Depuis sa rencontre avec cet étrange laguz venant du même peuple qu'elle, Maleen n'avait pas quitté la forêt de Serenes. Pourquoi ? Elle n'en avait pas une idée précise, mais disons simplement qu'elle avait besoin d'un peu de temps pour réfléchir, et surtout, de calme. Et elle devait bien avouer que cette forêt était le lieu idéal pour cela. Ici, personne ne risquait de venir la déranger ou encore de l'attaquer. Du moins, elle l'espérait, car l'envie de se battre n'était guère présente actuellement... De toute façon, il était vraiment très rare qu'elle veuille se battre... Ce n'était pas vraiment dans son caractère. Elle préférait cent fois pouvoir mener une vie tranquille, libre et heureuse, pourquoi pas, mais avait bien finit par se rendre compte que dans ce monde, ce n'était pas possible... Elle aurait du s'en rendre compte bien plus tôt, mais sûrement n'avait-elle pas voulu l'admettre, trop plongée dans son amour, un premier temps, puis sa peine... Mais plus de 5 ans étaient passé, et elle avait du voir la vérité et le monde en face, ainsi que les horreurs qui étaient perpétrées chaque jours... Certes, elle n'avait jamais assisté à un vrai massacre ou autre, mais elle n'était pas idiote, et se doutait bien de ce que certains pouvaient faire...

Cela dit, pour l'heure, bien de loin de se perdre dans ce genre de considérations, elle devait plutôt penser à elle. Savoir ce qu'elle allait faire de sa vie... Ce qu'elle voulait en faire, surtout. Voyager, c'était bien beau, mais à force, cela en devenait lassant. Elle voulait faire quelque chose d'intéressant, de constructif, car actuellement, elle avait l'impression d'être un oiseau en cage, qui faisait sans cesse la même chose... Une routine affligeante et ennuyeuse... Vraiment, elle tournait en rond... Si au moins elle pouvait se trouver une occupation... Mais non, rien ne lui venait... Et il fallait dire que sa nature n'aidait pas. Un laguz, corbeau qui plus est, ce n'était pas vraiment un argument favorable pour elle. Mis à part cela, elle était très fière de ce qu'elle était, quoi qu'elle avait parfois eut quelques mauvaises surprises...

Un peu perdue dans ses pensées, elle n'avait jusqu'à présent rien remarqué d'anormal autour d'elle... Tout ce qu'elle entendant, c'était le bruit de ses pas, de ses bottes qui écrasaient quelques feuilles mortes, et le vent, aussi... Mais rien de plus... Du moins, jusqu'à ce qu'elle fasse un peu plus attention à ce qui l'entourait... Il y avait bien du bruit, finalement, mais elle ne saurait dire quoi... Imprudente comme souvent, elle décida donc de se rapprocher, et après quelques instants, ce qu'elle aperçu la fit reculer d'un pas... Plusieurs corps de laguz félins, salement amochés, couverts de sang, ainsi que celui d'un homme, allongé non loin, lui aussi bien blessé... De nombreuses griffures guère anodines... Cela dit, contrairement aux autres, lui semblait encore pouvoir espérer vivre, et c'est pourquoi, malgré l'étrange sensation qu'elle ressentit en s'approchant, elle se mit en tête de vouloir l'aider... Sauf qu'elle ne savait pas trop comment s'y prendre... Elle commença par essayer de le déplacer le plus doucement possible, histoire de ne pas aggraver ses blessures déjà plus qu'importante, puis se mit à fouiller dans sa sacoche, pour trouver de quoi s'occuper de lui...

Il lui fallut plusieurs dizaines de minutes pour qu'elle réussisse à obtenir un résultat correct. Durant l'opération, elle avait bien évidemment du lui retirer le haut de son vêtement, de toute façon bien amoché et sale... Elle s'était également arrangée pour que sa tête repose sur quelque chose d'à peu près confortable, à savoir, ses anciens vêtements roulés en boule... Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre qu'il se réveille... S'il se réveillait... Elle avait vérifié sa respiration et son pouls... Ils étaient présents, quoi que faible, ce qui était un petit signe d'espoir...

D'ailleurs, pourquoi l'avait-elle aidé ? Elle ne savait pas qui il était, ni pourquoi il était là. Et puis, tout ces laguz... Elle avait de la peine pour elle, mais ne savait que faire d'eux... Dans sa manœuvre pour soigner le fameux inconnu, elle s'était un peu éloignée du carnage, ayant tout de même un peu de mal à soutenir longtemps pareille scène... Et puis... Et si c'était lui, l'auteur de se massacre ? Cette question lui traversa quelques instants l'esprit, mais elle finit par la mettre de côté, pour plus tard...

Lentement, Maleen se leva, s'étirant quelque peu, étendant ses larges ailes noires, pour ensuite s'adosser à contre un arbre, gardant un oeil sur le blessé, un léger soupire, se demandant dans quelle galère elle s'était encore embarquée...

Qui était-il ? La demoiselle ne saurait le dire. Elle se demandait également ce qu'il pouvait bien faire en ces lieux, ainsi blessé, aux côtés de cadavres de félins contre qui il s'était assurément battu, pour finalement sortir victorieux du combat, mais à quel prix ! Ses blessures étaient nombreuses et étendues, sur une grande partie de soin corps, lui faisant perdre une grande quantité de sang, d'où son évanouissement et son état pour le moins inquiétant... Maleen espérait vivement que les premiers soins qu'elle lui avait prodigués suffiraient. Elle n'était guère médecin, et ce genre d'intervention n'était pas son fort. Elle s'était activée à nettoyer ses plaies du mieux qu'elle pouvait, après l'avoir en partie dévêtu, puis s'était occupée de lui faire des bandages du mieux possible, avec ce qu'elle avait sous la main, à savoir, déjà, des bandes qu'elle avait à disposition dans sa propre sacoche, ainsi qu'une partie des vêtements en lambeaux de l'homme blessé... Cela fait, elle l'allongea de façon plus confortable sur le sol, avant de s'éloigner un peu, s'adossant à un arbre, le surveillant du coin de l'oeil.

La Laguz porta alors son regard sur ses mains, couvertes de sang qui avait commencer à sécher, et il y en avait également sur ses vêtements... Elle allait devoir trouver de quoi se laver un peu. Quelques minutes passèrent ainsi, dans le plus grand silence qui soit... Elle leva les yeux vers la cime des arbres... Entre les branches, elle distinguait un bout de ciel bleu, ainsi que quelques nuages cotonneux... Et tout à coup, elle entendit un rire... Une voix de femme... La jeune femme baissa brusquement les yeux, se retrouvant nez-à-nez avec une femme. Très belle, elle devait bien l'avouer, possédant une longue chevelure d'un bleu électrique. Elle semblait être là sans l'être réellement, auprès de l'homme que la corbeau avait espéré réussir à sauver... Qui était-elle ? Bonne question. C'est alors qu'elle stoppa son rire en la voyant si surprise, et lui adressa quelques paroles :

"Veuillez m'excuser mais je trouve la situation si drôle ! Je me demande comment il réagira lorsqu'il se rendra compte de ce qui vient de lui arriver."

Maleen haussa un sourcil. Elle parlait donc de cet inconnu à la chevelure violette allongé sur le sol. Celà voulait-il dire qu'il allait réagir de façon... particulière ? Elle ne trouvait pas le mot exacte pouvant qualifier sa pensée, mais pour le coup, elle avait un léger mauvais pressentiment... Et tout à coup, surprise suivante, la femme disparu, empêchant la jeune femme de l'interroger... Par contre, le jeune homme, lui, semblait reprendre connaissance peu à peu... Elle le vit ouvrir ouvrir les yeux lentement, semblant chercher quelque chose. Et finalement, il posa son regard sur elle... Il devait encore être un peu dans les vapes, et d'une voix un peu faible, lui dit :

"Qui que vous soyez merci, je vous dois la vie..."

