Un refuge providentiel [PV Ray Molfing]

C'était une bien belle journée qui illuminait les montagnes de Daein, en particulier le village de Kisca qui, aujourd'hui encore semblait plutôt paisible malgré cette période troublée de l'Histoire. Les gens vaquaient à leurs occupations et tout semblait aller pour le mieux... Enfin, qui aurait pu anticiper l'arrivé d'un certain...

"Reviens ici Eldingar !!!"
"Merci pour ce délicieux moment en votre compagnie !"

Certaines personnes se tournèrent d'instinct vers l'auberge du village, d'où sortit avec fracas Ulrick, un tas de pièces dans les mains : suspect dès le premier regard en somme. Et pourtant il n'avait presque rien fait pour une fois, il n'aurait même pas dû se trouver ici ! Voulant se diriger vers un petit village campagnard, il avait décidé de jouer le passager clandestin dans une charrette, et en avait profité pour faire une petite sieste, jusqu'à ce que les vibrations de son moyen de transport ne le réveille en lui indiquant que la route était quelque peu montagneuse. Voilà comment il avait atterrit dans cette ville dont il ignorait même le nom à vrai dire. Un triste destin n'est ce pas ? Mais peu lui importait, il comptait bien faire des réserves ici, et la présence miraculeuse d'une auberge lui avait permit de commencer les "hostilités".

Dès son arrivée, ses victimes étaient choisies : deux hommes, sans doute des voyageurs, installés à une table et qui discutaient gaiement. Il n'avait fallu que quelques secondes à Ulrick pour les convaincre de jouer avec lui, et deux minutes supplémentaires furent nécessaires pour "emprunter" des dés tout à fait normaux (mis à part deux d'entre eux précieusement cachés) à un gentilhomme à l'écart dans un coin de la pièce, en échange d'un peu de monnaie. Un brave homme ! Dès le premier regard, Ulrick avait compris qu'il pouvait compter sur lui ! Bref, une fois bien préparé, il avait entreprit le plumage de ses deux nouveaux amis... Jusqu'à ce que les deux dés pipés ne tombent de sa manche. Quelle idée aussi de porter une veste aussi ample non ? Et que faire devant cette situation, alors qu'un grand silence s'installait dans la pièce ? Ulrick avait vite choisit : ramasser ses gains et courir.

"Tricheur ! Arrêtes-toi !"
"Mais puisque je vous dit que j'ignorais que ces dés étaient pipés ! Je les gardais au cas où nous perdrions les autres !"

Son baratin seul ne risquait pas de marcher cette fois-ci... Et hors de question de laisser son butin ! Bousculant quelques personnes, il se risqua un regard en arrière : ses deux victimes semblaient bien décidées à le rattraper, et l'un des deux hommes avait même posé la main sur son épée, très mauvais signe en l’occurrence. Son butin glissé dans sa besace et avisant une échelle, Ulrick y monta à toute vitesse pour rejoindre un toit et la fit tomber, ignorant les protestations du type qui était tranquillement en train de réparer son toit. Sans attendre plus longtemps, le voleur sauta sur la maison d'un côté, puis sur une autre, avant de retomber dans une petite ruelle. Là, il se remit à courir et se cacha derrière un bâtiment un peu plus grand.

Les avait-il semés ? Posant la main sur la garde de son épée, il se concentra sur les visages des deux hommes : l'arme se mit chauffer un peu trop, ses poursuivants n'étaient pas loin. La relâchant, Ulrick se cacha rapidement derrière une pile de caisses, à l'affût du moindre bruit suspect.

*Une meilleure cachette ne serait pas de refus... Quel dommage, je passais un bon moment avec eux. Et j'ai dû laisser les dés là-bas, quel gâchis !*

Plus important, il allait devoir faire profil bas le temps que ces deux arnaqués l'oublient, ainsi que les quelques villageois qui l'avaient vu sortir de l'auberge... Pour les autres, il lui suffirait de sourire en démentant les éventuelles rumeurs à son sujet comme d'habitude. Levant les yeux, Ulrick se figea soudainement : ce bâtiment semblait bel et bien être une abbaye. Et ce genre d'endroit se devait d'être un refuge non ? Parfait pour lui donc ! Ni une, ni deux, ni même trois, Ulrick sortit de sa cachette, vérifia autour de lui et entra par l'une des petites portes ouvertes du bâtiment, débouchant dans une grande cour où plusieurs religieux discutaient, peu d'entre eux lui prêtant attention : en effet il n'était pas le seul "civil" à se trouver là, à croire que cet endroit n'était pas totalement coupé du reste de la ville et de ses habitants : étrange pour une abbaye songea t-il.

Heureux de passer pour le moment inaperçu, le voleur s'installa sur un banc à l'ombre, dans un coin, et s'y allongea sans gêne, le dos contre le mur avoisinant le siège providentiel. Soupirant de bien-être, il vérifia sa besace ainsi que son butin : de quoi bien se nourrir pendant un moment, parfait pour passer un petit moment dans cette ville, sans se faire plus remarquer... ou peut-être que si. Ulrick reposa sa besace et ferma un instant les yeux en entendant des bruits de pas s'approcher de lui, visiblement tranquillement.

