Perdue entre un arbre et... Un arbre

La tête baissée et le souffle court, Nao claudiquait sur un vague substitut de sentier. Elle avait couru sur de nombreux kilomètres avant de ressentir les premiers signes de fatigue. Trop excitée par sa liberté nouvellement acquise, elle avait ignoré les avertissements de son corps et filé entre les arbres aussi rapide qu’un souffle de vent. Il lui avait semblé par moments ne plus toucher terre; la sensation était tellement grisante! Voler! Elle avait toujours voulu voler! Libérée, c'était maintenant à sa portée.

Cependant, en milieu de matinée, elle retomba sur terre quand ses pieds sanguinolents ne purent la porter d'avantage. L’exaltation retombée, la fatigue la submergea accompagnée de multiples douleurs. Elle à moitié dépenaillée, des lambeaux de vêtements pendouillaient un peu partout. Son corps était couvert d’égratignures, et elle avait l’impression qu’une multitude d’aiguilles lui lacéraient les orteils. Nao Lyn Sha faisait plutôt piètre figure pour une lionne de sang royal.

Sans s'émouvoir, Nao s'étira avec souplesse et revêtit les habits "empruntés" dans le dernier village qu'elle avait traversé. Ils étaient plutôt jolis, et agréables à porter. Elle avait bien choisit. Puis elle pris le temps de penser ses blessures. Néanmoins, avec le peu de science médicale qu'elle possédait, le résultat s'approchait d'avantage de la "momie" que du pansement.
Loin de se laisser abattre pas la situation désastreuse dans laquelle elle s'embourbait, elle reprit sa route, le cœur joyeux. Le corps au martyre mais l’esprit alerte, elle avait plus que jamais la sensation d’exister...enfin. Et rien ne pouvait amoindrir ce bonheur...pour le moment. Elle continua droit devant sans réfléchir où la menaient ses pas.

En effet, comme les heures défilaient, le doute commença à l’envahir. N’avait-elle pas déjà croisé cet arbre complètement tordu qui lui avait rappelé la silhouette voutée d’une de ses vieilles servantes ?... Peut être...ah si, d'ailleurs, elle en avait bien rit sur le moment. Par contre la deuxième fois avait été moins drôle (la pauvre servante n'était pas si comique que ça après tout)... et là, c'était la troisième non? Oui, trois ou quatre sa devait être ça.

Perturbée, la jeune lionne stoppa net. La luminosité avait bien baissé. Des arbres, des arbres et encore des arbres l’entouraient de toute part; une mer d'arbres, un océan...d'arbres. L’atmosphère devenait oppressante avec le manque de lumière. Elle huma l’air et essaya de décrypter les odeurs qui lui parvenaient. Mais, ayant vécue enfermée pratiquement toute sa vie, elle n’avait aucune référence satisfaisante. Elle se délecta des nouvelles odeurs qui lui chatouillaient les narines mais ne fut pas beaucoup plus avancée. Nao dressa les oreilles, perplexe. Le silence régnait. C'était plutôt inquiétant dans un endroit sensé grouiller de vie. Après réflexion, perdue, seule et en fuite la situation ne lui paraissait pas très reluisante. Bah ! Qu’importe ! Ce soir elle se roulerait en boule dans son manteau bien chaud et grignoterait ce qu’elle trouverait. On verrai bien ce que demain apporterai. Avec un peu de chance, toute douleur l'aura quittée et elle retrouvera son chemin. Dans tous les cas, rien ne pourrait être pire que ce qu’elle avait vécu pendant de si nombreuses années.
Un gargouillement retentit.

« J’ai faim finalement. » déclarât-elle pensive.

Entendre sa propre voix lui fit du bien mais elle n’était pas tranquile. Un frisson la parcourue. Non ça n’allait vraiment pas… son instinct la mettait en garde. Avait-on lancé des bêtes à sa poursuite ? Était-elle déjà recherchée ? Aucune chance qu’elle se fasse prendre aussi rapidement. Ces félins de bas étages ne la retrouveraient jamais ! Nao commençait à partir en clopinant quand elle s'arrêta de nouveau.

La jeune lionne était tiraillée entre son instinct de préservation et sa curiosité. Finalement, trop heureuse de trouver une première aventure, elle fit taire ses peurs et chercha une idée. Elle avisa un arbre avec quelques branches basses et entreprit de se hisser du mieux qu’elle pu. Monter tout en portant son équipement n'était pas des plus facile mais elle y parvint tant bien que mal. Non sans récolter quelques griffures supplémentaires au passage. Quand elle fut à une hauteur qu’elle jugea suffisante, elle s’installa confortablement sur une fourche, calant son sac derrière son dos. Nao Lyn avait une vue plongeante sur la petite clairière dans laquelle elle se tenait encore quelques minutes auparavant. Satisfaite, elle attendit patiemment, essayant d'empêcher les borborygmes de son estomac mécontent.

Allen Walker. Un nom méconnu partout où qu'il se trouve. Pourtant, il avait maintenant l'autorisation de se trouver ici, quoiqu'en faisant bien attention. Après moultes difficultés rencontrés sur le chemin, le jeune troubadour aux cheveux argentés était de retour en Gallia.
Il avait passé la frontière hier, et se dirigeait maintenant vers le village de Mindy, comme promis. Il n'avait rencontré aucun laguz sur la route, ou si ça avait été le cas, lui ne s'en était pas rendu compte.
En ce beau milieu d'après-midi, il marchait gaiement à travers les arbres, le visage rayonnant de bonne humeur naïve. Malgré la chaleur, il portait toujours sont long manteau noir brodé de pièces d'argent ainsi qu'un gros sac sur l'épaule. Ce dernier comprenait des provisions et quelques vêtements de rechange, rien de plus.

Le vent qui soufflait dans les branches accompagnait le jeune garçon dans sa marche, le rendant détectable à des kilomètres pour qui à l'ouïe fine, soit toute la population locale. En effet, il était entrain de chanter en marchant de façon enthousiaste sur l'herbe grâce de la clairière où il venait d'entrer:

"...ARRIERE! Tu n'es pas bien venuuuu!
Lui dire les félins, en lui jetant des pierreuuuh~
Voyant, que tout était foutuuu, il prit la fuite, en suivant la rivièèèreuh!
Il fuuut, recueillit par les dragooons~
Gros lezaaaard blanc, bronzant sur des pieeereeeuh!
De l'eau lui fut donné... Il recracha: POUAH! Tout dans leurs visageeeeuh!

Nous sommeuh, les marqués dans la forêt!
On fuit le jour, on s'cache la nuiiit~
Et on à peur de tout s'qui viiiiie!

Couraaant, à travers les fougèèères, il arriva, à la frontière humaiiine~
Biensûr, qu'on y vendait des ch'vals!
Mais aucun paysan, n'en vendrait à Maguuuuus~
Magus! Massacra le village, à coup'd'boule'de feuuuuh!
..."

Puis il sortit de la clairière, sans se rendre compte qu'il avait été observé.

Allen Walker. Un nom méconnu partout où qu'il se trouve. Pourtant, il avait maintenant l'autorisation de se trouver ici, quoiqu'en faisant bien attention. Après moultes difficultés rencontrés sur le chemin, le jeune troubadour aux cheveux argentés était de retour en Gallia.
Il avait passé la frontière hier, et se dirigeait maintenant vers le village de Mindy, comme promis. Il n'avait rencontré aucun laguz sur la route, ou si ça avait été le cas, lui ne s'en était pas rendu compte.
En ce beau milieu d'après-midi, il marchait gaiement à travers les arbres, le visage rayonnant de bonne humeur naïve. Malgré la chaleur, il portait toujours sont long manteau noir brodé de pièces d'argent ainsi qu'un gros sac sur l'épaule. Ce dernier comprenait des provisions et quelques vêtements de rechange, rien de plus.

Le vent qui soufflait dans les branches accompagnait le jeune garçon dans sa marche, le rendant détectable à des kilomètres pour qui à l'ouïe fine, soit toute la population locale. En effet, il était entrain de chanter en marchant de façon enthousiaste sur l'herbe grâce de la clairière où il venait d'entrer:

"...ARRIERE! Tu n'es pas bien venuuuu!
Lui dire les félins, en lui jetant des pierreuuuh~
Voyant, que tout était foutuuu, il prit la fuite, en suivant la rivièèèreuh!
Il fuuut, recueillit par les dragooons~
Gros lezaaaard blanc, bronzant sur des pieeereeeuh!
De l'eau lui fut donné... Il recracha: POUAH! Tout dans leurs visageeeeuh!

Nous sommeuh, les marqués dans la forêt!
On fuit le jour, on s'cache la nuiiit~
Et on à peur de tout s'qui viiiiie!

Couraaant, à travers les fougèèères, il arriva, à la frontière humaiiine~
Biensûr, qu'on y vendait des ch'vals!
Mais aucun paysan, n'en vendrait à Maguuuuus~
Magus! Massacra le village, à coup'd'boule'de feuuuuh!
..."

Puis il sortit de la clairière, sans se rendre compte qu'il avait été observé.

"...ARRIERE! Tu n'es pas bien venuuuu!"

Nao se réveilla en sursaut. Elle jura dans sa barbe, furieuse de s’être laissée aller. Comment pouvait-elle s’endormir au cœur d’une aventure ?

"Lui dire les félins, en lui jetant des pierreuuuh~"

Ail ! En plus des courbature de la nuit, elle avait maintenant un joli mal de tête. Qu'est ce que c'était que ce type qui lui sonnait les oreilles? Il avait tout de même une voix agréable à bien y réfléchir.
Nao se pencha pour observer l’intrus.
Un petit maigrichon, tout de noir vêtu traversait la clairière à pas vif et avec une visible bonne humeur. Un humain ! C’était le premier humain qu’elle voyait ! Il n’y avait pas à s’y tromper. Tant pour l’odeur que pour l’allure, elle en était persuadée. Et puis il n’y avait bien que les humains chanter de cette façon! C'était autre chose que le grognements habituels auxquels elle était habituée. Elle écouta plus attentivement:

"Voyant, que tout était foutuuu, il prit la fuite, en suivant la rivièèèreuh!
Il fuuut, recueillit par les dragooons~
Gros lezaaaard blanc, bronzant sur des pieeereeeuh!
De l'eau lui fut donné... Il recracha: POUAH! Tout dans leurs visageeeeuh!"

Ces paroles, quelle poésie ! C’était si agréable à entendre.
Elle aurait pu jurer que son mal de tête avait diminué sous l'effet de cet air entrainant et plein de vie. Nao ferma les yeux et se laissa bercer par la chanson; pleine d'admiration (sans doute complétement infondée).

