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 Des émeraudes qui s'affrontent [PV Alan]

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MessageSujet: Des émeraudes qui s'affrontent [PV Alan]   Des émeraudes qui s'affrontent [PV Alan] I_icon_minitimeJeu 24 Nov - 17:56

Le vent courait aussi librement qu'il était possible de l'être sur ma peau dénudée. L'eau, elle aussi, aimait à caresser ma chair, à la goûter de sa langue glacée ; moi, éprise du sentiment ineffable qui me saisissait, je me couchais au fond du ruisseau, ignorant les galets plats qui me meurtrissaient, pour me fondre dans ce courant vivifiant. Tellius chantait, la nature était rassérénée, et moi je me coulais dans une bienheureuse apnée.
N'avez-vous jamais pris le temps de savourer l'instant d'oubli que peut offrir le fait de s'abîmer au fond de l'eau ? N'avez-vous jamais seulement essayé de comprendre le bienfait d'une ondée glacée qui parcoure librement votre visage et votre corps ? Délassant toute crispation, chassant toute nervosité. Même la brûlure de vos poumons manquant d'air devient une sorte de sensation bienveillante.

Dans le silence de ce naufrage passager de ma réflexion surgit subitement un... crissement. Un crissement qui résonna dans mon esprit, qui y retentit et s'y répercuta comme un éclair roulant sur la terre entière. Mes yeux s'écarquillèrent sous l'eau, et toute sérénité s'envola de moi ainsi qu'un oiseau soudain apeuré qui quitte l'arbre lui servant de refuge.
Bousculée jusque dans ma paix intérieure, je quittais le lit de cette mince rivière pour sortir de l'eau, troublée. Quelle avait été cette irruption ? Ce brutal avertissement ?

Et, comme on peut soudain se souvenir de détails que l'on n'avait pas remarqués à la première vue, ou bien que l'on avait oubliés, des images - sans consistance, sans réelle impression ; il s'agissait davantage d'intuitions que de visions - se déversèrent en moi.
Captivité. Jeunesse captive et brimée, jeunesse oppressée et emprisonnée. Jeunesse faisant subir à autrui ce qu'elle-même subissait.

Qu'es-tu, juvénilité assassinée qui est à l'origine de ce grincement dans mon âme ? C'était ton cri de souffrance, que tu portes depuis cette fenêtre sur ton passé, que j'ai entendu ? C'est donc que malgré la fierté que je devine, tu sais que tu as besoin de quelqu'un.
Serais-je cette personne ? Je n'en sais rien. Mais je ne saurai être capable d'ignorer ce que je viens d'entendre.

D'un geste preste, je ramassais mes vêtements pour les enfiler bien que je dégoulinais encore. Je tordis mes cheveux, les rassemblant sur la nuque en un semblant de coiffure, avant de chercher à m'orienter. Tu ne dois pas être bien loin, ou je n'aurai pas surpris cette émotion tumultueuse dans le calme paisible dont je m'étais entourée.
J'avisais la lisière de la forêt qui se dressait devant moi, une centaine de toises plus loin. D'un pas résolu, je m'avançais vers son ombre mystérieuse, bien décidée à trouver celui qu'elle y renfermait.

A peine posais-je le pied sous la cime des arbres que le silence se fit assourdissant. Bien sûr, il y avait cette trille d'un oiseau, ce frottement d'un pelage contre un buisson au-delà de mon champ de vision... Mais la tension était écrasante. Quelqu'un de normal, de dépourvu de ma sensibilité au monde, n'aurait pas été incommodé ; moi, je prévoyais déjà que la mort était tombée dans cette sylve à l'innocence apparente.
L'espace d'un instant, j'envisageais de faire demi-tour. De tourner les talons et de fuir cet endroit, d'aller ailleurs en quête de tranquillité. Mais une chaîne me maintenait ici, reliant mon coeur à l'humus. J'avais une chose à faire ici et je ne pouvais pas m'en retourner. Des fois, je haïssais cette part de moi-même qui bridait tant mes désirs les plus élémentaires et les plus raisonnables...

