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❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 21:57 | |
| Le crépuscule laissait place à une nuit tiède et rafraichissante après cette rude journée ensoleillée. Sur la route, les sabots de sa monture marquaient un rythme lancinant et hypnotique qui le berçait simplement, lui vidant la tête de tous les problèmes qu’il avait rencontré ces derniers temps. Sa cape sombre battait dans le vent de sa course, ce dernier faisant perler quelques larmes au coin de ses yeux. Il était au moins aussi soulagé que sa monture d’apercevoir enfin les lueurs du relai : l’animal et son cavalier avaient galopés toute la journée comme s’ils avaient le diable aux trousses et tout deux présentaient des signes de fatigue évidents.
C’est donc d’un pas chancelant que le Croc Pourpre mit pied à terre, épuisé par sa journée de voyage. Il vérifia machinalement que les documents étaient toujours en place, tâtant la fine bosse que formaient les enveloppes au niveau de sa poitrine. Il faudrait qu’il se change rapidement. La récupération de la paperasse n’avait pas été sans heurts et la face intérieure de son haut portait désormais trois signature ADN différentes, mélangées en une grotesque tache sombre de sang séché qui s’étendait jusque sur les documents. Les imbéciles... Séparer les documents avait été une bonne idée... Encore eut-il fallut qu’ils y aient pensés avant de se sentir observés... Des trois, seul le dernier avait eut le temps de le localiser. Ces sombres pensées en tête, l’assassin tira à nouveau sur le bandage qui lui ceignait le bras, juste un peu au dessous de son tatouage. La dague avait pénétrée profondément et la plaie avait beaucoup saignée au début. Mais le garrot avait réduit l’hémorragie et Jaffar espérait qu’elle pourrait attendre le lendemain, lorsqu’il aurait enfin atteint une ville abritant le Fang. Il lui faudrait au moins une deuxième journée au même rythme pour y parvenir et, s’il l’avait pu, il se serait remit en route dans la minute. Mais il était aussi fourbu que sa monture et avait grand besoin de se reposer à présent qu’il avait établi une distance correcte entre lui et ses éventuels poursuivants. L’assassin devait disparaitre et laisser la place à un simple voyageur au look un peu spécial... C’était pas gagné. Il avait besoin de se reposer et savait parfaitement que l’agitation du relai ne ferait que lui mettre les nerfs à vifs. Trop de monde, trop de stress... Il avait besoin de calme ce soir.
Brisant alors les espoirs de sa monture, le voleur quitta la route à pied, l’entrainant par la bride jusqu’à ce que le bruit de la civilisation ne s’estompe. Il était seul, au beau milieu des plaines du nord de Daein. Le vent faisait bruisser les herbes autour de lui tandis que la crinière de sa monture virevoltait silencieusement. Il marcha ainsi pendant quelques minutes avant de repérer un rocher sur lequel il s’installa. Fermant les yeux, il se massa les tempes avant d’enlever sa cape et de la jeter au bas du roc. Le silence environnant n’était troublé que par les mâchonnements du canasson qui broutait paisiblement à ses cotés. Se forçant à retrouver une respiration calme et paisible, l’assassin privé de sa vue laissa ses autres sens s’exacerber dans l’obscurité. Un exercice enfantin qu’il pratiquait de temps en temps afin de retrouver son calme glacial, nécessaire à l’exécution de certaines taches.
Ses muscles se relâchèrent progressivement tandis qu’il continuait sa « méditation ». Il entendait maintenant le chant des grillons alentours, il sentait le parfum musqué de la bête qui l’avait porté toute la journée. Dans cet état, loin d’être plus vulnérable, Jaffar percevait la vie alentours comme jamais et il aurait été difficile de le surprendre. Dix bonnes minutes passèrent avant qu’il ne consente à rouvrir les yeux. Il se sentait... Calme et détendu. Sa blessure l’élançait toujours mais l’irritation qu’il en éprouvait n’existait plus, refoulée dans les coins les plus sombres de son cœur. Son regard vide balaya les alentours tandis qu’il prenait une profonde inspiration. La journée avait été plus qu’éprouvante et il ne se sentait pas encore prêt à quitter cet univers de calme pour retourner dans le bruit et la confusion de l’auberge. Passant une main dans ses cheveux roux trempés de sueur, l’assassin fit jaillir de son fourreau l’une de ses dagues d’un geste souple et maitrisé. Il en éprouva le tranchant du pouce avant de contempler le reflet brillant de l’acier sous la faible lueur de la lune montante. L’arme qu’il tenait entre ses mains était presque aussi vieille que lui. La première avec laquelle il avait tué, son plus précieux trésor. Sautant à bas du roc, le Croc Pourpre effectua quelques rapides moulinets avant de ranger son instrument de mort. La nuit était tombée et il se sentait mieux. Ramassant sa cape, il la balança sur son épaule et s’apprêta à reprendre les rênes de l’animal. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 21:59 | |
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Elle était enfin arrivé sur un terrain habitée de Daein, du moins elle espérait que ce soit bien le pays de Daein car cela faisait des jours qu’elle parcourait la forêt, sans pour autant croiser ne serait-ce qu’une baraque. Plusieurs fois elle hésita à prendre les sentiers Beorcs, elle aurait pu avoir ses premiers contacts avec eux mais l’idée de marcher sur une zone à découvert l’horripilait. Elle préférait les observer de loin. Elle vit des quadrupèdes différents de ceux qu’elle chassait habituellement, montés par des Beorcs. C’était ridiculement grotesque. Ils étaient si faibles qu’ils étaient obligés de se déplacer en utilisant d’autres êtres vivants.
Les Beorcs correspondaient bien à la description que lui avait faite Eristoff. Elle n’était plus sûre de vouloir les rencontrer.
En se rapprochant de son but, Yue remarqua qu’elle appréhendait son retour, ce pays avait beau avoir vu le jour de sa naissance, elle savait que ce ne serait jamais sa maison, il était peuplé de parfaits étrangers. Cependant, la sensation de malaise qu’elle ressentait, avait un attrait particulier. Son ventre se serrait en une boule des plus désagréables, ses jambes flageolaient, un frisson glacial parcourait son dos avec lenteur, c’était bien la première fois qu’elle éprouvait de telles sensations. Elle tremblait de peur, d’excitation, tout se mélangeait dans son esprit. En un sens, elle voulait partir retrouver sa petite vie tranquille dans les bois mais d’un autre côté jamais elle n’avait ressentit de telles choses, jamais elle ne s’était sentie aussi vivante que devant ces épaves. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir des Humains, beaucoup d’Humains mais eux ne la voyaient pas. Elle s’était approchée de cette zone de repos car elle avait été attirée par le fumet de viande qui s’élevait dans l’air. Elle avait très faim. Rester à l’orée des routes ne l’aidait pas vraiment dans sa chasse mais elle était trop curieuse pour imaginer s’éloigner de la seule trace de civilisation Beorc car elle devait le reconnaître, ils l’attiraient. Les Beorcs qu’elle voyait, parlaient fort, criaient et beuglaient comme des vaches. Leur odeur aussi leur était semblable, ils puaient. Toute leur personne était une véritable nuisance pour ses sens, elle préféra donc ne pas s’approcher d’eux et rester terrée derrière les arbres à essayer de distinguer le parfum délicieux de la viande de celui répugnant de la sueur et de l’alcool. Au bout d’un moment elle abandonna, ses efforts étaient vains. De plus, si elle respirait encore cet air nauséabond elle s’évanouirait surement et son instinct de survie lui hurlait de fuir le plus vite possible. Elle s’éloigna en reculant prudemment, silencieusement, rapidement. Elle n’était pas encore prête pour cette confrontation et ses sens non plus. Ses déplacements étaient souples et fluides. Elle se déplaçait près du sol, invisible. Pour la première fois depuis son départ elle se dirigea vers les espaces isolés qu’offrait la forêt. Quand le silence revint enfin et que l’odeur s’était dissipée, elle s’arrêta et respira profondément. La forêt, la nuit, le silence était son havre de paix.
Soudain, un bruit de brindille qui se brise la sortit de sa méditation. Une proie était dans les parages, elle le sentait à travers tous ses pores. Elle prit son arc en main et encocha l’une de ses flèches. Elle n’avait pas mangé depuis l’avant-veille et l’odeur du fumet avait réveillé son appétit. Un peu de chasse la détendrait certainement. Le léger son qu’elle percevait était celui d’un quadrupède, plus lourd qu’une biche mais moins qu’une vache sauvage. Ce serait un bon repas. L’animal marchait d’un pas lent. Elle ne le distinguait pas parfaitement mais à sa manière d’avancer, son pas souple et régulier lui indiqua que la bête était en bonne santé. Il devait être grand, finement musclé, ce serait un repas bien nourrissant, elle en était sûre. Elle se pourlécha les lèvres et décocha sa flèche bien avant de voir le Beorc qui tirait la bête. |
| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:02 | |
| S’emparant de la bride, le voleur s’apprêta à reprendre le chemin de la civilisation. Peut-être ne l’aurait-il pas reconnu dans son état précédent... Peut-être aurait-il simplement péri de façon ridicule et silencieuse... Toujours est-il que le sifflement caractéristique du projectile lui parvint à peine une demi-seconde avant l’impact et, lorsque la hampe de bois se ficha profondément dans le flanc de la bête, l’assassin avait déjà fait volte-face et se ruait vers l’abri du roc. La bête se cabra dans un hennissement de douleur suraigüe, l’écume aux lèvres, avant de s’écrouler sous le choc. Le Fang, lui, était déjà planqué derrière le rocher et suivait la lente mort de l’animal au son de ses gémissements et des battements de ses sabots dans les airs. Heureusement pour sa monture, celle-ci ne mit pas longtemps à s’éteindre : la pointe avait pénétré directement en profondeur et avait sans doute atteint quelque organe vital. Restait la question de, ou des archers qui l’avaient pris pour cible. Concentré, l’assassin ne percevait plus aucun signal l’informant que les tirs se poursuivaient. L’homme était-il seul ? Qu’importe, il devait se tirer de ce guêpier. Il avait sous-estimé la ténacité de ses poursuivants mais eux avaient mal évalués la situation. Ils se frottaient au Croc Pourpre : l’un des quatre tueurs d’élite du Black Fang.
La forêt était toute proche. Sans doute le possesseur de la flèche s’y trouvait-il embusqué et, sans doute, avait il déjà changé de position également. Une chose était sure, sa cible était encore en vie donc il était toujours là. Restait juste à le débusquer... Un plan simple précis et concis.... Si l’on pouvait parler de plan. En un bond, le Croc Pourpre se trouva à l’abri derrière le cadavre de l’animal. La flèche était enfoncée juste en dessous de la selle, à coté de la lanière qui retenait l’étrier. Une longue trainée de sang noir avait déjà coulée de la plaie et tombait en fine gouttes sur l’herbe au dessous. Le vent agitait encore les crins de l’animal et quelques soubresauts faisaient parfois tressauter un membre mais les yeux vitreux de la bête ne laissaient aucun doute quand à son état.
Sans prêter plus d’attention à son bouclier de chair, l’assassin dégaina d’une main tandis que de l’autre, il s’emparait de deux sphères noires accrochées à sa ceinture. Il pouvait se servir de l’écran de fumée pour se dissimuler mais l’attention des tireurs seraient irrémédiablement attirée et il ne tenait pas à se manger une flèche perdue. Une deuxième solution s’offrait à lui, toute aussi risquée mais parfaitement adaptée à la situation. Sans hésiter plus avant, il jeta les sphères le plus loin possibles vers la droite. Le claquement caractéristique fut immédiatement suivi d’un puissant nuage de fumée, tandis que l’assassin déguerpissait par la gauche. La fumée attirerait irrémédiablement l’œil des tireurs et l’obscurité tombante, alliée à la couleur sombre de ses vêtements et de sa peau, lu fournirait peut-être un camouflage provisoire. Le problème était que si on le repérait, il serait probablement mort avant même de le savoir. Galopant comme jamais, il suivait en même temps la dispersion progressive de la fumée tandis que les fourrés se rapprochaient. Cinq mètres, quatre, trois... Il plongea à l’abri des buissons et roula sur lui-même avant de se relever, le souffle court. Son bras tenant la dague était maculé de terre comme sa joue mais la saleté lui importait peu. C’était plus l’absence de réaction de son adversaire qui l’intéressait. Visiblement il n’avait pas été repéré car aucun tir n’avait fusé et aucune flèche ne restait fichée en terre... Parfait.
Un sourire glacial orna son visage alors qu’il reprenait sa course dans les fourrés. Plus silencieux et vif qu’une ombre, il accéléra toutefois le pas après avoir franchit une certaine distance et son approche discrète se transforma en ruée sauvage. Le puissant assaut d’un fauve sur sa proie. En une seconde il surgit de l’ombre et se rua sur la seule créature présente dans les environs qui tenait un arc, la plaquant brutalement au sol. Ni une ni deux, sa dague se posa aussi sournoisement qu’un moustique sur la gorge de sa proie : -...
La proie en question était une femme... Ou plutôt une gamine. Pas spécialement grande ni forte, la seule et unique caractéristique marquante, mis à part son arc et sa cape à têtes de loups, était la blancheur de sa peau, s’unissant parfaitement avec celle de sa chevelure. La lueur de la lune se reflétait clairement sur ce corps aussi blanc que la cape de l’assassin, qu’il avait d’ailleurs oubliée là bas, était noire. Dans les ténèbres, il ne distinguait pas son visage mais peu lui importait. Plus important était l’absence de tout signe prouvant qu’elle était bien l’une de ses poursuivants. Elle était seule, elle avait tuée sa monture et n’avait pas essayé de tirer une autre flèche lorsqu’il avait fait sa petite diversion. Dans l’esprit de Jaffar une seule question s’imposa face à ce manque de preuve : - Qui es tu ? |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:04 | |
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A peine avait-elle vu le Beorc que celui-ci avait disparu, laissant sa proie sans défense. Elle voulut s’approcher pour mettre fin à la douleur du pauvre quadrupède mais une tension palpable parcourrait l’air la laissant comme paralysée par la peur et l’excitation. Le Beorc était toujours là, invisible mais bien présent.
*Enfin quelqu’un d’intéressant* pensa-t-elle.
Elle concentra sa vision et son ouïe, s’il bougeait, elle le repèrerait immédiatement. Soudain, elle vit une silhouette derrière le cadavre de sa proie, mais à peine l’eut-elle repéré qu’un nuage de fumée s’éleva à sa droite. Elle tourna la tête et entendit quelqu’un se jeter aussitôt dans les fourrés. Une diversion, elle en utilisait souvent lors de ses chasses. Elle rangea son arc et découvrit son visage, il ne servait à rien de donner une raison à son Beorc de la tuer surtout au vu de l’aura meurtrière qu’il dégageait. Elle ferma les yeux face au dernier endroit où elle avait cru le voir et se détendit un maximum, relâchant tous ses muscles, libérant son esprit. Elle sentit sur sa peau la douceur du souffle de la brise nocturne, au fond de sa gorge le goût acre de la fumée rendait sa bouche un peu pâteuse, le son des feuilles était harmonieux…
*Ah enfin, il vient à moi.* En un instant elle se retrouva dos au sol, plaquée comme une vulgaire putain dans un bordel à marin. Elle garda les yeux fermés et savoura ce contact inconnu. La légère odeur musquée lui rappelait celle plus forte d’Eristoff, son souffle calme et régulier montrait une grande confiance en soit et une grande expérience. Les muscles bien dessinés et sa manière experte de la maintenir au sol prouvaient les dessous de son quotidien tout autant que l’odeur plus discrète de sang qu’elle repérait sur ses vêtements. - Qui es-tu ?
Sa question avait quelque chose de maladroit, elle le sentit aussi surement que son odeur ; il ne s’attendait pas à trouver une femme. Un sourire s’étirait sur ses lèvres en même temps qu’elle ouvrait les yeux. Ce qu’elle découvrit l’effraya autant que ça l’attira. Deux lames, qu’elle n’avait pourtant pas senties, enserraient son cou en la menaçant de se resserrer sur sa gorge, lui autant ainsi toute vie. Elle releva les yeux sur son agresseur, il n’avait rien de bien séduisant mais l’aura et la tension qu’il dégageait, avait un attrait irrésistible. Elle savait qu’il tenait son existence entre ses mains et la peur la tenait au ventre formant des nœuds dans son estomac des plus désagréables à supporter. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de sourire avec une grande satisfaction car cette rencontre répondait à l’une de ses plus grandes questions, Eristoff avait tord elle s’en rendait compte à présent.
*Voilà à quoi ressemblait un Beorc digne de ce nom, pas un ridicule poivrot dans une auberge, non, un Beorc fort, puissant, intimidant, loin de la description erronée de père.*
Elle s’était toujours demandée comment des êtres faibles, dépourvus d’honneur et lâches, comme Eristoff se plaisait à décrire les humains, avaient pu être ses géniteurs. Cependant ce Beorc, lui imposant sa force n’était pas si différent d’elle, il ressemblait à Eristoff sous sa forme bipède, bien qu’il soit un peu plus petit que ce à quoi elle s’attendait. Peut être que son frère aurait ressemblé à ça s’il avait pu vivre. Ainsi, tous les humains n’étaient pas voué à devenir les êtres répugnants que décrivaient Eristoff, elle n’était pas vouée à devenir lâche et faible par sa nature Beorc.
