Le vent faisait claquer sa lourde cape, son œil solitaire scrutait les étendues vides d'un regard sombre. Il avait entendu des rumeurs, un jour, à propos d'une femme. Une femme mystérieuse, drapée dans un linceul de violence. Son chemin était la damnation, la terre qu'elle foulait devenait celle du massacre, et ses maléfices allaient se répandre maintenant en Hatary.

Son instinct tourmenté avait guidé le vagabond au milieu des dunes, sentant que son destin lui y donnait rendez-vous. Mourrait-il en cette terre désolée ? Peut-être...ou peut-être pas. Il obtiendrait un plus grand pouvoir, ou succombera en essayant. Ou alors ce n'est qu'un tour joué par les voix qui résonnaient sans relâche dans son crâne...

Son œil écarlate se porta à nouveau vers le néant doré qui l'entourait, ses pas cessant un instant. Kerorian se souvenait, il détestait le désert. Il y faisait bien trop chaud pour un descendant des montagnes et de la neige, l'air était sec, le soleil mordait les chairs avec une ardente violence, et le vent balayait des pans de poussières qui se glissaient dans la gorge et les yeux.
Pourtant, le guerrier errant se sentait proche de ce monde funestement plat. Sa solitude éternelle était la sienne, les échos qui se répétaient dans son esprit ressemblaient au murmure d'une brise sur les dunes, et comme son cœur, les sables s'effritaient sous ses pas d'acier. Ses sentiments glissant en une douce cascade, comme quelques grains dorés le long d'une pente. Un mouvement au milieu du néant, une activité infime et inutile, comme les battements qui résonnaient encore dans sa poitrine de fer. A peine un bruit, fugace et éphémère, qui durait toute l'éternité...

Oui...il ressemblait au désert, à cet endroit qu'il détestait tant. Le savait-il déjà lors de ses premières venues ? Certainement pas, mais désormais il se voyait dans les étendues d'or, riches d'un passé oublié de tous. Ce monde solitaire devait-il être respecté en la mémoire des vies qui y avaient eu lieu ? Des puissants royaumes et des grands rois qui s'y étaient dressés, avant que l'Histoire ne les efface de ses pages ? Ou bien n'était-il plus rien, les savoirs perdus ayant entraîné avec eux les gloires et honneurs, la disparition semblait un bien sombre destin pour son monde blanches ténèbres...

Le géant reprit sa route. Son propre avenir n'aurait sans doute pas plus de chance que celui d'Hatary, mais cela ne le dérangeait guère. Il était un monstre bien plus qu'un chevalier, un fantôme entouré d'ombres. Peut-être survirait-il à travers une triste légende, il voyait ça d'ici. "Ecoutez l'histoire de l'ogre Kerorian, le dévoreur d'enfants !", bah. Peut-être ainsi son passage aura servi à quelque chose...

Qu'était-il donc venu faire ici déjà ? Le Rôdeur jeta un œil égaré sur les sables éternels, interrogeant le désert sur ses actes. L'immuable juge demeura coi, son cœur desséché ne lui répondrait pas... Ses longs pas reprennent leur route perdue, s'il avançait ainsi c'est qu'il devait bien y avoir une raison, autant essayer de la retrouver.

Il marcha quelques temps, deux minutes, ou deux heures ? Peut-être deux jours...depuis quand était-il arrivé ?En dépassant une dune, le géant remarqua un petit village. Son œil solitaire le fixa le temps d'une poignée de secondes, avant de choisir de le rejoindre. Il avait oublié ce qu'il faisait ici, mais il sentait qu'il cherchait quelque chose, et ce n'était certainement pas une poignée de sable.
En s'en approchant, le vagabond entendit un cri. La peur, la douleur. Elles avaient envahi ce village. Il défit l'attache qui retenait son épée pour la libérer, la balançant sur son épaule prêt à pourfendre ce que son instinct lui dicterait de faucher et rejoignit le petit patelin.
Le tambour battant dans sa poitrine s'accéléra un peu. Il avait trouvé quelque chose.

Le chien sent ses poils roussir, sa peau flamber. Une douleur infâme lui déchire le poitrail. Il s’étouffe l’espace de quelques secondes, puis se hisse aussi loin que possible, en utilisant ses dernières forces. Son corps a pris l’attaque de feu de plein fouet, il ne savait pas s’il y survivrait. Pourtant, il n’en a cure. Il est là pour cogner, encore et encore, parce que sa maîtresse le lui a ordonné, et parce que cette histoire d’amitié n’existe pas. La loyauté animale, douce connerie.

War arque un sourcil, puis serre le poing pour qu’il revienne vers elle. L’animal souffre terriblement, mais dans un geste de désespoir, il revient vers elle, allongé à ses pieds. Peut-être est-ce une victoire pour le mage ? La silhouette le contemple avec un léger sourire. Il est intéressant, celui-ci. Une nouvelle marionnette fort appétissante.

Quant à l’autre chien, il s’est fait attaquer par la petite, mais a su riposter. Toutefois, quand il a vu l’attaque suivante déferler sur sa maîtresse, ni une, ni deux, il a volé à son secours. Son corps, à l’horizontale, plonge pour faire office de bouclier. La magie noire consume sa peau, il tombe à terre, aux côtés de son partenaire. Tous deux finissent par se relever, mais War leur indique d’un signe de la main qu’ils ne doivent plus bouger. Alors ils se couchent et reprennent lentement leur respiration, difficilement.

Ces chiens, quelle idée.

Son regard se porte sur l’autre affrontement. Et ces deux-là, que vont-ils faire face aux quatre autres créatures ?

La dernière, à ses côtés, regarde alentour, inquiète pour ses congénères, mais aussi aux ordres de War. Le chien ne bougera pas tant qu’elle ne le lui indiquera pas.

Très bien dressés, très très bien dressés.

__________

On est donc à 1,5/7 pour les chiens, considérez ça comme une première victoire pour vous! ♥ Mais ce n'est pas fini.

Aux classes 2 maintenant !

PS : Mea culpa du retard, les MJs aussi ont une vie bien remplie. ._."

