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 Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI]

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Ruika
RuikaLaguz


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Feuille de personnage
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MessageSujet: Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI]   Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI] I_icon_minitimeDim 1 Juin - 13:16

Un Coeur qui bat dans ma poitrine

Je me ballade dans cette cité qui était autrefois mienne. Chaque pavé, chaque boutique, chaque édifice font ressurgir en moi les souvenirs d’un passé lointain profondément enterré au fond de mon âme. Les gens que je croise me regardent avec une curiosité très affichée, me dévisageant de la tête au pied et ne comprenant certainement pas pourquoi je porte sur moi autant l’odeur des êtres inferieurs que celle des êtres ailés. Je ne relève pas leur manière insultante de me détailler et continue à errer à travers ces rues qui étrangement ne m’ont pas tant manquées.
Peut être est-ce à cause de ces souvenirs qui frappent douloureusement à l’entrée de mon crâne mais je ne me sens pas à mon aise, l’atmosphère est trop lourde, je me sens faiblir à chacun de mes pas alors que de ci de là, l’image de mon frère me parvient de manière éphémère. Je le vois courir à travers les rues de la capitale, je le vois jouer avec ses amis, je le vois rire. Ces images me donnent des pincements au cœur, une douleur sourde qui vous prend au niveau du thorax et vous comprime la poitrine vous empêchant de respirer, d’avancer. Je n’aurais pas du revenir en ces lieux…
Sans crier garde, je me fige au milieu de la rue me recroquevillant sur moi-même. Mes bras sur ma tête j’essaye tant bien que mal de reprendre une respiration normale, le temps s’arrête alors que les gens défilent autour de moi me montrant du doigt et parlant à voix basse de la folle que je semble être. Je n’en ai que faire, qu’ils parlent, ils ne m’atteignent pas, personne ne peut m’atteindre dans ce monde où le temps est ralenti.

Soudain, une main se pose sur mon épaule, sa chaleur se déverse dans mon corps réchauffant mon être et une voix d’une douceur étrangement connue me dit avec la légèreté d’un murmure :

- Ruika Yoi, c’est bien toi n’est-ce pas ?

Cette voix, sa sonorité chaleureuse et cette manière pleine de charme de prononcer mon nom…Les souvenirs se bousculent à mon cerveau affluant tel un torrent déchainé prêt à détruire un barrage de sécurité et à inonder mon esprit d’un passé douloureux.

*Je ne dois pas me laisser submerger*

Avec une lenteur presque théâtrale, je me relève pour faire face à mon interlocuteur. Etrangement je ne le vois pas, non pas qu’il se cache ou dissimule son visage, mon esprit occulte simplement cette vision qu’il sait me faire souffrir. Reprenant un peu de hauteur en utilisant ce vent qui m’est si cher je me place un peu au dessus de cet homme aux odeurs dérangeantes et lui dis avec une froideur qui est propre à ce que je suis à présent :

- Vous devez-vous tromper de personne Monsieur. Je n’ai jamais eu l’honneur de faire votre connaissance.

L’homme sursaute et me lâche aussitôt retirant en même temps que sa main, la chaleur qu’elle m’avait apportée. Je me relève prudemment évitant de croiser le regard que je sais d’un bleu profond pour m’y être souvent plongée dans ma jeunesse perdue. J’ai soudainement froid au milieu de cette place ensoleillée d’une lumière d’été et je me sens seule au milieu de tout ce monde.
L’homme se recule de quelques pas déconcerté par ce vent glacial émanant de moi, il ne comprend pas d’où il vient, il ne sait pas comment y réagir, il n’a jamais été confronté à ce vent rempli de sentiment contradictoire, d’amour, de haine, de rancœur et de regret,… il ne comprend pas, il n’a jamais compris. Je m’avance vers lui alors que je le sens paralyser par la peur. Petit à petit, il entre dans mon monde de lenteur et alors que je suis à son niveau, je ne m’arrête pas et passe à coté de lui en chuchotant d’un ton n’acceptant aucune réplique :

- Tu ne sais pas qui je suis, tu ne l’as jamais su…

Doucement je sors de ce monde, de ce temps que je m’étais créé pour échapper à la réalité et reprend pied dans ce monde ingrat avec une volonté propre à ce que je suis devenue. Je me remets à avancer au même rythme que les autres passants alors que je laisse derrière moi une personne perdue dans mon monde. Une jeune femme passe en courant à coté de moi, ses longs cheveux d’un blonds presque dorée avec ce soleil éclatant me frôlant le bras au passage. Elle s’agenouille près de l’homme maintenant écroulé au sol et le prend par les épaules pour l’enlacer dans ces bras d’une blancheur pure et agréable. Sa peau doit être douce au touché, bien plus que la mienne recouverte de cicatrices. De ses lèvres rosées sortent des mots dégoulinant d’un amour tendre et il y répond par ce même sourire qu’il possédait déjà il y a une petite demi-douzaine d’années.
J’ai envi de vomir.

S’il y avait bien une personne que je n’aurais pas voulu revoir autre qu’Ashtenn, c’était certainement lui, car si Ashtenn concentrait les pires et les meilleurs souvenirs de mon existence après la mort de mon frère, Eythan Rinoel lui concentrait ceux d’avant sa mort.

C’était une histoire banale, celle d’un premier amour qui se finit mal et j’ai vécu tant de choses depuis que je pensais que je pourrais lui faire face avec un grand sourire en me souvenant de nos moments de bonheur passés ensemble mais finalement, quelque soit le temps passé, les épreuves endurées et les obstacles surmontés, le voir, sentir le contact de sa peau contre la mienne, le son de sa voix quand il prononce mon nom…me brûle de l’intérieur d’un feu destructeur loin de celui de la passion. Prenant mon envol, je me pose sur le haut d’un bâtiment où j’avais l’habitude de me reposer tout en observant la ville. Rien n’a changé en cinq années et comme ce jour fatidique, j’observe les toits, les yeux brouillés par des larmes qui se refusent à couler.

C’était une histoire banale pourtant, elle faisait mal, vraiment mal…

***
Je n’avais alors que 14 ans et je vivais depuis près d’une année avec mon frère au sein de la capital de Gallia. Le travail était prenant et les temps où je pouvais penser à moi, réduis. Cependant, je ne me plaignais pas car mon travail alliait rémunération importante et plaisir à la fois, ce qui me permettait de subvenir aux besoins de mon frère et aux miens mais également de payer son école militaire. C’était déjà un grand pas en avant pour une jeune fille de mon âge. Néanmoins, comme toutes jeunes filles, je cherchais aussi à plaire aux garçons et même si je n’avais pas la beauté immaculée des petites poupées tout droit sorties de la jupe de leur mère, n’ayant jamais touché un outil de leur vie et ne sachant même pas s’habiller seules, je pouvais me targuer d’un jolie minois et de formes tout à fait à mon avantage. Je savais que je ne laissais pas le gente masculin indifférent et bon nombre de fois Robin avait menacé mes prétendants les faisant déguerpir la queue entre les jambes ce qui me faisait bien rire. Du moins jusqu’au jour où je le vis.