Soudain, une douleur au niveau de son cou lui rappela brusquement la réalité de sa situation ainsi que la question qui lui avait été posée. La sensation du liquide chaud qui coulait le long de sa gorge offerte lui hurlait que sa vie ne tenait qu’à un fil. Cependant, elle ne put empêcher un sourire espiègle de s’imposer sur son visage. Elle était forte elle aussi peut être moins que son agresseur mais si elle reculait maintenant, si elle courbait l’échine et obéissait à son ordre, elle ne pourra jamais atteindre son niveau, elle en était intimement persuadée. Elle fit abstraction des lames et d’un air joueur, elle lui souffla : - Donne-moi d’abord ton nom et je jugerai si tu es digne d’entendre le mien
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| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:05 | |
| - Donne-moi d’abord ton nom et je jugerai si tu es digne d’entendre le mien.- ...Un sourire espiègle dansait sur les lèvres de sa victime. Etait-elle folle pour oser le défier de la sorte dans sa situation ? La mort était à son chevet et elle lui riait au nez ou presque. Une goutte de sang perla sous la pointe de sa lame et dégoulina le long de sa gorge. Quelques millimètres de plus et la vie s’échapperait en bouillonnant de son corps si pâle. Une frange masquait en partie ses yeux et elle avait de la terre dans les cheveux. Elle était probablement sur le point de mourir, de façon plus que stupide même, mais elle lui souriait. Un sourire narquois, un sourire provoquant, un sourire qui le mettait au défi de mettre sa menace à exécution et de simplement lui trancher la gorge.
Le même sourire mais en une version bien plus glaciale que celui de la fille, joua sur les lèvres de l’assassin roux. Très bien. Elle était soit courageuse soit complètement folle et cela aurait pu marcher... le hic étant qu’elle se trouvait face à lui. Il était l’incarnation même de la mort : l’ange noir fauchant tous ceux qui se dressaient sur son chemin. Son sourire disparut tandis que dans ses yeux, s’allumait une étincelle de folie : celle propre à celui qui s’endurcit contre ce qu’il s’apprête à faire. La marque commune aux assassins. Il était une machine à tuer. Il ne ressentait rien et surtout, il ne pouvait se permettre la moindre erreur. Pas de témoins. Pas de poursuivants. Pas d'hésitation. Elle allait rapidement en prendre conscience.
Impassible il n’effectua aucun geste brusque mais sa poigne se resserra sur le corps qu’il maintenait au sol tandis qu’il accentuait infimement la pression de l’acier sur la chaire de sa proie. Peu importe à quel point elle voulait se montrer arrogante. Peu importe à quel point elle espérait le bluffer avec ses répliques infantiles. Personne n’était à l’abri de la peur de la mort, pas même lui. Il suffisait juste de savoir s’y prendre correctement. Son visage était de marbre, son regard de glace et son cœur était plus dur que la pierre lorsque la lame perça la peau, l’incisant sur à peine quelques millimètres de longueur. La coupure, bien que fine, laissa tout de même passer son lot de fluide vital et une fine trainée de sang noirâtre vint se joindre à la première goutte. Le liquide chaud continua sa lente descente vers le sol avant de se répandre goutte à goutte sur le terrain forestier. Aussitôt absorbé par la terre... Tel serait probablement le sort du cadavre qu’il laisserait derrière lui. Ce n’était actuellement qu’une ridicule petite coupure... Mais il suffisait généralement du simple contact avec son propre sang et du picotement de la plaie pour délier les langues. Peu de monde avait été entrainé à résister à la torture qu’elle soit psychologique ou physique. L’assassin savoura son instant pendant quelques secondes avant de planter son regard noir dans celui invisible de la fille. Sa voix était aussi froide que son âme, aussi tranchante que sa lame et aussi intransigeante que pouvait l’être un assassin en passe de tuer sa proie : - Deuxième fois... Qui es tu ?
La pression du tranchant s’accentua encore sur la plaie. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:10 | |
| - Deuxième fois... Qui es-tu ?Yue sentait sa lame resserrer son étreinte sur son cou et elle étouffa un gémissement de douleur. Il était hors de question qu’elle se laisse dominer par un stupide Beorc sans humour qui osait faire couler son précieux sang rouge. Il lui avait semblé si intéressant au premier coup d’œil, mais sa manière de lui imposer ainsi sa question, son poids, cette douleur lui rappelait que trop bien la manière d’agir d’Eristoff. Il pensait qu’il pouvait l’intimider par la force, il avait tord, elle avait vu plus coriace que lui. Son sourire espiègle se changea en une expression plus sadique elle remua délicatement ses cheveux d’un léger mouvement de tête accentuant la douleur sur sa gorge et dégagea ses yeux sanglant pour lui montrer qu’elle n’avait pas peur de lui, qu’il ne réussirait pas à la faire plier sans la tuer. Elle savait en un sens qu’une simple réponse pouvait régler la situation, elle n’avait pas réellement besoin de risquer sa vie pour une raison si stupide, pourtant, elle ne répondrait pas par simple esprit de provocation. Elle ne lui avait rien fait de mal, elle était même prête à partager son repas avec lui s’il l’aidait à préparer la viande, mais non il avait fallu qu’il débarque avec ses gros sabots et qu’il impose sa virilité sans aucun tact. De plus, elle ne lui demandait pas le ciel, elle voulait juste qu’il ait la politesse de se présenter.
*Aie… c’est qu’il ne relâche pas la pression en plus cet idiot*
Cependant, au vu de son ton et de ses réactions, elle savait qu’il n’y aurait plus de discussion possible entre eux. Elle se résigna alors au silence et après une courte réflexion elle décida d’agir différemment. Il n’était pas question de crever ainsi, cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas utilisé mais si c’était d’un rapport de force dont avait besoin ce Beorc, elle pouvait très bien le lui donner. Avec une vitesse qu’elle n’avait plus éprouvée depuis de nombreuses années elle dégagea son bras de sous l’emprise de l’homme à la lame et le repoussa avant que cette dernière, qui avait déjà commencée son avancée vers sa carotide, ne la sectionne irrémédiablement. Elle roula en arrière avec un sourire satisfait sur le visage et… s’écroula pitoyablement sur le sol face contre terre. Le sang avait trop coulé mais surtout elle avait vraiment trop faim…
Dans un ultime effort, elle tendit la main vers le corps gisant du quadrupède mais ne pouvait l’atteindre. Elle éclata alors de rire en se retournant sur le dos d’un mouvement ample de la hanche et dit d’une voix quelque peu étouffée par le sang et les rires : - Eh merde j’ai perdu le combat, j’ai trop faim pour pouvoir bouger et en plus ma main est inutilisable pour l’instant… je ne pourrais même pas préparer ce magnifique animal par ta faute, moi qui me délectait déjà de ce festin. |
| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:10 | |
| Pour toute réponse, sa question n’obtint que le silence. Elle jouait aux durs... C’était ridicule. Rien ici ne prouvait qu’elle en avait après lui et pourtant elle s’obstinait dans son silence. Sa lame se stoppa un instant sur la peau blanche et le tueur attendit une réponse, son regard froid fixé sur le lent goutte à goutte qu’effectuait le liquide pourpre. Il ne réagit absolument pas lorsque la gamine s’entailla le cou encore plus profondément dans un mouvement pour dégager ses yeux rouge sang. Deux grandes pupilles sanguinolentes qui le fixaient d’un air... Complètement fou furent les premiers mots à lui traverser l’esprit. En plus de raccourcir son espérance de vie, elle se condamnait à mort en se murant dans son silence. Tant pis pour elle : - Qu’il en soit ainsi.
Avant de comprendre ce qui lui arrivait, l’assassin se retrouva projeté avec une force qu’il n’aurait jamais soupçonnée chez un être aussi frêle. Il avait relâché sa garde. Son corps heurta le sol assez violemment mais il roula sur lui-même avant de se redresser, toutes lames sorties, prêt à en découdre. Son adversaire se relevait, un sourire satisfait ornant son visage blanc. Ses yeux sanglants brillaient dans la clarté lunaire et offraient un contraste presque effrayant avec la pâleur de la chair qui les entourait. Un frisson d’excitation parcourut la colonne de l’assassin. Cette fille n’était pas ordinaire... Peut-être lui en voulait-elle vraiment à la base... Ce serait une joute intéressante comme à chaque fois qu’il affrontait ces gens torturés qui constituaient la majeure partie de la population du monde de l’Ombre. Sa prise se resserra sur ses dagues. Qu’elle approche. Il l’égorgerait comme un vulgaire porc !
Soudain elle tressaillit. Jaffar se raidit, en position de combat et... La fille s’écroula au sol. Immobile, ses fiers yeux rouges ne contemplant plus que le sol terreux, elle remua enfin avant de se retourner sur le dos devant le regard incrédule de son adversaire : - Eh merde j’ai perdu le combat, j’ai trop faim pour pouvoir bouger et en plus ma main est inutilisable pour l’instant… je ne pourrais même pas préparer ce magnifique animal par ta faute, moi qui me délectait déjà de ce festin.
Elle riait encore, s’étouffant presque dans le peu de sang qui avait du lui encombrer la bouche, mais elle riait quand même. Elle riait de ce rire que seuls possédaient les fous. Cette fille était soit folle à lier, soit parfaitement idiote... Ce qui revenait à peu près au même. Et elle se moquait encore de lui. Elle se tordait pitoyablement sur le sol, riant et parlant de manger son cheval. C’en fut trop. Les lames regagnèrent leur fourreau respectif et l’assassin s’avança d’un pas sur vers la gamine toujours au sol. Il ne savait pas sur qui il était tombé... Mais il savait qu’il finirait par le savoir et ce, même s’il devait garder l’œil sur elle. Il la saisit par le col de sa cape sans aucune compassion pour ses blessures et la tira derrière lui. Purement et simplement. Il la traina sur plusieurs mètres sans le moindre effort. Elle était loin d’être trop lourde pour lui et était trop faible pour se débattre de façon à lui échapper.
Arrivé là où il avait laissé le cadavre et sa cape, il la jeta sans aucune délicatesse contre le roc qui lui avait servi d’abri et la laissa là pendant qu’il allait chercher son vêtement. La cape-bandana était là où il l’avait laissée avant sa méditation et il eut tôt fait de s’équiper de nouveau avant de revenir vers le prédateur redevenu simple proie. Sa botte se posa alors sur l’épaule désormais rigide et froide du cheval et il s’appuya sur son genou tandis qu’il examinait le « repas » qu’avait voulu s’offrir l’étrange créature qui avait essayée de le menacer. Les muscles s’étaient raidis et durcis et le corps chaud et bouillonnant de vie n’était plus qu’une carcasse froide et inanimée. La blessure fatale n’était pas belle à voir. Elle avait suppuré et les bords étaient gonflés et encroutés de sang. Une trainée noirâtre et sèche ornait maintenant le flanc et le ventre de l’animal et des mouches vertes rodaient autour de la plaie d’où s’extirpait la hampe de bois de l’archère.
Un rire silencieux secoua d’abord ses épaules avant de se faire entendre dans le silence nocturne de la plaine. Un rire froid et glacial où perçait sa propre note de folie, aussitôt emporté par le vent et transporté à travers l’espace vide qui l’entourait. Un rire qui devait résonner même dans le crâne têtu de la jeune femme. Un rire qui en disait plus long sur l’homme qui lui faisait désormais face que n’importe quel discours : - Tu voulais vraiment... Manger ça ?
Ricanant toujours, il s’avança, une corde à la main. Il lui aurait été facile de se débarrasser de la jeune femme. Après tout elle n’était qu’une gêne pour sa mission. Mais il ne voulait rien décider avant d’avoir réussi à lui arracher son identité. C’était un défi qu’il voulait relever et, en un sens, c’était ce qui venait de sauver la peau de la jeune inconnue. Du bout de la botte, il la retourna sur le ventre avant de lui enfoncer son genou dans le dos afin de la maintenir tranquille. De là, il lui lia solidement pieds et poings avant de se relever satisfait, l’arc de sa victime dans la main. Il jeta un dernier regard à la bête morte. Lui récupèrerait-il sa flèche ? Non... Il n’en avait pas envie.
Sans plus se soucier de la réaction de sa proie, l’assassin chargea l’arc sur une épaule et balança la jeune femme sur l’autre tel un vulgaire sac de patate. Le relai n’était pas bien loin mais il mettrait plus de temps à l’atteindre chargé comme il l’était. Laissant là le cadavre glacé de son cheval, l’assassin se dirigea vers la civilisation.
C’est d’un pas lourd qu’il parvint enfin à rejoindre l’auberge. Sans se préoccuper de son « bagage », il enfonça la porte d’un coup d’épaule. Aussitôt le bruit, la fumée et l’odeur l’assaillirent. Les différents voyageurs de passages parlaient, buvaient, riaient, criaient après une rude journée passée sur les routes. Ce moment de détente tant convoité, ils en profitaient à fond. Des serveuses effectuaient leur intarissable va et vient entre le bar, les cuisines et les tables, jamais à l’abri d’une main baladeuse... Les risques du métier. Des cuisines s’échappaient un intense fumet de viande qui se mélangeait à l’odeur musquée de l’endroit : alliance subtile entre la sueur, la bière et l’odeur humaine. Jaffar n’aimait pas ces endroits. Certes ils étaient bien pratiques et on pouvait y boire et dormir à volonté pour peu que l’on puisse payer. Mais les endroits trop peuplés le rebutaient. Il était tellement simple de glisser un couteau dans une manche pour l’en faire jaillir au bon moment... Tellement simple d’empoisonner discrètement une choppe de bière... Mieux valait ne pas y penser. Après tout, mis à part cette fille, il n’avait repéré personne.
Naturellement, son entrée ne passa pas inaperçu. Certains clients se turent et fixèrent avec des yeux ronds cet étranger qui se pointait, une fille ligotée et qui répandait son sang sur le plancher, sur l’épaule. Malgré tout, beaucoup était trop imbibés d’alcool pour se rendre compte de la situation et le vacarme ambiant ne fit que légèrement diminuer lorsque l’assassin traversa la pièce droit vers le bar : - Hey mec ! Elle est pas mal ta copine tu l’as trouvée où ? - ... - ‘Tention les gars... Laissez passer l’livreur bwahahaha ! - ...
Le « colis » en question s’écrasa brutalement au pied du bar tandis que l’assassin s’emparait d’un tabouret à proximité devant l’œil soupçonneux du gérant : - J’ai besoin d’une chambre. - Wola wolah ! Du calme mon gars ! D’abord faudra m’expliquer s’que tu m’ramènes là sinon j’te jarte d’ici à coups de pied au cul ! J’veux pas d’ennuis moi ! - Elle a voulu me voler mon cheval. Cheval de relai en plus. - Il est où ton canasson ! J’l’ai pas entendu arriver mwa ! - Mort. Une de ses flèches. - ...
L’homme ventripotent se pencha par dessus son comptoir et observa la jeune fille à terre tandis que l’assassin contemplait la scène d’un air neutre. Enfin, l’aubergiste se retourna vers son client : - V’voulez que j’appelle la milice ? - Non.
Aussi vif qu’un serpent, le Croc Pourpre s’était emparé de son arme et l’avait déposée sur le comptoir à portée de main : - J’en fais mon affaire.
Un sourire cruel s’afficha sur la face graisseuse de l’homme tandis qu’il reprenait sur un ton de conspirateur : - Y’a un arbre dans le jardin. Si vous faites ça rapidement je vous fournis la corde. Ca fera un peu d’animation c’était plutôt mort ces derniers temps. - ...
Pour toute réponse, l’assassin s’empara de sa lame et se contenta d’un ou deux moulinets avant de la ranger de nouveau : - Non. Une chambre et à manger pour deux. - Pour deux ? - Pour deux.
L’homme grassouillet repartit en maugréant tandis que le Croc Pourpre s’accroupissait pour relever sa prisonnière : - Debout. Magnes-toi.
La tenant fermement par le bras, il l’amena à une table proche et la posa sans délicatesse sur une chaise avant de libérer ses bras d’un geste négligent d’une de ses lames. Il regagna tranquillement sa propre place, juste en face, apposant l’arc et le carquois de la prisonnière contre son dossier. Rapidement on leur apporta un pichet de bière ainsi que deux assiettes de ragout « spécialité de la maison ». Le Croc Pourpre s’empara de ses couverts et attaqua froidement la nourriture : - Mange. C’est meilleur que le cheval mort. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:16 | |
| Yue s’était retirée en elle-même. Elle gisait là, dans cette chaumine puante et essayait de ne pas suffoquer. Les cordes qui enserraient ses mains et ses chevilles l’irritaient douloureusement, mais rien ne pouvait lui faire plus mal que la saturation de ses sens. Autour d’elle, les gens attablés criaient, beuglaient comme des vaches, la lumière était trop forte et l’odeur…ne parlons pas de l’odeur. Un mal de crâne abominable s’efforçait de cogner à sa tête, lui rappelant à chaque choc l’entaille de son cou qui commençait à se sécher et à s’encrouter. Au dessus d’elle son bourreau discutait tranquillement avec un Beorc grassouillet, faible et sans intérêt alors qu’elle, elle risquait de mourir à tout instant. Lorsqu’elle avait compris précédemment qu’il la menait jusque dans la bâtisse aux Beorc, une sainte horreur s’était emparée d’elle. Elle se souvenait du dégout qu’elle avait ressenti rien qu’en se tenant à cent mètres de leur établissement mais maintenant qu’elle était réellement au cœur du lieu elle voulait disparaître, elle voulait que le Beorc aux cheveux pourpres la roue de coup et qu’elle puisse s’évanouir.
