En bordure de forêt, un réveil difficile [Geist/Nao]

Le goût du sang noyait les papilles de Geist, après avoir reçu un coup qui aurait normalement du être mortel pour le Beorc. Il s'est senti défaillir sur le coup, n'ayant rien compris à la scène à cause du sang perdu et donc à la baisse relative de ses réflexes. La fatigue physique devait jouer également, mais à partir de là plus rien n'avait réellement d'importance devant le fait avéré: il avait maintenant la face contre le sol, sur un pavé de feuilles mortes, comme lui d'ici peu de temps en fait. Il entendit des bruits de pas à peine perceptibles du à la perte progressive de ses sens, puis une résistance au niveau de son bras gauche qui cessa après deux à trois secondes de tentative de lutte. Il ne sentait plus rien, le vide absolu avait pénétré son être jusqu'à ce qu'il perdre finalement connaissance.

Des flammes. Intenses, puissantes, mais cependant inoffensives pour l'homme debout, au centre de ces dernières. Comme s'il communiait avec elles, ne faisant qu'un avec le feu. Une sensation de bien-être et de chaleur l'envahissait, mais subitement un vent froid et malsain effaça tout crépitement, et le feu n'était plus. Un sentiment de vide intense s'empara alors du Beorc, comme s'il manquait quelque chose de réellement important.

Et il se réveilla. D'abord un œil, puis le second, puis les deux en même temps. Il constata qu'il était sur le dos, et se releva difficilement, encore courbé de partout et son corps le faisant souffrir d'affreuses brulures de douleur, sûrement du aux blessures du combat précédent... Le combat ! Mais oui, il avait perdu connaissance jute après sa fuite, mais alors... Il fit un tour complet de son environnement actuel, pour constater qu'à part des arbres et une jeune femme dormant à côté de lui, il n'y avait rien d'autre. Attendez, une femme ? Geist reconnut assez facilement la fameuse lionne en fuite, Nao Lyn Sha, actrice et spectatrice durant les événements d'avant. Mais c'était tout. Geist ressentit un grand vide en lui, comme si quelque chose de vital lui manquait. Et là, c'était le drame, il manquait inévitablement son Inferno. Il commença directement à paniquer, ne montrant plus aucune pudeur à réveiller une demoiselle en plein sommeil, en la secouant comme un sac à puces.

"Nao...! Nao Lyn Sha ! Réveillez-vous bon sang ! Avez-vous vu mon arme !? Nao !"

Nao nageait en plein bonheur ! Ils étaient là, tout autour d’elle. Ils semblaient la contempler avec amour et n’attendre que son bon vouloir pour se plier à ses désirs. Ils se pressaient tout autour, semblant l’inviter à participer.

Un cuisseau de bœuf, une épaule de porc, avec des côtelettes bien grasses et encore fumantes juste à coté. Et puis au font, venait la volaille avec de beaux poulets rôtis, des cuisses de dindes au fumet envoutant.
La lionne leva l’index et leur fit signe d’avancer. Tous en file, ils se placèrent devant-elle. Elle saisissait son premier morceau, un bifteck bien saignant quand tout se mit à tanguer autour d’elle. Elle chercha à reprendre l’équilibre, mais ses morceaux de viandes avaient disparus. Une voix se faisait entendre de très loin.

Nao se réveilla en sursaut :

"...Réveillez-vous bon sang ! Avez-vous vu mon arme !? Nao !"

Affolée, elle bondit sur ses pattes, persuadée qu’on les attaquait. Mais, force fut de constater qu’ils étaient bien seuls dans cette petite clairière où perçaient les rayons d’un soleil timide. Nao grogna de mécontentement. Elle ne put même pas apprécier les jolies teintes de verts de la lumière qui filtrait à travers les feuilles des hauts arbres. Sa matinée, non sa journée entière avaient été gâchée par Monsieur le Malpoli qui portait décidément très bien son surnom. Les félins avaient besoin de se réveiller tranquillement et avec douceur, réchauffé par la chaleur du nouveau jour. Pas d’un seul coup en étant secouée comme un poirier !

« Je n’en sais rien moi où vous avez bien put le fourrer votre bout de ferraille ! Vous ne l’aviez pas avec vous hier soir en tout cas ! Et arrêtez de crier Monsieur le Malpoli ! Vous me cassez les oreilles ! »

La lionne éternua. En plus elle avait prit froid. A ce rythme s’était sa semaine qui serait foutue en l’air ! Ignorant superbement l’homme qui s’agitait à coté d’elle, elle ramassa son grand manteau, et s’enroula à l’intérieur. Il était encore tout chaud et elle soupira, satisfaite. Il faudrait absolument faire un détoure par un autre village avant d’arriver à la capitale. Sinon elle n’en passerai jamais les portes avec ses vêtements tout déchirés et du sang partout. Trouver des provisions aussi… Monsieur le Malpoli ne semblait pas avoir grand-chose. Elle avait faim.

