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 Oerdhall Okaeliath [Finish]

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❝ Oerdhall Okaeliath ❞
Oerdhall OkaeliathLaguz


Messages : 66

Feuille de personnage
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MessageSujet: Oerdhall Okaeliath [Finish]   Oerdhall Okaeliath [Finish] I_icon_minitimeSam 17 Déc - 21:02

Oerdhall Okaeliath

Oerdhall Okaeliath [Finish] Oerdha16
    NOM : Okaeliath
    PRÉNOM : Oerdhall
    SURNOM : Cela dépend de ce que vous verrez en elle...
    ÂGE : 40 ans
    SEXE : Féminin
    RACE : Laguz Corbeau (Déchue)
    PEUPLE/CLASSE : Disciple
    PAYS D'ORIGINE : Kilvas

Psychologie.

On dit que le caractère d'une personne se forge dans les épreuves, et cela fut rarement aussi vrai qu'avec Oerdhall. En quarante ans de vie, elle a eu l'occasion de voir ce que chaque race pouvait avoir de pire, mais aussi de mieux... De fait, elle ne fait pas preuve de racisme, et ce malgré les choses qu'elle a pût endurer.
Plus de vingt années d'esclavage aurait pu pousser beaucoup de Beorcs à une haine pure et simple... Pas Oerdhall. C'est une femme qui a la tête sur les épaules, et elle a su reconnaître que tous les Beorcs n'étaient pas à l'origine de son enfermement, puisque ce furent des Beorcs qui la délivrèrent. Son sentiment reste cependant mitigé envers cette race, autant qu'envers la sienne. En effet, si elle reconnait que son idiotie méritait le rejet de ses pairs, elle ne digère pas encore que les autres Laguz la marginalise pour son statut de déchue, qu'elle n'a absolument pas désiré.
Son idiotie...Oerdhall ne se considère pas comme quelqu'un de particulièrement futé, en témoigne les différentes erreurs qu'elle a pu faire. Des erreurs qui condamnèrent bien plus que sa seule vie... Suivre son frère, tuer son fils, tout cela, elle s'en veut encore, et elle a du mal à confronter sa culpabilité... Lâche ? probablement. Mais qui ne le serait pas en de telles circonstances ?
L'oiselle est d'un caractère morose, ne se laissant que peu facilement aller à l'espoir. Elle ne croit en rien qui se rapproche du destin ou de la chance, et n'a foi qu'en ses capacités à se sortir du pétrin, et même ainsi elle doute facilement d'elle-même... Mais elle a résolu de ne plus jamais se résigner. Si elle conserve de l'espoir dans une situation critique, ce n'est qu'en se forçant, jamais naturellement.
Elle a en outre une conscience aiguë de ce que la mort peut signifier. La fin d'une vie, la tristesse que cette fin peut engendrer, mais aussi sa nécessité, parfois, son inéluctabilité. Elle ne se voile plus la face depuis longtemps : Le monde est sale, et on ne peut pas s'en sortir simplement avec de grands idéaux ou avec de la patience et de l'espoir. Il faut agir si l'on veut quelque chose, même si ce quelque chose n'est que le bonheur des autres...
Par corollaire, il serait malavisé de dire qu'Oerdhall ne pense que pour elle-même. Les épreuves qu'elle a traversé lui ont appris à se soucier des autres comme d'elle-même, et elle est étreinte d'un désir ardent d'aider les autres, en particulier ceux qui ne peuvent pas s'aider eux-même, comme ce fut son cas à une époque. Elle abhorre par dessus tout l'esclavagisme, et c'est facilement compréhensible de sa part.
Après sa libération, Oerdhall à développé une certaine forme de claustrophobie : Elle ne supporte absolument pas le moindre lien, les pièces closes l'effraient et elle ne supporte que difficilement qu'on lui donne des ordres. Elle a besoin de se sentir libre, sinon elle s'en rend malade.
Ombrageuse, la déchue a une très nette tendance à la mélancolie et aux sautes d'humeur intempestives. Elle a la tête sur les épaules, mais elle n'est pas stable pour autant, se perdant souvent dans ses réflexions et ses regrets, ou bondissant parfois, scandalisée, sans qu'on ne sache vraiment pourquoi.
Quelque part, elle se demande si elle reverra un jour son frère, même si elle n'y croit plus trop. Mais qui sait ? Si elle le croise un jour... Nul doute qu'ils auront beaucoup de choses à se dire, et pas forcément en bien, mais ces non-dits, un peu forcés par les circonstances, ont tendance à empoisonner la jeune femme.
Pour finir sur une note totalement différente, Oerdhall à toujours été attirée par le clinquant et les choses brillantes et jolies. Le fait qu'elles soient précieuses ne l'affecte absolument pas, c'est simplement dans sa nature : Si ça brille, elle a tendance à trouver ça beau. Cela ne l'empêche pas d'apprécier la beauté simple cela dit, et si elle aime le clinquant, elle préfère généralement rester discrète.


Physiologie.

