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 Retrouvailles [Pv Aylin]

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MessageSujet: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeMar 10 Jan - 14:53

    Vifargent galopait aussi vite que la quantité d’arbres qui nous entourait le lui permettait. Quelques branchages sifflaient près de mes joues, laissant de longues traces rouges sur ma peau. Je n’y prêtai guère attention. Ulrick, que se passait-il ?
    L’énergie était noire, presque envoutante tant elle emplissait mes sens. L’homme était puissant. Bien trop puissant pour moi.
    Puis les crissements caractéristiques d’un cheval partant au galop résonnèrent à mon oreille, alors que je déboulai dans la clairière. Plus rien. Il n’y avait plus rien. Toute trace de présence avait disparu. Seul le trognon d’une des pommes qu’Ulrick avait mangée était dernier témoin de sa présence là.
    La forêt se teinta de silence alors que le zénith était à son plein. Un voile passa sur mes yeux. Ainsi ne saurais-je jamais plus de ce qu’était cet étrange homme, ce gai luron qui avait partagé avec moi quelques heures de voyage.

    Me convainquant que je n’étais définitivement pas fait pour le voyage à plusieurs, je fis faire demi-tour à Vifargent, puis je regagnai la route, lentement. Autour de moi, la forêt silencieuse semblait retrouver un semblant de vie. Mais chaque pousse d’herbe pleurait toujours sur l’apparition de ce lac honni. Il ne devrait rien sortir de bon de cette histoire.
    Déjà, le souvenir d’Ulrick s’effaçait de ma mémoire. Si je devais un jour le recroiser, qu’il en soit ainsi. Il ne méritait pas encore de mourir.

    Quelques heures passèrent et je finis par atteindre la lisière de la forêt. Le soleil descendait lentement vers l’horizon, et la plaine se baignait d’ombres de plus en plus longues.
    Qu’est-ce qui m’avait empêché de tenter de le rattraper ? Je savais pister. L’absence d’énergie ne m’aurait pas entravé à tenter de secourir Ulrick. Il devait y avoir quelque chose qui m’avait empêché de le faire. Ou quelqu’un. Qui aurait assez de pouvoir pour me convaincre de ne rien faire.
    Ou peut-être, tout simplement, avais-je décidé de ne plus entraver les décisions du destin. Je n’avais rien à faire dans la vie de cet homme ; sa rencontre fortuite m’avait fait passer un moment agréable, mais rien de plus. Il était reparti bien vite. Nos routes se recroiseraient peut-être. Ou alors il passerait une lente agonie à faire face à son destin. Ceux qui nous avaient entourés n’avaient que de mauvaises intentions. Peut-être étaient-elles justifiées. Peut-être pas.
    A ce moment-là, je n’en avais strictement rien à faire.

    Je regardai placidement l’horizon infini de la plaine qui s’étendait devant moi. Je me dirigeai vers l’ouest, sans l’ombre d’un doute. Je n’allais arriver nulle part ; qu’importe. Si j’atteignais la mer, je pourrais toujours rebrousser chemin. A continuer d’observer, comme je l’avais toujours fait.
    Puis soudain, cette énergie. Encore cette énergie. Mon cœur s’éveilla de sa léthargie alors que mon œil unique balayait la plaine à la recherche d’une âme. Fixer le soleil me faisait mal ; j’avais du mal à voir quoi que ce soit. Je me laissai guider par Vifargent, attiré par l’odeur qu’il connaissait bien, lui aussi.

    Puis finalement, je la vis.

    Ce pelage blanc, ces yeux rouges, ces longues pattes déliées qui couraient vers le couchant… Encore une illusion ? Il m’avait semblé l’apercevoir, plus tôt dans la journée. Mais ce n’était pas possible. Elle était partie depuis bien trop longtemps. Et malgré mes recherches, je ne l’avais jamais trouvée. Pourquoi ce jour-ci, plus qu’un autre, je retrouverais sa trace ? C’était mon imagination, ma folle imagination, qui ne parvenait pas à l’effacer de ma mémoire. Cette femme.
    Je lançai mon cheval au galop, espérant l’approcher. Elle était plus rapide ; mais elle courrait moins longtemps. Je savais que je pourchassais l’ombre d’un passé perdu. Mais peut-être n’était-il pas trop tard pour tenter de le rattraper. Ou même, simplement, de l’effleurer.


    « Aylin ! »

    Ma voix perça l’immensité de la plaine. Elle se retourna brièvement, puis se mit à fuir aussi vite que ses pattes le lui permettaient. J’accélérai la cadence de Vifargent, qui commença à souffler bruyamment. Courage, ne la perds pas de vue, je t’en supplie…
    Mais l’énergie du désespoir semblait mouvoir le corps de la louve blanche. Elle remit de la distance entre nous, une distance insoutenable que mon cheval ne parvenait pas à combler. Je pris mon arc, le bandai brièvement, puis lançai une unique flèche.
    Elle se ficha dans le sol à quelques centimètres d’elle. Le projectile la fit sursauter ; ses pattes se prirent dans le fin bâton de la flèche empennée de noir, puis elle tomba. Vifargent galopa au maximum de sa vitesse, et alors que j’arrivai au niveau de la louve, je sautai de cheval pour atterrir sur elle. Elle se débattit avec violence, ses pattes griffant mon torse nu douloureusement. J’étouffai un cri dans ma gorge, puis je maintins, non sans mal, ses pattes avant d’une main, et je posai mon genou sur son ventre pour l’empêcher de me frapper à nouveau. De l’autre main je pris fermement son museau pour ne pas qu’elle me morde.


