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 Une forêt de malandrins [PV Elryn]

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MessageSujet: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeVen 7 Oct - 10:04

Ulrick reste et restera toujours Ulrick. C’est pourquoi sa situation actuelle n’avait rien de surprenante : il était perdu. Encore. Il avait quitté le dernier village pour ensuite errer pendant longtemps et, la fatigue aidant, il se retrouva bien vite au beau milieu de la forêt avant même de s’en rendre compte. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était parti de Daien et qu’il se trouvait maintenant dans le territoire de Begnion. Peut-être était-il dans la forêt un peu connue dans cette région, la forêt des sirènes… Non, Seranes. Surenes ? Peut-importe finalement, l’endroit n’était pas si désagréable que ça, plutôt calme à vrai dire. Il croisa deux personnes arpentant les sentiers comme lui, mais il se contenta de les saluer amicalement : il n’allait pas non plus détrousser la moindre âme qui aurait l’audace de croiser sa route !
Il parvînt jusqu’à un étrange bâtiment sans accès apparents, constitué d’une voute et de colonnades et incrusté dans un grand rocher. Il lui semblait en avoir entendu parler mais, comme beaucoup de choses, il l’avait oublié. Cela ne l’empêcherait néanmoins pas d’aller y piquer un petit somme. Ce qu’il fit dans l’instant, s’installant en équilibre derrière l’une des colonnes, adossé à la roche.


Des bateaux. Une lune cachée. Un demi-lion. Des corps alignés. Une vive douleur. Le sang, la tristesse, les sortilèges. Némésis.

Ulrick sursauta en se réveillant, haletant, quelques gouttes de sueur perlant sur son front. Encore un rêve, mais celui-ci avait été assez violent, il le savait. Quelques détails demeuraient dans son esprit, mais la majeure partie du songe tombait déjà dans l’oubli. Le roublard secoua la tête et jeta un œil de sa cachette : trois hommes passèrent près de lui en discutant bruyamment. Sans doute était-ce cela qui l’avait réveillé. Mais un détail lui sauta aux yeux : la tenue de ces inconnus. Des vêtements faits pour se camoufler, quelques armes, des bandeaux pour cacher une partie du visage… Des bandits. Ca commençait à être intéressant. Se redressant vivement, Ulrick escalada rapidement la petite bâtisse et bondit sur un arbre, s’y accrochant avec aisance avant de sauter sur la branche suivante et ainsi de suite, suivant ainsi en hauteur le petit groupe qui ne sembla pas remarquer sa présence. Arrivés près d’un sentier où un tronc d’arbre avait été couché, les bandits discutèrent entre eux, sous l’œil attentif du roublard.

"Bon, Malik, tu vas te placer un peu plus loin, histoire de couper toute retraite à notre pigeon. Danzel et moi nous restons cachés là et, dès que la prochaine cible s’arrêtera vers le tronc, je sortirais et toi aussi, tandis que Danzel restera caché, en soutien."
"Et pourquoi je n’irais pas plutôt me placer de l’autre côté ?" répondit le dénommé Danzel. "Encerclement, tout ça ? Tu devrais me laisser faire les plans Janus."
"On en a déjà parlé, c’est moi le chef, c’est donc à moi de faire les plans."
"Tu parles, tu t’es autoproclamé après avoir gagné aux dés, tu parles d’une élection !"
"Bon les amoureux, je vous laisser à vos idioties, je vais à mon poste." soupira Malik en s’éloignant.

Ulrick demeura un instant immobile, réfléchissant. Il ne pouvait pas se joindre à eux comme ça, en arrivant de nulle part. Il ne pouvait pas non plus les laisser détrousser un innocent si lui-même ne s’en mettant pas plein les poches ! La solution était simple : mettre ces malandrins hors d’état de nuire. En plus, ce serait sans doute bon pour son karma, ou quoi que ce soit de ce genre. Bondissant sur d’autres arbres, il rejoignit le dénommé Malik qui, à l’écart, commençait à se dissimuler dans un buisson. Cachette qui lui fût peu utile lorsqu’Ulrick se jeta de sa branche pour lui atterrir dessus, s’empressant de plonger sa lame dans le cou du bandit. Une mort rapide et foudroyante, c’était le moins qu’il puisse faire. Satisfait, il se releva, après avoir bien entendu vidé la maigre bourse de sa victime – qui a parlé de bénévolat après tout – et se dirigea nonchalamment en direction des deux autres, l’épée ensanglantée à la main. Après une bonne minute, il arriva près d’eux et les laissa remarquer sa présence, qui les laissa proprement sans voix. Il était l’heure de jouer l’acteur. Prenant un air résolument surpris, Ulrick se tourna vers celui qui se nommait Danzel et lui lança, d’un ton presque agacé :

"Qu’est ce que tu fous Danzel ? Tu attends quoi pour t’en débarrasser ? Je me suis déjà occupé de l’autre moi !"
"Quoi ? Mais…"
"Comment ça se débarrasser ? C’est quoi cette histoire ? Et puis c’est qui lui ?" s’énerva Janus en posant la main sur son épée.
"Quelle question ! Je suis Faenor, le partenaire de Danzel voyons ! Bon Danzel, tu t’en occupes ou je m’en charge ?"
"Que… DANZEL ! Satané traitre !"
"Mais nan ! Je ne comprends pas, je…"
"Euh… Pourquoi essayes-tu de nier Danzel ?" demanda Ulrick tout en lui assenant un regard dubitatif du plus bel effet. "C’était pas dans le plan ça. Enfin déjà, le fait que Janus soit encore vivant n’était pas non plus dans le plan…"
"DANZEL !!!"

Janus se jeta sur Danzel, le blessant à l’épaule d’un coup d’épée. Ce dernier dégaina sa lame et, comprenant que s’expliquer était inutile, décida de déguerpir rapidement, suivi par son ancien équipier. Ulrick les regarda partir et retînt un léger rire : les bandits étaient si faciles à bluffer, tellement paranoïaques que la moindre insinuation de traitrise leur faisait voir rouge.
Sa bonne action de faîte, le roublard se rendit sur le sentier afin de voir si le tronc d’arbre pouvait être bougé. De toute évidence, seul il ne pourrait pas. Et bien sûr, le destin s’offrit à lui lorsqu’il vit approcher, non loin, un homme. Sans attendre, le roublard se dirigea vers lui d’un pas léger et clama haut et fort et, en prime, avec un grand sourire :


"Bien le bonjour Messire ! Vous savez quoi ? Vous me devez la vie, même si vous ne le saviez pas ! Bon, ce n’est pas tout ça, mais vous pourriez m’aider à enlever ce tronc d’arbre qui encombre la route ? A deux ça devrait aller… Ces bandits qui laissent trainer leurs affaires, je vous jure. Enfin, ne me remerciez pas, c’était un plaisir de vous protéger de ces gredins !"

Et, une fois son acadabrantesque blabla terminé, il se dirigea vers le tronc, avant de s’arrêter pour observer l’inconnu, lançant un regard du genre « hey, je vous ai demandé de l’aide non ? Bouger-vous un peu ! Je vous ai sauvé la vie après tout ! » Oui, Ulrick peut dire beaucoup de choses en un regard.


(HRP : Bon, j’espère que ce n’est pas une entrée en matière un peu trop loufoque arf. Comme je le dis toujours, si tu as des remarques à faire, n’hésite pas !)
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeLun 10 Oct - 18:55

    Serenes hurlait.
    Chaque arbre, chaque pousse maudissait la magie qui avait ainsi mutilé la forêt. Chaque oiseau chantait tristement la perte définitive de ces quelques hectares. Chaque animal discret passait avec incompréhension devant le cratère apparu un jour, empli d'eau. Une eau qu'aucun être vivant n'osait encore approcher. Quel était ce maléfice ?
    Le galop régulier de Vifargent faisait claquer les graviers du sentier, les arbres répercutant le son de leurs dégringolades en de longs échos. Le vent soufflait, sec, empêchant toute pellicule de sueur de se former sur nos peaux. Ainsi, nous avancions.
    La nuit avait été courte. Curieux du phénomène qui avait frappé la région, j'avais décidé de m'y rendre. Afin de parvenir à passer l'étau de militaires formé autour de la zone en quarantaine, j'avais dû attendre une heure avancée de la nuit afin que l'obscurité totale nous camoufle, et que les oiseaux nocturnes cachent le galop du cheval par leurs chants plaintifs.
    Le barrage passé, j'étais arrivé au lac. C'était comme on me l'avait décrit. Quelque chose semblait avoir aspiré net une portion de forêt, et avoir comblé le trou formé avec de l'eau. La nuit sans lune, pailletée à peine par quelques étoiles timides, donnait l'impression qu'une mer d'encre se dressait devant moi.
    Je descendis du cheval, flattai son encolure, puis m'approchai de la rive. Je touchai prudemment l'onde tranquille. Elle était glacée. Sortant une petite gourde de mon paquetage, j'y coulai prudemment un peu de liquide. Après tout, ce n'était peut-être que de l'eau, mais on n'était jamais trop prudents.