Un plumage noir, des cheveux noirs, une peau pâle et de petits yeux jaunes vicieux, tel est souvent l'image que la plupart des Beorcs entretiennent pour cette race de Laguz particulière qu'est celle des Corbeaux. Et pourtant, tous ne sont pas fidèles à cet archétype. Il suffit pour s'en rendre compte de poser les yeux sur Oerdhall.
Certes, les ailes qui ornent son dos sont d'un noir plus sombre que celui d'une nuit sans lune. Ses plumes, lustrées, semblent absorber la lumière environnante... Mais tous les corbeaux ont les ailes noires, même les simples animaux. Et pourtant, lorsqu'on s'écarte un peu de cet attribut particulier de la jeune femme, on peut se rendre compte que sa similitude avec le corbeau moyen s’arrête ici.
En effet, qui peut se targuer d'avoir une chevelure aussi blanche et aussi pure que celle d'Oerdhall ? Peu de gens en vérité, même si les exceptions existent partout. La chevelure de la disciple tombe assez bas puisqu'elle atteint sans peine ses genoux en une longue cascade très raide. Elle les laisses souvent couler dans son dos, mais apprécie tout de même 'avoir le regard dégagé... Aussi a-t-elle coupé sa frange juste au dessus des yeux et se sert-elle d'une mèche partant de la base de sa nuque comme d'un bandeau tressé, de manière à ce que les pans de chevelure plus longs ne viennent pas se fourrer devant son regard.
Parlons-en d'ailleurs, de ses yeux... Deux billes lavandes, de grands yeux qui semblent en avoir vu plus qu'ils n'auraient dû. Lorsque ses mauvais souvenirs lui reviennent en tête, leur couleur s'assombrit pour arborer une teinte plus proche du mauve. Ce regard n'est que l'élément le plus remarquable de son visage, par ailleurs assez ordinaire : Joli sans être celui d'une top modèle, il semble tout juste sortir de l'adolescence, et on pourrait sans peine lui donner une vingtaine d'années dans les standards humains. Barré d'un nez fin et de lèvres légèrement charnues, il est encadré de deux oreilles pointues caractéristiques de sa race.
Si nous reculons encore un peu notre point de vue, nous pouvons également nous rendre compte d'autre chose. Oerdhall n'est pas très grande, n'excédant pas le mètre soixante-cinq, blâmant pour cela le faible apport en protéines dont elle a pu bénéficier au cours de son adolescence. Son corps n'a jamais été très épais, plus taillé pour la précision et la souplesse que pour la force brute, et elle n'a jamais disposé d'une grande force physique. Il n'en est pas de même pour sa rapidité, puisqu'elle a souvent été capable de réagir plus vite que beaucoup de gens. Si elle peut piquer des sprints assez impressionnants, il faut noter qu'elle ne possède pas une grande endurance et qu'elle ne soutient que difficilement les efforts prolongés.
Si l'on s'attarde un peu aux détails de son corps nu, on peut constater la présence sur le bas de son ventre de fines cicatrices d'un blanc légèrement plus pâle que le reste de sa peau, indiquant qu'elle a porté un enfant. Pour le reste, ses hanches sont peut-être un peu trop fines, et sa poitrine, si elle n'est pas plate, reste tout de même plutôt menue. Ses membres sont fins et longs et ses articulations souples, un nouvel atout lorsqu'il s'agit d'aller vite ou d'effectuer une action précise. On peut également noter qu'Oerdhall est particulièrement habile de ses doigts. Outre les fines lignes blanches sur son bas-ventre, on peut noter la présence de cicatrices plus visibles sur son dos, là où le fouet a frappé trop souvent...
Il est inutile, tout de même, de préciser qu'elle n'arbore pas la tenue d’Ève en permanence ? L'oiselle aime les vêtements blancs. Par contraste avec ses ailes noires, par accord avec sa chevelure de neige, elle apprécie les tenues près du corps aux manches évasées, les jupes courtes et les pantalons serrés. Elle affectionne tout particulièrement les bottines de cuir, souples et solides à la fois, bien serrées autour des chevilles pour ne pas risquer de les perdre en plein vol.
Tiens, puisqu'on parle de vol... En tant que Laguz, Oerdhall n'a-t-elle pas une forme animale qu'il convient également de décrire ici ? Et bien non... Déchue depuis de longues années maintenant, la sentence des déesses s'est abattue sur elle et elle est devenue incapable de se transformer. Tristesse...


Biographie.

Kilvas, patrie des Corbeaux... Une petite île pourvue de peu de végétation mais d'un relief assez impressionnant, la famille d'Oerdhall vivait dans une grotte perchée assez haut dans une falaise. Bien sur, ce n'étaient pas des sauvages, et la "grotte" avait été construite et aménagée de manière à former une maison tout à fait correcte, avec des murs lisses, des pièces... La petite famille installée là haut ne différait en rien de n'importe quelle autre famille de corbeaux.
Une femme, un homme, et un fils... Tel était la famille d'Oerdhall lorsqu'elle vint au monde. Sa mère était une femme grande et élancée, dotée d'une chevelure qu'elle allait léguer à sa fille et de deux yeux d'un jaune perçant. Son mari aurait pu naître à l'autre bout du monde tant ils étaient différents : Petit, ses cheveux coupés courts étaient d'un noir aussi intense que celui de ses ailes, et ses yeux arboraient cette couleur lavande que l'on peut aujourd'hui voir dans le regard de sa fille.

Leur fils... Son visage fut la première chose que vit Oerdhall lorsqu'elle vint au monde. Le jour était levé, mais la maison était plongée dans les ténèbres en raison de son orientation sur la falaise, seulement éclairée par la lumière de quelques torches éparses. Toute la famille était réunie. Le père, qui tenait la main de sa femme en travail, la mine soucieuse, et le fils, qui faisait des allés-retour jusqu'à la rivière en contrebas pour ramener toujours de l'eau fraîche.

La grossesse avait été compliquée. Les corbeaux ne sont pas connus pour leur endurance... Et bien que la mère d'Oerdhall eut été en bonne santé pendant toute sa vie, elle fut victime d'une lourde maladie au cours de la gestation. Affaiblie par sa grossesse, elle avait tout de même fait de son mieux pour rester en vie. Elle voulait son enfant. Et elle n'avait jamais abandonné lorsqu'elle voulait quelque chose. Elle serrait la main de son mari, le front couvert de sueur... Lorsque finalement la nouvelle née poussa son premier cri, sa mère rendit son dernier soupire.
Ce fut Kwam, son frère, qui la prit dans ses bras malgré son chagrin pour laisser à son père le temps de pleurer la femme de sa vie. Ainsi, Oerdhall put découvrir le visage de son frère : Agé de dix années, il arborait des traits déjà taillés à la serpe, un nez aquilin, et il avait hérité de ses deux parents : La taille et les yeux, il les tenaient de sa mère. Les cheveux, de son père. Il avait le visage mouillé de larmes, mais il emporta tout de même la petite.

Elle n'avait pas à supporter la vision de sa mère tout juste décédée.

Par la suite, Kwam devint le grand frère le plus aimant qui puisse être. Profondément attaché à sa sœur, il y voyait le dernier héritage laissé par leur mère, et s'il était d'un caractère emporté il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il était content que sa mère ait pu mener son dernier projet à bien. Leur père, répondant au nom de Martellam, ne trouva jamais de nouvelle compagne. Lorsqu'il regardait ses enfants, il voyait en eux les héritages conjugués de lui-même et de sa femme, et si parfois les larmes lui montaient aux yeux, il aimait ce qu'elle lui avait laissé. Dévoué à sa famille, il était obligé de partir souvent pour leur chercher à manger, participant aux raids menés par les corbeaux sur les navires qui s'approchaient un peu trop de leurs côtes...

Kwam s'occupa beaucoup de sa sœur en vérité. Cette responsabilité, assumée très jeune, l'obligea à mûrir rapidement, et ce fut lui qui enseigna la parole à Oerdhall, la marche... Mais pas le vol, cette tâche bien trop dangereuse revenant à Martellam. Il ne voulait pas prendre le moindre risque avec sa progéniture.

Oerdhall grandissait... Lentement, mais surement. Elle s'accrochait facilement à son frère, comptait énormément sur lui, et lui vouait une confiance absolue et aveugle. Même lorsqu'il s'énervait, elle parvenait toujours à le calmer, même si beaucoup d'autres en étaient incapables. Le petit était cependant d'un caractère aventureux, prompt à défier l'autorité, et si dans un premier temps il s'assagit pour pouvoir s'occuper de sa sœur, il s'avéra très vite que lorsqu'elle fut capable de le suivre, il ne se priva pas de l'emmener là où il allait... Et ce n'était pas toujours les endroits les plus surs du monde.

Si au début, leurs excursions les menaient relativement proche de leur maison, Kwam insista bientôt pour les faire voler de plus en plus loin. Et bien sûr, Oerdhall le suivait... Elle ne pensait même pas que ce qu'ils faisaient était interdit. Elle se disait que c'était son grand frère et qu'il savait ce qu'il faisait, et elle le suivait tout simplement. Kwam était curieux, et un de ses jeux préférés était de suivre leur père lorsqu'il allait en raid contre les navires Beorcs.  Il voulait voir comment cela se passait, comment leur père leur apportait à manger, ce qu'il aurait à faire plus tard...