    « Aylin, ne fuis plus… Regarde-moi… »

    Les yeux rouges me jetèrent un regard furibond. Il n’y avait plus rien de ma chère aimée dans ces yeux-là. Le temps l’avait-il détruite à ce point ? A moins que…
    « Tu te souviens de moi ? »
    Non, certainement pas. Autour de mon cou, le pendentif en argent en forme de croissant de lune sembla briller de façon très brève. Comme le rappel d’un espoir.
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MessageSujet: Re: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeVen 13 Jan - 5:20

Parmi les trois états Beorc de Tellius, Begnion n'était pas le seul qualifié d'Empire pour rien. Et sa capitale, Sienne, était vraiment représensative de cette différenciation. Tout semblait plus grand, plus honorifique, et hélas si ordonné sous l'attribut de cet ersatz de divinité, celle qui s'était proclamée digne successeur de la véritable créatrice de ce monde, et dorénavant la seule entité de cette sphère à être reconnue comme telle : Ashera. Cette pensée faisait doucement rire Pandora devant la vérité que seuls de rares élus connaissaient sur la conception de cette figure, qui au final n'était qu'une simple moitié de ce qu'elle pouvait considérer comme sa mère. Et son statut d'observateur avait pu constater la disparition des derniers possesseurs de cette semi-vérité, le héron de l'ancien temps Lehran et le grand roi des dragons, Deghinsea. Mais tant bien même avaient-ils vécu plus d'un millénaire chacun, ils ne pouvaient que connaître les circonstances et le lien entre Ashera et Yune. L'existence de la Déesse du Chaos véritable n'était connue que d'elle, et elle seule. L'autre personne pouvant encore se souvenir d'elle était sa mère, mais bien que son entité était lentement en train de se reformer, elle mettrait encore de nombreux siècles avant de réapparaître en ce monde, dans le meilleur des cas. Cette période était relativement courte du point de vue d'une Déesse, puissante et immortelle, mais depuis ces cinq dernières années, Pandora avait commencé à appréhender les limites physiques de son corps d'emprunt, cette Aylin... Cette petite emprunte de l'essence divine avait en vérité une espérance de vie remarquable, même pour une Laguz, la présence supplémentaire d'une partie de l'âme de la déesse lunaire en elle pouvait également jouer, mais même dans une optique sans faille, elle doutait de la possibilité de cette louve de subsister jusqu'au retour d'Ashunera. De plus que le Chaos était source d'imprévus, et plus Pandora regagnera de pouvoirs, plus elle mettrait en danger cette enveloppe charnelle, qui sera bien incapable de contenir sa puissance sur le long terme. Un réceptacle n'est jamais éternel, surtout face au Chaos. Pandora avait appris à relativiser sur le temps qui passait, et malgré son existence immortelle elle se devait de se dépêcher dans ses tentatives de détruire cette prison lui faisant obstacle, cet astre la contenant. C'était ironique mais elle devait attendre d'être plus puissante pour réussir à annihiler cette barrière nuisant à sa liberté, mais le temps jouait en sa défaveur, plus Ashunera sera proche de son réveil, plus la Lune redeviendrait inexpugnable.

Elle admirait la grande cité humaine, représentant son Némésis dans son intégralité. Sienne était le plus grand siège de l'influence d'Ashera, cette fausse Déesse contrariant son existence, tandis que la nature de territoire Beorc rendait son enveloppe charnelle inapropriée aux lieux, notamment en prenant en compte la grande haine que portait actuellement ce peuple sur l'autre race qui, ironiquement, possédait le même ancêtre commun. L'ignorance était le plus grand fléau des entités mortelles, mais dans un sens c'était plaisant de voir que même ces insectes avaient su cultiver seuls le Chaos de ce monde. Malgré le culte voué à Ashera, elle se délectait de voir que même ses plus nobles représentants au Sénat n'étaient emprunts que de Chaos. Finalement le pouvoir accordé à l'Ordre avait fait germer les graines de l'anarchie, cela ne ferait que faciliter sa tâche.

Drappée d'un long manteau brun, sa queue de fourrure entourant sa taille pour ne pas dépasser et dévoiler à tous la nature de son corps, elle admirait la grande cathédrâle de Mainal, bâtiment de culte extrêmement symbolique de Sienne. Elle jaugeait cette immensité, qui en vérité n'était qu'un bâtiment de pierres construit par l'homme. Ces pathétiques pantins ne faisaient qu'imiter avec leur potentiel si limité la Création, concept Divin s'il en était. Car que valait ce tas de cailloux face à la volonté divine ? Cependant Ashunera avait strictement interdit d'influencer le monde matériel avec leurs pouvoirs, la raison pour laquelle Pandora avait été punie dans un lointain passé... Car les pouvoirs divins étaient sans aucune mesure, sa mère l'avait bien démontré lorsqu'elle avait déchaîné son tourment sur ce monde, engloutissant un par un les continents et laissant celui-ci comme ultime exemple de la folie humaine de vouloir défier leur Créateur. Constat amusant, car de par sa prison la jeune déesse avait ressenti l'influence du Chaos en sa maternelle, l'enrageant mais avait pu jauger le degré de puissance insufflé dans cette Grande Inondation. Son amplitude avait chamboullé à jamais le monde humain, et pourtant la puissance relâchée n'était pas à son paroxysme. Si l'emprise de l'élément de Pandora avait été plus profonde, la planète aurait sûrement explosé sous sa rage. C'était ironique, Ashunera se revendiquait Ordre suprême, avait même châtié sévèrement sa propre fille pour avoir enfreint cette notion, mais tout ce qu'elle mettait du temps à créer avec la plus grande perfection pouvait facilement être balayé d'un battement de cils. De l'Ordre pouvait naître le Chaos, le contraire n'était pas vérifiable, preuve de la supériorité de la Destruction sur la Création. Le Chaos était une notion primaire, rappelant que les Dieux se devaient d'être intouchables par les mortels. Mais une fois encore, le singe imitait, et s'étaient approprié cette notion absolue afin de se montrer supérieur aux autres : devenir le Dieu des faibles, encore une grande ironie de ces copieurs prônant l'Ordre comme seul concept potable.