*Sans doute un religieux... S'il me laisse me reposer là, peut-être lui donnerais-je une pièce ou deux en guise de don à l'église ? Je suis si pieux après tout...*

Il avait enfin du temps libre. Son corps lui fait encore mal depuis les derniers évènements passés mais il ignore cette faiblesse physique qui pèse sur lui. Ray se trouvait dans un petit village de Daien, dans la rue marchande où se trouvait divers marchands agricoles ou non. Il était à la recherche d’herbes médicinales pas chère pour son porte monnaie trouée. Il déambulait parmi la foule fougueuse et bruyante de l’après-midi. Le jeune moine se stoppait devant une échoppe et jetait un œil examinateur aux herbes qui se trouvaient devant lui, il s’apprêtait à les négocier même si l’envie n’était pas dans son meilleur jour. Il sortait alors sa bourse et s’apprêtait à adopter une voix de gentil jeune homme afin de mettre le marchand dans sa poche. Il ouvrait la bouche, un son allait s’évader de sa bouche…

Un bazar pas possible se faisait entendre au bout de la rue, des cris d’ivrognes grave prenaient le contrôle sur le bruit de la masse environnante. Il regardait de sa petite taille d’où venait les voix, il regardait alors le marchand se disant premièrement que c’était pas ses oignons.

*Et puis merde.*

Il fit un petit sourire au marchand et se dirigeait vers le lieu perturbateur, il se faufilait dans la foule tel un serpent qui arpente une forêt dense en quête d’une proie. Il s’excusait quand il voyait qu’il déranger pour finir par arriver à son but. C’était l’auberge du coin. Le perturbateur n’était plus là certes mais il lui restait encore les témoins même s’ils ne le verraient pas, il a surement du prendre la fuite. Il entrait alors dans l’antre des ignares, l’atmosphère se faisait plus lourde, l’odeur de l’alcool planait dans les airs. Il se dirigeait alors vers le propriétaire de l’auberge.

-Bonjour, pourrai-je savoir ce qui c’est passé ?

-Un vaurien s’est amusé à faire un coup de pute tandis qu’ils jouaient aux cartes, grands, châtain avec une longue veste.

-Merci beaucoup.

Il sortait alors de l’auberge, l’information en tête. En attendant direction l’abbaye, il devait remercier le prêtre qui avait soigné ses blessures aux mains qui était venu ici pour se reposer et fuir la grande ville. Il rentrait alors dans la petite abbaye et sourit alors.

*Désolé mon père, mes remerciements devront attendre*

Il avançait alors vers sa cible, même veste, châtain. Ses pas faisaient écho dans la petite abbaye, réguliers créant ainsi un rythme curieusement mélodique qui venait se stopper quand le jeune moine s’asseyait sur le banc situé juste derrière la cible soupçonnée. Il adoptait alors un ton calme et réfléchit.

-Pas malin, vous faite du bruit dans le village et vous y restez en gardant les mêmes vêtements.

Ulrick ne s'affola pas outre mesure à l'approche de l'inconnu. Après tout, ce dernier marchait d'un pas tranquille, léger, aussi il n'avait sans doute pas dans l'intention de lui sauter dessus dès le premier regard, aussi charmant le voleur pouvait être ! Non, il n'avait rien à craindre... Mais il fut néanmoins surpris que l'importun vienne s'installer sur le banc situé derrière lui : on ne venait donc pas le chasser ? Ulrick daigna ouvrir un œil aux paroles de l'inconnu et laissa échapper un léger rire amusé. Quel charmant conseil de sa part, s'en était presque mignon !

"Oui mais j'aime cette veste. Elle est jolie non ? J'y tiens vraiment. Et après tout, je viens juste d'arriver, ce serait dommage de repartir si vite n'est ce pas ?"

Après avoir ouvert son deuxième œil, Ulrick se redressa pour se mettre en position assise, toujours dos à son interlocuteur. Sa main glissa jusqu'au pommeau de son épée et l'empoigna doucement, tandis qu'il pivotait lentement pour enfin voir l'opportun. Affichant un air faussement diabolique, il ajouta :

"Et je m'en sortirais aisément, sauf si un malencontreux et indélicat témoin venait à me dénoncer... Ce serait dommage non ?" Il y eut un instant de flottement, puis Ulrick se mit de nouveau à rire. "Je plaisante bien sur !"

Relâchant le pommeau de son épée et reprenant un air tout à fait amical, le voleur se rallongea tranquillement, tout en gardant un œil sur son interlocuteur. Il ne semblait pas être un de ces religieux, un visiteur sans doute, mais il était bien loin du barbare ou de l'ivrogne, ou même du milicien. Il se dégageait de cet homme un certain raffinement et sans doute une bonne capacité de jugeote, et pas une once d'agressivité contrairement à ses deux dernières victimes...pour le moment en tout cas. De plus, ses habits étaient visiblement de bonne facture, et son regard s'attarda sur ces étranges gants qu'il portait, et sur lesquels étaient brodés en or des écritures. Intéressant, vraiment. Le genre d'objet unique qui pourrait sans doute trouver un acheteur ? Mais non, il n'était pas temps de penser à un larcin, après tout, il venait déjà d'en commettre un, il fallait qu'il se calme un peu...du moins temporairement.

"Mais merci du conseil, messire...?"