Oerdhall l'avait suivi, comme à son habitude, et ils avaient volé plus loin qu'à l'accoutumée, si bien qu'au bout d'une demi-journée à se dissimuler dans les hauts pics rocheux de Kilvas pour échapper à la vigilance de leur père, ils étaient enfin arrivés près de la mer. Pour Oerdhall, cela fut une expérience particulièrement éprouvante : Elle était épuisée d'avoir volé si longtemps à son jeune âge, puisqu'elle avait à peine une douzaine d'années et le corps chétif d'une enfant de six ans. Les muscles de ses ailes étaient endoloris, et elle était percluse de courbatures. Prudents, les deux enfants s'installèrent dans les fourrés pour observer la suite des événements.

Un navire approchait dangereusement de la côte, et tout deux savaient ce qui allait se passer : Les corbeaux allaient passer à l'attaque, piller, et repartir... Tel était le quotidien des oiseaux aux ailes noires.

Le ballet aérien fascina Oerdhall. Les oiseaux volaient avec une grande rapidité, leurs serres frappant, griffant, et emportant à chaque fois un nouveau butin. Des vivres, des objets de valeur dont les corbeaux ne s'occupaient que parce-qu'ils étaient jolis... Bientôt, le navire fut dépouillé de ses possessions et les adultes s'envolèrent pour regagner l'île, emportant leurs blessés et laissant les humains dépouillés derrière eux.

Cette assaut ne fut pas le seul auquel assistèrent les deux enfants. La fillette n'était pas sereine, mais elle suivait toujours son frère, en apprenant de plus en plus sur les humains qui partageaient le monde avec eux, bon gré mal gré. Kwam, pour sa part, entretenait une véritable fascination pour ce peuple étrange incapable de se débrouiller par lui-même, et plus il grandissait, plus il les trouvaient fascinants. Il voulait savoir comment ils compensaient leur faiblesse, comment ils avaient réussi à coloniser une bonne partie du territoire avec de si maigres capacités physiques, et même à mener la vie dur à certains Laguz...

Oerdhall avait une quinzaine d'années lorsque son frère décida de partir à la découverte du monde. D'un naturel inquiet, elle essaya de l'en dissuader. Elle voyait bien que même désavantagés, les Beorcs pouvaient parfois blesser les corbeaux qui les attaquaient sur la mer. Elle voyait également que son frère, s'il était son inébranlable soutien, restait un tout jeune oisillon, et elle mourrait de peur à l'idée qu'il lui arrive quelque chose... Mais comme Kwam le lui demanda, elle n'en parla pas à leur père. Pas même lorsqu'elle le surprit à préparer un balluchon au beau milieu de la nuit...

Lorsque ses yeux se posèrent sur la scène, son frère fourrant quelques vêtements dans un sac de toile, elle sentit son sang se glacer dans ses veines. Elle connaissait la curiosité insatiable de son frère. Sa détermination aussi. Elle savait qu'il ne renoncerait pas à partir, mais elle essaya tout de même de le retenir... L'idée de vivre dans une maison où son frère n'habitait plus lui était insupportable, pas plus que l'idée de se réveiller chaque matin avec la peur qu'il lui arrive quelque chose. Elle le supplia de rester avec elle, de ne pas aller sur le continent, mais s'il tenta de la rassurer, il ne revint pas sur sa décision. Alors Oerdhall décida de le suivre.

D'aussi loin qu'elle souvienne encore aujourd'hui, ce fut la seule fois où elle s’opposât réellement à son frère. Inquiet pour sa sœur, il refusa dans un premier temps qu'elle le suive. Mais elle était dos au mur, et il était hors de question de céder du terrain sur cette question : S'il partait, elle partait aussi, qu'il le veuille ou non. Et comme Kwam avait conscience qu'elle suivrait sa trace, même s'il partait en l'attachant à son lit... Il finit par accepter qu'elle l'accompagne, histoire de pouvoir garder un œil dessus.

C'est ainsi que deux corbeaux, à l'orée de leur adolescence, firent la plus grosse bêtise de leur vie : Ils partirent vers le continent, au beau milieu d'une nuit éclairée d'un brillant quart de lune, leurs ailes noires se fondant dans la voûte céleste.

Ils survolèrent Kilvas, volant droit vers la mer qui séparait l'île du continent. Ils faisaient des pauses régulièrement, prenant garde à se cacher pour ne pas se faire voir par d'éventuels couches-tard. Kwam ne tenait pas à ce que leur père ne les retienne. Ils firent également une longue pause en arrivant aux abords de l'étendue d'eau, car ils savaient que la traversée serait longue et qu'ils ne pourraient pas se reposer en cours de route. Finalement, ce fut à l'aurore qu'ils s'élancèrent vers Begnion, rasant la surface des eaux pour ne pas attirer l'attention... Cela faisait longtemps qu'Oerdhall n'avait pas eu les épaules aussi douloureuses. Ses ailes fatiguèrent, celles de Kwam également, et les deux jeunes oiseaux se soutenaient l'un l'autre pour réussir cette traversée éprouvante. Finalement, au bout d'un temps qui leur sembla infini, ils mirent pied sur les falaises qui bordaient le territoire humain.

Épuises, ils prirent à peine le temps de manger un morceau avant de sombrer dans l'inconscience d'un sommeil réparateur, sans prendre la peine de repérer les lieux, de voir si l'endroit était vraiment sur... Une insouciance qu'ils payèrent très cher, tous les deux.

Oerdhall fut réveillée par la sensation désagréable que peut procurer le bout d'une botte ferrée lorsqu'il s'enfonce dans votre estomac. Le souffle coupé, elle régurgita le maigre repas qu'elle avait pris avant de s'endormir. Encore dans les brumes du sommeil, il lui fallut un moment pour entendre la voix de son frère, et encore un peu plus pour comprendre ce qu'il essayait visiblement désespérément de lui dire.

- Enfuie-toi ! Vit...

Interrompu dans son cri par un violent coup de poing, la voix du jeune oiseau mourut dans un gargouillis inquiétant alors que la fillette sentait une corde épaisse et rêche se nouer sèchement autour de ses poignets et de ses ailes, l'immobilisant. Un coup à l'arrière de son crâne réduisit à néant son début de tentative de rébellion, et elle s'écroula, inconsciente, entre les bras des Beorcs qui les attachaient, elle et son frère.

Elle se réveilla plusieurs fois par la suite, mais jamais elle ne percevait quoi que ce soit de réellement probant.

Elle avait trop chaud, elle ne voyait absolument rien... Elle sentait un bandeau noué sur ses yeux, et un tissu épais et rêche la couvrait complètement. Elle avait l'esprit embrumé et elle se sentait lourde. Le sol remuait sous elle, cahotant et bringuebalant, et elle entendait non loin le "clac clac' régulier des sabots d'un cheval sur une terre maintes et maintes fois foulées. Elle ne reconnaissait pas ce son.

