Un village, à environs un jour de marche de la forêt de Serenes. Plusieurs hommes venait d'y arriver. L'un d'eux était gravement blessé. Ils cherchaient le médecins, il était relativement réputé dans la région. D'un autre coté, c'était le seul. Pour en trouver un autre, il fallait prendre un cheval et rejoindre la grande ville à deux semaines de trotte.
À deux heures de là, un homme, seul. Un katana scellé sur le flan gauche, une rapière à la verticale dans le dos légèrement au dessus de la taille. Un jour ? Deux jours ? Non, un peu plus. Cela faisait maintenant deux jours et dix-neuf heures que Kameryu pourchassait ce groupe de braconniers. Il les avait repérés une semaine au par avant, et les avait rencontrés pour la première fois deux jour plus tard. Suivant leur trace, il les avait pris sur le fait en train de revendre une peau de tigre et des dents de chat. Il avait alors entamé le combat. ---

~ Flashback ~

« Combien pour cette peau ?
- C'est une affaire en or, vous n'en trouverez que difficilement d'aussi bonne qualité ...
- Je demande juste combien.
- Hum ... Nous vous la faisons pour dix pièces d'or, et croyez-moi, elle les vaut.
- J'hésite ...
- Comme je vous le disait, vous n'en trouverez pas d'aussi bonne ...
- Dix pièces d'or c'est la récompense qu'on donne par tête vivante de braconnier. Alors croyez-moi, il y de quoi hésiter entre vous faire capturer et tous vous égorger.
- Merde ! Barrez-vous c'est un chasseur de prime ! »

L'homme avait par réflexe sortit son épée. Cela le sauva, Kameryu avait dégainé sa rapière et avait déjà lancé l'offensive. D'un mouvement plus ou moins gracieux, la rapière fila, en ligne droite, vers l'épaule. La lame de l'épée repoussa de justesse celle de la rapière. Un gaucher, chance pour lui. Se servant de la charrette dans laquelle était stockée la marchandise, l'homme réussit à s'extirper de cette situation désavantageuse. Kameryu prit son katana au fourreau et se servit de ce dernier pour dévier la charrette non sans difficulté. Commençant par poursuivre son adversaire, un allié de ce dernier se jeta dans son dos, hache à la main. Le vêtement de Kameryu était entaillé, il commençait à saigner de manière importante. Un vertige puis, plus le moindre mal. Seul le manteau ouvert dans le dos témoignait de la blessure. Le nouvel arrivant était à terre. Il n'avait pas subit le moindre choc physique et pourtant, il avait le dos en sang. Trois autres brigand arrivèrent, deux d'entre eux armés de lance. Alors que ces deux là retenait l'épéiste, le troisième releva son allié et partit avec lui. Alors que Kameryu pensait enfin avoir trouvé une faille, une flèche lui frôla l'oreille. Un archer se tenait à distance et couvrit les autres le temps de leur fuite.

« Mince ! Ils étaient bien mieux organisés que je ne l'aurais cru.
- Vous allez bien ?
- Oui, grâce à ma rapière runique. Sans celle-ci, j'étais bon pour ne me nourrir plus que de racine de pissenlit.
- C'est donc ça une arme dite runique ? Et ben ... Que de propriété fantastique.
- Dit-moi l'épéiste, tu vas poursuivre ces escrocs ?
- Cela risque d'être dur, ils ont dû prendre de l'avance.
- De l'avance certes, mais leur destination est déjà toute criée. Avec la blessure de leur collègue, ils ne peuvent que chercher un médecin. Et le plus proche est à trois jours de marche environs vers le sud.
- ... Et bien il semblerait que la partie ne soit pas encore perdue. Je vous remercie de cette information. »

Récupérant une part de la marchandise des braconniers comme preuve, Kameryu se mis en chasse, dans la direction indiqué.

~ End flashback ~

--- Le village était en vu. Sur le chemin, il avait à deux reprises trouvé des bandes ensanglantées. Il avait aussi relevé des empreintes et des restes de repas. Il en avait déduit qu'en comptant l'homme blessé, il n'y avait que six personnes. L'épéiste du début, l'homme blessé, les deux hommes à la lance, l'archer et le dernier qui avait porté le blessé. Comme Kameryu n'avait pas vu d'arme distinctive, il en déduit soit un manieur de couteau, soit un mage. On pouvait aussi émettre l'hypothèse d'un archer ou d'un lancier qui aurait laissé son arme derrière afin de ne pas en être encombré pour sauver l'homme, mais aucune véritable certitude.
Restait maintenant à trouver le domicile du médecin.