Le soir d’un bal organisé en mon honneur par l’un de mes amis, pour l’une des représentations que j’avais réalisée pour son anniversaire, je tombais droit dans son regard d’un bleu azuré. Au milieu de la décoration de feuilles d’or et d’argent, des froufrous et autre tissus opulents, lui, habillé d’une simple chemise élégante d’un bleu rappelant celui de ses yeux, le Laguz-corbeau au vue de ses ailes de la même couleur que sa chevelure ébène, s’approcha de moi avec une démarche souple et silencieuse rappelant celle des chasseurs. Ses couleurs sombres dénotaient franchement avec l’allure pailletée de l’ensemble des invités. Pourtant, ça ne le rendait que plus attirant au regard. Sans me demander il me prit la main et m’emmena sur la piste de danse m’entrainant dans une valse des plus téméraires. Son pas était fluide et simple à suivre, sa prise sur mon corps un peu ferme mais rassurante. Je pouvais facilement m’abandonner à lui et le laisser me guider sur ces notes entrainantes. Les pants de ma robe d’un blanc perle virevoltait au son de la musique, je me retournais encore et encore le laissant me tourner l’esprit et me laissais aller dans ses bras puissants.
Il ne dit mot durant notre échange et je ne débutai pas non plus la conversation si bien que lorsque la musique s’arrêta et qu’il s’éloigna à la recherche d’une nouvelle cavalière, je restais hébétée ne sachant pas si je devais le suivre, le retenir ou… Les notes d’une musique enflammée et enflammante s’élevèrent dans la salle…Je me tournai vers l’orchestre pour voir que mon partenaire n’était pas parti pour me remplacer mais simplement pour m’emporter sur un rythme plus langoureux. D’un signe de la tête presque impérieux il écarta la foule avant de me tendre sa main pour aller le rejoindre. Peut être n’aurais-je jamais du accepter cette main qu’il dirigeait vers moi et dont les longs doigts fins s’agitaient comme pour attirer un chat sauvage… mais au moment précis où il le fit, l’idée de refuser ne me traversa même pas l’esprit.
Je m’avançai au rythme de la musique me laissant aller à quelques fantaisies, ne le rejoignant pas directement mais lui tournant autour comme une vieille femme qui fait son marché et étudie la marchandise. Il esquissa un mouvement rapide pour me saisir le bras mais ne saisit que le vent car j’étais déjà loin à virevolter au dessus de sa tête en un balai aérien des plus provocateurs. Les voix s’élevaient depuis le public et des acclamations volaient à tout va. Le spectacle venait de commencer.
Encouragé par les cris et applaudissements, mon vis-à-vis ne prit pas beaucoup de temps avant de déployer ses immenses ailes d’un noir presque bleuté, d’une unicité parfaite faisant contraste avec celles colorées de mille nuances de gris, noir et brun m’appartenant. Avec une témérité indigne de son âge et de son rang, le corbeau aux cheveux d’ébènes m’attrapa de ses plumes m’enveloppant et me serrant contre son corps chaleureux… plus par reflexe que par envie, je le repoussais avec dureté m’appuyant sur lui pour effectuer une figure des plus spectaculaires. Avez-vous déjà vu un ange sortir des griffes d’un démon ? Car cette scène y ressemblait beaucoup…
Nous avons continué ainsi tout le temps de la musique nous provoquant mutuellement, nous fuyant également… C’était une chasse où personne ne savait qui était le prédateur de la proie. Puis la musique s’arrêta nous regagnâmes la terre ferme et alors que je me tournais vers lui pour le remercier de cet échange extraordinaire, il n’était plus là…
Je l’ai cherché durant de longues minutes alors que les invités se jetaient déjà sur moi pour me féliciter. Quelle plaie !

La fin de soirée arrivait, je devais m’en aller mais je n’avais finalement pas réussi à le retrouver et pourtant j’avais tellement voulu le revoir…

- Bonjour jolie demoiselle.

Une voix grave, des paroles dites avec un charme certain et ces mots soudainement agréables à mon oreille. Je me souviendrais toujours de sa voix de ces premiers mots qu’il m’avait adressée alors que je sortais de la demeure de mon ami pour rejoindre la mienne, alors que j’avais perdu espoir d’obtenir ne serait-ce qu’un nom.

- Bonsoir vous voulez certainement dire !

Répondis-je de mon ton insupportablement froid comme à son habitude. Ne pouvais-je être agréable ne serait-ce qu’une fois dans ma vie ? Je me rappelle avoir fait fuir bien des prétendants par ce genre de commentaires sans tact et sarcastiques…

- Pardonnez moi, mais vous êtes tellement étincelante que j’en oublie qu’il fait nuit.

Il est étrange comme ce genre de phrases complètement ringardes réussissent tout de même à faire monter le sang à vos joues…Je tournais la tête rapidement espérant que la nuit cacherait mes rougeurs et continuant sur ma lancée désagréable je lui répondis :

- Je vois que vous êtes aussi beau parleur que danseur…

- Je suis bon en bien des domaines pour tout vous dire.

Je n’étais pas sure d’avoir entendu ce qu’il venait de dire mais son visage rayonnant et son sourire aguicheur me confirmèrent mes pensées. Ce type était un goujat.
Je ne relevai pas ses paroles et d’un pas bien décidé, je partis la tête haute laissant vaguement mon outrage paraître à travers ma démarche. Il rit… je ne me retournai pas pour ne pas sembler plus idiote encore, ce type se fichait simplement de moi. Je tournais et disparaissais quand soudain j’entendis le son du vent fouetté par les plumes rigides. Il était juste derrière moi…

- Mon nom… je m’appelle Eythan Rinoel. C’était un plaisir de vous rencontrer Mademoiselle Ruika Yoi…


Je ne lui avais rien demandé à ce malotru… et d’abord c’était quoi cette façon lancinante de prononcer mon nom… je me retournai vers lui pour lui dire ma façon de penser et le vit s’incliner de manière exagérée, relevant légèrement la tête. Dans la nuit noire, je ne vis que le bleu de ses yeux et étrangement ils me captivèrent. Un air malicieux perçait dans ses iris et je ne réussis à me sortir de son regard que quand d’un air guilleret il me fit un clin d’œil. Enfoiré.
Avant que je ne puisse dire le fond de ma pensée, il disparut …