Elle avait froid, et l'odeur de l'air était celle de la nuit. Elle grelottait, enroulée autour d'elle-même, et elle dirait désespérément sur ses liens dans l'espoir de mettre ses mains au chaud, sans succès. Elle appelait faiblement son frère, mais il ne lui répondait jamais. Au moins, le sol était stable.

Elle pleurait. Quand elle se réveillait, et jusqu'à-ce qu'elle s'endorme. Elle avait faim, et on lui donnait a peine un peu de bouillon de temps en temps. Son ventre se tordait, et ses lèvres gercées lui faisaient mal...

Soudainement, elle fut saisie par les épaules par un inconnu apparemment costaud. Soulevée, balancée sur une épaule, elle était trop affaiblie pour chercher à se débattre, et ce malgré l'envie qu'elle en avait. Ils auraient dû rester à Kilvas... Ils n'avaient jamais faim, avec leur père. Oerdhall en voulait à son frère de l'avoir entraînée dans cette aventure. il n'était même pas avec elle pour la protéger... Elle entendait des voix, mais son esprit était encore englué dans le sommeil et elle ne comprenaient pas ce qu'ils disaient. Elle perçut néanmoins un bruit métallique, puis elle sentit l'épaule du gaillard se dérober sous elle et elle s'écrasa sur le sol dans un grognement lourd. Quelques mots furent encore échangés, puis une porte se claqua et on lui retira enfin son bandeau...

Elle put découvrir l'endroit où elle était.

L'endroit ne ressemblait en rien à quoi que ce soit qu'elle ait déjà vu auparavant. Les murs étaient hauts, certes, mais ils ne semblaient pas en pierre. Ils étaient couverts de quelque chose de plus doux, qui leur donnait une couleur rouge sombre inquiétante. L'endroit était plein de lames, accrochées un peu partout sur les murs. Son père en avait déjà ramenés de ses expéditions, et elle savait que les humains s'en servaient pour se battre. Elle l'avait déjà vu lorsqu'elle espionnait les raids avec Kwam. La pièce contenait également quelques fauteuils qui paraissaient confortables, et un feu flambait joyeusement contre le mur du fond, dans un foyer vaste.

Le feu attirait Oerdhall, qui était frigorifiée jusqu'à l'os. Elle voulut s'en approcher, mais elle n'arrivait même pas à se relever, ses jambes étaient toujours entravées. Elle entendit un sifflement au dessus de sa tête et elle releva les yeux pour constater que le Beorc qui était resté avec elle la regardait avec pitié. D'un coup de sa lame, il trancha les liens qui la retenaient encore, et elle se précipita immédiatement près du feu pour se réchauffer. Le regard de l'étranger se fit amusé.

- Et bien, en voila au moins une qui n'essaye pas de s'enfuir... Quel est ton nom ?

Alors qu'il parlait, la Laguz se blottissait devant le feu, remuant les ailes pour les dégourdir. Elle n'avait pas l'habitude de rester immobile aussi longtemps, et ses muscles la tiraient. En tout cas, elle éprouvait un sentiment mitigé envers la personne qui l'avait détachée : Le beorc l'inquiétait fondamentalement, et il avait une attitude qui ne lui plaisait pas trop, mais il l'avait détachée... Il était peut-être gentil, au fond ? Peut-être qu'il la laisserait retrouver son frère et son père... A cette pensée, elle sentit son petit cœur se gonfler d'espoir.

- Je m'appelles Oerdhall... Où est mon frère ?

Il le savait peut-être... Elle ne l'avait plus entendu depuis qu'on l'avais assommée la première fois, et elle était morte d'inquiétude. Et si on l'avait lui aussi empêché de voler pendant longtemps ? Elle avait vu qu'on lui avait donné un coup. Et s'il était sérieusement blessé ? Ces questions la rongeaient, mais l'étranger semblait n'y porter que peu d'attention. Il secoua légèrement la tête.

- Peu m'importe ton frère, aujourd'hui tu est à moi. Tu viens de m'être vendue... Tu réalise ce que cela signifie ?

La gamine secoua la tête, troublée. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il voulait dire, et elle ne voyait pas contre quoi on aurait pu échanger sa vie... Chez elle, c'était le troc qui était pratiqué, et elle ne voyait rien qui puisse avoir la même valeur qu'une vie Laguz. Elle ne comprenait donc absolument pas ce que l'homme entendait par "vendue", et encore moins ce que cela impliquait. Leur père les avaient tenus soigneusement éloignés de la culture Beorc, malgré les escapades de ses enfants, et elle n'avait aucune idée de ce qu'était l'esclavage. L'inconnu soupira.

- Cela signifie que tu m'appartient. Ta vie m'appartient, et tu devras obéir à mes ordres jusqu'à ta mort, est-ce bien claire ?

Oerdhall secoua encore la tête. La seule personne à laquelle elle devait obéir, c'était son père, et cet homme n'était manifestement pas son père. Elle ne lui appartenait pas, il n'avait rien fait pour elle. Il ne l'avait ni mise au monde, ni éduquée, comment pouvait-il avoir le moindre droit sur elle ? Elle fut coupée dans ses réflexions lorsque l'homme se releva en se pinçant l’arrête du nez.

- Bon, et bien en voila encore une qu'il va falloir dresser...

Il s'éloigna en direction d'une porte que la jeune fille n'avait pas encore remarquée et sortit de la pièce. Elle entendit un cliquetis métallique, un loquet qui s’enclencha, et le silence se fit. Elle était à nouveau seule, avec le bruit du feu ronflant dans la cheminée.

Visiblement, l'inconnu ne comptait pas la ramener à son frère. L'espoir d'une aide s'évanouit dans son cœur, mais pas celui de sortir d'ici pour retrouver Kwam... Elle s'éloigna du feu à regret et se dirigea vers la porte par laquelle l'homme était parti. La poignée lui résista. Impossible de l'ouvrir. Elle regarda autour d'elle, à la recherche d'une autre sortie. Il y avait une fenêtre dans le mur opposé à la porte, et la fillette devina à la poignée qu'elle s'ouvrait, comme la porte. Elle tenta sa chance, mais cette poignée était aussi verrouillée, et elle tomba sur les fesses à force de tirer. Les larmes lui montèrent aux yeux.

Est-ce qu'elle allait rester dans cette pièce rouge toute sa vie ? Elle commençait déjà à en détester les murs...
Il s'avéra qu'elle avait tors.

C'est ainsi que débuta la vie d'esclave d'Oerdhall. Une tentative d'évasion infructueuse et de l'incompréhension. On lui passa un collier de cuir qui irrita sa peau, et on lui attacha les ailes à leur sommet avec des boucles de fer qui l'empêchait de les écarter pour s'envoler. Elle eut particulièrement mal lorsqu'on perça pour cela le sommet de ses ailes. D'autant plus que les anneaux étaient épais. Puis on la confia à d'autres esclaves, qui lui expliquèrent ce qu'elle devait faire en ces lieux.