"Nous sommeuh, les marqués dans la forêt!
On fuit le jour, on s'cache la nuiiit~
Et on à peur de tout s'qui viiiiie!
Couraaant, à travers les fougèèères, il arriva, à la frontière humaiiine~
Biensûr, qu'on y vendait des ch'vals!
Mais aucun paysan, n'en vendrait à Maguuuuus~
Magus! Massacra le village, à coup'd'boule'de feuuuuh!"

Mais c’est qu’il s’en allait !
Ça n’allait pas du tout !
Nao voulait absolument rencontrer une personne pareil ! Imaginez un peu : Son premier humain et un chanteur à la "voix divine" en plus ! La lionne sauta immédiatement à terre et faillit se vriller les deux genoux dans la précipitation. Puis, à moitié à cloche-pieds, elle poursuivit le jeune garçon.

"Hey ! Hé le type là ! Monsieur le chanteur je vous parle ! hé oh !!"

Apparemment, il ne l’entendait strictement pas… et continuait de chanter à tu-tête. Il était sourd comme un pot ! Enfin c’est vrai que ce n’était qu’un humain en même temps… Elle gagna peu à peu du terrain.
Néanmoins, n’arrivant plus à courir droit, Nao préféra écourter cette situation et bondit sur sa victime qu’elle plaqua à terre. Temps pi si les présentations étaient un peu brutales, se serait mieux que de se laisser semer. Pratiquement en même temps, elle déclara histoire de se faire pardonner:

"Enchanté de faire votre connaissance monsieur le chanteur !"

Assise au milieu du dos du jeune garçon, ses paroles ne paraissaient pas très convaincantes.

Il est véridique qu'Allen chantait bien. Il est tout aussi nécessaire d'utiliser le passé, car sa chanson s'interrompit par un "BOUARGH!" sonore. Un mélange de son entre une percussion terrestre et un gargouillis de surprise issu des cordes vocales humaines. Face contre terre, le jeune Walker sentait qu'il allait bientôt mourir étouffé sous le poids de ce félin. Évidement, c'était un félin. Qu'est ce qui pourrait avoir des coussinet et se balader en Gallia et ne pas être un félin? La clause à déterminer restait cependant la détermination du "qui?". Le choc avait été assez douloureux, et l'idée de se téléporter ne lui vînt même pas à l'esprit. Si la bête s'énervait, il y perdrait pour sur un membre ou deux:

"Aaargl... Z'êtes vachement lourde!"

Bon, vu la voix, il était certain que c'était une fille. Mais pas Mindy, en tout cas. Il se remit à réfléchir correctement, comme cela lui arrivait de s'interrompre pour n'importe quoi:

"Enchanté, je suis Allen Walker! Que puis-je faire pour vous si ce n'est mourir étouffé pour votre bon plaisir? Ma carrure n'est ps faite pour supporter plus de dix kilos!"

Il n'y avait rien d'ironique dans cette phrase, ça se sentait au ton. C'était plutôt implorant, comme le cri d'un canard coincé dans une porte.

"Aaargl... Z'êtes vachement lourde!"

Ah bon ? On lui avait pourtant toujours dit qu’elle n’avait pas la carrure d’une vraie lionne pourtant ; bien trop maigrichonne. En même temps, venant d’un gringalet pareil, se n’était pas tellement étonnant.

Enchanté, je suis Allen Walker! Que puis-je faire pour vous si ce n'est mourir étouffé pour votre bon plaisir? Ma carrure n'est pas faite pour supporter plus de dix kilos!"

Mourir ? Il n’avait pas l’air comestible. Un véritable sac d’os pour dire la vérité. Sa n’allait pas arranger les affaire de Nao s’il décédait au milieu de cette forêt. Si la lionne était poursuivie, on risquerait de retrouver ses traces plus facilement. En plus, il chantait bien. Gâcher un talent pareil serait vraiment dommage.

Nao s’assit donc à même le sol, à coté de sa victime. Penchant la tête de côté elle ne se gêna pas pour dévisager le dénommé Allen. Ce type était incroyable ! Il n’avait pas d’oreilles poilues et le moindre coup de vent semblait être assez puissant pour l’envoyer valser. De plus, son apparence était plutôt bizarre et il avait une drôle d’odeur.

N’y tenant plus, la lionne l’étouffa sous une avalanche de questions :

« Hé ! Vous êtes un Beorcs ? Vous êtes le premier humain que je vois vous savez ? Vous habitez par ici ? Ou vous êtes en voyage peut-être ? C’est joli cette foret vous ne trouvez pas ? J’adore moi ! Enfin les arbres c’est un peu lassant à la fin non ? Et sinon qu'est ce que vous aimez man...»

Elle fut interrompue par une protestation sonore de son estomac.

Allen se releva. Il ouvrit son sac, en sortit une multitude d'ingrédient et se mit à préparer des sandwichs. Il n'avait plus assez pour préparer un repas digne de ce nom et comptait se réapprovisionné en soirée, vu que c'est à ce moment qu'il devait arrivé. Apparemment, ça attendrait un peu. Il n'arrivait pas à réfléchir et à cuisiner en même temps. Du coup, dans un silence total la lionne pu observer un troubadour au sommet de son art culinaire. Il assemblait méthodiquement viandes, fromages, condiments, pains et sauces rangés dans de petit pots. En plus, il en préparait deux en même temps. Le spectacle valait le détour. Une fois terminé, il soupira devant tant d'effort déclenchés. D'habitude, il ne faisait ce genre de danse de la nourriture que pour lui même et ce dans des cas de faim extrême. Il souleva les deux casse-croute et en tendit un à Nao avec un large sourire sur le visage, les yeux clos:

"Tiens, je pense que tu en as besoin! Tout être dans le besoin de nourriture ne saurait survivre au Double-Walker."

C'est vrai que le sandwich était épais. C'est tout aussi vrai qu'encore une fois, c'était une jolie fille. Bien que les laguzs aient une physiologie différente des beorcs, il trouvait toujours ça intéressant. Tout en croquant dans son sandwich, il attrapa dans sa poche sa sphère de soin et l'utilisa sur Nao. Le léger halo bleuté l'entoura pour guérir ses diverses blessure dans un effet de bien-être certain:

"Désolé de faire ça si rapidement, mais ça me semblait important! Mais manger, mangez! Je répondrais à toutes vos questions! j'ai le temps!"

Il était maintenant assis en tailleur, et observait ce qui l'analysait avec les yeux de ce qui ne comprend pas:

"On peut dire que je suis un Beorc, je viens de la capitale de Criméa, nommée Mélior. Criméa est un territoire au sud de celui-ci, Gallia donc. Mélior est une grande ville pleine de Beorcs qui courent dans tout les sens pour gagner leur vie, donc de quoi manger. Euuuh... Donc je n'habite pas ici et je suis en voyage pour rencontrer une amie. Et puis en effet c'est une jolie foret. Beaucoup d'arbres et de plantes différentes. Très pratique pour composer des potions. Mais vous savez, ce n'est pas poli de ma part de me présenter avant une femme. Alors vous, expliquez moi ce qui à pu causer ces blessures?"

La lionne avait si faim ! Elle pensait défaillir si elle ne trouvait pas quelque chose à se mettre sous les crocs. Ses entrailles se tordaient comme des serpents furieux et sa tête semblait flotter au milieu d’une mer de nuages.
Comme s’il lisait dans ses pensées, Monsieur Allen lui prépara avec une sacrée technique deux magnifiques casse-croutes ! Nao faillit éclater de rire en le voyant si concentré, comme s’il entrait en transe. La lionne suivait le moindre de ces gestes, attentive. L’eau lui montait à la bouche, elle se lécha les lèvres. Ah non…elle n’aurait qu’un sandwiche finalement. Lui aussi devait avoir un petit creux.

"Tiens, je pense que tu en as besoin! Tout être dans le besoin de nourriture ne saurait survivre au Double-Walker."

Nao ne demanda pas son reste et entrepris de dévorer son repas. Après si longtemps sans rien se mettre sous le croc, le « Double-Walker » lui paraissait digne d’un festin.
Monsieur Allen le chanteur sortit alors un drôle d’objet d’une de ces poches. La lionne le regarda, se demandant pourquoi il voulait jouer à la balle en plein milieu d‘un repas. C’était une coutume Beorc ça aussi ?

Soudain, elle fut entourée d’une étrange lumière bleue, tandis que ces blessures cicatrisaient à vitesse grand V. Une sensation agréable se rependit dans ses muscles fatigués. Comme si elle avait prit un bain bien chaud après une bonne nuit de repos.

"Désolé de faire ça si rapidement, mais ça me semblait important! Mais manger, mangez! Je répondrais à toutes vos questions! j'ai le temps!"

Ah c’était donc son objet bizarre qui était responsable de cela. La lionne inclina la tête pour le remercier, tout en avalant la dernière bouchée de son sandwich.
Pas mauvais, mais elle aurait préféré une bonne pièce de viande grillée. Enfin, il faudrait s’en contenter pour le moment. Au moins elle ne risquait plus de tomber d’inanition au milieu de la discussion. D’ailleurs, Monsieur le chanteur en avait aussi terminé.

"On peut dire que je suis un Beorc, je viens de la capitale de Criméa, nommée Mélior. Criméa est un territoire au sud de celui-ci, Gallia donc. Mélior est une grande ville pleine de Beorcs qui courent dans tout les sens pour gagner leur vie, donc de quoi manger. Euuuh... Donc je n'habite pas ici et je suis en voyage pour rencontrer une amie. Et puis en effet c'est une jolie foret. Beaucoup d'arbres et de plantes différentes. Très pratique pour composer des potions. Mais vous savez, ce n'est pas poli de ma part de me présenter avant une femme. Alors vous, expliquez moi ce qui à pu causer ces blessures?"

« Criméa », « Mélior », ces mots aux consonances étrangères, obtinrent un écho particulièrement intense en la lionne. Cela paraissait lointain, beau, dangereux et avec des Beorcs partout ; une grande ville ! Passionnant ! C’était décidé, c’était là qu’elle irait en sortant de cette forêt déprimante. De toute façon, il fallait bien commencer quelque part !

Monsieur Allen allait rencontrer une amie à lui ? Ici à Gallia ? S’était une Laguz ? Plutôt étrange ; son père lui avait dit qu’il pouvait avoir des Beorcs sympathiques, mais elle ne pensait pas que des amitiés pouvaient se former entre ces deux peuples. Comme la liberté était agréable ! Ses connaissances ne se limitaient plus à la vision étriquée de ses anciens précepteurs. Retournant dans sa petite tête toute les informations qu’elle avait obtenu en si peu de temps, la lionne en avait complètement oublié la question du jeune homme. Elle se gronda mentalement, ne voulant pas faire mauvaise impression à son premier Beorc.