Une heure que Kameryu s'était mis à courir. Il était arrivé dans le village. Certains vieux souvenirs lui revinrent. Il se dirigea directement vers la demeure du médecin. Instinctivement, il suivit le chemin, il était déjà passé devant un jour, il se souvenait de la plaque de fortune devant la porte. En arrivant, l'épéiste pu constater que les affaires avaient été bonnes, la plaque était maintenant en tôle et plus en bois.
Du bruit à l'intérieur. Des gens légèrement anxieux, quelque sanglot. Les braconniers venait d'arriver, comme pouvait le témoigner les paroles du médecin :

« Je veux bien m'occuper de vous soigner. Mais juste car je n'ai pas envi d'avoir plusieurs morts sur la conscience. Croyez-moi, si je n'avais pas eu de client qui risque autant que moi, j'aurais laissé crever votre ami quitte à ce que vous me tuiez également. »

Donc le médecin avait en ce moment même des consultation. Cela n'allait pas arranger Kameryu. Il eu préféré qu'il n'y ait pas de civil et juste le médecin. Un homme seul ça se protège. De plus, les médecin étant souvent adepte de la magie divine manie fréquemment les bâtons, ce qui n'est pas négligeable comme allié.

« Faites-moi voir la blessure. Mais ... Ce n'est pas une blessure physique. Comment cela lui est-il arrivé ? On dirait une entaille de hache mais, la peau n'a pas été abimée ...
- C'est un type avec une drôle de rapière. Il y avait tout une série de marquage dessus. Ce type nous a attaqué. Pour nous défendre, notre collègue l'a attaqué avec sa hache. Le gars était blessé mais d'un coup, la blessure a disparu et c'est lui qui s'est retrouvé avec cette horrible entaille.
- C'est, la description d'une arme runique. »
* Un peu trop informé ce médecin ... Espérons qu'il tarde à soigner, car il a l'air assez compétent pour régler ce problème de blessure magique. Et s'il le fait trop vite, je devrait combattre six personnes en pleine possession de leurs moyen ou presque, tout en devant protéger du monde. *

Les patients sortirent du cabinet médical. Kameryu ne comprenait pas ce qu'il se passait. Une infirmière faisait parti du lot, deux enfants en très bas âge dans bras. Quelqu'un allait combattre. Pour le bien de sa descendance certes, mais il allait être seul contre six, modulo un ou deux gardes qu'il aurait assommé afin de permettre aux gens de sortir, maximum ... Quoi qu'il en soit, cet homme ne pourra pas tenir contre tous, désarmé, ces braconniers sont trop compétent pour laisser une arme à quelqu'un. Kameryu se dirige donc vers l'entrée, prêt à prêter sa rapière à l'individu pour qu'il puisse être armé. En entrouvrant la porte, il sut de suite que cela ne serait d'aucune utilité. De même, il ne servirait à rien de passer par ce côté. L'homme avait ses armes, fraichement récupérées semblerait-il sur un des hommes. Profitant de ne pas avoir été repéré, du moins il l'espérait, Kameryu s'en alla passer de l'autre coté de la demeure pour prendre les braconniers à revers. Il n'aurait de plus normalement pas à se préoccuper du médecin. Alan, car là était celui qui combattait, fera tout pour protéger le médecin.

* Si tu m'as remarqué, tant mieux, tu me connais, sinon, désolé de ne pas te prévenir. Pour mieux tromper tes ennemis, trompe tes alliés. *

Après un très court instant de réflexion, Kameryu réalisa un truc. Il avait vu l'infirmière sortir avec deux bambins dans les bras ... Bon, les véritables ennuis n'allaient commencer qu'après avoir mis hors d'état de nuire les braconniers.