Il aurait été préférable que notre relation s’arrête à ce simple contact cependant, j’avais beau me le répéter, mon corps ne suivait pas ma raison et durant quelques jours j’attendis patiemment des nouvelles de lui. Il connaissait mon nom après tout, il était donc facile pour lui de me joindre de quelques manières que ce soit…Il viendrait certainement à moi…
Du moins c’est ce que j’avais pensé durant bien une semaine voir deux mais finalement je ne reçu point de lettres. Je crois que le mot qui aurait le mieux décrit mon état à ce moment là était certainement la frustration… Bien sûr, il était simple pour moi de prendre ma revanche, un mot à Robin et je pouvais être certaine qu’il aurait ce qu’il méritait… mais à vrai dire la seule chose que je voulais c’était le voir, même sans parler, même sans qu’il ne me voit lui-même… Je voulais juste le regarder. Cela peut sembler malsain dit ainsi et je m’en rendais compte pourtant, j’en avais envie…
Prenant mon courage à deux mains et mettant de coté mon orgueil et ma fierté de femme indépendante et de Laguz, je décidais d’écrire une lettre…

Les mots me parviennent encore aujourd’hui alors que les souvenirs affluent à mon esprit me rappelant chaque parole, chaque mot écrit de ma plume. Je crois que je ne m’étais jamais autant appliquée à écrire une lettre…

Bonsoir Sir Rinoel,

Je ne sais pas si vous recevrez cette lettre à la nuit tombée mais je suppose que loin de vous, le jour n’a plus de couleurs.
Je dois bien vous avouez que vous avez réussi à m’intriguer et à piquer ma curiosité, c’est pourquoi je me ferais une joie de partager un moment de plus en votre compagnie pour, cette fois-ci aligner un peu plus de deux mots.

Cordialement,
Ruika Yoi

Le mot était court, mais je me rappelle que chaque courbe, chaque ligne m’avait arrachées une partie de ma sérénité, faisant battre mon cœur à toute allure…
Il est étrange de voir comme le corps peut réagir bizarrement à la pensée d’une personne rencontrée qu’une fois dans sa vie…

C’était avec toute la volonté du monde que j’avais fait mander un coursier pour envoyer ma lettre et c’est d’une main tremblante que je la remis au garçonnet qui avait accouru à mon appel…une main tremblante… Je n’avais jamais eu la main tremblante.
Durant les jours qui suivirent j’étais dans une situation d’attente insupportable, des questions tourbillonnaient dans mon cerveau de manière insidieuse.
N’était-il pas saoul à cette soirée… ?
Allait-il prendre le temps de lire la lettre et d’y répondre ?
Se souviendrait-il seulement de moi ?

C’était énervant, frustrant de ne pas savoir, et rien que le fait de m’énerver pour ça m’énervait encore plus… Je pense que je n’ai jamais été plus ridicule ou plutôt si, je l’avais été quelques temps après.

Finalement, je reçus la réponse tant attendue une semaine après avoir envoyé ma missive. Un simple mot griffonné à la va vite sur un bout de parchemin taché…

Avec plaisir
Etait la seule chose inscrite sur le morceau de papier… Il se foutait réellement de moi. Avec rage je le broyais dans ma main le serrant tellement fort que mes griffes s’enfoncèrent dans ma paume.

- Bonjour jolie demoiselle…

Le souffle dans mes oreilles me surprit tant que j’appliquai les leçons de Robin avec un naturel déroutant. Alors que les mots effleuraient mes cheveux, je m’étais déjà retournée toutes serres sorties et j’abattais mon bras sur l’homme aux ailes noires… Ailes noires ?
Il était déjà trop tard pour que je retienne mon mouvement et c’était avec chance qu’il évita de justesse l’attaque. Seule sa chemise partit en lambeaux…

- Je…Veuillez m’excuser !!!

Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi idiote qu’à ce moment là…

Je me jetais sur lui vérifiant à travers sa chemise déchirée que nulle entaille n’avait été faite sur ce corps, ce torse, cette peau blanche et lisse…

*Oh mon Dieu mais que fais-je*

Ma tête était baissée sur le corps d’un homme dénudé et mes mains posées sur ce même corps…

- Je vous trouve bien entreprenante aujourd’hui…

Je n’osai pas relever la tête tant mes joues me brûlaient. Je m’inclinai plus bas encore et me reculais en m’excusant à de multiples reprises.

- Ce n’est pas bien grave, j’aimais bien cette chemise bien sûr
_ et en plus il me faisait culpabiliser…_ mais au pire vous m’en rachèterez une. Par contre je vais devoir rester ici jusqu’à ce que la nuit tombe vraiment car il ne serait pas décent de sortir de la maison d’une jeune femme habillé ainsi…

Quelle excuse idiote, il ne serait pas plus décent de sortir dans une telle tenue la nuit tombée mais avant même qu’elle ne puisse répliquer, l’homme s’était confortablement installé dans le canapé.

- Mais allez-y faite comme chez vous…

Je refermai la porte restée grande ouverte et me rendit dans le séjour pour tenir compagnie à mon hôte impromptu. J’aurais pu passer des heures à lui expliquer l’indécence de son acte. Débarquer chez une jeune demoiselle la fleur au fusil, sans prévenir et en s’imposant pratiquement… mais je ne dis rien et le laissa prendre place parmi mes meubles.

Je passais cette après midi là le moment le plus heureux de ma vie de jeune femme. Eythan comme il m’avait demandé de le nommer était une personne intéressante avec un caractère agréable et une réflexion non dépourvue de pertinence. Il avait une manière de présenter les choses qui faisait que l’on buvait toutes ses paroles… j’étais littéralement captivée par le son de sa voix et je lui aurais donné le bon Dieu sans confession tant il maniait bien la langue.
Etrangement, je trouvais cela agaçant de le savoir entre les quatre murs de ma maison… moi qui avait tant voulu le revoir je me disais soudainement que finalement, il ne m’avait pas tant manqué que ça…
Pourtant, j’aurais bien donné tout l’or du monde pour qu’il reste toute la vie…
C’était un sentiment si paradoxal que je ne pouvais m’expliquer mais sa présence bien que plaisante, restait perturbante. A chacune de ses paroles, je voulais le retenir un peu plus et le relançais dans une autre conversation mais chaque minute qu’il passait dans ma maison créait une inquiétude croissante en moi. Un nœud se formait dans mon estomac alors que la nuit s’approchait et que l’heure de son départ venait également.

- C’était un plaisir comme je le pensais jeune Ruika.

Tant de sensations contradictoires bouillaient à l’intérieur de mon corps. Il se tenait sur le pas de ma porte et je restais à le regarder sans lui dire un mot.
Qu’espérais-je… ? Qu’il m’embrasse je crois. Néanmoins je ne fis rien pour l’y inciter et l’arrivée de Robin m’y fin à cet espoir.

- Ah petit frère tu rentres tôt !

- Il est déjà 20h passé, tu sais… Bonsoir.

Robin nous regarda tour à tour et après avoir esquissé un sourire entendu, il s’échappa ne voulant pas essuyer mes foudres…

- Eythan,… euh au revoir, j’espère vous revoir bientôt, enfin bien sûr si vous n’êtes pas trop occupé, enfin je veux dire je ne voudrais pas vous…

Ses lèvres se posèrent sur le haut de mon front avec une douceur certaine.