L'entendant, la corbeau soupira doucement, soulagée de le voir en vie, malgré tout. Lentement, elle se rapprocha de lui, sans vraiment se méfier de lui, et s'agenouilla près de sa tête, pour ensuite dire, d'une voix calme et douce :

"Vous me remercierez plus tard... Essayez de ne pas trop bouger..."

Puis elle se redressa légèrement, l'observant toujours, s'interrogeant toujours sur cette mystérieuse femme, mais aussi à propos de lui, de la raison de sa présence ici.... Cela dit, elle l'interrogerait une fois qu'il serait un peu remis...

Il était sauvé, et Maleen en était plus que contente. Pour tout dire, elle s'en serrait voulu si elle n'avait pas réussi à le sauver. Mais heureusement, ce n'était pas le cas. Cet homme, plutôt séduisant d'ailleurs malgré ses multiples cicatrices et blessures, était bel et bien en vie, quoi que très affaibli. De plus, il n'était pas totalement sorti d'affaire, car les blessures, malgré le soin qu'elle avait apporté aux bandages, pouvaient tout à fait s'infecter, d'où la nécessité qu'il voit rapidement un médecin, ou du moins, qu'il puisse trouver de quoi désinfecter les plaies. Chose que la demoiselle n'avait pas sûr elle, et lui ne semblait pas non plus avoir quoi que ce soit de la sorte... De ce fait, elle espérait que rapidement, lui ou elle trouve un moyen pour remédier à ce problème... Enfin, ne parlons pas de malheur. Il était envie, et ça, c'était déjà une très bonne chose, la Laguz pouvait en être plutôt fière... Même s'il subsistait le doute qu'il puisse être quelqu'un de mauvaise, souhaiter la mort d'une personne, quelle qu'elle soit, n'était pas de son genre, loin de là... Non, elle était bien trop douce et aimait bien trop la vie pour cela...

Et, toujours agenouillée près du blessé, elle observait ses gestes, ainsi que ses expressions, intriguée... Elle le vit passer sa main sur son torse, réalisant sûrement ce qu'elle avait fait pour lui sauver la vie. Elle doutait que sa vue soit rétablie, car il n'avait montré aucune surprise ou réaction de ce genre en la voyant, alors que beaucoup, du moins, c'était ce dont elle avait l'impression, étaient surpris en voyant un Laguz sauver la vie d'un Beorc, et vice-versa... Enfin, qu'importe, pour l'heure, elle devait surtout veiller à ce qu'il aille bien... Il lui assura pourtant qu'il en avait vu d'autres, bien pires parfois, mais malgré tout, elle restait sceptique quant au fait qu'il puisse bouger correctement. Bien que n'ayant jamais été blessée de la sorte, elle imaginait sans peine que se mouvoir, de quelque façon que ce soit, risquait de ne pas être une mince affaire... Et justement, elle le vit se redresser, mais comme elle se doutait, cela devait être bien douloureux, comme le confirmait le gémissement qu'il laissa échapper. Mais ce ne fut pas pour autant qu'il se rallongea, loin de là, et après un autre gémissement de douleur, il tourna la tête vers elle, le souffle court, un faible sourire aux lèvres, pour lui adresser quelques mots :

-Je me nomme Ishtar, ancien chevalier pégase de Beignion, enchanté de faire votre connaissance...

Chevalier Pégase ? Pourtant, elle n'avait aperçu aucun cheval ailé dans les parages ? Était-il arrivé quelque chose ? Peut-être, à moins qu'ils n'aient été séparés... Enfin, pour l'heure, c'était de lui dont elle devait s'occuper... Et la première chose à faire, était de se présenter, comme il venait de le faire... Elle afficha un léger sourire, et d'une voix toujours aussi douce, dit :

"Je m'appelle Maleen, je suis originaire de Kilvas... Enchantée également de vous rencontrer, quoi que les circonstances ne soient guère joyeuses..."

Puis elle se releva quelques instants avec un léger soupire, pour aller fouiller dans sa sacoche et en sortir une gourde d'eau fraîche, puis elle revint auprès de lui, et s'agenouilla à la même place que précédemment, pour ensuite dire, lui tendant la gourde :

"Vous voulez boire un peu ?"

Étrangement, elle cru le voir légèrement... Désappointé lorsque qu'elle lui fit par de son origine. Comme si cette idée, qu'elle soit une Laguz, ou sous-humaines, comme disaient certains, lui déplaisait. Mais c'était si vague qu'elle en conclu que ce devait être son imagination. Après tout, ce n'était pas parce qu'il avait de toute évidence tué ces félins qu'il haïssait les autres créatures de cette race, non ? Du moins, c'était ce qu'elle espérait, car l'idée de se faire tuer par cet individu lui déplaisait fortement. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas encore trouvé de but réel à sa vie qu'elle comptait y mettre une fin. Cette idée ne lui avait même jamais effleurée l'esprit. Et puis, de toute façon, il ne semblait pas du tout en état de soulever la moindre arme, ou de la soumettre physiquement, alors elle ne craignait rien. Voilà bien une chose qui la rassurait. Pour le moment du moins...

-Pour des circonstances peu joyeuses... se faire attaquer par ces sauvages n'est pas le genre de chose que je souhaite...

L'entendant, la jeune femme hocha doucement la tête. Cela dit, elle n'adhérait pas au terme de sauvages, mais qu'importe. Pour tout dire, elle n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer de félins, et ne pouvait donc pas en juger. Mais malgré tout, elle se disait qu'il n'était pas vraiment justifié de les qualifier de sauvages sous prétexte que ceux-ci l'avaient attaqué. D'ailleurs, elle se demandait toujours, malgré ses dires, s'ils étaient les seuls fautifs. Après tout, elle ne voyait pas de raisons apparente à leur attaque, mais peut-être se trompait-elle, qui sait ? Enfin, qu'importe. Son soupire la sortit de ses pensées, et son regard noisette se posa doucement sur lui. Il semblait contrarié, à vrai dire. D'ailleurs, chose qui la fit hausser un sourcil, elle aperçu quelques larmes rouler sur ses joues, mais ces dernières furent très vite effacées. Se doutant qu'elle ferait mieux de ne faire aucun commentaire à ce sujet, elle se tut. Autre chose qui l'intrigua, ce fut le fait qu'il évite de poser son regard sur elle, malgré le fait qu'il lui parlait... Elle ne comprenait guère pourquoi, quoi que ses paroles suivantes lui mirent la puce à l'oreille :

-Si vous venez de Kilvas, je puis donc supposer que vous êtes une corbeau n'est-ce pas?

Belle déduction. Surtout qu'il était très rare qu'un Beorc soit originaire de ce lieu, territoire des corbeaux. Enfin, vu comme il évitait de la regarder, cette conclusion semblant lui déplaire. Qu'il fasse comme il veux, elle s'en fichait un peu, à vrai dire. Certes, c'était blessant pour elle d'être mal considérée du fait de son origine, mais qu'il pense ce qu'il voulait. Elle n'était pas là pour ça, après tout. C'est alors qu'il lui posa une question. Drôle de question...

-Non merci, je n'ai pas soif. Mais laissez moi vous poser une question... le fait que j'ai pu tuer ces fauves ne vous dérange pas?

Elle recula donc la main qui tenait sa gourde, puis se leva, lui tournant le dos, ne craignant pas grand chose de lui, ou du moins, l'espérait... Elle s'étira doucement tout en réfléchissant à ce qu'elle allait pouvoir lui répondre, finissant par laisser échapper un soupire, et prendre la parole :

"Est-ce important ? Je vous ai sauvé car vous en aviez besoin, c'est tout... Ca peut paraître stupide pour vous, mais je ne m'arrête pas aux apparence, et ne prends guère de plaisir à juger autrui. Peut-être est-ce moi qui suis stupide, tout compte fait. Et peut-être vais-je regretter de vous avoir sauvé... Seul le temps nous le dira, mais je sais qu'en cet instant, je suis soulagée de vous voir en vie, ne vous en déplaise..."

