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 Ann Rivendell [Terminé]

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AuteurMessage
❝ Invité ❞



Ann Rivendell [Terminé] Empty
MessageSujet: Ann Rivendell [Terminé]   Ann Rivendell [Terminé] I_icon_minitimeVen 16 Sep - 12:57

o Informations générales o

Nom :
Rivendell

Prénom :
Ann (Mais son réel prénom est Joanne, prénom que personne n'utilise. Mis à part une personne.)

Surnom :
La flemmarde, la larve, l'alcoolo, et autres surnoms de cet acabit.

Rang :
Lazy & Rude

Âge :
20 ans

Sexe :
Pourquoi pas ! Féminin

Race :
Marqué

Peuple/Classe :
Chevalier Wyverne

Pays d'origine :
Begnion (Mais son père est originaire de Gallia)


o Description du Personnage o


Physique
Un bout de ciel bleu, sans nuage, une petite brise filtrant à travers le toit percé d’une vieille grange abandonnée. Une simple couche faite de paille, et sur cette couche précaire, une forme humaine. Une longue chevelure ivoire ébouriffée et mal peignée, une chemise de lin blanc, recouvrant une poitrine menue mais bien existante. Une jeune femme. Difficile de lui donner un âge exact. 20 ans, dans cette tranche-là. Son visage endormit paraissait doux, ses traits fins mais discrets. Un petit nez court et pointu, tout à fait adorable, et des lèvres peu marquées, rosées et délicates. Une expression de ravissement peignait ce visage d’aspect quelque peu enfantin, quoi qu’en réalité, il n’en était rien. Oh oui, si vous saviez… D’ailleurs, cette cicatrice sur sa joue droite venait quelque peu étioler cette image de possible innocence. Son origine ? Préférez-vous la version officielle ou officieuse ? Enfin, quelle que soit la version, il était question de combat, mais pas avec la même « personne ». En effet, dans la première, elle aurait écopé de cette marque après s’être battue avec un gros lourdaud dans une taverne, la seconde étant en réalité la conséquence d’une bataille durant son sommeil, et d’une chute lamentable durant celui-ci, s’écorchant la joue avec sa lance posée au sol. Avouez que c’est totalement lamentable. D’où la nécessité d’une version officielle de sa mésaventure…

Suite à cette chemise de toile fine, un short noir, fait de tissu bien plus solide, renforcé de cuir à l’intérieur des cuisses, et surtout, cachant un marque, figure faite d'arabesques entremêlés, sur le haut de la fesse droite, signe de son appartenance à ceux que l'on appelait les marqués; plus bas, un peu de peau était visible. Un teint un peu hâlé, mais pas trop, restant tout de même relativement pâle face à quelqu’un de réellement bronzé. Habituellement, ces jambes qui semblaient longues et fines étaient dissimulées, puisqu’elle portait une paire de cuissardes de cuir blanc, lacées, actuellement déposées près de son lit de fortune. Pas de talon, ou alors très faible, car elle se trouvait déjà suffisamment grande comme ça, avec ses 1m75. De plus, vu son physique svelte, elle avait parfois l’impression de ressembler à une grande asperge, la poitrine, les hanches et les fesses en plus, quoi que là encore, le tout restait modeste, mais bien présent. Plus loin, à côté du tas de paille, des pièces d'armures, toute d’un métal bleu foncé aux bordures argentées, quelque peu patinées, lui donnant une couleur vieillie. Une vrai panoplie de petit soldat, et c’était bien ce qu’elle était. D’ailleurs, appuyée contre une poutre, il y avait une lance. La fameuse lance impliquée dans cette histoire de cicatrice. Un peu plus haute que sa manieuse, son manche était fait d’un bois sombre, renforcé d’un côté par un embout métallique, tout comme l’autre extrémité, qui elle, bien évidemment, était pourvue d’une pointe de métal, dont la base, la partie rattachée au bois, était finement ciselée d’arabesques étranges et mystérieux. Une arme de qualité, à n’en point douter.

Mais ce n’était pas tout. Cette demoiselle endormie n’était pas un simple fantassin armé d’une lance. Non, elle possédait une monture, une monture plutôt… Imposante. Une wyverne, pour être précis. Une belle bête mesurant bien autour des 5m50 lorsqu’elle se tenait sur ses pattes postérieures. Une peau gris anthracite très sombre, recouverte d’écailles de même teinte. Sur sa tête, deux cornes pointues, couleur os, partant vers l’arrière de sa tête, ainsi qu’une sorte de crête semi-rigide débutant sur l’arrière de son crâne, et courant le long de sa colonne vertébrale ainsi que sa queue, qui elle était puissante et dangereuse. L’animal, actuellement allongé non loin de sa propriétaire, dormait elle aussi, son appendice caudal se balançant lentement, fouettant l’air. Amaranthe, voilà comment l’avait nommée la jeune femme. Un corps plutôt trapu et musclé, impressionnant, tout comme cet œil bleu pénétrant qui venait d’apparaître sous cette paupière soudainement relevée. Le reptile s’éveillait, grognant quelque peu, étendant ses larges et puissantes ailes, faiblement cela dit, vu l’étroitesse des lieux, pour ensuite tourner la tête vers sa maîtresse, toujours profondément endormie. Un autre grognement se fit entendre du fond de sa gorge, tandis que sa mâchoire qui semblait dangereuse s’entrouvrait, laissant voir des dents pointues et assurément mortelles. Elle vint se saisir d’un seau d’eau déposé non loin de là, pour ensuite, habillement, venir le renverser sur l’endormie, qui se réveilla d’un bond en jurant, avant de poser un regard furibond sur sa compagne écailleuse, dont le bleu de ses pupilles se retrouvait dans les iris de la paresseuse. De grands yeux aux cils plutôt clairs, longs et bien fournis, donnant un peu de féminité à ce visage devenu tout à coup moins bien doux, et pas seulement à cause de ce réveil brusque et sans douceur…