Nao se leva, s’inclina bien bas et se présenta dignement :

« Nao Lyn Sha pour vous servir, Monsieur le Chanteur. Pardonez mon impolitesse pour ne pas m’être présenté plus tôt alors que je vous avais hélé. J’étais un peu trop enthousiasme…et affamée »

Elle se courba de nouveau :

« Merci d’avoir partagé vos maigres provisions avec moi. »

Nao releva la tête et se redressa avec une grâce bien à elle.

Ah ! Mais enfin ! Un Beorc ! Un Beorc ! Fort sympathique ma fois ! Qui l’avait soignée et nourrie. Elle aurait bien sauté de joie mais eut peur que le jeune homme ne soit effrayé. Comment pouvaient réagir des êtres si semblables et en même temps si différents ?
N’y tenant plus, la lionne se mit à faire les cent pas autour d’Allen racontant brièvement la raison de sa présence dans cette partie de la forêt.

« Hé bien, voyez-vous, disons que l’envie ma pris d’aller faire une petite ballade de part le monde. Mais certaines personnes n’ont pas vraiment appréciées cette décision pourtant murement réfléchie. Alors j’ai dût partir un peu précipitamment. Bien heureuse d’avoir réussi à m’enfuir, j’ai couru de longues heures dans un enchevêtrement quasi constant de ronces et de branches basses. »

Là, la lionne fit une pause et en profita pour faire le tour du Beorc. Elle ne pouvait s’empêcher de contempler son corps si frêle, ces oreilles toutes roses et sans poils et ses petites dents bien rondes. Se rendant compte qu’il pouvait peut-être mal prendre le fait d’être ainsi dévisagé, la lionne s’écarta un peu et se laissa tomber lourdement au sol.
Se balançant d’avant en arrière, elle enroula une mèche de ses longs cheveux autour de son index.

« Bref, au bout d’un certain moment j’ai commencé à avoir mal aux pattes vous voyez. »

Braquant ses pupilles dorées sur Monsieur Allen, elle ajouta comme un cheveux sur la soupe :

« Et sinon vous ne pourriez pas m’emmener à Criméa quand vous aurez le temps ? »

"Eh bien, enchanté, Nao."

Allen souri. Et il eu du mal. Car manger un sandwich et sourire en même temps n'est pas forcément chose facile quand le casse-croûte en question est initialement plus grand que la bouche de celui qui essaye de l'ingurgité. Il écouta patiemment l'histoire de la laguz en finissant son repas:

"Mais ne me remerciez pas, c'est normal que je fasse ce genre de choses! C'est mon travail!"

Il cligna des yeux, se leva et se mit à ranger ses affaires:

"J'étais sensé aller rendre visite à une amie dans le coin comme dit, mais je vais vous ramener à Criméa avant dans ce cas! Je suppose que vous ne connaissez pas la route et vous aurez besoin de moi pour passer la frontière!"

Tout gaiment, il se balança son sac sur l'épaule et s'approcha de Nao afin de vérifier qu'il l'avait bien entièrement soigné. Ça avait l'air d'être le cas, alors il remit sa capuche pour rester discret dans cette forêt hostile et repartit donc sur ses pas avec la lionne:

"Vous avez des choses particulières à faire à Criméa? Une jeune fille comme vous a plus d'avenir dans son pays que dans le notre, non? En tout cas, si je peux faire quoi que ce soit d'autre pour vous aider!"

Il ne se doutait absolument pas qu'il aidait quelqu'un en fuite. Et puis de toutes façons, si il l'avait su, il l'aurait tout de même aidé.

Nao fut très surprise. Monsieur Allen paraissait sincère. Il allait la conduire à Crimea! Quels être passionnant ces Beorcs!

« En réalité je voudrais juste visiter un peu. Criméa est le pays le plus proche non ? Je vais donc commencer par là! »

La lionne sauta sur ses pattes, récupéra son sac, et emboita vivement le pas au jeune homme, ayant l’impression d’être comme neuve.
A moitié marchant, à moitié courant, elle avait du mal à tenir en place. A force d'aller et retour, elle due finir par faire le double de trajet que le jeune homme.
Elle était si heureuse ! Tout était vraiment parfait ! En pleine forme et le ventre plein, le tout accompagnée d’un Beorc ! Un Beorc que diable !

Ils marchèrent ainsi, sans que rien de particulier ne vienne troubler la quiétude de la promenade. Au fils des pas, la lionne se calma, laissant la paix de la forêt se répandre doucement en elle. Elle tentait d’écouter les moindres bruits, de repérer les moindres détailles de la vie fourmillante qui l’entourait de tous cotés. Elle se sentait bien et en phase avec son univers.

Cependant, au bout d'une dizaines de minutes, quelque chose vint troubler le bonheur rosissant dans lequel elle flottait joyeusement.
Assez loin en arrière, des bruits de pattes foulant le tapis de feuille morte se firent entendre. Des félins, quatre félins, qui avançaient en toute discrétion mais n'avaient put échapper à l'ouïe affutée de la lionne. La poursuite avait bien était lancée ! Ils avaient dut sentir sa trace.

Que faire ? Monsieur Allen avançait, comme si de rien n’était, n’ayant visiblement pas entendu l’arrivée imminente du groupe de Laguz. Les sens des Beorcs étaient vraiment pitoyables. Les battements du cœur de Nao s’accélérèrent. Elle tendit l’oreille du mieux qu'elle put, cherchant à obtenir d’avantages d’informations.

Ils semblèrent se séparer. Un seul vient en dans leur direction, tandis que les autres, restaient un peu en arrière. Plutôt bizarre, mais Nao avait depuis longtemps cessé d'essayer de comprendre le fonctionnement du cerveau d'un soldat. Elle prit de précieuses minutes pour réfléchir. Monsieur Allen ne devrait pas risquer grand-chose, après tout c’était après elle qu’ils en avaient. Si elle s'enfuyait, le groupe la repérerait à coup sûr. s'ensuivrait alors une nouvelle course poursuite à risquer de se perdre, en abandonnant son Beorc. Autant éviter.

Juste avant que le félin qui s'était détaché du groupe ne soit visible, Nao se posa contre un arbre, esseyant de se faire la plus petite possible.

*je suis un buisson, ne me voit pas ! je suis un buisson tu ne peut pas me voir ! Je suis un buisson, un buisson, un buisson fantôme !*

Étrangement, le garde passa devant-elle sans même lui adresser un regard. Il ne l’avait pas remarqué et suivait les traces de Monsieur Allen. Nao en était sûre! L'illusion avait fonctionné !
Elle avait imposé par la force de son esprit, une image déformée de son corps dans la tête du soldat.

Fier de sa réussite, elle resta sans bouger, se concentrant. Elle attendit patiemment les autres gardes qui s'étaient remit à bouger.

Parvenus devant la lionne, ils la fixèrent immédiatement et un beau tigre au pelage bleu s'adressa à elle en langue laguz:

"Vous là! Qu'est ce que vous faite planté contre ce tronc?

Un gros chat, blanc et noir siffla:

"Chef, c'est elle pas de doute, c'est Nao Lyn Sha!"

Arg !! Pourquoi sa magnifique illusion n’avait t-elle pas fonctionné ? Ils étaient peut être trop nombreux.
Nao ne chercha pas plus loin et prit ses jambes à son cou, galopant à toute vitesse sur les traces de Monsieur Allen et de l’autre garde.

Elle déboula dans une clairière ou le Monsieur le chanteur faisait face à un énorme tigre noir qui était bien plus impressionnant que lui.
Nao se précipita derrière le jeune homme en s’écriant :

« Ne me faite pas de mal je suis avec lui! Je suis un pauvre chaton égaré qui cherche juste à rejoindre sa famille au nord. »

Tentant le tout pour le tout, elle ajouta, les yeux remplit de larmes, suppliants:

" Mei Rin Tao pour vous servir" et elle s'inclina, platement.

Après tout, ce n'était qu'en essayant que l'on savait.

Allen Walker méconnaissait le danger. Non, il n'étais pas un fière guerrier qui ne connaissait ni la peur ni la défaite. Il était un jeune troubadour qui pensait que chacun était bon au fond lui même. Il afficha son sourire le plus niais:

"Enchanté, je suis Allen Walker! Je suis désolé, mais je ne comprend absolument rien à ce que vous dîtes!"

Il restait là, sans trop comprendre les intentions des tigres en présence. Mais l'on était en territoire laguz, donc il était normal qu'un marqué comme lui ne passe pas inaperçu. A moins qu'il soit là pour la lionne:

"Euh... Oui, je l'accompagne! Et j'ai le droit hein, je suis un émissaire diplomatique!"

A chaque fois qu'il venait, il avait vraiment besoin de ce magnifique petit parchemin qu'il sortit de sa poche afin de le dérouler devant le gros tigre:

"Haha, euh... Donc euh... Ça va aller alors?"

Le chef lut rapidement le morceau de papier avant de l’arracher des mains de son possesseur. Il le balança de coté avec un grognement mécontent.

« ça ne veut rien dire ça, dégage microbe. »

D’un coup de patte bien placé, il éjecta le troubadour qui alla s’écraser les fesses en l’air dans un beau vol plané. Plus rien ne le séparait de la jeune laguz. Nao sourit, un peu crispée tout de même :

« On vous en voudra de considérer les émissaires diplomatiques comme des ballots de laine. Vous devriez reconsidérer vos manières très chère. »

Elle recula d’un pas, prête à bondir tandis que les quatre tigres essayaient de l’entourer.

« On en a rien à foutre de tes histoires sale garce ! Tu as massacré je ne sais combien des nôtres là dedans, dont mon frère. Tu ne l’emporteras pas au paradis ! »

Quel grossier personnage, s’adresser à une personne de sang royal ainsi, on avait jamais vu ça. Bon il est vrai qu’elle avait maintenant le statu d’assassin en fuite.
Comme il se jetait sur elle, elle esquissa promptement un pas de coté et, emporté par son élan, il la rata de peu. Mais ainsi, la formation des félins était rompue. Nao s’engouffra dans la brèche qui s’ouvrait devant elle. Elle poussa un rugissement puissant, tout en continuant de courir. Grâce à l’entrainement de son père, elle avait put développer cette capacité qui lui permettait de découpler sa vitesse de course. Ainsi elle pouvait sous forme humaine, faire jeu égal avec des tigres transformés, et même les distancer, petit à petit. Laissant le jeune Béorc à son sort, la lionne se précipita parmi les arbres. Les quatre tigres la suivirent avec force de jurons. Qui s’accrurent quand ses poursuivants virent qu’ils ne gagnaient aucun terrain. Nao avait courue une nuit entière. Elle maitrisait avec une facilitée déconcertante le zigzag entre les troncs.
Quand elle les eut quelque peu distancés, la lionne en profita pour se rouler dans un massif de valériane. Puis elle bondit et reprit sa fuite sans se retourner. L’effet de sa compétence commençait à s’effacer, il était temps d’abattre ses cartes. Repérant un autre parterre de valériane, au pied d’un chêne massif, Nao bondit sur les branches basse de l’arbre et se hissa le plus haut qu’elle put. C’était un arbre solide, qui soutenait parfaitement son poids. Elle put grimper suffisamment haut et se camoufler parmi son abondant feuillage. Recroquevillée sur elle-même, elle attendit que ses poursuivants arrivent.
Lorsqu’ils parvinrent jusqu'à l’arbre, ils se hélèrent, s’injurièrent, et tournèrent un bon moment en rond. Nao retint sa respiration. Couverte par l’odeur de la plante, seul un bruissement pouvait causer sa perte. Finalement, le chef donna des ordres, et les fauves se dispersèrent.