Une création était faible face à la destruction, l'homme était faible face à un dieu. Selon cette logique, cette cathédrâle n'était rien à ses yeux qu'un château de cartes faisant semblant d'être solide. Mais les circonstances moqueuses voulaient que même une Déesse était limitée par son corps trop charnel à son goût, et bien qu'elle pourrait déployer son Chaos Meister à son paroxysme, il y ait des chances que son influence sur Aylin s'efface temporairement. Elle reviendra sans faute aux pieds de cette battisse pour lui apporter sa fin, mais il était encore trop tôt. Sa présence à Sienne n'était pas encore justifiée, ce n'était qu'une étape à vrai dire. Un passage grotesque vers une destination bien mystérieuse, un grand trouble que son statut chaotique pouvait percevoir malgré les distances. Quelque chose n'allait pas en ce lieu reculé, et les rumeurs s'amplifiaient au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de son but. La forêt de Serenes, hein ? Tant de siècles sans intérêt à l'observer pour Pandora, endroit bien trop paisible à son goût, et ces Hérons avaient hérités d'une bonté digne des anciens Zunanmas désormais disparus. Mais depuis quelques décennies, la stupidité Beorc avait réhaussé son intérêt vers ce lieu, longtemps considéré comme maudit, et grand symbole de folie et autant de raisons pour un fort sentiment d'animosité entre les races. Quand bien même sa verdure avait été restaurée, elle ne sera plus jamais comme avant. Et depuis peu, une nouvelle menace pesait sur cette tranquilité relative. Bien au delà de la simple curiosité, c'était un véritable appel vers sa maîtresse qui était lancé.

Le temps entre la sortie de Sienne et l'entrée de Serenes avait été long, et suffisamment ennuyeux pour obliger Pandora à revêtir un aspect canin,une magnifique louve au pelage immaculé. Mais malgré la beauté relative de cette forme, elle ne faisait que lui rappeler qu'elle était pour le moment condamnée à errer dans ce corps mortel, sentiment désagréable. Mais elle fit fî de tout cela, elle n'avait pas le temps. La verdure des herbes et de la forêt ne facilitait pas son intrusion pour la louve blanche, peu discrète. La garde était coriace, mais pas imparfaite, et elle réussit à y pénétrer malgré tout. Cette sensation étrange se répandait dans son être, au point qu'un grand malaise la prit. On disait que la magie de ses lieux étaient propices à la guérison de bien des maux impossible à soigner en temps normal. Et cette influence était des plus pénibles pour elle, comme si la magie tentait de soulager cette Aylin, la sauver de l'emprise non-naturelle de Pandora sur elle. Nul ne pouvait soumettre une Déesse, mais devant la faible puissance de son incarnation en cette femme, cette emprise était réellement handicapante. Elle ne pensait pas pouvoir être autant mise à mal par cette atmosphère, au point que sa conscience divine était vague. Mais ses pas parvinrent à la mener jusqu'au lieu de ses désirs, cet étrange lac apparu de nul part et aux propriétés extrêmement proches de son essence même. Cette déviance dans la cure imposée par l'environnement revigora la Laguz, elle pouvait enfin souffler et reprendre des forces. Mais plus important encore, l'ambiance spirituelle autour du lieu respirait le Mal à l'état pur. Comme si l'eau avait sa propre conscience, maléfique. Cela ne relevait même plus du Chaos pur à ce niveau, mais d'une version bien plus corrompue. L'élément de notre Déesse influait sur le destin et la causalité, et pouvait quelquefois être diabolisé comme la cause de maux divers. L'évolution n'est pas tout le temps une târe, mais le Chaos est bien trop souvent personnifier à l'esprit humain. Les normes des différentes sociétés se basent sur un Ordre apparent, pour une cohérence de groupe, et l'aspect chaotique d'une personne pouvait être assimilée à un trouble pour la communauté. Parfois à juste titre lorsque cette déviance s'étend à grande échelle, mais le Chaos était aussi symbole de l'individualisme humain, et la vie serait bien morne sans cette notion.