« Salope à écailles, va ! »

Voilà des mots bien crus, prononcés sur un ton colériques, enlevant bien évidemment de la douceur à cette voix qui pourtant, savait se faire délicieusement caressante quand il le fallait… L’annonce d’un caractère bien particulier…


Caractère

Un réveil pour le moins brutal, voilà ce que cela avait été. Après tout, la wyverne n'y était pas allée de main morte, en lui renversant ce seau d’eau bien froide. La réaction de la jeune femme ne s’était pas fait attendre, par ailleurs, une réaction prévisible, quoi que quelque peu violente. Dans un langage peu châtié, du moins. Eh oui, malgré la douceur qui émanait de ses traits alors qu’elle était assoupie, sa façon de parler, elle, était bien moins délicate. Déjà, elle se montrait familière avec plus ou moins tout le monde, quoi qu’elle se retenait face à ses supérieurs, histoire de ne pas trop se faire mal voir par eux. Pas dans un profond souci de respect, cela dit, mais plutôt pour être certaine qu’on ne lui cherche pas d’ennuis. Et qu’elle puisse continuer de paresser à loisir, bien évidemment. Car oui, depuis quelques années, la paresse était devenue son mode de vie, en quelque sorte. Moins elle en faisait, et plus elle était heureuse. Et pas seulement au niveau du travail, d’ailleurs. Tout ça grâce à son mentor, devenu même son modèle, lui aussi partisan des siestes à l’improviste. Qu’importe le lieu ou l’heure de la journée, elle trouvait toujours un moyen de pouvoir dormir, flemmarder, le plus possible. Et cela, même en mission. Parfois même en plein milieu d’un combat. D’ailleurs, il lui était même déjà arrivé, durant un déplacement trop long, de s’endormir sur sa wyverne. Sinon, il n’était pas rare de la voir tout à coup disparaître, sans réelle explication, et de reparaître quelques heures plus tard, toujours cet air détaché peint sur le visage. Sa marque de fabrique. Voguant entre le dédain et l’indifférence, parfois l’ennui, c’était une chose constante chez elle. À moins qu’elle ne soit remplacée par une expression nettement boudeuse ou encore furieuse, et le plus souvent, la raison de ce changement, était incarnée par une créature bien précise : Amaranthe. Oui, sa monture semblait prendre un malin plaisir à la réveiller, à l’empêcher de dormir et la traîner au travail, et ce, par divers moyens, parfois lâches, ou alors musclés. Pas par méchanceté, mais plutôt pour l’obliger à prendre ses responsabilités. Des deux, malgré les apparences souvent trompeuses, c’était bel et bien le reptile qui dirigeait leur binôme. C’était elle qui forçait la jeune femme à bien vouloir se lever et rejoindre les autres soldats, elle qui faisait en sorte de ne pas la faire arriver trop tard. Cela dit, aussi étrange que cela puisse paraître, et ce malgré leur relation d’apparence conflictuelle et houleuse, le reptile tenait à sa maîtresse. Fait réciproque par ailleurs. Et même si le plus souvent, elle la maudissait de l’empêcher de dormir, elle s’inquiétait pour sa monture et lui faisait confiance. La plupart du temps. Et dans tous les cas, ce qui venait de se passer dans cette vieille grange en était une. D’ailleurs, bel et bien éveillée, la demoiselle s’était mise debout, avec une lenteur effarante. Pas qu’elle soit fatiguée, elle ne l’était jamais réellement, au fond, mais simplement, il était rare qu’elle se montre énergique et vive, excepté en quelques occasions, dont les combats, lorsqu’elle n’avait pas la flemme de se battre. Surtout que même s’il était facile d’en douter, elle était loin d’être un manche dans ce domaine-là. Après tout, son professeur n’avait pas été n’importe qui, et dans l’art de manier la lance, elle s’en sortait plutôt bien, même si lui excellait plutôt avec une hanche. Et sa lance justement, elle la tenait avec fermeté, après avoir remis tout son barda, et harnaché sa monture. Elle était prête pour repartir, mais n’en avait pas envie. Se rendormir était tentant, quoi qu’elle avait faim, également. Mais pour manger, elle allait devoir rentrer. Malgré son affligeante paresse, elle était loin d'être bête, et savait très bien qu'à un moment où un autre, elle allait devoir retourner à la caserne. Alors autant utiliser l'excuse de la faim pour le faire. Après tout, elle devait bel et bien en avoir dans le crâne pour être capable d'imaginer mille et une façons d'échapper à Amaranthe et son chef, à ses responsabilités en général, non ? Enfin, question de point de vue...

