Un petit coin de paradis dans l'enfer ? [PV Ruika]

Sans relâche, Ruika écartait les assaillants à coup d’ultrason et de lame de vent mais elle ne pouvait concentrer sa magie sous peine de les blesser irrémédiablement voir même de les tuer. Elle ne pouvait pas les immobilisait comme le ferait un bretteur, ou les assommer comme tous combattants de corps à corps. Son pouvoir existait pour fuir ou tuer. Ruika n’épargnait pas les vie quand elle était capable de les prendre… Ou du moins c’est ce que laissait penser ses pouvoirs et comment elle les avait développés…

Ruika… La tueuse effrayée.

Alors qu’elle repoussait une énième vague de créatures affamées, Ruika sentit son bras se déchirer sous les crocs d’une bête. Il avait monté les parois de la grotte avec l’aisance d’un lézard et s’était jetée sur elle, s’agrippant de toutes ses dents et ses crocs à son bras tenant le livre de magie.
Emportée par la charge trop lourde, la mage de vent s’écroula dans le lac souterrain, laissant la place libre aux assaillants.

Les contacts se multiplièrent sur sa peau, ils la saisirent par le bras, les cheveux, la taille, une de ses jambes semblait vouloir se faire la malle entre les griffes d’une femelle acharnée. Cette sensation d’étouffer, de succomber… Ruika ne la supportait pas. Ruika ne la subirait pas. Se débattant comme elle le pouvait de sa main encore libre, elle attrapa ses dagues en forme de serres et tailla dans le vif.
Ses mouvements étaient brouillons mais sa rage les rendait dévastateurs. Dans un hurlement de fureur, elle trancha la main qui la noyait alors que de sa jambe libre, elle piétinait tel une forcenée la demoiselle lui arrachant la jambe. Se retournant comme elle pouvait, elle frappa l’un deux et cria de tous ses poumons pour les éloigner. Ramassant son livre détrempé, elle récita son incantation et d’un mouvement de paume, elle envoya valdinguer cinq d’entre eux.
- Bon ça y est, maintenant on passe aux choses sérieuses ! Première chose…

Le vent déclencha un tourbillon s’agrémentant de l’eau du lac. Le contact de cette eau vive fendait la chair et protégeait la jeune femme des attaques. Dispensée de la menace des loups, elle pouvait maintenant se concentrer sur le mage noir et la petite chatte effarouchée.
- Bon occupons-nous d’abord de la dévergondée de petite Laguz.

Concentrant de la magie pure dans sa paume, Ruika souriait à l’idée de lui donner une bonne gifle à cette petite pouff. La mage calcula le timing idéal pour toucher la demoiselle sans abimer le Beorc et s’en plus attendre, elle fonda sur sa proie, tel le faucon sur une petite belette.

Elle saisit la chatte et tourna en une roulade presque sexy sur le coté. De sa main chargée de magie elle frappa en plein estomac. Si elle avait porté des vêtements, ceux-ci auraient volé en éclat mais dans le cas de la jeune Laguz déjà poitrine nue, la magie entailla la chair.
La douleur de cette charge de vent réveilla Lila aussi vivement que si on lui avait jeté un sceau d’eau froide à la figure pendant qu’elle dormait.
- Sale garce, tu t’attaques à moi ! Je savais qu’on n’pouvait pas te faire conf…

Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, le mur d’eau empêchant l’attaque des loups s’était effondré. La horde encerclait les deux femmes dos à dos prêtes à défendre les arrières de l’autre. Le mage noir décida alors de se jeter sur le Beorc seul.
Ruika et Lila avait bien trop à faire pour lui venir en aide. Il devrait se débrouiller seul et Ruika voulait bien le voir se débarrasser de lui. Car en tant que mage de vent, elle n’était pas ce qu’il y avait de plus efficace alors qu’un bon gros coup d’épée, rien de mieux pour terrasser un mage loup… bizaroïde.
- Je te laisse faire humain nous ont gère les p’tits loups ! Courage, Don de sois, Abnégation !
- Ta gueule la garce et combat !