    Je retournai à ma fidèle monture, puis nous nous enfonçâmes un peu plus dans la forêt, afin de trouver une clairière où dormir. Au bout d'une demi-heure de prudente marche dans le bois d'obscurité, nous trouvâmes quelques mètres carrés d'herbe où s'étendre sans peine. Je fis un petit feu pour nous réchauffer. J'entendis quelques bruits, à un moment. Une légère focalisation de l'énergie me fit ressentir qu'il s'agissait d'êtres humains. Peu désireux de les rencontrer, qui qu'ils soient, j’étouffai les flammes, puis m'endormis tranquillement sur le flanc chaud de Vifargent.
    Les premières lueurs du soleil m’éveillèrent. Je n’avais dormi que deux ou trois heures. Jugeant que cela serait suffisant pour une journée de voyage, je me levai, répandis les cendres sur le sol meuble, sellai Vifargent, puis je partis.

    Il n’y avait aucune raison de se presser. Le temps était peu de chose devant l’observation. La distance peu de chose devant la réflexion. Le bois était silencieux. Comme mort. Comme impatient de voir quelque chose arriver. Me concentrant, je captai à nouveau la présence des êtres humains de la nuit passée. Je n’avais aucune idée de la raison de leur présence ici. Leur identité n’avait que peu d’importance, je ne pouvais leur être d’aucune utilité. S’ils étaient des soldats, je ne pourrais pas les aider. S’ils étaient des bandits, je n’avais pas assez d’argent pour être une victime intéressante. D’un doigt distrait, je caressai l’empennage noir d’une de mes flèches. Vifargent renifla dédaigneusement. Je continuai d’avancer ; et c’est alors que je sentis aussi. L’odeur de la mort. Le vent apportait une odeur de sang chaud, là où les humains semblaient être postés. Je calmai le trop de mon cheval, d’une légère pression sur ses flancs musclés. Lâchant les rênes, je me saisis de mon arc et y encochai une flèche. Je fis se tourner ma monture hors du chemin. Je pus apercevoir trois hommes, l’un plutôt décontracté, les deux autres semblant en pleine altercation. Finalement, l’un se mit à poursuivre l’autre et ils disparurent. Le dernier approcha en ma direction. Rapidement, je retournai sur le sentier, apercevant bientôt un tronc d’arbre au beau milieu de la route.

    Le dernier homme s’adressa à moi en des termes polis et enjoués mais dont dégoulinait l’habitude de la flatterie et de la plaisanterie. Me protéger ? Ces brigands seraient morts s’ils avaient osé s’en prendre à moi, voilà tout. Et ils seraient morts de loin. Je jetai un coup d’œil à mon interlocuteur, étendant mon attention vers lui. Un sourire calculé, des yeux qui savaient détailler, un discours choisi, une aisance dans l’espace, une fluidité des gestes. Même une terrible précision.
    Je ne le remerciai pas. Après tout, il l’avait demandé. Je m’apprêtai à passer devant lui, ne descendant même pas de ma monture. Il m’interpella une seconde fois alors qu’il s’était posté devant le tronc. Je posai mon œil unique sur son visage. Il était de ceux qui savaient parler avec le regard. Je secouai la tête, puis descendis finalement de Vifargent, le tenant par les rênes. Je le fis contourner le tronc et, sortant une longe de mon paquetage, j’accrochai une extrémité au tronc, et j’harnachai le cheval avec l’autre. Je me positionnai d’un côté du tronc, l’homme qui m’avait « secouru » à l’opposé.
    D’un sifflet discret, j’intimai à mon cheval d’avancer. Donnant un puissant coup dans le bois, le tronc fit un quart de tour, et Vifargent ainsi que l’homme finirent de le pousser sur le côté du sentier. J’époussetai légèrement mon pantalon, et resserrai ma cape sombre autour de mon torse nu. Et si je faisais quelques heures de voyage avec cet inconnu ? Il était toujours intéressant de disséquer la nature humaine. Je m’approchai de lui pour me présenter plus formellement.


    « Elryn. Je suis aussi connu sous le nom du Juge. »
    J’allai détacher le cheval.
    « Et voici Vifargent, mon fidèle compagnon. »
    L’intéressé s’ébroua une fois, puis deux, avant de fixer l’homme patiemment. J’haussai les épaules. La politesse n’avait jamais été mon fort.
    « Soit vous êtes très courageux, pour avoir ainsi dérouté trois brigands qui s’apprêtaient à me prendre en embuscade. » Une étincelle dans ma prunelle d’acier. « Soit vous aviez une raison précise pour laquelle il fallait me secourir. Qui êtes-vous ? Que désirez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeMer 12 Oct - 12:02

Ulrick crût pendant un moment que l’inconnu serait assez malpoli pour le laisser là, seul avec ce tronc à déplacer. Ce serait une bien mauvaise manière de remercier son sauveur qui plus est ! Bon, il faut dire que ce tronc au milieu de la route ne devait pas réellement gêner un cavalier car oui, son esprit occupé à ses pitreries, le roublard n’avait pas porté d’attention au fait que cet homme était plus grand que lui pour une bonne raison : il était à cheval. Mais finalement, il n’eut pas affaire à un goujat indifférent, car le cavalier daigna descendre de sa monture pour l’aider. Il faut avouer que le destrier fût d’une aide précieuse, et le tronc d’arbre se retrouva bien vite dégagé sur le côté du sentier.

Soupirant après cet effort, Ulrick s’étira paresseusement, en profitant pour détailler l’inconnu de haut en bas, d’une manière tout à fait indiscrète. Première constatation : pas le moindre signe de richesse extérieure, rien qui ne méritait d’être volé. Un vagabond peut-être ? Non, lui-même en était un d’une certaine manière, cet homme était plus que ça. Un guerrier sans doute ? Une carrure emprunte de force, des armes, un cheval visiblement bien dressé, une attitude calme et réservée… Oh non, était-il encore tombé sur un aventurier solitaire plongé dans ses propres ténèbres ? Du genre à être muet et à vous snober ? Le type même d’individu ennuyeux qui décide de vous tuer sans raison, arguant que tout est la faute de son passé ?

Puis l’inconnu s’approcha de lui et se présenta simplement. Que les Dieux soient bénis, Ulrick faisait fausse route : cet homme n’était pas une caricature de guerrier ténébreux. Pour preuve, il cherchait à faire connaissance ! Il ne savait pas encore dans quoi il s’embarquait à vouloir discuter avec un roublard. Déjà, ce surnom… Juge ? Prétentieux non ? C’est comme si lui-même s’appelait…l’Acrobate ? Non. Le Gentleman Cambrioleur ? Quelle idée saugrenue ! Non en vérité, rien ne lui venait. Bref, il observa un instant le cheval et son cavalier, puis s’inclina respectueusement, avec une trace d’ironie inversement proportionnellement à ses paroles prononcées d’un ton amusé :

"Votre honneur, je suis enchanté !" Il observa le cheval. "Enchanté également noble destrier." Avant d’ajouter : "Elryn donc… Ça sonne mieux que le Juge. Le Juge, c’est intimidant."

Et vînt l’inévitable série de questionnements à son encontre, généralement provoquée par la méfiance qu’il suscitait inévitablement chez certaines personnes, pour une raison qui lui était parfaitement inconnue. Ulrick fit mine de se masser les tempes, avant de répondre d’un ton faussement plaintif.

"Que de mauvaises ondes de méfiance… Vous posez trop de questions d’un coup, c’est normalement mon truc ça !" Il afficha durant un instant un léger air taquin, prouvant que ses pitreries n’avaient pas vocation à vexer. "Je m’appelle Ulrick. Généralement plus connu sous le nom d’Eldingar, choisissez celui que vous préférez !"

Il fallait néanmoins avouer que l’interrogation du dénommé Elryn était fondée. Aussi, Ulrick allait, pour une fois, faire l’effort de dévoiler ses véritables intentions. Du moins, seulement une partie, n’exagérons-rien.

"Disons simplement que j’avais envie de faire une bonne action, et la tête de ces bandits ne me revenait vraiment pas. Il s’agit là de bonnes raisons non ?" Un court silence, puis il continua : "Bon d’accord, j’avoue que l’idée de vous savoir redevable envers moi m’a effleuré l’esprit. Je vous ai sauvé la vie après tout non ? Donc en échange je voudrais…que vous me guidiez car…je ne sais pas vraiment où je suis. Je marche un peu trop hasard il semblerait !"

Toujours le grand sourire amical et avenant, normalement parfait pour atténuer la méfiance à son égard. Après tout, il avait affaire à un cavalier errant, visiblement pas du genre à être perdu ou à se trouver quelque part sans raison. Autant demander son chemin non ? Et cet homme s’était présenté spontanément à lui, ce qui était plutôt bon signe. Néanmoins, une partie de l’attention d’Ulrick se concentrait sur les alentours. Certes, il avait tué l’un des bandits et semé la zizanie chez les deux autres, mais arriverait un moment où les deux brigands restant comprendraient le subterfuge. Mieux valait donc ne pas rester trop longtemps au même endroit. Non pas que le roublard craignait le combat, disons simplement qu’il avait…la flemme. Agiter une épée est si fatiguant, n’est ce pas ?
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeMar 18 Oct - 22:24

Spoiler:

    Il sembla légèrement surpris de mon surnom. Je ne l’avais pas choisie pourtant. C’était par mes actes qu’on avait décidé de me nommer ainsi. Qui que soit ce ‘on’. Il mentionna également des mauvaises ondes. Ce n’était pas ma faute si la largeur de son sourire me mettait mal à l’aise. L’apparente facilité avec laquelle il s’était débarrassé des brigands était déroutante. Tendant un peu plus ma concentration vers lui, je pus ressentir une importante puissance latente. Même équivalente à la mienne. Un coup d’œil à la petite mare de sang au pied d’un arbre me confirma que cette puissance n’était pas feinte ou inconnue de lui. Il savait très bien tout ce qu’il faisait et pour quelle raison.