Alan avait agit exactement comme il fallait. En arrivant près de la fenêtre arrière, Kameryu pu le constater en voyant son vieil ami pointant l'épéiste et l'archer chacun avec une épée. Le médecin était en sécurité provisoire, et le gringalet était tout particulièrement surveillé. Peut-être un peu trop pour dire vrai. De là ou il était, Kameryu pouvait le voir, mais pas Alan. L'archer avait sortit d'une poche arrière une carte. Par réflexe, Kameryu sortit une des sienne et en libéra la puissance sur l'archer. La foudre brisa la vitre et alla s'écraser au niveau de l'archer. Ce dernier esquiva de justesse. Il ne fallait pas laisser la surprise devenir un atout pour les braconniers. Utilisant une carte de plus et se servant de sa rapière, Kameryu fit circuler la foudre sous le nez des bandits, le forçant à se tenir éloigné d'Alan et du médecin. Entrant par la fenêtre l'épéiste itinérant mit un semblant de plan en place.

« Docteur, je vous recommande de sortir par là où je suis entré. Tenez vous à distance, mais pas trop. Alan et moi aurons besoin de votre aide pour les soigner. Alors ... Toujours là où il y a des problèmes toi. Tu es maudits pour te retrouver toujours où il ne vaudrait mieux pas ? »

La petite touche d'humour de Kameryu était également une façon de dire : « Décidément, chaque fois que je suis mêlé à quelque chose, tu t'y retrouve également. ». Cela étant dit, rapière à la main, Kameryu se tenait prêt à affronter les cinq bandits. Oui, les deux lanciers s'étaient relevé et se tenaient maintenant sur le pas de la porte.

« Faudrait penser à installer des cordes dans les cabinet de médecin pour y attacher les bandits blessés. »

« Bordel ! C'est l'autre chasseur de primes ! Comment ce type a pu nous suivre sans qu'on le remarque !
- Je suis parti avec deux heures de retard sur vous. Cela était suffisant pour vous tracer sans pour autant me faire repérer. Il a plu la semaine dernière, la terre est encore humide et s'enfonce sous les pas. »

Kameryu avait répondu au braconnier épéiste avec un naturel qui lui est fort commun. Alors qu'il finissait sa phrase, Alan s'était jeté sur les lanciers. Il surveillait l'épéiste et le freluquet, mais semblait avoir complètement oublié l'archer. Ce dernier avait d'ailleurs attrapé son arc. Par réflexe, Kameryu sa rapière dans un liquide sur la table de soin et avec les effets runique de cette dernière, projeta le liquide tel une lame vers la corde de l'arc. La corde coupée, l'arc n'avait plus d'utilité. Le mur derrière l'archer venait de se teinter de rouge.
Alors que les bandits s'indignaient de l'acte de l'épéiste runique, ce dernier réalisa que le liquide n'était autre que le sang du blessé. Un très légère envie sarcastique naquit au fond de l'esprit de Kameryu, mais le fait que le bandit épéiste se jette sur lui signifiait clairement que le moment n'était pas le bien venu. Parant l'attaque avec une certaine aisance, l'épéiste itinérant répondit en forçant son adversaire à baisser sa garde au niveau des côtes et frappa violemment du tibia, propulsant le braconnier contre le gringalet. D'ailleurs, quelles pouvaient bien être ses capacités à ce dernier.