Elle tourna sur elle-même tout en s’étirant délicieusement. Hé bien il n’y avait pas grand-chose de comestible par ici. C’était problématique.
La lionne se retourna. Monsieur le Malpoli paraissait beaucoup mieux même si la moitié de ses pansements s’étaient défaits. Elle éclata de rire devant la tête de trois pieds de long qu’il tirait. Il avait l’air plutôt comique comme ça ! A ce moment, elle avisa un bout de papier qui dépassait d’une de ces poches. Elle n’avait pas dut le remarquer la veille au soir à cause de l’obscurité. Apparemment cela ressemblait à une lettre. La drôle d’odeur qu’elle avait senti la nuit dernière y restait attachée. Elle s’empara de la feuille et l’agita sous le nez de l’homme :

« Moooonsieur le Malpoli !!!! Ne faite plus la tête voyons ! Est-ce que vous aviez vu que vous aviez ceci sur vous ? »

Hier soir ? Avait-il comaté autant de temps ? Après tout vu son état, ça devait avoir un semblant de vérité, mais il sentait atrocement la perte de son arme, sa chaleur ambiante habituelle, cette sensation indescriptible qu'il vivait au quotidien. Au point de souffrir d'un sérieux manque dans sa poitrine du moment où son Inferno n'était plus là. Son arme, son héritage de sa vie bafouée mais néanmoins mélancoliquement heureuse, ses résolutions. Pour lui, il ne serait plus jamais le même sans elle, sans sa présence. Il remit dans un soupçon de cohérence ses affaires du mieux qu'il le pouvait, tandis que sa compagne du jour se plaignait sans cesse à ses côtés. Par chance il avait conservé sa bourse, qui était encore conséquente ceci dit en passant. La lionne se jeta limite sur lui pour arracher de sa poche une lettre. Mais d'où sortait-elle ça ? Bon de sa poche, question pas très pertinente certes, mais elle n'était pas là avant, ça il en était certain. Nao la faisait voler à droite et à gauche de la tête de Geist, puis dans un réflexe il s'en empara comme s'il savait d'instinct que tout était lié. Il ouvrit la lettre et commença à lire, cependant un bruit venant d'assez loin attira son attention, tout comme celle de la lionne. Probablement des soldats à leur recherche, après tout ce raffut.

(si Allen veut faire intervenir Isaac ici et/ou m'indiquer ce qu'il y a sur la lettre il serait le bienvenu ~~)

"Bonjour, vous êtes Geist Rikston?"

Accompagné de ses hommes et sans vergogne, le Commissaire-Divisionnaire s'approcha de Geist. Ils l'encerclèrent partiellement, histoire d'éviter de lui faire peur:

"Si tel est le cas, vous allez m'accompagner à la Garde, histoire qu'on vous interroge vous et le petit couple à moitié mort que l'on a repêché là bas sur la colline."

Toute cette histoire allait être longue à démêler. Ou peut-être pas, au final, seul la vérité restera en surface. Mais une affaire avec des dragons ne se présentait pas tout les jours. Et si le peuple venait à l'apprendre, une offensive contre les laguzs ne mettrait pas longtemps à germer dans l'esprit de nos chers concitoyens. Enfin, restait-il encore à savoir ce que l'avenir réservait.

Nao allait s’approcher pour lire par-dessus l’épaule du Beorc quand des bruits de pas se firent entendre, assez proches. Elle s’étonna de ne pas les avoir perçus plutôt. Ses oreilles devaient être bouchées. Il serait grand temps de faire un brin de toilette à l’occasion. Elle chuchota pour prévenir le lancier, mais il ne sembla pas l’entendre. A ce moment des hommes armés débarquèrent dans la clairière. La lionne se fondit discrètement dans la végétation, observant le groupe encercler Monsieur le Malpoli.

"Bonjour, vous êtes Geist Rikston?"

Ce devait être le chef. Nao renifla, méprisante. Il était loin d’avoir autant de classe que son père. Pour elle tout chef devait au moins lui arriver à la cheville, mais étrangement elle n’en avait jamais rencontré de tels.

"Si tel est le cas, vous allez m'accompagner à la Garde, histoire qu'on vous interroge vous et le petit couple à moitié mort que l'on a repêché là bas sur la colline."

Oups ! Avait-elle mal compris ou Mademoiselle Kwendal et Monsieur Alan s’étaient encore fourrés dans des ennuis pas possible. Et Monsieur le Malpoli allait joyeusement les suivre ? S’étaient toujours les mêmes qui s’amusaient ! Bah, se n’est pas non plus comme si elle avait très envie de se retrouver enfermée et de subir un questionnement. Elle s’était juré qu’elle resterait libre et elle le resterait ! De plus, s’ils la prenaient pour le dragon comme elle l’avait prévu à la base, ça pourrait être pénible. Ne parlons même pas du problème que représentait sa véritable identité. Cependant…cela pourrait être intéressant… Comme d’habitude, la raison et la passion combattirent en Nao, et comme d’habitude… la passion gagna haut la main.

Où qu’ils aillent, Nao les suivrait pour voir ce que tout ça pourrait bien lui apprendre. Cachée derrière un énorme tronc. Elle attendit patiemment que la discussion se termine, n’en perdant pas une miette.

L'homme en face de lui, sûrement le chef de cette petite troupe, lui demanda de confirmer son identité. À croire qu'il est bien renseigné, donc soit il a rapport avec le voleur de lance, soit il a juste été informé par ce cher Alan ou l'autre fille, les seules personnes aux alentours connaissant son nom complet. Du coup Geist voyait à peu près dans quelle situation il se trouvait, et s'exclama.

"Ouaip c'est bien moi, pourquoi ? Vous comptez m'arrêter ou un truc du genre ?"

Il avait bien vu qu'il s'agissait finalement de la garde du coin, par contre bizarrement il remarqua que maintenant l'absence de Nao Lyn, qui devait s'être échappé pendant qu'il lisait la lettre et que les gardes approchaient. Tant pis, il fera sans elle dans ce cas, même si son témoignage aurait pu l'aider un iota. Enfin bref, Geist continua dans sa lancée.

"Enfin tant que vous m'assurez que ça se passera sans problème et que vous ne vous ferez pas berner par les apparences, je me 'rends' sans contester."

Dommage, mais son témoignage allait probablement être fatal à l'épéiste maboule. Il aurait bien aimé le revoir à une autre occasion, finalement. Il suivit les gardes sans broncher jusqu'au poste, regardant quelquefois derrière lui pour voir si la lionne était encore dans le coin. Probablement plus.