    Puis il se présenta. Ulrick, Eldingar… Le surnom me disait quelque chose. Il fallait dire qu’à force d’arpenter les terres de Tellius, on entendait parler de quantité de personnes. Je ne parvins pas à ce moment-là, à me souvenir de l’occasion où j’avais entendu parler de lui. Oh, cela me reviendrait bien n’est-ce pas. Jetant un coup d’œil au sourire d’Ulrick, puis effleurant le large cou de mon cheval, je décidai qu’il n’était pas dangereux pour moi. Pour le moment. D’ailleurs Vifargent restait d’un calme olympien, prouvant bien qu’il n’y avait rien à craindre.

    Le gai luron inventa alors quelque gentil mensonge pour me prouver sa bonne foi. Je levai le sourcil droit, une lueur d’amusement dans mon œil unique. Il savait autant que moi que je n’y croyais pas une seule seconde. Puis il avoua finalement qu’il était perdu. Simplement perdu. Quelqu’un qui enfermait tant de ressources pouvait-il se perdre ? Je n’y croyais qu’à moitié, mais le temps étant clément, et la nuit encore loin, rien ne me forçait à prendre la route en toute hâte. Je saisis le rêne de Vifargent, et l’invitai à continuer notre marche. Ulrick emboîta mon pas.


    « Nous sommes dans la forêt de Serenes. Presque en son cœur, en fait. Là-bas, c’est le nord-est. Daien. Dans notre dos, Crimea. Nous marchons vers l’intérieur de Bégnion. »
    J’observai un instant son air dubitatif. Quelques précisions se devaient.

    « Mmh, la première ville doit être à vingt heures de marches. Une grosse dizaine à cheval, probablement. »
    Je n’ajoutai rien. Nous étions passés devant la flaque de sang, et Vifargent s’était soudainement raidit devant le corps tiré dans les fourrés, toujours chaud, perdant goutte à goutte la précieuse vie, comme une fleur écarlate ayant éclot sur son cou béant. Je m’en approchai, et touchai brièvement l’intérieur de la paume de la main. Habituellement, les hommes échangeant des poignées de main échangeaient aussi de l’énergie. Aussi, plus une personne fréquente du monde, plus elle accumule des traces de leurs énergies dans sa paume.
    Les énergies étaient nombreuses. Je ne pouvais pas ressentir les caractères au travers des énergies, mais ce brigand avait vu du monde, et il y a peu. Je décelai clairement au moins cinq énergies différentes de la sienne, plus des traces d’autres. Je me relevai, pensif. Il allait falloir être vigilants.
    Je me retournai vers mon compagnon de route qui semblait de plus en plus perdu par mon comportement. Je levai une main.


    « L’énergie laisse des traces. On appelle parfois cela du magnétisme. Le contrôler sans peine permet bien des choses. Dont quelques techniques de pistage étranges mais efficaces. »

    Je poussai Vifargent vers l’intérieur de la forêt, nous éloignant du chemin. Je me saisis de mon arc noir, et encochai une flèche. Je bandai mon arme vers la direction où avaient fui les deux autres brigands. Différentes énergies affluaient. J’observai Ulrick.
    « Je dirais qu’ils sont une dizaine. Peut-être plus. »
    Je forçai Vifargent à s’accroupir, ce qu’il fit à contrecœur. Un cheval aime rester droit sur ses pattes. Je concentrai un peu d’énergie dans la pointe de la flèche. Elle filerait plus loin. Mais il fallait s’économiser. Je n’étais pas seul, cette fois.
    « La chasse est ouverte. Je suppose que l’arme que vous vous efforcez de ne pas mettre en avant vous a servi, et vous sert bien. »
    Je désignai le corps sans vie de l’épaule. Déjà la foule de malotrus se pressait dans notre direction. Je me demandai un instant s’ils étaient soit très stupides, soit très rancuniers. Optant finalement pour les deux options, je fis filer la première flèche vers le premier qui avait sorti son épée, et courrait dans notre direction.

    Ceux qui cherchent à outrepasser la justice et m’empêchent le passage, devront mourir.
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeDim 23 Oct - 0:17

Vu la lueur d’amusement dans l’œil d’Elryn, Ulrick avait bien compris que les petits mensonges étaient inutiles sur cet homme. De toute manière, il ne cherchait pas réellement à lui cacher quoi que ce soit, vu qu’il ne s’agissait ni d’un ennemi, ni d’un pigeon à plumer. Pour le moment. S’il devait mentir réellement, il n’aurait aucun mal à le faire, et son baratin serait bien plus dur à déceler. Et surtout, plus amusant à inventer.

Elryn reprit finalement sa route, l’invitant à le suivre, ce que le roublard fit avec une joie évidente. Il ne cessait d’observer son nouveau compagnon de voyage avec attention, sa curiosité peut-être trop appuyée le dévorant. Cet homme avait une drôle d’allure, et sembla plutôt amical, sans non plus paraître aussi expansif que lui. Il trouvait ça amusant. Ulrick parut sincèrement surpris lorsque Elryn lui indiqua, avec une étonnante précision, l’endroit où ils se trouvaient. La forêt de Serenes, c’était donc ça! Il avait néanmoins entendu de drôles d’histoires sur cet endroit récemment, ce qui le poussa à formuler ses pensées à haute voix :


"La forêt de Serenes… C’est étrange, il me semblait qu’il y avait des gardes, une histoire de lac magique ou je ne sais quoi,issu d’un événement bizarre ou je… Hum… je ne sais quoi, oui."

Pourtant, il était parvenu ici sans trop de problèmes, un fait qui le titilla un peu et, à la remarque d’Elryn sur la distance de la prochaine ville, il arbora un grand sourire et répliqua :

Et bien, la chance n’est pas avec vous, je vais vous ralentir quelque peu ! A moins que votre destrier ne puisse se dédoubler. Ce qui serait amusant d’ailleurs."

Au bout de quelques mètres seulement, ils interrompirent leur marche : à côté, dans les buissons, le cadavre encore frais de la victime d’Ulrick continuait de perdre lentement son sang, son esprit déjà parti dans l’au-delà. Le roublard ne comprit pas vraiment l’intérêt de cet arrêt, il avait déjà fouillé rapidement le corps, et avait été très déçu. Quant au décès du brigand, il était on ne peut plus évident. Aussi, l’attitude d’Elryn l’intrigua, et le poussa à s’approcher un peu, tandis que son compagnon examinait le cadavre, l’observant, touchant sa main, un geste qui, visiblement le laissa songeur. Devant le regard interrogatif d’Ulrick, l’homme lui expliqua ce qu’il cherchait à faire, et le roublard fût agréablement surpris par ce qu’il venait d’apprendre. Manipuler l’énergie donc ? Une méthode de pistage tout à fait inédite à ses yeux, et assez intéressante, bien que très abstraite au premier abord.

"C’est assez intriguant ce que vous m’expliquer." Il pencha légèrement la tête, réellement songeur durant un instant, avant de reprendre son grand air amical assez détendu. "Je me demande à quoi ressemble mon énergie ! Enfin, je vois avouer que cela me paraît encore obscure, mais assez intéressant. Maintenant, vous aller devoir m’expliquer cela plus en détails mon cher !"

Mais l’heure n’était pas aux explications précises. Les deux compagnons s’enfoncèrent dans la forêt, et le cœur d’Ulrick s’accéléra lorsqu’Elryn l’informa de la présence d’ennemis. Une dizaine environ, voir plus ? En même temps, le stratagème du roublard pour faire fuir les deux bandits de tout à l’heure ne pouvait pas durer infiniment, et l’effet secondaire était prévisible : un grand désir de vengeance de la part des malandrins. Vifargent s’accroupit docilement sur l’ordre de son cavalier, pour ne pas demeurer une cible facile sans doute : vraiment bien dressé comme destrier, songea Ulrick. Il observa son compagnon et afficha un sourire qui, bien qu’allant jusqu’aux oreilles, paraissait bien trop carnassier, surtout associé à sa main qui vînt caresser la garde de son épée.

"Je n’aime pas vraiment tuer. Je ne suis pas un assassin. Aussi, croyez bien mon cher, que c’est à contrecœur que je vais agir comme un meurtrier d’ici quelques instants." Il dégaina son épée, s’étira puis s’accroupit à son tour, semblant créer beaucoup de tension dans ses jambes. "Veuillez ne pas m’en tenir rigueur Elryn. Je ne suis pas un méchant, ne l’oubliez pas quand vous décocherez vos flèches."