L'archer ne pouvait plus combattre, ou plus exactement, il n'avait plus d'arme pour combattre. L'épéiste se releva et fonça sur Kameryu. Ce dernier, para l'assaut puis répondit en utilisant l'énergie de sa rapière pour blesser petit à petit son adversaire. Ce dernier, pour se sortir de ce piège atroce, se recula. Profitant de la manœuvre, l'épéiste itinérant porta un coup d'estoc dans l'épaule gauche du braconnier. Cette fois-ci, le bandit ne pu parer, il n'était pas en position, ni même assez vif pour réagir à cet assaut suite à l'esquive. Alan s'était débarrassé des deux lanciers. Kameryu avait agit de sorte que l'épéiste ne puisse rien faire. Par mesure de sécurité, il planta également sa rapière dans la jambe de l'archer. Il serait dommage que ce dernier vienne gêner les deux alliés.
Il ne restait donc plus que le « gringalet ». Et d'après la première approche d'Alan, ça n'allait pas être du gâteau. À l'intérieur du cabinet, il était évident que l'ennemi avait l'avantage. Il était rapide, agile et son arme de prédilection lui permettait de combattre aisément en intérieur. D'Alan et lui, Kameryu était le seul apte à combattre en intérieur grâce à sa rapière. Il faudrait donc forcer l'ennemi à sortir. Ramassant la carte de l'archer, une carte feu. Ça allait être risqué, mais c'était le mieux à utiliser. Les flammes se manipulent bien avec une arme runique. De plus, si cet homme avait un semblant de compassion, il allait se dépêcher de sortir pour s'assurer que ses alliers ne souffre pas des flammes non plus.
Empoignant sa rapière, Kameryu déclencha la carte et commença à faire danser les flammes. Le premier réflexe de l'escroc fut de foncer sur l'épéiste. Ce dernier fit revenir les flammes devant lui, forçant son ennemi à s'éloigner. Alan, qui n'avait pas dit son dernier mot, lança également un assaut. Forçant une fois de plus l'escroc à esquiver, se dernier se retrouvait piéger par ses propres qualités. Peu importait qui il allait attaquer, il suffirait à celui-ci de se défendre pour que l'autre attaque. Et le combat en intérieur ne pouvait plus avantager l'escroc. Finalement, afin de ne pas finir cramé, l'escroc sortit du cabinet. Kameryu, toujours en faisant danser les flammes pour que celles-ci ne s'abattent pas dans le cabinet, le suivit, accompagné de son frère d'arme, Alan. Une fois dehors, l'épéiste itinérant étouffa les flammes contre la terre.

« Celui-là, je ne sais pas si on arrivera à le garder en vie. J'aimerais tout de même éviter d'user de mon katana. Essaye de le maintenir à distance de moi. Je vais faire mon possible pour l'affaiblir à la rapière. Si tu n'en peux plus, signale le. Je changerais alors d'arme ... »

Le combat allait être rude, mais à deux contre un, ça devait être faisable.

La rapière à la main, Kameryu se tenait derrière Alan. Alors que celui-ci attaquait l'ennemi, l'épéiste itinérant concentrait son énergie au travers de la lame. Il était désormais prêt à assaillir l'escroc avec une vague de coups magiques.
La rapière commença à danser. Le premier mouvement se fit de haut en bas, tel une flèche chutant et perforant sa cible. L'escroc le ressentit relativement violemment, à tel point qu'il n'esquiva pas le premier coup d'Alan. Il le para mais, avec une certaine difficulté. Pour son deuxième coup, Kameryu suivit le mouvement de l'attaque du bandit, affaiblissant cette dernière afin de permettre à Alan de la parer sans trop de difficultés.
L'escroc tenait la cadence. Il arrivait même à esquiver les coups portés par la rapière runique. Il faut dire que la danse de Kameryu était relativement aisé à saisir. Alan lança un assaut sans vraiment réfléchir, probablement trop préoccupé par ses enfants. L'escroc esquiva et contre-attaqua de suite. Alan, ne pouvant se mettre en garde, se fit entailler le torse. Inversant les effets de la rapière, Kameryu prit sur lui la blessure d'Alan puis, en ciblant de nouveau l'escroc, mais en changeant de mouvement, il se soigna lui-même en redonnant la blessure à celui qui l'avait causée.
L'escroc se recula. Contemplant sa blessure, il rangea sa dague pour en sortir une autre. La lame de cette dernière semblait plus aiguisé, il venait de remplacer sa dague de fer par une dague fine. Il comptait désarmer Alan et le planter par la même occasion. Kameryu avait beau pouvoir régénérer les blessures, il ne pouvait révoquer la mort. Laissant son rôle de soutien, il se plaça au même niveau qu'Alan et sortit une carte foudre. Alors qu'il chargeait cette dernière, il annonça discrètement à son ami :

« Prépare-toi à frapper de toute force. Il nous faut agir de manière coordonnée au moment où il attaquera sinon, nous sommes morts tous les deux. »

À peine Kameryu avait-il fini de parler que l'escroc s'élança. Bien qu'il fonçât vers Alan, on pouvait se douter que sa cible fût Kameryu. Il semblait avoir anticipé le plan. Son but était surement de désarmer le jeune père, lui subtiliser son arme, lancer sa dague à la gorge du vagabond et planter l'autre de sa propre lame. Kameryu se demandait si Alan avait analysé comme lui. De toute évidence, la carte foudre n'était pas là pour agir, juste pour divertir. Il fallait drainer la résistance du poignet qui tiendrait la dague, afin d'empêcher l'escroc de résister à l'assaut d'Alan. La fin du combat semblait se rapprocher, mais il ne fallait pas encore vendre la peau de l'ours.