Toujours allongé, les yeux fixés vers l'inconnu, il prit la peine de tendre le bras afin de pouvoir serrer la main de l'homme. Après tout, il avait l'air amical non ? Tout autant que lui pour le moment, alors pourquoi ne pas faire gentiment connaissance ? Ulrick n’avait envie de faire couler le sang dans un lieu de emprunt de foi et de recueillement. Non pas qu’il était superstitieux, mais il avait déjà assez provoqué de chaos à l’auberge, inutile de recommencer ici, sauf si, bien sûr, la situation l’exigeait. Ce qu’il n’espérait…presque pas.

Ray était assis impassible, il regardait d’un regard ennuyé la silhouette du fauteur de troubles. Il affichait une mine de pitié face à l’homme qui riait de sa situation, déplorable. Mais le jeune moine préférait toujours rester sérieux, en alerte face à l’inconnu pour aborder le criminel de façon plutôt pacifique, tant qu’il le pourrait. Il ignorait son commentaire sur la veste et sur son arrivé laissant le silence répondre parfaitement à ses propos d’homme de pègre. Les yeux du jeune moine divergeait discrètement au niveau de ses gants où les inscriptions d’or de l’incantation requise pour un simple sort y était inscrite et révisait en quelque sorte ses cours.

Le jeune homme devant lui affichait l’ombre d’une phrase une autre attitude, diabolique suivit d’un rire bien que cette attitude rendait l’homme aux cheveux d’or dubitatif quant à son comportement. Ce comportement peu commun le dérangeait quelque part, une sorte d’aura fougueuse et mauvaise planait autour du garnement, du jeune homme, de l’enfant, puéril. Par politesse, il souriait toujours en alerte, les sens en éveillent. A vrai dire cette plaisanterie était marrante ! Oui pour un enfant. Son comportement n’avait plus qu’aiguisé sa prudence envers le voleur de bas étage.

Il se rallongeait, Ray n’en perdait pas une miette épiant chacun de ses mouvements même les plus anodins. Il tendait sa main vers lui, pour le saluer. Par politesse non par méfiance, il retirait son gant de la main droite et venait serrer la main habile du voleur.

« Vous m’avez l’air bien fourbe… Ray, Ray Molfing et vous, monsieur ? »

Il serrait alors sa main ses gants en sécurité, il faisait attention d’une part parce que ce malheureux bout de tissu était le seul héritage et souvenir constant de son enfance qui s’était prématurément trop vite arrêté.

« Vous ne croyez pas que vous dissimuler dans ce lieu n’est pas… Immoral ? Et pensez vous qu’on se tienne comme ça dans un lieu de culte ? »

Il espérait le rendre mal à l’aise, le faire sortir sans ébats. En tout cas pas de chamailleries dans ce lieu saint et pur. Bien que son sort était déjà prêt depuis dans un coin de sa mémoire, brûlant et avide de sortir en cas d’alerte.

Ulrick ne quittait pas des yeux l'inconnu : ce dernier n'était finalement pas si amical que ça. Bien sûr, il était bien loin de la brutalité des deux pigeons que le roublard avait gentiment plumé mais, néanmoins, il semblait plutôt méfiant. Peut-être même un peu trop, comme si ce jeune homme s'attendait à se faire attaquer ou voler au moindre moment d’inattention. Cela ne fit qu'agrandir le sourire d'Ulrick qui, notant le geste de son interlocuteur pour enlever son gant, lui serra tout de même la main. Il tiqua néanmoins à la phrase pour le moins piquante de ce dénommé Ray. C'en était presque insultant ! Lui, fourbe ? Mais que d'intolérance à son égard ! Il aurait été de mauvaise humeur, peut-être que ce malandrin se serait fait promptement embroché le cœur. Heureusement pour lui, Ulrick se levait rarement du pied gauche, et prenait toujours garde à ce que ce soit le droit qui touche le sol en premier.

"Et vous, vous m'avez l'air empli de vexants préjugés, Ray Molfing..." Il laissa passer un silence, puis ajouta d'un air étrangement très détendu et amical : "Eldingar, pour vous servir mon cher !"

Ses yeux se posèrent ostensiblement sur les étranges gants de Ray : ce dernier les avait enlevés pour les garder serrés près de lui, geste qui n'échappa pas aux yeux du roublard. Dans tous les cas, ces objets avaient de la valeur, qu’elle soit sentimentale ou monétaire, il y aurait peut-être quelque chose à tirer de ces drôles d'artefacts. Mais contrairement à ce que devait penser son interlocuteur, Ulrick ne comptait pas jouer le chapardeur, pour le moment du moins. Sa préoccupation actuelle était de se reposer et de se restaurer en toute tranquillité et... Qui sait ce que la suite lui réserverait ? Après tout, il avait récupéré assez d'argent pour passer quelques nuits sans se soucier du prix, sauf que la seule auberge vue jusqu'à maintenant lui était désormais interdite. Il devait bien il y avoir quelques chambres de libre dans cette abbaye, non ?

Mais ses pensées s'envolèrent bien vite lorsque Ray reprit la parole, et le roublard se mordit la lèvre à l'annonce de ces mots. S'en était presque touchant, était-il sérieux ? Visiblement oui, et cela décontenança presque Ulrick. Devait-il répondre sérieusement ? Se moquer ? Être impressionné ? Faire de l’ironie ? Il fit bien vite le choix qui s'avérait nécessaire.