Puis elle se tut, s'éloignant de quelques pas, pour ensuite s'adosser à un arbre, le regardant longuement, le visage sérieux, chose qui lui arrivait rarement. Pas l'ombre d'un sourire sur ses douces lèvres... Et, toujours en le fixant, elle dit simplement :

"Et vous ? Cela vous dérange-t-il que je sois une Laguz... Ou une sous-humaine, comme beaucoup le disent ?"

Finalement, loin de s'en douter aux premiers abords, et surtout pas en le voyant si faible, la jeune femme commençait à trouver cet homme fort détestable. Enfin, le mot était un peu fort pour l'heure, mais sa pensée était du même ton. L'observant avec une certaine attention, peut-être à l’affût du moindre geste agressif envers elle, Maleen s'interrogeait. Qu'est-ce qui l'avait donc poussé à agir de la sorte ? Elle ne saurait le dire. Mais quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas tarder à avoir quelque lumières à ce propos... Dans tous les cas, il était net qu'il était plus qu'irrité par la situation actuelle. De toute évidence, quoi qu'il n'ait encore donné de réponse à sa question, le fait que sa sauveuse soit une Laguz et non une Beorc le dérangeait. L'excédait, même. Il suffisait de bien observer son visage. C'était infime, mais visible pour l'oeil attentif. De plus, sa voix elle aussi démontrait de cet ennui, que ce soit de par ses mots ou le ton qu'il employait. Et finalement, son attitude, sa posture, ses gestes... Tout ça, si une fois de plus on l'observait bien, montrait son exaspération.

Cela dit, lorsqu'elle se tut, ayant répondu à sa question, elle l'entendit éclater de rire. Un rire emplit d'amertume, pour ensuite se mettre à tousser, douloureusement. Cette attitude arrachant à la jeune femme un soupire las, tandis qu'elle l'écoutait sans broncher, toujours dos à lui :

-Excusez... Excusez moi mais je dois avouer que ce que je viens d'entendre est impressionnant. Si j'avais su que des personnes comme vous existaient et si j'en avait connu des comme vous, je ne serait certainement pas ici à l'heure qu'il est.

Que voulait-il dire par là ? Voilà la question qu'elle se posait à présent. De plus, il l'avait qualifiée en tant que personne, chose surprenante, sachant que pour tout ceux qui haïssaient les Laguz comme elle, ils n'étaient rien de plus que des sous-humains, tout juste pour à être asservis, puis tués sans remords. Cette réflexion fit naître un rictus amusé sur le visage de la jeune femme, mais il disparut aussi tôt qu'elle se tournait vers lui, prenant alors un air des plus sérieux. D'ailleurs, lui-même avait prit un visage grave, son regard s'accrochant au sien, tandis que la belle parlait, lui posant une question. Simple en apparence, mais dont la réponse serait plutôt indicative à son propos. Réponse qui ne tarda pas à arriver, calmement, son regard ne lâchant pas le sien :

-Et bien oui, cela me dérange que vous soyez une sous-humaine. Enfin à vrai dire au stade ou j'en sus je crois que cela n'a plus d'importance...

Comme de juste, il avait opté pour le terme "sous-humaine". Elle ne s'était donc pas trompée à ce sujet-là, il était bel et bien ce genre de Beorc. C'était bien dommage. Malgré tout, elle ne regrettait toujours pas de l'avoir sauvé. Elle avait son opinion, il avait la sienne. Et même si cela voulait sûrement dire qu'il souhaitait sa mort. La corbeau ne pouvait pas grand chose pour ça, et ne comptait pas s'user à essayer de lui faire changer d'avis...

Il laissa alors échapper un soupire. Triste, celui-ci. La demoiselle ne comprenait guère pourquoi, et se demandait même s'il y avait quelque chose à comprendre... Puis il reprit la parole, attirant à nouveau l'attention de la jeune femme :

-Humains ou sous-humains nous ne valons pas mieux à vrai dire. Je ne cacherais pas mon intolérance, mais la première impression est souvent définitive certains disent. Cependant je dois avouer que face à vous je ne sais quoi penser. Ce n'est pas faute d'avoir rencontré de sacré hypocrites qui parlaient comme vous... Mais à la différence de vous je ne les ai jamais vu passer à l'acte...

Voilà donc sa façon de penser, ou du moins, son opinion sur la situation actuelle. Comme il le disait lui-même, il ne semblait avoir que très peu de considération pour les Laguz, mais aussi pour les Beorc, comme le soulignait plus encore l'utilisation du mot "humain", terme qu'elle savait insultant pour eux. De toute évidence, il était plutôt du genre négatif. Maintenant, elle se demandait ce qu'elle devait en penser. Chose certaine, et malgré ce qu'il avait pu dire, elle doutait qu'il lui soit encore reconnaissant... Ce serait assez surprenant après ce qu'il venait de lui confier... Malgré tout... Sa dernière phrase l'interpellait. Que voulait-il dire exactement ? Sincèrement, elle n'en était pas vraiment certaine...

Lentement, elle revint vers lui, sa démarche souple et gracieuse, et s'arrêta à sa hauteur, le regardant quelques instants, sans pour autant afficher un air hautain. Non, son regard exprimait avant tout une certaine curiosité à son égard, ainsi qu'envers ses propos. Puis, lentement, elle s'abaissa à son niveau, s'agenouillant sur le sol, le cuir de sa tenue et de ses bottes crissant légèrement dans le mouvement. Ainsi placée, proche de lui, peut-être trop proche pour être en sécurité, elle continuait de le regarder, avant de finalement dire, laissant échapper un fin soupire :

"La plupart des gens son hypocrites, qu'ils soient Beorc ou Laguz. Il faut croire que c'est une particularité commune de tout être doué de parole... Et beaucoup sont lâches, également, beaux-parleurs... Mais c'est ainsi... Le fait que vous haïssiez les gens de ma race est bien triste, certes, mais qu'y puis-je ?"

Puis elle se tut quelques instants, fermant les yeux, ses mains posées sur ses cuisses, soupirant à nouveau.... Et, gardant les paupières closes, elle dit :

"A moi de vous poser une question... Sachant que je suis une Laguz... Auriez-vous préféré que je vous laisse mourir ?"

Tout comme elle, il l'observait, avec un certain intérêt, peut-être, mais chose sur, il était intrigué. Elle ne saurait dire si c'était de par son comportement pour le moins étrange face à une personne qui venait, assurément sans le moindre remords, tué plusieurs Laguz, ou si c'était si c'était justement parce qu'elle venait de le sauver, tout en ajoutant qu'elle ne le regrettait pas le moins du monde. Autre chose, elle avait remarqué, durant son observation attentive et silencieuse, que lorsque son regard glissait sur ses grandes ailes sombres, elle pouvait nettement voir qu'il était quelque peu dérangé par ce détail guère anodin. Pourtant, selon elle, elles n'avait rien de repoussant, tout au contraire. Cette couleur sombre, ces plumes légères et douces, avaient quelque chose de plutôt agréable et ravissant. Ça pouvait paraître idiot, mais une chose était sûre, elle appréciait son apparence telle qu'elle était, et ne désirait guère en changer... Enfin, elle se doutait bien que pour une personne autre qu'un Laguz corbeau comme elle, cela devait être assez dérangeant. Quoi que, comparée à un félin, elle était plutôt bien lotie. Après tout, mis à part ses ailes, aucun autre détail ne pouvait trahir sa nature. De plus, sans se vanter, elle savait posséder un corps plaisant et loin d'être reposant, pouvant sûrement être tout aussi plaisant que celui d'une Beorc, voir plus... Maintenant, cela ne changeait sûrement pas grand chose pour lui, surtout lui qui la qualifiait de "sous-humaine"...