Obéir, c'était la première règle. Elle devait suivre les ordres qu'on lui donnait, sans quoi elle était frappée. Certains avaient subis pire encore, mais Oerdhall était encore jeune et aucun ne voulut lui infliger à ce point l'horreur de leur situation. Son travail ne serait pas très compliqué. Elle devait aider à préparer le repas, nettoyer des choses, s'occuper du jardin avec les autres... Pour tout cela, ils étaient trois esclaves. Une féline blonde comme les blés qui s'appelait Aysha, et un faucon grincheux, aux ailes attachées comme celles de la fillette, qui répondait au nom de Kelyan, et finalement Oerdhall. Ils savaient que leur maître avait d'autres esclaves, mais ils n'étaient pas employés dans cette maison, voir même dans aucune maison du tout puisque l'homme était propriétaire d'une mine de charbon.

L'homme en question s'appelait Aurelion de Charbonnais. Cette mine était visiblement à lui depuis longtemps, puisque c'était d'elle qu'il tirait son nom. Il avait une femme et un fils, Olava et Liam, et tous trois voyageaient entre leurs différentes résidences et, dans le cas d'Aurelion, jusqu'à la mine pour surveiller son bon fonctionnement. Leur absence ne les empêchaient pas d'engager des contremaîtres pour surveiller que le travail était bien fait tous les jours, et Oerdhall découvrit bien vite qu'obéir aux ordres du maître équivalait à obéir à ceux de sa famille et de ses chiens de gardes.

A ses débuts, elle prit beaucoup de coups. Elle n'avait aucune idée du fonctionnement d'une maison de Beorcs, et la masse de travail lui paraissait tout simplement aberrante. Pourquoi entretenir un si grand jardin, si c'était simplement pour sa beauté ? Autant simplement y mettre des objets brillants... Pourquoi perdre autant de temps à préparer des sauces, des plats, alors qu'on pouvait simplement faire griller la viande sur un feu et la manger ensuite avec les doigts ? Cela épargnait d'avoir à nettoyer de la vaisselle plus tard ! Et Olava ne pouvait pas s'habiller seule ? Quel était l'intérêt de mettre des vêtements aussi compliqués ? Elle n'y comprenait absolument rien, et elle avait du mal à s'activer pour des choses qu'elle ne comprenait pas. D'autant qu'elle effectuait au début mal son travail, n'y connaissant rien en art de vivre Beorc. Mais bizarrement, au bout de la troisième fois à sombrer sous les coups des contremaîtres, ça finit par s'imprimer...

Plus le temps passait, et plus Oerdhall se résignait. Elle ne pouvait pas s'envoler, elle était surveillée en permanence, et elle avait trop de travail pour ne serai-ce qu'imaginer un plan d'évasion... Le soir, c'était percluse de douleurs et les yeux humides qu'elle allait se coucher. Est-ce que, ailleurs, Kwam vivait le même genre de torture..? L'idée lui nouait l'estomac, et elle se surprit plusieurs fois à vomir à cause de son angoisse. Du moins au début... Mais les années passant, alors qu'elle grandissait, elle devenait de plus en plus apathique. Elle se faisait à sa condition, et elle pensait de moins en moins souvent à son frère. Lorsque cela lui arrivait encore, c'était un rictus amer qui déformait ses traits. C'était lui qui l'avait entraînée dans cette galère... S'il vivait ce qu'elle vivait, il l'avait bien mérité après tout...

Sans qu'elle n'y porte réellement attention, Oerdhall devenait une belle jeune femme. Son travail quotidien et ininterrompu lui forgeait une musculature fine, bien que très spécifique, et elle prenait un certain temps tous les soirs pour remuer les ailes, histoire qu'elles ne s'atrophient pas. C'était Kelyan qui lui avait donnée l'astuce, une manière de bouger ses ailes sans les écarter. Elle ne pouvait pas voler, mais au moins ne se retrouvait-elle pas avec deux pans de chair inutiles dans le dos. Les ouvrir, les fermer, plusieurs fois chaque jour... Un réflexe qui s'acquiert bien vite. Elle devenait belle, mais ombrageuse, avec une net tendance à la mélancolie. Ce dernier détail n'intéressait que peu ses gardiens, et de plus en plus les contremaîtres posaient sur elle des regards concupiscents.

Aurelion vieillissait, et bientôt ce fut son fils Liam qui prit sa succession. Ses parents coulant des jours heureux dans une petite maison de campagne, il suivit leur exemple et ne traita pas différemment ses esclaves. La différence résidait dans le fait qu'il n'avait pas encore de femme officielle, mais que la gente féminine l'intéressait. C'est ainsi qu'il développa un certain gout pour des pratiques dégoûtées par les siens, et puis après tout... C'était ses esclaves, il en faisait ce qu'il voulait non ?

Lorsqu'il passait dans la demeure où travaillait Oerdhall, il se rendait bien compte que les contremaîtres ne se privaient pas de se rincer l’œil, ce qui l’amena à s'intéresser à ses esclaves. Aysha était trop vieille à son goût, lais la petite la, qui ne semblait pas avoir plus de seize ans... Elle, elle était bien dans ses goûts. Il ne se priva pas.

Oerdhall avait trente ans. Trente ans, et elle en semblait 16, vieillissant deux fois moins vite qu'un Beorc. Elle avait connu le petit Liam alors qu'il n'était encore qu'un garçon de huit ans dans les jupes de sa mère, alors qu'il apprenait à faire du cheval et à manier la rapière, et maintenant elle devait le connaitre d'une manière bien plus intime. Qu'elle détesta par dessus tout.

L'expérience fut désagréable au possible. Liam ne chercha pas à être doux, se fichant totalement que ce fut la première fois de sa victime désignée. Pour la première fois depuis longtemps, elle chercha à résister. Elle ne concevait tout simplement pas de rester passive alors qu'elle subissait... ce qu'il lui faisait. Il la frappa, jusqu'à-ce qu'elle en tombe presque dans les pommes, et il la viola jusqu'à-ce qu'il en retire ce qu'il voulait. Puis il l'abandonna sur place, tremblante et profondément souillée.

Les choses ne devaient pas en rester là. Oerdhall resta apathique plusieurs jours durant, réagissait à peine lorsqu'on lui parlait, mais Aysha, qui avait déjà subit ce genre d'épreuve, sut la soutenir. Elle lui parla, beaucoup, la prit dans ses bras et la rassura de son mieux alors que Liam ne semblait pas se lasser, revenant à chaque fois qu'il passait dans le domaine pour sa petite séance avec l'oiselle. Ce qu'il n'avait pas prévu, ce fut qu'elle tombe enceinte...

Enceinte. Oerdhall ne le réalisait pas non plus. Ce fut Aysha qui remarqua l'état de son amie, identifiant les signes. Elle avait été là lors de la grossesse d'Olava, et elle savait quels étaient les symptômes. L'absence de menstruations, la faim de plus en plus grande, les hanches qui s'élargissent, le ventre qui se gonfle... De plus en plus souvent, Oerdhall se réveillait la gorge nouée par la nausée. Lorsqu'elle en fut parfaitement certaine, Aysha informa son amie de sa condition.