Les bandits commençaient à arriver, d’une manière tout à fait désorganisée, sans doute trop confiants au vu de leur supériorité numérique. Celle-ci se réduisit d’ailleurs dans la seconde, lorsque la première flèche d’Elryn ôta la vie du plus proche malandrin. Un magnifique tir à n’en pas douter, cet homme n’était pas n’importe quel archer lambda. C’était donc au tour d’Ulrick d’entrer en scène. Relâchant la pression sur ses jambes, il se propulsa en avant, courant en adoptant une position penchée très proche du sol assez surprenante. Une technique parfaite qui lui permit de surprendre les bandits, le premier d’entre eux à sa portée se retrouvant promptement le ventre ouvert en deux, les boyaux rapidement au-dehors. Le roublard se redressa aussitôt et effectua une pirouette, esquivant une réplique d’un autre bandit qui se retrouva, en retour, la main armée promptement tranchée. Esquivant les attaques, Ulrick comprit bien vite que les bandits, assez stupides il semblerait, pensaient qu’il était le principal danger. Résultat : tous se massaient vers lui, ignorant Elryn qui, en tant qu’archer, était sans doute le premier qui devrait être neutralisé, n’est-ce pas ?

"La stratégie, ça vous dit quelque chose, bande d’ignare ? Oups !" Il esquiva une nouvelle attaque, avant de marmonner. "Ça, ce n’est pas du tout à mon avantage…"

Et pour le moment, il ne comptait pas gaspiller l’une de ses précieuses bombes fumigène pour du menu fretin de ce genre. Il était de jouer sur ses atouts. Repoussant d’un coup de pied l’un des bandits, il s’écarta de l’attroupement qui tentait de l’encercler et, d’un saut agile et quelque peu surprenant – pour un humain lambda – il se retrouva à quelques mètres du sol, s’accrochant au tronc d’un arbre. Un second bond agile le propulsa plus haut sur l’arbre voisin. Un troisième le fit disparaître toujours plus haut, derrière les feuillages.

Leur cible perdue, les brigands se concentrèrent sur la menace la plus présente : l’archer. La bande se rua sur lui, visiblement enclin à lui faire payer leurs morts. Autant dire que autant d’ennemis au corps à corps n’allait pas être une mince affaire à mettre en déroute, surtout seul contre tous n’est ce pas ? Bien sur, cela dans l’hypothèse qu’Ulrick se soit enfuis ce qui, bien sur, se révéla faux : quelques branchèrent craquèrent au dessus de la zone entre Elryn et les bandits et, finalement, ce fût le roublard qui se jeta de sa cachette, amortissant son atterrissage en assommant l’un des ennemis d’un bon coup de pied bien placé, en transperçant un autre au niveau de la nuque d’un élégant coup d’épée. Les ennemis désarçonnés, le roublard entreprit de les repousser quelque peu, les empêchant d’atteindre Elryn.


"Je vous ai manqué mon cher ?" lança t-il à l’archer avec un grand sourire, avant d’effectuer une nouvelle pirouette d’esquive. "Je suis sur que j’ai manqué aux bandits, non ?"

Il éclata de rire et évita un nouveau coup d’épée, en profitant pour repousser d’un violent coup d’épaule l’un de ses adversaires. Pour le moment, après les ripostes des deux compagnons, environ six bandits étaient morts ou invalides. Il restait encore une bonne moitié de la troupe initiale et, bien qu’Ulrick semblait mettre du temps à s’en débarrasser, c’était surtout parce qu’il passait son temps à tournoyer pour esquiver, plutôt que se laisser trop à aller à ses pulsions meurtrières. Et puis, il n’allait pas garder tout pour lui non ? Il voulait aussi voir de quoi était capable Elryn. Et, à première vue, celui-ci se débrouillait incroyablement bien.

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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeVen 4 Nov - 20:13

    Je passai un instant à observer Ulrick tournoyer au milieu de la masse d’êtres nuisibles. Qu’est-ce qui le différenciait d’eux ? Chaque être humain a une part d’ombre. Chaque être humain a quelque chose à se reprocher. Que ceux qui n’ont jamais porté la main sur quelqu’un ou n’a jamais jalousé un autre jette sur moi la première pierre. Alors qu’est-ce qui faisait, à cet instant, que je combattais avec cet homme en particulier pour me débarrasser de ces bandits en particulier ? Qui avouons-le, même s’ils projetaient de me détrousser, n’avaient rien fait dans l’absolu. Nous défendions-nous seulement ? Ulrick savait qu’en faisant fuir les bandits ils reviendraient plus nombreux. Le goût du sang était-il trop grand ?
    Je l’observai tourbillonner au milieu des êtres hagards qui ne parvenaient pas à comprendre sa danse meurtrière, tantôt esquivant gracieusement, tantôt effectuant une parade incongrue. Il était très imprévisible dans ses mouvements ; son énergie tourbillonnait autour de lui, présente dans chaque pore de sa peau. Les ennemis, subjugués, en oubliaient même ma présence. Vifargent secoua sa longue crinière. Je flattai légèrement l’encolure gris perle en gardant mon unique œil fixé sur les brigands.


    « Je ne reviendrai pas sur un jugement. Mais nous ne savons pas tout de cet homme ; il manipule avec aisance et s’adapte aux caractères. Il se joue finement des autres. »

    Le cheval me regarda un instant, puis fixa Ulrick alors qu’il semblait s’envoler dans les arbres. Miraculeusement, les autres prirent conscience de ma présence, et par conséquent se ruèrent vers moi. Je soupirai alors que je prenais tout mon temps pour encocher la flèche suivante. Ne pouvaient-ils pas imaginer que leur premier adversaire allait surgir devant moi en tombant des branches brutalement ? Comme ils n’avaient pas imaginé m’attaquer d’abord. L’effet de groupe est bien mauvais, si de mauvaises décisions sont prises.
    Sentant les branchages s’agiter au-dessus de moi, je visai, puis tirai. L’avant-dernier homme de la file s’écroula, la flèche fichée dans un espace entre son casque et son armure de cuir. Les deux premiers se retournèrent d’un coup en entendant le râle du mourant, et furent surpris par l’attaque d’Ulrick qui leur tomba dessus de tout son poids. Je lui adressai un mince sourire.


    « Prenez garde à vos pitreries, un faux mouvement est vite arrivé dans la foule. »

    Liant le geste aux mots, je passai discrètement ma jambe au dehors du fourré, et Ulrick… tomba. Je le rattrapai promptement, mais ainsi il évita d’avoir la tête proprement tranchée par un des bandits qui arrivait dans son dos, en traître. Le vil n’eut pas beaucoup de temps pour regretter son erreur ; j’envoyai une flèche dans son œil alors que d’un coup d’épaule je relevai Ulrick sur ses pieds, de telle façon qu’il fasse front devant les brigands, et que je sois toujours à moitié dans mon fourré. Encore cinq bougres tenaient à en découdre. Ils étaient trop serrés autour de nous. D’un geste vif, je pris Ulrick (qui pour une raison ou une autre tourbillonnait à ce moment-là en tuant proprement un autre ennemi) par la taille, et je nous lançai sur la selle de Vifargent qui partit au quart de tour.
    Je lâchai l’habile épéiste quelques mètres plus loin, puis j’encochai une flèche alors que Vifargent chargeait les quatre ennemis restants. La pointe noire fila dans un œil, l’homme s’étant pourtant dissimulé derrière une targe, la hache en avant. Mon fier cheval renversa et piétina encore l’un d’eux, pendant qu’Ulrick se dirigeait vers celui qui semblait être le chef de la pauvre bande.

    Je le laissai terminer son combat, alors que je plongeai sur le dernier bandit encore debout et tremblant, plongeant ma dague dans son cou encore trop jeune. Il devait avoir à peine vingt ans.
    Je me relevai et observait les corps. Il devait y avoir deux survivants qui se tordaient de douleur devant une vilaine blessure. Je levai un sourcil, m’approchant de celui à qui mon compagnon avait coupé la main en début de combat, puis je le relevai sur ses pieds en le prenant par le col. Son haleine était alcoolisée, et son teint était livide d’avoir perdu trop de sang. Je fouillai dans une de mes sacoches accrochées à mes ceintures, pour y trouver des bandages. Je les y glissai dans sa main encore présente.


    « Si tu as survécu c’est que tu ne devais pas mourir aujourd’hui. Alors va, et rachète tes péchés comme tu le peux. Saches cependant que si nos chemins se croisent à nouveau, je n’hésiterai pas à porter la main sur toi. » Mon œil se posa sur son compagnon qui avait été assommé par la chute depuis les branchages d’Ulrick.
    « Prends-le avec toi. Vous aurez plus de chances de survie à deux que chacun seul dans la forêt. »

    Le pauvre bougre hocha la tête vigoureusement et se détacha de mon étreinte, courant vers son camarade et tentant de le réveiller à coup de gifles de plus en plus fortes. Sifflant Vifargent qui arriva bien vite, je pris la bride et me dirigeai vers Ulrick qui achevait son adversaire.
    Le massacre avait été rapide et efficace. Un instant je notai qu’il avait été utile de rencontrer cet homme en tant qu’allié plutôt qu’en tant qu’ennemi. De cela, j’étais déjà au courant bien sûr, mais j’en prenais de plus en plus conscience.
    Je brossai légèrement la robe de mon destrier où quelques gouttes de sang avaient coulé. Je m’adressai aux deux.