Mais cette version du Chaos était bien trop macabre, à en donner des frissons à la Déesse de la confusion. L'histoire l'avait prouvée récemment, le Bien et le Mal était deux notions distinctes de celles représentées par les déités de ce monde, et au final le 'Bien' avait pris le partie de l'avatar du Chaos lors de la dernière Guerre. Malgré son aversion envers les sous-versions de sa Mère, Pandora avait néanmoins une once de considération pour Yune pour avoir pu démontrer à autrui que le Chaos n'était pas forcément maléfique. Mais ce lac, encore pouvait-elle l'appeler ainsi, plutôt cette entité était à la fois chaotique et malfaisante. Elle n'aimait pas ça, ce n'était pas sa vision du Chaos. Et pendant que l'esprit de Pandora se revigorait du Chaos ambiant pour se remettre de l'influence passée de Serenes, elle se rendit compte qu'elle assimilait également une partie de la malveillance du lieu. Ses pensées devinrent troubles, mais une chose était sûre : elle ne devait pas rester ici. Ni à côté de ce lac, ni dans cette forêt même. Malgré son statut divin, son incarnation actuelle était bien trop faible pour tolérer la puissance chaotique de l'endroit. Et au lieu qu'elle ne puisse se mettre à manipuler le Chaos ambiant, elle risquait plus de se faire engloutir par celui-ci. Elle n'avait pas d'autre choix que de prendre cette forme batarde afin de fuir d'ici rapidement, et de traverser ces bois le plus vite possible. Son existence sur ces terres était compromise par sa présence ici, et si elle perdait ce lien, elle resterait condamnée dans la Lune éternellement. Elle ne l'acceptait pas, et en vérité elle en avait peur, aussi elle parcourut les étendues boisées aussi vite que possible. Esquivant à nouveau la vigilance des lieux, elle revint enfin dans cette plaine salvatrice. Une fois à portée suffisante, elle reprit forme humaine et s'assit pour s'en remettre.

Après un temps de repos, elle reprit son apparence animale pour parcourir la plaine plus librement. Finalement cette liberté relative était bien plaisante, elle qui n'avait pu bouger depuis deux millénaires environ. Ce n'était pas vraiment elle, mais la sensation d'être libre et vivante ignorait ce détail. Tout semblait être mieux que lors de ce passage regrettable entre ces arbres nageant dans une magie trop bénéfique pour elle. Enfin le retour s'était mieux passé que l'aller, l'influence de Serenes s'étant occupé de purger les résidus maléfiques de l'essence du lac en elle. C'était bête, mais plaisant.


" Aylin ! "

Une personne répondait généralement à son propre nom, comme un animal en somme. Mais la réflexion aidait à faire la part des choses et ainsi, malgré le fait que le nom cité n'était pas vraiment le sien, elle tourna sa tête canine pour regarder qui avait pu prononcer un mot familier dans une plaine supposée déserte.

L'Ordre était une suite logique et continue de faits, comme programmés par le Destin lui-même. Le Chaos se permet de passer outre et engendrer le hasard, les coïncidences, la chance... Sauf que dans le cas présent, cette fatalité n'avait rien de chanseuse, et l'élément dont elle était la maîtresse s'était ironiquement retourné contre elle. Cet homme, elle ne l'avait croisé qu'une seule fois et brièvement dans son existence, au détour d'un lit un soir qu'elle n'aurait jamais voulu vivre. Mais en vérité, il était bien plus présent en elle qu'une rencontre fortuite, son corps mortel la forcait au repos, et les rêves occasionnés par ces instants de faiblesse prenaient parfois racine dans la mémoire de son hôte. Il était tout pour elle, mais elle lui a tout pris cette nuit-là également. Elle pouvait se douter que son existence serait déplaisante, mais elle ne pouvait se résoudre à le tuer pour autant. Tout comme cette petite louve la dernière fois, la jeune soeur de cette Aylin, décidément... Une Déesse avec si peu de détermination faisait peine à voir, mais est-ce que la puissance de son incarnation actuelle était suffisante pour empêcher cela ? Le hasard, le chaos, parfois les liens tissés entre les êtres étaient au-delà de ces notions, bien plus forts. Cette faiblesse était insupportable, mais un sentiment de peur la prit subitement. La dualité extrême dans cet être de chair et de sang était si intense que les pensées des deux habitants se croisèrent sans jamais se toucher, passant tour à tour dans la conscience éveillée de la dominante. Cependant le réflexe fut la fuite, dans un commun accord. Pandora ne souhaitait pas forcer l'esprit de son hôte à se réveiller et intéragir en elle, quant à Aylin elle fuyait simplement les retrouvailles avec l'homme qu'elle avait trahi et abandonné malgré elle. Peut et honte étaient les moteurs principaux de ses mouvements, procurant l'énergie du désespoir aux quatre pattes de la louve en panique.

Il n'était pas chose aisée de courir rapidement dans un corps qu'on reniait jusqu'à maintenant, tout en jetant quelques coups d'oeil derrière soi pour regarder la distance entre eux. Elle semblait prendre les devants, mais il semblerait qu'elle n'était pas la plus désespérée des deux. L'homme banda son arc et fit feu sur elle avec une précision diabolique, manquant de la toucher in-extremis, mais la position finale de la flèche couplée au fait que la Laguz regardait ses arrières depuis trop longtemps amena à l'inévitable chute. Le choc fut assez violent, suffisamment pour l'immobiliser quelques secondes fatidiques, elle qui n'était pas habituée à la douleur physique. Ce laps de temps fut suffisant pour le Beorc d'arriver près d'elle et sauter de sa monture alors qu'elle s'était à peine relevée pour tenter de repartir. Le choc du tackle n'était en rien comparable à la douleur précédente, la situation était bien trop désolante pour l'homme pour émettre une quelconque réserve. La peine sur son corps semblait la brûler, lui drainant les forces qu'il lui aurait fallu pour se débattre avec véhémence, et plus le contact durait et plus il prenait définitivement le dessus. Les maigres coups qu'elle put lui porter ne lui avait pas empêché de la maîtriser totalement, autant tous ses membres que sa gueule aux dents pointues. Se débattre était vain, et la souffrance mentale s'accentuait à chacune de ses paroles destinées à son aimée.