Il n’avait déjà pas été tendre avec elle au départ, même s’il était vrai qu’elle l’avait surement poussé à bout, mais qui pouvait-elle, était-ce sa faute si elle ne pouvait s’empêcher de rire, sa situation était risible. Elle s’était retrouvée la gorge ouverte, ses forces l’abandonnant, la faim la tenaillant, parterre incapable du moindre mouvement alors que le salut d’une viande bien nourrissante se trouvait juste à ses côtés sous la forme d’un cheval magnifique et délicieux. De plus, la personne l’ayant mise dans cet état était juste devant elle, elle était à sa merci, il aurait pu la tuer pour la faire taire mais pourtant il n’avait rien fait, il l’avait regardée et s’était énervé tout seul. Il devait penser qu’elle se moquait de lui mais la réalité était toute autre. Oh bien sûr elle aimait à le faire enrager mais ses rires lui permettaient surtout d’oublier et de cacher la douleur aigue de sa gorge, elle lui permettait de faire abstraction de sa souffrance et de se maintenir consciente. Elle n’avait d’ailleurs pas compris tout de suite lorsqu’il l’avait soulevée de terre en l’attrapant par le col et l’avait tirée pour l’emmener Dieu sait où. Ses lanières de cuir s’étaient alors enfoncées dans sa chair et avait tiré douloureusement sur l’entaille de son cou faisant couler son précieux fluide vitale.
Elle secoua la tête laissant de coté ses souvenirs tout frais et regarda ses jambes avec un rictus de désapprobation. Ses bas étaient déchirés, ses genoux blessés, écorchés, le sol rugueux et les pierres insidieuses avaient fait leur œuvre lorsqu’il l’avait trainée. Ce type n’avait vraiment fait preuve d’aucune douceur à son égard, ce qui étrangement la fit doucement sourire.
Après l’avoir trainée, il l’avait projetée sur un rocher, sa tête avait heurté de plein fouet la surface froide et dure du roc et elle avait momentanément perdu connaissance. Le choc avait été rude et la douleur de son crâne s’était additionnée à celle de son cou. Encore maintenant, elle sentait sa tête lui lancer par intermittence. Ça avait été à ce moment précis qu’elle avait compris les dangers de sa situation, le Beorc ne la tuerait certainement pas avant d’avoir eu sa réponse, cependant il pourrait la tuer, si ce n’était intentionnellement, par simple négligence en la malmenant. Mais malgré sa compréhension tardive de la situation dans laquelle elle se trouvait, elle n’avait plus eu de moyens de se défendre à part la dérision. Depuis ce moment là, elle n’avait donc cessé de sourire en silence. Néanmoins, là où le Beorc l’avait vraiment étonné, c’était quand il s’était mis à rire. C’était la première fois qu’il semblait éprouver des émotions, tout son corps s’était alors agité au rythme de son hilarité et le son rauque et dément qui sortait de ses lèvres avait quelque chose de vivant, de chaleureux et glaciale en même temps. Elle avait appréciait ce rire et tout ce qu’il signifiait et avait noté dans un coin de sa tête qu’il était capable de sarcasme. D’ailleurs, la seule chose qu’elle pensa quand il lui demanda si elle comptait réellement manger le cheval fut un grand ‘oui’ car elle savait qu’il aurait été délicieux avec une cuisson adéquate, quelques épices,…
*Quel gâchis tout de même…*
Après ça, il s’était montré d’une brutalité sans borne, il l’avait malmenée à l’extrême montrant bien par certain de ses gestes qu’il était le maitre de la situation. Elle s’étonnait d’ailleurs qu’il n’ait pas pissé sur sa jambe pour marquer son territoire. Son comportement était consternant quand elle y pensait. Néanmoins, ce qui l’exaspérait le plus, c’est qu’il n’ait pas récupéré sa flèche, elle n’en avait que peu et n’aimait pas les savoir séparées. Ses flèches étaient ses amies, elle avait pris soins d’elles, les avait taillées, cirées, leur avait accrochées de magnifiques plumes. *J’espère que l’odeur moribond du cadavre ne flétrira pas tes jolies plume ma chérie* Pensa-t-elle tout en imaginant les différents moyens d’utiliser cette même flèche pour torturer l’autre brute épaisse.
Elle releva la tête pour essayer de capter les brides de la conversation de son homme aux lames, mais rapidement son oreille fut surchargée par la vague sonore des Beorcs réunis dans la salle. Cette enflure n’aurait pas pu lui réserver pire traitement que ce qu’elle subissait en ce moment. Quand, elle avait reconnu la route qu’ils avaient empruntés, tous ses sens s’étaient mis en alerte mais elle n’avait pas été assez rapide. Des effluves moribonds étaient venus assaillir ses narines, un bruit assourdissant bourdonnait à ses oreilles, le mal de tête était venu et ne l’avait plus quitté… Les choses avaient même empirées.
Dans un premier temps elle pensait qu’elle pourrait supporter la présence de ses êtres répugnants, mais dans l’allée menant à l’établissement elle avait commencé à douter. Ces humains fétides la regardaient d’un air penaud et hagard, ils s’autorisaient à la dévisager et certains l’avaient montrée du doigt en rigolant
*Ah mais quelle horreur fermez la bouche, vous êtes moche et vous puez* avait-elle alors pensé.
Mais elle n’avait réalisé l’ampleur de son malheur que quand elle était entrée dans la bâtisse. L’endroit confiné renfermait un fumet indescriptible ; mélange de porc grillé, alcool bon marché, sueur, crasse, Beorcs, quadrupèdes, elle décelait même à son plus grand damne une forte odeur d’urine. Comment pouvait-on survivre à ça ? Elle geint bruyamment et s’efforça de se concentrer sur autre chose. Le pire était vraiment cette odeur, elle semblait muée d’une intension perverse et venait, malgré tous ses efforts, titiller son fin odorat. Pendant un instant, elle regretta même ses années d’entrainement dans la forêt pour aiguiser ses sens. Dans le bois ses capacité se révélaient être un véritable atout, la nuit silencieuse était son environnement et elle était capable de repérer un battement d’ailes de chouette n’importe où. Son odorat la prévenait lorsqu’elle était elle-même prise en chasse et sa vision nocturne lui donnait une bonne capacité anticipation et de mouvement. Tout chez elle était adapté à la délicatesse de la nuit, la subtilité des sons, la beauté des rayons de lune.
Le monde des humains, lui, était vulgaire, agressif, saturé d’impuretés. D’un autre coté elle se demandait si ce n’était pas la nuit qui avait cet effet là sur leur comportement, peut être quand présence des rayons du soleil, ils étaient moins déplaisant. M’enfin, si c’était le cas, la vie était bien ironique pour Yue car comment pourrait-elle partager une vie de Beorc en plein jour avec sa peau et ses yeux sensibles ? Elle préféra se convaincre que tous les humains étaient pareils de jour comme de nuit. Certains avaient été insultants envers elle mais ses sens étaient tellement saturés qu’elle ne comprit pas un traitre mot de leur divagation. Il valait d’ailleurs mieux pour eux qu’elle ne les entende pas car sinon elle n’était pas sûre de se maitriser. De toute façon, ce n’était que des rustres, des malotrus, des êtres pitoyables.
Sa tête avait de nouveau heurté la surface dure du bois lorsque l’autre brute l’avait jetée à bas d’un siège et maintenant, elle était par terre à la limite de l’évanouissement aux pieds de l’homme qui la torturait. Elle essayait de se couper du monde extérieur, d’intérioriser tous ses sens. Elle fit abstraction de chaque odeur, chaque bruit les réduisant à un énervant murmure, elle retint sa respiration et pria en son for intérieur pour qu’Eristoff lui donne le courage de résister aux hurlements de détresse de ses sens.
V’voulez que j’appelle la milice ?
Perçu-t-elle mais ce n’était qu’un murmure à son oreille…
- Non.
Un bruit de fond tout à fait supportable…
Elle se recroquevilla sur elle-même et imagina sa douce grotte et sa paisible forêt, les Beorcs ne méritaient pas son engouement, elle retournerait certainement là d’où elle venait quand elle se sortirait enfin de ce pétrin. Elle s’obligea à l’inconscience. Soudain, un mot vint frapper à son esprit comateux - Non. Une chambre et à manger pour deux.
*Manger !!!*
- Pour deux ? - Pour deux.
*Hallelujah !!!*
La faim qu’elle avait presque oubliée en s’enterrant dans son malheur revint à la charge plus forte que jamais. Telle une vague elle emporta tout sur son passage, sa douleur, son mal de crâne, ses sens saturés, tout fut submergé par une simple idée, elle allait manger. Il était étrange de voir comme le cerveau pouvait avoir ses priorités, car même si toutes douleurs étaient toujours bien présentes elles semblaient amoindries par l’idée seule de sa panse bien remplie. Elle sentit la main, lui semblant tout à coup salvatrice du Beorc l’obliger à se lever. - Debout. Magnes-toi. *Si seulement tu me détachais je courrais pour un simple quadrupède grillé et chaud*
Elle lui obéit promptement et salivait à l’avance à la pensée de ce repas tant attendu. Il la fit s’asseoir à une table et libéra ses mains d’un mouvement brutal de ses lames. Elle frotta ses poignés irrités par la corde et palpa du bout des doigts la blessure de son cou, une croûte assez saine commençait à se former. Intérieurement elle remercia le ciel pour lui avaoir donné un adversaire aux lames propres et aiguisées, elle ne risquait pas d’infections à première vue et l’entaille était nette et franche, elle ne devrait pas avoir de cicatrice. Elle arracha un bout de son collant à moitié déchiqueté et le serra en un joli nœud autour de sa gorge. Puis elle fit doucement rouler ses épaules pour dérouiller son corps endoloris. Le Beorc se posa en face d’elle balançant négligemment ses affaires sur le côté et attendit avec une certaine nonchalance fixée sur le visage. Plus tard, elle réglerait ses comptes avec lui mais pour l’instant elle ne pouvait penser qu’à une chose, manger.
Une Beorc maigrichonne leur apporta deux assiettes et les déposa devant eux, en jetant un regard curieux au Beorc et effrayé sur Yue. Elle se demanda tout à coup ce qu’il avait bien pu dire d’elle pour que la gosse ait ainsi peur. A moins que ce ne soit son apparence, Eristoff l’avait déjà prévenue qu’elle ne se ferait que difficilement acceptée avec ses yeux écarlates et ses cheveux blanchâtres. L’homme aux lames l’interrompit dans ses réflexions, et avec un air suffisant il lui dit : - Mange. C’est meilleur que le cheval mort.
Elle ne se fit pas prier plusieurs fois avant de lui obéir, elle fit craquer ses doigts, son cou, prit les couverts et les jeta sur le coté. Avec l’aide de ses seuls doigts elle enfourna un morceau de viande dans sa bouche et le compléta avec des pommes de terre. Puis elle mâchonna longuement et avala la boulette de nourriture hachée. - C’est répugnant, la viande est baignée dans la graisse, ne savent-ils pas qu’il faut faire cuir la bête longtemps pour faire fondre toutes les matières grasses indésirables.
Elle enfourna une seconde bouchée de viande et le regarda attendant une réponse mais rien ne vint. Le Beorc avait prit ses couverts et mangeait en silence sans lui accorder un regard. Elle l’observa alors en analysant chacun de ses mouvements. Ce n’était pas la première fois qu’elle l'observait, quand elle s’était retrouvée sur son épaule sans autre choix que de prendre son mal en patience, elle en avait profité pour décrypter chacun de ses gestes. Le léger balancement qui berçait alors son corps lui avait laissé le temps d’apprécier la fine musculature de l’homme ainsi que sa capacité à se mouvoir silencieusement, d’un pas souple et agile. Malgré leur petite incartade, Yue s’étonné de ne pas lui en vouloir plus que ça, elle avait d’ailleurs plus de ressentiment pour les péquenots qui l’avaient montrée du doigt et s’étaient moqués d’elle que pour cet homme avec qui elle s’était battu et contre qui elle avait perdu. En un sens il restait le cas le plus intéressant de Beorc qu’elle ait pu apercevoir. Il représentait la lueur d’espoir qu’elle cherchait, la preuve qu’elle n’était pas vouée à devenir faible et pitoyable comme les autres.
Dans d’autre circonstance, elle l’aurait surement invité à une partie de chasse car elle avait reconnu la gestuelle du prédateur qui sommeillait en lui. Il ressemblait en un sens à Yue mais celle-ci doutait du fait qu’ils aient les mêmes proies. De plus, elle était persuadée qu’elle se serait bien entendu avec lui car elle aimait ses expressions sincères et torturée à la fois, quand il avait ri précédemment elle avait vraiment adoré les sonorités de ses sons où perçaient la démence. Ils pourraient être amis. Et puis, en un sens il n’était pas si méchant, après tout il essayait de se rattraper en lui offrant un repas. En prenant ce fait en compte, elle pouvait même renoncer à sa vengeance. Elle n’était pas du genre rancunier. Elle décida donc de faire abstraction pour le repas de ses ressentiments par rapport à la flèche oubliée et à sa brutalité.
*Si ça se trouve en fait, il est juste maladroit avec les femmes*
Elle avala tant bien que mal une autre poignée mélangeant des légumes à de la graisse et se félicita d’avoir complètement endigué son sens du goût. La nourriture n’était pas fameuse mais elle lui remplissait le ventre. - Tu sais le quadrupède… ou plutôt le cheval, c’est très bon, surtout quand on vient de le chasser. Leurs muscles sont fermes mais plein de protéines. En plus, ya aucun problème de fraicheur puisqu’il est encore chaud quand on le prépare. Tu n’aurais pas dû t’emporter juste parce que je t’avais prise ta proie. J’aurais partagé le repas avec toi tu sais…
Elle se tut devant son expression incrédule, elle s’arrêta même pendant un instant de manger. Elle le regarda, son expression était impassible mais une petite veine sur le haut de son front trahissait un profond agacement. Par reflexe elle sourit et dit sur un ton plein de sincérité : - Je trouve que tu manques totalement d’éducation, je fais l’effort de te parler alors que je pourrais simplement me taire, en te lançant des regards noirs plein de reproches vu ce que tu m’as fais subir. Ce serait désagréable pour moi et insoutenable pour toi, mais non, je mets de côté mes appréhensions et te parle gentiment … Tu pourrais au moins répondre ou faire semblant de t’intéresser.
Elle soupira retourna son attention sur son assiette et tout en souriant, dévora le reste de son plat. |
| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:17 | |
| La fille le regarda un instant alors qu’il mâchouillait son propre repas. Enfin, après un temps d’hésitations, elle se décida à repousser ses couverts sur le côté. Allait-elle refuser de se nourrir, elle qui clamait vouloir faire rôtir sa monture ? Bien au contraire. Elle se jeta dans tous les sens du terme sur la nourriture, enfournant viande, sauce et légumes à la main dans sa bouche. S’il n’avait pas été déjà habitué aux possibles excentricités de sa prisonnière, le Croc Pourpre lui en aurait recraché sa bière au visage. Dans la situation actuelle, il se contenta de la scruter d’un regard atterré : - C’est répugnant, la viande est baignée dans la graisse, ne savent-ils pas qu’il faut faire cuire la bête longtemps pour faire fondre toutes les matières grasses indésirables. - ... *Qu'est-ce qui est le plus répugnant ici...*
Bien étrange créature que celle qu’il avait dégotée à quelques pas à peine d’ici. Une sauvage, c’était exactement ça. Elle lui faisait penser à un gros chat sauvage. Elle était à peu près sculptée comme lui. Des muscles fins et entrainés laissaient percevoir une grande agilité. Elle était taillée pour courir, pour traquer voire pour fuir en cas de nécessité. Ses vêtements comme sa peau et ses cheveux étaient entachés ça et là de terre, résidus de leur petite escarmouche dans les bois, sans parler de la sauce qui maculait désormais ses doigts. Elle avait achevé de déchirer l’un de ses bas pour bander la plaie à son cou tandis que celle de son crâne avait cessé de saigner. Elle restait toutefois bien pitoyable à regarder et, si l’on devait deviner à l’œil nu qui avait triomphé de l’autre, la réponse était évidente même sans les cordes qui entravaient toujours ses jambes. Sa peau était effectivement d’un blanc pâle et semblait presque scintiller à la puissante lueur de l’endroit mais le plus surprenant restait quand même ses yeux. Deux orbes sanguinolents élargis par la curiosité et qui le contemplaient fixement sans trace d’animosité cependant. Tout cela ajoutait à son caractère exotique et à sa très forte différence avec tout ce qu’il avait pu croiser jusqu’à ce jour. Elle était très certainement... Atypique : - Tu sais le quadrupède… Ou plutôt le cheval, c’est très bon, surtout quand on vient de le chasser. Leurs muscles sont fermes mais plein de protéines. En plus, ya aucun problème de fraicheur puisqu’il est encore chaud quand on le prépare. Tu n’aurais pas dû t’emporter juste parce que je t’avais prise ta proie. J’aurais partagé le repas avec toi tu sais… - ...
Non... Décidément elle semblait être totalement à côté de la plaque. Son discours était trop en dehors de la réalité. N’avait-elle donc pas conscience qu’il pouvait la tuer ici et maintenant sans que personne ne s’en offusque ? L’aubergiste râlerait sans doute à cause du sang sur son plancher mais quelques tournées générales annihileraient ses protestations et les étoufferaient dans l’œuf. Elle était complètement à sa merci, ignorante de ce monde dans lequel elle avait réussi à survivre jusqu’ici... Alors pourquoi n’avait-il pas laissé son cadavre pourrissant avec celui de l’animal qu’elle avait abattu ? Elle n’était qu’une entrave au bon accomplissement de son devoir : - Je trouve que tu manques totalement d’éducation, je fais l’effort de te parler alors que je pourrais simplement me taire, en te lançant des regards noirs plein de reproches vu ce que tu m’as fais subir. Ce serait désagréable pour moi et insoutenable pour toi, mais non, je mets de côté mes appréhensions et te parle gentiment … Tu pourrais au moins répondre ou faire semblant de t’intéresser. - ...