Enjoy ! ♪

Une étrange femme les accueillit. Les, il n'était pas seul. Son œil écarlate survola les trois autre péquenauds. Un blanc, une naine et un scribouillard. Brochette d'abruti. Pas une menace. Le regard de sang se porte à nouveau en direction de l'inconnue. Elle est étrange. Elle. Danger. Il le sent. Ses sbires aussi, ses esclaves. Eux aussi, danger. Moins dangereux, peut-être. Assurément, ils obéissent. Mais danger, ils sont étranges. Nombreux.
.
Elle fait un geste, les monstres s'élancent. Deux sur la naine et le scribouillard, quatre sur lui et le blanc. Les deux nabots font du bon boulot, repoussant, blessant probablement sévèrement les deux monstres. Pas trop mal, se dit le guerrier. Il se reconcentre sur ses adversaires, ils se répartissent sur lui et le blanc. Deux chacun. Erreur.
Le géant sourit. Ses traits durcissent. Les créatures sont menaçantes, véloces. Elles sont deux. Son sourire s'agrandit encore. Ce n'est pas assez.

Son armure ne le gênait pas, ses bras étaient plus que suffisamment forts pour manier sans peine sa pourfendeuse de légendes, mais il était tout de même lourd. Très lourd, et même s'il était plus léger il n'aurait pas égalé les fauves en vitesse. La sagesse aurait préconisé de les tenir à distance, de ne pas se laisser encercler et d'attendre de les faucher, quitte à dégainer Zwei plutôt que la Dragonslayer. Son expérience et son adresse aurait probablement suffis pour en vaincre un, son armure lui permettant d'encaisser un maximum de blessures de l'autre, qu'il n'aurait qu'à finir en duel après.

Les monstres s'approchaient avec férocité du géant qui ne bougeait toujours pas, son épée de titan sur l'épaule, un sourire glacial sur ses traits de marbre. Il n'entend pas leur charge bestiale, il ne perçoit qu'à peine leurs visages déformés par la soumission à leur maîtresse. Un tambour résonne à travers son corps, la pulsation éveille chacun de ses muscles. Le rythme sourd fait bouillir son sang. Le roulement lourd aiguise ses instincts. La sagesse et la discipline sont lentement étouffés par le grondement de la colère, attisée par le goût du sang. Les fauves sont à portée d'épée, prêts à lui bondir dessus. Le géant n'a toujours pas bougé.

Il n'y a que la guerre...

La bête la plus proche lui saute à la gorge, toutes griffes dehors. Elle ne craint pas cette lame titanesque de si près. Le guerrier s'écarte d'un bref pas et l'accueille d'un terrible uppercut de son poing alourdi d'acier. Il sent son cœur cogner plus for dans sa poitrine de fer. Le première fauve retombe au sol alors que son congénère saute à son tour sur le colosse à l’œil rouge. Pas de crochet par en-dessous pour celui-là, trop près. Trop rapide. Il vise la tête. Pauvre créature stupide.

Le dément pivote légèrement, présentant son épaule droite sur laquelle repose sa lame impie à son adversaire et s'élance pour contrer sa charge, le percutant avec fureur. Le pseudo-laguz est fort, et il avait tout l'élan de sa course pour lui. Mais Le guerrier est lourd. Son armure est pesante, son épée massive et ses jambes son puissantes, solides comme le roc. Il encaisse l'impact avec fermeté. Son ennemi a le souffle coupé l'espace d'un instant, c'est comme s'il venait de se jeter contre un mur...mais ça ne suffit pas à l'arrêter.
Ses pattes ne touchent plus terre, décollé du sol par l'impact. Mais ce n'est pas grave, il s'agrippe à l'épée noire d'une main griffue, ses pieds battent les airs à la recherche d'un appui sur les plaques d'acier, ses griffes raclant et glissant sur le métal froid. De sa main libre et de sa gueule haineuse, il frappe et mord, essayant d'atteindre le colosse souriant. Mais celui-ci est bien caché derrière son armure et sa lame. Il entend son cœur cogner encore. Le tambour s'accélère, sa soif de sang monte d'un cran. La folie le guette. Ça lui plaît.

Il lève un pied alors que le monstre parvint à retrouver le plancher des vaches, et l'écrase avec sadisme sur celui à nu de son ennemi qui laisse échapper un son étrange, entre le jappement bestial et le hurlement tout ce qu'il y a de plus humain, puis lui donne un coup d'épaule pour le faire reculer. Son poids est un bélier qui pousse suffisamment le sous-humain dégénéré, qui couine une fois de plus lorsque la douleur s'accentue alors que le géant s'appuie encore plus sur son pied.
Il n'a pas le temps de rétablir son équilibre que le colosse le frappe d'un violent direct en pleine poitrine. Ses phalanges d'acier s'enfonçant droit dans la chair et les os du monstre qui s'écroule sous le choc, incapable de compenser l'attaque à cause de son pied toujours maintenu. To-tom. Est-ce son cœur qu'il entend battre, résonnant toujours plus fort à travers ses veines, ou est-ce le glas pour son ennemi qui sonne d'un ton délicieusement brutal à ses oreilles ? Peu lui importe. Appuyant encore un peu plus son pied sur celui de sa victime, il attrape enfin sa tueuse de dragon à deux mains, la brandissant au-dessus de lui. Deux sous-humains féroces. Pas assez. Pas autant que lui. Trop facile...

Il trébuche, brusquement poussé en avant lorsque le deuxième loup lui saute sur le dos. Le guerrier parvint à rétablir son équilibre et à tenir debout, le monstre glisse ses griffes au niveau d'une plaque et s'y agrippe, se campant fermement sur le dos du géant et essaye de lui mordre le crâne, comme pris d'une frénésie primale. Mais ses longs crocs sauvages ont été brisés, ils dépassaient bien trop lorsque le dément lui a fermé la gueule avec tant de violence. Les éclats fracassés n'en restent pas moins douloureux, et il s'affaire à déstabiliser et blesser son ennemi avec toute sa haine.
Le Beorc sauvage sent les dents brisées lui racler le crâne et lâche un juron colérique. Il n'en a pas eu assez lui ? Puisqu'il tient tant à avoir sa tête, le guerrier la balance en arrière, la lui cognant sur le nez et le front, puis arme un coup aussi immense que possible pour frapper le fauve qui s'accroche à lui. Dans cette position, il ne peut le trancher, mais le tranchant impie mord tout de même profondément la chair du loup, et son poids inhumain l'écrase contre les plaques acérées de la carapace de fer de l'humain. Celui-là aussi pousse un couinement. Sale faible...