    « Pas de blessures ? »
    Vifargent s’ébroua en signe de négation, et ses pattes frappèrent le sol en faisant claquer les graviers. Ulrick semblait lui aussi indemne – sauf s’il m’avait caché une blessure, mais pour l’instant je ne ressentais aucune concentration d’énergie en un point précis de son corps. Nous marchâmes silencieusement jusqu’à déboucher à une clairière ombragée où poussait un petit pommier. Je m’assis, soulageait Vifargent de mon paquetage et de son harnachement, et le laissait aller brouter l’herbe fraiche. Je m’assis à même le sol et sortis quelques morceaux de viande salée, résultat d’une chasse précédente. Je jetai un coup d’œil à Ulrick.

    « En plus nous avons des pommes en dessert. J’espère que vous n’êtes pas végétarien, car je n’aurai rien d’autre à vous proposer malheureusement. »
    Je séparai le morceau de viande en deux parts égales, puis je lui tendis son déjeuner. J’observai le soleil à son Zénith.
    « Bien, avez-vous une destination précise ? »
    Alors que je cherchai ma gourde dans mon sac, mes mains rencontrèrent le petit récipient dans lequel j’avais glissé de l’eau du lac mystérieux. Je sortis le flacon. L’eau était étrange, et irisait sous les rayons du soleil. Je secouait le liquide devant Ulrick.
    « Vous êtes au courant pour le lac dans la forêt de Serenes ? «
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeMer 9 Nov - 21:13

A la remarque d’Elryn, Ulrick renvoya un grand sourire amusé, et s’apprêta à répliquer en vantant ses capacités d’esquives et son agilité naturelle. Les faits lui firent défaut avant même qu’il argumente : on venait de lui faire un croche-patte. Et pas n’importe qui, son coéquipier lui-même ! Le roublard n’eut pas le temps de s’énerver, il comprit bien vite la manœuvre incongrue du jeune homme : une attaque dans le dos habilement esquivée de cette manière, lui évitant ainsi une décapitation sans doute très désagréable. Une fois relevé, Ulrick fit un signe de la main pour remercier son compagnon et lança, d’un ton légèrement agressif et en totale contradiction avec le sourire qu’il affichait :

" Si nos ennemis ne nous laissent plus nous amuser, je le dis, où va le monde ?"

Les ennemis, d’ailleurs, se resserraient autour d’eux, tentant de les confiner pour, sans doute, faire pleuvoir une concentration d’attaques sur eux. De quoi provoquer Ulrick qui, effectuant une nouvelle pirouette tout à fait inutile, mis à part pour distraire son adversaire, embrocha promptement l’un des bandits. Il s’apprêta à régler son compte à un deuxième lorsqu’il se sentit soulevé, provoquant chez lui l’affiche d’une expression de stupeur qui aurait sans doute fait éclater de rire un public autre qu’une bande de brigands. Le roublard se retrouva avec Elryn sur la selle du cheval et était, on peut le dire, impressionné : cet archer avait tout de même beaucoup de force il fallait croire. Décidant de se consacrer sur le combat, Ulrick retînt une blague traitant d’une princesse enlevée par son prince charmant sur son beau destrier blanc, et sauta à terre un peu plus loin, une fois qu’ils eurent échappé à l’encerclement. Il observa Elryn charger les bandits et eut presque de la pitié pour eux. Presque. Pas. Mais vraiment, son nouvel ami était un fier guerrier, du grand spectacle ! Mais trêve d’admiration, il avait une cible à s’occuper, et des plus intéressantes il espérait : le chef de la bande.

"Cher ami ! M’accorderiez-vous cette danse saugrenue ?" lança t-il tout en s’inclinant ironiquement.
"Je vais te faire regretter tes pitreries !" grogna le bandit.
"Cela est impossible."

Les deux adversaires se lancèrent l’un contre l’autre, leurs épées s’entrechoquant avec violence. La lame courte d’Ulrick étant désavantagée, ce dernier repoussa son adversaire d’un coup de pied et s’éloigna d’un saut. Ils se jaugèrent du regard quelques secondes, puis un nouvel assaut. Cette fois-ci, le roublard plongea au sol et, au milieu de sa roulade, lança sa lame sur la jambe du bandit, y infligeant une sévère coupure au niveau du tendon. Blessé, le bandit mit un genou à terre. Ulrick se remit en garde, prêt à en découdre dès que son adversaire se serait relevé. Ce que ce dernier ne fit pas, surtout avec un tendon tranché. Au lieu de ça, celui qui était censé être le chef d’une bande de brigands se retourna vers son ennemi et l’implora pour cesser le combat. Pour une simple blessure à la jambe qui, bien que très handicapante, ne le mettait pas totalement hors combat. Un abandon après deux assauts. Et il appelait ça un combat ? Le sang d’Ulrick commença à bouillir, l’excitation de l’action laissant place à la frustration la plus totale. Comment un tel lâche pouvait-il être le chef d’une bande ? Il n’avait pas l’âme d’un chef au combat. Sans doute était-il meilleur pour parler que pour manier l’épée.

Tout air amical disparu, il désarma son adversaire et posa sa lame sous sa gorge, avant de jeter un regard vers Elryn. Etonnement, ce dernier n’achevait pas les deux autres survivants, les laissant partir, leur fournissant même des bandages, d’après ce qu’Ulrick pouvait voir d’ici. Une bien noble âme. Tournant son regard vers son adversaire déchu, il afficha un visage absolument neutre qui n’avait absolument rien de rassurant.


"Mon compagnon est, semble t-il, indulgent." Une lueur d’espoir passa dans l’œil du bandit lorsqu’Ulrick recula sa lame. " Pas moi."

Et, d’un violent coup, il projeta sa lame dans la gorge du bandit, le transperçant avant de se reculer vivement pour éviter la gerbe de sang qui en résultat. Une mort foudroyante qui lui laissa un goût amer dans la bouche. Utilisant la veste d’un des morts pour nettoyer sa lame, Ulrick se retourna vers Elryn qui l’avait rejoint et reprit un air souriant et avenant, qui, dans cette situation, paraissait assez inappropriée, tout autant que son ton léger lorsqu’il répondit :

"Si, mon cœur est blessé d’avoir donné la mort." Il enchaina, un peu plus sérieusement : "Physiquement pas de problèmes. Et vous de même il semblerait. Vous êtes fort, Elryn. Je suis impressionné !"

Après ce qui s’était révélé plus proche du massacre que du vrai combat, les deux compagnons reprirent leur route jusqu’à une clairière plutôt accueillante que les profondeurs maintenant ensanglantées de la forêt. Ulrick resta un instant debout, observant les alentours, puis alla s’asseoir en face d’Elryn, soupirant de soulagement. Se délestant de sa veste, sa besace et son épée, le roublard se sentit bien plus léger à présent. Aux paroles d’Elryn, il observa le pommier, puis le morceau de viande qu’il lui tendait.

" Mon cher Elryn, je vous ai bien trouvé ! Merci à vous. Cela fait plusieurs jours que je me contente de fruits, chasser sans arc n’est vraiment pas pratique."

Certes, vu son agilité presque féline, il pouvait chasser simplement à l’épée mais c’était véritablement éreintant. Observant le morceau de viande, il commença à le grignoter, savourant de manière assez visible ce repas de carnivore qui lui avait quelque peu manqué depuis la dernière ville par laquelle il était passé. A la question de sa destination, le roublard eut l’air quelque peu perplexe, semblant chercher dans sa mémoire.

"Je pense que je dois aller…quelque part. C’est un bon début !" Il savoura une autre bouchée de viande, puis poursuivit : "Et vous, où allez-vous donc ? Attention à votre réponse, vous pourriez vous retrouver avec un certain fardeau sur le dos." Il se désigna du doigt " Fardeau, mon second surnom."

Il éclata de rire puis se calma à la seconde question d’Elryn. Observant l’eau d’un air sérieux, il sembla étrangement songeur devant ce liquide quelque peu étrange. Son regard dériva sur son compagnon, puis il se leva soudainement et alla chercher quelques pommes sur l’arbre, revenant bien vite pour savourer l’une d’entre elle, en même que sa viande. Curieux mélange, mais il aimait le sucré/salé, et cela lui avait laissé du temps pour réfléchir. Il n’avait plus aucune raison de cacher des choses à Elryn, du moins pas trop, il lui semblait.

"J’ai entendu parler de ce lac en effet. Pas mal de rumeurs de taverne, certaines loufoques, mais quelques unes sérieuses. Il serait apparu au beau milieu de la forêt soudainement, comme par magie, et il n’y a pas eu de nouvelles de la part des Laguzs vivant dans la zone. Normalement, une quarantaine a été mise en place, mais je n’en ai pas vu la moindre trace pour ma part. Quant à cette eau…" Une lueur de convoitise brilla dans son regard, tandis qu’il fixait le flacon. "Je ne sais rien de sérieux dessus. Mais je sais que sur le marché noir, elle est déjà recherchée par certains. Le gout de la nouveauté dans doute."