Très bien... S’il fallait commencer quelque part... Eh bien il lui inculquerait d’abord où elle avait mit les pieds. Sans relever l’insulte pour l’instant, le Croc Pourpre farfouilla dans sa bourse et en fit jaillir une pièce d’or qu’il présenta sans un mot à la gamine, toujours le nez dans son assiette. Avec un geste qui signifiait clairement « regarde et apprend », il engloutit le reste de bière avant de se tourner vers une serveuse qui passait par là : - Hep chérie !
Son ton n’était plus celui froid et cinglant qu’il avait employé jusqu’ici. Il était devenu pâteux et légèrement hésitant, comme celui d’un homme qui a trop abusé de la boisson. Ses gestes étaient saccadés et son œil était vitreux et avide. L’exemple typique de la proie facile, l’homme qui ne rêve plus que de dépenser son argent jusqu’au dernier sou. La femme qu’il avait interpellée s’avança vers lui, son plateau toujours en main. Elle était d’âge mur, ses cheveux bruns attachés en natte lui arrivant jusqu’au bas du dos. Quelques rides cerclaient ses yeux noisette mais le passage du temps n’avaient pas affecté outre mesure son visage, plutôt joli au demeurant. Elle était habillée simplement mais de façon à attirer l’œil et le tissu de ses vêtements laissait très implicitement deviner ses formes attirantes. Un châle recouvrait sa gorge : - A part d’la piquette et d’la malbouffe y sert kwa d’bon ton patron ?
Ce disant, l’assassin jonglait négligemment avec sa pièce d’or : - Tout dépend de s’que tu entends par « bon » mon chou. répondit l’autre avec un sourire aguicheur, évaluant déjà combien pouvait posséder un homme comme celui qu’elle avait en face d’elle. Ce n’était certainement pas la première fois qu’elle jouait à ce petit jeu : - T’en fais pas va... R’sert nous à bwar et si on t’demande... T’es occupée ce soir...
La pièce vola d’une pichenette jusque sur le plateau de l’autre : - C’est toi qui vois mon chat.
Et elle s’éclipsa en cuisine, accentuant son déhanché sur le chemin. Lorsqu’elle revint avec la commande, elle ne portait plus son châle, dévoilant ses épaules nues et un décolleté plus que convaincant. Naturellement, elle dut se pencher de façon plus qu’exagérée pour déposer le pichet sous le regard intéressé du pochard roux. Ce ne fut que lorsqu’elle disparut dans la foule que l’assassin reprit son calme habituel. Un assassin se devait de savoir jouer la comédie. Sans laisser le temps à l’autre de s’exprimer, il enchaina : - Combien d’hommes armés ?
Un temps : - Rien qu’en traversant la salle, j’en ai dénombré sept dont seulement six de vraiment bourré. Le dernier joue le jeu, c’est le type barbu juste derrière toi là, non ne te retourne pas !
Il avala une gorgée de bière d’un air nonchalant avant de reprendre : - C’est un pro. Il a déjà regardé par ici plusieurs fois et je doute que mon histoire de voleuse de chevaux tienne bien longtemps. Et si tous ici ne pensaient pas que j’allais te violer pour ensuite t’égorger dans un coin sombre, ils auraient déjà rappliqué par ici pour prendre de tes nouvelles... Ou alors tu te balancerais en ce moment au bout d’une corde au choix.
Il découpa un morceau de pain pour ensuite saucer tranquillement son assiette : - En cas de problème, la seule issue est la porte par laquelle nous sommes entrés. Oh bien sur, il y a les fenêtres à l’étage et probablement dans les chambres mais à moins d’avoir quelque chose pour amortir la chute ou de savoir grimper comme les singes... Remarque ça ne devrait pas te poser trop de problèmes. Ah au fait...
Il dégaina de nouveau et se pencha vers elle avant de reprendre sur le ton de la confidence : - S’il ne s’était pas dilué dans trois corps avant le tien, le poison sur cette lame t’aurais déjà tuée.
Rangeant son arme, il acheva son verre avant de s’enfoncer dans son siège, un sourire narquois sur les lèvres : - Tu parles bien « princesse »... Il avait accentué le dernier mot volontairement Mais évite de te vanter de ton "éducation" avec moi.
Sur ces sages paroles, il entreprit de se curer négligemment les dents avant d’ajouter : - Bienvenue dans mon monde. Des questions ? |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:19 | |
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- Bienvenue dans mon monde. Des questions ?
Elle n’en revenait pas, elle avait enfin réussit à lui délier la langue il l’invitait même à continuer la conversation. A un moment elle avait eu peur que le peu de boisson qu’il avait ingurgité ne lui ait tourné la tête et l’ait changé en l’un de ses vulgaires Beorcs comme l’autre truie qui ne pouvait s’empêcher de balancer ses hanches en répandant les fragrances de son parfum obscène dans l’air, mais non, il jouait la comédie. Elle n’avait pas parfaitement comprit les sous-entendus de leur échange mais en voyant la serveuse se pavaner comme un paon en cour, elle avait comprit que ça se finirait certainement en culbute dans les fourrés. Elle s’était alors rappelée une chasse où elle avait surprit deux lapins en pleine reproduction. Son sourire espiègle ne l’avait plus quittée depuis cette pensée.
Il lui avait ensuite parlé des hommes armés, à vrai dire elle était bien incapable de lui donner raison car elle, tout ce qu’elle voyait c’était des humains putrides et fanfarons dont elle était sûre de pouvoir se débarrasser facilement. Dans sa tête, elle avait essayé de les imaginer comme des animaux et la seule choses qui lui était venue à l’esprit était l’image de bons gros cochons bien gras et pas des sauvages, non des cochons d’élevage. C’est pourquoi, quand il en indiqua un différent des autres, elle avait voulu l’analyser pour comprendre la raison du respect silencieux que lui portait l’homme aux lames. Mais il l’en avait empêché et en parlant d’un air de conspirateur il lui avait confié qu’il allait la violer et qu’elle finirait au bout d’une corde, au choix… Elle n’avait pas vraiment compris ce qu’il entendait par ‘la violer’, elle avait pensé que s’était un diminutif pour la violenter mais si c’était le cas, c’était déjà fait au vu des hématomes qui était apparus sur ses bras et ses jambes, ainsi que la bosse énorme sur son crâne et sans parler de sa gorge. Quant à finir au bout d’une corde, elle s’était imaginée pendu avec celle attachée à ses pieds en train de se balancer gaiement la tête en bas.
*Faudra que j’essaye un jour*
Puis il avait parlé de fuite, elle était bien d’accord avec lui, il fallait fuir de cet endroit et le plus tôt serait le mieux car son ventre rassasié, son cerveau reprenait petit à petit conscience des terribles odeurs, des sons assourdissants et de la lumière aveuglante. Elle avait même peur de recracher son repas si ses papilles comprenaient ce qu’elle leur avait fait subir.
Elle se faisait un bref résumé de toutes les informations qu’il avait pu lui donner avec sa petite comédie ; les Beorcs puaient, ils avaient des mœurs bizarres, les femmes étaient vulgaires,… Elle n’avait pas vraiment de questions à poser car elle n’avait compris que la moitié des choses qu’il lui avait dites. Son esprit était occupé par autre chose, elle s’inquiétait du poison qu’il avait utilisé et voulait lui demander quels effets il avait, mais en même temps elle n’était pas sûre d’avoir le droit à un long temps de parole. Eristoff utilisait quelque fois du poison pour tuer les rats qui envahissaient la maison, elle avait toujours eu pitié de leur mort lente et douloureuse et n’avait jamais envié leur sort. Elle prit une bonne rasade de la pisse de chat qui lui servait de bière et avala en espérant diluer encore plus les quelques résidus.
Elle reposa sa bière et silencieusement, elle reconsidéra les dernières paroles qu’il lui avait adressées.
*C’est quoi princesse, une insulte…quant à l’éducation, il manque totalement de manière…*
Elle aurait pu le lui faire remarquer et le questionner sur le terme ‘princesse’ mais elle n’avait pas envie de s’étaler en paroles inutiles, il lui avait montré son monde, elle était impressionnée par sa vision de celui-ci. Eristoff ne lui avait pas du tout présenté ainsi. Maintenant, elle voulait lui montrer le sien, son monde à elle.
Elle se leva de table et à l’aide du couteau qu’elle avait balancé au sol elle se libéra rapidement de la corde à ses pieds. L’homme aux lames était sur le qui-vive, ses lames en main il ne la menaçait pas mais lui montrait clairement de se tenir à carreaux. Avec un plaisir non feint elle lui tendit la main l’invitant à la prendre et à la suivre. Il ne bougea pas. Elle soupira, sa prudence était quelque peu exaspérante. Elle posa sa main sur la table et en un mouvement des plus lents mais très félin, elle s’approcha de lui, imitant de manière exagérée les mimiques et gloussements de l’autre truie aguicheuse. Elle s’arrêta à quelques centimètres de ses lèvres. Il y avait suffisamment de distance entre eux pour qu’il n’ait rien à craindre de ses crocs mais pas assez pour empêcher son souffle de lui caresser le bout du nez. Elle avait la bouche légèrement ouverte et dans un murmure elle lui souffla : - Je sors la première en passant par les fenêtres de l’étage. Auras-tu l’éducation d’accepter mon invitation, je souhaite partager mon monde avec toi.
L’invitation qu’elle lui faisait aurait pu paraître de mauvais goût mais c’était sans compter sur le sourire carnassier qu’elle lui fit ensuite. L’esprit de la chasse emplissait ses yeux, l’idée d’une course en forêt l’excitait. Elle avait accepté de rentrer dans son monde, même si elle n’avait pas vraiment eu le choix, maintenant elle voulait le voir dans le sien.
Elle se releva, regarda fixement son arc puis le Beorc pour lui signifier de ne pas l’oublier puis avant qu’il ne se lève pour l’arrêter, elle poussa la serveuse brune d’un coup de hanches avant de sauter vers l’escalier qui se trouvait quelques mètres sur sa droite. Elle accrocha la rampe et fit aisément passer son corps entre les barres avant d’atterrir dedans, devant l’un des gardes armés dont il parlait précédemment, qui descendait d’un pas chancelant. Heureusement pour elle, son hôte avait raison, il était complètement bourré. Elle jeta un coup d’œil à la salle mais elle ne vit pas le barbu, seulement les sales roublards qui l’avait insultée, les serveuses idiotes et l’aubergiste rondouillet. Le garde ivre la regarda et recula effrayé : - Un démon…
Il partit en courant dans l’autre sens. C’était donc de ça que parlait Eristoff, les Beorc avaient peur de son apparence. Intérieurement elle remercia l’homme aux lames de l’avoir considérée comme une personne quelconque. Elle le regarda une dernière fois et lui fit un clin d’œil. Puis, elle arrêta de tenter le diable et prit ses jambes à son cou.
*Je te retrouve à la sortie beau gosse*
Elle défonça la première porte qu’elle vit, deux, non rectification trois personnes l’occupaient et jouait au jeu du docteur elle leur fit un sourire les encourageant à continuer, ils ne se firent pas prier. Des vrais lapins. Elle ouvrit la fenêtre et par chance un arbre suffisamment corpulent se tenait à un mètre de là. Elle évalua la distance et sans se déconcentrer à cause des quelques Beorcs qui l’avaient suivie dans la chambre, elle plongea dans l’arbre et attrapa une branche. Elle pendait mollement dans les airs, son bras lui faisait encore un peu mal. Mais en se concentrant un petit peu elle en fit l’abstraction assez longtemps pour se hisser sur la branche. Certains gardes saouls voulurent la suivre mais quand le premier s’écrasa lamentablement dans une carriole de foin deux étages plus bas, ils renoncèrent.
La forêt était foisonnante elle n’eut pas de mal à trouver un autre arbre et un autre pour fuir. Elle se dirigeait vers l’endroit où pourrissait le cadavre d’un cheval et elle fut à peine surprit de retrouver son Beorc calmement assit sur un rocher. Elle passa à coté de lui en prenant sa flèche au passage. Puis, elle se tourna vers lui, lui retendant la main et déclara : - Prêt à découvrir mon monde
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| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:21 | |
| Sa question n’avait pas reçue de réponse… Ou plutôt si… Mais pas celle qu’il espérait. La gamine s’était baissée et s’était emparée du couteau qu’elle avait renié un peu auparavant. La corde avait rapidement cédée mais le son de l’acier jaillissant du fourreau l’avait immédiatement suivie. Sa chaise avait valdinguée au sol alors qu’ils s’étaient redressés, elle et son ridicule couteau à bout rond et lui avec une unique dague en main. Que voulait-elle tenter encore ? Aucun être sain d’esprit ne se risquerait à l’attaquer aussi ouvertement en ce lieu non seulement parce qu’il se retrouverait aussitôt égorgé ; mais également parce que la totalité de l’auberge prendrait immédiatement le parti de l’assassin. Avant même d’avoir dit ouf, la fillette serait découpée en rondelle que l’on donnerait probablement à manger aux cochons. Cependant, il ne devait pas oublier qui lui faisait face… Cette fille pouvait tout aussi bien se mettre à jongler avec ses couverts que se jeter lui avec des hurlements sauvages… Contre toute attente cependant, elle lui tendit la main avec un grand sourire, le laissant perplexe une fois de plus. Une proposition d’alliance ? Un coup fourré supplémentaire dans leur relation déjà bien ambigüe ? Sa prise se resserra sur sa lame. Qu’elle expose sa demande on verrait ensuite. Le silence s’était fait peu à peu dans le relai. Serveuses, clients et tenancier les regardaient : certains par curiosité, d’autres par crainte des dégâts matériels et humains qu’entrainerait une bagarre, et d’autres enfin par simple goût des spectacles violents. Cependant, c’est avec une prudence accrue qu’il la vit s’approcher après avoir lâchée son arme. Elle était si proche qu’il pouvait sentir son souffle sur son visage. Son regard d’acier plongeait directement dans les profondeurs sanguinolentes de ses pupilles. Un regard presque démoniaque vide cependant de toute trace de machiavélisme. Seul y perçait une intense… Naïveté… Ou stupidité au choix. Un regard d’enfant démoniaque… C’était la meilleure description qu’il pouvait en faire. Son premier réflexe dans la situation actuelle aurait été de lui transpercer le torse, le deuxième de lui donner un coup de boule et le troisième de l’embrasser juste pour répondre à son comportement provoquant. Il se retint toutefois de faire un seul des trois mouvements dictés par son instinct sachant qu’il était impossible de prévoir la réaction d’un être aussi spécial dans chacun des trois cas. Autour d’eux, on s’agitait. Mieux valait faire quelque chose rapidement… Ou un objet contondant ressemblant étonnamment à un pied de chaise tenu par un mercenaire parfaitement sobre n’allait pas tarder à heurter la tête de l’étrange inconnue. Quoique l’assassin ne lui en aurait pas voulu pour le coup. Ce fut cependant elle qui prit les devants : - Je sors la première en passant par les fenêtres de l’étage. Auras-tu l’éducation d’accepter mon invitation, je souhaite partager mon monde avec toi. - … Elle avait chuchoté de façon à ce que lui seul l’entende. Il se garda toutefois de répondre… En fait il était abasourdi devant tant d’innocence. Au final… Elle n’avait strictement rien capté à ce qu’il lui avait dit. Une profonde envie de la baffer et de la secouer pour la réveiller s’empara du Croc Pourpre, impassible comme toujours. Et c’est seulement lorsqu’elle renversa la putain à qui il avait refilé une pièce avant de filer vers l’escalier qu’il percuta le sens de ses paroles. Lâchant un juron féroce, il s’élança à ses trousses avec retard cependant. Elle avait bousculé un poivrot et filait vers l’étage supérieur. Le reste de l’assemblée partit rapidement en bordel général. Les clients à peu près sobres suivaient de près le Croc Pourpre dans le même but que lui à la différence prêt que la gamine ne ferait pas long feu entre leurs mains. Le tenancier s’était recroquevillé derrière son bar et poussait des petits cris aigus de goret apeuré auxquels se joignaient allègrement ceux des servantes, dont la plupart courait partout sans vraiment savoir pourquoi. Enfin, les clients les plus pétés hurlaient des encouragements à tout va et recommandaient à boire de leur voix tonitruantes, ajoutant à la confusion générale. Il fut le premier à pénétrer la chambre dans laquelle ils l’avaient vue s’engouffrer. Mis à part les trois crétins qui cuvaient de façon bruyante et plus ou moins érotiques voire carrément dégueulasse à coté, seule restait la fenêtre, grande ouverte sur la nuit et ses mystères. Un arbre un peu plus loin supportait sans trop de problème le poids d’une humaine qui se hissait sur ses branches. Deux hommes s’élancèrent. Pas le Croc Pourpre. A quelle distance de la fenêtre se trouvait cet arbre ? - WAAAAAAAAAAAAAAAAAA …*SBROUF* - … Impuissant, il regarda l’autre se hisser avant de bondir lestement dans un autre arbre à proximité. Elle disparut rapidement à travers le feuillage. Un instant de silence, uniquement perturbé par les cris de la chambre, du rez-de-chaussée, et par les « Je vais bien ! » pâteux de l’homme qui avait sauté s’ensuivit tandis que les hommes réalisaient peu à peu à qui ils avaient affaire. Le premier à réagir fut finalement le barbu que le Croc Pourpre avait désigné un peu plus tôt : - Tous en selle ! Faut la r’trouver ! On va s’la faire cette salope ! Bien au delà du fait qu’ils venaient de laisser échapper une « voleuse de chevaux », se faire ridiculiser par une gamine était largement suffisant pour exciter une bande d’hommes fatigués par une journée de voyage et abrutis par l’alcool. Avec force rugissement haineux, les plus sobres des clients se ruèrent hors de l’auberge, bien décidés à lancer une chasse à l’homme… Ou plutôt à la femme dans le cas présent. Le Croc Pourpre suivit, plus lentement, et finit par sortir de la chambre sans fermer la porte. Descendant tranquillement les escaliers, il ne prêta guère attention à la pagaille qui était en train de s’organiser. Les hommes étaient déjà partis au triple galop en direction de la forêt qu’il retrouvait la fraicheur de la nuit. C’était presque une délivrance après toute cette agitation. Ces imbéciles étaient partis exactement dans le sens opposé duquel il fallait chercher. Elle devrait faire un long détour mais il ne voyait pas d’autre endroit possible. Arc et flèches à l’épaule il se mit en route… Pourquoi faisait-il tout cela ? Il lui aurait suffit de prendre sa chambre et d’y rester pour être débarrassé définitivement de cette garce. Pourtant, en son for intérieur, une petite voix lui soufflait qu’elle l’aurait retrouvé ne serait-ce que pour ses armes. Autant en finir immédiatement. Maintenant assit sur son rocher, il contemplait la main tendue ainsi que le grand sourire qu’elle lui adressait. Son regard transperçait littéralement la gamine et il sentait une intense colère s’emparer de lui. Le cadavre de la monture, rigide et froid avait attiré une belle colonie de mouche malgré son récent décès. Heureusement il ne commencerait à vraiment pourrir que lorsque le soleil ferait faisander sa chair morte : - As-tu seulement idée de la merde que tu as provoquée ! Ce n’était pas une question ! Bien sur que non qu’elle ne s’en rendait pas compte. L’assassin atterrit souplement devant elle. Elle ne savait rien. Elle état ignorante naïve et parfaitement stupide… En plus d’avoir le don de le provoquer et l’énerver. Une furieuse envie de la frapper le démangeait : - Tu as l’instinct de conservation d’une souris qui se jetterait dans les bras d’un chat ! Tu ne sais rien et tu agis plus que stupidement ! Comment se fait-il que tu aies pu vivre aussi longtemps sans rien connaître de ce monde ! Sa colère s’éteignit aussi rapidement qu’elle était apparue. Il se trouvait ridicule. Pourquoi se mettre dans des états pareils pour cette gamine ? Que lui importait qu’elle se fasse lyncher par une bande de soudards alcoolisés ? Respirant profondément, il se pinça l’arrête du nez entre deux doigts, tentant de retrouver son calme. Lorsqu’il s’adressa de nouveau à elle, toute trace de tension avait quittée sa voix : - Tu n’es pas d’ici. Tu ne ressemble même pas à une Beorc normale. Qui es-tu et que me veux-tu ? C’est tout ce que je veux savoir. Il avait posé sa question d’un ton franc mais qui n’admettrait pas d’autres réponses que celles qu’il souhaitait entendre. On en revenait au point de départ. Si elle souhaitait lui faire « découvrir son monde » il faudrait d’abord qu’elle lui réponde. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:25 | |
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- Tu n’es pas d’ici. Tu ne ressemble même pas à une Beorc normale. Qui es-tu et que me veux-tu ? C’est tout ce que je veux savoir.