Pour l’instant la lionne était sauvée, mais à nouveau perdue, loin de son guide.

Dans un murmure, elle entonna un air que son père lui avait apprit bien longtemps auparavant.

Comme les étoiles se flétrissent,
C’est l’astre du jour qui fleurit,
Ceci illumine ton chemin,
Jusqu'à cet arbre tout tordu,
A l’ombre duquel tu t’abandonne,
Une certaine quiétude t’entoure,
Tandis que ton âme s’envole pour un autre dessin,
Un autre rêve, une autre danse, une étreinte de plus.

Elle cacha sa tète entre ses bras, et attendit ; que les choses se tassent.

"C'est une belle chanson, vous savez?"

Allen Walker était accroupi à côté de la lionne, sur le bout de la banche. Il la regardait avec un grand sourire, les yeux fermés. Il ne se préoccupait pas de leurs poursuivants, mais simplement d'elle. Les bras ballants, coude sur les genoux et doigts vers le bas, il avait tout autant l'air d'un branleur par sa posture que d'un idiot par son visage. Un mince filé de sang s'échappait d'une légère entaille au dessus de son œil gauche, le liquide s'écoulant en suivant les lignes du pentacle. Le coup qu'il avait reçu l'avait un minimum chamboulé physiquement, mais il semblait bien tenir le choc.

Il leva le bras droit, pointant son index vers le ciel toujours en gardant son sourire:

"Vous chantez très bien, s'en est impressionnant! Même pour un murmure, si si je vous assure! Mais je doute que ce genre de chanson plaise à vos agresseurs!"

Il marqua un temps durant lequel seul le vent dans les feuillage faisait échos au pas feutré des tigres à leur recherche:

"Vous avez l'air d'avoir pas mal de soucis..."

Il rabaissa son bras à sa position initiale, et tourna son regard maintenant ouvert vers le sol. Oui, il se devait de l'aider. Laisser cette demoiselle se faire capturer, sans doute torturer ou bien pire ne relevait pas de ses principe. Il était autant enclin à abandonner quelqu'un qu'une frite à cuir dans une poêle au lieu d'un four.
Après tout, il n'avait pas besoin de savoir ce que ces gens lui voulait. Apparemment, elle avait peur. Elle n'était donc pas une criminelle, ni quelqu'un de violent. Juste une demoiselle apeurée:

"Très bien! Nous allons nous enfuir de Gallia! Je vais vous aider du mieux que je peux! Et si l'on doit se battre, je vous demanderais de fuir pendant que je m'occupe de tout!"

Cachant son angoisse face au combat, il tourna vers elle un visage souriant et fier de lui en levant à demi le bras droit, point serré. Le tout en signe de force et de courage:

"Peu importe ce que vous avez fait, je suis sur que vous ne méritez pas d'être traitée ainsi! Moi Allen Walker, je fais le serment de vous protéger!"

Il se leva, entouré métaphoriquement de flammes paradisiaque de puissance bénéfiques. Puis d'un bon relativement peu agile, il se téléporta sur une branche un peu plus loin dans un éclaire.
Le halo bleuté de téléportation l'entourait encore de poussière quand il reprit:

"Passons par les arbres, cela sera beaucoup plus discret! Je connais le chemin, suivez moi!"

Et ainsi, il se téléporta à nouveau sur une branche non loin, tout en regardant à chaque fois dans toutes les directions. Il ne devait ni la perdre, ni se faire remarquer. Les choses allaient être ardues.

Nao pencha la tête sur le coté, surprise. Il lui avait bien semblé que cette personne paraissait étrange, mais elle n’aurait pas imaginé qu’il serait prêt à risquer sa vie pour elle. La lionne était perplexe. Elle le regardait avancer parmi les arbres sans réagir. En plus de que de s’occuper d’elle, le jeune homme essayé de l’aider sans rien demander en retour. Il existait donc des gens qui étaient prêt à se sacrifier pour aider les autres? Soit ce type était suicidaire, soit un peu idiot, voir même les deux à la fois. Mine de rien, la jeune laguz était très touchée que quelqu’un se conduise ainsi avec elle, même si elle avait du mal à en cerner la raison. Une fois arrivé à bon port, elle penserait à lui offrir un repas. (Le plus beau cadeau qu’on pouvait espérer d’un lion ayant constamment l’estomac dans les talons.)

Nao s’élança à la suite du garçon, qui en avait profité pour prendre une belle avance. Passer d’arbre en arbre fut amusant les deux-trois premières fois. Mais à force, cela devint bien compliqué. Nao était gênée par sa corpulence et devait choisir avec soin les branches qui pouvaient supporter son poids. De plus, porter un sac n’arrangeait pas les choses. Elle finit par se lasser compter le nombre de fois où elle dut le démêler des branchages. Monsieur Allen lui, disparaissait dans des éclairs bleus et semblait maitriser parfaitement l’exercice. La lionne fut complètement vexée de ne pas parvenir à le rattraper. De toute façon il trichait, ce n’était pas une compétition équitable ! Elle aurait bien voulu le voir s’agripper à un tronc pour sauter sur l’autre, en essayant de ne pas se retrouver les fesses 5 mètres plus bas.

Alors qu’elle fulminait toute seule, un événement plutôt prévisible se produit. Son pied dérapa et la lionne ne put rester en place que grâce à la force de ses bras. Elle tira sur ses membres pour essayer de retrouver une prise sur l’arbre. Nao se maintint comme elle put et parvint finalement à trouver un nœud salvateur dans l’écorce de son perchoir. Collée à la paroi, son cœur battait la chamade. Son « accident » avait provoqué un beau raffut. Des félins à proximité n’auraient put le manquer. Nao frissonna. S’ils se refaisaient repérer, que faire ? Elle devrait abandonner ce qu’elle s’était battue pour obtenir malgré tout ; plutôt mourir !

Oubliant ses jeux, et sa mauvaise humeur, la lionne se concentra. Il lui fallait avancer, et le plus silencieusement possible. Un félin pouvait naturellement percevoir un bruissement à plusieurs mètres. Et ceux qui la recherchait devaient être des experts en la matière. Que faire sinon fuir du mieux possible ? Elle était enfin partie libre et on tentait déjà de la ré emprisonner. Pourquoi la faisait-on rechercher ? Personne ne s’était jamais soucier d’elle, alors pourquoi ne continuait-on pas à l’ignorer ? La chose qu’elle cherchait si désespérément était-elle hors de porté ? Personne ne pouvait-il obtenir sa liberté ? Monsieur Allen était-il dans la même situation ? Il semblait vivre au jour le jour, mais avait-il lui aussi des liens qui le retenaient prisonnier ? Des chaines qui entravaient ses moindres mouvements ?

Elle n’avait pas le choix. Seul quitter sa patrie pourrait lui donner ce qu’elle recherchait. De toute façon, elle ne portait pas grand intérêt à son peuple, alors autant partir aussi loin d’eux que possible. Ce n’étaient que de grosses peluches mal léchées. Et ils auraient ce qu’ils méritent.

Son allégresse était retombée et la crainte lui enserrait la poitrine. Jusqu'à maintenant, elle n’avait jamais obtenu quelque chose à la quelle elle tenait, elle n’avait rien eut à perdre. Mais là, son nouveau bonheur ne tenait qu’à un fil. Cette sensation glacée se rependait dans son corps comme un poison. La lionne s’arrêta. Une goutte d’eau salée coula le long de ses joues. Elle frissonna. L’ombre de ses souvenirs planait sur elle, menaçant de l’engloutir à chaque instant. Nao serra le manche du wakisashi placé contre son cœur. Reprenons-nous ! Elle ne perdrait rien. Elle s’en sortirait ; par tous les moyens, mais elle s’en sortirait.

Une éternité plus tard, la lionne continuait tant bien que mal à suivre les flashs du jeune homme qui la précédait. A faire attention au moindre bruit, à chaque respiration. Des sueurs froides lui descendaient dans le dos, tel de longs serpents l’enserrant dans leurs anneaux. Nao ne savait plus quoi penser. La peur, était une émotion étrange qui vous paralyse les sens tout en vous donnant l’énergie de continuer. Nao Lyn Sha ne craignait qu’une seule chose : qu’on lui reprenne sa liberté. Or c’était justement ce qu’on cherchait à lui enlever. Mais même si le poids insurmontable du destin l’écrasait, jamais elle ne plierait. Elle l’affronterait avec tout le courage dont elle était capable.

Le tigre leva la tète. Juste au dessus, Nao ne bougeait plus un muscle. Les prémices de crampes se faisaient sentir. Ils étaient dans une position plutôt critique. Monsieur Allen s’était déjà téléporté à plusieurs arbres de là tandis que la lionne était à moitié en train de tomber d’une fourche trop étroite pour s’y tenir. Que pouvait-elle bien faire dans cette situation ? Il était évident qu’il les avait sentis. Le laguz tournait au dessous d’elle flairant dans toutes les directions, essayant de percer le feuillage des arbres.

Ah ce moment, sa subtile intelligence se mit encore une fois en mouvement. (Son pauvre oncle Scar s’en mordrait les doigts, s‘il savait que j'ai utilisé cette expression pour elle). Nao s’écarta de l’arbre et sauta dans le vide. Ayant parfaitement calculé son point de chute (heu… ou pas) elle s’écrasa sur le laguz qui vit la mort venir de la même manière qu’une tomate au milieu d’une voie rapide pour charrettes sauvages. Il y eut un gros craquement et le tigre s’effondra dans un grognement. Cause de la mort : colonne sectionnée. Pas vraiment glorieux, mais efficace.