Je m'aventurais dans le sous-bois avec précaution, manquant de glisser sur le tapis de feuilles. Une brise extrêmement désagréable passa entre mes vêtements, me faisant frissonner. Les troncs grinçaient, leurs branches faiblement secouées par ce souffle divin ; quant à la faune, elle se maintenait soigneusement hors de ma vue. Un soupir s'échappa de mes lèvres, et je poursuivis ma progression, descendant au fond d'un talus.
Quand la clameur de l'acier contre l'acier me parvint.

Je me raidis, tous les sens survoltés. Je localisais la source de cette clameur de violence, avec maladresse. La forêt semblait vouloir renvoyer le bruit tout autour de moi, pour m'empêcher de rejoindre le drame qui se déroulait... si proche.
Je serrais le poing, avant de bondir jusqu'au bord du ravin. A toute allure, je me fondis dans la végétation, écartant les arbustes et ignorant la griffure des fourrés et taillis. Ma respiration se fit haletante comme mon coeur se compressait dans ma poitrine, pressentant la gravité des évènements qui se déroulaient.

Presque par hasard - ou instinct - je déboulais au beau milieu d'une clairière bien dégagée. Un bivouac y était installé, comportant son lot de tentes défraîchies et organisé autour des cendres d'un feu depuis longtemps mort. Des corps jonchaient le chemin tortueux entre les toiles de peau tendues par des piquets grossiers, certains gémissant laborieusement et se tordant au sol. C'est alors que je l'aperçu.

C'est toi dont l'âme a rugit tout à l'heure !

Toi, qui pieds nus ferraille sur une terre que tu nourris de sang ! Toi, qui les traits féroces, plonge ta lame dans le corps de ces hommes dont je devine que tu les as assaillis...
Toi, qui répands cette douleur autour de toi. Pourtant, tu sembles être celui qui souffre le plus. Mélangerais-je trop le passé et le présent ? Ah ! Comme j'exècre cette fibre de mon être à la sagesse inhumaine, qui semble faire fi des lois les plus prégnantes de cette réalité, qui semble vouloir me perdre dans ses pérégrinations de l'esprit...

Abasourdie, je vis le jeune homme défaire son ultime adversaire. Alors seulement ses yeux d'un vert profond, bien plus obscurci que celui de mes propres iris, se rivèrent à mon regard.
Je balbutiais.


- Qu'avez-vous fait...
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Alan
AlanBeorc


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MessageSujet: Re: Des émeraudes qui s'affrontent [PV Alan]   Des émeraudes qui s'affrontent [PV Alan] I_icon_minitimeVen 25 Nov - 7:01

Et le cycle de violence se perpétua.

Pourquoi, par la déesse, pourquoi ce cercle vicieux existe ? Celui qui fait du mal engendre haine et mépris. Celui qui hait et mépris ne peut que souffrir. Celui qui souffre ne peux que vouloir faire souffrir son bourreau. Celui qui veut faire souffrir fait mal.

C'est ainsi, la roue s'est ébranlée et le chariot qui mène vers l'enfer déboule le long du sentier ensanglanté.

Les pas d'Alan, amortis par le tapis d'émeraude et de branches, traversaient la forêt. Il les sentait... Alondite les sentait... La souffrance infligée émettait des ondes dans toute la forêt comme si des hurlements étaient poussés. Non, ils n'étaient pas assez fou pour que le bruit se propage. Leurs victimes étaient bâillonnées, évidemment. Quand Alan y pensait, c'était bizarre que Kira ressentent une telle chose. Elle s'est soudainement mise à pleurer et, quand Alan la prise dans ses bras pour la calmer, il a eu la vision d'effroi qui faisait tant pleurer son enfant. Comment diable a-elle pu ressentir une telle chose ?