En effet, il avait entendu certaines choses par quelques uns de ses contacts. Il y avait peu de gens qui recherchaient vraiment à acquérir discrètement des échantillons du lac, mais ceux-là étaient prêts à payer le prix fort. Ulrick avait gardé ça dans un coin de son esprit, sans vraiment songer à aller dans la forêt de Serenes. Il faut croire que son inconscient était, lui, désireux d’y aller, pour l’y guider ainsi. Terminant sa viande, il observa Elryn en silence, puis finit par ajouter :

"Je devrais peut-être y jeter un coup d’œil à ce lac. Avez-vous remarqué autre chose, eut le temps d’explorer un peu, ou n’avez-vous pris qu’un échantillon ?"

L’idée d’aller voir ce lac titilla l’esprit d’Ulrick. Ca, et la cupidité sans aucun doute : certes, il était curieux d’en savoir plus, mais l’appât du gain était non négligeable. Et il serait dommage de dépouiller son nouvel ami, n’est-ce-pas ?
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeJeu 17 Nov - 21:47

    En quoi donc ce massacre avait-il été nécessaire ? Mon jugement avait été rapide, concis. Qu’est-ce qui m’avais poussé à en épargner deux, alors que je tuai le reste sans remords ? Qu’est-ce qui m’avait chuchoté doucement que leur vie ne touchait pas encore leur terme ? L’énergie, très certainement. Lorsqu’un ennemi devait tomber sous mes flèches, je sentais son énergie comme refluer, ne pas encore quitter le corps, mais se préparer à le faire. Alors, mes jugements n’étaient-ils rendus que par des ressentis de la nature elle-même, et pas d’une analyse du personnage à juger ?
    Je me convainquis qu’il s’agissait des deux à la fois. Quelque chose en moi refusait que seules des forces que je ne pouvais pas contrôler parfaitement m’influençaient pour choisir du destin d’un homme.

    J’avais hoché la tête lorsqu’Ulrick avait déclaré être heureux d’avoir fait ma connaissance, entendant à peine le compliment. J’avais mangé en silence, mâchant lentement le bout de viande durci par le sel et le temps. Il faudrait que je rachète des provisions lors de ma prochaine étape dans un village. Espérons que d’ici-là je trouve de quoi me sustenter correctement. Je le regardai d’un œil vide lorsqu’il demanda où je pouvais bien me rendre. Pour dire vrai, je n’en savais rien. J’hésitais entre me tourner vers Sienne afin de tenter d’en apprendre plus sur cette étrange eau, mais en même temps, que m’importais cette histoire de lac ? La terre meurtrie ne reviendrait pas, les vies perdues ne seraient pas rendu. Le trou d’énergie qui avait été créé à ce moment-là avait fait trembler la terre jusque dans ses fondements, et la déchirure éprouvée avait lancé comme un appel de détresse dans toute l’énergie terrestre, se répercutant infimement dans chaque élément, luttant pour tenter de le combler. Puis soudain, cette déchirure avait disparu, donnant lieu à ce lac si étrange. Il n’était pas normal ; il était un moyen factice de combler la terre, j’en étais certain. Mais je ne comprenais pas son origine, malgré toutes mes analyses. Rien là-bas ne justifiait une telle disparition. A moins que…
    Je mordis dans une pomme que mon compagnon rapporta joyeusement, l’écoutant babiller sur le lac. Il répondait simplement à ma question, mais je ne pouvais m’empêcher d’être irrité devant la légèreté avec laquelle il prenait la chose.

    Qui donc pouvait avoir la loufoquerie de faire de cette eau un marché ? Et de ce que je savais, la quarantaine était relativement serrée, ces derniers-jours. Il fallait soigneusement se cacher et choisir ses heures afin de ne pas être repéré près du lac. Je soupirai lorsqu’il me demanda des précisions, une lueur de curiosité brillant dans ses yeux. Je ne pouvais pas lui en vouloir, ce genre d’événements n’étant pas vraiment monnaie commune par ici.


    « Je n’ai pris qu’un échantillon. Il faisait nuit noire, et contrairement à ce que vous pourriez penser, la quarantaine est très resserrée, et j’ai eu bien du mal à ne pas me faire repérer. Heureusement que Vifargent est habitué à chevaucher de tout temps et de tout endroit. »

    Je posai mon œil sur lui, tentant de le détailler. Même en tendant mon empathie vers lui, je ne parvenais pas à cerner exactement ses ressentis. Il faudrait que je le touche, mais…
    Je me levai, puis glissai le flacon d’eau dans la main d’Ulrick, lui permettant de l’observer jusqu’à contentement. Nos doigts s’effleurèrent, et j’analysai immédiatement son énergie. J’y vis bien des choses contradictoires, un soupçon d’envie, de la curiosité, de l’amusement. Pas de mauvais sentiments à mon égard. De l’hésitation ? Oui, certainement. Il devait être fort curieux devant cette eau. D’un coup d’ongle sur le verre, je fis résonner le récipient.


    « Cette eau ne semble pas avoir les propriétés qu’elle devrait avoir. Elle est trop irisée et trop transparente à la foi pour être de l’eau. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Je ne me risquerai pas à la goûter en tout cas. »

    Je pris mon arc et mon carquois que j’avais posés à côté de mon paquetage et de mon cheval.
    « Je reviens, j’ai comme oublié quelques flèches sur un champ de bataille. »
    Puis je partis à petite foulée à travers les arbres, habitué que j’étais à ne plus être capable de mesurer efficacement les distances avec mon œil unique. Je ne me fiai presque qu’à l’énergie qui émanait de chaque tronc afin de ne pas rentrer dedans.
    Je finis par arriver, en cinq minutes, là où avait eu lieu l’embuscade. Première chose à noter, le corps, pourtant mort, du chef de la bande, était manquant. Je m’approchai prudemment des cadavres, et retirai toutes les flèches des morts. J’en ramassai une sur le sentier. Totalisant mes projectiles à leur nombre initial de vingt, je m’apprêtai à retourner vers la clairière où m’attendaient Ulrick et Vifargent. Je fis deux pas, puis j’entendis un craquement de branchages derrière moi. Me retournant vivement, je ne vis qu’un pelage blanc me dépasser à toute vitesse.
    Une odeur que je ne pourrais jamais oublier s’insuffla dans mes narines, et la caresse d’une énergie bien trop connue m’ébranla. Lorsque je repris mes esprits, je ne ressentis aucune présence autour de moi, ni à plusieurs mètres à la ronde. Mes poings serrés furent parcourus d’un tremblement violent.

    « Aylin… »
    D’un souffle rauque je revins vers notre campement de fortune.

    Au fur et à mesure que je m’approchai de la clairière, un malaise m’emplissait. Quelque chose s’ourdissait sous le soleil, et ce n’était pas une bonne chose. Je ressentais, à mesure que je marchais, les énergies d’Ulrick et Vifargent se préciser, relativement calmes, bien qu’étrangement tendues. Je pressai le pas, oubliant momentanément la vision du pelage trop blanc, des yeux trop rouges.
    Lorsque je mis un pas dans la clairière, tout semblait parfaitement normal. Ulrick terminait ce qui devait être sa quatrième pomme. Mais quelque chose n’allait pas, c’était certain. Vifargent me fixa d’un œil inquiet, sentant que le doute m’envahissait.

    « Il s’est passé quelque chose ? »
    Je rattachai, par prudence, mon paquetage sur le dos du cheval. Je me tournai à nouveau vers mon compagnon de voyage, ne prenant pas, pour le moment, le soin de récupérer mon échantillon d’eau.
    « Ou alors il va se passer quelque chose. Vous l’avez senti ? »
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeSam 26 Nov - 22:04

Elryn n'avait pas répondu à la question d'Ulrick, concernant sa possible destination. Quel petit cachotier ! Peut-être ne voulait-il pas se retrouver avec un type louche sur le dos ? Peut-être ne savait-il pas, lui non plus, où il se rendait ? Peut-être aussi qu'il valait mieux arrêter là ces questionnements futiles.
Quelque chose fit tiquer Ulrick. Était-ce le ton de son nouveau compagnon ? Quelque chose dans son regard ? Néanmoins, il l'avait irrité d'une manière ou d'une autre, ou s'était attiré sa méfiance. Ce qui eut pour conséquence, dans l'esprit du roublard, de faire simplement naitre l'idée qu'il devrait réfléchir plus avant de déballer ses pensées. Encore une intenable et bonne résolution.

Elryn lui expliqua pourquoi il n’avait pût prendre qu’un échantillon et le surprit quelque peu en parlant d’une quarantaine serrée. Pourtant, Ulrick n’avait eu aucun mal à entrer dans la forêt ? Peut-être que la surveillance ne se faisait qu’au niveau du lac, mettre sous cloche une forêt entière serait bien trop suspect et attirerait facilement l’attention. Enfin malgré, les rumeurs de taverne allaient bon train.