L'escroc avait agi tel Kameryu l'avait anticipé. Alan, avait analysé les choses de la même façon. Ils n'avaient pas collaboré à plusieurs reprises pour rien. Alan sacrifia sa main et en profita pour immobiliser l'ennemi, c'était fini. L'épéiste avait lâché ses deux armes, l'une à cause de la blessure, l'autre pour attraper son adversaire et ce dernier tenta donc d'en attraper une. Grâce à sa rapière, Kameryu diminua l'énergie et donc les réflexes du braconnier. Alan put, à l'aide de cette intervention, réagir et écarter son arme du pied. Renforçant la volonté d'Alan avec la rapière, ce dernier repoussa l'ennemi contre un mur, récupéra Alondite et chargea. Une nouvelle fois, Kameryu draina la réactivité de l'escroc. Puis, une fois que ce dernier avait commencé à parer, l'épéiste itinérant reversa une fois de plus la blessure en passant par lui. La garde de l'ennemi faiblit. Alan, profitant de l'occasion, planta sa lame sacrée dans le corps du bandit. Fatigué, le membre d'Aurora s'écroula au sol.

« Rappelle-moi pourquoi je dois toujours me battre quand je te croise ? »

Kameryu ne répondit pas de suite, il était allé voir l'état du braconnier. Il perdait trop de sang. Bien qu'aucun organe ne semblait avoir été touché, une veine ou une artère avait du souffrir. Il valait mieux éviter d'essayer de le soigner à l'arme runique. Bon, seulement soixante pièces d'or. À moins que …

« Parce que j'attire les malheurs encore plus qu'une vache n'attire les mouches. Et ne va pas de suite chercher la garde, si c'est eux qui leur passent les cordes, je ne toucherais pas la récompense. Sauf éventuellement celui-là … »

L'épéiste itinérant sortit un calepin de sa veste. Feuilletant rapidement les pages, il s'arrêta sur l'une d'elle en abordant un agréable sourire.

« Dix mille pièces d'or, mort ou vif. Finalement, tu peux appeler la garde. Deux mille pièces d'or me seront bien suffisantes. Tu t'occuperas d'économiser le reste. »

Alan avait récupéré Alondite, le sang coulait d'autant plus des blessures de l'homme pour ainsi dire déjà mort. Le médecin venait de revenir, n'entendant plus de bruit, il devina que le combat était fini. S'approchant de l'escroc, il confirma qu'il n'était plus possible de le soigner. Les gardes, déjà à moitié ivre, arrivèrent juste derrière le médecin.

« Ouah ! Rerch Stradz … Ça fait un moment qu'on le … hips ! Qu'on le cherchait ç'ui là. M'sieur … Merci d'l'avoir chophips ! Chopé. On l'embarque !
- Remettez-moi d'abord la prime le concernant voulez-vous. Mon ami et moi n'avons pas risqué notre vie juste pour vous permettre de boire au lieu de protéger les civils. »

Le soldat ronchonna. L'homme avait certes formulé des phrases disgracieuses envers les soldats, mais le médecin était malheureusement là pour confirmer les dires de l'homme. Et devant le seigneur de la région, la parole du docteur aurait beaucoup plus de valeurs que celle d'un simple chef de garde. C'est donc à contrecœur que le soldat laissa Kameryu embarquer l'homme, maintenant mort, au poste. Une trentaine de minutes plus tard, Kameryu avait rejoint Alan au cabinet médical où il avait été jugé plus apte d'attendre que dans une taverne.