Elle remonta donc sur le dos de l’imposant reptile aux écailles sombres, sans grâce aucune. Non, sa façon d’agir était loin d’être féminine et élégante. Elle mettait les pieds sur la table après manger, jurait comme un charretier ; elle préférait s’avachir plutôt que de s’allonger, se vautrer plutôt que de s’asseoir, la jeune femme était aussi féminine et délicates qu’un paysan de la campagne profonde, et surtout, qui adorait boire. Parfois trop, ce qui lui avait déjà valu quelques sacrées surprises en se réveillant le matin, auprès d’un homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam. Bon, en soi, le fait de passer une nuit dans les bras d’un homme ne la dérangeait pas particulièrement, mais quand l’heureux élu n’était pas des plus séduisants, elle s’en retrouvait quelque peu ennuyée. Sinon, aucun d’entre eux, qui n’étaient pas si nombreux, peut-être une dizaine tout au plus, ne s’était plaint de ses qualités d’amante. Soit c’était vraiment le cas, ce qui faisait d’elle un bon coup, fait dont elle se foutait royalement, soit ils étaient autant imbibés qu’elle, et ne se rendaient plus compte de ce genre de choses. De toute façon, ça n’avait pas de grande importance à ses yeux. Elle préférait avoir un lit rien que pour elle, confortable et chaud, pour passer son temps à dormir…

À nouveau à dos de wyverne, tenant fermement son arme, sa chevelure ivoirine soulevée par le vent produit par le vol du reptile, elle baillait avec nonchalance. À vrai dire, avant sa sieste, elle rentrait de mission, accomplie avec deux camarades qui devaient être déjà rentrés depuis quelques heures. Tant mieux pour eux. La camaraderie n’était pas son fort. De plus, en combat, elle n’avait pas la vaillance d’un fier soldat. Pas particulièrement courageuse, il était rare qu’elle mette sa vie en danger de son propre chef. D’ailleurs, il fallait savoir que même lorsqu’elle se retrouvait en présence d’une personne en danger, elle rechignerait à aller l’aider, préférant sauver sa peau avant tout. Une vraie tire-au-flanc, en somme. Cela dit, et peut-être heureusement en un sens, la wyverne, elle, était bien plus courageuse, quoi que parfois un peu trop téméraire. Le résultat était pourtant qu’elle finissait par se jeter dans le combat, avec mauvaise foi pour l’une, envie d’en découdre pour l’autre… Enfin bon, cette fois-ci, il n’avait pas été nécessaire de se battre, chose qui l’arrangeait totalement d’ailleurs, et dès qu’elle en avait eu l’occasion, elle s’était… Éclipsée. Et à présent, sur le chemin de retour vers Daein, elle pensait surtout à ce qu’elle allait faire le soir-même : Taverne. Son deuxième lieu préféré, après son lit. De plus, elle ne comptait pas se presser de rentrer, pour éviter plusieurs choses, dont les possibles félicitations et autre compliments du genre, quoi que là, il n’y avait rien à dire de positif sur ses performances. Malgré tout, voilà bien une chose qu’elle abhorrait, surtout du fait qu’elle ne considérait pas en mériter particulièrement, se rendant bien compte de la mauvaise qualité de son service et de ses efforts. Et des efforts justement, elle n’avait pas envie d’en faire, tout simplement. Pourtant, si elle n’en faisait rien qu’un peu… Elle ne s’en sortirait que mieux. Encore faudrait-il qu’elle trouve une motivation… Et ça, ce n’était pas gagné…

Finalement arrivée, elle soupira, soulagée. Comme elle l’espérait, ce qui en soi était logique, pas de compliments ou remarques. Simplement, elle croisa un de ses compagnons d’armes, qui lui fit remarquer qu’elle devrait profiter de leur permission pour aller voir sa famille. Elle l’ignora superbement, comme elle agissait toujours avec les gens qui ne l’intéressaient pas, ou qui l’exaspéraient et continua son chemin, à pieds, marchant en traînant les pieds près d’Amaranthe, fixant le sol, l’air boudeur. Le sujet de sa famille était plus ou moins tabou. Elle ne comptait plus vraiment pour elle, à cause de ce qui s’était passé à sa naissance, considérée comme une vulgaire marchandise. Enfin, qu’importe. Direction sa chambre, et son seul ami, mis à part la wyverne : Son lit. Il fallait avouer qu’il était rare qu’elle s’entende avec autrui plus de quelques heures, et ce à cause de sa manie quelque peu énervante de mettre le doigt où ça fait mal, et de bien appuyer. À croire presque qu’elle le faisait exprès. Dans tous les cas, le résultat était qu’elle n’avait pas d’amis à proprement parler, quoi qu’elle s’entendait plutôt bien avec son mentor… D’ailleurs, cela faisait un certain temps qu’elle ne l’avait pas vu… Elle irait lui rendre visite un de ces jours…

Ann Rivendell. Voilà quel était le nom de cette femme si paresseuse et particulière, à l’image de celui qui fut son mentor…