-Quelle ironie, il se trouve que je suis d'accord avec vous alors que vous êtes ce que je suis censé abhorrer.

La corbeau haussa un sourcil, pour le moins surprise. A vrai dire, elle ne s'était pas douté qu'il rejoindrait son opinion à ce propos. En un sens, c'était une agréable surprise. Quoi que c'était tout de même un peu déroutant. Et la demoiselle restait là, sans bouger, le regardant toujours. Son souffle était calme, régulier, sa poitrine se soulevant à un rythme tranquille... Lui, toujours assis malgré ses blessures, la regardait également. Il semblait contrarié, à vrai dire. D'ailleurs, Maleen en vint à se demander ce qui avait fait naître cette haine en lui. Elle avait des doutes quant au fait qu'il ne faisait que suivre la haine de la plupart des Beorc pour les Laguz. Non, il semblait plus intelligent que cela. Du moins, elle l'espérait, pour lui. Il y avait sûrement quelque chose d'autre... La haine ne naissait pas sans raison...

C'est alors qu'elle l'entendit rire à nouveau. Sauf que cette fois-ci, quoi qu'il finit de façon tout aussi laborieuse et assurément douloureuse, il n'y avait point d'amertume dans son rire, mais de l'amusement. Qu'est-ce qui pouvait être drôle dans ce qu'elle venait de dire ? Elle ne comprenait pas trop, et d'après ce qu'il lui dit, lui non plus :

-Je ne sais pas pourquoi je trouve ça si drôle... Toujours est-il que non, je suis content que vous m'ayez sauvé la vie. Je ne crains pas la mort mais je ne suis pas assez idiot pour chercher celle ci... quoi que dans certain moments je m'avère profondément stupide. Non je suis juste contrarié mais au final c'est une bonne surprise. Et vous? Que pensez vous de l'esclavage?

Il était satisfait qu'elle l'ait sauvé, mais contrarié qu'elle soit une sous-humaine. En voilà une façon de penser bien compliquée... Cela dit, au moins, il prouvait qu'il n'était guère un simple d'esprit. Pour tout dire, c'était assez appréciable... Par contre, elle ne comprenait pas ce que venait faire l'esclavage dans l'histoire, chose qui la laissa perplexe et pensive... Mais elle n'eut guère le temps répondre quoi que ce soit, qu'elle sentit sa main effleurer sa joue. De plus, leur visage, déjà plutôt proches avant, se retrouvèrent plus proches encore... Mais la chose qui la surprit le plus, ce fut le sourire qu'elle vit s'afficher sur ses lèvres. Un sourire chaleureux. Quel étrange retournement de situation...

-En fait pour être honnête, je vous fait bien plus confiance qu'à nombre de mes "frères". Alors laissez moi vous poser une autre question. Ne regretterez vous pas de m'avoir sauver si je vous étrangle par exemple?

La corbeau sentit, alors qu'il se taisait, la main du Beorc se glisser doucement sur sa gorge, la faisant frémir, ses doigts se plaçant de façon adéquate afin de pouvoir l'étrangler sans peine. La jeune femme, loin de prendre peur, resta parfaitement tranquille, le regardant toujours droit dans les yeux, son souffle se mêlant presque au sien. Allait-elle regretter ? Elle se posa la question quelques instants, avant de finalement dire :

"Je ne pensais pas que gagner un tant soit peu de votre confiance dans la condition était possible... Et pour être tout aussi honnête que vous, je ne pense pas que je regretterais. Du moins, pas de vous avoir sauvé. Certes, votre acte serait regrettable, mais au moins, à mon sens, j'aurais fait quelque chose en accord avec ma façon de penser... De plus... Ne regretterez-vous pas de m'avoir étranglée alors que je vous ai sauvé ?"

Elle lui retournait la question avec un certain sérieux, malgré sa voix douce et calme... Puis son évocation de l'esclavage lui revint en mémoire, ainsi qu'un autre détail, qu'elle avait noté en le soignant. Un tatouage, ainsi qu'une marque, visiblement faite par un fer chauffé au rouge. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait une chose du genre. Lors d'une halte dans un village, il y a quelques années, elle avait déjà vu ça, sur une petite fille... Avait-il donc été esclave ? Il fallait croire que oui. Cela dit, elle ne comprenait pas vraiment le sens de sa question... C'est pourquoi elle répondit, d'une voix toujours aussi douce, dénotant cela dit d'une pointe de curiosité et d'incompréhension, ne bougeant pas d'un iota :

"En ce qui concerne l'esclavage, je dois vous avouer que mon opinion reste bien floue, dans la mesure où je n'y ait jamais été réellement confrontée... Mais une chose est certaine, que ce soit des Laguz ou des Beorc, c'est révoltant... Que ce soit la façon dont ils sont traités, ou encore ce qu'on leur fait faire... Avant de voir des mes propres yeux cela, je n'imaginais pas que tant de cruauté était possible... Une chose pareille ne devrait pas hésiter..."

Elle se tut, laissant échapper un léger soupire, un peu découragé. Elle ne savait guère si sa réponse lui convenait ou non, s'il en était satisfait... Et, après quelques instants, elle ajouta, d'une voix un peu plus triste :

"Dis comme cela, mes paroles sont bien naïves, vous ne trouvez pas ? C'est l'impression que j'en ai... Et c'est un peu décourageant..."

Disant cela, elle ferma les yeux, se mordillant légèrement la lèvre, alors qu'il était toujours aussi proche d'elle, son souffle la faisant frémir à chaque instants... Et, malgré sa main toujours contre son cou, elle lui demanda, sans pour autant rouvrir les yeux, pensive :

"D'après votre question, et ce que j'ai vu en m'évertuant à vous soigner, j'en ai déduis que vous fûtes esclave... Ai-je raison ?"

Encore sa main posée sur sa gorge, faisant légèrement frémir sa peau, sans pour autant qu'elle soit effrayée par lui. Aussi fou que cela puisse paraître, elle ne le craignait guère. Déjà, il n'était pas vraiment en état de se battre ou de lui faire du mal, même s'il le souhaitait. De plus, malgré la haine qu'il lui avait dit ressentir envers les créatures de sa race, elle doutait qu'il la tue, comme ça, sans raison apparente. Il était plus malin que cela, elle en était certaine. Du moins, elle l'espérait, tant pour elle que pour lui. D'ailleurs, à mesure qu'elle lui parlait et observait ses réactions, son visage, et surtout, son regard, elle se confortait dans l'idée que pour l'instant, il n'allait pas lui faire le moindre mal. Et justement, lorsqu'elle se tut, il se passa quelques instants, avant qu'il ne finisse par retirer sa main, tout en s'éloignant d'elle, établissant à nouveau une certaine distance entre eux.

-A vrai dire non, je ne regretterais pas de vous avoir étranglée, car jamais je ne le ferait. Aussi peu crédible que cela puisse paraitre, j'ai un sens de l'honneur très développé. Sachez que j'ai une dette envers vous et que je ne pourrais la rembourser que d'une seule manière, en donnant ma vie pour vous. Cela pourrait sembler archaïque et l'est certainement mais c'est un des rares principes que j'ai.