Son compagnon lui tendit le flacon et Ulrick s’en empara prestement, ne prêtant pas attention au léger effleurement qui avait eu lieu entre leurs peaux. Il observa attentivement l’eau et il était forcé de l’admettre : celle-ci avait quelque chose de spécial. Quoi ? Difficile à dire. Sa texture, sa manière de se mouvoir en agitant le récipient, la façon dont la lumière du soleil se reflétait dessus. Il y avait quelque chose de presque imperceptible, comme une intuition. Et pourquoi ne pas la gouter ? Une idée totalement folle comme le souligna Elryn, aussi Ulrick passa son tour pour la dégustation, préférant croquer une autre délicieuse pomme.


"Je ne sais même pas si on peut encore appeler ça de l’eau, surtout vu sa provenance."
marmonna t-il, l’air songeur. "Peut-elle a t-elle des effets pour celui qui la boit mais non, je n’essayerai pas non plus."

Il adressa un sourire et un léger signe de main à Elryn : il attendrait patiemment. Une fois le cavalier suffisamment éloigné, il sortit de sa besace une petite fiole, à la limite de l’éprouvette. Avec une précaution et une délicatesse rare, il versa un peu du contenu du flacon dedans. Oh, juste un doigt, à peine remarquable. Mais même une infime quantité pouvait être utile, on ne savait jamais. Et il n’était pas certain de réussir à avoir d’autres échantillons, si la quarantaine était aussi stricte qu’Elryn l’avait dit. Levant les yeux, Ulrick se retrouva face à ceux, inquisiteurs, de Vifargent. Un grand sourire sarcastique éclaira le visage du rôdeur.

"Quoi ? Je lui ai sauvé la vie tout à l’heure ! On va dire qu’on sera vraiment quitte avec ça, voilà tout." Vifargent continuait de le fixer. "Oh je vois, tu en veux aussi petit gourmand ?" Il rangea sa petite fiole et tendit le flacon au cheval qui détourna la tête. "Ah, ce n’est pas vraiment ton truc. Comme tu voudras."

Il éclata de rire et reprit sa contemplation du liquide, tout en dévorant une énième pomme. Il est vrai qu’elles étaient bonnes. Un régal. Il en tendit une à Vifargent qui sembla accepter ce présent. Un cheval qui avait bon goût visiblement, peut-être était-ce un bon moyen de faire la paix, malgré le fait que ce destrier l’avait surpris en flagrant délit de vol mineur de son cavalier. Si peu de chose après tout, juste quelques gouttes. Rien de bien méchant, il avait fait bien pire. Et puis, pourquoi se cherchait-il des excuses ? Il était un voleur, oui ou non ? Tout à ses pensées, il sursauta en sentant un étrange frisson lui parcourir l’échine, comme si un doigt glacial se glissait sur sa colonne vertébrale. Faisant volte face, il chercha des yeux un quelconque danger. Les environs étaient déserts, mais il y avait quelque chose, il en était certain. Jetant un œil à Vifargent, il vit que ce dernier semblait agité aussi, comme s’il sentait, tout comme lui, l’approche d’une menace. Enfin, il n’était pas sur qu’il s’agissait d’un danger, mais c’était tout du moins inquiétant.

Soudainement, un mal de crâne foudroya Ulrick sur place, le forçant à se poser une main sur la tempe. C’était douloureux, atrocement, comme si une brusque et monumentale gueule de bois était apparue en lui. Il vit comme un flash dans sa tête, des images confuses. Un homme en armure. Une épée ensanglantée. Du poison qui s’immisce. Les pommes étaient empoisonnées ? Non, impossible, ce n’était pas ça, il en était certain. Il interprétait mal ces images.
Puis, aussi vite qu’elle était apparue, la douleur s’évanouit. Partie, disparue, comme par enchantement. Reprenant ses esprits, il secoua la tête et reprit sa contenance, au moment même où Elryn revenait. A sa question, Ulrick tenta un sourire, cette fois-ci peu convaincant, en répondant :


"Rien…de spécial. Juste de délicieuses pommes et…voilà." Il laissa planer un silence puis, comprenant qu'Elryn avait également sentit quelque chose, il reprit, tout en lui redonnant son flacon d'eau : "Oui, il y a quelque chose, je le sens. Je ne peux pas vraiment l’expliquer, mais ça approche, et c’est assez inquiétant."

En vérité, il connaissait cette sensation, elle lui disait quelque chose. Un malaise étrange, un picotement semblant se déplacer au niveau du cou, et un gout métallique dans la bouche. Ça lui était familier, une impression de déjà vu. Soudain, il se souvînt de la dernière fois où il avait ressentit ça : dans la forêt, lorsqu'il s'était retrouvé à tuer ce mage qui lui avait lancé un sort. Cette malédiction qui lui avait effacé la mémoire. C'était exactement la même sensation. Sentant son cœur se serrer, Ulrick porta à la main à son épée, scrutant les environ alors qu'une voix étrangement calme leur lança, semblant provenir de tous les côtés à cause d'un étrange écho :

"Déposer vos armes et l'eau que vous avez récupéré. Vous ne pouvez pas vous échapper."
"Elryn, cette fois il faut fuir !"

Le ton étonnement paniqué d'Ulrick était indiscutable cette fois-ci. Il fit signe à Elryn de grimper sur Vifargent et sortit l'une de ses bombes fumigènes. Cette fois-ci, il fallait en sacrifier une, l'occasion était plus que pertinente. Éclatée au sol, la sphère libéra un brouillard opaque autour d'eux, et le roublard en profita pour rejoindre Elryn en selle. Autour d'eux, au milieu de la brume, la sensation désagréable prenait de l'ampleur. Mais comment était-ce possible ? Était ce le même magicien ? Pourquoi il l'avait tué, il s'en souvenait. Et les sorts d'amnésies aussi forts étaient si rares, peut-être s'agissait-il de personnes pouvait l'aider dans la quête de ses souvenirs. Mais c'était trop dangereux.

"C'est un sortilège, et je le connais. Il faut absolument nous éloigner ! De plus, je pense qu'il y a autre chose..."

En effet, quelque chose n'allait pas. Outre le fait que des ennemis inconnus leur voulait du mal et étaient visiblement beaucoup plus fort. Il avait un mauvais pressentiment. Autour d'eux, la fumée de la bombe fumigène perdurait, cela leur laisserait du temps, normalement. Ayant heureusement repéré les lieux avant le brouillard, Ulrick indique une direction à Elryn. Peut-être se jetaient-ils dans la gueule du loup. Peut-être qu'en réalité, ils étaient totalement encerclés. Mais vu son instinct, le roublard imaginait à peu près la position du supposé lanceur de sort. Sauf qu'il n'était sans doute pas seul. Pour une fois, il était véritablement inquiet, lui qui prenait habituellement tout à la légère, l'heure n'était plus à l'amusement.
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeDim 11 Déc - 21:59

    Le vent tournait. Lentement, mais sûrement. Il faisait voleter de minuscules particules qui s’insinuaient sous les ongles, dans les yeux. Vifargent semblait plus tendu que jamais, et Ulrick, même ce fier et joyeux compagnon d’un jour ne semblait pas à l’aise. Une pâleur passa sur son visage, et la phrase avec laquelle il me répondit sonna faux. Aussi faux que son sourire qui s’éteignit immédiatement en voyant que je n’étais pas dupe. Il se tendait entièrement, conscience et énergie, vers quelque chose qu’il nous entourait et qu’il ne parvenait pas à identifier. Et il craignait cette chose. Il me le confirma en me rendant ma fiole. D’un coup d’œil, je vis immédiatement qu’il en manquait quelques gouttes. L’archer est habitué à observer tout en détail, pour trouver les failles dans les cuirasses et les lièvres dans le lointain.
    Mais mon attention fut plus portée sur ses paroles inquiètes. Je posai brièvement la main sur son épaule. Il était crispé.


    « Nous nous en sortirons si vous parvenez à gérer votre peur. Mais je sens aussi cette présence, et cela n’a rien de bon. »
    D’habitude, lorsque je tendais mon énergie vers les autres, je ne pouvais que discerner le nombre de personnes et avoir une vague idée du caractère de chacun. Mais cette présence-ci… C’était incroyable, il brouillait tout. Son énergie n’était qu’inverse, là où chaque être vivant pouvait se définir comme un halo de lumière toujours distinct, je ne percevais là que de l’ombre. Une créature si obscure qu’elle ne l’était pas devenue, mais l’avais toujours été. Ou alors avait fait tant de mal qu’elle avait forcé sa nature profonde à embrasser les ténèbres.
    Ma main se crispa légèrement sur une de mes flèches. Le jugement était rendu. Qui que soit cet être, sa destinée était de mourir. Ceux qui renient autant ce qui fait d’eux des êtres humains ne méritent pas de vivre. Quelque chose comme la sensation d’une lame froide sur mon cou vulnérable se présenta à moi. Je reculai d’un pas, cherchant autour de moi le créateur de ce malaise.