Finalement elle cessa de se débattre, elle ne pouvait en aucun cas livrer une bataille physique et spirituelle à la fois. Inconsciemment son corps reprit forme humaine, la féroce louve reprenait les traits d'une poupée de porcelaine, brisée de l'intérieur. Son regard perdit toute agressivité envers l'homme, et à vrai dire elle ne pouvait plus le regarder en face, aussi détourna-t-elle le regard sur le côté. La force dans son poignet se faisait plus légère, relâchant un peu son emprise sur sa liberté de mouvement. Il devait en être conscient, mais dos au sol, avec cet homme presque sur lui et sous forme humaine, elle était totalement impuissante. Elle ne pouvait plus s'enfuir, elle ne pouvait même plus le blesser, pour autant qu'elle en est encore l'envie. La résignation était totale en apparence. Elle avait perdu.
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MessageSujet: Re: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeMar 17 Jan - 21:34

    Elle était là, cette jolie femme, entre mes bras, totalement désarticulée, ne sachant réellement ce qu’elle faisait là. Ne sachant vraiment pourquoi elle s’était relâchée, pourquoi elle n’avait pas présenté plus de résistance. Son corps lupin avait lentement repris forme humaine, forme fragile, et ses grands yeux rouges s’étaient détournés de moi. Totalement vide, évitant soigneusement de me regarder, pour ne pas se faire emporter. Emporter par quoi. De la peur, des sentiments qu’elle ne comprenait pas ? Si elle voulait s’enfuir, pourquoi ne le faisait-elle pas ? Pourquoi ne décidait-elle pas de me repousser violemment, de s’en aller, de m’oublier, de faire en sorte de ne jamais me revoir ?
    Doucement, je caressai cette joue que j’avais vue en rêve tant de fois, que j’avais eue tout contre moi pendant de longues années bénies des déesses. Cette joue si pâle, qui me paraissait plus diaphane encore que dans mes souvenirs brouillés. Comme si, avec le temps, mon aimée avait perdu consistance, comme si lentement, elle s’effaçait. Telle un songe qu’on ne saurait trop souligner, de peur d’entacher sa beauté. Sauf qu’à force de le dessiner avec trop de douceur, le songe s’envolait et s’effaçait. Il n’en restait plus rien, une coquille vide et fragile qui pouvait se briser à tout instant.
    Et moi, cette femme dans mes bras, je ne savais que faire, posant mon œil unique sur l’horizon infini de la plaine.

    Calmement, je m’assis à ses côtés, la libérant d’une étreinte que je n’avais que forcée. Je ramassai la flèche fichée dans le sol et la glissai sans un mot dans mon carquois. Elle se murait toujours dans un silence insoutenable. Pourquoi ne me parles-tu pas. Pourquoi ne veux-tu même pas savoir ce que je fais ici. Pourquoi ne me demandes-tu pas-même de partir.
    Pourquoi ne t’enfuis-tu pas, tout simplement.
    Toi qui semble avoir si peur de moi, toi qui t’es enfuie durant cette nuit tout aussi bénie que funeste, pourquoi ne me fuis-tu pas. Pourquoi ne me fuis-tu pas, comme cette fois-là, peut-être comme toutes les autres fois.
    Je reposai mon regard sur elle. Ses yeux ne me disaient plus rien. Il n’y avait plus rien de la douceur d’antan, plus rien de tout ce que j’ai aimé en elle. Qui es-tu, jeune femme qui me fait face. Tu n’es certes pas mon aimée. Ou alors ai-je trop changé. Peut-être ai-je oublié les valeurs de l’amour. Non, je ne pense pas. On ne peut pas oublier ce sentiment. Ce sentiment qui m’a maintenu dans un semblant d’humanité pendant tant d’années. Si j’avais perdu ce sentiment, je n’aurais plus été Le Juge. J’aurais simplement été un Exécuteur.
    Je commençai à me relever, puis je la mis sur ses pieds, elle qui restait prostrée dans la même position depuis quelques trop longues secondes.


    « J’ai quelques myrtilles dans ma sacoche. »
    Elle avait toujours été friande de ces petites baies bleues, qui laissaient sur les lèvres un liserai écarlate. Elle souriait alors de toutes ses dents et tentait de m’embrasser en me pourchassant, ses lèvres pleines de sucre tendues comme les ventouses d’un poulpe. C’était un temps où l’insouciance se peignait sur ses traits. Un temps où elle avait guéri ses blessures passées, où j’étais tout ce qui suffisait à son bonheur.
    Je sortis les fruits bien empaquetés dans un petit linge. J’en avais trouvé sur la route menant à Serenes, mûrs et juteux, comme elle les aimait. J’ouvris le linge et le lui présentai. Je pris une ou deux myrtilles et les glissai pensivement dans ma bouche, mâchai et avalai afin de lui montrer qu’il n’y avait aucun risque. Je ne comptai pas la tuer. Jamais. Jamais.

    Même si… Je réalisai seulement la noirceur de son énergie, alors que sa petite main effleura la mienne lorsqu’elle prit quelques fruits dans le tissu. Mon cœur rata un battement. Qui êtes-vous. Qui êtes-vous. Qu’avez-vous fait d’elle.
    D’un coup, je lâchai le tissu et la pris par le cou, la maintenant en l’air. Mon contact direct avec sa peau ne faisait que renforcer mon impression. Il s’agissait bien du corps de mon Aylin, mais ce n’était pas son énergie, pas sa présence…
    Et pourtant, quelque chose, quelque chose derrière cette monstrueuse énergie perçait. Quelque chose de blanc, de pur, de totalement perdu. Elle. Elle. Je me concentrai, mais cette énergie s’enfuyait dès que je l’effleurai. Toute mon empathie n’y faisait rien, j’étais incapable de l’effleurer. Incapable de lui montrer ma présence, de lui montrer que je l’aimais encore.