Eh bien, une nouvelle fois, elle en fut très surprise. Voilà une rencontre des plus intéressant et instructive. Déjà, il venait confirmer son intuition. Il ne comptait pas l'étrangler. Et pourquoi ? Car il disait avoir une dette envers elle. Une dette qui ne pourrait être remboursée au prix de sa vie. Pour la corbeau, c'était tout de même un peu exagéré. Elle ne lui en demandait pas tant, mais lui semblait être si convaincu qu'elle ne dit rien, affichant simplement un sourire, doux et empli de reconnaissance... Puis, elle vit un sourire s'afficher sur les lèvres du Beorc. Léger, certes, mais tout de même existant. Puis à nouveau, quelques mots furent dits. Pour lui, tout dépendait de la façon dont on voyait les choses, selon que l'on soit né libre ou non. Elle rejoignait se point de vue, manifestant sa pensée par un léger hochement de tête... Puis, il ajouta que ses paroles n'étaient pas si naïves que ça, mais plutôt idéalistes. Elle s'en doutait bien, et cette idée, autant pour elle que pour lui, apparemment, n'était de loin pas réjouissante...

En effet, un semblait bien sombre, à présent. Était-ce à cause des questions de la Laguz ? C'était fort possible. Après tout, la tournure de leur discussion n'était guère joyeuse et ne prêtait pas vraiment à sourire, encore moins à rire. D'ailleurs, Maleen aussi, et ce bien malgré elle, affichait à présent un air triste mélancolique... Une expression morose qui s'accentua plus encore lorsqu'il parla à nouveau... Il confirmait sa triste intuition. Il avait donc bien été esclave, et ce, depuis sa naissance... Rien qu'en l'observant, elle imaginait combien cette vie, si vraiment on pouvait nommer cela de la sorte, avait du être accablante et pénible... Voilà une chose bien horrible que l'esclavage... Si seulement une chose aussi odieuse pouvait ne pas exister... Mais cela tenait du domaine de l'utopie, elle s'en doutait bien, malheureusement...

Voilà sûrement la plus surprenante des rencontres qu'elle ait fait depuis qu'elle s'était retrouvée exilée de chez elle... Pourtant, d'après ce qu'il lui avait dit, l'ambiance devrait être tendue, mais elle ne l'était guère. Plutôt maussade, en fait... C'est alors qu'il parla à nouveau. Des paroles qui arrachèrent à la jeune femme un sourire, malheureusement triste :

-Votre rencontre me pose bien des problèmes... Déjà vous me sauvez, ensuite vous me donnez des réponse honnêtes et remarquables d'une certaine manière. Et enfin alors que je suis censé détester votre race, je réalise que je vous apprécie bien plus qu'un certain nombre de connaissance.

Elle était flattée, certes, mais elle n'était plus d'humeur à être joyeuse, tout à coup. Sans savoir pourquoi, peut-être bien bêtement, elle s'était laissée un peu influencer par ce qui venait de dire, son moral en pâtissant quelque peu.... Puis elle le vit se déplacer un peu, pour s'adosser à un arbre, les yeux fermés. A vrai dire, plus elle le regardait, et plus elle avait envie de comprendre quel pouvait être l'effroyable peine qui semblait s'emparer de lui... Alors, tout doucement, elle se rapprocha un peu plus de lui, s'asseyant simplement à côté de lui, tout en restant de face, l'observant...

Un léger soupir, doux comme une plume de duvet, s'échappa des lèvres de la belle, avant que doucement, sans hésitation, elle ne tende le bras vers lui, et, du bout des doigts, n'essuie les quelques larmes qui avaient roulées sur ses joues, pour ensuite reposer sa main sur sa propre cuisse, caressant légèrement le cuir de sa tenue, avant de dire, d'une voix douce :

"Pour être franche, je vous apprécie également. Je ne saurais dire pourquoi, mais c'est ainsi. Peut-être est-ce ma raison qui s'avère défaillante, mais j'en doute..."

Puis, à nouveau, le silence... Que dire de plus ? Elle ne le savait guère. De plus, elle doutait que continuer à le questionner donne quelque chose de probant. Pourtant, elle ne savait guère que dire de plus. Alors, prenant le risque de ne point obtenir de réponse, elle reprit, toujours de cette voix douce et agréable :

"Plus je vous regarde, et plus j'ai l'impression que le malheur qui est le votre est terrible... C'est idiot, mais vous voir ainsi m'affecte sincèrement... Cela dit, je n'ai guère l'intention de vous questionner à ce propos, sachant qu'il n'est jamais agréable de parler de ce genre de choses..."

Assise plutôt proche de lui, c'était un fait, Maleen le regardait toujours, agenouillée, ses mains posées sur ses cuisses, à la fois emplie de compassion et de peine, peine qui était causée par cette solitude et cette douleur qu'il lui avait semblé débusquer chez lui. Lui qui avait fini par s'adosser à un arbre, les paupières closes, soupirant doucement. Il ne devait pas être aisé pour lui de se tenir ainsi sans soutien, du fait de ses blessures, plutôt nombreuses et graves. Blessures qu'elle s'était évertuées à panser, avec grand peine d'ailleurs. Enfin, pour l'heure, ce qui l'intriguait, c'était la raison des larmes qu'elle avait vues couler sur ses joues, et qu'elle s'était empressée d'essuyer, avec douceur. Elle ne l'imaginait pas pleurer, avait dire, mais de toute évidence, à moins que ce soit involontaire, elle se trompait... Enfin, qu'importe, ce n'était pas comme si elle jugeait qu'un homme, quel qu'il soit, ne devait pas pleurer, loin de là. Dans une certaine mesure, pleurer faisait souvent plus de bien que de mal, quoi qu'elle-même ne se rappelait pas avoir pleurer depuis des années. C'était étrange, sachant que la simple pensée de Kaen l'émouvait foncièrement, quoi que depuis quelques semaines, c'était de moins en moins fort...

Et, alors qu'elle parlait, lui dévoilant donc ce qu'elle pensait de lui, à savoir, qu'elle l'appréciait et lui portait une certaine confiance malgré les tristes circonstances de leur rencontre, elle l'entendit simplement soupirer, alors qu'il gardait les paupières résolument closes. Quelque chose n'allait pas ? Elle ne saurait le dire. Son visage était plutôt calme, actuellement, ou presque. Du moins, elle ne voyait pas grand chose pouvant l'aiguiller sur ce qu'il ressentait en cet instant. En fait, peut-être que oui. Elle avait l'impression qu'il était un peu ennuyé. Peut-être à cause d'un bref froncement de sourcils, ou autre chose. Dans tous les cas, elle ne connaissait pas la source de cet ennui, mais d'après ce qu'il venait de lui dire, elle ne devait pas en être la cause, ou du moins, l'espérait...

-Non, vous n'avez pas la raison défaillante, j'en sais quelque chose. Je dirais plutôt que vous êtes une personne généreuse et honnête. Contrairement à certains vous n'avez pas fermé votre cœur.

En l'entendant, la Laguz pencha légèrement la tête sur le côté, alors que lui n'avait pas bougé d'un pouce, les yeux toujours fermés, son corps toujours si immobile. Seule sa chevelure se mouvait légèrement, à cause de l'action d'une légère brise, qui s'amusait à soulever quelques mèches, appartenant tant à la jeune femme qu'au blessé... Pour en revenir à ses paroles, la demoiselle était plutôt flattée par ses dires. Mais aussi surprise. Car elle était presque certaine que son "certains" le visait lui-même. Avait-il donc réellement fermé son coeur comme il le prétendait ? Elle ne saurait le dire avec certitude, mais elle avait tout de même l'impression qu'il était sérieux... Pourtant, ses dires respiraient la sincérité... Quel dommage...

Puis il reprit :

-Nous avons tous notre malheur, la notion de terrible varie en fonction de ce que l'on a vécu. C'est ce qui fait de nous des monstres. Par exemple je pourrais voir un village bruler et ses habitants mourir de façon horrible, je ne broncherais pas, je ne ressentirais qu'un petit pincement au cœur. Mais détrompez vous, parler de ce genre de chose soulage toujours même si sur le coups cela est douloureux...

Voilà des révélations bien tristes à entendre. Pour atteindre un tel niveau d'insensibilité, il devait avoir vécu des choses vraiment terribles, du moins, c'était ce qu'elle se disait. La corbeau, au contraire, ferait tout pour aider ces pauvres gens, car comme il l'avait dit, elle était généreuse. Et ne pouvait supporter de voir autrui souffrir... Et cela valait aussi pour lui...