Elle n’était pas une Beorc normale, elle le savait très bien mais l’entendre dire par un tiers lui transperçait le cœur. Elle ne connaissait rien à ce monde, elle l’avait bien remarquée, elle n’était même pas sûre de vouloir en savoir plus, mais cela voulait-il dire qu’elle en était exclue ? Elle se demandait si elle pourrait un jour retrouver une place parmi ses semblables. Mais le seul qui pouvait l’introduire dans cette vie, dans ce monde posait la question à laquelle elle ne savait que répondre partiellement.
*Qui suis-je ?*
Anatomiquement, elle était Beorc, son odeur était celle de ces êtres même si elle était moins prononcée chez elle. Son esprit était celui sauvage des homme-loups, elle avait le respect de ses proies, elle ne chassait que ce qui était nécessaire et tuait rapidement et sans douleur. Cependant son éducation l’isolait du monde Beorc et son physique de celui des Laguzs. La seule chose de positive pour le moment était que les Beorcs ne semblait pas la rejeter pour sa maladie, ses parents l’avait faite séquestrer pour cacher son coté albinos, mais l’assassin et les hommes de l’auberge ne s’étaient pas attardés sur cette particularité.
Elle soupira. Elle n’aimait pas réfléchir à toute ces choses, ça la mettait toujours d’humeur morose. Elle enfonça profondément en elle toutes ces réflexions et revint à la question qui lui était posée. Dans son monde les noms n’avaient pas d’importance, on était ce qu’on était, la seule distinction que l’on faisait entre les membres d’une même espèce était laquelle serait la proie de ce soir. Cependant son monde avait disparu depuis longtemps, elle le savait, désormais elle devait s’adapter.
Eristoff ne l’avait jamais appelé ainsi mais c’est ce qui se rapprochait le plus d’un nom et d’une réponse à la question posée. Elle sourit pour elle et dit d’une voix chantante. -Je suis Yue, fille d’Eristoff gardien des terres d’Hatary. J’ai environs 14 de vos étés, je mesure 1m62 quant à mon poids et mes mensurations je les garde pour moi. Ce que je veux de vous est simple, vous êtes mon test, l’expérience qui m’aidera à choisir entre vivre parmi les Beorcs ou tenter ma chance avec les homme-loups.
Ce n’était pas tout à fait la vérité, elle avait déjà choisit les Beorcs car elle n’était pas assez stupide pour espérer se faire accepter parmi le peuple de son tuteur. Néanmoins, pour survivre parmi ceux là elle devait les connaître et pas selon le point de vue du premier demeuré qui venait, non, elle devait apprendre de quelqu’un qui partageait le monde de la nuit, quelqu’un qui les connaissait sous toutes les coutures. Elle voulait apprendre un maximum de choses de l’homme aux dagues et seulement de lui, les autres ne l’intéressaient pas.
Maintenant qu’elle avait répondu à sa question, elle jugeait qu’il était temps de se mettre en route. La nuit n’était pas infinie et elle voulait lui montrer ce qui restait de son monde à elle. Elle ne savait pas pourquoi elle agissait ainsi, peut être voulait elle simplement que quelqu’un se souvienne de ce qu’elle était avant, elle voulait que quelqu’un partage une nouvelle fois sa vie avant que celle-ci ne disparaisse réellement sous l’identité de Yue, la Beorc.
D’un pied ferme, elle se mit à courir à travers le bois, passant entre les arbres et sentant l’air et les feuilles lui fouetter le visage. Elle prit une grande inspiration et d’un mouvement souple qui fit voler ses cheveux elle se retourna en criant : -Et toi beau gosse comment t’appelle t’on?
Son cri avait peut être alerter tous les membres de l’auberge, mais elle ne s’en souciait pas, tout ce qui comptait c’était, la forêt, la chasse, lui et elle.
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| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:27 | |
| La jeune fille sembla réfléchir quelques instants avant de se décider à répondre. Sa voix, claire et pure, résonna dans le silence nocturne. Yue... C’était son nom. C’était l’information qu’il cherchait à lui arracher depuis le début de cette étrange soirée. Un intense sentiment de satisfaction s’empara alors de lui. Sans trop savoir pourquoi, il était fier d’y être enfin parvenu : - Ce que je veux de vous est simple, vous êtes mon test, l’expérience qui m’aidera à choisir entre vivre parmi les Beorcs ou tenter ma chance avec les homme-loups. L’extravagance de cette simple phrase n’étonnait même plus le Croc Pourpre. Après tout, elle avait précisé être la fille d’un homme d’Hatary, une sauvageonne élevée par des bêtes ce qui pouvait expliquer son manque de culture. Jaffar n’en savait que peu sur les sous-humains et leurs coutumes, tous ses contrats se déroulant en terre Beorc et ses cibles étant principalement des membres de la noblesse humaine. Il n’avait jamais tué d’homme-animal et n’avait aucun préjugé sur eux. Oh bien sur, il avait entendu les rumeurs sur leur sauvagerie et leur bestialité mais en tant qu’assassin, il ne pouvait se permettre de faire confiance à ces quelques bribes d’information, probablement fausses et exacerbées par les croyances humaines d’ailleurs. Lui n’avait foi qu’en ce qu’il voyait. Et en l’occurrence, il voyait Yue… Bien qu’elle ait assurée être la fille d’un homme-loup, elle ne présentait aucune des caractéristiques propres à l’espèce. Ses maigres connaissances en la matière lui indiquaient que les sous-humains présentaient habituellement des signes de leur appartenance animale mais, sur elles, ils étaient absents… Peut-être à cause de sa maladie ? Un animal pouvait-il naître albinos ? A moins qu’elle n’ait été le fruit maudit de l’union entre un humain et un animal ? Auquel cas, il lui suffirait de jeter un coup d’œil à sa marque pour s’en assurer : les marqués ne lui ayant jamais inspirés ce sentiment de haine que chacun ressentait envers eux. A vrai dire, il s’en foutait… Ni plus ni moins. Ce n’était pas leur faute et ils ne lui avaient jamais cherchés de crosse. Malgré ce qu’elle venait de lui apprendre, l’assassin n’éprouvait de ce fait aucune répulsion envers la jeune femme. Il avait tué sans doute bien plus de Beorc que n’importe lequel de ces sous-humains et, si la Dame le lui ordonnait, probablement ferait-il de même avec ces animaux. Ils étaient tous égaux devant ses lames. De simples morceaux de viande qu’il lui fallait découper. Le silence s’éternisait entre eux. L’assassin avait eu ce qu’il voulait et elle le lui avait donné en toute franchise, lui exposant son but. Toute la logique de ce dernier échappait d’ailleurs au Fang. A quoi bon vivre parmi l’un des deux peuples ? Même lui, pourtant qualifié de Beorc, se sentait parfaitement distinct des porcs qu’ils avaient aperçus dans l’auberge. Il faisait partie d’un monde à part, hors de tous ces contextes politiques dans lesquels sa Dame s’était engagée. Il n’était qu’un instrument mais s’en satisfaisait pleinement tant qu’on lui permettait de rechercher celle qu’il se devait de protéger. Il était différent des autres, il le savait, et il en était fier. La jeune femme en face de lui voulait se fondre dans la masse et retrouver un semblant d’existence « normale » : un sort dont il n’aurait pas voulu lui-même. Cependant, si elle souhaitait vraiment devenir une parmi tant d’autre, ce n’était pas lui qui l’arrêterait. Leurs chemins n’avaient aucune raison de se croiser avant ce soir là. Il la suivit lorsqu’elle fit demi-tour vers le couvert des arbres. Elle avait parlé tantôt de lui montrer son monde. Soit. Il cèderait à son ultime caprice. Ce serait certainement plus reposant que de retourner dans ce relais où la pagaille devait encore régner. A peine s’étaient-ils engagés dans les bois que sa jeune compagne s’élança dans une course effrénée. Il eut à peine le temps de réagir que déjà, elle filait entre les arbres, tache blanche comme neige dans cet univers de noirceur. Sa démarche était souple et rapide tandis que son bassin accompagnait parfaitement le mouvement de son buste. Ses gestes étaient d’une grâce toute féline et respiraient la confiance en soi et l’assurance qu’elle savait où elle allait. Sa respiration était parfaitement accordée avec ses mouvements et elle semblait glisser sans un son dans cet élément qu’elle connaissait probablement par cœur… Ce qui était loin d’être le cas de l’ombre qui la suivait tant bien que mal. L’assassin avait déjà mené nombre de courses poursuites sur les toits, rivalisant d’adresse et de dextérité avec ses poursuivants ou ses proies. Mais ici, les branches basses le giflaient ou s’accrochaient à sa longue cape, la lune n’éclairait que peu le sol traitre et parfois instable tandis que ses yeux parvenaient à peine à distinguer la jeune femme qui filait devant lui. Plusieurs fois, il manqua de glisser ou de s’assommer bêtement tandis que Yue filait loin devant lui. Cependant, ses mouvements d’abord patauds se firent plus fluides au fur et à mesure de leur course. Porté par les senteurs boisées des environs, l’assassin cessa de percevoir le monde à travers ses seuls yeux. Sa respiration s’accorda sur ses mouvements tandis qu’il prenait conscience à travers ses autres sens de l’environnement. Il était loin d’égaler la grâce de la fillette qu’il poursuivait, mais au moins parvenait-il à suivre le rythme. Elle s’arrêta enfin et, tandis qu’il parcourait les derniers mètres qui la séparait d’elle, elle lui retourna la question qu’il n’avait cessé de lui poser, presque en hurlant. Tss… Le croyait-elle incapable au point d’être trop loin pour l’entendre ? Comme né des ombres elles-mêmes, le Croc Pourpre jaillit de la pénombre et se réceptionna avec la grâce d’un chat sauvage à ses cotés. Il n’avait pas tort tout à l’heure en pensant qu’elle lui ressemblait. Leurs mouvements évoquaient la grâce et la puissance des félins de la nuit. Des prédateurs en quête de proies. Il la dévisagea un instant avant de lui répondre, légèrement essoufflé par les efforts qu’il avait du fournir pour s’adapter à son monde : - Là d’où je viens, je suis le Croc Pourpre. Je suis le bras appliquant la sentence de mon maître face à nos ennemis... Il se tut un instant, hésitant à en révéler plus sur lui. Le Croc Pourpre était son emblème, sa fonction. Un surnom qui faisait trembler les couards et frémir d’intérêt les fous. Autrefois, l’assassin ne se déplaçait que pour les affaires les plus graves. Envoyer l’ange pourpre de la mort sur le terrain en disait suffisamment long sur l’importance de la situation pour qu’on le laisse accomplir sa mission en paix. On ne s’intéressait pas à lui, on évitait de l’approcher. En savoir trop menait très certainement à une mort rapide et indolore… Ou bien à une existence méfiante et vouée à la dissimulation afin que le Croc lui même ne vous retrouve pas… Qui que vous ayez été à ses yeux. Chassant ces pensées moroses de son esprit, le tueur darda son regard sombre dans celui étincelant de la chasseuse qu’il distinguait même malgré le manque de lumière. Posséder un nom, c’était détenir le pouvoir. Donner un nom, c’était de la confiance aveugle et probablement suicidaire: -… Pour les autres… Je suis Jaffar… Il se sentait vulnérable sans trop savoir pourquoi. Combien étaient ceux qui connaissaient sa véritable identité ? Sa Dame, Kratos, Nino et désormais… Il venait d’une façon ou d’une autre de lier son existence à celle de cette fille... Une gamine. Malgré son innocence, un mot de trop de sa part et il se retrouverait pendu avant même de s’en rendre compte. C’était peut-être la pire connerie qu’il ait jamais faite. Se détournant pour cacher sa gêne, il reprit : - Où allons-nous ? |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:30 | |
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-… Pour les autres… Je suis Jaffar…
Jaffar le Croc Pourpre, elle aimait cette identité mystérieuse. Son nom avait des sonorités exotiques, on ressentait de la violence et de la force dans son surnom, il lui inspirait un fauve aux dents acérées déchirant tout sur son passage, un tueur né. Elle fut d’ailleurs surprise de son hésitation, de sa gène, elle ne collait pas à ce nom, à sa personnalité. Avait-il peur de ce qu’elle pourrait faire avec, il ne devait pas car d’une certaine manière elle l’aimait comme elle aimait son tuteur. Jamais elle n’utiliserait cette information pour lui nuire et jamais quelqu’un d’autre n’apprendrait son identité de sa bouche. - Où allons-nous ?
C’était une bonne question, il y avait tant d’endroits où ils pouvaient se rendre. Elle concentra ses sens et les étendit sur des kilomètres. A 350m au Nord un ours pêchait dans une rivière, il se débattait avec un poisson glissant qui était bien accroché à la vie et faisait tout pour survivre. Trop tard, le coup que venait de lui asséner la bête l’avait définitivement assommé. A 600m à l’Ouest, un couple de phacochères retournait les plantes et les racines, ils cherchaient de quoi se nourrir. Un troupeau de daims traversait une plaine un peu plus loin, des loups chassaient cachés dans les bois derrière eux. La forêt regorgeait tellement de vie, il y avait tellement de choses à lui montrer et si peu de temps pour ça. Elle devait se décider rapidement.
*Va pour le troupeau de daims*
Elle frôla le Croc Pourpre, elle adore ce nom, saisit sa main au passage et l’entraina. Ses pas se faisaient de plus en plus légers à mesure que la forêt emplissait son être. Ses sens, qu’elle avait jusqu’alors réprimé devant les effluves immondes des Beorcs, pouvaient enfin s’étendre avec toute la liberté qu’ils possédaient. Elle avait entièrement conscience de tout ce qui l’entourait, le vent, les sons doux et agréables des sous-bois, l’odeur animale des habitants de la forêt. Lorsqu’elle arrêta sa course, ils avaient pénétré le troupeau de daims et se retrouvaient en leur centre immobile devant les regards curieux de ces bêtes. -Ils ne fuiront pas, du moins tant que l’on ne bougera pas. Ils nous voient mais ne nous assimilent pas à des prédateurs… le faon que tu vois à ta droite sera la cible des loups mais il ne mourra pas car les adultes le protégeront, surtout ces trois-là. Par contre, ce mâle adulte se fera bouffer aujourd’hui ou demain, il boite et si je l’ai remarqué, eux le feront aussi.
Comme des éclairs gris, huit loups sortirent de nulle part. Trois se jetèrent sur le faon, les cinq autres sur le boiteux. Elle ne se trompait jamais, car elle-même aurait agit ainsi. Le troupeau se mit en branle et comme un seul être, ils coururent en formation serrée dans la même direction. -Cours avec moi si tu ne veux pas te faire piétiner.