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle envoyait valser ses opposants, formant un couple bien étrange avec la chatte mais particulièrement efficace.

Alan reculait de plus en plus, tachant d'éviter les assauts de Lila. Son amie ne cessait de donner des assauts, le forçant à reculer de plus en plus et les loups qui n'étaient pas occupé avec Louise se tournaient déjà vers lui.

C'était fini ? Il allait mourir comme ça ? De la griffe de son compagnon de voyage ? Et ses enfants ? Que vont-ils devenir ? Probablement tués quand les loups verront que le Beorc ne sera pas revenu...

Quel idiot il a été d'écouter les conseils de ce mec à grosse lame...

Lila se cabra et se jeta sur lui. Alan s’apprêta à encaisser un choc quand Louise se jeta sur elle et frappa le ventre de la possédée.

<< Sale garce, tu t’attaques à moi ! Je savais qu’on n’pouvait pas te faire conf… >>

A ce moment la, le mur d'eau (qu'Alan n'avait pas remarqué plus tôt tellement il était occupé à s'éloigner de Lila) s'effondra, libérant le passage aux loups qui étaient de l'autre côté et qui encerclèrent les deux femmes, laissant Alan seul avec le mage noir.

<< Je te laisse faire humain nous ont gère les p’tits loups ! Courage, Don de sois, Abnégation !
- Ta gueule la garce et combat ! >>

Alan soupira et se focalisa sur sa cible, bien décidé à le tuer et ramener sa tête sur la pointe de sa lame jusqu'au village.

<< Un dernier mot avant que je ne t'arrache les cordes vocales ?
- Umbra >>

Alan sentit alors quelque chose l'attraper par derrière et s'enrouler autour de lui. Sa propre ombre le ligotait comme un saucisson et l'empêchait de bouger alors que le mage noir s'approchait de lui, poignard en main.

<< Quand je t'aurais découpé en morceaux et que les loups auront tué ton ami volante, je suis sur que ta copine la chatte sera heureuse de te dévorer. >>

Alan continuait de se débattre pour tenter de se libérer puis poussa un soupir de lassitude.

<< tu sais quoi ? C'est même plus drôle de jouer avec toi. >>

Alondite s'embrasa, suivi de son corps. La lueur chassa les ombres autour de lui, libérant le bretteur qui s'avança vers le mage noir.

<< Tu préfères que je te transforme en tas de chair sanguinolent ou que je te fasse flamber jusqu'à finir en tas de cendre ? >>

Le mage noir recula d'un pas puis attrapa un tome noir comme l'ébène, psalmodiant une incantation. Sitot la dernière syllabe prononcée, des sphères noires gravitèrent autour de lui. Des millions de sphères noires formant un mur défensif et offensif. En effet, certaines boules se jetèrent sur Alan qui se démena pour les éviter. Une d'elles percuta son bras qui lui brûla alors sévèrement la chair, le forçant à arrêter ses flammes. Il voyait la peau noircie et bouger le bras devenait douloureux.

<< Sale fils de... >>

Alan projeta une vague d'énergie avec Alondite pour détruire le plus de sphères possibles, mais plus il en détruisait, plus il en revenait.

Le bretteur recula alors pour se cacher derrière un rocher et ferma les yeux. S'il voulait tuer le mage noir, il n'avait plus qu'un seul recours... et après ça il sera incapable de retourner au village, ne pouvant compter que sur le bon vouloir de Lila, Louise et les loups.

Son corps fut parcouru d'un spasme et ses muscles commencèrent à gonfler. En une seconde, tout sera fini. Il contournera le mur de sphères d'ombres et il tranchera la tête du mage. Peu de gens tiennent encore debout après qu'Alan aie recours aux lames tempêtes, mais celui-la ne survivra pas. Il ne doit surtout pas survivre...