C'est pourquoi, affichant un léger sourire, peut-être un peu absent, la Laguz déposa un regard à la fois doux et triste sur lui, et dit, caressant longuement une mèche de cheveux ébène :

-Vous avez raison... Malgré tout... Vos paroles sont bien tristes, Ishtar... Et à présent, bien malgré moi, je me demande ce qui à pu vous pousser à fermer votre coeur, à tel point que la mort de plusieurs de vos semblables ne puisse guère vous arracher plus qu'un pincement au coeur...

C'était tout ce qu'elle avait à dire pour l'heure. Peut-être était-elle trop curieuse et s'en mordrait les doigts, ou peut-être pas... Seul le temps et son interlocuteur sauraient lui donner la réponse...

-Une fois de plus, je ne vous oblige à rien, après tout, nous ne sommes que deux inconnus réunis par le hasard du destin... Libre à vous de parlez ou de vous taire... Dans tous les cas, je ne vous en voudrais guère...

Son visage... Son visage, sûrement malgré lui, trahissait certaines de ses pensées, certaines de ses émotions. Et cela faisait maintenant un certain temps qu'elle l'observait, avec attention, son regard toujours doux, compatissant, parfois mélancolique... En y réfléchissant, elle avait le don de faire des rencontres plus qu'étranges. Cela mettait un peu d'entrain et d'intérêt dans cette vie qu'elle trouvait de plus en plus ennuyeuse... Vivre sans but n'était guère ce qu'il y avait de plus intéressant, comme vie. Et même si elle était libre, en apparence, elle se retrouvait prisonnière de sa solitude et des souvenirs du passé. Des souvenirs qui peu à peu, commençaient à se ternir, bien malgré elle. Elle ne voulait pas l'oublier, mais elle ne pouvait vivre éternellement avec le souvenir de son amour perdu. C'était bien trop dur, et souffrir, alors que ce n'était plus nécessaire, elle ne le voulait plus. Plus jamais. Mais la Lguz savait qu'un tel souhait ne pouvait être exaucé. La vie était faite de bonheurs et de souffrances. C'était ainsi, elle le savait pertinemment. Conclusion qui la fit soupirer doucement, ses lèvres légèrement entrouvertes...

Son regard, soudainement, aperçu sur le visage du Beorc une très brève expression qui la surprit et l'intrigua. De la haine ? Cela y ressemblait. Elle l'avait malheureusement déjà vu, ce sentiment, lorsqu'elle s'était retrouvée face à un homme haïssant les Laguz comme elle. D'ailleurs, maintenant qu'elle y repensait, elle n'avait pas vu une telle chose dans le regard d'Ishtar, du moins, pas avec tant d'agressivité... Enfin, son visage avait reprit une expression plus ou moins neutre. Elle, elle gardait son regard déposé sur lui, doux, malgré la tristesse qui pouvait être ressentie en cet instant...

Puis il finit par lui parler, sa voix se faisant calme, mais aussi triste. De toute évidence, ce qu'il allait lui dire n'était guère joyeux...

-J'ai vu tous ceux que j'aimais ce faire tuer quand j'étais esclave et que j'ai fuit, cela m'a profondé-ment écœuré du genre humain et explique en partie mon impassibilité face aux massacres. Puis la seule personne que j'ai aimé plus que tout par la suite et morte dans mes bras, assassiné... Mais je dois vous remercier de m'écouter en plus de m'avoir sauvé...

Puis il se tut, et fit une chose à laquelle elle ne s'attendait absolument pas. En effet, doucement, il glissa ses mains sur son visage, et l'embrassa, avec douceur et langueur, durant quelques instants, avant de la relâcher, et de reprendre, comme si de rien était :

-Mais assez parlé, vous en savez plus que n'importe qui d'encore vivant Maleen. Et je ne sais rien sur vous.

Mais elle ne réagit pas, trop surprise par son geste. Elle ne s'était pas attendue à cela, et ce, pour plusieurs raisons. Déjà, même s'il disait lui être reconnaissant et l'appréciait, elle ne pensait pas qu'il ferait une telle chose; de plus, il n'y avait pas une raison particulière ni une ambiance réellement propice pour échanger un baiser aussi doux. Un baiser tout court, d'ailleurs... C'était surtout ce point qui l'intriguait, en fait. Et doucement, elle porta ses doigts fins à ses lèvres, les effleurant doucement, avant d'esquisser un vague sourire, ses joues rougissant bien malgré elle. Non pas qu'elle était gênée, quoi qu'un peu tout de même, juste surprise. Peut-être flattée, bien qu'elle n'y voyait pas vraiment de raison...

Puis doucement, elle se sortit de ses pensées et soupira, reposant ses prunelles noisette sur lui, réfléchissant quelque peu. Une fois ce temps de réflexion passé, elle finit par dire :

"C'est un fait, je n'ai que peu parlé de moi. Peut-être qu'inconsciemment, j'évite de le faire, pour oublier... La perte d'un être cher... Comme vous..."

Oui, sur ce fait, tous les deux avaient perdu quelqu'un qu'ils aimaient, quelqu'un qui était décédé dans leurs bras... Une bien malheureuse coïncidence... Et maintenant, qu'allait-elle pouvoir lui dire ? Elle ne le savait pas exactement... Doucement, la demoiselle laissa échapper un léger soupire, mélancolique, tandis que son regard exprimait une grande tristesse, mais aussi une certaine lassitude. Puis elle leva la tête, quittant le visage du Beorc, pensive, observant le ciel bleu entre les branches noueuses des arbres... Lentement, ses ailes s'étaient étendues quelques instants, plutôt majestueuses et belles, avant qu'elle ne les replie et dise, ses yeux se reposant sur lui :

"Que pourrais-je bien vous dire ? Cela doit bien faire.... 6 ou 7 ans que je voyage de par le monde... Plus par obligation que par choix, au final... Comment dire... Je... J'ai été exilée de chez moi car... J'était fiancée à... un Beorc... Chose très mal vu dans mon ancien village..."

Un autre soupire s'échappait de ses lèvres, lourd de lassitude, tandis qu'elle avait fermé les yeux, son expression devenue triste... Et après quelques minutes, elle rouvrit les yeux, et reprit, toujours avec la même émotion dans la voix :

"Beorc qui, comme vous l'avez peut-être compris, est mort, dans mes bras..."

Lorsque ces derniers mots franchirent ses lèvres, son regard se troubla, et elle ferma les yeux, ses cils sombres et longs, effleurant ses joues, tandis qu'une seule et unique larme roula doucement le long de sa joue... Une larme unique, la seule qu'elle ait jamais versée depuis bien des années...

Il la vit porter sa mains à ses lèvre, Elle avait vraiment été surprise par son geste et cela n'était guère surprenant. Après tout n'était-il pas censé détester les sous-humains? Sauf qu'à vrai dire elle lui avait sauvé la vie et qu'il ne la détestait pas mais l'appréciait plutôt. Il voyait le doute qu'elle éprouvait suite à sa question, ce qui n'était pas étonnant. Surtout lorsqu'il eu le droit au début de sa réponse.

"C'est un fait, je n'ai que peu parlé de moi. Peut-être qu'inconsciemment, j'évite de le faire, pour oublier... La perte d'un être cher... Comme vous..."

Alors comme ça elle aussi? Mais combien de personnes avaient perdus un être cher? Surement trop, ce monde était décidément bien pourri. Il en était à se demander quelle avait été l'utilité de la déesse si ce n'était de pousser les hommes à s'entre déchirer au nom du pouvoir. Le pouvoir, absurde désir et stupide quête de puissance, vaste mascarade à laquelle lui même se joignait dans le but d'accomplir sa vengeance. Avant de s'exprimer elle avait poussé un soupir puis leurs regards s'étaient de nouveau croisé. Tous les deux avaient perdu un être auquel il tenaient... sauf que dans le cas d'Ishtar cela allait au delà d'une seule personne.