Le guerrier libère ensuite sa main gauche et attrape le bras droit de la bête, tirant dessus en entamant une rotation sèche du buste pour le décrocher de son dos. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu à utiliser ses vieilles techniques à mains nues, il n'aurait sans doute jamais pensé qu'elle lui serviraient un jour au beau milieu d'un désert. Il jeta à terre le fauve qui, en dépit de ses blessures, fit preuve d'une incroyable agilité et se réceptionna à quatre patte, évitant de mordre la poussière. A la place, le colosse lui fit mordre son genou, le lui enfonçant en plein dans le nez avec rage. Il en avait assez de faire face à ces minables chiots et brandit ensuite à nouveau son épée.

Un seul battement de tambour. Sec. Danger. Pas deux fois. Le dément pivota pour faire face au deuxième sous-humain et lui abattit son immense épée sur l'épaule, désamorçant sa charge et son attaque sournoise. Mais assez vite, la griffe aiguisée l'atteignit tout de même et lui lacéra la joue et la lèvre, y traçant une longue balafre sanguinolente en biais. Sa bouche s'emplit d'un goût métallique. Le goût de son propre sang, de sa propre vie.
Le goût de sa propre rage. Cela le fit sourire un peu plus, un sourire aussi acéré que les griffes qui venaient de le blesser.

Le fauve n'avait même pas perdu son bras, seule la base de l'arme s'était enfoncée dans son épaule, et avec son élan le monstre avait pu échapper à la lame en s'avançant vers le Beorc avant de subir des dommages réellement critiques. Il faisait maintenant face à son ennemi borgne, quasiment collé à lui. Le guerrier le frappa au visage à l'aide du pommeau en armant une nouvelle attaque, puis frappa d'estoc avec sa poignée droit à la gorge du loup. Il était encore trop près pour frapper. Tant pis, il ferait avec. Le géant abattit cette fois le plat de sa lame sur le crâne du fauve qui s'écroula, à demi-assommé et projeté à terre sous le poids de l'arme, s'écrasant aux pieds de l'humain qui savourait les tambours de son esprit. To-Tom. To-tom. Le son de la victoire...

Encore vif, bien plus que prévu, l'animal se glissa soudainement entre ses jambes, profitant de ses postures larges et solides pour s'engouffrer avec vélocité sous lui avant qu'il ne réagisse, pris de court. Le Laguz frappa à l'aveuglette en s'échappant, ses griffes ripèrent sur une plaque d'armure d'un côté, mordirent profondément dans un morceau à découvert de l'autre. Ce n'était qu'une égratignure, la plaie saignait et faisait mal. Le sang attisait la rage du géant furieux qui se retourna et fendit l'espace derrière lui, sa lame titanesque fauchant l'air et emportant dans son passage des tourbillons de poussières et de sables tel un ouragan de colère.
La douleur elle, n'était rien. Rien de plus qu'une vieille amie, qu'il allait bientôt réellement leur présenter. Il voyait le loup au nez et aux crocs cassés reprendre ses esprits, le visage en sang alors que son camarade le rejoignait.

Le dément cracha rageusement une flaque de sang qui fut bien vite aspirée par le sable. Il devait au moins leur reconnaître qu'ils étaient coriaces... Loin d'en avoir fini avec ces bâtards galeux, le colosse adopta une garde offensive, assez haute. L'heure n'était plus aux jeux ou au mépris, mais à la violence et à la haine.
To-tom.
Il n'y avait que les tambours et le sang.
To-tom.
Il n'y avait que la guerre.

Les chiens ne sont que des jouets, manipulés par une marionnettiste sans cœur. Ces créatures sans âme, qui se sont laissées dépérir avant de la trouver. Dernière lueur d’espoir dans une existence de ténèbres. Puis ils ont compris qu’elle ne voulait que des esclaves, des monstres dénués de sentiments, incapables de vivre pour autre chose que la violence. Ils n’ont jamais bronché, se sont laissés porter, ont assumé jusqu’au bout. Mourir ? Ils n’en avaient cure, tant que leur maîtresse se sentait bien. Mais aujourd’hui, boum. Une effusion de sang, des combattants puissants, qui les cognent sans jamais s’arrêter. Un sourire malicieux se dessine sur les lèvres de War. Ses pauvres chiens volent, perdent leurs crocs, geignent de douleur. Mais rien ne l’arrête, elle s’en contrefiche. Le bétail, c’est le bétail.

Le chien amoché, l’autre à moitié mort, et le dernier, intact, se tiennent à ses côtés, silencieux, tandis que les deux derniers, écorchés vifs, hurlent à l’agonie. Leurs corps démembrés, violentés, saccagés. War finit par s’avancer, et d’un geste de la main, créer une barrière enflammée qui repousse le colosse de ses deux fous, et en créant un similaire pour balayer de justesse la dernière attaque lumineuse. Les chiens se roulent en boule avant de revenir vers elle, lentement.

Une fois à ses pieds, la demoiselle se saisit de la mâchoire de chacune des bestioles, dans un étrange élan d’affection. Quelques secondes plus tard, les bêtes recouvrent leurs formes de laguz avant de mourir, simplement, sans un bruit. Il n’en reste désormais plus que trois. Cette petite mise en bouche lui a permis de voir qui fait quoi, ce qui, étonnamment, lui plaît beaucoup. Il y a donc un mage de lumière, un mage de ténèbres, un guerrier et un mage anima. Que de créatures frêles, en somme. Il n’y a que le colosse qui pose légèrement problème. Mais chaque problème a sa solution.

« Venez, tendres brebis. ♥ »

Un coup de vent passe, remue le désert. Sa capuche se défait de sa tête, dévoilant ses longues oreilles et ses prunelles incarnates. Son sourire s’agrandit légèrement à la vue de tout ce beau monde. Le spectacle s’annonce intéressant. ♥

War dresse une main devant elle, une boule de feu se formant au creux de sa paume.

« Je suis War, une anomalie que vous n’auriez jamais voulu voir. »

L’élément disparaît, puis une aura nébuleuse émane d’elle, recouvrant d’abord une parcelle du terrain, puis tout le terrain, recouvrant même le plus éloigné des combattants.