Nao sauta sur ses pieds et se frotta les mains. Et un de moins.
Bondissant sur le sol de feuilles mortes avec souplesse et silencieusement, elle arriva à l’arbre de monsieur Allen. Et grimpa jusqu'à lui comme un chaton maladroit.

On continu ? demanda t’elle avec un grand sourire. Pour l’instant, la peur l’avait de nouveau délaissée, et l’insouciance la reprenait.

Allen avait prit un peu d'avance. Un peu trop enfaite. Le genre d'avance sur le starter d'une essence sur un diesel. Mais techniquement, une avance ça peu se perdre aussi. Même si le gamin avait appris à fuir les boules de feu en sautant d'arbre en arbre, il ne devait pas être très doué face à un félin.

Mais bon, là, il l'avait perdu de vue.

Même si haut dans les arbres, il ne la trouvait plus. Elle devait être plus âgée que lui, mais était-elle une enfant pour se perdre ainsi? Ils étaient poursuivis après tout. Du coup, il ne pouvait pas l'appeler en criant. Mais il s'inquiétait aussi en se disant qu'elle avait pu être attrapée par leurs poursuivants. Il fit donc demi-tour, se téléportant précisément aux endroits où il venait de passer.
Il regardait partout, même en l'air. Il ne voyait pas le ciel à cause des feuillages mais il se disait qu'elle avait bien trop hâte de partir pour s'attarder à de telles passades.

Arrivant accroupis sur une branche, il regarde à droite, à gauche, puis en bas. Et il assista à ce qu'il ne voulait pas voir. Il la vit tomber sur l'un des Laguzs et l'achever par la voie de la gravité... Ou de son poids. Il ne lui serait jamais venu à l'idée qu'elle avait de grosses fesses, de toutes façons. Parce que là, il y voyait noir. Non pas que l'éclairage forestier était sombre, mais que la scène précédente était d'une incandescence sans limite. Et il n'y avait plus rien à faire.

Nao remonta à son niveau et lui tint à peu près un langage qu'il n'écouta pas. Et sans se retenir, il la gifla. Il ne chercha pas la puissance dans ce coup, ni quoi que ce soit. C'était tout simplement une vrai claque. Il la regardait fixement, avec quelque chose d'indicible dans le regard. Quelque chose entre la tristesse, le désarroi et la déception:

"Pour quoi vous prenez vous!? Même si ces gens veulent vous capturez vous n'avez absolument pas le droit de leur ôter la vie! Peu importe ce qui vous est arrivé, ce n'est PAS parce que c'est plus facile qu'il faut agir comme de mauvaises personnes! Ne faites plus jamais ça, s'il-vous-plaît!"

Il aurait voulu rester là, à lui expliquer plus précisément le pourquoi du comment. Mais cela suffisait comme ça, si elle ne pouvait pas comprendre la valeur de la vie c'est qu'elle était une personne perdue à qui il fallait tout apprendre. Ce qu'il ferait en temps voulu. Pour le moment, il fallait fuir. Il n'y avait pas le choix. Non seulement pour la sauver elle mais de fait pour sauver les autres. Ce genre de technique étant fourbe, il faut avoir un minimum d'intelligence pour les mettre en œuvres. Donc encore mieux valait-il l'avoir dans son camps et passer outre son jeu d'imbécilité. Ce corps d'adulte avec un esprit d'enfant doit comprendre que le monde n'est pas manichéens et y trouver sa place, mais ce sera pour plus tard!

Ni une, ni deux, le troubadour disparu dans un éclair bleuté. Il réapparu plus loin, et continua son périple en lui tournant le dos. Il écoutait pour voir si elle était toujours là, mais il ne voulait plus la regarder. Elle devait comprendre que le meurtre était une très mauvaise chose.

Durant le voyage, il s'arrêtait entre chaque téléportation pour vérifier les alentours. Le bout de la forêt n'était plus très loin et il avait changé de cap plusieurs fois pour ne pas être une piste facile. Mais avec ça, toutes ces téléportations le jeune homme commençait à fatiguer un minimum. Il devait économiser ses réserves. Ainsi, il opta pour le mode moins discret et moins efficace du déplacement corporel. Il s'efforçait de sauter du mieux qu'il pouvait de grosse branche en grosse branche. Mais c'était fatiguant aussi, enfaite. Il manqua de tomber plusieurs fois en lançant des onomatopées diverses au ton rigolo. Même su la vision du sol à quinze mètres en dessous ne le faisait pas rire aussi.

Mais à part cela, il ne disait rien. Il n'avait pas envie de parler. Car encore une fois, il n'avait pas réussi à sauver quelqu'un. Alors sa mine se renfrognait alors qu'ils atteignaient la lisière de la grande forêt de Gallia.

Nao resta sous le choc, sans bouger. Puis elle porta vivement la main à sa joue. La douleur cuisante la brulait, un gout acide remplissait sa bouche. Elle n’arrivait pas à réaliser. Monsieur Allen parlait, mais c’est comme si ses paroles ne passaient pas par la case décodage de son cerveau.

La frapper; on avait osé la frapper. Le garçon se retourna et commença à se mettre en route sous les yeux encore ébahit de la lionne. Personne ne l’avais jamais touché ailleurs qu’à l’entrainement. Personne n’avait levé la main sur elle. Le seul contact humain qu'elle avait eut se résumait maintenant à... une baffe.

Elle ne comprenait pas, elle ne comprenait plus… pourquoi monsieur Allen avait-il agit ainsi ? Qu’avait-elle fait pour mériter cela ?
Elle secoua la tête, tentant de remettre un ordre quelconque dans ses pensées dérangées. Pourquoi ? pourquoi ? Elle cherchait mais ne trouvait pas de réponse.

La petite coure d'un manoir propret; un sol en terre battue recouverte de corps ensanglantés; le sang qui se mêle au sol pour former des flaques éparses de boue ça et là. Puis des gémissements et des pleurs lointains résonnèrent sinistrement. Un souvenir qui remonte, le dégout qui survient et peut être comprit-elle l'espace d'un instant. Mais la douleur est trop forte. Comprendre et accepter une erreur, bien trop difficile. Alors l'image disparait, le souvenir est enfouit, profondément, jusqu'à ce qu'il ressurgisse au moment le plus inopportun.

Malgré cela, un vague remord s'installe et amène le doute.
Un rapport avec le craquement sinistre de la colonne qui avait amortit sa chute ? Nao n’y pouvait rien. Personne ne l’empêcherai de vivre, personne ne lui reprendrait ce qu’elle avait obtenu. Ce type s’était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment; dommage pour lui. Il n’avait sans doute pas assez montré de détermination et d’astuce pour survivre. Tuer était peut être une tâche déshonorante, mais quand elle était nécessaire, il n’y avait pas à hésiter. De toute manière, pour un Laguz de plus ou de moins…

Quelle chose gigota au fond de ses entrailles. Une pointe brulante qui lui réchauffait dangereusement le corps et tintait sa vision de rouge. Nao Lyn Sha possédait un égo assez important. Il choisit cet instant pour sortir de sa stupeur, reprendre le dessus sur ses émotions et lui insuffler une colère particulièrement embrasée.

Le garçon avait levé la main sur elle! Un lion! Pour une raison insignifiante qu’elle n’arrivait pas à intégrer. Elle feula, toute à sa fureur, autant contre elle-même que contre Monsieur Allen. Elle s'était laisser faire comme un lionceaux idiot. Son égo avait bien souffert et perdre la face la dérangeait profondément. Mais celui qui était à l’origine de son honneur blessé, était un Béorc. Qui l’avait aidé, et visiblement l’aidait encore. Le garçon avait aussi deux autres attraits de taille faisant pratiquement disparaitre l'animosité qui montait en elle: Il avait des vivres, et faisait d'excellents sandwiches. Il ne lui restait plus donc qu’une colère simple et pure, dépourvu de haine mais bouillonnant encore malgré ses efforts pour la faire taire. En imaginant par exemple, que peut être les pratiques Béorcs étaient fortes différentes de celles des Laguz. Se rappelant que de toute façon monsieur Allen avait le casse croute et donc qu'il était sans doute dans le juste. De plus, qu'elle importance pour une ancienne noble déchue de recevoir une baffe honteusement. Alors qu'elle était sans doute reniée par toute sa famille. Mais l’image de son père, ses yeux noires et sévères flotta dans son esprit, soulevant son cœur. Lui, il aurait sans doute été déçu.

Peut être devait-elle continuer seule...

Puis une illumination se fit, qui dissipa tous ses doutes. Et ceci grâce à une question d’une simplicité déconcertante mais qui avait une extrême importance.
Ladite question étant :

Survivrai-je toute seule ? et la réponse évidente… « absolument pas » !

Il n’y avait donc plus à tergiverser. Son instinct la poussa à enfouir pour l’instant son honneur mal en point, faisant primer la nécessité de sortir enfin de cette foret.
En maugréant et pestant, Nao sauta sur l’arbre suivant, transmettant sa colère au pauvre végétal qui se trouva soulagé d’une bonne partie de ses branches et de ses feuilles. Au moins, elle resterait à la hauteur du garçon et ne se laisserai pas distancer par quelqu’un qui avait osé la blesser dans son corps et dans son cœur. Elle fut quand même soulagée quand il arrêta de se téléporter à tout bout de champs. Nao se surprit à se moquer du pauvre Béorc qui tentait avec peu d’assurance, d'égaler ses prouesses d'escalade. Il faut croire qu’elle ne digérait absolument pas le coup qu’elle avait reçu. Il lui était impossible de passe outre, de se préoccuper de choses moins infantiles. Son petit cerveaux restait fixement là-dessus, comme si on avait attaché un élastiques à cette pensée, qui la ramenait sans arrêt dans sa tête.

Enfin, les arbres s’éclaircirent et ils arrivèrent à la lisière de la foret. A force de ressasser le pour et le contre, Nao ne savait plus quoi penser et s’était enfoncée dans une mauvaise humeur tournoyante et opiniâtre qui ne voulait décidément pas lui laisser un soupçon de joie. Son premier Béorc était fâché mais sa fierté ne pouvait admettre qu’elle regrette ses actions.

La lionne se laissa tomber dans l’herbe tendre qui s’étendait à la lisière. Elle tournait le dos à monsieur Allen, ruminant dans la moiteur du soir tombant.
Puis elle grogna, se leva d’un bon et attrapa le jeune homme par le bras droit et… le mordit de toutes ses forces ne s’arrêtant que quant le goût du sang vint exciter ses papilles.

Soudainement Nao se sentait beaucoup mieux. Elle avait passé sa frustration et leva les yeux au ciel, tout en tenant encore le bras de sa pauvre victime. Elle resta un moment à observer les étoiles qui pointaient petit à petit puis murmura dans un souffle.