Ruika n’était pas une combattante de corps à corps. Les effusions de sang sur ses vêtements, sur sa peau… elle n’y était pas habituée. La chaleur de ce liquide avait quelque chose de dégoutant, de répugnant. Ça lui rappelait cette triste époque où la tuerie était son métier, où le meurtre, le sang et les cris étaient son quotidien.
Si proche de ses adversaires, la mage de vent était incapable d’incanter ses sorts, incapable de se défendre de sa magie alors elle fendait l’air autrement. De ses griffes d’acier acérées, elle tranchait dans le vif. Cependant, bien que son corps était habitué à la magie et à ses efforts psychiques, les efforts physiques eux l’épuisaient.

Ses jambes fragilisées par le manque d’exercice et de marche à pieds semblaient défaillir sous chacun de ses assauts. Seule sa détermination semblait la maintenir debout attaques après attaques, blessures après blessures. Une détermination qu’elle laissait transpercer à travers ses hurlements son seul rempart défensif contre ses créatures.
Elle avait bien l’impression que le combat, s’il s’éternisait serait perdu d’avance. Il était trop nombreux, vraiment trop nombreux… Ruika fatiguait.
- Hé ! tu me lâche pas la mago !

Plus difficile à dire qu’à faire…
- En tout cas, Dame Lotsan peut être fière de vous du point de vue de l’esprit combatif mais en ce qui concerne la fidélité… ya encore des efforts à faire !

Elle saisit son livre et en quelques mots baragouinés à la va vite malgré le tranchant des coups de ses ennemis, Ruika créa l’ultime tempête de son registre. Les bêtes volèrent et heurtèrent la roche. Certaines ancrèrent leurs griffes dans le sol pour résister à la fureur du vent et comme si cette magie avait déclenché quelques choses en eux, à moins que ce ne soit le fait de heurter la pierre.
- Dame Lotsan…
- Ma Dame…

Le mage noir occupé à repousser les assauts avait perdu de sa concentration et de son emprise sur ses pantins. Certains, les plus forts semblaient se souvenir, se souvenir d’un passé pas si éloignée, d’une figure charismatique que tous admirait. Ils doutaient. Ils comprenaient leur fourvoiement et nombreux étaient ceux à lutter contre ce qui les aveuglait.

Ruika insista sur cette brèche. Il fallait la transformer en faille puis en ravin. Il fallait détruire cette illusion, la briser, la piétiner.
- Dame Lotsan nous a envoyé vous chercher, vous sauver !

Des grognements accueillirent son acclamation comme s’ils se sentaient vexés que leur chef envoie des humains. Ruika savait qu’elle avait appuyé là où ça faisait mal. Et comme à son habitude, elle retourna le couteau dans la plaie.
- Hé ouais ! Vous êtes tellement naze que votre chef a envoyé des humains vous sauver.
- Trop la honte quoi ! Franchement !!

Les grognements retentirent de plus belle sous les provocations des deux demoiselles mais les loups ne pouvaient le nier… Elles avaient raison. S’ils devaient subir le déshonneur d’être sauvé par des humains et une chatte, c’était à cause de leur faiblesse et de la tromperie de cet homme. Il n’y avait qu’un moyen de racheter leur faute. Se relevant et faisant face à ceux toujours tenu sous l’emprise du mage, ils se préparaient au combat et au fratricide.
- Euh Messieurs Dames, ce serait bête de nous entretuer alors que le gros bœuf que voilà va faire le travail pour nous ! Vous laverez votre honneur une autre fois ! pour l’instant ce serait bien de juste… « contenir » vos petits compatriotes. Quant à toi _ elle se tourna vers Alan _ Il serait temps que tu mettes fin à tous ça ! Allez, Lilas prendra soin de toi !

Le mage noir se sentait piégé et comprenait que la situation lui échappait des mains. Il devait fuir ou y laisser la vie.

<< Il serait temps que tu mettes fin à tous ça ! Allez, Lilas prendra soin de toi !
- Oui ben deux secondes ! >>

Il ne prêtait guère attention à ce qui se passait autour de lui, focalisé sur le mage, mais rien qu'à l'expression de ce dernier il sentait que la fin était proche sur lui. Il ignorait ce qui se passait exactement mais ça semblait positif pour le bretteur.