Le début d’un long et beau spectacle … ♥

_______________

Alors alors~
Déjà, il y a quatre loups qui sont morts, donc il en reste disons.. 2,5, puisque l'un d'entre eux est salement amoché. Mais ça, maintenant, osef un peu. ♥
Après s'être présentée, War utilise une "aura nébuleuse". En gros, c'est une technique niveau 3 qui réveille toutes vos pulsions sombres, notamment celles de guerre. Plus simplement : cela vous amène à vous battre les uns contre les autres, avec plus ou moins de violence. Vous formez les groupes de combat comme vous voulez, peu importe '_' (en gros, ça peut être Kero vs vous trois, ou chacun pour sa pomme ... Bref x) )
Pas d'ordre de post non plus~ !

Une certaine déception gagna le guerrier lorsqu'il vit les deux clébards galeux aller ramper jusqu'à leur maîtresse. Il n'aimait pas qu''un combat soit ainsi rompu, mais il s'abstint de les poursuivre, il y avait d'autres priorités. Son oeil unique jeta un regard aux autres combattants réunis, ils avaient l'air de s'en être bien sortis...à première vue, il n'y avait que des mages. Il avait même eu l'impression, le temps d'un souffle, de connaître la petite... Le géant n'aimait pas non plus la magie, et il reporta bientôt son attention sur la sorcière qui avait ouvert les hostilités.

Le colosse n'entendit pas un seul de ses mots. Seul le sang bourdonnait dans ses oreilles, son propre sang, transportant les échos de son cœur qui cognait de plus en plus violemment un rythme martial. Il sentait ses veines bouillir d'un sanglant désir, sa chair engagée sur la damnation s'enflammant au son des tambours. Sa pupille écarlate s'écarquillait, guettant le moindre geste avec avidité. Chacun de ses muscles commençait à jouer d'impatience, gonflant d'une force furieuse, enrageant de cette prison charnelle et stoïque.
Il ne prit nullement garde au vent mystérieux qui souffla soudainement, pas plus qu'il ne remarqua l'attitude chevaleresquement inutile du Criméan. Quelque chose venait de se produire.
Quelque chose qui n'aurait pas du arriver.

La brise de magie le traversa, comme le vent traverse un champ de blé. Et le sortilège impie imprégna son corps, remontant ses veines de feu comme transporté par son sang bouillonnant, attisant ses instincts, opprimant ses sens autant qu'il les affûtait.
Sa vision s'occulta, son esprit s'assombrissant remodelait ses perceptions. Les murs devenaient d'immenses ombres solides, les sables dansants prenant l'apparence de reflets éphémères, semblables à autant d'éclats de miroir illuminés par un soleil noir, qui rayonnait de son obscure lumière dans un ciel devenu pareil à un océan de sang, aux vagues tordues dans son infinités, traçant des arabesques impossibles par des jeux de teintes sordides. Son œil rouge, grand ouvert face à cet enfer surréel fixa les silhouettes lui faisant face. Il n'était plus question de race, ou de genre, ni quoique ce soit. Les vivants n'étaient plus que des formes, tordues, déformées par une vision corrompue, réduites à des membres tordues, des silhouettes désarticulées aux griffes improbables, aux gueules démesurées hérissées d'innombrables dents monstrueuses. Les tomes de magies avaient été remplacés par des flaques liquides aux teintes inconcevables, dont les flux magiques agitaient le fluide, faisant danser et bouillir les résidus défiant la gravité.

Son immense lame passa à nouveau dans son champ de vision, mais elle n'était pas cette saleté d'épée, cette plaque à meurtre broyant les os et arrachant les vies. Elle avait été remplacé par un immense et sombre miroir aux contours changeant, ses bords se tordant, s'étirant, à la recherche de sa forme véritable. L'oeil de feu croisa le plat du miroir distordu et se perdit dans sa vision. L'ombre réfléchissante lui renvoyait égale à celle des verreries les plus pures, mais son reflet n'était que chaos.

L'esprit tourmenté contempla le temps d'une éternité cet étranger qui le dévisageait depuis le reflet unique d'un millier d'éclats. La surface de l'obscur miroir était irréprochable, pourtant son double était brisé, fêlé, d'innombrables fissures parcouraient son corps déséquilibré, fracturant, dédoublant son visage, déformant son existence. Une cassure aussi noire que la mort balafrait son visage, séparant ses yeux. L'un des deux s'éteignit, sa couleur s'effaçant comme une craie s'efface sous la pluie, le second disparut dans les ombres qui noyèrent l'éclat dans lequel il logeait, ne laissant qu'une unique lueur rougeoyante dans le noir.
D'une fissure à une autre, la silhouette du reflet changeait. D'un éclat, où elle était chétive et pâle, elle devenait immense et rouge de sang au suivant. Il fixa son oeil unique sur la flamme tenace de son double, sans qu'aucun ne cille. Alors des ombres commencèrent à apparaître, des fumées compactes, des fantômes fugaces, qui émergeaient de sa silhouette improbable, des formes décharnées, incomplètes, intangibles, aux faciès difformes et ravagés, comme tronqués à la création ou remodelé par tous les diables de l'enfer, autant d'ombres sombres aux gueules hurlantes, de haine, de deuil et de souffrance, figées dans l'éternité du sombre miroir.
Les spectres n'étaient pas que des reflets, certains étaient pigés dans les reflets brisés, parfois confinés à un seul et même éclat, mais d'autres sortaient du miroir, filant à des vitesses hors du temps et tordant encore plus les contours instables de l'épée-reflet. Leurs formes suppliantes ou enragées tordant la noirceur de la lame, leurs visages s'imprimant dans l'acier noir, un concert hurlement ininterrompu parvenant aux oreilles du diable.

Un concert qui ne venait pas que de lui. Dans les éclats brisés, il y avait un reflet étranger. Un reflet qui n'était pas eux. Une nouvelle plainte s'élevait, le gémissement d'une éternelle souffrance enchantait les oreilles des enfers, les arabesques de sang semblant se tordre en réponse à la plainte des damnés. Cela ne venait pas d'eux. La braise s'illumina, les ombres s'épaississant à mesure que la lueur s'agrandissait, jusqu'à devenir gênante, éblouissante, blessante. L'oeil sanglant se ferma un instant.
Derrière.

Le colosse se retourna, apercevant enfin une tornade d'ombres torturées, tournoyant autour d'un fluide bouillonnant de noirceur, aspirées pour en accroître l'infâme puissance. La plainte éternelle des morts tiraillait son être, son âme déchirée par les pouvoirs impies qui le dévoraient chaque jour, et dont la fureur se déchaînait à l'occasion de sa rage, et de la haine d'une sorcier noir. L'heure était à la folle damnation, au meurtre absurde, à la violence absolue.
Il fallait tuer.