« Pardon. »

La frontière. Enfin, il avait fallut du temps pour en arrivé là. Et Allen s'était calmé durant le trajet, car il faut dire que jouer au singe est éreintant. La terre ferme était agréable à retrouvée, et mademoiselle Nao était arrivée à bon port, saine et sauve. C'était déjà ça, même si elle lui tournait le dos. Les poursuivants devaient avoir arrêté leurs recherches pour de bon, il n'y avait plus qu'à faire route pour Criméa.

Il se demandait tout de même si elle allait bien, lui qui contemplait son dos d'un regard neutre. Elle avait ruminé tous le voyage sans dire quoique ce soit d'autre. Que pouvait-il se passer dans sa tête? Elle devait avoir mal digéré la gifle. Cela ne s'annonçait pas bien si elle ne comprenait pas qu'il ne fallait pas tuer impunément. Même un meurtre avec raison reste un meurtre. Se donner le loisir d'ôter une vie revient aussi à accepter que l'on prenne la sienne de la même façon? C'est une philosophie pour les faibles. Seul celui qui tend la main et défend tout autant sa vie que celle de son ennemi peut prétendre au titre de "fort". Mais peu de gens peuvent comprendre cela, car il est trop difficile d'accepter de vivre dans la difficulté. Car rien n'est plus difficile de laisser en vie quelqu'un qui nous cause des soucis si on peu le tuer facilement. Le maudit ne saurait dire si toutes ces façons d'aborder les choses sont bonne ou mauvaise. Mais cela l'importait peu, car la vie est trop précieuse pour être gâchée par les autres.

Le vent commençait à se lever, faisant voleter son manteau et ses cheveux par la même occasion. Rien ne se passait. Il ne voulait pas la déranger, elle qui semblait réfléchir. Si il lui avait imposé le doute, voilà qui était bien. Il ne se disait pas une seconde qu'elle pourrait l'attaquer pour se venger, car aux vues de sa façon d'être, elle l'aurait fait de dos alors qu'il trébuchait de branches en branches il y a quelques minutes.

Puis soudainement, elle se retourna et le mordit jusqu'au sang au bras droit.

Lui qui détestait la douleur et avait l'habitude de s'en plaindre ne put rien dire, devant l'expression du visage de Nao. Alors qu'elle déchirait presque sa chaire de ses dents, il lui sourit et posa sa main sur ses cheveux:

"Peu importe votre raison, mademoiselle Nao. Je préfère que vous me frappiez moi que quelqu'un d'autre."

Laissant le sang coulé, il se tourna face au vent, maintenant de dos à Nao. Ses vêtements amples voletant allégrement au vent. Il remis une mèche de cheveux à sa place:

"La nuit va être claire, vous devez être fatiguée après tant d'épreuves. Nous n'avons pas besoin de parler de ce qui s'est passé, car seul l'avenir compte."

En souriant, il se tourna vers elle en lui souriant tendrement tout en lui tendant sa main droite:

"Venez, la liberté est à vous. Et les plaisirs de la vie commence par un bon sommeil! Marchons encore un peu pour nous éloigner de la forêt. Une fois dans les collines je cuisinerais quelque chose de plus consistant et vous laisserais ma paillasse pour que vous dormiez bien."

Qu'elle prenne sa main ou non n'avait pas d'importance. Il avait juste envie d'apporter un peu de bonheur dans ce cœur en détresse et du pain à cet estomac vide. Voilà à quoi sert la vie, selon lui. Peu importe qu'elle ai tué des milliers de personnes ou qu'elle soit simplement une couturière. L'avenir ouvre ses portes à qui osent les pousser. Et si le bois est trop lourd, alors il aidera à pousser de toutes ses forces.

Son sac était plein à craquer encore, et chacun de ses pas faisait tinter le matériel de cuisine d'un son de métal agréable à l'oreille quant à tout ce qu'il peut produire comme met délicieux pour un simple voyageur pédestre. L'avenir serait radieux, peu importe le chemin.

Étonnant. Nao regarda le Béorc, les yeux s’arrondissants avec pratiquement la même expression qu’un couvercle de casserole face à un radis.

Son cerveaux décryptait petit à petit les paroles du jeune homme. Il ne lui en voulait pas ? il ne lui rendait pas son cou ? il ne voulait pas se venger ? Il préférait être frapper plutôt que quelqu’un d’autre ? Il passait à autre chose ? Il allait encore l’aider sans la laisser tomber ?

Vraiment elle ne le comprenait pas. Comment quelqu’un d’aussi stupidement gentil pouvait-il exister sur cette terre? Etait-il unique? Ou était-ce un trait Béorc?
Elle se trouvait pathétique. Toute sa vie elle n'avait demander qu'a exister au yeux de quelqu'un. Et la première personne qu’elle rencontrait était ce petit bonhomme prêt à la considérer sans aucun apriori, à rester avec elle sans l’abandonner, et à la considérer comme une personne à part entière et non comme un élément encombrant qu'on avait pas osé jeter. Seule une autre personne avait agit ainsi. Nao inspira un grand coup.

Elle avait crue qu’il lui faudrait se forger une place dans le monde. Qu'elle devrait se battre corps et âme. En réalité on l’acceptait sans aucune question, avec un sourire aux lèvres. Une sensation de fraicheur parcourue sa joue, dessinant un long sillon humide. La lionne passa ses doigts dessus. La douleur la cuisait encore légèrement, mais que pouvait bien être cette sensation? Un liquide salé s’écoulait de ses yeux. Son corps n’avait jamais eut ce genre de réaction jusqu'à présent. Ses jambes tremblèrent puis se dérobèrent sous elle alors qu’elle tombait, les genoux dans une touffe d'herbe.

Un petit papillon bleu et orange choisit ce moment pour venir ce poser sur son doigt. Elle le regarda, tendit que des perles brillantes chutaient toujours de ses paupières. L’insecte sortit sa trompe et entreprit patiemment d’étudier la peau de la jeune fille. Nao souffla sur lui doucement et le regarda s’envoler vers les étoiles naissantes. Elle soupira.

C’était bien une preuve. Elle possédait maintenant une certaine influence en ce monde. Des gens pouvait lui parler, l’apprécier et même... lui tendre la main. Elle essuya ses larmes avec son coude et prit enfin la main qu’on lui lui présentait sans impatience.

Nao se releva et se retrouva face à Monsieur Allen. Elle était complétement chamboulée, n’arrivant pas à mettre de l’ordre dans ses pensées et dans son cœur. Tout était nouveau pour elle, le monde, comme les relations humaines. Mais une force la fit sourire, alors qu’elle avait encore les yeux brillants. Après tout, une chose était certaine. Monsieur Allen ne la laisserai pas tomber, elle ne serait plus niée et abandonnée. La joie et la reconnaissance firent irruption dans son petit crane malléable et poussèrent ses lèvres à articuler un vague :

« merci » d’une voix un peu enrouée.

Puis ils partirent vers les collines, êtres perdus sous la nuit étoilée. Les étoiles filantes dessinant des arc scintillants au dessus d'eux les plongeant sous une voute de lumière. Une tendit qu’une douce brise réchauffait leurs membres et leurs cœurs, faisant danser leur chevelure. (Waaa désolée mais j’ai pas pu m’en empêcher !!, la narratrice est pétée de rire devant son ordi).

Nao ne voulut pas s'arrèter avant d’avoir mis une distance plus que respectable entre eux et la foret. Connaissant les sens très développé des siens, elle préférait parer à toute éventualités. Elle en profita pour faire le point avec elle même. Et dans une attitude toute Naoesque elle décida d'écarter toute ces questions et ses idées qui dérangeaient son cerveau; profitant juste.

Enfin, elle se senti en sécurité. Et elle se laissa aller dans un lit de bruyère, mettant sa tête en arrière, elle regarda le ciel, en se disant que rien ne pouvait venir gâcher ce moment.

Des papillons et des pleures. Bref, de bonnes choses pour une fois.
Il est étonnant de voir comment quelqu'un peu se retrouvé blesser dans son égo pour quelque chose que l'on tient soit même comme principe. Une vérité, un fait, quelque chose de normal. Voilà qui faisait réfléchir Allen et lui prouvait une nouvelle fois que le monde était bien compliqué. L'éducation, l'expérience... Toutes ces choses couplés avec les rencontres qui fait ce que l'on est, la personnalité qu'on s'est forgé. En soit, rien n'est grave tant que l'on emprunte un chemin assez bon. Mais ce n'est pas forcément le cas de tous le monde, et comme pour cette Laguz, à qui il manque de grand principe vitaux.

Mais comment avoir envie de les respecter, ou même tout simplement en avoir conscience? Dans le monde où l'on vit, tout n'est que préjugé et racisme. Et même entre les membres d'une même race. Lui qui croyait que les Laguzs étaient plus sages que les Beorcs, c'était sans doute une erreur. Mais il aurait du s'en douter, car ils ne rechignaient pas non plus à la guerre et aux atrocités. Tous le monde était pareil, et il en revenait toujours au point que dans la barbarie équivalente, la paix était possible.

C'est pour ça qu'il était émissaire Beorc en terre Laguz. Du coup, il avait peut-être agis contre ses intérêts en sauvant cette demoiselle. Mais toute personne, quelle qu'elle soit, doit trouver l'aide dont elle à besoin en temps voulu. Personne ne mérite de mauvais traitement. Et même si il ne peut pas être partout, même si il perd tout ce qu'il a pour sauver ne serait-ce qu'une personne, sa vie aura été utile:

"Vous n'avez pas besoin de me remercier. Chacun agit comme il veut, mais les gens les plus respectables sont ceux qui savent agir pour les autres et ce envers et contre tout."

A ces mots, ils partirent à travers les terres. Si il avait bien comprit, la lionne n'était jamais sortie de la forêt. Elle n'avait donc jamais du sentir un vent aussi pur, et de l'herbe aussi verte. Enfin, elle aurait le temps de découvrir tout ça. Pour l'instant il leur fallait surtout à tous les deux de quoi se repaître après une si longue course. A vrai dire, le troubadour était à bout de souffle. Et il ne le cachait pas. Cette dernière marche l'essoufflait totalement et il était aussi nase physiquement qu'un bigorneau hors de sa coquille.
Il ne fut donc pas mécontent de s'arrêter enfin, et à la voir s'allonger dans l'herbe ainsi, il aurait bien aimé faire de même. Mais en tant qu'homme à tout faire, il était de son devoir de... Reprend son souffle, avant de faire à manger. Il s'assit donc dans l'herbe, posant son lourd sac à côté de lui. Il s'étira vaguement, et retira son manteau et son gant blanc, découvrant ainsi son bras maudit:

"Désolé pour ça, mais ce n'est rien de grave, ne vous inquiétez pas. En tout cas, demain il faudra chasser un peu car ce sont mes dernières réserves."