<< Une dernière volonté ? >>

Le mage grimaça et son ombre commença à réagir, grimpant petit à petit le long de son corps, comme pour l’entraîner dans les ténèbres. Alan réagit aussitôt, se déplaçant à toute allure pour contourner le mur de sphères noires et décapiter sa proie avant qu'il ne soit trop tard. La tête vola et atterrit juste à côté de lui alors qu'il s'effondrait, ses muscles reprenant une corpulence normale.

Il souffrait, il était épuisé et il ne demandait plus rien à part du repos... beaucoup de repos... et ses enfants. Oui, il voulait revoir ses enfants au plus vite. Les yeux mi-clos, fatigué, il contemplait les yeux se vidant de toutes expression du mage, un petit sourire aux lèvres.

C'était fini, le cauchemar était fini. Les loups devaient avoir retrouvé leurs esprits, maintenant. Il aurait bien voulu être debout pour leur dire bonjour... c'était qu'ils jugeaient un peu trop les gens sur leur première impression et leur dire bonjour affalé au sol à côté de la tête d'un cadavre quand on état Beorc, sauvetage ou pas, ça ne le faisait guère. Heureusement que Lila était là, elle devrait pouvoir s'occuper de lui et se charger des loups... normalement. Et Louise ? Il ne savait pas trop, il ne la connaissait pas assez si ce n'est qu'elle adorait voler des victuailles aux voyageurs et détestait marcher au sol, visiblement. Elle serait amputé des deux jambes, on croirait que ça la rendrait heureuse.

La fatigue le dominait de plus en plus. Alan haletait, endurant la douleur qui déchirait ses muscles surmenés. Cette sensation était vraiment horrible et elle n'allait pas s'estomper avant un bon moment... pas avant une bonne nuit de repos..

Après la tempête revient le soleil, la tête roulant au sol était le signe d’une rupture avec son corps, mais également avec ses victimes. Chacun se le sentit arracher, ce lien si ténu et si peu naturel qui pourtant leur tenait à cœur. Une vie dispensée de toutes responsabilités, une vie où la paix de l’esprit régnait en maitre grâce à l’oubli… Une vie qui aurait pu plaire à Ruika à une certaine époque, à une certaine période, un certain temps…
La frustration des victimes n’étaient pas assouvie, l’affront d’avoir été sauvé par un humain s’encrait dans leur chair avec une douleur cuisante. Ils auraient pu les tuer pour masquer, cacher leur honte et Ruika le comprenait que trop bien. Pourtant, alors qu’ils s’avançaient hésitants vers son corps inerte, elle s’opposa à eux, se posant comme un mur, un obstacle entre eux et lui rapidement renforcé par la présence de la féline.
- Prenez sur vous les gars car franchement, même si vous nous supprimez, la honte vous poursuivra.
- Elle a raison les gars, car je vous le rappellerai tous les jours.

La Dame des loups se tenait haute dans la caverne, surplombant de toute sa hauteur le groupe hétérogène trop hagard pour bien comprendre ce qui ce passait. D’un saut, elle atterrit au milieu des siens semblant les écraser de sa présence imposante. Elle n’était pourtant pas grande, ni de constitution puissante mais ses yeux en disait long sur son expérience et sa faculté à nous écraser d’un revers de la patte.
Sans attendre, ils s’inclinèrent reconnaissant leur chef de clan. Ruika avait du mal à voir dans cette femme une simple intendante et se disait que le réel mâle alpha devait être particulièrement impressionnant. Elle ne se doutait pas le moins du monde que le mâle en question n’était qu’un gamin d’une bonne douzaine d’année qui parcourrait le monde avec une jeune femme humaine.
- Je vous remercie étrangers pour votre aide. Portez votre ami, je vous ramène chez moi. Quant à vous, repentissez-vous car mon pardon sera long à obtenir ainsi que ma confiance. Vous m’apporterez mon petit déjeuner, déjeuner et diner pendant un mois.