Faisant volte-face, le guerrier des ombres leva son épée entre lui et la vague d'esprits tourmentés qui traversèrent l'espace comme un ouragan. Le sort ne lui était initialement pas destiné, mais il était sur le chemin, et des âmes l'appelaient déjà à les rejoindre, à partager leur éternel douleur. Ça, il n'en était pas question. Le géant poussa sur une jambe pour s'écarter autant que possible de la trajectoire du maléfice dévastateur. Pas assez. La noirceur de son épée s'opposa à l'horreur du Luna, sa soif insatiable étouffant sa malveillance, dévorant le sort comme un loup dévore un agneau. Les hurlements de ses propres suppliciés redoublèrent, déchirés par le choc des magies, agressés par les "nouveaux-venus".
Mais cela ne suffit pas, le maléfice était grand, puissant, et ses âmes hurlantes contournèrent la lame comme l'eau contourne un roc, et dévorèrent le guerrier.

Une douleur glaciale, sans nom. Leurs corps effacés se glissaient sous ses peaux de chair et d'acier, attrapant son âme et tentant de l'arracher à cette carcasse dont ils avaient été privés, plantant leurs dents éthérées pour s'en repaître. C'était la mort qui l'appelait, son contact effroyable aurait pu suffire à abattre un homme avant même que les spectres ne dépècent son être. L'élan suffit à le sortir du sort qui poursuivait sa route vers la sorcière, les derniers fantômes abandonnant dans un hurlement déchirant le géant qui posa un genou à terre.
Et il sourit.

Nul ne pouvait sortir indemne d'un tel sort, lui y compris. Il était probable par ailleurs que n'importe qui aurait pu succomber, s'évanouir ou devenir fou d'avoir encaissé, presque de plein fouet, un tel maléfice. Mais pas lui, pas aujourd'hui. Le miroir se précisa, ses formes sombres devenant plus concises, une longue lame vorace, hérissée de dents glaciales naissait entre ses mains. Il en émanait une sombre aura, tel un nuage obscur qui menaçait de l'engloutir. Le géant se releva en accueillant avec un plaisir malsain l'énergie corrompue qui imprégnait petit à petit son être.
Il était déjà damné, son âme dévorée et défendue par sa lame infernale. La souffrance était son quotidien, le déchirement de son existence son réveil et sa berceuse. Et les spectres souffrants constituaient sa subsistance, il s'en nourrissait, s'en abreuvait, et effaçait à loisir leur misérable reste d'existence pour son plaisir ou sa force.

Son corps massif renforcé, soutenu par les maléfices de son épée hantée, guidé par une rage infinie et une faim insatiable vers ces vies qui l'entouraient, poussé par un impérieux besoin.
Besoin de tuer.

Il rugit comme un fauve, couvrant les plaintes inlassables des âmes torturées qui parvenaient enfin à être entendues, et chargea la maigre silhouette d'un corps difforme, comme distendu de l'intérieur. Elle était horrible, vue par son oeil brûlant d'un feu sombre, tordue et rongée par les ombres qu'elle manipulait, souillée par ses propres maléfices. Il se sentait déjà extatique à l'idée de pourfendre cette abomination, et une fois morte il se chargerait des autres. De tous les autres. Tous. De tout Tellius. De toute vie qu'il pourra déchirer.
Il devait tuer.

Il devait tous les tuer.

Il était la Mort de toute Vie.

La Guerre est sainte, la Guerre est douce. Elle vous emporte, vous balance, vous fait chavirer au cœur de batailles incertaines. La Guerre réveille en vous vos pulsions les plus sombres, vous rend monstrueux. L’adrénaline, si secrète, qui peut vous donner la force de massacrer un homme. Une fois qu’elle est en vous, plus rien ne vous arrête, si ce n’est … Vous-même. Mais l’adrénaline, décuplée, cachée par ce voile de haine lancé par l’étrange anomalie ; qu’est-elle réellement ? Elle peut transformer un chevalier en pleurnichard, qui pense que Yune le sauvera ; une petite fille en démon sanguinaire ; un monstre en monstre encore plus avide de sang ; un prêtre en tueur. Le sourire de War s’élargit tandis qu’elle contemple le spectacle.

D’un geste de la main, elle envoie une puissante boule de feu sur le jeune homme face à elle. Ses cheveux noisette et sa mine de guerrier saint lui montent au cerveau. Qui diable compterait sur une déesse pour se sauver les fesses, surtout ici ? Pauvre petit.

L’autre, au loin, le colosse, venait de parer un joli sort de Luna, permettant à War de gagner du temps pour l’esquiver. Cette petite semble en avoir énormément dans les tripes, comment se fait-ce qu’elle soit aussi jeune ? La demoiselle arqua un sourcil, puis fut coupée dans ses songes par un étrange sifflement.

En levant les yeux, elle aperçut l’impossible. Un sort excessivement grand, un Purge, mais totalement différent de la normale. Quelle débutante, avoir tant regardé les autres et ne pas y avoir prêté attention. War se jette sur le côté, se recouvre d’une barrière protectrice de feu pour s’en protéger, mais il est déjà trop tard.

Le sort transcende tout, même la barrière – qui soit dit en passant était lancée trop tardivement –, avant de lui brûler la peau, lui infliger une cécité temporaire. War lâche un hurlement strident, puis s’écroule par terre, dans le silence.

La Mort ? Oh, elle la connaît bien, non ?
Est-ce vraiment ça, la Mort ?
Un nuage blanc, opaque, lourd, qui pèse sur vos yeux et vous rappelle que vous n’êtes plus là. Perdue entre la Vie, le Purgatoire, l’Enfer et le Paradis. Vous n’êtes plus. Juste une nouvelle étoile qui s’éteint.

War toussote. C’est ça, la fin ? Vraiment ?
C’est si simple. Si drôle. Trop simple. Trop drôle.
War ferme les yeux et se fait emporter dans le silence du désert, dans la violence des combats qui s’annonce.

Pourtant, même si la vie semble quitter son corps, l’aura nébuleuse revient, frappe à nouveau, peut-être encore plus forte que la première fois. Sa menace plane toujours sur le désert, comme un monstre qui ne s’en ira jamais.

Les chiens s’élancent à l’assaut des autres. Il en reste trois, dont un qui est amoché. Leur but ? La vengeance. Venger leur maîtresse, si chère à leur cœur.