« Voilà ta part. Huit mille pièces d'or. Plus de deux mille et ça fait trop lourd à transporter avec moi sur les routes. À part ça … »
* Il faut que je trouve un moyen de fuir … *
« Comment vont les choses ? »

Kira et Gaël … Duquel Alan demandera-t-il que Kameryu soit le parrain ? Pas des deux quand même. Kira semblait intrigué par l'épéiste. Elle paraissait être du genre à vouloir découvrir tout qui est nouveau pour elle. Cela ne serait pas une bonne chose si elle commençait à s'intéresser à la Tatsu No Kaminari. Mais d'une autre coté, il suffirait juste à Kameryu de lui expliquer ce qu'il en retourne pour assouvir sa soif de connaissance. L'autre, Gaël, dur d'en dire quelque chose, il dormait. Et lequel des deux allait se retrouver à la botte du pauvre vagabond ? Enfin pauvre … Avec deux mille pièces d'or dans les poches quand même.
Quoi qu'il en était, les ennuis allaient de toute façon commencer. Alors autant ouvrir les hostilités, plus vite ce sera fait, plus vite Kameryu en serait débarrasser.

« Il y a environs dix mois, nous avions discuté de quelque chose en coup de vent. Qu'en est-il aujourd'hui ? Et j'espère que tu n'as pas prévu de disparaître comme ça du jour au lendemain par la suite. »

La deuxième phrase avait été prononcé de façon ironique, mais l'épéiste n'en était pas moins sérieux. La dernière fois qu'il avait croisé son ami, ce dernier était en mission pour le groupe Aurora. Durant sa mission, Alan n'a tué personne. Les seuls morts avaient été provoqués par Kameryu. Si en mission Alan se retrouvait, comme cette fois, contre un adversaire qu'il ne pouvait vaincre sans le tuer, comment ferait-il ?

« Au passage, passe moi ta veste. J'ai du fil, je devrais pouvoir recoudre dans la soirée. Je vais aussi rester ici, ça fait bientôt trois jours que je n'ai pas pu profiter d'un vrai lit, et encore moins d'une vraie nuit. »

« Tu devrais peut être t'installer définitivement quelque part, toi aussi. Avoir un vrai lit chaque soir fait énormément de bien au dos.
- Mon vrai lit est partit en cendre quand j'avais douze ans. Cependant, j'envisagerais peut-être dans reprendre un dans une vingtaine d'années, quand je prendrais ma retraite. »

Sans s'en rendre compte, Kameryu avait parlé de son passé … Un bref instant certes, mais quand même déjà bien plus qu'à son habitude. Il y repensa rapidement, si ce jour sa mère ne l'avait pas sauvé des flammes, il n'aurait jamais tué son maitre … Dans sa rapide tristesse, il cru entendre son maitre dire « La vieillesse ne vaut rien contre la jeunesse. Et puis, si tu n'avais pas été sauvé, ton ami serait bien embêté maintenant avec ses drôles. » Et d'un coup, le petit coin de tristesse se transforma en un léger rictus. En effet, s'il n'avait pas été sauvé, l'histoire aurait été bien différente.

« Tu préfères quoi ? Une fille énergique mais curieuse ou un garçon plutôt calme, mais un brin paresseux ? »

Et il ne serait pas là, devant Alan, à se demander duquel des deux morveux il allait bien pouvoir s'encombrer. Enfin, si, il savait. Mais sa propre façon de penser lui déplaisait.

« Tes enfants sont des jumeaux. À moins qu'ils ne le décident d'eux mêmes, il ne faut pas les séparer. Alors, si tu trouves un parrain, ou une marraine, pour l'un des deux qui accepte de prendre les deux en charge si problème il y a, je veux bien être le parrain d'un seul d'entre eux. Si par contre tu ne connais personne, je me sentirais obliger de prendre soin des deux. »
* … Mais pourquoi j'ai parlé moi … *

La petite Kira regardait avec beaucoup d'attention tout ce qu'elle ne connaissait pas. Finalement, elle semblait tout de même la moins « dangereuse » quand à la danse du sabre du style Kameryu. Car à elle, il lui suffirait de savoir. Ça ne devrait pas poser de problème si elle ne l'utilise pas. Si elle sais que ça existe et que c'est dangereux, elle sera déjà comblé. L'autre, Gaël, si son père venait à mourir, comment réagirait-il ? Contrairement à Kira qui voudra juste comprendre, lui voudra surement se venger aussi. Il voudra apprendre la danse du Tatsu No Kaminari. Et s'il ne l'apprend pas, il cherchera autre chose, probablement plus dangereux et risquerait d'y laisser la vie.
Enfin, ce n'était là que des suppositions.