- A bientôt petit ange.

Je relevais la tête pour le voir partir mais une fois encore, je ne vis que l’ombre de ses ailes s’éloigner…Le contact de ses lèvres sur ma peau m’emplissait de chaleur et pas seulement au niveau de son touché mais dans tout mon corps…C’était étrange comme sensations mais pas du tout désagréable.

- Il s’appelle comment ton nouvel ami ?

- Ça ne te regarde pas, vas te coucher !

- A 20h… sans manger… donne moi son nom et je te laisse tranquille, de toute façon tu sais pertinemment que je le trouverai.

- Eythan, Eythan Rinoel ! Voilà tu es content !!


Un gloussement de jeune midinette lui échappa et il esquiva extrêmement bien le pot de fleurs que je lui jetais à la figure. Sale gamin !

A la suite de cette visite inopinée, on échangea de nombreuses lettres et je dus contribuer à l’enrichissement des garçons de course car quand j’écrivais six messages je n’avais la réponse qu’à un seul…
Avez-vous la moindre idée du point auquel on peut se sentir idiot… Bien sûr je savais qu’il était très occupé, et qu’il ne pouvait pas forcément trouver le temps de répondre à mes missives mais même sachant cela, l’attente d’une réponse qui ne vient pas, use vos nerfs et vous rend irritable si bien que vos messages deviennent de plus en plus agressifs et que vous en envoyez d’autres par-dessus pour vous excuser de votre véhémence… de telle sorte qu’au final, il se retrouve avec une pile conséquente de morceaux de papier inutiles…
Et pour rajouter à ma frustration grandissante, bien sûr, je ne pouvais pas le voir autant que je le souhaitais… Alors même si je passais certainement pour une dingue, je continuais à écrire car c’était ma seule manière de communiquer avec lui.
Les quelques fois où on se voyait, c’était souvent la nuit car dans la journée il ne trouvait pas le temps alors que la nuit, il pouvait toujours simuler une migraine pour pouvoir se libérer de ses amis insupportablement encombrant à mon avis. On ne sortait jamais et il venait donc toujours chez moi. J’aurais bien aimé le présenter à mes collègues, m’afficher avec lui mais lui me répondait toujours qu’il ne voulait pas me partager avec d’autres… alors finalement, on restait à la maison et on parlait durant des heures. Parfois, on se faisait même rattraper par les premières lueurs de l’aube et on se rendait compte qu’on avait discuté toute la nuit durant…C’était plaisant de ce dire que jamais je ne m’ennuyais en sa compagnie, que le temps passait à une vitesse incommensurable et que je n’étais pas la seule à me plaire en compagnie de l’autre. J’avais l’impression de vivre un rêve d’une simplicité déroutante mais pourtant je ne l’aurais échangé pour rien au monde et certainement pas pour ce qui a suivi.


- Grande sœur, j’aimerais que tu arrêtes de voir ce type…

- Ne soit pas jaloux Robin, ce n’est pas parce que je suis amoureuse que je ne m’occuperais plus de toi.
[i]

Et là, à ce moment précis, je réalisais que ce qui était sorti comme une évidence, je ne me l’étais jamais avoué… j’étais amoureuse…
Il est étrange comme le fait de le dire à haute voix, rend la chose plus tangible, plus réel et palpable… j’étais amoureuse et c’était la première fois que je le ressentais au plus profond de mon âme…C’était si naturel, si évident que mon cœur en battait encore plus rapidement… Je ne savais comment j’avais pu l’ignorer si longtemps mais j’étais amoureuse…

- Ruika, il est fiancé.

Bizarrement, le cerveau à vraiment une grande capacité à occulter les choses qu’on ne veut pas entendre, qui nous font souffrir.

- Robin enfin arrêtes de t’inquiéter pour rien, je sais que je suis souvent occupée ces derniers temps mais ce n’est pas la peine de dire des bêtises…

- Toi occupée !! Oui tu es occupée à écrire à cet imbécile qui pendant ce temps batifole ouvertement avec sa fiancée.

- Tu…

- D’après toi pourquoi il ne veut jamais que vous vous voyez en public, hein ?... Parce qu’il ne veut pas que ça se sache qu’il entretient une relation avec toi.

- Tu délires complètement, on n’entretient pas ce genre de relation, d’accord je l’aime mais je n’ai jamais dit que c’était réciproque
_ ça faisait mal_ il ne m’a jamais embrassé, ni même enlacée _ ça faisait mal de se le dire à voix haute et de détruire en quelques mots tout ce qu’on avait construit en un seul_ Tu te trompes sur lui. S’il a une fiancée tant mieux pour lui. Il n’a rien fait qui le déshonore, c’est juste moi qui me suis fourvoyée…

Ça faisait tellement mal de se rendre aussi rapidement compte que l’on aimait quelqu’un et que ce n’était pas réciproque. Je venais moi-même de détruire mon illusion alors que je commençais seulement à l’apercevoir…
Je ne sais pas pourquoi mais même si je venais juste de me rendre compte que je l’aimais mais yeux pleuraient comme si cela faisait des années que je le savais…

Quand étais-je devenue si faible… ?

- Je suis désolé sœurette mais tu sais des mecs biens il y en a pleins.

- C’est un mec bien, c’est juste moi qui suis idiote, c’est moi qui ais espéré quelque chose que je ne pouvais avoir

- Et tu ne penses pas qu’il aurait pu te le précis…

- Silence ! C’est bon j’en ai assez entendu pour aujourd’hui, je suis fatiguée.

Comment passer de l’état d’euphorie à celui du profond épuisement en moins de quelques minutes par Robin Yoi. Bien sûr je savais qu’il s’inquiétait pour moi, qu’il avait dit cela pour moi. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de le détester à ce moment précis. Je ne pouvais m’empêcher de me dire que bien heureux étaient les ignorants. Et le fait de me dire ceci m’énervait d’autant plus car je n’étais pas le genre de personne à apprécier de me faire leurrer… Sans que je le remarque, les sentiments que j’éprouvais pour Eythan avaient commencé à modifier ce que j’étais au fond de moi.