Passé

Depuis toujours, du moins, aussi loin qu'on en soit informé, l'union entre Beorc et Laguz avait toujours été prohibée, et la progéniture qui en découlait haïe et conspuée, et ce tant par un peuple que l'autre. Peut-être même plus par les Laguz, qui eux, avaient la capacité de les sentir, de les reconnaître. Toujours était-il que partout où ils allaient, on les chassait, du moins, dès qu'on apprenait leurs origines. Pourtant, ce destin malheureux n'empêchaient pas ce genre de couples contre-nature se créer, ni même d'avoir des enfants. Parfois par amour, car on aura beau dire, la différence n'empêche pas l'amour; ou par inconscience, dans certains cas. Et malheureusement, c'était ce qui avait été la source de la naissance d’Ann. Une bêtise de sa mère... Aurore Steiner avait toujours été une femme adulée et convoitée, mais aussi montrée du doigt à cause de sa frivolité, et son caractère libertin. Elle était belle, une longue chevelure blonde, si pâle qu'on la pensait blanche, une fois que le soleil venait la caresser. Elle avait la grâce et la beauté, l'art de séduire les hommes intéressés par elle. Sans amour, toujours. À croire qu'elle n'était pas capable de ressentir un sentiment si doux. Elle allait d'amant en amant, pour le plaisir ou l'argent, et, malgré sa modeste origine bourgeoise, vivant à Begnion, n'hésitait pas une seule seconde à aller voleter du côté des nobles. Après tout, il y avait de quoi faire, dans une si monumentale ville qu'était Sienne. Mais, étrangement, et fait mal vu par les gens de son quartier, ainsi que par beaucoup de ses connaissances, elle ne se contentait pas d'hommes bien vêtus et correctement élevés. Non, elle avait déjà été vue en compagnie d'un tout autre genre d'être. Un Laguz. D’après les dires, c’était un esclave appartenant à son amant de l’époque, un noble bien fortuné mais ne possédant que très peu de charisme. L’esclave, quant à lui, mis à part ses oreilles et sa queue, signe de son appartenance au peuple des chats, était un jeune homme robuste et athlétique, le regard, franc, d’un bleu pétillant. Tout pour plaire, et apparemment sa condition d’esclave, Laguz de surcroît, ne semblait pas rebuter Aurore, qui eut une aventure avec lui, durant quelques semaines, avant que le noble ne s’en rende compte, et se débarrasse du jeune homme, éloignant également de lui la bourgeoise. De ce fait, elle s’était retrouvée seule, une fois de plus, mais là n’était pas le problème. Non, ce qui clochait, c’était ce qui se passait en elle. Au tout début, elle n’avait rien remarqué, mais à mesure que les mois défilaient, elle dut bien se rendre à l’évidence, il y avait un souci. Elle était enceinte. Était-ce donc ce qu’avait voulu lui dire son amant félin ? Peut-être…

Cela dit, ce n’était de loin pas son souci premier, ce que cet homme avait bien pu vouloir lui dire ou non. Le vraiment problème, c’était cette créature qui grandissait en elle. Enceinte, elle était nettement moins séduisante, mais elle ne se voyait pas sacrifier cet enfant. Peut-être un restant d’humanité stagnant dans un coin de son cœur. Toujours fut-il qu’elle garda donc l’enfant, se forçant à vivre comme la simple bourgeoise qu’elle était, durant quelques mois. Beaucoup moins de prétendants, malheureusement. Cela dit, elle était tout de même un minimum entretenu, par un autre bourgeois, fortuné. C’était un ami, Mathéo Rivendell, si tant est qu’elle connaissait la signification du mot ami. Récemment remarié, à une femme capricieuse et colérique, Margareth, sa première femme étant morte de maladie. De cette première union avaient résulté deux fils, jumeaux. Ethan et Mark. Deux robustes jeunes hommes au caractère bien trempé, excellant dans une matière, la chasse aux filles. Petites ou grandes, maigres ou potelées, il y en avait pour tous les goûts dans la capitale, et pour eux, cela avait un air de paradis. Ou de terrain de chasse béni. Quoi qu’il en soit, leur père en était affligé, tandis que leur belle-mère, elle, s’en fichait totalement. Tout ce qui l’intéressait, c’étaient les bijoux et les belles toilettes, les tissus précieux que son époux vendait. Pas d’amour dans leur mariage, du moins, pas de son côté à elle. Lui, il était quelque peu trop naïf. Amoureux également. Et puis, elle ressemblait tant à sa défunte Joanne. Comment lui résister ? Oui, il était faible, face aux fantômes de son passé. Et il avait cédé, se retrouvant donc coincé avec cette femme devenue acariâtre du jour au lendemain, mais dont il ne pouvait pas décemment se séparer. En privé, elle lui menait la vie dure, lui reprochant tous les malheurs du monde un jour, l’ignorant totalement le jour suivant. En bref, une vraie mégère. Capricieuse de surcroît. En effet, au détour de quelques commérages entres amies, plusieurs d’entre-elles ayant récemment eut des enfants, une petit fille pour la plupart, elle fut prise de la lubie d’avoir elle aussi un enfant, une demoiselle, pour pouvoir l’élever selon ses désirs, et lui faire faire tout ce qu’elle n’avait jamais pu. Cela dit, pas question de prendre le moindre kilo ou de risquer la moindre vergeture, sûrement pas ! D’où le fait qu’elle avait commencé à s’intéresser de près à la blonde libertine. Un intérêt qui dura neuf longs mois, durant laquelle l’une prenait du ventre à n’en plus finir, l’autre s’impatientant de voir à quoi ressemblerait sa progéniture. Elle avait déjà tout préparé, étant certaine que cela allait être une fille. Et il y avait intérêt à ce que ce soit le cas, ou il était certain qu’elle piquerait une crise. Tout comme il était certain qu’elle renverrait dans la rue cette catin et son bâtard.