« Quoi qu'il arrive, si moi et Kwendal mourront de la main d'un autre, ne les laisse pas prendre les armes. S'ils ignorent comment nous sommes mort, dis leur que c'est à cause de la maladie.
- Apprécierais-tu qu'on te cache la vérité ? Que deviendrons alors tes enfants quand ils l'apprendront ? Tu ne veux pas qu'ils prennent la voie de la vengeance, mais leur mentir ne servira qu'à renforcer ce désir si la vérité venait à éclater. Que tu le veuilles ou non, je ne leur cacherais pas ce genre de chose. »

Le mensonge, une des choses que Kameryu appréciait le moins. Et pour lui, le silence était dans certain cas la même chose que le mensonge. Il ne voulait ni cacher, ni taire le vérité.

« Je préfère de loin leur enseigner mes principes, voire mon art, dans l'espoir qu'ils les suivront, plutôt que de leur mentir et les plonger dans l'obscurité la plus tenace s'ils venaient à se retrouver face à ceux qui t'aurais occis. »

Un brin de silence s'installa. La petite Kira, déjà au bord de la fatigue, se laissa aller un peu plus au fond des bras de Morphée. Alan déposa sa fille au coté de Gaël et montra encore un geste d'affection pour cette dernière. Laissant donc ces enfants au pays des songes, Alan repris la parole.

« C'est bizarre, mais ça fait un long moment que j'ai pas reçu la visite de chiens des pourritures. Ils se tiennent à carreau ou bien ils m'ont oublié ?
- Ils se font en effet moins bruyant … Mais je pense surtout que ce sont tes amis d'Aurora qui se sont débrouillés pour qu'ils t'oublient. Je ne pense pas qu'il serait dans leurs intérêts de perdre un de leur membre. »

Kameryu avait sortit ça à la fois avec un certain dégoût, mais aussi avec de l'approbation. En effet, bien que cela faisait d'Alan un être pour ainsi dire inexistant, si Aurora protégeait ses membres, alors Kira et Gaël devrait normalement pouvoir grandir tranquillement avec leurs deux parents.

« Mais Eve a une grande estime pour vous Alan. Sinon pourquoi se serait-elle déplacée en personne pour vous sauver quand Kratos à failli vous tuer ?
- Comme si je le savais … mais bon, pas la peine de s'éterniser la dessus. Le bouclier finira par se briser un jour … »

Tiens … Kameryu n'avait pas entendu parlé de cette histoire. D'un autre coté, il n'avait pas particulièrement demandé à Alan de lui raconté tout les mauvais moment de sa vie. Et heureusement, car à en entendre parler et à voir la réaction de son ami, cela ne devait pas forcement être très gai.
L'épéiste avait déjà recousu la moitié de la veste. Et comme si ça ne suffisait pas, le médecin demanda s'il n'avait pas bientôt fini. De toute évidence, ce dernier était plus doué pour la couture sur peau que pour la couture sur vêtement … Par ironie, Kameryu avait répondu au médecin :

« Dites, que ce passe-t-il si vous bâclez votre travail ? Les patients souffre en ne sont pas soigné comme il faut. Et bien la couture c'est pareil, si on bâcle notre travaille, les vêtements ne sont pas réparés comme il faut et tombent en lambeau. »

Le docteur n'ajouta rien de plus. De toute façon, il avait quand même une dette envers les deux épéiste. Au bout d'une heure, Kameryu avait fini son ouvrage. Alan remit sa chemise et le médecin, dans un soupir de soulagement, mit les deux épéiste à la porte et ferma cette dernière à clé. Avant qu'Alan et Kameryu ne se rende à l'auberge, le médecin fit une dernière remarque, relativement ironique cette dernière malgré le fait que le médecin ne donne pas l'impression d'être un plaisantin :

« Alan, la prochaine fois que tu viens me voire, assure toi que ton ami n'a pas prévu de venir jouer les trouble-fête …
- Désolé sieur, je n'appartient pas à Aurora et je ne souhaite pas me joindre à vous. De ce fait, je ne dispose pas de moyen de communication suffisamment développé pour vous tenir informé de mon arrivée. »

Et le médecin, comme Kameryu, s'était mis à rire.