"Les religieux doivent apporter la protection à leurs brebis égarées, non ? Et si une quelconque divinité n'est pas satisfaite de mon comportement, qu'elle me foudroie sur place ! J'attends." Un nouveau silence, Ulrick leva les yeux comme pour chercher une quelconque colère divine, puis reporta son regard sur Ray. "Visiblement, personne ne m'en veut d'être ici... Sauf vous peut-être ?"

S'asseyant légèrement plus correctement, Ulrick continuait de fixer le jeune homme, affichant un air pour le moins étrange : un instant avenant, soudainement sournois au bout d'un battement de paupière, puis de nouveau amical. Une expression ambiguë qui lui venait naturellement, et qui déstabilisait souvent les gens pour son plus grand amusement. Il se décala néanmoins sur son banc, invitant d'un geste Ray à s'asseoir à côté de lui, ce qui était mieux pour discuter gentiment non ? Ou s’embrocher plus facilement, mais l’heure n’était pas au combat à cet instant, ou peut-être ? N'attendant pas de voir si le jeune homme osait s'approcher aussi près d'un voleur comme lui, Ulrick reprit la parole :

"Alors que voulez-vous faire ? Me jeter dehors ? Me dénoncer ? Récupérer mon butin ? Ou juste faire connaissance ? J'aime rencontrer de nouveaux minois vous savez, et je suis sur que sous votre apparence de personnage pieux et sérieux se cache une bonne et amicale âme !"

La tension était palpable, une méfiance à double sens s’était installée entre les deux protagonistes. Ils semblaient se chercher dans un calme relativement jouissif pour l’homme aux cheveux d’or. Le geste pas si anodin que ça avant de lui serrer la main lui avais permis de lui montrer sa méfiance envers l’incongru jeune homme. Il écoutait avec un sourire silencieux, faible les propos du roublard face à lui. Son sourire s’allongeait, l’air légèrement étonné.

« Préjugés…Vraiment ? J’ai de quoi affirmer mes propos. Eldingar…»

Dit-il avec une voix légère aussi légère qu’on aurait dit qu’il parlait à un de ses amis. C’était la première fois que le moine avait à faire à une personne de la pègre et c’est naturellement pourquoi il ne donnait pas sa confiance en ses paroles mais étrangement, cette situation, il la prenait comme un doux jeux de provocation afin d’avoir le dernier mot. Il s’éveillait en lui un coté réfléchi et sage qui s’était caché dans son être. Il examinait son comportement étrange et dangereux puis répondait à nouveaux à ses médisances.

« Êtes-vous réellement une de ses brebis égarées ? Ou faites-vous partis de celles qui préfèrent suivre leurs propres chemins ? C’est dommage que ça ne soit pas aussi facile, il y aurait moins de pécheurs. »

L’homme avait fait mine de chercher cette foudre correctrice qu’il lui aurait permis de le remettre en place, lui et son caractère fougueux. Il le regardait droit dans les yeux prêts à ne pas perdre cette partie d’aussitôt. Il expiait l’homme s’agitait sur le banc s’asseyant de manière plus convenable pour un lieu de croyance. En joueur perpétuel, l’homme de foi se levait acceptant l’invitation du voleur, sourire malicieux aux lèvres. Il finit que l’homme ferme enfin sa bouche pour venir se poser à coter de lui. Il enjambait le banc en prenant légèrement appuie sur l’épaule Eldingar et s’asseyait à ses cotés. Ses gants étaient probablement rangés dans sa poche droite bien que son sort était toujours prêt dans un coin de son cerveau.

« Vous savez je pourrai faire tout ce que vous dites là. Je vous dénoncerai d’abord à tout le monde, vous jetterai dehors, vous immobiliserai et vous subtiliserai votre butin tandis qu’on vous trouvera une place de choix dans une cellule pour finalement faire votre connaissance derrière les barreaux de votre chambre. Mais comme vous le dites sous mon apparence pieuse se cache… quelque chose. »

Il avait laissait un bref silence, il ne savait lui-même pas ce qu’il cachait devant ce bouclier pieux et sérieux. Il n’avait jamais eu l’occasion d’enlever ce masque, il devait être trop brutal. Mais il effaçait vite ce moment d’absence et rétablissait son état d’alerte.

« Maintenant c’est à vous de voir, vous pouvez sortir sans faire de bruit et trouver un endroit où dormir tandis que le soleil se couche avant de vous retrouvez dans la rue. »

De quoi affirmer ses propos ? Cet homme avait des preuves concrètes contre lui ? Il lui fallait donc l'embrocher prestement ! Mais une autre pensée interrompit son envie meurtrière : simplement, cet homme l'avait vu en pleine action et, même en l'absence de preuves concrètes à fournir à la garde, il avait donc pût juger de l’honnêteté du plus ou moins célèbre – dans certains endroits où il ne mettait plus les pieds – d'Eldingar. Ulrick nota quand même le ton léger de Ray qui, bien que la méfiance semblait toujours présente, n'était visiblement pas sur le poing de le réduire en poussière. Le jeune voleur ne répondit pas, se contentant d'afficher un sourire résolument carnassier, avant de retenir un nouveau rire. C'est vrai, qu'était-il donc ? Une brebis égarée ? Un solitaire ? Non, c'était plus que ça.