Heureusement, quoi que tout était relatif, la naissance vint, et c’était bel et bien une petite fille, pas de doutes possibles. Des cheveux déjà faiblement présents, blancs, comme ceux de sa mère, ou presque. Si on pouvait nommer cette femme une mère. Elle dut la garder dans ses bras tout juste quelques minutes, avant que Mme Rivendell ne vienne pour la récupérer, l’emmitouflant dans une couverture brodée d’argent, quittant la pièce sans attendre. Sur la table de chevet trônait à présent une bourse de cuir de belle taille. Voilà le marché. Elle lui avait vendu son enfant, tout simplement, comme si ce n’était qu’un vulgaire objet. Et pour la capricieuse bourgeoise, c’était le cas, à vrai dire. Ni plus ni moins que cela. Et, de retour à la maison, tout commença… D’ailleurs, elle n’en avait que faire qu’elle soit une marquée. C’était son enfant à présent. Ou plus justement, sa poupée. Oui, c’était ce qu’elle était à ses yeux, une jolie poupée vivante. Par contre, elle n’avait guère la fibre maternelle, et elle ne s’occupait d’elle que lorsque ses amies étaient là, pour prendre le thé et bavarder. Depuis son plus jeune âge, la petit Ann se retrouva donc quotidiennement pomponnée, bien habillée et coiffé, même si dans les premiers temps, les coiffures n’étaient que très sommaires, au vu du peu de cheveux qu’elle avait sur la tête. D’ailleurs, son prénom avait été choisi par M. Rivendell, en mémoire à feu son épouse. D’ailleurs, elle avait été prénommée Joanne, mais sa belle-mère n’était jamais allée plus loin que ces trois lettres qui composaient son diminutif. Alors pour tous, elle s’appelait Ann Rivendell, fille de Mathéo et Margareth Rivendell. Ils semblaient être une famille modèle, les parents, les deux fils et leur unique fille. Personne ne se doutait de rien. Personne.

Mais la vie n’était pas si rose, pour la petite marquée. Pas qu’on la maltraitait, loin de là. Durant les premières années, sa belle-mère se plaisait à se pavaner avec elle, montrant à tous ce bébé adorable, avec ses cheveux si clairs, qu’on disait qu’elle avait tiré de son père, encore bien blond à l’époque, ainsi que les yeux bleus de sa mère. Les bonnes gens étaient d’un crédule. Car après tout, loin d’être issue de l’union de deux bourgeois, elle était le fruit d’une nuit hasardeuse entre une Beorc et un Laguz. Un enfant impure, sans réelle race. Privée de son vrai père, envoyé on ne sait où, peut-être même mort à l’heure qu’il était, vendue par sa mère à une autre femme. D’ailleurs, peu après la naissance de la petite, elle avait totalement disparue de la circulation, et l’on avait plus entendu parler d’aller dans le quartier. Qu’importe, elle ne faisait pas partie de ces personnes dont les gens se souciaient. Et bien rapidement, on l’oublia totalement. Peut-être était-ce mieux ainsi, d’ailleurs. Mais pour en revenir à la petite fille, il y avait pleins d’exemples à donner. Elle se rappelait très bien de ce jour où elle observait ses deux frères jouer ensemble, dans le jardin. Elle voulait aller les rejoindre, pour jouer aussi, alors qu’elle portait cette jolie petite robe blanche pleine de froufrous avec les chaussures assorties. Elle voulait pouvoir jouer. Alors, elle sauta au bas du fauteuil couvert de velours sur lequel sa mère l’avait assise un peu plus tôt. Mais à peine avait-elle posé un pied au sol que la femme la rappela sévèrement à l’ordre, la faisant se rasseoir. Elle ne devait pas sortir, qu’elle disait, pour ne pas se faire du mal. Quoi qu’en réalité, elle ne voulait surtout pas qu’elle se salisse. C’était sa poupée, et elle devait rester sage et parfaite. Et obéissante à souhait, elle le resta donc, pendant quelques années encore…

Puis, elle eut une dizaine d’années. Elle avait grandi, un peu, mais gardait toujours cette allure frêle de petite fille. Trop jeune encore pour avoir la moindre esquisse de formes féminines, mais malgré tout, on pouvait le dire, elle ne faisait pas tout à fait son âge. Mais cela ne suffit pas à ce que sa « mère » ait encore de l’affection pour elle. En effet, comme on finirait par ne plus vouloir d’un jouet, Margareth avait fini par se lasser de l’enfant, la délaissant aux mains des domestiques. Plus obligée de rester assise sans bouger, de sourire et obéir. Elle pouvait sortir et courir, tomber, se rouler dans la boue, quitte à se faire réprimander ensuite. En bref, elle pouvait enfin avoir une enfance normale, ou presque. En effet, bien vite, ses frères remarquant que la demoiselle avait du succès auprès des jeunes femmes qu’ils se plaisaient à courtiser, ils décidèrent bien vite d’en faire un atout lors de leurs chasses aux jupons. Après tout, quoi de plus adorable que deux grands frères se baladant avec une petite fille tout à fait mignonne, regardant tout le monde avec de grands yeux bleus curieux ? Autant dire que les femmes se laissaient plus facilement approcher, mais aussi charmer…

Cela dit, pour Ann, tout ça n’était pas vraiment bénéfique, car souvent, pendant que ces frères étaient en train de déblatérer de belles paroles à ces dames, dans une taverne ou auberge, la petite, elle, restait assise au bar, toute seule. Et ses oreilles d’enfants entendaient bien des choses, que ce soient les insultes, les ragots, ou que sais-je encore. Autant dire que bien rapidement, elle apprit des choses qu’une enfant de son âge ne devrait pas savoir, ce qui fâcha grandement sa mère, son père, lui, restant bien effacé derrière elle. Il savait qu’elle était tantôt bien trop dure avec elle, tantôt trop dédaigneuse, mais il ne savait que faire, ne voulant pas blesser son épouse, ni devoir subir son courroux. L’occasion se présenta cependant quelques années plus tard.