A leur droite, deux grands cerfs bois baissées, défendaient le faon. L’un des loups plus téméraire que les autres, plongea en avant, crocs et griffes sorties mais un troisième mâle le rejeta violemment d’un coup de cornes. -Ce loup doit être nouveau dans la meute, il est jeune et inexpérimenté. On n’attaque jamais un groupe uni, on s’attaque à celui qui est faible et isolé.
A gauche le mâle boiteux se débattait seul contre ses prédateurs, le reste du troupeau s’éloignait. Un coup de mâchoire à la gorge et s’en était fini. La vie venait de quitter ses yeux.
Un peu plus loin, elle quitta le troupeau en accrochant une branche d’arbre pour se mettre à l’abri des violents sabots. Elle regarda derrière elle, le jeune loup se relevait difficilement mais la meute l’attendait, il se remettrait rapidement de ses blessures. Elle monta plus haut pour avoir une pleine vue sur la forêt et s’allongea sur l’une des branches en regardant vers le ciel. Elle n’avait pas vu si Jaffar l’avait suivie mais elle savait qu’il n’était pas loin, car elle sentait son odeur, son odeur de sang, de sueur,…
S’adressant à la nuit plus qu’à lui, elle dit : -Mon monde est rempli de tuerie et de naissance_ Quelques branches plus haut un œuf donnait vie à un petit moineau en se brisant sous les coups de bec de ce dernier_ il est régi par des lois simples, la loi du plus fort, l’instinct de survie, la préservation de l’espèce. On protège les plus jeune et on sacrifie les malades et mal-portants. J’ai toujours aimé ce monde simple et basique, ou les priorités sont toujours les mêmes.
Elle se releva et se dressa devant l’étendue grisâtre qui s’étendait sous ses pieds. Dans quelques heures à peine il serait temps pour elle de se terrer dans un trou. Elle se détourna de l’aube grisonnante et reprit sa course à travers les branches d’arbres plutôt que le sol terreux. Intérieurement, elle se demandait si le Beorc pourrait la suivre dans ce domaine semi-aérien mais elle ne se retourna pas une seule fois pour le vérifier. -Je n’ai ni meute, ni troupeau, le seul membre de ma famille est mort. Je grandis et me rends compte que je n’ai plus ma place dans ce monde, je ne suis pas comme ce jeune loup qui peut intégrer une meute. Les daims ne me reconnaissent même pas comme un prédateur. Seule et isolée, je ressemble plus à une proie._ ils passèrent au dessus des phacochères_ Je ne partage même plus les valeurs de la forêt, je me surprends à vouloir protéger les faibles contre les forts, j’ai des envie de plaisir, des idées de vengeance… des souhaits qui non pas de raison dans un tel endroit, je suis une anomalie dans ce monde.
Se livrer ainsi ne lui ressemblait pas mais ce qu’elle disait semblait plus tangible si quelqu’un était là pour l’écouter. Ça faisait longtemps qu’elle s’était rendue compte du ridicule de sa situation, elle n’était pas un habitant de la forêt, elle n’était pas une homme-loup, ni même une vraie Beorc. Elle n’était rien, mais cette idée plutôt que de l’abattre, la réjouissait. N’étant rien, elle pouvait tout devenir. Après cette folle nuit d’effervescence, elle renaitrait pour devenir véritablement Yue. Elle pourrait devenir chasseuse, vendeuse, aubergiste même pensa t’elle en rigolant.
Ils passèrent en aval de l’ours, les arbres qui s’enchainaient jusqu’à lors disparurent pour laisser place à une immense étendue d’eau. Sans la moindre hésitation Yue retira ses vêtements, elle jeta ses bottes, sa cape, son haut et sa jupe à bas de l’arbre, ne gardant que ses bandages sur elle. Son corps pâle était impudiquement exposé aux yeux de la forêt mais elle n’en avait que faire. Elle plongea dans l’eau miroitante. Elle était froide, glaciale même mais à son contact tous ses muscles se détendirent. Elle nagea sur quelques longueurs puis se retourna vers Jaffar, une question lui taraudait l’esprit depuis un petit moment. -Pourrais-je devenir toi, je veux dire comment en vient-on à tuer ses semblables ?
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| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:33 | |
| Dans la lueur grisonnante de l’aube, l’assassin fixait de son regard glacé la créature qui s’ébattait insouciamment dans les flots. Ses vêtements reposaient en tas près de l’arbre d’où elle avait plongée et la présence de l’assassin ne semblait nullement la gêner. Contemplant la surface trouble des flots, le tueur réfléchissait. Il avait capté la plus grande partie de son monologue lorsque, échappant à la fuite effrénée du troupeau, il l’avait suivi depuis le sol. En réalité elle savait déjà tout ce qu’il lui avait raconté un peu plus tôt et elle y avait murement réfléchie durant ses longues années d’isolation. Seule entre deux mondes, abandonnée par son « précepteur », elle avait grandie à la frontière de ces mondes dont elle ne connaissait rien. Elle était une sauvageonne, rustre et insolente certes, mais qui présentait une envie d’apprendre et de s’intégrer ainsi qu’une curiosité sans limite propre aux enfants. Elle était si pure... Si malléable... Le portrait même de l’instrument qu’il n’avait plus qu’à façonner. Bien sur elle présentait les idéaux de justice qu’il avait lui-même nourri dans son plus jeune âge... Mais avec le temps, peut-être parviendrait-il à y substituer les principes fondamentaux du Fang ? Et même si ce n’était pas le cas... Que perdrait-il à essayer ? Il était libre d’agir comme bon lui semblait entre ses missions.
Dans le silence de la forêt, uniquement perturbé par les barbotements de la jeune femme, l’assassin s’avança, laissant glisser sa cape au sol. Sa main se glissa dans les replis de son haut, tâtonnant à la recherche des documents ensanglantés qu’il récupéra d’un geste vif. Les deux enveloppes étaient fines et tâchées de sangs mais les sceaux en étaient intacts, malgré le papier ramolli par endroit à cause de l’hémoglobine. Le Croc Pourpre n’avait même pas cherché à savoir ce qu’elles contenaient, sa mission était de les livrer en main propre à un homme de confiance et il s’en acquitterait : -Pourrais-je devenir toi, je veux dire comment en vient-on à tuer ses semblables ?
Tiré de ses réflexions, il ne répondit pas tout de suite et déposa soigneusement les papiers sur la cape avant de retirer le haut de son vêtement. La pale lueur du jour laissait entrapercevoir les fines cicatrices qui parcouraient la plus grande partie de son torse halé. Certaines n’étaient que de fines coupures, à peine plus claires que le reste de la peau, mais une ou deux présentaient l’aspect de véritables boursoufflures et indiquaient clairement le faible intérêt du Croc Pourpre pour les activités d’intérieur calmes.
Le tissu était imprégné de sueur et de sang séché et il gratta rapidement les quelques écailles écarlates qui collaient encore à son cou avant de s’agenouiller au bord de l’eau et d’y tremper l’habit. Alors seulement, il leva son regard sur la femme qui flottait à la surface miroitante du lac, un regard chargé de toutes ces vies qu’il avait vu s’éteindre : - Je ne sais pas... Probablement avec un entrainement adéquat... N’importe qui peut tuer son semblable ne serait-ce que par simple colère.
Le tissu s’imbibait d’eau rapidement et le Croc Pourpre ne tarda pas à apercevoir de très fines volutes écarlates, témoins que son nettoyage sommaire marchait plus ou moins. L’eau était glaciale et lui engourdissait les mains. Cependant, elle ne semblait pas avoir autant d’effet sur la créature à laquelle il s’adressait. - C’est le but de mon existence. Ils représentent mes proies et, pour la survie des miens, je me dois de les éliminer. Naturellement, ils ont souvent les moyens de s’offrir la protection d’hommes bien plus forts qu’eux-mêmes mais...
Il eut un sourire presqu’effrayant à l’évocation de ce passage : - ... Chez moi-même un jeune loup peut mater une horde de cerfs enragés... Et tout cela juste pour atteindre sa proie.
Son vêtement surgit de l’eau à grand bruit et il l’essora à plusieurs reprises avant de l’étendre sur l’herbe de la berge. Le temps n’était pas à la grisaille. Dans quelques heures débuterait une splendide journée ensoleillée. Il tournait désormais le dos au lac : - Nos mondes se ressemblent étrangement... La loi du plus fort y règne et l’on s’y bat pour survivre car, pour le perdant, la sentence est inévitable.
Son visage affichait un sourire presque engageant lorsqu’il se retourna vers Yue et c’est d’une voix moins froide qu’il reprit : - Tu possèdes l’étoffe des gens de mon univers. Tu as le talent nécessaire pour t’intégrer parmi nous. Sa main se tendit vers la jeune femme alors qu’il s’accroupissait au bord de l’eau. Laisse moi te guider. Laisse moi éclairer ton chemin et t’empêcher de continuer à l’aveuglette comme on l’a fait pour moi il y a des années de cela. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 19 Sep - 22:35 | |
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La fraicheur de l’eau entrait par tous les pores de sa peau lui donnant des frissons de plaisir, ses bandages qui s’en imprégnaient, soulageait agréablement les démangeaisons causées par ses récentes cicatrices au niveau de son dos et de ses jambes. Ses poignées, ses chevilles et sa gorge douloureuse s’engourdirent avec le froid ne laissant derrière la douleur aigue qu’un petit picotement anodin. Tout son corps se détendait irrémédiablement, les muscles de son bras endolori arrêtèrent enfin de la tirailler, elle se sentait bien. Ses sens étaient exacerbés par le contact de l’eau, elle sentait tout, elle voyait tout, elle entendait tout. Même sans le regarder et en ayant le corps immergés pour moitié dans l’eau elle sentait les vibrations du lac, qui lui indiquaient que Jaffar faisait pénétrer ses vêtements dans l’eau. Elle entendit le bruit de l’air qui était chassé des interstices du haut et sentait l’odeur de sang qui se mélangeait à l’eau limpide.
*J’espère être assez loin pour ne pas me retrouver à me baigner dans du sang croupie*
Soudain, elle perçu la voix rauque du Croc Pourpre raisonner à ses tympans. L’eau la déformait mais elle restait agréable à écouter. - Je ne sais pas... Probablement avec un entrainement adéquat... N’importe qui peut tuer son semblable ne serait-ce que par simple colère.
De la colère, c’était un sentiment qu’elle n’avait que rarement ressentit. Elle se disputait régulièrement avec Eristoff et parfois elle lui tirait dessus avec son arc. Elle se souvint avoir réussit à lui planter les fesses une fois, mais jamais elle n’avait souhaité sa mort. La seule fois où elle aurait voulu le voir crever et encore elle aurait donné tout ce qu’elle avait pour qu’il survive était celle où il était justement mort de manière stupide. Sa colère s’était dirigée contre son imprudence face à la tempête, il l’avait défiée et avait perdu, c’était la seule chose à retenir. Il avait mérité son sort. Peut être que si un humain l’avait tué elle l’aurait vengé mais en même temps, si un Beorc avait pu le tuer, elle aurait plus de respect pour lui que de haine, limite elle l’aurait félicité. Après peut être que s’ils s’étaient mis à plusieurs et l’avaient piégé… Non, si son tuteur était assez idiot pour tomber dans le piège des Beorcs, c’est qu’il se faisait vieux et devait passer l’arme à gauche. Ses réflexions étaient dures et cruelle, elle s’en rendait compte, mais elle avait une si haute estime de son tuteur qu’elle ne lui accordait aucune erreur. Cependant, si la personne qui était tuée était sans défense et qu’elle la connaissait, ou s’il y avait de la torture ou de l’humiliation…
*Rah j’en sais rien moi, tuer pour manger ne me cause aucun problème de conscience mais tuer pour tuer…*
Elle ne savait que penser, tuer c’était mettre fin à une vie, elle pouvait le concevoir dans le cas de la nécessité elle tuait bien pour se nourrir, mais tuer son semblable sans autre but que de le tuer elle n’arrivait pas à l’intégrer. - C’est le but de mon existence. Ils représentent mes proies et, pour la survie des miens, je me dois de les éliminer. Naturellement, ils ont souvent les moyens de s’offrir la protection d’hommes bien plus forts qu’eux-mêmes mais... Chez moi-même un jeune loup peut mater une horde de cerfs enragés... Et tout cela juste pour atteindre sa proie.
*Tuer pour la survie des siens…*
Son parallèle la faisait sourire intérieurement mais comme elle s’en doutait, il n’avait rien du caractère du loup. Un loup aurait pu agir ainsi et braver une « horde de cerfs enragés » mais pas pour tuer un proie qui mettait les siens en danger, non un loup agit ainsi pour sauver l’un des siens. Sa réflexion était purement humaine, prévenir plutôt que guérir. En tant que fille des forêts, Yue n’avait jamais pensait à l’avenir, elle vivait au jour le jour. Lui, n’était pas un enfant de la forêt, il n’était pas un animal, il était typiquement Beorc.
Elle se redressa dans l’eau ne laissant dépasser que le haut de son visage et d’une oreille plus attentive elle l’écouta. - Nos mondes se ressemblent étrangement... La loi du plus fort y règne et l’on s’y bat pour survivre car, pour le perdant, la sentence est inévitable.
Elle n’était pas d’accord avec lui il reprenait ses mots mais les détournait. Le plus fort physiquement dirigeait et faisait sa loi mais si on ne le remettait pas en cause, les faibles n’avaient rien à craindre et bénéficiaient même de leur protection dans le monde des bois. Le combat pour la survie aussi était différent car on ne réfléchissait pas comme des individus mais comme un seul être. Cependant le Croc Pourpre faisait des efforts pour lui faire comprendre quelque chose, lui faire comprendre qu’il n’était pas impossible pour elle d’intégrer son monde. Présenté selon sa vision des choses, elle avait l’impression qu’elle pouvait passer d’un monde à l’autre sans craindre de devoir changer toute sa personnalité. Les parallèles qu’il faisait, lui laissaient l’espoir qu’elle pourrait enfin être ce qu’elle était sans limite. Elle se rapprocha de lui écartant à l’aide de ses bras l’eau ensanglantée. Seul le bas de son corps reposait encore dans l’eau. - Tu possèdes l’étoffe des gens de mon univers. Tu as le talent nécessaire pour t’intégrer parmi nous. Laisse moi te guider. Laisse moi éclairer ton chemin et t’empêcher de continuer à l’aveuglette comme on l’a fait pour moi il y a des années de cela.
Le sourire qu’il lui adressait et cette main tendue vers elle avait quelque chose de salvateur, et en temps normal elle lui aurait sauté dans les bras en le remerciant, mais à vrai dire elle avait peur de ce qu’elle allait découvrir aux côtés de cet homme. Cependant elle se voyait mal vivre comme une aubergiste avec des petites écervelées qui couchaient pour de l’argent, les rixes tous les soirs,…
*Et puis merde, je ne vais pas rester toute ma vie dans cette forêt non plus*
Elle leva sa main et prit la sienne, elle était ferme et calleuse, ce serait peut être les mains qu’elle aurait dans quelques années. Un oiseau dans un arbre chanta les premiers rayons du jour, bientôt elle devrait se cacher, partir dormir. Elle se demanda alors s’il l’attendrait. Elle eut un petit sourire espiègle, il l’attendrait elle s’en assurerait. Avec toute la force qui lui restait elle tira sur cette main tendue. Il n’avait rien à quoi se rattacher, c’était presque trop facile. Il tomba dans l’eau avec une certaine classe et se releva complètement trempé jusqu’à la moelle. Ses cheveux habituellement dressés retombaient pitoyablement, ses vêtements trempés moulaient à la perfection ses muscles et sa peau halée. Comment réussissait-il à être beau dans ce genre de position.
*On dirait un gros tigre tout mouillé, il est trop mimi*
Elle passa doucement ses bras au dessus de ses épaules puis derrière son cou, craignant toujours un peu pour sa gorge, et le serra dans ses bras en posant sa tête sur son torse. -Merci…
Elle s’écarta de lui aussi doucement qu’elle s’était approchée puis elle sauta sur la berge d’un mouvement leste et souple. Elle devait se dépêcher, d’un coup de tête, elle saisit sa queue de cheval qu’elle essora, puis elle récupéra ses vêtements et ses armes. Elle enfila son haut et sa jupe par-dessus ses bandages humides, leur fraicheur soulageait ses douleurs, et elle se mit en route. Plus haut sur la rivière il y avait un ours donc avec un peu de chance, il y avait également une grotte pour l’abriter dans le coin, ce serait sa zone de repos pour la journée. Avant de se mettre en route, elle se tourna vers Jaffar et lui dit : -Tes vêtements ne seront pas secs avant ce soir profites en pour les laver de fond en comble et si tu pouvais également te laver toi aussi se serait pas du luxe. Moi je ne supporte pas les rayons du soleil je vais donc allais dormir _ elle se retourna et commença son chemin quand une idée lui vint à l’esprit, elle le regarda _ si tu veux me rejoindre bien sur je ne suis pas contre.
Elle insista sa demande d’un petit clin d’œil et partit en courant.
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| | | ❝ Jaffar ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Jeu 23 Sep - 0:37 | |
| Les mots qui lui venaient auraient sonnés bien vulgaire s’il avait vraiment pensé à les prononcer mais, abasourdi par le choc thermique, il ne put que regarder bêtement la gamine détaler entre les arbres. Elle avait accepté sa proposition... Enfin plus ou moins... A sa façon dirons-nous. L’assassin dégagea la main qu’elle lui avait serrée de la vase dans laquelle elle reposait, et en contempla longuement la paume. Elle était légèrement plus claire que le reste de sa peau et présentait les signes typiques des manieurs de lames. Calleuse et légèrement rêche, une cicatrice due à un mauvais mouvement ornait la fine jointure de peau entre le pouce et l’index.