Ce n’était qu’une semaine après ça que je me décidai à lui demander confirmation. Il était venu une fois à la maison entre temps mais je n’avais pas trouvé le courage de lui demander c’est pourquoi, je me torturais devant ma feuille pour essayer de tourner de la meilleur façon possible mes phrases. Je ne voulais pas que ça fasse fille jalouse ou curieuse, ni obsédée qui le suis et le surveille…

Bonjour Eythan,
Je pense que tu l’as remarqué mais je me suis énormément attachée à toi. Cependant, j’ai besoin d’éclaircir un point pour faire la lumière sur mes sentiments pour toi.
Mon frère Robin que tu as croisé plusieurs fois vient de m’apprendre que tu avais une fiancée.
Ne te sens pas obligé de me répondre mais je souhaiterais savoir si c’est effectivement le cas.
Si cela se révélait vrai sache que ça ne changera rien à nos relations
Avec toute mon amitié
Ruika Yoi

Si le premier message avait été dur à envoyer, celui-ci qui risquait d’être le dernier l’était bien plus. Je n’ai jamais eu tant mal au ventre… et des centaines de fois après l’avoir envoyé, j’avais voulu m’excuser pour mon impertinence, mais je m’étais retenue du mieux que je pouvais. J’ai résisté encore et encore m’inquiétant, me faisant des films sur lui, me demandant s’il allait bien, peut être que s’il ne répondait pas c’était qu’il lui était arrivé quelque chose ou alors peut être que rien était SA réponse…

L’attente est certainement la pire et la meilleure des choses. C’est le moment où on peut tout imaginer, des choses bien meilleures que ce que la réalité peut offrir mais c’est également le moment où on se questionne, où on est toujours dans l’incertitude dans un état où il nous est impossible d’avancer. Nous sommes en suspens et incapable de nous en sortir seul sans perdre tous nos espoirs au passage…

Ce n’est qu’un mois plus tard que je reçus sa réponse.


Oui, c’est vrai que je suis fiancé et que je l’aime.
Désolé de ne te l’avoir dit plus tôt.
Fidèle à lui-même, le message ne dépassait pas les deux phrases. Après un mois d’attente, je m’attendais à bien plus que ça pourtant, ça ne m’étonnait pas de lui. Le message n’était même pas signé. D’ailleurs quand j’y réfléchissais, ils ne l’étaient jamais comme s’il craignait que quelqu’un les découvre. Il venait toujours seul comme s’il ne voulait pas que son chauffeur sache où il se rendait. On ne se voyait jamais le jour comme s’il désirait se cacher… C’était terminé.

Comme je lui avais promis, je continuai à lui envoyer des lettres mais l’inspiration n’y était plus, l’envie non plus. J’avais besoin de changer d’air, j’avais besoin de me changer les idées.
Robin avait raison, ça faisait trop longtemps que je n’étais plus sortie de peur de manquer une missive, un rendez-vous imprévu. J’avais mis ma vie en attente, je ne referais pas la même erreur m’étais-je dit sure de moi.

Cependant, les sorties me paraissaient fades, les discussions aussi. Tous ces jeunes gens autour de moi à baver comme des chiens en rut me répugnaient. Je n’avais aucune envie de les écouter et ces certainement à partir de ces soirées-là que je me mis à boire pour oublier, à boire tellement que je réussissais à me détendre et à m’amuser. Les conversations étaient toujours aussi vides mais au moins je n’avais plus la force d’essayer de les remplir. Je me sentais presque bien. Je pouvais à nouveau me sentir regarder, me sentir aimer avec le sourire. C’était agréable de voir que je pouvais être désirable car Eythan avait presque fini par me mettre le doute. Après tout le temps que l’on avait passé ensemble, je me demandais bien comment il n’avait pas fait pour tomber amoureux de moi après tout je suis belle, intelligente, forte et indépendante… Mais peut être aimé t-il les jeunes filles idiotes, faibles et complètement dépendantes de lui. Avait-il besoin de se sentir rassuré en restant avec une fille incapable de vivre sans lui ? En un sens il avait bien fait de se fiancer car sinon il serait certainement tombé amoureux de moi et se serait rapidement rendu compte que je pouvais très bien vivre sans lui… Même si j’aurais préféré vivre avec lui.
Je ne devais pas penser à ça, ça ne faisait que m’enfoncer un peu plus dans ma tristesse et ça ne servait à rien. Des dizaines de beaux jeunes hommes entièrement libres n’attendaient que moi. Alors pourquoi me prendre la tête avec un vieux crouton barbant.

*Tient, le brun avec ses oreilles de chat me dévore littéralement des yeux et il est plutôt pas mal*

D’un pas particulièrement bien assuré pour une personne à moitié saoule je m’approchais de lui et me posais sur le pilier juste à coté, l’invitant par un soupir à venir me tenir compagnie.

- Bonsoir mademoiselle.

- Bonsoir… j’ai remarqué que vous me dévisagez depuis un petit moment de façon bien indécente monsieur

- Il n’y a rien d’indécent à regarder une beauté telle que vous

Classique. Tellement classique que ça en était ennuyant cependant il avait un certain charme tout à son honneur… Il ne fut que le premier d’une longue liste. A chaque soirée, je me dégotais un garçon des plus charmants réussissant à aligner plus de trois phrases en ma présence. Ils étaient tous très mignons avec leur petit visage de bambins, les yeux remplis d’étoiles quand je leur adressais la parole. Le plus mignon fut certainement un loup avec qui je passai plus d’une semaine en sa compagnie. Il m’avait emmenée en haut des falaises abruptes de Gallia, je l’avais embrassé,…avant de le quitter pour me rabattre sur un faucon moins fleur bleu.
Je continuais mes soirées, batifolant à droite à gauche et en toute insouciance, si bien que je ne me souviens même pas de son nom ni même de comment je m’étais retrouvée dans cette situation mais quelques heures suivant l’une de ses soirées, en plein milieu de la rue, un félin m’embrassait fougueusement. Tellement fougueusement que nos dents s’entrechoquaient et que j’avais l’impression qu’il essayait de m’étouffer avec sa langue ou de me faire vomir. Heureusement pour lui que j’ai toujours bien tenu l’alcool car avec ce qu’il était entrain de me faire subir bien d’autres auraient déjà vidé leur estomac.
Reprenant donc mes esprits, je le repoussais gentiment mais fermement.

- Je ne me sens pas bien, je vais rentrer chez moi.

Je m’essuie subrepticement la bouche ne supportant pas cette salive pâteuse et malodorante sur mes lèvres. L’alcool a vraiment des effets secondaires contraignant.

- Ah non, tu ne vas pas jouer à ça, tu m’allumes et après tu t’enfuis ! Faut pas déconner non plus aller tu me suis !


Sans même que je ne m’en rende compte, il me saisit le bras et le serra douloureusement m’obligeant à le suivre. Je n’avais plus aucune force n’y dans les bras ni dans les jambes et à chaque pas que je faisais, un sentiment nouveau s’emparait de moi. La peur.

- Lâche-moi !

Il se retourna et me décocha un revers que j’encaissai mal.

*Merde mais qu’est-ce qui se passe enfin*

- Ne joue pas tes timorées avec moi ça ira plus vite si tu ne me fais pas chier !

En un sens, ce n’était qu’un juste retour des choses, j’avais tant joué qu’il était difficile de me prendre au sérieux après ça. Je suppose que je devais accepter ce qui allait suivre comme une punition pour m’être laissée aller à la débauche et aux jeux des adultes… Pourtant je ne le voulais pas.