Oerdhall ne pouvait pas l'accepter, mais il était déjà trop tard. Elle tenta de prendre des herbes pour se débarrasser de l'enfant, mais elle en fut simplement malade. Elle se montra rebelle, espéra qu'on la frappe pour lui faire perdre son enfant, mais cela ne marcha pas non plus. Lorsque Liam apprit qu'elle était enceinte, il la fit enfermer jusqu'à l'accouchement, de manière à ce que la nouvelle ne se répande pas. Il ne voulait pas que son père fut au courant. Auprès d'Aurelion, il prétexta son insubordination récente, et elle n'eut même plus l'occasion de se rebeller puisqu'elle n'avait plus rien à faire. Aysha et Kelyan n'avaient pas le droit de la voir non plus, et ce furent les contremaîtres qui lui apportèrent ce dont elle avait besoin : eau, nourriture... Elle essaya une grève de la faim, mais celle-ci était si dévorante que l'oiselle craqua bien vite.

Elle tournait en rond dans sa chambre, incapable de se débarrasser de cet enfant dont elle ne voulait pas. Elle dépérissait. La voyant dans cet état, les contremaîtres détachèrent même ses ailes pour qu'elle se sente plus à l'aise. Elle était enfermée, elle ne risquait pas de s'envoler... Elle pleurait souvent, restait morne le reste du temps, et parfois elle frappait le panneau de bois de la porte dans l'espoir qu'on la frappe, qu'on provoque une fausse couche. Cela ne fonctionnait pas, les contremaîtres avaient reçu des ordres très claires. Ils devaient faire en sorte que l'enfant survive. Un esclave gratuit, pourquoi se priver ?

Au bout de neuf mois de ce calvaire, la Laguz entra enfin en travail. Aysha fut appelée pour l'aider à accoucher, et elle resta à son chevet pendant vingt-quatre heure, à éponger son front couvert de sueur, à lui tenir la main...
Oerdhall ne voulait pas accoucher. Elle ne voulait pas de cet enfant, elle le haïssait déjà. De la faire souffrir, d'être le fruit de ses souffrances... Et tout cela pour quoi ? Une nouvelle vie passée entre quatre murs, enchaînée, à obéir aveuglément aux ordres des Beorcs... Elle ne voulait pas de cela pour son enfant, aussi haïssable fut-il. Ses sentiments étaient affreusement confus, et l'épuisement et la douleur ne l'aidait en rien. Finalement, le bébé vint au monde. Petite forme rose et fripée, dépourvue d'ailes, dépourvue de liberté. Clairement visible sur sa nuque encore chauve, deux traits noirs, pointant vers son dos, se courbant vers son crâne... La forme lui évoquait un cœur qui n'aurait pas été refermé.

Le nourrisson était un mâle. Lorsqu'il réclama à manger, l'instinct maternel de l'oiselle se réveilla et elle porta le bébé à son sein pour lui donner son lait. Elle se sentait... Différente, vidée. Quelque chose de fondamentale lui manquait.

- ...mment est-ce que tu va l’appeler ?

La voix d'Aysha lui parvenait de très loin, traversant à grande peine les brumes de son épuisement. Elle secoua doucement la tête... Elle n'en avait aucune idée. Elle ne voulait même pas le nommer. Elle n'en voulait pas. Pourquoi est-ce qu'elle le nourrissait alors ? Arrachant le nouveau-né à son sein, elle provoqua une tempête de cris scandalisés de la part du bébé. Elle le fourra dans les bras de son amie.

- Je n'en veut pas, emmènes-le ailleurs. Donne lui un nom si ça t'amuses...

Le regard plein de désapprobation, la féline rendit son enfant à son amie et l'obligea à le nourrir.

- Tu ne peux pas l'abandonner comme ça. Il est le fils de Liam, mais il est aussi le tien, et il est encore vierge des souillures du monde... Alors tu ne peux pas le rejeter pour ce qu'il est.

Elle avait raison... Cela tuait Oerdhall de l'admettre, mais son amie avait raison. Elle s'employa donc à nourrir le nouveau-né, mais elle ne se résolvait pas à lui donner un nom.

Quelques temps passèrent ainsi. Oerdhall n'était toujours pas autorisée à sortir, et Liam passait parfois. Il ne la touchait plus, mais il s'intéressait de très près à sa progéniture, curieux de savoir pourquoi il n'avait pas d'ailes alors que sa mère était une Laguz. Il découvrit la marque, et fit ses recherches de son coté... Découvrant l’existence des marqués, il n'en fit cependant pas part à la mère. Quel intérêt ? Elle n'était qu'une esclave après tout, et son rejeton en serait un aussi...

A mesure que le temps passait, la jeune femme dut bien se rendre compte de quelque chose. Elle l'avait toujours senti en elle, cette capacité qu'elle avait à se transformer en corbeau. Elle ne s'en était servi que quelques fois depuis qu'elle était devenue esclave, mais elle s'était rendue compte qu'elle ne pouvait pas voler pour autant. Les chaines n'avaient pas disparues lorsqu'elle s'était transformée. Mais depuis son accouchement, elle ressentait cette impression lancinante, comme si elle était condamnée à ne plus connaitre la sensation grisante que sa forme animale lui procurait... Et lorsqu'elle tenta de s'en assurer, elle ne fit que confirmer ses craintes : Elle n'arrivait plus à changer de forme.

Cette prise de conscience acheva de la plonger dans la morosité. Elle ne nourrissait son bébé que par automatisme, accomplissait ses tâches machinalement, comme un automate. Aysha et Kelyan s'inquiétaient pour elle, mais ni l'un ni l'autre ne parvenait plus à arracher le moindre sourire à leur amie. La seule chose qui parvint enfin à la faire réagir fut lorsque la féline accourut auprès d'elle, porteuse d'une nouvelle accablante.

On allait lui retirer son enfant, le confier à une nourrisse esclave pour qu'elle puisse reprendre son travail correctement. Jamais l'oiselle n'avait été aussi blême. Serrant son enfant contre elle, elle regarda autour d'elle, paniquée. Elle ne savait pas quoi faire. Elle se retrancha dans sa chambre et s'y enferma, considérant d'un œil larmoyant son enfant.

- Je te déteste...

Depuis qu'il était venu au monde, il ne lui avait causé que des ennuis. Il l'avait rendue malade durant sa grossesse. Il était le fruit d'un homme qu'elle haïssait, de ce qu'il lui avait fait, contre sa volonté... Et elle ne voulait pas qu'il vive comme elle, en esclave, toute sa vie. Mais il ne semblait y avoir aucun échappatoire... Tout comme elle n'en avait eu aucun depuis son arrivée ici.

Elle n'avait plus qu'une seule option. Elle en avait le cœur brisé...

- Je te déteste... Joshua...

Lorsque les contremaîtres la trouvèrent, une bonne heure plus tard, elle était prostrée sur son lit de paille, serrant contre elle le corps sans vie de son fils.

La punition qu'elle reçut ce jour-là fut exemplaire. Les coups portés lui fêlèrent plusieurs côtes, et le fouet s'abattit si souvent qu'il ouvrit des dizaines de sillons sanglants sur sa chair, décolla même sa peau par endroit... Mais cette punition, elle l'accepta le cœur presque léger. Son fils ne serait pas esclave. Au moins un qui ne vivrait pas ce calvaire...