De plusieurs gestes fatigués, il retira de son sac la marmite et les ustensiles l'accompagnant. Se servant de petits rondins de bois récupérés à droite à gauche, il alluma un petit feu sous celle-ci. Il sortit par la suite de son sac divers linges dans lesquels étaient entreposé de la viande crue et des légumes achetés la veille dans un village avoisinant:

"Comme tout ça date un peu, je vais en faire un ragoût! C'est ma spécialité!"

Il prit donc une bonne demi-heure à disposer la viande, éplucher les légumes. Il sortit de même divers bocaux remplit de plantes diverses. Des agrumes et des épices, en réalité. Pendant ce temps, il faisait bouillir de l'eau provenu d'une rivière avoisinante afin de faire de l'eau potable. Bref, c'était long. Mais il souriant et était content d'arriver à créer un vrai plat en pleine nature.
Après quelque temps, un délicieux fumet s'élevait de la popote. Ce n'était pas très grave, vu la distance avec la forêt. Mais surtout, ça donnait envie:

"Voilà, ça n'a plus qu'à chauffer!"

Il mis ses mains dans son sac, et en sortit de nouveaux linges. Dans ceux-ci étaient mis du pain et du fromage. Après ça, il n'y avait plus rien. Mais le prochain village n'était pas loin et il avait vraiment faim. Et il supposait qu'elle aussi. Il prépara donc rapidement un sandwich, puis un autre, et lui en tendit un, sans rien dire.

A vrai dire, il réfléchissait. A Mindy, qu'il devait aller voir. Il l'avait promis. Et à Yue, qu'il voudrait bien revoir. Et à Magus, qu'il essayait d'oublier.

Nao déglutit. C’était délicieux, pas d'autre mot n'était nécessaire pour décrire cette nourriture fondante qui la ravigotait. Tant le sandwich que le ragout d'ailleurs. Mais chose étonnante, elle avait oublié la torture continuelle que lui infligeait habituellement son estomac. La lionne mangeait lentement, à petites bouchées, goutant les saveurs onctueuses de ce plats si odorant. Pour l’instant, elle avait tenté de mettre de coté ses doutes. Son esprit ressemblait donc à un nid de poule pendant la sécheresse.

Cependant, une boule désagréable lui pesait toujours sur le ventre. Une fois le repas terminé, elle adressa un signe de remerciement à Monsieur Allen puis se mit à se rouler dans les feuilles en poussant des grognement. Il est évident, que cette situation parait d'abord un peu loquace. Mais en fait, la jeune lionne pensait supprimer cette sensation gênante qui lui vrillait les entrailles. Elle se roulait dans les touffes d’herbe sans faire attention et s’arréta au moment ou elle faillit balancer un coup de pieds dans le visage de Monsieur Allen.

Et oui, il faut dire qu’elle n’était pas bien fier d’elle et que tout cette expérience la remuait encore. Désormais elle voulait à tout pris chasser cette sensation désagréable. Mais finalement, son premier Béorc ne lui en voulait pas, peut importait le reste. Elle était libre libre, libre !! Nao se rassit et se secoua la tête en bas, pour éliminer d’éventuels brins d’herbes. Puis, elle sauta sur ses pieds et s’immobilisa soudain, le doigt en l’air. Elle écoutait, passionée.

Monsieur Allen vous avez entendu ça ! déclara t-elle la voix vibrant d’éxitation.

C’était un grillon !! j’en suis sure ! Papa m’avait bien décrit se bourdonnement répétitif, laid et désagréable !!

Elle se précipita jusqu’au garçon et le prit par les épaules, le regard plein d’espoir éclairé par un vague rayon de lune.

Monsieur Allen ! Si il y’a un grillon, dans ces cas là, vous les Béorcs, vous faite bien une chasse au grillon non ? C'est bien ce que vous faite dans ces cas là n'est ce pas?

Sans attendre de réponse, Nao s’écarta du jeune en le repoussant légérement pour esquisser quelques pas de danse plein d’entrain.

J’ai une idée ! On va faire une compétition !! Le premier de nous deux qui trouves un grillon a gagné ! On le trouves et on reviens le plus vite possible au feu de camp !!
Prêt ? Et bien en avant !

La lionne s’enfonça dans la nuit au son de son propre top de départ. Apparemment, elle souhaitait absolument remporté la victoire sur le pauvre Béorc.

Étant nyctalope (et non autre chose de très déplacé pour une dame de son rang ah ah ah), Nao s’orientait très bien à travers la nuit, se repérant également aux sons des créatures qui s'agitaient un peu partout. Elle se déplaçait à pas de velours dans l’herbe haute, cherchant sa proie. Son instinct avait prit le dessus et pour une raison incompréhensible, elle se passait la langues sur les lèvre. Elle n'avait bien sûr jamais chassé, mais son corps semblait connaitre parfaitement son boulot. Elle respirait doucement, à moitié courbé. Tout bien réfléchit, elle ne semblait pas chasser qu'un grillon mais bon...

Ses cibles grouillaient un peu partout, mais elle décida de s'occuper de la plus éloignée pour être un peu plus fairplay avec Monsieur Allen. Après tout les Béorcs semblaient avoir quelques soucis au niveau de leur organes sensoriels. Furtivement elle s’approcha du crissement le plus puissant, espérant que l’insecte serait à la hauteur du bruit qu’il produisait.

Elle le trouva enfin ! Caché sous à coté d’un cailloux rond avec de jolis reflets irisés, qu’elle mit immédiatement dans sa poche en bonne collectionneuse d’objets rares, le trou était béant devant elle !

Se souvenant des conseilles de son père, la jeune lionne prit un long brin d’herbe et inserra d’ un coup vif dans l’orifice. Elle tourna en suite délicatement, puis avec un peu plus de force, vu que le propriétaire des lieux ne daignait pas quitter son abris pour tomber entre ses pattes. Elle s’énerva un moment en vain et ce n’est qu’après avoir trouvé une branche plus longue, élargit le trou, miauler, grogner feuler et se couvrir de terre et de toute autre chose qui recouvre le sol, qu’elle réussit enfin à atteindre la bête. Magnifique créature d’ailleurs, d’une taille plus que respectable, le grillon se tenait au creux de sa paume, comme paralysé par cette soudaine attaque.

Elle l'admira un moment, heureuse de pouvoir observer cette créature qu'on lui avait seulement décrite jusqu'alors. Puis, une question se forma au centre de ses préoccupations.

Etait-ce mangeable ?

Nao parti en courant vers le campement, toute pressé de montrer au garçon sa trouvaille et savoir si le grillon grillé était croquant sous la dent.

Voilà qui était fais. La bonne popote et le petit casse-graine était terminé. En plus elle avait apprécié! Voilà qui ravivait notre petit troubadour au ventre plein. Il avait eu un peu peur que tout cela ce finisse mal, après les événements précédents. Mais après tout l'avenir est au prochain pas et encore au suivant. Le passé est une donnée que l'on ne peut que regarder. Allen savait très bien qu'il fallait toujours agir en étant sois même pour ne pas regretter et faire les bon choix. Ainsi, même si l'on se trompe, la suite des choses nous permet d'apprendre de nos erreurs. On ne peut pas rectifier ce qu'on a commis de mal, mais on peut apprendre à vivre avec et à ne pas recommencer. Et ça, c'est important. C'est le plus important.

Et maintenant, le chant des grillons. Il restait assis en tailleur, à regarder un peu ce que la lionne faisait. Elle avait l'air d'aller bien et de profiter de cette nouvelle topographie qu'elle ne connaissait pas. Et elle était toute émoustillée par la vocation sonore de ces petits insectes et voulait... En attraper? Faire la course? Compétition?

"Aaaargl..."

Elle détala, directement après la proposition. Il n'avait pas le choix, un peu comme Magus lui proposait ce genre de jeu. Mais il sourit tout de même, car au moins cette fois sa survie n'était pas en jeu. La notion de jeu et de compétition était vicié dans l'esprit de notre jeune homme. La flamme du jeu s'alluma dans son esprit, et un sourire carnassier s'installa sur son visage. Un peu comme ça:

Perdue entre un arbre et... Un arbre Allen_Walker_Noah_II_by_Pryneko

Perdue entre un arbre et... Un arbre Allen_Walker_Noah_II_by_Pryneko

Flippant hein?
Il se leva d'un bon, et tendit l'oreille. Il suffisait d'écouter leur chant pour les trouver. Si on les entendaient d'ici, c'est qu'il devait y en avoir pas loin d'ici. C'est à se demander pourquoi elle était partie si loin. Dans leur galerie sous terre, ils se croient à l'abri, n'est ce pas?
Le troubadour se déplaça jusqu'à un coin où il repéra au niveau du sol ce qui semblait être l'entré de ces galeries. Et vu le nombre de bruissements sonores, ils devait y en avoir plein. Il retira son gant, leva le poing en l'air, bras arqué vers le sol et accéléra magiquement son punch pour venir frapper la terre dans un vrombissement sonore.

Elle était meuble et vola donc un peu dans tous les sens, alors que le chant de insectes cessa. Il gratta la terre durant quelques secondes pour retrouver six cadavres vaguement aplatit par le choc. Il les recueillit donc au creux de sa paume pour en trouver un encore vivant. Empoignant sa sphère de soin et jetant les autres, il le soigna:

"Je suis désolé pour tes frères, petit grillons."

Et il le ramena au camp, toujours le sourire aux lèvres. Il n'aimait pas tuer, mais le jeu était trop malsain pour laisser place à la survie des plus faibles. Enfin bref, il ne fallait pas parler de ça à Allen car il accuserait le coup de la mort de ces cinq grillons un peu plus tard. Car quand il était comme ça, il ne savait plus vraiment ce qu'il faisait. Ceci dit il n'irait jamais jusqu'à tuer quelqu'un par jeu.

Il espérait arriver au premier au camp. Il aurait du prendre sa sphère de téléportation, car elle courait tout de même vite, la laguz. D'ailleurs, il devrait penser à lui demander son histoire en rentrant. Si elle voulait bien lui en parler.

Nao se dépêchait de rentrer au campement, filant parmi les herbes hautes. Elle pesta deux trois fois contre des ronces qui lui avaient déchirées les mollets, mais la compétition était plus importante que sa vengeance sur ces végétaux. En même temps... c'était contre un Béorc qu'elle se battait. La lionne ralentit et reprit une marche rapide. Ils avaient à priori des sens aussi développés que des tomates en grappe. Alors, pourquoi se presser?