La colère peut parfois vous faire faire des choses que vous ne vous pensez pas capable de faire dans la réalité. J’avais mal digéré le coup qu’il m’avait donné mais ses paroles furent le véritable déclencheur de ma rage.

- Ta raison enfoiré, ça va être rapide.

Je gardais ma main fermement fermée alors que je préparais mon attaque. Il allait apprécier.
Mais avant même qu’il ne s’approche, il disparut dans une tempête de plumes noires.
Eythan…
L’ange noir descendu du ciel de minuit venait à moi de sa démarche langoureuse.

- Mon ange il ne t’a rien fait ?

Il me tendait la main mais je n’arrivais pas à voir, je n’arrivais pas à comprendre et mon cerveau faisait un blocage sur cette image alors qu’une seule question résonnait dans mon esprit. Pourquoi ?
Pourquoi devait-il me trouver dans une situation si pitoyable ?
Pourquoi devait-il toujours être aussi puissant et impressionnant à chacune de ses apparitions ?
Pourquoi même après m’être résolu à n’être que son amie, mon cœur bat-il toujours aussi fortement… ?

- Qu’est-ce que tu fais ici, en plein milieu de la nuit avec ce garçon et dans les mauvais quartiers en plus… ? Tu as de la chance que je sois passé par là et que…

- Pourquoi es-tu là ?

- Au lieu de poser des questions stupides auxquelles j’ai déjà répondu tu devrais me remercier et…

- Je ne t’ai rien demandé !! Je me débrouillais très bien seule, je n’avais pas besoin de toi !

Il était étonné tout comme moi de la véhémence de mes paroles. Je ne savais pas pourquoi je m’en prenais à lui, il n’avait rien fait. Pourtant…

- Je me serais débarrassé de lui au moment ou j’en aurais eu envie. Tu n’avais pas à intervenir dans…

Mon corps tremblait, ma voix également. S’il n’était pas intervenu que ce serait-il passé,… je l’aurais certainement tué. Il me prit dans ces bras et ses ailes me recouvrirent de leur chaleur.

- Ruika, mon ange n’ai plus peur je suis là maintenant.

Je soupirai à ses mots. Il ne se rendait même pas compte que les tremblements de mon corps n’était pas seulement dû à ce qui venait de se passer mais qu’en grande partie ils étaient dus à lui, sa voix, son contact…

- Arrête, nous pouvons rester amis à la seule condition que tu ne me touches pas, et que tu évites de me parler sur ce ton et que tu évites de me sauver…

- Alors je ne peux plus te voir, ni te parler, ni même te prendre dans mes bras pour te réconforter ?

Il affichait un sourire tendre qui ne me facilitait en rien la tâche pourtant je me décidais à être honnête avec moi-même quitte à perdre cette amitié qui m’était chère.

- Non, tu ne peux pas car quand tu me parles avec ce ton doux, j’ai l’impression d’être importante pour toi…

- Mais tu es…

- Quand tu me regardes de tes yeux bleus si profond, j’ai l’impression de me perdre et le pire est que je ne déteste pas ça et quand tu me prends dans tes bras pour me réconforter, moi je ne pense qu’à une chose c’est à t’embrasser car je t’aime…Je t’aime autant que je te déteste de ne pas partager mes sentiments. Alors arrête, si tu ne m’aimes pas, laisse-moi tranquille !

- …

Il n’y avait bien que lui pour se taire à un moment pareil. Il aurait pu dire tant de choses qui m’aurait permises de me remettre plus facilement, il aurait pu mettre fin à mon supplice mais au lieu de cela, il restait silencieux et refermait encore son étreinte sur mon corps.

- Pourquoi ne dis-tu rien…

- Tu m’as dit de te laisser tranquille si je ne t’aimais pas alors voici ma réponse.

Ses ailes se fermèrent au-dessus de nos têtes pour nous permettre d’entrer dans un autre monde, un monde de chaleur, de lumière et de beauté. D’un mouvement d’une douceur infinie, il effleura mes lèvres du bout des siennes et me transporta dans ce monde où le bonheur est roi et l’amour est loi.

Il est étrange de constater que l’on puisse passer du plus grands des bonheurs au pire des malheurs en quelques instants mais surtout de remarquer que la réciproque est vraie.

*
Les jours qui suivirent cette nuit ressemblèrent énormément à ceux passé à parler mais ils furent si différents également. Je ne le voyais pas la journée, il était toujours fiancé ce qui ne changeait pas de notre situation initiale. Mais je m’en foutais car il m’aimait et là était le véritable changement. Il me l’avait dit et me le répétait à chaque fois que je doutais de ses sentiments. Nos conversations se teintèrent d’une subtile couleur sensuelle et chacune de nos entrevues étaient plus intimes et plus douces. Robin n’aimait qu’à moitié cette situation mais ne pouvant s’opposer à moi, il se tint prêt, lame à la main à devoir trucider cet homme que j’aimais. Eythan m’avoua même avoir été menacé à de nombreuses reprises par mon cher Robin mais ça ne l’empêcha pas de rester à mes cotés.

On dit souvent que l’amour est aveugle, je pense simplement que c’est notre cerveau qui décide d’occulter certaine partie de la réalité pour nous permettre d’être heureux. Ce qui nous parait moche devient beau. Nous nous adaptons à ce que nous pensions être inacceptables. Nous éliminons de notre mémoire la présence de ceux que nous considérons indésirables. Notre cœur s’accorde à notre esprit pour nous permettre le bonheur. Vous pouvez alors vous abandonner complètement à cette source de bonheur, vous offrir en toute quiétude et donner tout de vous en une simple étreinte.
Je ne pense pas que j’aurais pu être plus heureuse que le jour où nos corps se sont unis en un ultime soupir. Sa main dans mes cheveux les tenant fermement, mes jambes autour de son bassin, mes mains dans son dos alors que mes griffes s’y accrocher de peur qu’il ne s’en aille… Ses lèvres sur mon épaule, sur ma gorge et sur ma bouche engourdie par le plaisir. Les larmes coulant de mes yeux alors que l’étreinte se faisait plus profonde et plus soutenue…Je l’aimais, il m’aimait c’est tout ce dont j’avais besoin à ce moment là.

Cependant, le temps passe et les envie changent. On devient plus exigeante, on désire plus, on veut se faire exclusive, on devient jalouse, on réfléchit et on finit par douter.

Pour une caresse qu’il vous accorde, vous vous demandez combien il lui en a donné, pour un baiser déposé sur vos lèvres, vous voulez savoir combien on était déposé sur les siennes… vous devenez vindicative à propos de cette personne dont vous ignorez tout jusqu’à son nom. Vous vous pensez mieux qu’elle et désirez en avoir plus…
Qu’à t’elle que je n’ai pas ?
Pourquoi ne me choisit-il pas ?
M’aime-t-il plus qu’elle ?