"Ni l'un ni l'autre. Disons que je laisse le Destin guider mes pas... Et vous, qu'êtes vous ? Égaré ? Fidèle ? Solitaire ? Je dirais...pieusement fidèle à première vue mais... Qu'en pensez vous donc de... Vous ?"

Concernant l'absence de colère divine, Ulrick ne s'y attarda pas plus que ça. Après tout, il n'avait pas de véritable croyance, même s'il était conscient que certaines forces supérieures guidaient sans doute le monde. Non, il se disait juste que les Dieux avaient mieux à faire que pourfendre quelques petits malfrats bienfaisants comme lui.
Finalement, Ray décida de s'installer courageusement à côté de lui, aussi Ulrick ne protesta pas lorsque ce dernier se permit de se servir de sa chère épaule en guise d'appui. Une fois installés côte à côte, le voleur l'observa dans les yeux, gardant un grand sourire tandis que son interlocuteur lui décrivait toutes les possibilités issues d'une malencontreuse arrestation de sa personne. Un scénario bien peu réjouissant, il fallait le dire. Une nouvelle fois, la pulsion meurtrière titilla le cœur d'Ulrick qui, ostensiblement, posa la main sur la paume de son épée.

"Mais pour faire tout ça, il faudrait d'abord que je ne vous embroche pas dans l'instant, non ?" Mais il reprit néanmoins bien vite d'un air plus détendu, sa envie de meurtre disparue aussi mystérieusement qu'elle était apparue : "Mais ce serait du gâchis après tout. Comme faire connaissance à travers des barreaux, c'est triste aussi je trouve."

Il garda néanmoins la main sur son épée et se concentra un bref instant. Comment s’appelaient les deux hommes qu'il avait volé déjà ? Farlay... Non, Faradet et Olik. Oui, il se souvenait parfaitement de leur visage. A peine pensa t-il fortement à eux que la paume de son arme se mit à li brûler légèrement la main. Il relâcha cette dernière tranquillement, comme si de rien n'était, bien que ses sens étaient désormais aux aguets : ses poursuivants étaient toujours assez proches. Autant dire qu'il n'était pas en sécurité. Retrouvant toute son attention, ou presque, vers Ray, il gratifia ce dernier d'un grand sourire et s'inclina légèrement.

"C'est, en effet, un conseil très sage mon cher Ray. Néanmoins, je pense que l'auberge n'est pas une bonne option, et j'en assez de toute manière de courir après un larcin." Pour le moment du moins, pensa t-il. "Connaitriez vous par hasard un endroit où une bonne âme pourrait m'offrir l'hospitalité ? Vous par exemple, vous avez une bonne âme non ?" termina t-il avec un grand sourire que l'on pouvait qualifier d'enfantin, chose assez étrange vu son apparence plus vraiment juvénile. Puis, sous le ton de la confidence quelque peu exagérée, il ajouta : "Et, entre nous, si vous avez des ennuis par ma présence, vous n’aurez qu’à dire que je vous ai pris en otage ! N’est ce pas une idée merveilleuse que celle-ci ?"

Il était si près de lui, si près d’un danger même en temps il se sentait rassuré d’avoir dans une partie de sa mémoire l’incantation du sort achevé. Il regardait du coin de l’œil l’attitude flexible du brun à ses cotés, il souriait, toujours ce même sourire qui avait le privilège de mettre de mauvaise humeur le jeune moine mais d’un autre coté y trouvait une provocation qui le poussait à continuer ce jeux, et puis il commençait apprécier le bout de personnage qui se tenait à sa gauche. Le prénommé Eldingar étouffait un de ses rires tandis que l’ombre d’un instant le regard porté sur le voleur de pacotille s’était emplie d’une certaine pitié et de haine envers ce qu’il avait toujours combattu mais peut être qu’il n’avait jamais combattu pour la bonne chose, d’une autre manière aurait été peut être mieux et l’objectif serait resté le même. Il soupirait brièvement tandis qu’il se préparait à répondre à la question qui lui était retourné.

-Je sais pas, enfin plus… Enfin… Je sais même pas pourquoi je réponds.

Il tournait alors son regards à l’opposé, du coté des vitraux. L’envie de se corriger, d’effacer ce qu’il venait de dire, de penser. L’idée de se confesser avait brièvement survolé ses pensées idéales et surfaites. Il cherchait alors une assise plus confortable sur bois dur et raide du banc où ils étaient assis tandis que l’homme de pègre réagissait à sa triste histoire qui aurait pu se réaliser si Ray en avait la conviction mais surtout la volonté qui lui manquait en ces temps sombres. L’atmosphère changeait une fois de plus aussi facilement qu’un retournement de veste, les sens de survie du moine titillaient la routine de son esprit. Son regard venait se reposer sur le voleur et il pouvait alors voir sa main se poser sur la paume de son arme, il n’attendait plus qu’un geste brusque pour déchainer son sort mais cette attente resta en vain, puisque la tension dans l’air disparaissait aussi vite qu’elle s’était installée. Il finit alors de parler tranquillement et dans une profonde inspiration puis expiration Ray lui répondit.