Mais le silence, si pesant, semble étrange …
Serait-ce déjà la fin d’une comète ?

__________________________
Je vous résume juste la fin du post : War disparaît simplement, elle s'écroule, morte. Pourtant, vous êtes toujours sous l'influence de l'aura, qui est légèrement plus puissante que la première vague, et les chiens vous agressent. Mais prenez le temps de bien regarder autour de vous. Est-ce que vous la voyez toujours?
A vous d'interpréter la suite, et encore désolée pour ce méchant retard.
Enjoy!

Il n'avait pas peur des sorts qui fusaient de toutes parts. Pas plus qu'il n'avait peur de la souffrance qui dévorait tout son être, rongeant ses chairs autant qu'elle effritait son essence. Le dément n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Il détestait les mages, tous autant qu'ils sont. Des sources de problèmes, des lâches, des faibles. Tous. Alors il aurait tout le temps d'avoir mal une fois qu'il les aurait éparpillé à travers le désert, qu'il aurait dévoré leurs corps brisés et saccagés leurs âmes malsaines. Le démon aimait ce qui était malsain, cela lui donnait une bonne excuse pour l'être encore plus.

Son épée s'abattit avec un fracas terrible. Raté. La fillette maléfique s'était enfuie. Bonne réaction...misérable. Un cri de rage fusa à son intention alors que le géant s'élançait à sa poursuite. La petite courait bien, elle avait de l'avance...mais lui était immense. Ses jambes avalaient en un pas ce qu'elle pouvait faire en quatre, et son armure ne le gênait pas. Les plaques pesaient sur son corps meurtri et fragilisé, la brûlure du Luna se faisait toujours ressentir avec la même acuité. Il les occulta, les étouffant par sa soif meurtrière et par les essences impies qui se mélangeaient à la sienne. Pour un torrent d'âmes hurlantes l'ayant déchiré, il en dévorait des flots entiers, enfermés dans son épée à chaque nouvelle bataille. Le dément était fort, insensible. Maudit.

S'il existait une divinité du crime atroce, alors sans doute était-elle de son côté car un des loups percuta violemment la morveuse pénible qui vola au sol, avant de s'entourer d'une brume noire étrangement familière. Cette sale gosse...il la connaissait ? Il avait besoin de tuer quelque chose, d'arracher un cœur pour le croquer à pleine dents, de sentir une vie se briser sous ses crocs. Mais pas elle. Pas tout de suite. Il avait envie de jouer avec elle avant.
Le chien qui l'avait percuté se tourna vers lui en hurlant. Le dément lui répondit par un rugissement encore plus féroce avant qu'une trombe de feu ne vienne engloutir le canidé-humanoïde.

Le visage pâle du monstre-épéiste s'empourpra violemment. Sa colère lui filait une migraine bien plus violente que la pénible morsure du Luna. Avaient-ils finis, tous autant qu'ils sont, à attiser à ce point sa rage !? Des mages stupides par-ci, des mages lâches par-là, des mages-nains pour finir...et pour couronner le tout, une mage bizarre avec des chiens. Et quand enfin il trouve une putain de victime à démembrer, il faut qu'un de ces foutus fumiers de pétochards à la noix vienne le cramer !? Mage de merde !

La trombe de feu avait essayé d'engloutir les trois chiens, avant de se projeter vers lui. Alors c'était l'autre trou du cul maniéré qui les lui brisait ainsi ? Okay. Le fou furieux brandit son épée devant lui, tel un immense bouclier corrompu et chargea à travers les flammes. Les sortilèges émanant de sa lame noire jusqu'à en imprégner son porteur fournissant une bien meilleure protection contre les machinations de pourritures de mages qu'une simple armure. Ses cheveux déjà rouges roussirent dans la foulée alors que le Criméan s'intéressait à la fillette dans son manteau de maléfices.
Alors qu'il en perdait déjà santé et raison, sa fureur monta encore d'un cran. Ses muscles puissants et décharnés se gonflèrent sous une nouvelle impulsion provenant de l'épée noire. Ses veines le brûlèrent alors que son sang bouillonnait d'une unique obsession pour une unique cible. L'annhilation. Et ce foutu mage qui semblait prendre un véritable plaisir à lui chercher des noises.

Sa peau cloquait sous son armure, dont le claquement de la lourde plate crevait ses chairs gonflées. Son corps accusait le coup des efforts inhumains qu'exigeait le dément, la magie noire ne l'aidant pas à supporter sa propre débauche de rage dévorante et de force absurde. Mais il les ignora. Tout. Ce petit con de mage le gonflait avec ses beaux principes de tapette, il l'énervait avec sa sale trogne de nobliard péteux et pétant, il en rajoutait une couche en cramant son loup à lui avant d'essayer de le passer au barbeuc, et comme si ça ne suffisait pas il essayait maintenant de buter la gamine qu'il voulait garder pour étancher sa faim un peu plus tard ? Il va falloir plus qu'une seule petite centaine de censures pour rendre acceptable ce qu'il va lui faire à ce foutu magos !

Lancé comme un boulet de canon dans son assaut inarrêtable, le colosse percuta avec la force d'un coup de tonnerre le canidé qui se relevait tant bien que mal de la boule de feu traîtresse, en ralentissant même pas alors qu'il manquait de le fracasser en deux d'un coup d'épaule. L’œil rouge, grand ouvert, comme un portail brûlant vers l'enfer restait focalisé sur le Criméan.
Il n'y avait rien d'autre dans sa vision. Le sol était un tapis d'un gris écoeurant et au relief incertain, les murs avaient laissé la place à des espaces ternes et compacts, le ciel n'était qu'un océan de ténèbres qui n'illuminerait pas les âmes les plus noires. Et le mage était là. Silhouette d'un rouge éclatant, si bien détaillé qu'il aurait su avec une méticuleuse précision où planter ses crocs pour lui arracher la gorge, où planter son épée pour briser sa colonne vertébrale comme une brindille. Et cet abruti prétentieux provocateur de magicien à la con se prenait tellement pour un dieu avec ses petites flammèches qu'il se permettait même de se concentrer sur les autres mages - bon, un point pour lui car il tire sur un mec encore plus lâche que lui...mais ça ne fait toujours qu'un point. Crevure ! - alors qu'il fondait sur lui.