"Que pourrais-je bien vous dire ? Cela doit bien faire.... 6 ou 7 ans que je voyage de par le monde... Plus par obligation que par choix, au final... Comment dire... Je... J'ai été exilée de chez moi car... J'étais fiancée à... un Beorc... Chose très mal vu dans mon ancien village..."

Décidément... Quelle absurdité, bannir quelqu'un pour une histoire d'amour qui ne convenait pas aux autre membres du village. D'un autre côté même si elle n'avait pas eu à partir, elle et son amant auraient du fuir au bout du compte, l'intolérance et la haine pouvant pousser à des extrémités, lui même le savait pour être le genre d'individu à agir dans les extrêmes. Il était loin d'être un saint au contraire. Comment réagirait-elle si elle savait les atrocité qu'il avait commis? Il balaya la question d'un revers de la main, celle ci n'avait en aucun cas lieux d'être.

"Beorc qui, comme vous l'avez peut-être compris, est mort, dans mes bras..."

Il avait bien trop de point commun, s'en était presque comique. De telles ressemblances pour deux êtres différents. Lui, concentré de violence, de rage et de haine; elle, concentré de douceur et de compassion. Elle, sous-humaine, lui humain. Tellement différents et pourtant. Il pouvait voir la tristesse au fond de ses yeux, même dans son corps la douleur se lisait. Ce n'était pas du tout la même chose que pour lui, la corbeau elle n'avait pas eu la chance de pouvoir se raccrocher à quelque chose. Ishtar avait pleuré de tout son soul, hurlé sa haine et sa rage envers le monde, envers la déesse et surtout envers les meurtriers. UN sentiment destructeur qui l'avait ironiquement sauvé de par sa nature belliqueuse. Un larme coulât le long de sa joue, clairement une des rares qu'elle avait laissé s'échapper.

-Je ne comprend que trop bien votre douleur.

Il se redressât, grimaçant à cause de ses plaies, certaine se rouvrir, laissant suinter un peu de sang mais il n'y fit pas attention. Une fois debout il fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant. Il prit la jeune fille par les épaules, le relevant elle aussi et l'enlaça avec douceur, lui caressant la tête d'une main attentionnée. Un geste particulièrement rare venant de sa part, un geste dont il n'aurait jamais gratifié une sous-humaine. IL ignorait la douleur de ses blessures alors que son corps protestait contre le traitement subit. Il s'exprima d'une voix douce.

-Ne retenez pas vos larmes, cela ne fait qu'accentuer la douleur qui étreint votre cœur.


[désolé c'est pas fameux]

Ces ressemblances entre eux deux étaient pour le moins malheureuses et désolantes. Se ressembler dans son malheur n'était pas forcément réjouissant, absolument pas. Mais c'était aussi ce qui les rapprochaient, eux, différents en bien des points. De part leurs origines, déjà, lui étant un Beorc et elle, une Laguz. Mais aussi de par leur façon de penser. Elle semblait bien plus douce et tolérante que lui, même si en cet instant, ils étaient bien proches tous les deux, lui n'ayant rien tenté de violent ou agressif à son encontre. Absolument rien. Bien au contraire, ils avaient parlé, chacun exposant son point de vue, le tout sans aucune agressivité. C'était si improbable, en sachant que lui n'aimait pas les créatures de la race de Maleen, les sous-humains, comme lui et tant d'autres les appelaient. Se sentait blessée en entendant cela ? Pas vraiment. Elle avait l'habitude, après tout. Ce n'était pas la première fois qu'elle était appelée de la sorte. Après tout, elle avait rencontré bien du monde, croisé bon nombre de personnes, souvent intolérantes face aux différence d'autrui, alors à présent, plus grand chose ne la touchait vraiment, du moins, pas les paroles des autres... La corbeau avait appris à faire avec, et s'en sortait plutôt bien...

A présent, un léger silence régnait tandis que la jeune femme s'était tue, baissant la tête en soupirant, une larme orpheline coulant sur sa joue si pâle. Larme rapidement effacée, chassée d'un revers de la main, tremblant quelque peu, cherchant malgré tout à garder son calme, ne rien montrer, absolument rien. C'est alors qu'elle l'entendit...

-Je ne comprend que trop bien votre douleur.

Elle ne rouvrit pas les yeux, hochant légèrement la tête. Pour une fois, elle savait qu'une personne comprenait réellement ce qu'elle ressentait, ou presque. Combien de fois avait-elle entendu ses paroles ? Elle ne le savait plus, mais jusqu'alors, jamais elle n'avait rencontré une personne ayant vécu quelque chose de si similaire à ce qu'elle avait vécu... Bien sûr, elle ne savait pas ce qui s'était passé pour lui en détails ni dans quelles circonstances, mais ce n'était pas important. Dans les fait, lui avait souffert comme elle, pour la même raison, et c'était suffisant pour les rapprocher, aussi improbable que cela soit...

C'est alors qu'elle l'entendit bouger, et, surprise, rouvrit les yeux, pour le voir debout devant elle. Elle afficha un aur inquiet, mais elle n'eut le temps de dire quoi que ce soit qu'il l'avait fait se relever, pour ensuite l'enlacer, avec une grande douceur, caressant sa chevelure d'une main. Surprise, Maleen se figea, fermant à nouveau les yeux, tandis qu'il reprit la parole, sa voix elle aussi se faisant douce :

-Ne retenez pas vos larmes, cela ne fait qu'accentuer la douleur qui étreint votre cœur.

Il avait raison, cent fois raison. Mais elle avait tout de même assez pleuré comme ça... Cela dit, la belle était touchée par ce geste envers elle, même si en cet instant, il avait agravé son état... Alors, doucement, ses propres bras vinrent légèrement enlacer le dos de l'homme, sans serrer, histoire de ne pas lui faire de mal, et son visage vint se nicher dans son cou, son souffle chaud caressant son cou, avant qu'elle ne dise :

"J'ai déjà trop pleuré, vous savez... Je crains fort que me remettre à pleurer aujourd'hui ne m'aide guère... Cela dit... Merci..."

Elle était sincèrement touchée par ce geste, geste dont elle ne l'aurait pas crû capable, à vrai dire... Et, bien malgré elle et ses paroles, une larme, puis une seconde s'échappèrent, coulant sur la peau du Beorc, alors que de légers sanglots se faisaient entendre... C'était finalement bien compliqué de se retenir, alors qu'on lui demandait de se laisser aller... Ses légèrs pleurs durèrent quelque minutes, 5 tout au plus, avant qu'elle ne finisse par se calmer, soupirant doucement, tout en relevant la tête, son visage proche du sien, son regard plongé dans celui d'Ishtar...

"Ne devriez-vous pas plutôt vous asseoir ? Je me doute que vos blessures vous font souffrir... De plus, je me sentirais coupable si votre état s'aggravait... Et même si cette étreinte est aussi improbable qu'agréable, mieux vaudrait vous rasseoir... Qu'en pensez-vous ?"