Les années avaient continué de s’écouler, et aucuns changements physiques n’étaient survenus chez la demoiselle, si ce n’est qu’elle avait grandi, mais c’était tout. Cela dit, alors qu’elle approchait de sa 15ème année, elle se mit peu à peu à changer, à devenir bien plus féminine. Des jambes plus longues, une taille plus marquée, de la poitrine et des hanches, bref, tout ce qui distinguait une femme d’une enfant, avec tous les désagréments que cela impliquait, bien évidemment. Des changements qui la rendirent tout à coup bien intéressante aux yeux de bien des jeunes hommes, qui auparavant, courtisaient sa mère, toujours aussi belle et fraîche malgré les années. Et cela, c’était bien une chose qu’elle ne supportait pas. Plus le temps passait, et plus sa jalousie s’intensifiait. Son mari, voyant cela, décida qu’il devait intervenir avant que cela ne dégénère. Ce faisant, il décida de l’envoyer chez un vieil ami, connu il y a quelques années déjà, et qui actuellement, s’était retiré dans une maison tranquille, dans les montagnes de Daein. Son nom ? Haar. Un ancien général de Daein, qui officia également à Begnion, il avait quelques années de cela.

Et ce fut donc sans plus attendre qu’une femme de chambre prépara les affaires de la demoiselle, qui somme toute, tenaient dans une simple valise, quelques vêtements, plus masculins que féminins, puisqu’elle s’était mise à abhorrer les robes et tout ce genre de tenues, un livre, et un nécessaire de toilette. Rien de plus, rien de moins. Plutôt du genre minimaliste et pas matérialiste pour un sou, la belle n’avait pas besoin d’un tas de choses aussi chères que futiles pour être satisfaite. Ce qu’elle désirait plus que tout actuellement, c’était la liberté. Vivre sans plus avoir une mère abusive sur le dos, vivre tranquillement, pouvoir paresser sur son lit le matin, et même le restant de la journée s’il le fallait, ne plus devoir s’habiller comme une gentille petite-fille. Et tout ça, elle espérait l’obtenir chez ce fameux ami de son père. Sauf que ce dont elle ne se doutait pas, c’était que son cher paternel ne l’envoyait pas là-bas pour qu’elle ait des vacances, loin de là.

Le chemin fut quelque peu long, et ennuyeux. À cheval, accompagné par un guide engagé par son père, elle alla donc à la rencontre du dénommé Haar. La première réaction qu’elle eut en le voyant fut pour le moins comique. Elle le fixa sans rien dire, avant de plisser les yeux, lui lançant un regard suspicieux, tournant la tête vers son guide, lui glissant discrètement :


«Vous êtes sûr que c’est lui ? »

Surpris, le guide pencha la tête sur le côté et répondit avec confiance :

« Bien sûr. Qu’est-ce qui vous fait en douter, mademoiselle Rivendell ? »

Elle fit la moue à cette appellation, trop pompeuse à son goût, et dit, avec désinvolture :

« J’sais pas. Il me semble louche. Vous trouvez pas ? »

Et, alors que les messes basses à son propos continuaient, le concerné se rapprocha, observant de son œil unique la jeune fille qu’il allait devoir héberger. Un soupir empli de lassitude presque naturelle chez lui s’échappa d’entre ses lèvres, avant qu’il ne dise :

« Louche ou pas, c’est bien moi Haar. Ann, n’est-ce pas ? »

La demoiselle tourna la tête vers lui et le regarda longuement, le dévisageant presque, avant de hocher la tête, tout à coup muette. Fallait dire que cet homme, malgré son air nonchalant, en imposait, elle ne pouvait le nier. Et il lui avait bien cloué le bec, à la petite commère. Le guide les laissa donc là et s’en retourna à son village, situé aux pieds de la montagne qu’ils venaient de gravir. L’ancien soldat avait élu domicile dans une maison situé en altitude, reculée et tranquille. Il semblait aimer le calme et la solitude, visiblement. Et ce n’était pas pour lui déplaire…

Arrivés chez lui, il lui présenta rapidement les lieux, avant de la mener à sa chambre. Il lui laissa le temps de déposer ses affaires, redescendant, pour aller faire on ne sait quoi. Rapidement, la demoiselle avait parcouru les lieux. Ce n’était pas aussi grand que sa précédente chambre, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Peu après, elle descendit, mais ne le vit point. Peut-être était-il dehors, elle n’en savait rien. Quittant la maison, elle fit quelque pas à l’extérieur, avant de le repérer un peu plus loin, près d’une formation rocheuse étrange. Intriguée, elle se rapprocha de lui et vit ce qu’il était en train de faire… Sa main était posée sur le crâne de ce qui semblait être un dragon. Quoi que, si elle se rappelait bien, il avait monté une Wyverne du temps de son appartenance à l’arme. Ce devait donc être elle. Impressionnante bestiole, elle était certaine qu’elle ne risquait pas d’aller l’embêter…

Curieuse, elle se rapprocha encore, et l’homme s’aperçu de sa présence. Il tourna la tête vers elle et lui expliqua qu’il s’agissait de son compagnon, comme elle s’en doutait déjà. L’animal semblait calme et même… Paresseux. Las aussi. Un trait partagé avec celui qui était son maître, visiblement. À leur vue, la demoiselle en vint à se demander comment ces deux chiffes molles avaient pu être de si bons guerriers, et surtout, si reconnus. Cela dit, il lui fit rapidement changer d’avis. En effet, il ne tarda pas à débuter son « entraînement », comme il le nommait, à savoir… Ramasser les feuilles mortes de la cour. L’entendant, la première fois, elle avait vivement protesté, mais, loin de se démonter, il lui avait dit que la première chose qu’elle devait apprendre, c’était la discipline. Tout sauf convaincue, elle s’était mise au travail malgré tout, non sans rouspéter longuement.