« -Je ne sais pas si je dois vous faire confiance ni vous croire, à vrai dire je n’en ai même pas envie. Mais j’ai l’envie irrationnelle de vous aider » Autant que de t’étrangler, pensa t-il secrètement. « Le seul endroit où vous pourriez dormir est ici mais vous laissez dans une chambre parmi tous ses hommes de foi sans possibilité de défenses m’enchantent aucunement. Même s’il un d’eux dormirait à vos cotés pour vous surveiller, je me sentirais mal à l’aise. »

Il soufflait une fois de plus cherchant ce qu’il pouvait faire pour aider une fois dans sa vie. Les gens du village devaient déjà tous être au courant de l’accoutrement du voleur qui a pillé deux hommes et dans un village petit comme celui-ci les rumeurs circulaient rapidement. Une idée malotru venait alors titiller sa tête.

« -Je pourrai faire le garde mais à deux conditions. Premièrement, vous arrêtez vos troubles comportementales et puis, dans la chambre je veux que vous posiez à l’opposé de votre position l’arme que vous faisiez de cesse d’agripper. Et pour information, j’ai loin d’avoir une bonne âme.» En lui proposant cette offre, il savait que l’envie de le frapper lui viendrait s’ils seront dans la même salle mais ça devait faire partie d’un de ses coups de tête. Et il semblait tellement lutter pour avoir de quoi dormir qu’un sentiment de pitié venait peut être se loger dans son esprit ou de gentillesse et même peut être professionnelle ; à vrais dire lui-même ne savait pas et essayait de se convaincre de ce qu’il venait de faire.

Il se levait alors et regardait de haut la brebis.

« Sinon c’est dehors, dans la rue. Et pour votre idée… Elle était aussi merveilleuse que le temps que vous avez pris pour la trouver. »

Il sourit.

L’intérêt d'Ulrick pour son nouvel "ami" allait en grandissant. Une sorte de tension était clairement installée entre eux, mais celle-ci finissait, petit à petit, par avoir plus l'air d'un jeu qu'autre chose. Et bien entendu, le fié-fié roublard aimait jouer. Après tout, lorsqu'on était privé de son passé sans moyen efficace de le retrouver - pour le moment - rien ne pouvait avoir d'importance. Pas d'attache, la liberté : la vie n'était qu'un grand et joyeux jeu, jusque dans les relations sociales. Et celle-ci était de plus en plus intéressante : Ray n'avait pas pût répondre à la question "que pensait-il de lui". Il eut l'air d'être perdu, l'espace d'un instant, et cette seconde de fragilité toucha presque Ulrick. Finalement, il était tombé sur une bonne rencontre : quelqu'un ayant visiblement des blessures bien cachées - et Dieu sait que le voleur aimait voir les faiblesses des gens, cela le rassurait - mais néanmoins capable de jouer à une gentille joute verbale avec lui. Vraiment, il commençait à apprécier ce Ray Molfing. Presque sincèrement.

Le roublard s'attendait presque à être attaqué lorsqu'il empoigna la poignée de son épée. Après tout, qui pouvait savoir que cette arme lui servait également de "radar magique" ? Bon, il y avait aussi eu cette pulsion meurtrière, mais ce n'était qu'une rapide sensation fugace. Et, fort heureusement, cette intéressante conversation ne se transforma pas en pugilat général, et la tension redescendit au soulagement sans doute général. Ulrick afficha un immense sourire absolument charmant et amical, tout en clamant haut et fort :

"Comment ? Vous pensez que je pourrais m'en prendre à d'innocents hommes de foi ? Mais quelle idée horrible !" Il jeta un coup d’œil à un prêtre qui passait non loin d'eux et qui, soudainement, eut l'envie de presser le pas. Il reprit ensuite : "Qu'ils sont amusants, je serais triste de les voir mourir. Vous me vexez, me prendriez vous pour un vulgaire et détestable assassin ?"

Certes, il l'était, bien qu'il ne s'agissait nullement de sa principale activité, cela venait plutôt de ses agaçantes pulsions qui pouvaient, parfois, lui tirailler le ventre. Mais il fût bien vite tiré de ses pensées à la proposition de Ray qui, disons-le, le prit vraiment au dépourvu : à la base, il s'agissait d'une boutade, il ne pensait pas que le jeune homme accepte réellement ! Mais ce n'était pas plus mal après tout. Mais les conditions étaient tout simplement... hilarantes. Arrêter ses troubles comportementaux ? Mais il était simplement lui-même après tout ! Se séparer de son arme ? De toute manière, ce n'est pas la largeur d'une chambre qui l'empêchera de s'en saisir à toute vitesse s'il fallait.

"Vous voyez mon cher, ce que vous dîtes prouve pourtant que vous avez une bonne âme ! Je vous aime bien ! Et pour vos conditions plus farfelues que vexantes, fort bien... Si vous ne vous avisez pas d'en profitez pour me voler mon épée ! Ce serait une drôle d'ironie n'est ce pas ?"