Son hurlement dément accompagna le sifflement pesant de sa lourde lame qui fendait les airs dans un terrible coup de taille. Et dans tous ceux qui suivirent. Ce truc était à peu près agile, alors il comptait bien le tailler comme une haie un peu trop haute.
Il fallait qu'il crève.
Peu importe que ce soit vite ou lentement, que sa lame lui arrache le visage ou bien le pulvérise comme un insecte, qu'il agonise des heures ou meurt sans même le comprendre. Il fallait qu'il crève !
Il fallait qu'il crève pour qu'il dévore son âme, et lui faire goûter à son éternelle haine.
Oh oui, il fallait qu'il crève...

A l'origine quelqu'un de calme et modéré, la malédiction infligée par son épée noire avait fait de Kerorian un être aussi puissant qu'instable, qui peinait à se contenir pour la moindre action. Sa gentillesse devenait preuve de folie, sa dépression était son quotidien, mais il n'y avait rien de pire que sa colère.
Au début réduite à une vague contrariété qui lui faisait au mieux hausser le ton et serrer les poings, elle s'était changée, alimentée par des tourments millénaires et des pouvoirs obscurs, en une rage inextinguible. Elle dévorait le guerrier, distordait sa perception du monde et faisait de lui un juggernaut implacable. Un monstre assoiffé de sang et de douleur. Généralement, seule la perte de connaissance forcée par l'épuisement extrême de ses forces parvenait à le calmer. Avoir été plaqué, frappé, transpercé, fracassé n'avait jamais suffi qu'à attiser sa démence acharnée.

Et cela ne s'arrangea pas lorsqu'un cercle flamboyant se posa autour d'eux et que cette sensation de feu bouillonnant s'amplifia encore, alors que réapparaissait la sorcière. Le géant s'était arrêté lorsque le sort les avait emprisonnés pour en fixer le centre. Il pouvait entendre les battements de son cœur, ce tambourinement déchaîné dans ses oreilles, comme si le palpitant se débattait comme un forcené pour s'extraire de sa poitrine et charger à son tour pour répandre la mort.
Oh bien sûr, ce petit chevalier de pacotille était toujours sur sa liste, infâme petit bâtard qu'il prendrait plaisir à démembrer à la seule force de ses bras, misérable et pénible vermine humaine, tout comme la morveuse avec a magie noire. Le tueur se ferait une joie immense de l'envoyer un siècle ou deux au cœur de sa malédiction.
Mais tout ça, ce n'était absolument rien. Sa haine viscérale pour tout ce qui respire, cette rancune mortelle pour ceux qui l'attaquaient, cette rage sauvage contre les enfoirés qui le frappaient dans le dos ou qui usaient de la magie...ce n'était rien.
Rien en comparaison de ce qui le consumait alors que son oeil solitaire, injecté d'un sang furieux, dévorait de son regard de feu la sorcière flamboyante.

Son esprit avait été balayé, brûlé par la guerre. Et pourtant il souriait.

Elle. Elle plus que tout !

C'était elle sa proie. Sa véritable proie. Sa faim s'éveilla, plus que jamais. Le géant aurait juré sentir son corps gonfler dans son armure, si tant est qu'il pouvait encore ressentir quelque chose d'autre qu'un désir impérieux, alors que tout son être réclamait la mystérieuse mage.

Prends la, Déchires LA, TUE LA ! TUE ! TUE !!!

Devenu plus bête que les fauves qu'il avait affronté, le dément changea de cible, pour ne pas dire qu'il avait oublié en l'espace d'un souffle l'existence des deux autres êtres qui avaient pourtant fait exploser sa colère. Son corps, ou bien était-ce son armure, grinça sous la puissance qu'il le força à déployer pour s'élancer sur l'étrangère qui tendait les bras vers eux.

Elle les somma de mourir. Lui allait la tuer. La sorcière souriait. Le démon souriait.
Déchaîné, le géant bondit dans les airs pour accroître sa force de frappe, son potentiel de destruction. Une petite épée pouvait suffire à couper une tête, quand on possédait sa puissance. La Dragonslayer n'avait pas besoin de ça pour être létale...mais tout son être n'était plus voué qu'à l'annihilation absolue de la magicienne.
Et puis le monde explosa. Foncer tête baissée, littéralement, dans une boule de feu aussi puissante n'était jamais une bonne idée.

_______________________________________


Lorsque Kerorian ouvrit les yeux, tout avait...changé. Son esprit était confus, ses sens émoussés. Le Rôdeur avait du mal à se concentrer, tout comme il peinait à se rappeler ce qui s'était passé. Sans plus attendre il se releva et commença à étudier les lieux. Cet environnement vide, placide ne lui disait rien. Que s'était-il passé ? D'instinct, il porta la main à son épée. La Dragonslayer n'était plus là, mais il portait toujours son armure, avec son acier terne, déjà fatigué par le train de vie qu'il lui imposait. Sa bonne vieille Zwei était toujours à sa hanche en revanche, sa présence familière, aussi chaleureuse que celle d'une femme aimée mais avec une indéfectible fiabilité, réconforta le jeune homme.
Lorsqu'il laissa reposer sa main sur sa vieille lame, Kerorian eut le sentiment de...qu'il aurait pu penser à quelque chose, se rappeler peut-être...de quelqu'un. Mais son esprit demeurait trouble. Prêt à dégainer si jamais cet endroit plat lui présentait une menace, il s'avança en regard autour de lui, poussant même le vice jusqu'à demander à haute voix s'il y avait quelqu'un. Première fois, pas de réponse. Seconde fois, plus forte, il crut entendre...ou sentir quelque chose, dans une direction. Il alla voir. Toujours rien. Une hallucination ? Pas impossible, ses sens demeuraient incertains...
Troisième fois, cette fois le Rôdeur en était certain, quelqu'un chantonnait.

Prudemment, il alla voir l'origine de cette mélodie étrangement familière alors qu'elle l'angoissait. Inconsciemment, Kerorian calqua son pas sur le rythme de la chanson, dont il ne pouvait percevoir autre chose que le rythme aussi lancinant qu'attirant, comme une flamme aurait attiré un papillon.
Il aurait juré avoir longé un mur, bien que cet endroit en soit dénué, puis arriva enfin à la source de la mélopée. Quelqu'un était perché, comme installé sur un rocher ou en haut d'une pente, et répétait éternellement ce chant fatidique, sans même s'interrompre en le voyant. Le Rôdeur plissa les yeux pour essayer de deviner la silhouette, sans succès. Elle se trouvait dans un contre-jour mystique qui ne laissait rien entrevoir d'autre que la forme vague de l'inconnu, dont le changement infime de ton laissa supposer qu'il souriait. Kerorian crut apercevoir un éclat rougeoyant, brillant comme un brasier, comme un soleil au milieu de ce néant.
Curieux, irrésistiblement attiré par cette entité mystérieuse, fasciné par son éclat unique, son chant, le Rôdeur s'avança, levant un bras pour se couvrir les yeux, se protéger de la lumière. L'inconnu parut se pencher vers lui et lui tendre la main, l'invitant semblait-il à le rejoindre.