Et ce petit manège dura 2 bonnes semaines avant qu’il ne semble satisfait. Elle ne ronchonnait plus, c’était un bon point. Alors, un matin, il la fit venir dans la cour comme à chaque fois. Sauf que cette fois-ci, ce ne fut pas un balai qu’il lui mit entre les mains, mais un long bâton de bois, un peu plus grand qu’elle et semblant très solide. Elle ne comprit pas tout de suite, du moins, jusqu’à ce que l’homme ne finisse par l’attaquer sans prévenir, la forçant à se jeter au sol pour éviter le coup. S’en suivit alors une série de jurons, avant qu’elle ne s’exclame :


« Mais vous êtes malade ou quoi ?! Ça va pas d’attaquer une jeune fille sans défense ?! »

« Sans défense ? Tu ferais fuir n’importe qu’elle malfrat rien qu’en lui parlant de la sorte. Sois plus attentive la prochaine fois. »

Le rictus narquois qu’elle vit sur ses lèvres durant quelques instants lui fit plisser les yeux, avant qu’il n’attaque à nouveau. Le problème, chose qu’il savait surement très bien, Ann n’avait aucune notion de combat. Alors, pourquoi s’obstinait-il à l’attaquer ainsi ? Elle n’en savait rien, mais fut bien contrainte d’esquiver comme elle le pouvait, attaquant de façon bien maladroite. Cela dura une dizaine de minutes, avant qu’il ne cesse, la regardant longuement. Essoufflée, la chevelure en bataille et quelques égratignures çà et là, elle le fixait, ses prunelles bleues reflétant une certaine colère. Chose qui eut pour effet de faire rire le soldat, la vexant, bien évidemment.

Ce fut ainsi que les semaines suivantes se déroulèrent. Dès le matin, l’entrainement commençait. Après ce petit test pas si concluant que ça, il commença donc à lui enseigner l’art de se battre à la lance, commençant bien évidemment par les bases avant de passer à plus compliqué. Le seul souci, c’était que la jeune femme, en plus de s’avérer pas vraiment intéressée par tout ça, était quelque peu paresseuse. Et en dehors des entraînements, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il montrait le bon exemple, à toujours faire la sieste n’importe quand et n’importe où… Autant dire qu’il avait bien du mal à lui reprocher cela tout en étant convainquant.

Cependant, ils ne s’entendaient pas trop mal. Car la jeune femme, malgré son sale caractère et sa mauvaise foi, en était venue à admirer Haar. Une admiration qui finalement, et ce en surmontant sa flemme, l’avait poussée à faire un peu plus d’efforts dans ses entraînements, et à se donner un peu plus de mal. Contrairement aux autres personnes qu’elle avait connues jusque-là, si on exceptait ses frères, il était le premier à faire réellement attention à elle, et à la féliciter parfois. C’était plus agréable et motivant pour elle que cette atroce mère dont elle avait hérité. Bon, et puis elle ne risquait pas de l’avouer, mais il était loin d’être repoussant, le paresseux, et ne la laissait pas tout à fait indifférente. Enfin bon, qui ferait attention à une jeune fille de seize ans, boudeuse comme pas deux, limite vulgaire et avec un sale caractère ? De ce fait, cette attirance n’évolua pas, restant surtout de l’admiration...

Son entraînement dura deux ans. C’était vraiment très long, mais il y avait une raison. Il voulait qu’elle soit vraiment au point, et au final, malgré sa flemme devenue tout à fait naturelle au fil du temps, il s’avérait qu’elle se débrouillait plutôt bien. Quand elle en avait envie, cela allait de soi. Enfin, malgré ça, l’ancien soldait était satisfait de son élève, et finit par décider, le jour de l’anniversaire de ses 17 ans, de l’emmener dans un endroit bien spécifique, perdu au cœur des montagnes. La réveillant suffisamment tôt, écopant d’insultes et protestations, ils y allèrent donc. Elle n’avait aucune idée d’où il l’emmenait, mais se doutait que ça n’allait pas être une partie de plaisir…

Il leur fallut bien marcher 4 heures avant d’arriver à bon port. Durant la marche, il avait proposé de faire une sieste, mais elle l’en avait empêché, histoire de se venger pour le réveil, bien trop tôt à son goût. Œil pour œil, dent pour dent. Enfin, ils arrivèrent à leur but. Qui s’avérait être chez un éleveur de wyvernes, et vieil ami de son mentor. Actuellement, il n’avait qu’une seule bête à leur vendre, les autres étant encore bien trop sauvages et jeunes. Et l’animal en question était à ce moment, allongé sur un gros rocher, une lourde chaîne au cou. De belle taille, tout en gardant une silhouette svelte, un corps couvert d’écailles d’un bleu-gris sombre, et des yeux aussi bleus que ceux de la jeune femme. Entre ses deux mâchoires fermées dépassaient quelques crocs semblant bien dangereux, alors qu’elle étendait ses ailes, larges et puissantes. Un animal qu’il ne fallait surtout pas déranger, à n’en point douter. Et qui apparemment, allait être son compagnon. Ou plutôt, sa compagne, puisque c’était une femelle. L’éleveur ne lui avait pas encore donné de nom, par contre…