<< Papa va tout arranger ma chérie, ne t'en fais pas... >>

Il arriva finalement en vue du campement. Ne pouvant risquer la vie de sa progéniture, il les déposa au creux d'un arbre. Ses enfants dormaient, fort heureusement. Silencieusement (enfin, aussi silencieusement que le permettait la situation), il défourailla ses lames et s'avança vers le campement où se jouait le drâme.

Des tentes au tissu imprégné de diverses saletés, l'odeur du feu mourant, de chair brûlée vive, de viandes pourrissante au milieu du camp... un tripot de bandit. Le premier à remarquer l'intrus était assez grand, chauve, musclé et armé d'une grosse hache.


<< Hé microbe, kesstu fout la ?
- Vous avez fait pleurer ma fille...
- Quoi ? Kesstu raconte ?
- Ma fille a vu ce que vous avez fait... et ça l'a fait pleurer. Je vais donc vous punir... >>

Sans que personne n'ai pu réagir, Alan franchit les cinq pas qui le séparait du chauve et sa lame perfora le cœur de sa première victime. Alondite résonnait en écho avec le cri d'agonie du condamné.

<< ALERTE ! UN HOMME VIENT DE TUER UN DES NOTRES !
- C'était que le premier... >>

Une vingtaines de badauds apparurent, tous armés de haches ou d'épées plus ou moins grosses et aiguisées. Alan ne souriait pas, Alan ne pleurait pas... tuer ne procure aucune joie, ne soulage aucune souffrance. Tuer n'est rien de plus qu'un acte abominable, même pour cesser ce qui se jouait...

Les lames s'entrechoquant jouaient une mélodie si familière. C'est pendant ce genre de concert qu'Alan réalisait pleinement ce qu'il était. Il n'était pas seulement un père de famille devenu veuf, il n'était pas seulement l'homme qui ne vivait plus que pour deux enfants Marqués, non...


*Je ne suis plus qu'une poupée agitée par la déesse, une marionnette pour son spectacle préféré...*

Des flammes bleutées surgirent de la sainte Alondite et calcinèrent trois soldats bien trop proches. Leur hurlement firent vibrer le cœur du bretteur vengeur. Aucun ne parvenait à le toucher et il n'en avait cure. Il tuait, tranchait, tailladait, perforait... c'était une machine sans âme en ce moment, tout ça pour que sa fille ne souffre plus...

Quand le dernier tomba, Alan soupira. Il était couvert de sang, il se doutait qu'il devait refléter l'image du démon en ce moment même... Il se dirigea vers la plus grande tente, là où devaient se trouver ce qu'il cherchait...


<< Qu'avez-vous fait... >>

Alan se retourna. Il vit une femme... pas avec les bandits, visiblement. Sans doute une promeneuse importune...

<< J'ai fait ce que j'avais à faire... >>

Sans plus rien dire, il écarta les draps de la tente bien grand. Des gémissements se firent entendre, provenant de femmes aux vêtements déchirés, laissant entrevoir des meurtrissures et blessures ainsi que d'évidentes traces de sperme sur l'endroit intime. Toutes arboraient des stigmates de laguz. Queues, moustaches, oreilles...

<< Horrible... >>

Alan les détacha, une par une, mais aucune ne bougeait. Brisées psychologiquement, elles n'étaient plus bonnes qu'à se faire prendre et à souffrir en silence... tout comme...

Le bretteur secoua la tête. Il ne voulait plus repenser à son passé. Il allait conduire ces femmes en sécurité, au seul endroit en territoire Beorc où elles seront chez elles.


<< Debout... >>

Lentement, l'une après l'autre, elles se levèrent. Alan farfouilla dans les tentes et trouva des habits de rechanges et des capes à capuche pour dissimuler ce qui n'allait pas chez elles. Retournant auprès de la visiteuse, il lança un simple :

<< J'emmène ces laguz en sécurité et vous ne m'empêcherez pas de le faire. >>

Il faisait vraiment ça par pitié paternelle. Sa fille ne supporterait pas qu'elles meurent... en parlant de ça, il alla chercher ses enfants au creux de l'arbre où ils dormaient encore.
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