Chacun sembla trembler sous la punition pour une raison pourtant inconnue de la mage de vent, mais c’était efficace. Personne ne les aida, mais personne ne les empêcha de prendre l’humain sur leurs épaules et de le porter. Même vider de son énergie, il était bien lourd le bonhomme, mais il méritait bien que l’on se donne se mal. Via le vent, elle allégea son poids et avec la chatte le mena jusqu’au village des loups.

***
Aux portes de la petite ville, Ruika découvrit avec plaisir le visage de deux marmots souriant et rigolant gaiement avec d’autres enfants plus velus sur certaines parties de leur corps. Insouciant comme le voulait leurs jeunes âge, ils méprisaient les différences qui pouvaient les séparer, le racisme qui pouvait les faire se haïr, ils méprisaient ce que les adultes avant eux ne pouvaient mettre de coté.
L’avenir dans la jeunesse… Ruika voulait croire en ce rêve où chacun s’aimerait. Un rêve niais, elle le reconnaissait volontiers, mais un rêve magnifique.
Sans le moindre avertissement, elle relâcha son sort et le corps inerte, le laissant à la charge entière et complète de Lilas. Le son sourd du corps qui tombe parterre attira l’intention des deux enfants qui, se remplissant d’inquiétude, se jetèrent sur leur père.
- Il a fourni énormément d’énergie pour vous les petits alors soyez gentils avec lui !

Plus loin, elle vit Dame Lotsan parler à ce qui semblait être une jeune fille humaine, elle reconnaissait l’odeur qu’elle avait pu sentir dans la maison qui gardait les enfants, ce village était réellement très étrange. La cohabitation Humain, Laguz la répugnait et en même temps, ici, elle avait l’impression que c’était naturel.
- Dame Lotsan, veuillez m’excuser, mais nous avions un marché et maintenant que l’on vous a débarrassé du mage, j’aimerais…
- Mais oui, vous vez mon respect, déjà le culot dont vous avez fait preuve m’avait impressionné. Vous pouvez circuler en terre Hataryenne, m’enfin… que sur mon territoire car je ne peux rien promettre pour les autres. Ça vous va ?

La voix impérieuse avait de quoi impressionner, et Ruika l’était. Elle inclina la tête et sans demander son reste, repartit.
- Vous voulez peut être un papier écrit, et rester pour le banquet, on vous invite ! En plus, le petiot à besoin de soins !
- Avec plaisir Dame Lotsan !

Un simple sourire aux lèvres, Ruika se mêla à la foule comme si elle faisait partie des leurs.

Il était épuisé, à peine conscient de ce qui l'entourait. Sa perception de ce qui se déroulait s'amenuisait de seconde en seconde. Lutter contre la fatigue était vain. Le sommeil le happait alors, comme un chat se jetant sur une souris.

La dernière chose qu'il put voir avant les ténèbres était cette femme se tenant en hauteur, vers l'entrée...

...

Combien de temps avait-il dormi ? Pas assez, il le savait. Il se sentait encore trop fatigué. Il avait chaud, il avait soif, il avait faim...il avait mal... et il sentait un poids sur son ventre. Pas trop lourd, mais assez gênant aussi. Comme si quelque chose s'était endormi sur lui... C'était trop dérangeant, il fallait déplacer cette chose, quel qu'elle soit. Par un effort de volonté louable, il ouvrit les yeux. Dans le flou, le temps que ses yeux se réhabituent à la lumière, il vit que cette chose était blanche avec des cheveux noirs... et il y en avait une autre, avec des cheveux blancs... Sa vision devenait de plus en plus nette et quand il les identifia, il ne put réprimer un sourire.

Ses enfants étaient la, endormis sur lui, saints et sauf. Alan soupira de bonheur et caressa délicatement leurs petites têtes.

<< Enfin debout ? >>

Alan tourna la tête et se retruva face à une femme... sans queue, sans oreilles velues... sans aucun attribut animal. Une Beorc ?