Un sentiment étrange s’empara de lui alors qu’il réalisait que par ce simple geste, il avait lié la suite de son existence à celle de cette fille... Ou tout du moins une partie de ses futures aventures. Il avait réitéré le même rituel que lui et son propre maître avaient passés il y a de cela plus de dix ans. Il venait de placer sous sa protection un être qu’il se devrait de former et de protéger jusqu’à ce que celui-ci soit capable de voler de ses propres ailes. Oui c’était réellement un sentiment des plus bizarres malgré son étonnante puissance. Le simple fait de savoir qu’il comptait réellement pour quelqu’un lui donnait confiance et force en lui-même. Il avait été seul si longtemps... La compagnie de cette étrange fillette ne lui serait peut-être pas si néfaste que ça.
Un frisson glacé le tira de ses songes. L’eau était gelée et le fait d’être torse nu n’apportait strictement aucune amélioration. Son pantalon et ses chausses étaient désormais gorgés d’eau tandis que ses cheveux coupés courts, d’habitude soutenus en l’air par son bandana, s’aplatissaient désormais misérablement sur son crane. Se secouant, l’assassin regagna rapidement la berge où il entreprit de se dévêtir plus avant puis de piquer une tête dans le lac. Il était désormais hors de question d’espérer retourner au relai pour obtenir un baquet d’eau chaude et il aurait payé une chambre et une trainée pour rien. Tant pis. Le contact polaire de l’eau le surprit bien plus que ce qu’il espérait et il entreprit de se réchauffer de son mieux en effectuant quelques longueurs. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pratiqué la natation, rares étant les fois où il avait du employer cet art pour fuir ou pour infiltrer une place et, il se sentait un peu rouillé. Il profita également de son bain matinal pour effacer la plus grande partie du sang qui imprégnait ses vêtements et sa peau ; son regard suivant l’évolution des volutes rougeâtres dans l’onde miroitante sans la moindre trace de remord. Sa plaie à l’épaule ne s’était heureusement pas infectée et il la nettoya soigneusement, ainsi que son bandage avant de renouer ce dernier autour de la blessure. Une cicatrice de plus à ajouter à sa longue collection. Heureusement, cette dernière n’avait pas altéré son tatouage, symbole de sa foi en la toute puissance du Black Fang.
Son bain ne se prolongea pourtant pas au-delà des dix minutes. Frileux, le Croc Pourpre regagna rapidement la rive et s’étendit au soleil, nu comme un ver, en s’étirant avec une grâce toute féline. Pour la première fois depuis longtemps il se sentait parfaitement détendu. Leur cavalcade à travers les bois avait sans doute fait fuir toutes les bêtes du secteur et, même si l’un des poivrots du relai avait eu l’idée de le suivre, il s’était lui aussi sans doute égaré. Ses sens aiguisés s’assoupirent légèrement sous la caresse croissante du soleil sur sa peau, que rafraîchissait par moment un léger souffle de vent. Quelques oiseaux laissaient entendre des pépiements de plus en plus assurés au fur et à mesure de la montée de l’astre solaire tandis qu’un long braiement signala à plusieurs reprises la présence d’un cerf dans les bois alentours. De temps en temps, un poisson remontait à la surface pour gober un insecte, perturbant le calme environnement de quelques éclaboussures avant de replonger dans les profondeurs vaseuses du lac, entrainant sa malheureuse proie avec lui. L’assassin sentait peu à peu son corps se réchauffer et cessa rapidement de frissonner tandis qu’il testait toutes ces nouvelles sensations, jusque là ignorées et inconnues : le contact de l’herbe contre sa peau, le parfum naturel que lui apportait le vent, les grésillements de quelques criquets alentours. Il avait l’impression de voir ce monde que sa jeune amie lui avait évoqué malgré ses paupières closes. Un monde pur et simple comme elle, un monde où il n’y avait pas de politique et où seule une loi régnait. Un monde paisible... Bien différent de celui dans lequel elle allait s’aventurer. Un sourire lui monta aux lèvres alors qu’il comparait les deux univers. Et lui, s’il en avait l’occasion, lequel choisirait-il ? La simplicité de la nature l’attirait. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pu se relaxer de la sorte... Peut-être devrait-il pratiquer ce genre de cure plus souvent ? Mais au-delà de ça... C’était tout.
Ses yeux noirs se rouvrirent et contemplèrent le ciel azuré vide de nuage, tout comme son propre cœur était vide de doutes. Oui, il n’y avait pas à hésiter. La nature, les petits oiseaux, tout ça c’était bien joli mais il ne pouvait se passer de sa vie actuelle. Il ne se sentait jamais aussi vivant que lorsqu’il fuyait une patrouille en bondissant de toit en toit sous une pluie battante. Il avait frôlé plus d’une fois la mort et les palpitations d’adrénaline qu’il ressentait à chacun de ces instants l’enivraient au point de l’avoir rendu accro. Chasser de simples animaux ne l’intéressait pas. L’homme était réellement la meilleure des proies. Si facile à manipuler, si aisée à terroriser. Sa peur suintait à travers chacun des pores de sa peau tandis que lui rodait dans l’ombre, aux limites des perceptions de sa victime. Jamais trop proche mais jamais loin non plus jusqu’au moment où ses mâchoires se refermaient sur le cou maigrelet. Ses crocs pénétraient la chair, infligeant mort et souffrances, ne laissant que le désespoir sur leur passage. Chaque victime était différente, chaque opération nécessitait une minutie parfaite. C’était le sport idéal, c’était l’essence même de son existence... Et il savait pertinemment que jamais il ne pourrait s’en passer. Sa cause était juste et son plaisir éternel.
Se redressant, l’assassin s’empara de ses vêtements presque secs. Le soleil était déjà haut dans le ciel mais la journée ne faisait que commencer. Ses pensées dérivèrent alors vers Yue tandis qu’il s’habillait. Elle avait dit ne pas supporter le soleil. En même temps, sa peau était si pâle... La couleur singulière de ses yeux y était-elle pour quelque chose ? Toutefois, si elle rejoignait le Black Fang cela ne lui poserait désormais plus de problème. Elle vivrait désormais de nuit comme tous les anges noirs. Fiers de ses propres réflexions, l’assassin se heurta immédiatement à un problème plus immédiat. Comment allaient-ils repartir ? Ils étaient perdus au fin fond de la campagne et il était naturellement hors de question de redemander une monture au relais. Sa simple présence alors qu’il avait quitté le bâtiment sans même profiter de sa chambre était un motif suffisant pour lui refuser ce privilège. Et il se voyait très mal poursuivre à pied, notamment avec une gamine incapable de voyager de jour. Leur fantastique épopée commençait bien mal. Cependant, un sourire inquiétant éclaircit rapidement le visage de l’assassin en pleine réflexion. La solution était si évidente.
Jusque là, il s’était fait discret, tentant de passer pour un simple voyageur harassé ne cherchant que le calme et la solitude. Toutefois, à bien y réfléchir, cela faisait presque deux jours qu’il fuyait désormais, et la seule personne l’ayant agressé avait été une étrange gamine aux cheveux blancs. Ce n’était pas un prodige du combat, elle avait même du s’incliner une fois face à ses propres talents de combat... Et elle était vraiment trop dans son rôle pour être une vulgaire agent double... D’autant qu’il allait désormais la surveiller presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Non il pouvait décidément faire un peu de grabuge sans le moindre problème. Quelle que soit la situation, il s’en sortirait... Comme toujours.
Le plan était simple, rapide concis et efficace. Il allait s’adonner à une pratique illégale et malsaine en... Volant un cheval ! Voire deux si la fillette savait monter. Une petite excursion dans l’auberge à la nuit tombée, un coup rapide sur la tête du palefrenier pour l’endormir et ils n’auraient plus qu’à se servir. Après ça, l’assassin comptait bien mettre une large distance entre lui et cet endroit fétide.
Restait à retrouver l’autre quiche. Dans l’état actuel des choses, l’assassin était presque persuadé qu’elle s’était creusé un trou pour se protéger de la morsure des rayons du soleil. Plus rien ne l’étonnerait de la part de sa nouvelle protégée. Ceignant ses lames à leur place habituelle, l’assassin se dirigea vers le dernier endroit où il avait aperçu la jeune femme. Le sol était sec et retenait mal les traces mais l’herbe piétinée lui indiqua la direction qu’elle avait prise. Patiemment et méthodiquement, le tueur du par la suite recourir à toutes les méthodes de traque qu’on lui avait enseigné pour suivre sa piste. Son poids plume l’empêchait de trop s’enfoncer dans le sol et la forêt était habitée par nombre de créatures à poils ou à plumes qui laissaient également leurs propres traces. De plus, il n’était pas sur que sa « cible » soit restée au sol et c’est donc avec un infini soulagement qu’il aperçu enfin l’entrée d’une caverne. Le soleil était presque à son zénith quand il se posta devant l’entrée du repaire. Il était harassé mais non fatigué et le sommeil lui semblait beaucoup moins ennuyant que les gargouillements de son estomac. Il devrait donc chasser pour aujourd’hui. Fort bien. Les lames sifflèrent tandis qu’il faisait demi-tour. Il avait pisté cette petite peste jusqu’ici. Il n’aurait probablement aucun mal à dégotter les traces d’un cerf ou de toute autre créature herbivore.
En fait de cerf, c’est un daim que l’assassin pista. La bête broutait paisiblement assez loin de l’endroit où le Croc Pourpre avait laissé la jeune femme. D’abord jugé trop gros pour lui tout seul, l’assassin finit par estimer que Yue aurait peut-être faim. La carcasse restante nourrirait sans doute nombre de charognards et le cadavre ne pourrirait pas trop longtemps en plein milieu de la forêt.
La chasse en milieu naturel n’était pas bien différente de la traque nocturne des humains. A deux reprises, l’animal nerveux releva la tête dans la direction des fourrés où il se dissimulait. A deux reprises, le tueur s’immobilisa pendant plusieurs minutes. Le vent ne pouvait apporter son odeur de là où il se trouvait mais il se doutait de la prodigieuse rapidité d’une de ces bêtes une fois lancée à pleine vitesse. Son attaque devait être décisive. Lorsque pour la troisième fois, l’animal cessa de le contempler, le Fang jaillit de son abri toutes lames dehors. Loin d’être dupe l’animal, qui avait gardé un œil sur lui, bondit dans une vaine tentative de fuite alors que la lame entaillait son mollet. A quelques centimètres près, l’animal aurait pu fuir et disparaitre mais la perte d’une jambe est souvent un élément déterminant dans la capacité à se mouvoir d’un être vivant... Et il en fut de même pour celui-ci. Déséquilibrée, la bête ne put esquiver le deuxième coup, directement porté à l’encolure. La dague resta fichée profondément alors que la bête utilisait ses dernières forces pour disparaitre dans les fourrés, projetant l’assassin à terre. Dix minutes plus tard, le tueur retrouvait sa proie, belle et bien morte, couchée sur le flanc et répandant son sang sur le sol feuillus.
Vous avez déjà essayé de découper un cuissot à la dague ? Jaffar oui. Ce fut long et fastidieux mais lorsque l’assassin se présenta de nouveau à l’entrée de la caverne, les deux monstrueux cuissots reposaient bien en évidence sur son épaule et bientôt, l’odeur alléchante de viande grillée ne tarda pas à envahir les lieux tandis que l’astre céleste poursuivait sa course. |
| | | ❝ Yue ❞
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Sam 2 Oct - 1:51 | |
| La délicate odeur du fumet de daim la réveilla avec un doux sourire aux lèvres. Elle aimait se réveiller en sentant qu’elle pourrait se remplir la panse. Avant, il y avait toujours un plat qui l’attendait quand elle se réveillait, Eristoff était doué pour la cuisine et elle aimait l’odeur de ses petits plats mijotés avec amour. Elle repensa à cette époque avec nostalgie. Eristoff était quelqu’un de bourru, de dur, d’animal, mais quand il cuisinait, il était complètement différent, c’était dans ces moments là qu’il révélait toute son humanité et tout son sens du goût. L’un de ses plus beaux souvenirs était celui du jour où il lui avait offert un kit de cuisine pour lui apprendre son art. Il contenait tout le nécessaire pour cuisiner de la viande fraichement chassée, un couteau pour dépecer les bêtes, des silex pour allumer un feu, des herbes, des épices et tout ce qu’il fallait pour faire ressortir toutes les fragrances de sa viande.
Elle se leva et s’étira gracieusement, détendant tous ses muscles. Elle sentit son bras droit craquer, les fibres de son biceps et de son triceps s’allonger et se remettre en place tel un élastique. Elle n’avait plus mal au bras. Elle caressa sa gorge et sentit une fine ligne de peau sensible qui l’irritait. Elle cicatrisait rapidement mais c’était tout de même désagréable. Depuis qu’elle était petite, elle avait toujours guéri vite et bien. Elle n’était que rarement tombée malade et avait toujours était très vivace. Elle se souvenait d’un hiver particulièrement froid où son tuteur avait été malade durant des jours, elle c’était occupée seule de la nourriture, de la chasse et des corvées ménagères et pas une fois elle n’avait faibli, elle n’avait point eu de fièvre et en était ressortie intacte. Elle semblait increvable.
Le jour avait bien baissé maintenant, elle pouvait sortir sans problème, elle ne se fit pas attendre. Elle attrapa sa cape et la passa autour de ses épaules. Elle laissa son arc et ses flèches car elle se sentait en sécurité avec Jaffar et d’un mouvement furtif elle s’approcha de lui, faisant un peu de bruit pour qu’il ne soit pas surprit et n’essai pas encore de lui trancher la gorge, elle se mit dans son dos. Il ne bougea pas. D’un mouvement fluide, elle posa sa tête sur son épaule comme un chien qui réclame à manger et remua lentement la tête en lui chatouillant le bout du nez de ses cheveux. - Bonsoir M. le Croc Pourpre…
Il ne réagit pas, il aurait pu être gentil jusqu’au bout tout de même. Elle lui donna un coup de langue vengeur sur le coté de la joue et le mordit gentiment à l’épaule avant de rapidement s’éloigner pour se mettre à l’abri de l’autre coté du feu en rigolant. Sous ses yeux, elle piqua deux gros morceaux de viande, elle sortit son petit kit de cuisine et versa quelques épices idéales pour mettre en valeur toute l’onctuosité de la chair cuite au feu de bois.
Elle s’imaginait bien vivre le restant de ses jours ainsi, se lever, chasser, manger, s’amuser avec Jaffar… mais lui ne serait certainement pas de cet avis, ce qui l’attirait en un sens. Bientôt, il l’emmènerait dans son monde à lui, elle découvrirait des milliers de nouvelles choses, elle rencontrerait des personnes intéressantes, elle se ferait d’autres amis. Cependant, elle ne doutait pas que la forêt resterait son endroit privilégié, sa zone de repos, sa maison. Les bois, ses arbres gigantesques, sa faune et sa flore abondante étaient son havre de paix, sa famille, même si elle s’y sentait parfois comme une étrangère.
Elle mordit dans la viande et laissa danser ses papilles, il n’y avait rien de meilleur que la viande cuite à la broche sur un feu de bois, la chair gardait sa fermeté, le sang encore frais donnait un petit goût salé et agréable au palais, l’intérieur était encore un peu cru, saignant,… Il n’y avait rien de comparable avec la bouillie qu’on lui avait servit au relais. Elle finit bruyamment et avec plaisir son repas. Lorsqu’elle eut avalé la dernière bouchée et rongé jusqu’à l’os son morceau de cuisse, elle se lécha les lèvres et le bout des doigts avec délectation. Elle regardait le Croc Pourpre droit dans les yeux tout en retirant les derniers bouts de viande grillée de ses doigts. Son regard était volontairement aguicheur, elle trouvait ça drôle de le provoquer. Eristoff ne lui avait rien apprit de la séduction. Elle était trop jeune à l’époque pour que ça l’intéresse mais quand il était mort, elle avait cherché un partenaire. Cependant, n’ayant nulles expériences, elle avait épié les bêtes et leur mode de cour. Jamais elle ne pisserait dans sa chevelure pour attirer un mâle comme une chèvre mais elle avait appris plein de choses, notamment le regard de braises. Rapidement, elle avait compris qu’elle pourrait se débrouiller seule mais la séduction était devenue un spectacle divertissant pour elle. Cependant, aujourd’hui elle avait envie d’être actrice de ce jeu. D’un pas de velours elle s’approcha de lui en balançant les hanches de droite à gauche, comme la prostituée du relais. Elle adopta la démarche d’un félin en chasse et lança un regard de biche sur sa proie. A un mètre de lui elle posa un genou à terre puis l’autre décomposant chacun de ses mouvements et retenant parfois sa respiration pour expirer avec plus de chaleur. Elle positionna ses genoux repliés sous ses fesses, elle s’appuya sur ses mains et fit ressortir sa poitrine naissante. Elle pencha la tête sur le côté, approcha son visage du sien avec une lenteur indécente et à quelques centimètres elle explosa de rire… elle ne serait jamais une bonne séductrice, elle trouvait ça trop ridicule. Elle plia les bras tout en rigolant et posa sa tête sur les jambes de Jaffar. Elle se calma et blottit contre lui. Sur un ton plus sérieux elle lui demanda : - Où allons-nous maintenant Jaffar ?Où m’emmènes-tu ?