Toutes ses questions auxquelles il ne répond que par d’autres questions sans jamais vous donner une réponse et pensant que ça vous suffira. Il pousse parfois même le mauvais goût en vous disant qu’il se ferait pardonner plus tard alors que vous ne lui demandez pas de s’excuser mais de mettre fin à cette situation impardonnable…

Le doute se met à vous ronger, vous suffoquez de cette situation dont personne ne peut vous extirper car personne ne le sait. Vous ne parlez à personne connaissant déjà leur réponse et vous vous isolez, vous sentant incroyablement seul. Vous avez toujours une personne derrière vous pour vous encourager mais elle ne comprend pas, elle ne sait pas et ses mots vous paraissent vides de sens. Vous devenez irritable et lunatique pouvant passer du bonheur le plus total à la profonde dépression en l’espace d’une journée. Le pire c’est que la seule personne avec qui vous pourriez en parler n’est pas apte à vous écouter car vous savez qu’elle sera aussi atteinte par vos paroles que vous l’êtes vous-même.

Je l’aimais tellement que je ne pouvais chercher que son bonheur acceptant cette situation qui m’était insupportable. Lui remontant le moral alors que lui-même ne faisait que descendre le mien.
Ce qui m’acheva fut sa rencontre. Je devais bien me douter que je ne pourrais pas ignorer sa présence éternellement mais je ne pensais pas la rencontrer dans une telle situation. Elle était belle, une corbeau aux ailes blanches et aux cheveux dorées comme les blés. Elle possédait de magnifiques perles ambrées dont elle tirait son nom, Ambre. C’était la fiancée d’Eythan et je ne trouvais rien à dire sur elle. Elle était dotée de la beauté de ces jeunes filles à la peau de porcelaine, d’une éducation exemplaire et d’une présence des plus charmantes. Elle se tenait au bras de son fiancé et souriait d’un sourire rafraichissant riant d’un rire cristallin. Nos regards se croisèrent et je ne sais pas ce qu’elle y vit mais cela ne sembla pas le moins du monde l’effrayer à la manière dont elle se jeta sur moi.

- Vous êtes Ruika Yoi, c’est bien ça ? Je suis une grande fan, je ne manque jamais l’un de vos balais, vous êtes magnifique
_ Si mignonne_ Mais je manque à tous mes devoir, je suis Ambre Fricourtenelle bientôt Rinoel. Mais vous devez surement connaitre mon fiancé.

Eythan s’avança d’un pas serein et calme qui ne fit que m’excéder intérieurement. Il s’inclina respectueusement devant moi me serrant le cœur et releva son visage sur moi déviant rapidement son regard sur sa jeune donzelle pendue à son bras.

- Je suis désolée ma princesse mais je n’ai jamais eu l’honneur de faire la connaissance de mademoiselle Ruika Yoi.

C’était douloureux. Il saisit mes doigts alors qu’une nouvelle fois, mon cerveau se paralysait. Ses lèvres se déposèrent sur le dos de ma main en un baisemain des plus chastes et sans m’en rendre compte je retirais ma main avec tant de violence que mes serres entaillèrent sa joue. Mes yeux s’écarquillèrent devant le sang qui coulait en fines gouttelettes.

- Veuillez m’excuser, je ne suis pas habituée aux gentlemans, ces derniers temps je n’ai à faire qu’à des goujats.


Je savais que je lui avais fait du mal en lui disant ça mais pourtant je n’avais pu retenir mes paroles. C’était si douloureux. Sans un mot de plus je me retournais en un mouvement presque insultant et je partais sans me retourner. Jamais je ne pourrais être si mignonne, si fragile et si innocente. S’il recherchait ça chez une femme, jamais je ne pourrais être à son goût. Je ne faisais pas partie des agneaux, non j’étais une louve, nul besoin d’être protégée même si je le souhaitais. Je partis et il ne me suivit pas. Pourquoi l’aurait-il fait… Ce n’était pas explicable de laisser sa fiancée pour suivre une… une inconnue, c’était ainsi qu’il l’avait présentée. Je pris mon envol pour monter haut, très haut là où personne ne pouvait m’atteindre, là où personne ne pouvait m’entendre si haut que mes larmes se gelèrent dans leurs orbites et que mes cris de rage ne trouvèrent aucun écho.

- Ruika mon ange… il faut me comprendre, je suis destiné à épousée Ambre depuis qu’elle a 2 ans. Je ne peux pas laisser tomber ma famille et la sienne. C’est une promesse qui nous lie depuis tant de temps que je ne peux pas simplement dire désolé, j’aime quelqu’un d’autre. Même si c’est vrai. Car je t’aime Ruika si tu dois te raccrocher à une seule vérité raccroche toi à ça. Je t’aime.

Il était venu la nuit tombée alors que j’essayais de trouver le sommeil à travers mes pensées torturées. Il me tenait dans ses bras et me serrait contre son corps à la chaleur bien moins rassurante. Mes mains se posèrent machinalement sur son dos alors qu’il continuait de s’expliquer, de se trouver des excuses. En un sens je le tenais entre mes mains, un mot de moi pouvait réduire à néant son existence. Elle pouvait simplement aller voir cette jeune petite Ambre et lui dire pour tous ses baiser déposés dans sa nuque, lui parler de tous ce qu’il aimait et l’écraser entre ses doigts telle une vulgaire poussière. Il pouvait, par ses mots essayer d’acheter son silence, de la lier à lui pour la faire taire pour que je ne veuille jamais lui faire du mal… et il réussissait. Je relevais la tête et l’embrassait tendrement l’allongeant dans mon lit.

- C’est bon, je te comprends, je te pardonne. Reste avec moi…

*
La chute en enfer fut longue, et la destination inévitable. Durant des mois encore je supportais cette situation laissant de coté toute fierté. Mon frère me vit me désintégrer petit à petit sans rien pouvoir faire. J’avais mis ma vie en attente, je m’étais paralysée de manière volontaire et je n’avais eu aucune envie de m’échapper de cette situation. Je m’étais simplement laissée allée dans les méandres de mon esprit laissant mon cœur me guider. Mais la fin était inévitable et ne fut pas évitée. J’aurais certainement du me douter que la fin était là quand il m’envoya une lettre de sa propre initiative me demandant de le rejoindre en plein jour. Mais on est idiote et aveugle ou on ne l’est pas.
C’était la première fois que je voyais sa maison elle n’était pas le moins du monde à son image. Tout était trop dorée, tout était trop riche,… l’opulence des lieux avaient quelque chose de vomitif et de désagréable. J’avançais sans manquer un seul détail de la maisonnée guidée par un majordome tout ce qu’il y a de plus austère, qui me mena dans un séjour reculé de la demeure où m’attendait Eythan.
Je ne lui sautais pas dans les bras trop dérangée par l’environnement peu familier mais me posa en face dans le fauteuil qu’il m’indiqua sans même prendre la peine de se lever pour m’accueillir. Le mauvais pressentiment que je sentais naître au fond de moi fit alors surface dans toute sa grandeur et à une vitesse que je nommerais de remarquable mon cœur s’enterra ne laissant place qu’à mon esprit.

