- Mmmm... C'est vraiment bon ce potage tu trouves pas Eliam ?

Mais Eliam ne répondait pas, il examinait le contrat qu'il venait de passer avec le noble esclavagiste, et regardait la somme promise avec des yeux ronds.

- Eh, tu pourrais pas lâcher un peu cette fiche, elle va pas s'envoler tu sais. Et puis de toute façon, c'est le groupe et pas toi qui va toucher cette somme.

Elle avait raison, aussi Eliam prit le contrat et l'enroula délicatement avant de le ranger dans une poche prévue à cette effet sur sa ceinture. Il finit d'avaler son potage sans un mot, en écoutant les divagations de sa partenaire, laquelle avait commencé sur la moustache ridicule de leur employeur pour finir par se plaindre de la cuisine au fort, et lui dit qu'elle demanderait bien la recette du potage à l'aubergiste. Le jeune homme se contentait de glisser des "Oui", "Continues !", et "Bien d'accord" de temps à autre pour faire illusion.

- Ah, j'ai trop mangé !
- Fallait pas reprendre 3 fois du potage...
- Quoi ?
- Non rien.
- Ca te déranges pas si je vais faire une sieste ? J'ai mal dormi cette nuit.
- Non vas-y te gênes pas, j'irais faire une ballade.

Il paya tandis qu'elle se rendit dans sa chambre, et le vent frais lui fouetta le visage. Il aimait cette petite brise, et commença a marcher en suivant l'itinéraire de la veille. Il retourna dans la clairière où il avait aperçu le loup, mais celui-ci ne s'y trouvait pas. Il rebroussa alors chemin, jusqu'à apercevoir un jeune homme - ou jeune femme, difficile à dire à cette distance - assis dans l'herbe. Il s'approcha alors, et son pied écrasa une petite branchette. La personne assise se releva alors en un éclair, et sorti d'un même mouvement son épée, en la pointant sur Eliam. Celui-ci leva alors aussitôt les bras pour montrer qu'il n'était pas armé en criant :

- Oh là du calme !

J'observe le jeune homme en face de moi pendant quelques secondes et enlève ma lame que je garde en main au cas où. J'ai toujours été de nature méfiante et mes entraînements avec mes amis Laguz ne m'ont pas aidés à faire passer cette manie. Essayer de rester impassible à deux Laguz qui vous font tourner en bourrique pendant deux heures ! Et surtout qui vous emmenent faire un petit plongeon dans une cascade en vous faisant un croche-pied ! En me remémorant ce petit souvenir, je serre mon sabre plus fort. Faut dire que les Laguz m'en font voir de toutes les couleurs. Surtout quand ils ont décidés que je deviendrais leur proie pour l'un de mes entraînements. Rien qu'à y penser, j'en ai encore mal aux jambes. Et c'est là qu'on se rend compte qu'essayer de fuir un Laguz, c'est quasi-impossible, sauf quand il s'agit de faire le ménage, ça c'est plutôt simple. Puis, je sors de mes pensées et remarque, enfin, que le garçon en face de moi n'est pas armé et je range mon sabre. Je le jette sur le sol comme pour monter que je n'ai pas de mauvaises intentions.

- Désolé, je suis très méfiant, dis-je pour tenter de m'excuser. Je m'appelle Kasey Williams.

Je tends ma main pour que nous nous serrions la main. Il semble sympathique et peut être que je pourrais envisager un combat contre lui. Enfin, pour l'instant, essayons de devenir ami, avant de penser à se taper dessus.

Il (ou elle ?) me fixe avec son épée à la main, je fais quoi si il m'attaque ? Je le fais rôtir ? Ouf, il jette son épée à terre. Kasey Williams ? C'est pas mal comme nom. C'est un homme donc, et il doit avoir à peu près mon âge. Ah ! Il me tend la main.

- Eliam, enchanté !

Il me jauge du regard, il a l'air gentil mais ce n'est peut-être qu'une ruse, c'est peut-être un bandit et il essaye de deviner si je suis une menace, ou si il peut me détrousser sans risque... Bah, le meilleur moyen pour le savoir est peut-être de lui demander...

- Tu fais parti de la milice locale ? dis-je en pointant le sabre dans l'herbe.

Je me demande si mon interlocuteur a déjà eu des problèmes avec des Laguz ? Bof, je lui demanderais à l'occasion. Puis, il me pose une question à laquelle je réponds :

- Eh bien, j'aimerais bien travailler en tant que mercenaire, cela pourrait me rapporter un peu d'argent. Mais, à vrai dire j'habite le village avec ma mère. Et je m'entraîne avec des amis pour devenir un bon épeïste. Et toi, quel genre de boulot fais-tu ?

A vrai dire, je n'avais jamais réfléchi à ça. Devenir mercenaire et réaliser des missions pour gagner de l'argent pourrait être une bonne idée et permettrait de faire rentrer un peu de sous. J'ai déjà eu des petits boulots par le passé : j'ai aidé à la forge de Jarod, mais j'avais un peu de mal et j'étais un peu maladroit donc ça s'est résulté par un échec. Ensuite, j'ai testé baby-sitter pour des amis Laguz à ma mère. Résultat : une grosse cicatrice à la joue et à la main droite. Depuis, j'évite de rester seul avec un bébé Laguz qui fait ses dents ou qui aime s'amuser avec ses griffes. Enfin même si la nourriture n'est pas un problème étant donné que ma mère est une Laguz qui va chasser tous les jours. Mais, ce pourrait être bien en cas de problème. Après, il me resterait à trouver un groupe de mercenaires qui m'accepterait, moi et ma nature méfiante.Et puis, dans un groupe de mercenaires, il y a certainement de très bons combattants que je pourrais affronter.

J'écoute attentivement mon interlocuteur et réponds à sa question en haussant les épaules :

- Cela me dit quelque chose, mais je n'ai pas une très bonne mémoire. Faut croire que je n'ai pas hérité des côtés avantageux des Laguz. Enfin, ma mère m'ayant adopté, ce n'est peut être pas étonnant, je finis en monologue.

J'hausse les épaules à nouveau et souris. J'aime bien mon vilage et j'ai beau avoir dix-huit ans, je suis toujours chez ma mère à l'aider du mieux que je peux. Mais, quelques fois, j'aimerais vivre ma vie, faire des voyages, rencontrés d'autres personnes et combattre des tas de gens. Je sais très bien que ma mère sera contente pour moi et m'y encouragera mais, je me demande toujours si je peux la quitter comme ça. Après tout ce qu'elle a fait pour moi, après m'avoir elevé comme un fils durant toutes ces années, alors que je suis un Beorc et elle, une Laguz. Puis, j'argumente sur la suite de sa phrase :

- Quand même, ça à l'air plutôt sympa. On doit rencontrer pas mal de personnes, n'est-ce pas ? Autant des Beorcs que des Laguz ?