Voyant Ray se lever, il se leva à son tour et s'étira paresseusement, tout en tapotant amicalement sur l'épaule de l'homme avant de s'éloigner, prêt à aller se reposer, enfin. Il s'arrêta néanmoins au bout de quelques pas, jetant un regard à son nouvel ami qui voulait surement dire "je voulais faire classe en m'éloignant d'une manière silencieuse, mais je ne connais pas le chemin donc guidez-moi, merci". Oui, on peut dire beaucoup de choses en un regard.

Néanmoins, vu l'angle de son corps, il pouvait de nouveau effleurer le pommeau de son épée sans se faire trop remarquer, ce qu'il fit en se concentrant : il se brûla légèrement la main de nouveau. Mauvaise chose donc : ses deux victimes étaient encore à sa recherche, et il espérerait que ses derniers n'avaient pas eu la mauvaise idée d’appeler les gardes. Peu importe, il dormirait ici en la compagnie de cet homme providentiel et, au petit matin... Prendre la poudre d'escampette peut-être ? Il verrait selon la situation. Bref, se tirant de ses pensées et une fois rejoint par Ray, il demanda à ce dernier d'un air curieux :

"Sinon mon cher, vu que nous allons passer un petit moment ensemble... Êtes-vous un voyageur ? Si oui, que cherchez-vous donc ? Je demande car moi, je ne cherche rien. Donc, pour vous remercier, je pourrais même vous aider à chercher ce que vous chercher ! N'est ce pas là une nouvelle idée géniale ?"

Un vrai moulin à parole ce bonimenteur, n'est-il pas ?

L’énergumène qui se trouvait à ses cotés attirait étrangement la sympathie et ce jeux auquel Ray s’était appliqué avec soin se tournait en un agréable dialogue. Le sentiment de danger s’estompait petit à petit mais persistait, difficilement. A vrai dire, le prénommé Eldingar avait même réussit à le faire sourire, naturellement. Pas un de ses sourires artificielles, vicieux, méchants, il avait tout de naturelle. Depuis quand ça ne lui était pas arrivé ? Il ne voulait pas savoir, n’avait pas envie de trifouiller dans les entrailles sombres d’un passé voilé et dissimulé par ses soins. Son sourire s’effaçait aussi rapidement qu’il s’était marqué sur son visage. D’un autre coté, le roublard paraissait bien sur de lui, trop. Face à ça, Ray se sentait mal à l’aise.

Alors qu’il lui avait fait part de ses pensés au voleur, celui-ci clamait haut et fort, histoire de rompre le silence religieux et se faire remarquer des partisans. Tandis qu’il clamait qu’il ne se prendrait à personne, Ray baissait légèrement sa tête et regardait de l’autre coté faisant mine de ne pas connaître la personne à sa gauche et baillait légèrement pour reporter son regard sur le voleur.

« Je sais pas ce que vous êtes. Auparavant, ça m’aurait titillé, j’aurai même essayé de vous tuer sans en apprendre plus. J’ai changé. » Il avait adopté un ton sérieux et solennel mais n’allait pas plus loin, il ne le voulait pas non plus.

Sans gênes, libre comme l’air. Il avait l’air d’y s’y plaire et de s’épanouir dans ce qui s’appelait plus communément : la vie. Celle que Ray avait voulu mettre fin subitement mais c’était un échec, à croire qu’une partie de lui le forçait indéniablement à vivre dans la haine et dans une incompréhension de sa personne. Mais il cachait une fois de plus cette partie de lui qu’il n’aimait pas, qu’il n’acceptait pas. Il n’allait pas se lamenter sur son sort après tout, il l’avait quelque part cherché et il avait maintenant une personne sous sa surveillance. L’homme continuait alors de parler encore et encore tel un moulin et lui, l’écoutait. A vrai dire, il avait l’habitude d’écouter depuis, c’était comme une partie intégrante de sa vie maintenant. Il soufflait encore une fois, exténué sur la remarque de sa « bonne âme » et ne décida de pas en dire plus.

« Vous volez votre épée ? Cette chose en métal inutile et barbare, sans moi. »

Eldingar partait alors sans rien dire, tapotant juste l’épaule du blond pendant que celui-ci le regardait partir sans rien dire se contenant d’afficher un sourire stupéfié jusqu’au moment où le brun s’arrête et le regarde, un regard très parlant. Ray lui rendait son regards en baissant légèrement la tête et un sourire fin sur ses lèvres du genre : « Tu passes pour imbécile, la prochaine fois t’attendras. »

Il se dirigeait alors en sa direction, sa cape virevoltait légèrement aux bonds de ses petits pas rapides. Il lui tapotait à son tour amicalement son épaule mais ne s’arrêtait pas pour autant et continuait son chemin rapidement puis ouvre une première porte, le bruit résonnait dans la salle principale. Il regardait derrière lui le voleur qui le suivait et lui indiquait de fermer la porte après son passage. Il s’arrêtait devant une des nombreuses portes que contenait le couloir étroit et très peu lumineux. Il sortait alors une clé de l’intérieur de sa veste attaché à un collier puis ouvrait la porte et aussitôt que rentrés refermait derrière lui, à clé puis la rangea au même endroit. La chambre contenait deux lits de part des d’autres de la chambre divisé par une table de chevet avec une bougie visiblement déjà utilisé. Le moine s’empressa d’aller l’allumer avec l’allumette posée sur le coin du chevet et finit par s’installer sur le lit de gauche. Assis sur les fesses, jambes rétractées vers lui.