Il lui fallut plusieurs mois pour se remettre pleinement de cette punition. Elle travailla tout de même, ses maîtres se fichaient complètement de son état de santé. Elle avait mal, mais elle considérait que cela n'était qu'une souffrance de plus que lui aurait infligé son fils. Maintenant qu'il était mort, il ne lui poserait plus de problème... Elle vivrait sa vie d'esclave, mourrait enchaînée, incapable de voler, de se transformer même, mais elle n'infligerait cela à personne et elle s'en sentait le cœur plus léger. Elle ne pouvait pas savoir qu'elle se trompait.

Quelques années plus tard... Elle était libre. Cinq ans pour être plus précis.

Tout se déroula à l'endroit même où tout avait commencé. Liam était présent, lisant ses comptes dans sa salle des trophées, celle-la même où, bien des années plus tôt, Oerdhall avait rencontré Aurelion. Ce dernier s'était éteint une année plus tôt, terrassé par la maladie. Sa femme avait contracté le même mal, et n'y avait pas survécu non plus. Oerdhall était de service dans ce même lieux, occupée à nettoyer les pièces d'armurerie que des générations de Charbonnais avaient gagné lors de combats et de duels. Ses ailes étaient à nouveau enchaînées depuis longtemps...

Elle frottait et récurait. Les lames, les boucliers... Tout devait briller, toujours. Son chiffon humide passait et repassait sur l'argenté d'une lame d'espadon. Elle entendit alors un bruit sourd derrière et sursauta. Sa main dérapa, et son pouce passa sur le fil de la lame, s'ouvrant sur un centimètre.

- Zut...

Se retournant pour voir ce qui avait bien pu faire un tel bruit, elle découvrit Liam écroulé sur le sol. Sa coupe de vin était renversée sur le tapis et formait une flaque carmin, peu à peu absorbée par la laine blanche.

- ...Maître Liam ?

Il avait peut-être simplement trop bu... Cela lui arrivait parfois, mais jamais au point de s'écrouler comme ça sur le sol. Et puis il n'avait pas tant bu que cela... L'oiselle sentait qu'il se tramait quelque chose de plus sérieux, mais elle avait du mal à réaliser le changement. Elle s'approcha de Liam et lui secoua un peu l'épaule. Elle était étrangement rigide. Elle le fit rouler sur le dos et constata qu'il avait les yeux ouverts et vitreux.

Il était mort, foudroyé sur place.

- Mais que...

La porte d'ouvrit à la volée et Aysha entra en trombes dans la pièce, affolée.

- Maître Liam ! Le contremaître, il...

La féline s'immobilisa en se rendant compte que Liam était étalé sur le sol, sans vie. Elle recula d'un pas, la main sur la bouche, les yeux écarquillés par la peur.

- Oerdhall, c'est toi qui..?
- Bien sur que non. Que se passe-t-il avec le contremaître ?
- Et bien il... il...

Aysha désigna Liam sur le sol, et Oerdhall comprit où elle voulait en venir. Se relevant, elle prit son amie par le poignet et l'entraîna hors de la pièce. Aysha était une femme sensible et bien qu'elle tirât sur ses vieux jours, elle n'avait jamais vu de mort, en dehors de l'enfant de l'oiselle. Un souvenir qui semblait la poursuivre. La féline regardait Oerdhall d'un oeil soupçonneux. Après tout, si elle avait pu tuer son propre enfant, qu'est-ce qui aurait pu l'empêcher de tuer leurs maîtres ?
Oerdhall, pour sa part, cherchait Kelyan. Elle passa à coté du corps d'un contremaître et accéléra le pas, espérant que le faucon n'aurait pas succombé à cette étrange vague de mort. Kelyan finit par débouler dans le couloir, haletant d'avoir couru.

- Aysha ! Oerdhall ! Mais qu'est-ce qu'il se passe bon sang ?
- Je n'en ai aucune idée, je...

Un soupire se fit entendre derrière elle et elle se tut, virevoltant pour faire face à... un parfait inconnu.

L'homme était vêtu de gris et portait une longue cape d'une teinte plus sombre. Ses doigts gantés tenaient un trousseau de clé que l'oiselle aurait reconnu entre milles : C'était les clés  qui fermaient les chaines de leurs ailes et les colliers à leurs cous. La convoitise s'éveilla en elle. Si elle parvenait à prendre les clés, ils pourraient enfin s'enfuir de cet enfer... Mais l'inconnu était subtile et attentif, et il capta immédiatement le regard que la jeune femme lançait aux clés. Il leur envoya le trousseau, et Oerdhall l'attrapa au vol, le visage plein d'incompréhension.

- Vous êtes libres. Filez maintenant.

Oerdhall n'en croyait pas ses oreilles. Tout ce temps à espérer, à voir l'espoir mourir, son fils qu'elle avait tué de ses mains... Tout cela, balayé par cet inconnu en cape grise. Elle serra les dents. Puis elle fixa son regard lavande sur les traits de l'homme en gris, les gravant à jamais dans sa mémoire. Ses mains trituraient nerveusement les clés.

- Pourquoi... maintenant ?

Le sourire qui étira les lèvres de l'homme était étrangement bon. Un sourire comme Oerdhall n'en avait plus vu depuis très, très longtemps...

- Parce-que l'impératrice a jugé que chacun devrait être libre...

L'homme tourna les talons, et l'oiselle le regarda alors qu'il s'en allait, les questions se bousculant dans sa tête. Elle savait qui était l’impératrice - après tant de temps chez les Beorcs, comment en aurait-il été autrement ? Mais elle ne pensait pas qu'une telle personne se soucierait du sort d'esclaves comme elle, ou Aysha et Kelyan... Tous les Beorcs n'étaient peut-être pas des monstres finalement... Mais elle en doutait encore.

En une série de gestes lents, elle glissa la clé dans les serrures des entraves de ses amis. Les déclics se firent entendre, et anneaux de fers, chaines et colliers de cuir tombèrent sur le sol. Kelian redécouvrit le plaisir de pouvoir écarter les ailes, choses qu'il n'avait pas pu faire depuis trop longtemps. Puis Aysha s'occupa de défaire les entraves d'Oerdhall, qui put partager le plaisir du faucon.

Ils partirent.

Les trois amis voyagèrent ensembles quelques mois. Puis, chacun redécouvrant la liberté, voulut faire quelque chose de différent. Kelyan voulait retrouver les siens, Aysha de même... Et Oerdhall voulait savoir ce qu'il était advenu de son frère. Elle fut bien obligée de retourner à l'ancienne demeure de son maître pour trouver une carte de leurs propriétés, mais lorsqu'elle dénicha ce dont elle avait besoin, elle mit le feu à la demeure et la laissa définitivement derrière elle. Puis elle se rendit à chacun des points indiqués sur la carte, volant d'abord avec beaucoup de difficultés après tant d'années à ne pas pouvoir, mais chaque fois elle ne découvrait que des ruines fumantes ou le théâtre de pillages orchestrés par des bandits de passage. Elle essaya même la mine, mais elle avait été laissée à l'abandon. pas la moindre trace de son frère. S'il avait été libéré... il serai peut-être retourné à Kilvas ?