L’utilisation du terme ‘nous’ lui mit du baume au cœur. Elle soupira de bien être... |
| | | ❝ Jaffar ❞
Messages : 86 Age : 33 Localisation : Tu ne le sais pas mais je suis tout près de toi... Autre Indication : Ze true dark evil assassin classe qui parle pas ! Groupe : Beorcs
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 10 Oct - 4:00 | |
| Affamé, le tueur finissait de ronger goulument sa propre nourriture quand un bruit de pas le stoppa au moment où ses mâchoires allaient se refermer sur les reliefs de son repas. La gamine était de retour après une sacrée longue sieste… Pile le temps qu’il lui avait fallu pour presque terminer l’un des deux cuissots : - Bonsoir M. le Croc Pourpre…La tête de sa jeune protégée se posa en douceur sur son épaule qu’il remua avec une pointe d’agacement, tel un félin protégeant la proie qu’il venait de chasser :- Il y a un autre morceau pour toi si tu veux…Sa phrase à peine achevée, il essuya d’un revers de manche la bave qu’elle lui avait laissée sur la joue et se perdit dans sa contemplation tandis qu’elle dévorait littéralement sa part. Les blessures qu’il lui avait infligées s’étaient plus ou moins refermées et ne subsistait d’elles que quelques bleus sans importance. Ce premier examen arracha un nouveau sourire au tueur : il venait de trouver une utilité à la peau blanche de la fillette. Chacun de ses bleus, chacune de ses égratignures ressortait n contrastant énormément avec la chaire dépigmentée de l’archère, permettant de vérifier d’un simple coup d’œil si elle était blessée. C’était toujours ça de gagner.
A la voir grignoter joyeusement, elle semblait complètement inoffensive. Pourtant le Croc Pourpre avait pu lui-même tester sa force. D’une simple poussée elle l’avait envoyé valser alors qu’il la maintenait fermement au sol ; elle avait un sens de l’équilibre largement supérieur à celui du commun des mortels et le Croc Pourpre n’était pas sur de pouvoir lui-même la suivre dans les arbres. Elle possédait un potentiel quasi illimité que sa naïveté et sa pureté annihilaient pourtant, la laissant aussi vulnérable et influençable qu’un mignon petit chaton… Oui, il y avait largement de quoi en faire l’une des plus puissantes tueuses du Black Fang, peut-être même un des quatre protecteurs de sa Dame…
Tout à ses pensées, le Fang s’aperçut soudain qu’elle lui rendait son regard voire même qu’elle le dévisageait carrément. Le cuissot avait carrément été réduit en charpie et une impressionnante quantité de viande en avait été retirée. Reportant son attention sur elle, il constata qu’elle s’était approchée et qu’elle se tenait désormais près de lui en une position des plus… Intéressantes. Loin de reculer lorsqu’elle approcha son visage, le Croc Pourpre plongea son regard vide dans celui désormais ardent de l’albinos. Ses lèvres s’entrouvrirent alors qu’elle s’approchait de plus en plus :- Tu as l’air parfaitement ridicule.Explosée de rire, la gamine roula au sol sous l’effet de sa propre hilarité. Cette personnalité n’était pas la sienne. Etre sérieuse, essayer de l’aguicher ou de l’embrasser… Rien de tout cela n’appartenait à la Yue qu’il avait rencontré. Elle avait simplement imitée la putain qu’elle avait aperçue un peu plus tôt avec une adresse et un talent remarquable. Deuxième point positif, les prostituées étaient les meilleurs indics possibles, ayant accès aux endroits les plus intimes. Mais chaque chose en son temps. Elle apprendrait à user de ses avantages en temps voulu. Il devrait d’abord tester ses aptitudes une fois en ville : - Où allons-nous maintenant Jaffar ? Où m’emmènes-tu ?- Dans un endroit bien différent de celui-ci… Et je suis en train de me demander s’il s’agit réellement d’une bonne chose.Instinctivement, il avait commencé à caresser la chevelure d’albâtre de sa jeune protégée, geste de tendresse ressurgit d’une époque lointaine où une gamine pas vraiment plus âgée avait le même comportement envers lui. Ses cheveux étaient fins et soyeux et aucun nœud n’arrêtait ses doigts alors qu’ils filaient les longs filaments semblables à de la soie. En cet instant, il se sentait plus calme et apaisé que jamais. En cet instant, il s’interrogeait réellement sur son droit à posséder l’existence de cette gamine. Il allait la prendre, l’arracher à son univers simple et l’avilir pour la transformer en un être semblable à lui-même… Mais était-ce vraiment ce qu’il y avait de mieux pour elle ? Ne pouvait-elle pas réellement vivre simplement heureuse dans sa foret ? La réponse, elle la lui avait fournie quelques heures plus tôt alors qu’ils cavalaient dans les bois. Le besoin de contact et de chaleur humaine était un sentiment oppressant et redoutable. Elle vivait seule dans cette foret depuis son enfance et avait largement eu le temps de réfléchir à ce qui pourrait lui arriver :- Ce sera dur… Mais je jure d’être à tes cotés et de te protéger.Il avait déjà prononcé ce serment une fois et l’avait respecté jusqu’au bout. Aujourd’hui, il prenait un tout autre sens. C’était la promesse d’un tuteur à son élève. Ils étaient liés et le Fang savait pertinemment qu’il consentirait à nombre de sacrifices afin de respecter sa part du marché.
Repoussant délicatement la tête de son apprentie, il se releva silencieusement avant de déclarer :- La nuit va tomber dans quelques heures. C’est pile le temps dont nous avons besoin pour retourner au relai. Prépare-toi à connaître la première expérience de ta nouvelle vie.*** L’assassin avait bien calculé. La lune montait déjà haut dans le ciel quand ils repassèrent devant le cadavre pourrissant du cheval. Il ne lui jeta même pas un regard et poursuivit son chemin pour se diriger, non pas vers la route mais vers les fourrés qui la bordaient. Invisibles depuis le sentier, les deux Beorcs poursuivirent leur route silencieusement, sans faire craquer la moindre brindille. L’un possédait une vie de meurtres silencieux derrière lui tandis que l’autre avait l’expérience du chasseur pour elle. Bientôt, l’auberge fut en vue et le brouhaha qui en émanait leur parvint rapidement. Les fenêtres étaient éclairées et la porte principale s’ouvrait régulièrement tandis que des voyageurs harassés entraient dans l’édifice. Il était encore tôt et ce serait difficile de trouver un destrier frais tout en restant discret… Difficile mais pas impossible :- Regarde et instruis-toi.Il avait penser à l’envoyer voler le cheval elle-même mais s’était rappelé au dernier instant qu’il y avait de fortes chances pour qu’elle fasse tout foirer en allant simplement demander au premier péquenot venu de lui donner sa monture. Elle apprendrait la subtilité avec le temps mais pour le moment, l’assassin devait encore la dégrossir et lui enseigner les ficelles du métier. Emergeant de la pénombre, il baissa la tête et se vouta légèrement, une main dans les poches tandis que l’autre ballottait légèrement au rythme de sa démarche quelconque. Il avait prit l’allure du simple voyageur, l’attitude même de l’homme inintéressant aussi étrange que soit sa tenue. Son regard avait désormais la teinte de quelqu’un harassé par des années de labeur et, en contemplant ce corps musclé et vouté, on ne pouvait en venir qu’à la conclusion que ses lames n’avaient jamais rien épluché d’autres que des patates dans l’arrière boutique de cette petite auberge. Son déguisement ne ferait évidemment pas long feu par cette pénombre mais personne ne ferait attention à lui le temps qu’il atteigne l’écurie. Traversant la cour toujours au même rythme, il s’écarta brutalement lorsqu’un messager manqua de l’écraser de sa monture et inclina platement la tête et sans un mot alors que le cavalier l’invectivait. L’homme avait du galoper toute la journée car sa monture transpirait, l’écume aux lèvres et les yeux révulsés. Il suivit sans mot dire le palefrenier qui s’était précipité pour s’emparer de la bête mais celui-ci tenta de l’arrêter alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans l’écurie :- Excusez-moi monsieur mais vous ne… Bwargh !Le poing l’avait atteint au plexus, le pliant en deux sous le coup de la douleur. Prenant ses précautions, l’assassin lui asséna une manchette largement suffisante pour l’expédier au pays des songes un moment. Il empoigna le corps avant que celui-ci ne s’effondre à terre et, le maintenant ni vu ni connu sous les aisselles afin de le faire tenir plus ou moins debout, il le traina rapidement à l’intérieur. L’endroit sentait bon le fumier et le cheval. Quelques bêtes dressèrent les oreilles et hennirent doucement à son entrée, sans doute irritées par sa présence ou tout simplement prévenues par leur instinct qu’un prédateur rodait. Le palefrenier finit son voyage dans un box vide tandis que l’assassin faisait son marché.
D’un point de vue pratique, deux bêtes vaudraient mieux qu’une mais il avait de sérieux doutes sur la capacité de Yue à tenir en selle… Son choix se porta donc sur un magnifique étalon noir visiblement réservé aux courriers royaux. Une bête rapide et puissante entrainée à parcourir de longues distances en un temps record. Ce serait parfait. L’animal sortit au pas de l’écurie, l’assassin juché sur son dos. Les claquements des sabots étaient recouverts par le bruit du bâtiment et le Fang ne pressa pas l’allure, gardant son attitude discrète et jouant la sureté jusqu’au bout. L’animal s’arrêta d’un air crane devant le buisson où il avait laissé sa jeune protégée :- En selle princesse. On a de la route à faire.Et il tendit la main vers les ténèbres que masquaient les fourrés. |
| | | ❝ Yue ❞
Messages : 244 Age : 30 Autre Indication : Grosse dalleuse
Feuille de personnage Niveau: (3/20) Points d\'Expérience: (30/100)
| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] Dim 10 Oct - 18:40 | |
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Yue était cachée dans les fourrées proches de l’auberge qu’elle avait fui la veille et regardait son Beorc en train de lui apprendre comment parlementer avec les humains pour récupérer une monture. Elle se demandait d’ailleurs à quoi ça lui servirait mais bon en bonne petite fille obéissante, elle était restée agenouillée derrière les feuilles qui la camouflaient. Cependant, elle n‘était pas très concentrée sur son observation car sur le chemin du retour elle avait récupéré un petit compagnon des plus encombrants. Un petit furet, qu’elle avait trouvé en train de roder près de la carcasse du cheval qu’elle avait tué, gigotait dans tous les sens et plongeait par moment sur ses mains pour jouer. Jaffar ne l’avait pas vu mais il les avait suivis de manière bien téméraire. C’était un furet bien jeune et imprudent. Alors qu’elle taquinait la petite boule de poil d’une main distraite, un certain bien être berçait son âme. Elle sentait encore la main chaude et chaleureuse de Jaffar dans ses cheveux et se rappelait le temps qu’elle avait passé avec Eristoff dans ses jeunes années. Elle se sentait en sécurité avec eux et avait l’impression de pouvoir se laisser emporter par le courant, de pouvoir se reposer sur eux. Jaffar avait douté que ce soit une bonne idée mais pour elle, il était clair qu’il n’y en avait pas de meilleurs. Cependant, ce qui la rendait réellement heureuse c’était cette phrase maladroite qu’il avait prononcée sur un ton tellement cérémonieux :
*je jure d’être à tes cotés et de te protéger…qu’il peut être vieux jeu parfois*
Dans un excès de béatitude, elle saisit le petit furet et le serra fort contre sa poitrine. La pauvre petite bête faillit passer l’arme à gauche mais elle le relâcha à temps pour ne pas le briser en mille morceaux. Elle le regarda droit dans les yeux et réfléchit à ce qu’elle laissait derrière elle. Malgré elle, elle entrait dans le monde des adultes et devrait dire adieux à tous les délices de l’enfance. Elle laissait derrière elle son innocence, son insouciance, sa naïveté juvénile pour commencer à prendre des responsabilités, à prendre sa vie en main. Peut être que plus jamais elle ne pourrait parcourir la forêt et voler d’arbres en arbres comme elle le faisait petite fille. La forêt ne la reconnaitrait surement plus comme l’un de ses habitants, peut être que les animaux finiraient par la redouter et la craindre…
*A force de rester avec les humains je finis par tout dramatiser…*
Elle relâcha la petite bête et la regarda se lisser le poil avec une merveilleuse torsion. Il était mignon ce petit animal et appétissant qui plus est. Elle avait déjà mangé du furet à la broche c’était bon. Cependant, elle n’avait plus faim. Il tourna sur lui-même et se roula en boule contre sa cuisse. Si ça se trouvait elle était avec Jaffar ce qu’il était avec elle, une proie se jetant gaiement dans la gueule du loup. Espérons simplement que comme elle, Jaffar n’ait pas faim. Elle caressa la petite tête poilue et reporta son attention sur le Croc Pourpre. Un homme lui barrait le passage, il ne fit pas long feu.
Jaffar était précis dans ses mouvements, il savait où frapper pour faire mal, d’un geste il pouvait rendre une personne inconsciente, d’un geste il pouvait la tuer...D’un coté, elle l’admirait pour sa dextérité et son habilité mais la froideur avec laquelle il exécutait ses proies et ses missions, lui donnait des frissons dans le dos. Elle savait tuer de manière propre et sans douleur, mais elle ne le faisait que par nécessité et honorait toujours ses proies. Jaffar semblait éliminer ce qui pouvait le gêner sans distinction de sexe, d’âge ou de race. Elle porta sa main à sa gorge et eut un petit rire nerveux. Elle avait eu de la chance que son audace l’ait intrigué suffisamment pour qu’elle en réchappe.
Le petit furet venait de s’endormir, elle sentait son ventre se gonfler de manière régulière et profonde sous sa main. Il était sûr que cette vie simple où seul le présent compte lui manquerait mais elle avait envie de découvrir ce que le monde avait à lui offrir. Elle vit Jaffar revenir assit sur le dos d’un nouveau quadrupède, il avait une manière de se fondre au paysage digne des plus grands prédateurs et bientôt elle en serait aussi capable malgré ses caractéristique physique un peu particulières. Tranquillement, il se dirigea vers elle sur sa belle monture au pelage luisant et sombre et s’arrêta devant elle en lui tendant la main. - En selle princesse. On a de la route à faire.
Le petit furet se réveilla et s’enfuit au son de la voix grave. Il s’arrêta à une dizaine de mètres et la regarda. Yue entendait encore l’appel de la forêt qui émanait de l’animal mais celui de l’aventure était plus grand. Elle lui fit un petit signe de main qu’il ne comprit surement pas et se redressa vers Jaffar. Elle passa une main sur la croupe du cheval puis en relevant la tête, elle demanda : - C’est pour manger ?
Le Beorc ne releva pas sa question stupide et répéta une seconde fois sur un ton n’acceptant aucune protestation : - Monte maintenant !
Soudain, Yue comprit. Elle avait souvent vu des Beorcs dépendre de ce genre de quadrupède pour se déplacer. Elle explosa de rire et le regarda d’un air hilare, pensait il vraiment qu’elle accepterait de monter la dessus : - Jamais, jamais je ne dépendrais de l’une de mes proies pour me déplacer. Je préfère encore courir.
Jaffar arbora alors un sourire entendu et sur un ton qui traduisait son agacement mais aussi un certain amusement, il répondit : - Oh mais c’est toi qui voit princesse…
Il se retourna et talonna sa monture qui partit au triple galop. Yue le vit s’éloigner avant de comprendre qu’il ne reviendrait pas en arrière. Elle ajusta son arc, roula sa cape sur ses épaules et attacha bien serré son carquois à sa jambe. Il lui lançait un défi, elle le relèverait.
Un sourire dément s’installa sur son visage et ses jambes se mirent en marche. Rapidement, elle sentit le vent soulever ses cheveux dans sa course folle. L’animal était rapide, plus qu’elle ne l’aurait pensé. En pleine forêt elle n’aurait eu aucun mal à le rattraper, sa carrure était trop imposante pour se mouvoir facilement et elle, elle était habituée aux arbres et aux différents obstacles des bois. Néanmoins, elle devait reconnaître que sur une plaine ou un chemin comme celui qu’ils parcourraient c’était moins facile. Elle ne pourrait remporter le défi mais au moins elle le perdrait avec honneur. Elle accéléra régulièrement, contractant les muscles de ses jambes plus qu’elle ne le devrait. Bientôt, elle ne distingua plus ce qui l’entourait, elle ne voyait plus que l’arrière train du cheval noir et la poussière qu’il déplaçait dans sa course effrénée. La distance qui les séparait se réduit petit à petit. A quelques mètres de lui, elle accéléra encore et tendit la main. La tension dans ses jambes devenait insupportable mais dans un dernier effort, elle saisit la queue de l’animal et hurla à plein poumon : - Ne me laisse pas derrière !
Ses jambes se stoppèrent nettes, ses pieds s’emmêlèrent l’un dans l’autre et elle s’écroula de tout son long par terre sur les pierres tranchantes en rigolant. Son orgueil en prenait un coup mais elle était trop explosée pour s’en rendre compte. Après quelques secondes, deux bottes se postèrent devant son nez, elle souleva la tête et regarda le Beorc qui avait des yeux réprobateurs sur elle. - Prête à monter maintenant ? demanda-t-il avec un soupçon de satisfaction. - Ça risque d’être difficile…je ne sens plus mais jambes _ Répondit elle en souriant.
Célérité avait vraiment des contrecoups embêtant, ses jambes bleuissaient à vu d’œil et une douleur diffuse commençait à se répandre à travers tout son corps. Jaffar la regarda de long en large d’un œil critique et finit par la soulever comme un vulgaire sac à patates. Négligemment, il la chargea sur l’animal, monta derrière elle et talonna doucement le cheval qui repartit au trot.
La sensation était absolument affreuse, elle n’aurait jamais pensé avoir le mal de mer sur un cheval.
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| Sujet: Re: Douce nuit [Pv : Yue] | |
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