Kerorian était confus, sceptique. Pour rien au monde il ne serait pas allé s'asseoir avec cette silhouette fascinante, ou pour aller voir ce qui brillait à ce point pour l'éblouir au milieu de nulle part. Cependant il hésita en voyant que la main était un gantelet d'arme, aussi rouge que le sang, aussi rouge que ses yeux.
Ses yeux ?
Le Rôdeur leva les doigts pour effleurer la partie droite de son visage. Il sentit son œil se fermer à leur approche et sa vision s'étrécir. Qu'est-ce que ça signifiait ? Il était devenu borgne le jour où...

"Nngh..."

Une violente migraine le saisit. Il s'était passé quelque chose de grave...très grave. C'était lui qui...qu'est-ce qu'il avait fait bon sang ? L'inconnu chantonnant sembla hausser les épaules. A travers son chant, Kerorian sentit son cœur se serrer, puis se détendre, contractant brutalement à un vers pour se relâcher au suivant. Une terreur effroyable s'empara du guerrier, pourtant si brave. Une peur sans nom qui le fit reculer d'un pas, prêt à dégainer alors qu'il se prit à suffoquer. La mélodie avait changé, ce n'était qu'une nuance, mais elle venait de changer, et cela le pétrifiait presque d'horreur.
Le néant commença à s'assombrir alors que la souffrance le gagnait. Bientôt, toute sa volonté ne fut plus suffisante pour résister à la douleur et il tomba à genoux, serrant les dents pour se contenir. L'éblouissante lumière disparaissait petit à petit alors que le mystérieux inconnu se levait. Un ennemi ? Sans doute même pire que ça...

Mais si tout devait finir ici, alors que ce soit au moins l'arme à la main ! Kerorian essaya de saisir Zwei, sa presque-sœur d'acier, mais la souffrance l'écrasait trop, il n'avait même plus la force de dégainer. Cela l'enragea. Il ne voulait pas mourir, et certainement pas comme ça ! Il avait encore tant à faire !

En es-tu bien certain, jeune Kerorian, de vouloir continuer à te battre ?

Une douleur déchirante irradia depuis son oeil droit, le Rôdeur fut forcer de le fermer alors que depuis celui-ci commença à s'écouler du sang. Cela ne fit que renforcer sa volonté, la lumière s'effaça et tout devint sombre. Sombre mais pas noir, il voyait l'étrange lieu comme il le percevait avant. La silhouette demeurait floue, incertaine, presque changeante. Mais son armure, son sourire et son chant, eux restaient. Une certitude de quelque chose au milieu de rien.
Le gantelet rouge se tendit à nouveau devant lui, à sa portée. Ca, il pouvait l'attraper, c'était certain. Mais l'esprit du guerrier était encore plus confus, Kerorian était certain que c'était cette mélodie qui le terrassait ainsi, alors pourquoi son chanteur souhaitait-il l'aider ? Peu importait. Le Rôdeur refuser de crever comme ça, comme un chien perdu dans le néant, agenouillé face à un malheureux chant !
Sa fureur de vivre, de résister lui donna assez de force pour saisir la main de l'énigmatique spectre, leurs gants de guerre claquant l'un contre l'autre.

La douleur redoubla, arrachant un cri à celui qu'on avait appelé Redeye, mais il parvint pourtant à se relever, comme si le musicien lui conférait une force nouvelle. Le sourire de l'homme sans visage, dissimulé par un voile à l'existence incertaine, s'agrandit encore.

Tu n'as jamais choisi la facilité de toute façon, mon frère...alors continues comme ça.

La souffrance s'agrandit encore, irradiant dans tout son corps. Mais le Rôdeur ne cria pas. Cette puissance qui infusait dans son corps lui donnait la force de résister. Son "bienfaiteur" posa une main contre sa cuirasse, soufflant quelques mots à travers son chant qui persistait à gagner en intensité jusqu'à devenir sifflant, brûlant. Kerorian crut entendre quelque chose comme "bonne chance", peu avant que le musicien ne le pousse en arrière.
Avant de tomber, ne trouvant pas le sol vide sous lui, mais bien une abîme interminable, son oeil écarlate se fixa sur l'armure écarlate du mystérieux chanteur. Le Rôdeur chuta en même temps qu'il réalisa que le rouge de son gantelet avait laissé des traces sur le sien.
C'était du sang.
Et ce n'était pas lui qui chantait. C'était Kerorian.

___________________________________________


Au milieu des sables et de la poussière, un titan de fer remua à peine. Longuement, lentement la carapace inerte se releva péniblement, se mettant à quatre pattes pour pouvoir se déplacer avant de chercher à tâtons quelque chose qu'il avait perdu, quelque chose qui lui manquait. Sa main se referma finalement dessus, et il s'en servit comme d'une canne massive pour se remettre sur pied et reprendre sa route. Vers où ? Peu lui importait, mais il sentait que rien ne l'attendait ici. Dans cet endroit où ne demeurait que le silence du vent, qui déplaçait les dunes jusqu'à recouvrir la terre, le sang et la cendre.
Un vagabond, meurtri et égaré quitta ces terres désolées, sans même savoir ce qu'il devait faire de sa vie.

Il entendait toujours la fascinante mélodie. Elle résonnait en permanence en lui.
Mais il ne chantait pas.

Cet évent est désormais clos !

Voici vos récompenses :
Pour la participation, vous recevez 20 points d'expérience.
Quant à vos posts, ils ont une valeur de 5 points par post !
Veillez à préciser tout cela lors d'un passage au module de demande d'expérience, pour que ce soit validé, et pas oublié. ( =P )
Qui plus est, vous obtenez tous les trois 2 flacons de breuvage, connus pour être plus efficaces que les potions de soins habituelles. Faîtes en bon usage!

Merci encore de votre participation !