième fois, ça sera peut-être la libération. »
Peut-être… si leurs chemins se croisent à nouveau. Tellius est assez vaste pour qu’il ne le revoit jamais… de toute façons, ce bretteur ne le reconnaîtra pas dans son état actuel. Ca pourrait jouer en la faveur de l’enfant.
Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly] Ven 11 Déc - 18:41
{ III, 3 : Retrouvailles.
Tellius est un monde qui regorge de bizarreries. Des humains rongés par la folie, des animaux qui n’ont plus rien d’animal, des gens qui se suicident, la guerre, l’inceste … Et toi. Et cette petite. Parce qu’autant le dire, vous n’avez rien de bien normal non plus. Tu as été violée, martyrisée, abîmée, tu as complètement perdu la tête et, comble du comble, on t’a enlevé un de tes derniers liens avec la raison. Au final, t’es peut-être encore plus jetée que cette enfant. Peut-être.
Elle a l’air d’en avoir juste marre. Marre de tout. Marre de vivre, marre de respirer, marre d’essayer. Mais pourquoi ? Tu finis par penser, d’un coup, que Shikonai n’est pas un membre de ces élites, de ces exceptions comme tu te plais à les appeler. Tu aimes tout savoir, mais cette fois … Tu hésites. Tous ces signes de réticence, toutes ces démonstrations de rejet … Qui voudrait être seul, finalement ? Dans un monde comme celui-ci, personne n’a aucune bonne raison de vouloir se trimballer sans aucun ami, si ? Surtout avec tous ces fous qui courent, savoir qu’on a quelqu’un, quelque part, est une bonne chose. Ou pas.
Tu hausses les épaules, puis soupires.
La gamine finit par te raconter sa petite histoire. Les ténèbres, hein ? Tu pensais avoir touché le fin fond de la folie, des choses bizarres, des personnes un peu jetées, mais … apparemment … Tu as trouvé encore pire. Tu finis par sourire et penches la tête.
« En gros j’aurais pas dû te sauver, hein ? »
Comment résumer purement et simplement. Réincarnée par les ténèbres ? Ça pourrait paraître stupide, impossible, tout ce qu’on veut en dire ; pour autant, ça ne te choque pas. Tu ne sais pas pourquoi, mais une part de toi se dit que dans cet univers, absolument tout, même la réincarnation en phoque, est possible. Pourtant, même si cette petite, ou ce petit, bref, « eux », persiste à survivre, c’est qu’il y a une raison, non ? Le suicide, c’est si simple, au final. Alors bon.
« Au fond, si tu veux être libérée, rien ne te retient, apparemment. »
Quelle conversation de déprimées ! Quel intérêt, quel amusement, quelle joie ! Wouh ! Tu préférerais presque la solitude. Non, cette petite ne fait pas partie des exceptions, tu sais pas vraiment où la foutre en fait. Peut-être dans les bras doux et chauds de cet assassin aux cheveux verts, non ?
Tu lui tends quelques baies, des lamelles de bœuf séché et quelques bandages. Après ça, tu te tournes et soupires longuement. Puis, tu hausses les épaules, avant de battre doucement des ailes, t’élevant lentement au-dessus du sol.
« Bref, ma p’tite dame, t’es en vie ! T’as encore raté ! Garde ça, ça pourra t’être utile. »
Tu te tournes puis lui adresses un sourire plus que moqueur.
« Et la mort n’est pas la solution, va. »
Sur ces mots, tu agites les plumes un peu plus fort et viens chatouiller le ciel.
« À la revoyure ! »
Tu ne penses pas avoir plus à faire ici de toute façon. Alors tu t’envoles, et tu repars, à la recherche désespérée de ta propre moitié.
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Sujet: Re: In horto sordida castitate [PV Maëlly]
In horto sordida castitate [PV Maëlly]
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