    Reviens.

    Je posai mon œil unique sur cette personne qui n’était pas mon aimée, la tenant toujours en l’air, entourant son cou gracile par une seule de mes mains.


    « Où est-elle. Qu’as-tu fais d’elle. »
    Je ne saurais souffrir aucun mensonge. Si mensonge il y avait, je le sentirais immédiatement. Au moment où il serait prononcé. Et ma main ne ferait que se resserrer autour du cou.
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MessageSujet: Re: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeSam 21 Jan - 11:39

Une conscience partagée, des pensées se superposant, une emprise déclinante. Depuis bien longtemps Aylin refaisait lentement surface, pouvant commencer à percevoir de réelles sensations aux antipodes de ce qu'elle vivait dans cette léthargie spirituelle. Il était là, elle le ressentait malgré son isolement, unique point de repère dans ces ténèbres environnants. Et elle avait peur. Peur qu'il lui en veuille, peur des conséquences de ses actes inconscients, effrayée de voir l'effet du temps sur son aimé. Mais il était là, et une chaleur parvint à l'atteindre dans sa prison alors qu'il posait délicatement ses doigts sur la joue de son corps, celui qu'elle ne pouvait pourtant plus contrôler. Son soudain réveil depuis ces cinq années de coma pesait étrangement sur l'esprit même de Pandora, soumise à cause de ce corps faible à cet homme qu'elle aurait préféré ne pas revoir. Ses mains furent libérées, mais elle ne chercha même pas à repousser celle se baladant sur son visage, malgré l'apparent dégoût qu'elle ressentait. Elle voulait renier cette évidence, mais son autorité n'était finalement pas si absolue. Une âme humaine n'était pas à négliger, et les réminiscences de celle à qui la déesse avait emprunté ce corps persistaient au point de la faire elle-même douter. Son statut divin la mettait en dehors de toute influence émotionnelle, mais depuis son intégration à cette mortelle, à de nombreuses reprises elle avait pu constater cette différence. Comme maintenant.

Sa passivité fut telle qu'il l'avait aidé à se relever, reprenant un léger ascendant sur ce corps pour ne pas tomber à nouveau, se maintenir sur ses deux jambes. Pourtant routinière, cette action fut presque hasardeuse sur le coup à cause de la bonté du geste de cet homme. C'était bien inhabituel, la douceur du Beorc faisait ressentir à la déesse une sensation bien étrange, preuve que son emprise diminuait à vue d'oeil. Encore un peu et elle succombera bêtement, submergée par les émotions d'Aylin, tant bien même le refusait-elle du haut de son perchoir nocturne. Le geste était anodin, elle voulut prendre inconsciemment un fruit proposé par cet homme, subissant le rythme de la situation sans véritable volonté. Mais la situation s'inversa du tout au tout.

L'empoignade fut sévère, au niveau de la gorge, malgré le fait que pour le moment cette pression ne la mettrait pas en danger immédiat. Elle pouvait respirer, mais son corps léger fut soulever par la force de son bras, tandis que son oeil unique l'accusait directement. La douceur de ses mots se transforma en impératifs secs et amers, la bienveillance ayant cédé à la violence. Il avait compris. La différence de ton démontrait bien qu'il ne cherchait plus à communiquer à son aîmée, qu'il avait affaire à une toute autre personne. Elle ne pouvait déterminer comment, mais une chose lui avait sauté aux yeux lui ayant permis de comprendre rapidement la situation. Le bien-être ambiant devint chaos, une notion plutôt familière pour Pandora, reprenant peu à peu ses sens, repoussant la conscience d'Aylin à nouveau qui de son côté fut surprise de la réaction de son cher et tendre, une sensation de peur qui la fit reculer d'un pas vers la léthargie. La gêne de cette dualité disparut en elle, remplacée cependant par la douleur parcourant son cou, rappelant la position physique dans laquelle elle se trouvait. De son statut de Déesse, le seul mal dont elle avait souffert fut lorsque sa propre mère l'avait battu à mort, seule une entité divine pouvait en blesser une autre dans la théorie. Mais avec cette apparence humaine, qui pourtant n'était même pas son corps, son monçon d'âme ressentait également cette souffrance, cette faiblesse difficilement tolérable pour elle.

Mais étrangement elle ne s'était aucunement débattue réellement depuis l'empoignade, d'abord perdue sous la surprise, puis sur le rappel de sa position. L'homme était vindicatif, son regard perçant croyait pouvoir rivaliser avec une Déesse, mais les yeux d'Aylin soutinrent cet air, ne cherchant pas la provocation, mais ne voulant pas céder non plus. Elle ne paniqua pas et se tut, là où peut-être son agresseur aurait espéré la voir se débattre rapidement et lui expliquer pour qu'il puisse la lâcher. Cela n'eut pas l'effet inverse, aucunement, et le borgne rabaissa lentement le corps de la Laguz au sol, relâchant son étreinte à la gorge mais sans pour autant rompre le contact, une main sur l'épaule. Il avait certainement compris qu'elle ne parlerait pas sous cette menace, et que sa pression physique de toute façon l'aurait empêché d'être claire. Elle ne voulait pas lâcher son regard, qu'elle fuyait auparavant, mais elle n'était pas rassurée pour autant. Elle la toisait de haut juste avant qu'il ne la rabaisse au sol, et elle pouvait alors constater à quel point cet homme était grand. Ses actions sur le monde avaient créer le Chaos, l'évolution des espèces, le changement, l'existence même de ce Beorc résultait de la simple volonté passée de Pandora, et pourtant... Il était imposant, et de par sa simple existence la création de la Déesse défiait sa génitrice. Situation aberrante au plus haut point, mais cet homme ne voyait en rien sa créatrice, même indirecte, il ne semblait regarder qu'un parasite lui ayant volé son précieux.