    Ulrick se crispa encore plus à mes côtés, tentant de dégainer son arme. Je pris délicatement mon arc entre mes mains. Vifargent bondit à nos côtés d’un mouvement gracieux.
    Une voix nous commanda de nous rendre. Une voix désincarnée, petit tour de magie qui nous donnait l’impression d’être entourés. J’évitai d’esquisser un sourire. L’énergie de chacun n’est pas la magie. Je ne savais pas d’où venait la magie de cet homme, mais je savais très certainement sa position, son énergie obscure emplissant tous mes sens et affolant mon instinct de survie.

    Ulrick me commanda de monter en selle ; je m’exécutai, conscient qu’attaquer le magicien immédiatement pourrait avoir des retombées fâcheuses. Une bombe fumigène, certainement lancée par mon compagnon, troubla notre champ de vision. Certainement aussi celui de nos ennemis. Mais pour combien de temps ? Je sentis Ulrick grimper derrière moi, puis souffler une phrase hachée. J’haussai un sourcil.


    « Un sortilège de votre connaissance ? Mmh. »
    Puis je réfléchis à sa seconde remarque. Mais oui, il était évident que…
    « Un magicien ne peut pas lancer deux sorts en même temps. Un second doit traîner dans les parages, tout simplement. »

    Laissant Ulrick me guider à moitié, j’en profitai pour me concentrer sur les présences qui nous entouraient. Les animaux avaient totalement fui cette partie de la forêt. Il ne restait que Vifargent, et mon fidèle destrier luttait pour ne pas s’enfuir tout bonnement. Je plissai le nez pour mieux me concentrer. Voyons, qu’y avait-il autour de nous. Le brouillard avait disparu, et les bois étaient silencieux. Puis j’en sentis une. Deux. Trois. D’un geste vif, je lâchai les rênes et bandai mon arc. La flèche siffla. Une fois. Deux fois. Trois fois. Chaque fois, elle toucha un homme armé qui se rapprochait de nous, sans bruit, vêtu d’un vêtement discret aux couleurs de la forêt.
    Je soufflai un peu, puis répondis à la question muette de mon compagnon médusé.


    « Je n’ai pas besoin de sens aiguisés pour discerner les ennemis… Juste un peu de concentration pour capter leur énergie. »

    Ensuite, je laissai mon bras être guidé par l’énergie à abattre, et le Jugement était rendu. Quiconque lève la main sur moi verra en moi un ennemi.
    Je tournai la tête en direction d’une autre énergie. Je ne parvenais plus à dénicher l’énergie noire. Mais une énergie nimbée de magie pointa à ma gauche. Une autre flèche siffla, et je descendis vivement de ma monture afin d’arriver jusqu’au corps. Un homme encapuchonné de vert sombre m’observait, une flèche ayant percé tout net son livre de magie. Je le mis à terre d’un solide coup de poing, puis je lui mis la lame de mon couteau sous la gorge.

    « Ce n’est pas poli d’attaquer de paisibles mangeurs de pommes en pleine forêt. »
    « Il vient juste voir comment se porte son petit protégé, gnihihi… »
    Et sans que je ne puisse rien faire, il avança violemment son cou et trancha net sa carotide sur ma lame. Etonné d’un tel suicide, je me relevai en nettoyant pensivement ma lame avec quelques feuilles mortes. Ce magicien avait-il été hypnotisé afin de se tuer si jamais il devait révéler l’identité de son maître ? S’il avait été capable de jeter un sort qui mette Ulrick en telle terreur, il aurait bien été capable de cela aussi.
    D’ailleurs…
    Je me retournai d’un coup et courrai vers les énergies d’Ulrick et Vifargent. Je retrouvai mon cheval en premier.


    « Où est Ul… »
    L’intelligent animal ne me laissa pas le temps d’achever ma phrase qu’il m’emportait déjà dans un galop effréné en sens inverse : vers la clairière d’où nous étions partis.
    Pourvu que je n’arrive pas trop tard…


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeVen 30 Déc - 17:43

Gérer sa peur. Le conseil était facile à dire, mais bien plus compliqué à mettre en pratique : Ulrick n’y pouvait pas grand-chose, cette appréhension qui montait en lui semblait venir de nulle part, comme une ancienne émotion enfouie au plus profond de lui. Elryn, pour sa part, semblait parvenir à conserver son sang-froid, même s’il était visiblement sur ses gardes. Alors qu'il s'échappaient à cheval, Elryn arqua son arc et descendit promptement trois ennemis pourtant bien camouflés, de quoi impressionner le roublard qui vit son interrogation muette rapidement résolue : le sens de l'énergie. Un don réellement pratique décidément, et de plus en plus impressionnant.

Finalement, Elryn descendit de cheval pour se précipiter vers un ennemi dont il avait dû sentir l'énergie. C'est ce que suppose Ulrick qui quitta la selle à son tour et dégaina son épée, se concentrant sur le pouvoir qu'elle renfermait. Que désirait-il à présent ? Se sortir de ce traquenard, mais aussi comprendre qui étaient ces hommes. Pour atteindre cet objectif, il fallait qu'il trouve ses ennemis et, à peine eut-il cette pensée, sa lame se mit à chauffer peu à peu. Tournant sur lui-même, il se guida selon la température de son arme et, lorsque celle-ci devînt presque brûlante, il s’élança en avant, retournant en vérité vers la clairière de tout à l'heure. Il allait droit vers un danger, c'était évident. Néanmoins, la meilleure défense est l'attaque, comme le pensent certains stratèges. Arrivé à destination, son épée brpulant d'un feu intérieur, il observa autour de lui, avant d'entendre une voix s'élever du pommier solitaire.

"Bonjour Ulrick. Heureux de te revoir."

Faisant volte face, le roublard tomba nez à nez avec un homme à l'allure inquiétante : un corps suffisamment musclé pour être celui d'un guerrier, le tout ancré dans une armure sombre, finement ouvragée et recouverte d'une cape de velours sombre, avec en plus un visage carré où s'étirait, en plus de nombreuses cicatrices, un sourire carnassier. Des images défilèrent dans la tête d'Ulrick qui crût un instant s'évanouir, tandis que ses souvenirs remontaient tous à la surface. Se tenant le crâne, le roublard n'hésita pas et se jeta sur son adversaire, l'épée à la main.

"Toujours aussi impulsif."

D'un geste ample, l'inconnu esquiva l'attaque et fit apparaitre dans sa main une sphère d'énergie noire.

"Tes souvenirs reviennent Ulrick. C'est étrange, regrettable même... Mais très intéressant."
"Vous ! Je... Je me souviens, vous êtes Hanz... Vous avez..."
"Fais de toi un orphelin et un assassin ? Sans doute oui."
"Un assassin ? C'est... Non, je..."

D'autres images lui revenaient en tête. Un bateau, des mercenaire, un chef d'armée empoisonné, un combat déchainé. Lui, debout au-dessus du cadavre, l'arme à la main. Lui, retournant dans sa demeure transformée en cimetière pour les gens qu'il aimait. Et tout ça pour quoi ? Quel était le but de toute cette mascarade ? Alors qu'il s'apprêtait à se jeter de nouveau sur Hanz, il se rendit compte que celui-ci se trouvait déjà à quelques centimètres de lui, sa main chargée d'énergie posée sur le torse du roublard dont l'esprit commençait à se brouiller.

"J'ai mal fait les choses. J'en suis désolé Ulrick. Mais nous allons tout reprendre depuis le début. J'ai tout mon temps."

Dans un dernier effort, Ulrick parvint à donner un dernier coup d'épée, infligeant une marque dans l'armure de son ennemi, rien de plus. Il voulu attaquer de nouveau, se débattre, mais l'énergie noire se rependait dans son corps, embrumant son esprit, le faisant sombrer dans les ténèbres. Ses souvenirs disparaissaient à nouveau, sans qu'il ne puisse les retenir. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était s'abandonner à la chaleur rassurante de l'obscurité et du sommeil. Pour ne plus se réveiller. Non, il ne voulait pas se réveiller. Pas encore. Pas comme ça. Il en avait assez. Rideau.

----------------------

Hanz laissa choir au sol le corps d'Ulrick, satisfait. Il fit un signe de la main et, presque immédiatement, un acolyte accouru pour emporter le corps. Ceci fait, l'homme à l'armure siffla un cheval caché dans les fourrés, le monta et s'en alla au grand galop, disparaissant dans la forêt. Derrière lui, il vit au loin le compagnon d'Ulrick revenir sur ses pas, à la recherche du roublard. Mais il était trop tard. En quelques instants, toute trace des agresseurs d'Elryn avait disparue, emportant avec eux leur cible et tout le mystère qui l'entourait. En quelques instants, il n'y avait plus rien. En quelques instants, la forêt avait retrouvé son calme, et aux yeux du monde, un homme venait de disparaitre.

Peut-être était-ce la fin de la Saga d'Ulrick.
Peut-être était-il destiné à mourir dans l'obscurité.
Ou peut-être qu'un autre sort lui était réservé...


(Et voilà, terminé pour Ulrick. Il y a mieux comme final, mais ça reste un peu dans l'esprit "super mystérieux" de son background. Encore une fois, ça été un plaisir de RP avec toi ! ^_^)
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MessageSujet: Re: Une forêt de malandrins [PV Elryn]   Une forêt de malandrins [PV Elryn] I_icon_minitimeMar 10 Jan - 14:53

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