Il sentait le corps de la sous-humaine collé contre lui, ses bras l'enlaçant avec douceur de peur d'aggraver son état. Mais cela n'était plus possible à moins que lui même ne se décide à faire des effort inconsidérés et, i n'en avait aucunement l'intention, cela aurait été assez stupide à vrai dire bien qu'il n'appréciait guère ce genre de situation. La souffle chaud de la corbeau effleurait la peau de son cou, son visage collé contre ce dernier. Il pouvait aisément ressentir la respiration de cette dernière.
Mais que lui avait-il pris? Non, que lui prenait-il? IL réconfortait un sous-humaine lui qui était censé haïr ces êtres... Mais elle il ne la haïssait pas, comment détester une personne avec une telle bonté? En cet instant l'être qu'il méprisait le plus n'était autre que lui, comment avait-il pu s'égarer sur le chemin de la haine, de la violence et de la cruauté? Il avait déjà la réponse, c'était sa seule option pour pouvoir se venger, non, pour pouvoir survivre et avancer. L'espace d'un instant sa mâchoire se contracta avant qu'il ne se reprenne, la sous-humaine toujours contre lui. Après tout, ne lui devait-il pas la vie? Puis avant d'être une corbeau, elle était une femme, le genre de femme particulièrement désirable devait-il reconnaitre... N'eut-ce été les ailes qu'elle arborait.

"J'ai déjà trop pleuré, vous savez... Je crains fort que me remettre à pleurer aujourd'hui ne m'aide guère... Cela dit... Merci..."

Elle avait déjà trop pleuré? Que c'était comique, lui n'avait versé des larmes qu'une seule fois; une seule et unique fois, pour ensuite se livrer à la haine. Son esprit et son cœur se consumaient depuis dans la rage et brulaient du désir de vengeance, il n'était plus qualifiable d'être humain. Quoi qu'en vérité il n'en était que trop humaine, le parfait exemple de tout ce que pouvait produire l'homme dans tout son misérabilisme. Il n'avait plus de place en lui pour la désespoir, pour pouvoir venger celle qu'il aimait il devait se faire insensible. IL utiliserait des méthode pires que les meurtrier pour les débusquer, pour les faire venir à lui s'il ne pouvait les trouver, il continuerait à s'enfoncer dans le chemin pavé de ténèbres et de solitude. Un homme seul accompagné d'un esprit sans autre but que d'observer les actes de son protégé. Ainsi étaient Lamya et Ishtar, un chevalier déchu et une entité déchu. Un duo mortel que rien n'arrêterait.
Alors qu'il s'égarait ainsi quelque chose le fit revenir à lui. Elle pleurait, son corps secoué de sanglot tandis que le cou d'Ishtar était à présent mouillé par ses larmes. Il lui tapota le dos distraitement, ne sachant que faire. Si il y avait bien une chose à laquelle il n'avait jamais été préparé c'était bien cela. Lui dont le cœur était un désert vide de compassion lui semblait-il jusqu'à présent tenait dans ses bras un sous-humaine souffrant de la mort de l'être aimé. Une voix à l'accent amusé résonna dans son esprit.

*Alors comme ça on réconforte une personne dont on déteste le peuple?
-Tout n'est pas si simple Lamya.
-T'en as mis du temps pour le réaliser ça...*

Il ne chercha pas à continuer de parler avec elle, il n'en avait pas envie. D'ailleurs à présent la corbeau avait arrêté de pleurer et à présent ses yeux le fixait. il lui rendit son regard avant de détourner le tête quelque peu gêné.

"Ne devriez-vous pas plutôt vous asseoir ? Je me doute que vos blessures vous font souffrir... De plus, je me sentirais coupable si votre état s'aggravait... Et même si cette étreinte est aussi improbable qu'agréable, mieux vaudrait vous rasseoir... Qu'en pensez-vous ?"

En effet, ses blessures étaient douloureuse mais cela n'était pas particulièrement douloureux, il avait appris à s'habituer à la douleur. Et si celle ci était bien présent à présent il n'avait plus rien à craindre au contraire, s'activer un peu avait certes rouvert certaines plaies mais il n'aurait pu rester sans rien faire. S'animer quelque peu faisait remonter en lui un regain d'énergie

-Ne vous inquiétez pas pour moi, si quelques blessures devaient m'empêcher de m'agiter je serait mort depuis longtemps. Et au contraire faire un peu d'effort m'a fait plus de bien que de mal. Même si cela ne peux pas vraiment être qualifié d'effort.

Il lui accorda alors un sourire. Sa main effleura alors le visage de la laguz, caressant sa joue avec douceur tandis qu'une question dépassa ses simples pensées.

-Pourquoi?

C'était assez déroutant, cette situation. Lui haïssait les Laguz, elle l'avait deviné et compris lors de leur précédente dicussion. Elle au contraire, ne faisait que peu de distinction entre les races et les origines, n'y étant que peu, voir pas attachée lorsqu'il s'agissait de considérer ou juger quelqu'un. D'ailleurs, il était bien rare qu'elle juge qui que ce soit. Ce n'ltait pas son genre. Vraiment. Y compris avec lui. Lui, cet homme étrange qu'elle avait trouvé à moitié mort, gisant sur le sol, baugnant dans son sang. Si elle était arrivée plus tard, il serait sûrement mort à l'heure qu'il est. Heureusement qu'elle avait pu trouver de quoi le soigner et lui faire des bandages. Cela dit, en ce moment, il aggravait ses blessures plus qu'autre chose, même si ce geste était fort réconfortant et agréable pour elle. Une étreinte à laquelle elle ne s'était absolument pas attendue, compte tenu de la situation et de leur discussion. Pourtant, c'était bel et bien le cas. Il la tenait entre ses bras, tentant quelques paroles pour la réconforter. C'était un tantinet maladroit, mais elle avait été touchée et émue par ce geste qui n'était pas forcément nécessaire, mais pourtant bienvenu...

Après quelques instants, elle avait réussi à calmer ses larmes, son souffle reprenant lentement son calme, tandis que son regard noisette, étrangement presque fauve, était planté dans celui de son interlocuteur, qui finit par détourner les yeux, comme gêné. Maleen en fut pour le moins surprise, haussant un sourcil, mais ne fit aucune remarque à ce propos... Elle lui dit quelque mots, ne voulant pas non plus qu'il aggrave son état pour elle, mais compte tenu de ce qu'il répondit, cela n'avait pas l'air de le déranger :

-Ne vous inquiétez pas pour moi si quelques blessures devaient m'empêcher de m'agiter, je serais mort depuis longtemps... Et au contraire faire un peu d'effort m'a fait plus de bien que de mal. Même si cela ne peut pas vraiment être qualifié d'effort.

Par conter, elle ne comprenait pas vraiment en quoi cel avait pu lui faire du bien, à vrai dire. Surtout qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir fait quelque chose de particulier. Et, alors qu'elle allait l'interroger à ce sujet, il lui sourit doucement, caressant d'une main sa joue, démontrant une certaine douceur. Puis un mot s'échappa d'entre ses lèvres. Simple mais intriguant :

-Pourquoi ?

De quoi parlait-il donc ? Elle ne comprenait pas vraiment, pour être sincère, et cela se remarquait aisément sur son visage, son expression devenue surprise, intriguée. Et, ces paroles suivant ses pensées, elle demanda :

-Pourquoi quoi ? Je ne vois pas vraiment de quoi vous voulez parler...

Puis elle se tut, fermant les yeux quelques instants, pensive, se mordillant inconsciemment la lèvre inférieure, y passant ensuite sa langue, lentement. Et, après une petite dizaine de minutes, elle rouvrit les yeux, pour ensuite dire, d'une voix un tantinet hésitante, tout en restant douce :

-Si c'est à propos de cette étreinte, hé bien... Je me sens réconfortée et rassurée ainsi. Ca n'a peut-être pas vraiment de sens pour vous, mais c'est agréable et reposant... Je vous apprécie sincèrement...

Sa voix s'attenua doucement et elle finit par se taire totalement. S'il ne parlait pas de cela, elle en avait peut-être trop dit. Elle prit une mine un peu gênée, puis soupira, pour finalement reprendre :

-Autrement, il va falloir vous montrer un peu plus clair dans vos propos...

Cela dit, elle lui sourit, sa main droite remontant sur le bras de l'homme blessé, s'arrêtant non-loin de son épaule, tandis qu'elle avait toujours son regard plongé dans le sien...