" Elle est en face de toi pourtant, n'arrives-tu pas à la distinguer ? "

Une interrogation stupide, Pandora se doutait bien de son ressenti, il savait qu'Aylin était là, tout en sachant que ce n'était pas elle qui lui parlait directement. Cependant elle n'essayait pas de se faire passer pour elle non plus, prétextant par la suite qu'elle s'était contenté de changer son opinion ou quoi que ce soit d'autre. Son intonation ne souffrait d'aucun vice, juste la vérité dans un air innocent.

" Ne te méprend aucunement, je ne t'ai rien pris du tout, je n'ai fait que reprendre une existence qui m'appartenait à l'origine. Je pourrais presque dire que c'est toi, Beorc, qui a essayé de me la voler, la détourner de sa fortune, mais je n'en tiendrais pas rigueur... "

Une mine ferme sur un pourtant si joli visage. Elle n'appréciait pas voir son autorité contestée, elle avait raison dans cette situation. Même après cinq ans dans un corps mortel, il restait peu évident de devenir modeste en si peu de temps vu son âge réel. Elle avait observé ce monde depuis près d'un millénaire, un être ignorant du sens de cette vie n'avait pas à la contredire. Pourtant elle savait l'homme égoïste et violent, souvent sujet à la caractéristique principale de Pandora, ce n'était pas vraiment rassurant. De plus sous cette incarnation, son influence sur le Chaos était peu maîtrisée, elle ne pouvait pas affirmer si la présence de ce Beorc à ses côtés va amplifier sa confusion jusqu'à le pousser à l'agressivité, ou si elle allait aspirer involontairement cette source et l'amoindrir... Et peut-être que finalement son essence n'était pas encore assez puissante pour agir sur cela, tout simplement.

" Ta vie sera suffisamment courte comme ça, pourquoi continues-tu de poursuivre une chimère vouée à l'échec par la roue du Destin ? Fais-toi une raison, Beorc, et reprend ton existence en main en l'oubliant. Défintivement. "

Elle resta droite, les yeux rivés fixement vers le visage de l'archer, la tête inclinée en l'air à cause de la grandeur de cette personne. Mais bizarrement malgré sa froideur dans ses mots, elle sentit ses yeux s'humidifier, ce fut léger, pas assez pour faire couler une larme, et espérait sur le coup que cela ne se voit pas de l'extérieur. Elle ne comprenait pas ce fait, mais elle pouvait ressentir dans un maigre recoin de son esprit un cri, un pleur, une volonté déclinante. Les mots de la Déesse avait tranché le coeur d'Aylin en morceaux, impuissante malgré qu'il puisse s'agir de son corps, et morte de peur à l'idée qu'Elryn se résigne à abandonner, à écouter ce qui était pourtant l'évidence émise par Pandora. La force d'âme d'Aylin déclinait, l'essence divine reprenait clairement le dessus sur le contrôle de la jeune Laguz, cependant une légère perle d'eau s'écoula le long de sa joue gauche, lentement mais inéxorablement, et qu'elle sentait ses deux jambes faiblirent subitement, sans pour autant la faire flancher pour l'instant. Pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeMer 25 Jan - 14:56

    La dureté de son regard ne mentait pas. Elle était forte, trop forte, cette entité qui me fixait, pas l’ombre d’une expression sur le visage. Comme si j’étais si insignifiant pour elle qu’il lui importait peu que je resserre ma main autour de son cou, ou bien que je la repose sur le sol. Et pourtant, si loin en son être, je ressentais la tristesse de mon aimée, les cris désespérés qu’elle poussait alors que son désespoir était noyé dans une puissance trop grande, trop forte. Trop imbue d’elle-même. Je reposai doucement son corps au sol, gardant ma main sur son épaule pour souligner que je n’en avais pas fini avec cette conversation.
    Cette personne me répondit froidement, soulignant une certaine évidence. Elle répondait simplement à ma question ; pourtant elle savait très bien ce que j’avais sous-entendu. Je voulais savoir ce qui s’était passé. Je voulais savoir pourquoi, pourquoi mon Aylin avait disparu pendant cette nuit éclairée par une lune d’une beauté émouvante. Et je voulais savoir qui me l’avait enlevée. C’était ce qui me décontenançait le plus. Qui était cette femme, suffisamment puissante pour enlever son corps à une créature dont l’énergie vitale était si pure et si grande. Pour lui retirer son bonheur alors qu’il était à son paroxysme.

    Elle continua de souffler des mots qui m’effaraient. Aucune vie n’appartenait à quiconque. Pour qu’elle pense ainsi, il faudrait qu’elle soit d’une puissance infinie. Ou bien d’un orgueil sans limite. Ma main toujours posée sur l’épaule, je sentais l’énergie palpitante de mon aimée tenter de se rebeller, de poser une objection face à ces propos trop durs, trop injustes. Mais elle ne pouvait rien faire. Et moi j’étais là, seul témoin de ce combat d’une tristesse infinie. Si ça se trouvait, l’entité qui me faisait face avait attendu ce corps pendant de trop longues années. Elle ne faisait que reprendre… Non, ce n’était pas possible. Mon regard se durcit.