« Voyageur, n’est…pas le mot exacte. J’erre et je cherche quelque chose mais je ne sais pas quoi. Vous n’aurez pas à m’aider. Mais assez parler de moi. Vous,vous cherchez bien quelque chose ? C’est pas possible de rien chercher... »

Sans qu’il y pense, son incantation qu’il avait mémorisé en cas de danger s’était volatilisé.

Ulrick tilta quelque peu aux paroles blessantes de Ray concernant son épée. Cette chose en métal inutile et barbare ? Comme si une lame si astucieuse ne servait qu'à transpercer les cœurs, choses qu'elle faisait très bien d'ailleurs. Enfin, il faut avouer que l'enchantement qui y était attaché n'était pas visible à l’œil nu, et c'était tant mieux après tout : qu'il croit que cette arme n'ai pas la moindre valeur, cela ne le tentera pas au vol ! Même si des deux, Ulrick était sans doute le plus enclin à jouer les chapardeurs. Mais on n'était jamais trop prudent après tout.

Finalement, le jeune voleur fut amusé de voir que "sortie théâtrale totalement foiré" avait arraché un sourire à son nouveau compagnon. Comme quoi, l'humour était présent chez cet homme, comme en prouvait sa réceptivité aux pitreries du roublard. Mais de toute manière, qui pouvait résister à ses facéties ? Qui ? Personne sans aucun doute, il était irrésistiblement attachant de toute manière... du moins, jusqu'à ce qu'il décide de détrousser ses admirateurs, transformant ces derniers en ennemis jurés. Il suivit du regard Ray le rejoindre, lui tapoter l'épaule à son tour et poursuivre son chemin. Il resta figé, puis retrouva ses esprits.

"Hey attendez, ça ne se fait pas de faire une sortie plus classe que la mienne mon ami !"

Sur ces étranges paroles, il éclata de rire et suivit Ray à l'intérieur. Il ferma docilement la porte derrière lui et continua de suivre son guide, observant tout autour de lui d'un air curieux. Cet endroit semblait plutôt calme ce qui, il devait l'avouer, était reposant. Enfin, cela ne valait sans doute pas la tranquillité d'une forêt, mais avoir un toit au-dessus de la tête était, parfois, un vrai plaisir, voir une nécessité. Dans un couloir assez sombre, ils s'arrêtèrent devant une porte dont Ray détenait la clé. Était il un habitué ? Cette question se rangea dans un coin de l'esprit d'Ulrick, en même temps que la position de la clé dans la veste de son guide : déformation professionnelle, sans aucun doute.

"C'est...charmant. Enfin moins humide que la forêt de la nuit dernière, donc parfait !"

Il tourna un peu dans la pièce, l'observant dans les moindres détails puis, avec un grand sourire entendu, posa son épée près du lui où s'était installé son compagnon, avant d'aller rejoindre celui qui ne pouvait que le sien, s'affalant dessus en adoptant une pose décontractée, les mains derrières la tête, une jambe repliée vers lui.

"C'est assez triste, j'aurais aimé vous aider moi ! Bon faisons ça : dès que vous savez quoi chercher, je vous aiderais ! Parole d'Eldingar !"

Pour peu que sa parole vaille réellement quelque chose à cet instant aux yeux de Ray. Il soupira légèrement, semblant réfléchir à la question du jeune homme. Que cherchait-il ? Bonne question. Son passé ? Trop cliché, mais vrai, plus ou moins en tout cas.

"Ne rien chercher est possible. Dans cette vie, tout est possible mon cher, sachez-le ! Rien ne peut arrêter un esprit déterminé !" affirma t-il tout en levant le poing, dans une parfaite parodie de héros de shonen. "Disons, si vous voulez tout savoir, qu'il m'est arrivé un... incident, il y a un moment déjà. Disons que ça peut être une bonne chose, ou une mauvaise, je ne sais pas. En attendant de savoir, je me laisse porter, au fil de mes rencontres. Comme la notre."

Il se leva soudain et se dirigea vers l'unique petite fenêtre de la pièce qui, de par sa taille, aurait presque pût être une meurtrière légèrement agrandie. Elle donnait sur la cour, et Ulrick y aperçut ce qui devait être un milicien, marchant paisiblement pour ne pas troubler la quiétude monacale, mais l’œil visiblement alerte : il cherchait quelqu'un. Peut-être cherchait-il le roublard qui avait dépouillé les deux pigeons à la taverne. Peu importe, Ulrick allait parier sur le fait que ce type n'imaginerait jamais un voleur se cacher dans la chambre d'une abbaye. Retournant s'allonger sur son lit, détendu en apparence, il reposa son regard sur Ray, afficha un grand sourire qu'on aurait presque crû carnassier, puis demanda :

"Maintenant que je vous ai ouvert une partie de mon cœur..." son ton était légèrement ironique. "Dîtes m'en plus, Ray. On erre pas sans raison, sauf si on ne cherche qu'à s'amuser, ou à oublier quelque chose. Et si je vous compare à moi, vous n'avez pas l'air de vous amuser. Je suis dans le brouillard ? Ou clairvoyant ? Dîtes-moi donc !"

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Un refuge providentiel [PV Ray Molfing]

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