<< Comment vous vous sentez ?
- Aussi bien que d'habitude après ce que j'ai fait.
- Oui, votre amie féline m'a tout raconté. Vous n'auriez pas du vous surmener à ce point.
- Et laissez mes enfants dans un avenir incertain ? Non merci.
- Ils n'étaient pas en danger. Dame Lotsan adore menacer les gens pour les motiver, mais jamais elle ne ferait de mal à deux jeunes enfants, qu'ils soient Marqués ou non. >>

Délicatement, la jeune femme attrapa les enfants et les déposa sur un matelas probablement plus confortable que le ventre du père.

<< Dame Lotsan m'a demandé de vous mener à elle une fois réveillé. >>

Alan mit un moment à comprendre que ça signifiait qu'il fallait bouger, mais il finit par faire l'effort de se redresser, non sans gémir de douleur.

<< Vous voudriez peut être attendre d'aller mieux ?
- Non... ça ira... il y a des potions en vente, dans le coin ?
- Non, désolée.
- Tant pis... >>

Titubant plus que marchant, Alan se dirigeait dehors, suivant sa guide. Le soleil commençait à se coucher, mais il ne faisait pas encore nuit. En y regardant de plus près, Alan constata qu'il y avait pas mal de Beorcs dans le village... presque autant qu'il y avait de Laguz.

<< Alors ça existe vraiment... un village où Beorcs et Laguz vivent ensemble, sans se faire la guerre.
- C'est si étonnant que ça ?
- J'ai voyagé à travers les trois nations et je n'ai jamais vu ça... sauf sur un bateau pirate. >>

Son rêve allait-il vraiment devenir réalité ? Ce village au beau milieu du désert pouvait être sa terre promise qu'il a tant cherché ?

<< On n'est pas en paix avec le Laguz à proprement parler, mais on vit bien en communauté, ça oui. Les Laguz nous traitent en égaux, mais leur orgueil leur interdit d'accepter notre aide dans quelque situation que ce soit et ils ne nous aident jamais non plus. Leur aide ne va qu'à leurs frères et sœurs. Dame Lotsan et notre Mâle Alpha sont les seuls à manifester un quelconque soutien aux Beorcs en cas de soucis. >>

Ce n'était pas vraiment la situation utopique qu'il espérait, mais c'était malgré tout un endroit de rêve comparé au reste du monde. Une fois arrivée devant la demeure, la louve en sortit.

<< Pour un humain, vous reprenez vite des forces.
- C'est une question d'habitude.
- Quoi qu'il en soit, nous savons tout ce qui s'est passé dans le désert et au nom de notre clan, je vous en remercie.
- Ce n'était pas grand chose.
- Et si j'ai bien compris, vous voulez vous installer ici ?
- Si encore vous y consentez.
- Vous comprenez bien que votre arrivée un peu brutale n'a pas joué en votre faveur.
- Je ne pouvais pas permettre à des inconnus de toucher à mes enfants.
- Je comprend. Nous n'avons pas de maison de libre et vous en construire une va prendre du temps : les ressources sont rare dans le désert.
- Et donc ?
- Et donc vous allez devoir loger chez quelqu'un le temps que les travaux de votre futur chez vous soient accomplis. Et vous allez devoir travailler pour gagner votre toit et votre croute. Préparez vous à souffrir.
- Ca ne me pose pas de problème.
- Une dernière chose : peu importe votre passé ou votre renommée hors du désert : ici, vous êtes comme les autres : faites quoi que ce soit qui nuise à notre communauté et vous finirez ligoté à un cactus au milieu du désert où vous mourrez, vous et vos enfants. >>

Cette fois, elle était sérieuse, Alan le sentait bien autant par le ton de sa voix que par la lueur dans ses yeux.

<< Compris, Madame.
- Sherry, vous et Bern pourriez les héberger ?
- Bien sur, Madame. >>

Sur ce, la louve retourna chez elle et la dénommée Sherry, raccompagna Alan chez elle.

Le bretteur n'en revenait pas. Après tout ce temps, tous ces voyages sans fin, il s'était enfin trouvé une terre promise, un paradis loin de la guerre. L'enfer du désert renfermait ce hameau qu'il a tant cherché...

Enfin il va pouvoir ranger ses lames...

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