    « Une fortune que personne ne devrait mériter. Pour qui te prends-tu, pour penser devoir faire preuve de mansuétude envers moi ? Pour une divinité toute puissante ? Personne en ce monde n’est tout puissant. Absolument personne. »
    Je jouai un jeu dangereux. Il fallait continuer, car je sentais chacun de mes mots couler doucement vers elle, vers Aylin qui m’attendait dans le noir. Aucune peur ne m’étreignait devant la puissante énergie qui menaçait de m’engloutir. Une énergie noircie par une trop longue attente et un trop grand pouvoir. Personne n’est immuable. Et le Destin n’est certainement pas écrit, jeune femme. Tu t’en rendras compte bien assez tôt.

    « Mon existence est menée telle que je le souhaite. Et si je n’ai jamais cessé de te chercher, durant mes pérégrinations, si j’ai fini par te retrouver, c’est qu’il en était ainsi. Le Destin aime jouer des tours à ses pantins. »
    Je me penchai légèrement, afin de mettre mon visage à hauteur des yeux du corps de cet être que j’aimais tant. Je parviendrai à te toucher Aylin, à te sortir de cette dualité funeste, je te le jure. J’en fais le serment.
    « C’est toi qui ne devrait pas exister en ce monde, créature dont je ne connais le nom. Tu es née du néant, retournes-y. Retournes dans la froide prison qui t’emmurais. Tes yeux ne trompent pas, ce sont les yeux de quelqu’un qui est resté prisonnier trop longtemps. Comment oses-tu te croire suffisamment importante pour faire subir le même sort à une femme qui n’a jamais tenté de te nuire ? »
    Devant moi, le corps pleurait. Le visage ne bougeait pas, restait figé, mais une unique larme perla, coulant doucement le long de la joue. Je la recueillais avec toute la douceur du monde, comme s’il s’agissait d’un cadeau précieux. Ma seule présence permettait à Aylin de reprendre un contrôle mince mais réel sur ce corps qui lui avait été volé. Je ne laisserais pas cet espoir mourir.
    « N’as-tu jamais rêvé que le monde tourne comme tu le désirais ? N’as-tu jamais souhaité un peu de bonheur, une vie où tu pourrais agir comme bon te semble ? »

    Je parlais à ces deux êtres, espérant de toute mon âme que chacune des deux m’entende et sache interpréter mes paroles. J’avais déjà fait mon jugement quant à cet esprit qui empoisonnait Aylin, la parasitait. Son existence était si forte que je n’étais pas en mesure de l’annihiler. Mais je pouvais parfaitement l’écarter. J’avais une possibilité, une dernière possibilité.
    Et soudain, quelque chose traversa mon esprit. Comme une révélation, comme une douce prise de conscience. Je dus me contrôler pour empêcher mon cœur de battre plus fort. Je modelai mon énergie à toute vitesse, inspirant à la louve le calme que je m’efforçais à faire naître au fond de chaque nerf, de chaque muscle. Je pris une inspiration avant de la vriller d’un regard d’acier.

    « J’ai toujours su qu’elle n’avait pas fui par honte ou par peur. »
    L’image d’un pelage blanc, de longues pattes courant vers l’horizon s’imposa à mes pensées. Elle n’avait rien perdu, cette nuit-là.
    « J’ai toujours su qu’elle ne m’avait pas abandonné. »
    Je serrai légèrement l’épaule, ne quittant pas le regard rouge qui avait été humidifié par un surplus d’émotions. Mes dernières paroles, mes derniers actes.
    « Et c’est pour cela que malgré mes blessures, malgré mes changements, malgré le temps qui passe… Je n’ai jamais cessé de la chercher. Alors rends-la-moi. »

    Et, plus légèrement qu’un papillon se déposant sur une fleur, j’allai chercher ses lèvres en un baiser plus doux que tous ceux que j’avais jamais pu lui offrir. Un baiser où je faisais glisser vers elle tous mes ressentis, tout l’amour que j’éprouvais encore pour elle. Où je mêlais à mon empathie extrême un désir de la comprendre, de la chercher, de la trouver dans les limbes de son esprit déchiré, empêtré dans la présence trop grande d’une invitée qu’elle n’avait jamais désiré.
    C’était comme une caresse.
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MessageSujet: Re: Retrouvailles [Pv Aylin]   Retrouvailles [Pv Aylin] I_icon_minitimeSam 16 Juin - 13:31

    C'était une mort. C'était le dernier souffle de ma bien-aimée qui s'envolait, alors que des flammes bleutées entouraient son corps gracile. Je sentis sur mes lèvres la chaleur qui la quittait, et bientôt les yeux de Pandora se retrouvaient parfaitement troubles. L'espace d'un instant, je crus apercevoir une dernière fois ma bien-aimée, son visage tendre et jeune, ses yeux pleins d'innocence, avant qu'ils ne se ferment à tout jamais.
    Et finalement, les flammes consumèrent son corps autant que son esprit, en une fraction de seconde. L'instant d'après, il n'y avait plus rien dans mes bras. Simplement la solitude.

    Je me tournai lentement vers l'homme à la chevelure flamboyante qui se tenait derrière moi, la main encore levée, un anneau ornant un de ses doigts encore nimbées de flammes qui ne m'avaient pas brûlé. Mais qui avait consumé ma seule et unique raison de vivre.


    "Cours. Ce genre de combat dépasse le genre humain. Tu n'avais pas à en être mêlé. Je fermerai les yeux sur ta présence en un lieu sensé être en quarantaine."

    Mon oeil unique brouillé par les larmes, je saisis sans mot dire les rênes de mon cheval avant de l'envoyer en grand galop. L'envoyer où. Et pourquoi.
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