Nao piétina passionnément les nouvelles branches de ronce qui s'apprêtaient à l'étreindre douloureusement. Elle sauta par dessus un ruisseau pour atterrir les deux pieds au milieu d'une forêt d'orties. Malheureusement, la pauvre n'avait que peu de connaissances en matière de botanique. Mais cette expérience acquise dans la souffrance lui resta gravée un moment en mémoire. Les larmes aux yeux elle bondit le plus loin possible de cette mare de plantes piquantes. Atterrissant à croupie, elle se gratta les petits boutons qui ornaient maintenant sa peau douce et tendre. Peau qu'elle transforma en charpie à force de se gratter.

Puis la lionne se ressaisie. Mieux valait ne pas se reposer sur ses lauriers. Elle avait aussi perdu un temps précieux à récupérer le gros insecte qui grevillait dans sa paume. Elle repartit en se pressant un peu plus.

Mais ce temps perdu s’avéra décisif pour la victoire. En effet, à quelques mètres du campement, force lui fut constater que Monsieur Allen s’y trouvait déjà. Il l’avait devancé.

A moins que… elle ai été tellement rapide qu’il n 'avait même pas eut le temps de partir ! Nao voulait se raccrocher à cet espoir ténu quand elle le vit observer son propre insecte.

La lionne tomba les fesses dans l'herbe de dépit. Elle l'observa de loin. Il faillait admettre qu'elle s’était fait battre par un Béorc. Ils avaient beau être des créatures exceptionnelles, c’était tout de même une défaite quelque peu douloureuse. Elle gratta le sol boudeuse puis soupira.

Il avait gagné, et tant pi. Elle remporterai la victoire une prochaine fois. Il lui fallait bien se plier aux règles qu'elle avait elle même fixés. Ne voulant pas se rendre encore plus ridicule, Nao trottina jusqu’au campement. Arrivée à quelques mètres, elle adapta la démarche escargot, souhaitant montrer qu'elle ne s'était absolument pas pressée. Ah ah ah! La victoire perdait de son piquant désormais! Non?!

Tout cela car elle l’avait sous-estimer. Parfait ! Les Béorcs étaient imprévisibles et après tout, c’était plus amusant ainsi.

Monsieuuuur Allen ! s’exclama-t-elle en arrivant auprès de lui. Elle observa l’insecte du garçon en louchant un peu puis maugréât :

Le mien est plus gros ! Cependant, la taille n’avait jamais fait partie des critères de réussite de l’épreuve. Nao accusa le regard du jeune homme, rougit, baissa la tête et admit avec mauvaise fois:

Très bien vous avez gagné. Félicitation.

Puis elle lança un grand coup de pied dans un petit rocher et s'explosa les orteils dessus. Ronchonnant en sautillant, tout en se tenant le pied, comme si cela allait apaiser la douleur, Nao observa le feu de camp dans lequel des branches craquaient doucement.

Dites vous pensez que ça a quel gout le grillon grillé ?

"Le grillon grillé glisse dans la gorge."

C'est ce qu'il cita, une belle allitération en "g" qu'il avait apprise dans un livre de conte étant plus jeune. Enfin il ne savait pas si c'était vrai, un insecte ça ne devait pas être forcément délicieux. Mais il avait dit ça en souriant, regardant vers le ciel comme y cherchant une image de ce passé perdu dans le temps:

"Étrangement, je ne pense pas que ce soit bon. J'ai lu cette citation dans un livre mais j'ai un doute. On peut toujours essayer?"

Il souriait tout le temps. Mais contrairement aux hypocrite, il semblait toujours sincère. Ce moment était plein de paix, et c'est tout ce qu'il appréciait. Il avait tout de même l'impression que quelque chose manquait. Il l'avait aidée, mais ce n'était pas suffisant. Aux vues de ce qui s'était passé, elle aurait encore des ennuis et il ne fait aucun doute qu'elle ne saurait pas gérer la situation sans se détacher de ses sentiments. Elle était comme lui, agissant stupidement selon son instinct et ses émotions. Mais lui le faisait dans le but d'aider les autre, elle pour sa propre personne. Et elle avait sans doute raison, chacun vit sa vie comme il le souhaite. Mais autant emprunter le bon chemin.
Il s'allongea dans l'herbe, regardant le ciel étoilé de cette nuit naissante:

"J'ai été élevé par Magus, un homme puissant qui travail pour beaucoup de gens en même temps. Et des gens qui s'opposent je crois, je n'en sais rien. Mais il m'a apporté beaucoup, et si j'en suis là aujourd'hui c'est grâce à lui. Je... Ne suis pas doué pour aider les gens, mais je me bat pour y arriver. Comment est-ce que tu t'es retrouvée là? J'ai l'impression que tu as vécue... Enfermée."

Il pensait à Falcar en disant ça, un brin de tristesse se glissant dans sa voix. Il n'aimait pas vivre en laissant quelqu'un enfermé en lui. Il aurait tellement aimé trouver un moyen de donner un vrai corps à cet esprit. Mais c'était impossible:

"Je vais retourner en Gallia après. Je suis un émissaire laguz, en plus d'être un marqué. C'est ça la sensation étrange que tu ressens vis à vis de moi, je ne suis ps un beorc. Un de mes parents était un laguz. Je pourrais en apprendre un peu plus et éviter qu'on te poursuive, si tu veux?"

Il se doutait qu'elle n'aurait pas forcément envie de lui raconter sa vie. Mais qui ne tente rien n'a rien.

Une sensation désagréable prit en tenaille le cœur de la lionne. Monsieur Allen la renvoyait dans le passé. Passé qui revenait à quelques heures et qu'elle avait enfermé très loin dans son esprit, se laissant pénétrer de la situation présente.

Un marqué ? Nao n’en avait jamais entendue parler. Les Béorcs et les Laguzs pouvaient avoir des descendants ? Vraiment ?

La lionne soupira. Naitre en tant que marqué aurait été une joie pour elle. Ainsi elle partagerai le sang d’êtres qu’elle respectait tant. Elle s’assit par terre et souris tout en passant la main dans ses cheveux pour retirer son bandeau et laisser ses boucles bleus cascader sur ses épaules. Puis elle se mordit les lèvres et, chose étrange, réfléchit quelques instant. Pendant ce travail neuronal, elle tua son grillon d’un coup sec et l’enfila sur une petite branche. Elle plaça la branche au dessus du feu et entreprit de faire griller l’insecte. Tout en le tournant pour que la cuisson soit parfaite, elle parvint à trouver quoi répondre à la question de monsieur Allen. D’ailleurs il paraissait bien songeur tout d’un coup.

La lionne sauta sur ses pieds et croqua dans l’insecte à belle dents. Un peu croustillant et parfaitement gouteux. Elle le retiendrait. Cela pourrait s’avérer utile en manques de viande. Elle finit son dessert et se gratta entre les crocs. Un émissaire… comme son père.

Elle ne voulait pas penser au passé ; trop atroce, trop triste. Nao frissonna. C’était encore si récent. Hier à la même heure, elle se trouvait encore derrière des barreaux. La lionne dégluti, gênée.

Hé bien en effet, il m’est arrivé quelques problèmes. Cependant, vous n’avez pas à vous soucier de moi outre mesure vous savez ?
J’apprécie vraiment votre geste ceci dit. Merci monsieur Allen !
Par contre, puisque vous retournerez à Gallia, si vous pouviez éviter de préciser que vous m’aviez vu cela m’arrangerai grandement.

Il avait vu juste ce garçon. Mais la lionne chassa de son esprit le mot qui pouvait désormais la briser. Elle était libre, plus rien d’autre ne comptait. Difficilement elle continua, en relevant la tête et en perçant le jeune homme du regard.

Quoique vous appreniez là bas, n’ayez pas une trop mauvaise opinion de moi s’il vous plait.

Puis elle s’étira et demanda rayonnante :

Et comment donc, un jeune monsieur comme vous est devenu émissaire ?

"Vous savez, c'est dans ma nature de m’inquiéter pour les gens mademoiselle Nao. La vie vaut la peine d'être vécue, si on ne peut sauver ne serait-ce qu'une personne."

Il s'étira doucement, profitant des derniers rayons du soleil couchant:

"Votre passé vous appartiens, quoi que vous y ayez fait personne n'a le droit de juger vos prestations car personne ne sait comment votre esprit fonctionne. Chacun agis à sa guise, que ça influe sur les autres en positif ou en négatif. Je n'ai rien à dire, je vie pour les autres et j'en suis heureux; ce n'est pas à moi de me repentir pour leurs erreurs mais à eux. Je ne peux être qu'un conseiller."

Il se remit en position assise, mains sur les cuisses avec un sourire approbateur:

"Je suis devenu émissaire pour aider les relations entre nos peuples, par la force des mots. Je ne suis pas un bon diplomate, mais ma route est pavée de bonne intentions. J'ai faillis mourir pour cela, mais ça en valait la peine; Beorc ou Laguz, nous ne sommes pas si différents. Je peux aider tous le monde, parce que tous le monde à un bon fond."

Suite à cela, il se leva:

"Continuez votre chemin vers Criméa, mademoiselle Nao. Nous nous reverrons, je pense. Si vous avez besoin de moi, citez simplement mon nom trois fois et je viendrais à votre secours. Ma force et votre."

Se tournant vers elle en souriant, il leva son poing gauche fermé à hauteur de visage. Puis il repartit vers la forêt:

"Je suis ravis de vous avoir rencontré! Faites attention à vous!"

Nao tomba les fesses dans l'herbe.

Monsieur Allen était parti... si vite. Il était tant pressé? Ce n'était pas l'impression qu'il donnait. Nao trouvait qu'ils s'amusaient plutôt bien, avait encore plein de questions à lui poser et il l'avait abandonnée, perdue à la frontière de Criméa.

Elle était tellement choquée qu'elle en fit tomber son grillon. Il était partit comme ça et n'avait même pas finit le sien. Les Béorcs étaient tous comme ça? Ils s'en allait au beau milieu des conversations, pressés d'en finir?

La lionne soupira, elle était déçue. Enfin, elle était libre c'était déjà ça. Ravis de la rencontrer... il aurait pu l'accompagner un peu plus loin alors. Chanteur stupide! Il lui semblait que ses paroles étaient pleines de bons sentiments mais qu'il n'y avait rien derrière. Il était partit si vite qu'il lui semblait qu'il avait prit la fuite. Monsieur Allen était un froussard alors?

La lionne était perplexe, mangeant ses cheveux, elle regarda la silhouette du Béorc s'éloigner, un pincement au cœur.

Il ne lui avait même pas indiqué dans quelle direction continuer.

Logiquement, au petit matin, elle était perdue.