- Ruika mon ange… je… je vais me marier dans un mois.
_ Sur un ton plus bas, à peine audible_ mais ça n’empêche que je t’aime et que…

L’esprit ayant repris ses droits sur le cœur, je me réveillais enfin de ce cauchemar brumeux qu’était ma vie. Je ne sais pas ce que mon cœur avait espéré en me menant dans une telle situation d’irrespect de ma personne,… peut être pensait-il que cet homme abandonnerai tout pour faire ce qu’il désirait vraiment. Mais c’était en comptant sur le fait que ce qu’il désirait vraiment était moi. L’homme qui nait en obtenant tout ce qu’il désire ne peut comprendre ce que je suis, il ne peut comprendre la force dont je fais preuve car il ne la possède pas, il n’a jamais eu le temps de la développer, il est faible. Peut être est-ce parce qu’il a trop à perdre par rapport à moi qui ait tout abandonné pour mon frère et pour mon rêve. Peut être avait-il peur de ce que je représentais… je pouvais encore lui trouver des milliers d’excuses mais maintenant que je pouvais réfléchir pleinement une seule chose revenait à mon esprit. Si la vérité avait été découverte vers qui se serait-il tourné ? Vers l’agneau qui pleure ou la louve qui affronte la tempête droite et fière. La réponse était évidente. Les gens forts sont destinés à être seule car par rapport aux faibles ils peuvent survivre sans l’aide de personnes même s’ils préféreraient vivre avec ceux qu’ils aiment.

Je me relevais avec un sourire aux lèvres.

- Je suis heureuse pour vous Monsieur Rinoel, vous ferez de mademoiselle Fricourtenelle une femme heureuse. Il m’aurait réellement plus de faire plus ample connaissance avec vous et la jeune future mariée car hélas je ne la connais pas. Ni elle, ni vous.


Je me dirigeais vers la porte quand il me saisit par le bras me retenant avec force.

- Ruika, Je…

- Qu’espérais-tu… que je te supplie de rester avec moi. Que je fonde en larmes en faisant un scandale dans ta maison ? Tu me connais donc si mal que ça…

C’était alors que je l’entendais, cette respiration, ce soupire de soulagement derrière la porte et ces pleures de jeune midinette trompée… je me retournais vers lui le sourire aux lèvres mais les yeux noirs de mépris.

- C’était un plaisir de visiter les lieux, je vous remercie _
puis en un chuchotement audible que de nous deux j’ajoutais_ Vas te faire foutre, connard, tu me dégoutes.

Je dégageais mon bras de sa main devenue molle et passais la porte. La jeune Ambre était comme je le pensais juste là à mes pieds… c’était certainement un piège, la jeune fille avait du le remarquer et il avait du lui assurer que c’était moi qui l’aimait. Ainsi en m’amenant dans sa demeure il espérait certainement que mes esclandres et mes cris me feraient passer pour une folle et qu’il serait exempt de tout soupçon. C’était certainement un piège…
Je me baissai sur la jeune fille pour l’aider à se relever et avec mon plus beau sourire je lui dis :

- Mes félicitations pour votre futur mariage, vous devez vraiment être heureuse d’épouser un homme si prévenant et maniant si bien la langue. C’est un magnifique conteur d’histoire. On a toutes, tendance à croire tout ce qu’il dit.

Je sortis ensuite de cette maison et de sa vie.

***
Je ne l’ai jamais revu jusqu’à ces quelques heures et je me serais bien passée de cette rencontre. Je m’étire en détendant tous mes muscles et une idée nait dans mon esprit corrompu par cette vie de débauche, de crime et de Beorc. Je sors de l’une de mes sacoches, les plumes et l’encre que j’aime tant depuis bien des années et j’écris l’ultime lettre que je ne lui écrirais jamais.


Cher Eythan,

Bien des années ont passées
et sache que tu es loin d’être la pire chose qui me soit arrivée.
Tu fais certainement même parti des meilleures
et je t’en remercie pour cela.
Les moments que j’ai passé avec toi sont et resteront certainement les meilleurs de mon existence
ce que je trouve particulièrement triste pour moi.

Cependant, la vie m’a appris une chose d’essentielle
que je me dois de partager avec toi.
Ceux qui me font souffrir méritent la mort.

Alors soit heureux que je t’épargne.

Avec tout mon amour,
Ruika Yoi, l’ange déchu

Alors qu’il lit cette lettre, sur le perron de cette même maison que dans mes souvenirs une mèche de ses cheveux ébène tombe coupée nette à leur racine par un simple coup de vent et sa joue entaillée saigne sur le papier d’une blancheur pure.
Celui que je tuerais ne serait pas lui. Elle avait quelqu’un d’autre en ligne de mire.



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Alan
AlanBeorc


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MessageSujet: Re: Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI]   Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI] I_icon_minitimeLun 2 Juin - 13:51

Globalement, j'ai presque rien à redire mis à part deux trois fautes (mais vraiment 2-3, ça passe crème sinon) et une erreur de balise que tu dois apercevoir par toi même ^^ dommage, ça fais un peu moche mais quand même c'est que du bon à part ça.

Pour les fautes en question :

Citation :
Les pants de ma robe d’un blanc perle virevoltait au son de la musique

Ecrit comme ça, c'est pantalon en anglais et au pluriel. Il s'agit d'un « pan », en fait ^^

Citation :
Je dois bien vous avouez que vous avez réussi à m’intriguer et à piquer ma curiosité

en fait, il fallait marquer « avouer » car ton verbe est lié au « je dois » et non pas au « vous » dans cette phrase ^^

Citation :
Le mot était court, mais je me rappelle que chaque courbe, chaque ligne m’avait arrachées une partie de ma sérénité, faisant battre mon cœur à toute allure…

alors, sur le fond je sais que les courbes et lignes sont nombreuses, mais elles sont écrite au singulier dans cette phrase et en plus séparés par une virgule, ce qui fait qu'il n'y a aucune accumulation pour l'orthographe. Donc, « arrachée ».

Et... c'est tout ce que j'ai à te reprocher. Pour le reste, l'histoire est vraiment prenante. Je n'ai jamais été friand d'histoire trop romantique mais franchement j'ai bien aimé. C'est une nouvelle Ruika qu'on découvre, bien loin de celle qu'on a appris à connaître au cours de tes rp, ça apporte un vent de fraicheur qui fais pas de mal à ce monde de brute familier à l'ex-corbac. Bref, trève de bla-bla, voilà ta note finale :

95/100.

Donc tu gagnes presque un niveau ^^ va pas dire que je suis trop sévère cette fois è_é
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Un coeur qui bat dans ma poitrine [FINI]

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