Peut-être...

Elle se mit en route. Elle ne se laissait que peu de temps pour la réflexion. Celles-ci ne lui apportaient rien de bon. Elle repensait à sa décision de suivre son frère, à ses années de servitude, qu'elle avait cru ne jamais voir finir... A la mort de son fils, qu'elle avait nommé juste avant de le tuer... Pour rien... Car elle était libre à présent. Plus aucun homme l'abuserait d'elle, plus aucun homme ne la battrait, ne la ferait agir contre sa volonté. Peut-être que Joshua aurait pu connaitre une telle vie... Mais elle n'y avait pas vu échappatoire. Aucun espoir. Si elle avait su...
Non. Elle le détestait. Joshua était mort, et c'était mieux ainsi...

C'est sur cette pensée qu'elle entama la traversée de la mer pour rejoindre Kilvas.

L'accueil qu'on lui réserva fut des plus mitigés. On la reconnut, bien sur... Mais lorsque l'on apprit qu'elle était devenue incapable de se transformer, elle fut mise à l'écart. Les corbeaux la regardaient bizarrement, comme si elle était... Dégoûtante, sale. Elle apprit néanmoins que son père, parti à leur recherche, s'était fait tuer sur les côtes de Begnion, et qu'ils n'avaient reçu aucune nouvelle de Kwam. Ses aînés la regardaient comme si elle était responsable... Et ils n'avaient pas forcément tors. Oerdhall avait du mal à supporter leurs regards, encore plus la culpabilité de son rôle dans la mort de son père. Il était évident qu'elle dérangeait les autres corbeaux. Alors elle partit de nouveau pour le continent.

Son père était mort, son frère encore porté disparu... Et les siens la rejetaient. Que faire maintenant ? Elle n'en avait pas la moindre idée... Elle songea à retrouver Kelyan ou Aysha, mais elle savait que ses deux amis voudraient rester avec les leurs et panser leurs blessures, et si elle n'était pas prête à subir des regards dégoûtés des siens, elle ne supporterait pas non plus ceux de ces inconnus. Elle était une déchue... Elle n'avait plus rien à faire chez les Laguz. Alors chez les Beorcs..? Après tout, si c'étaient eux qui l'avait réduite en esclavage toutes ces années, c'était tout de même leur impératrice qui avait finit par la délivrer... Et eux ne la dénigreraient pas pour quelque chose qu'elle n'avait pas voulu. Elle connaissait le racisme - elle en avait fait l'expérience lors de ses quelques mois à voyager avec Aysha et Kelyan - mais elle était au moins fière de sa race, pas de sa déchéance... Ces regards, elle était prête à les assumer.

mais que faire chez les Beorcs ? La réponse s'imposa aussitôt la question posée. Elle voulait retrouver l'homme qui les avaient libérés. Elle voulait faire comme lui, être à l'origine de la fin de la souffrance des gens... Alors elle se rendit à Sienne. Le seul indice dont elle disposait était l'impératrice. Si c'était elle qui avait envoyé l'homme en gris, alors elle le connaissait, elle pourrait la mettre en contact... Présomptueux ? Certes, mais quel autre choix avait-elle ? Errer comme une perdue ? Certainement pas... Oerdhall ne voulait plus se laisser ballotter au gré des aléas de la vie. Elle voulait la reprendre en main.

Elle demanda une audience auprès de l’impératrice Sanaki. une femme envers laquelle elle pouvait éprouver du respect... Elle ne l'obtint pas immédiatement, mais finit par y arriver. L'oiselle lui parla, lui dit d'où elle venait, le rôle que son interlocutrice avait joué dans sa vie... Puis elle posa un genoux à terre et lui demanda de la prendre à son service, non comme une esclave, mais comme une femme libre. Puis elle lui demanda ce qu'était devenue son agent, celui qu'elle avait engagé pour les libérer, Aysha, Kelyan et elle-même...

L'impératrice était loin d'être une idiote, et elle comprenait les épreuves qu'avait pu traverser l'oiselle. Elle accepta et la confia à l'homme en gris, qui portait le nom de Juliano. Un assassin, un homme dont le travail était de tuer, certes... Mais pas aveuglément.

Elle devint son disciple.


Le Joueur.

    PSEUDO : Oerdhall avec ce personnage :p
    COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? ...Mouahahahaha
    QUELQUE CHOSE À CORRIGER ? Joker
    EXPÉRIENCE DU ROLE-PLAY : Vous me connaissez depuis le temps :3
    TU AS DÉJÀ JOUÉ À FIRE EMBLEM ? SI OUI, LEQUEL/LESQUELS ? Awakening, Fates, le 7, le 8, et Path of Radiance même si je n'ai pas eu le temps de le finir avant que notre Wii ne rende l'âme, RIP u_u.


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Callie
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Oerdhall Okaeliath [Finish] Empty
MessageSujet: Re: Oerdhall Okaeliath [Finish]   Oerdhall Okaeliath [Finish] I_icon_minitimeDim 22 Jan - 18:48

Bonjour & re-re-re-rebienvenue!

    Style : 1.5/2.5
    Alors, j'aime ta plume, c'est un fait, tout ça. Mais là c'est qu'une question d'esthétique en fait. Il y a trop, beaucoup trop de points de suspension. Au début ça donne un style, ça "colle" au perso, mais au bout d'un moment on ne voit plus que ça, ça sature la lecture, du coup c'est tout lourd. :/

    Langue : 1/2.5
    Des problèmes de temps (qu'elle a pût, par exemple), des problèmes d'accents, des tas de soucis avec les S qui devraient être des T, ou qui ne devraient simplement pas être là.. Des petits trucs qui n'échappent pas à la relecture, normalement ! Very Happy

    Crédibilité : 2/2
    J'ai vu ce projet naître et je l'ai validé à la base. Tout est toujours bon!

    Originalité : 2/2
    Une laguz déchue. 100% win.

    Physique : 2/2 (-)
    Tout y est. Juste attention à ceci : Joli sans être celui d'une top modèle → c'est anachronique, à cette époque elles n'existent pas, du coup voilà. x)

    Mental : 2/2
    Tout est bon. =)

    Histoire : 7/7
    Je me suis dit "je vais déroger à ma règle de l'histoire qui n'atteint jamais le maximum de points", puis après je me suis dit que j'allais pas chipoter. Ton histoire est complète, intéressante, elle se tient totalement ; on sent très bien l'évolution du personnage à travers ce qu'elle a vécu. Donc je te mets 7/7 ici, parce que tu les mérites amplement. :3

    Nous atteignons donc un total de 17,5, que je remets à 17.
    Tu es donc validée Déchue Disciple niveau 17, j'espère que tu t'amuseras bien avec ce nouveau perso !
    Tu connais la suite des procédures. ♪
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Oerdhall Okaeliath [Finish]

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