Tout d’abord réticente, elle avait fini par se rapprocher, méfiante et intriguée par le reptile. Il y avait de quoi être impressionnée, et même si elle ne l’avouerait pas, elle l’était. Lorsqu’elle fut à moins d’un mètre de l’animal, cette dernière tourna la tête vers elle, la fixant longuement, soufflant de l’air chaud par ses narines, décoiffant quelque peu la blonde, pour le peu qu’elle l’était. Et elles restèrent ainsi à se regarder pendant plusieurs longues minutes, sans rien faire d’autre. D’après l’éleveur, elle était assez calme, comme créature. Il fallait dire qu’il l’élevait depuis toute petite, l’ayant trouvée blessé dans la montagne. Certes, elle avait son caractère, comme il disait, mais mis à part cela, c’était une brave bête. Point assez important d’ailleurs.

Lentement, Ann avait approché sa main du front de la wyverne, et l’y avait déposée. Elle semblait sur le qui-vive, se demandant ce que lui voulait cette petite humaine de rien du tout. Cela dit, étrangement, elle semblait se détendre bien vite, alors qu’elle effleurait ses écailles sombres du bout des doigts. Cela dura une dizaine de minutes, durant lesquelles Haar et l’éleveur les observaient avec attention. Tous deux étaient surpris de les voir s’apprivoiser ainsi, sans trop de mal….

Suite à cela, la jeune femme quitta l’animal, et se tourna, pour rejoindre les deux hommes non loin. L’affaire était réglée, et il l’avait déjà payé. Et, lorsqu’elle fut à leur hauteur, l’ancien soldat s’exclama :


« Joyeux Anniversaire, Ann. »

La concernée afficha un air surpris, et rougit quelque peu, avant de se détourner et dire, l’air boudeur :

« Hmpf… Merci… »

Puis elle retourna près du reptile ailé, suivie de l’éleveur, qui la détacha, retirant la lourde chaîne accrochée à son collier. Ainsi, ils pourraient rentrer, et dès le lendemain, commencer l’entraînement. Cela dit, sur le chemin du retour, ce n’était pas vraiment de l’entraînement qu’ils parlèrent, mais plutôt du nom que la demoiselle comptait donner à sa monture. À ce sujet, Ann était assez indécise, à vrai dire, et commença à énumérer tout un tas de noms pas forcément flatteurs :

« Georgette ? Huguette ? T’en pense quoi grosse bête écailleuse ? »

La concernée ne tarda pas à lui faire savoir ce qu’elle en pensait en lui soufflant fortement à la figure. La demoiselle rebroussa les narines avant de porter sa main à son nez, affichant tout à coup un air dégoûté, s’exclamant :

« Ferme la bouche, on dirait que t'as bouffé de l'ail.... Attends voir... De l'ail... »

Elle se tut tout à coup, avant de glisser sa main dans son sac, qu’elle trouva vide. Là, elle sentit le rouge lui monter aux joues et tourna vivement la tête vers l’animal, et s’exclama, courroucée :

« Han la grosse salope ! T'as bouffé mon sandwich ! »

Pas très élégant dans la bouche d’une jeune fille, à n’en point douter. Suite à cela, la demoiselle à la chevelure ivoirine se mit à bouder, comme elle savait si bien le faire, ne disant plus rien tout le long du retour. Chose qui soutira un petit sourire en coin à l’ex-soldat. Qui d’ailleurs, n’était pas le moins du monde dérangé par le silence qui régnait à présent, c’était des plus agréable. Cela dit, cette fois, il ne tenta pas de faire une sieste, sûrement découragé par ses précédentes tentatives s’étant soldées par des échecs cuisants.

Le retour se fit donc sans encombre. La Wyverne trouva une place à la lisière de la cour, sur une petite formation rocheuse. Montant dans sa chambre, la marquée alla s’allonger sur son lit, fixant le plafond. Elle n’avait pas particulièrement faim, et restait pensive. Quel nom lui donner ? Elle n’en savait rien. C’est alors qu’elle repensa à une histoire qu’elle avait lue. L’héroïne se prénommait Amaranthe. Elle avait toujours trouvé ce prénom aussi particulier que joli. Et pourquoi pas ? Bon, même si elle lui avait fait un sale coup en mangeant son sandwich préféré, elle se doutait bien qu’elle n’était pas méchante. Et elles allaient devoir se côtoyer encore un certain temps… Souriant vaguement, elle avait donc quitté sa chambre, pour aller voir l’animal, alors que la nuit tombait. Elle n’avait pas bougé d’un pouce depuis leur arrivée. Lentement, elle effleura son crâne, et elle ouvrit les yeux, la fixant avec attention.


« Amaranthe, ça te va ? »

Tout de suite, la concernée sembla comprendre de quoi elle parlait. Alors, elle appuya doucement avec sa tête contre la main pâle de la demoiselle, l’y frottant. Comme pour montrer qu’elle acceptait. Et Ann sourit, légèrement. Satisfaite. Et sans rien dire de plus, elle la salua brièvement de la main, rejoignant sa chambre rapidement. Voilà qui était fait. Une amie ? Elle espérait pouvoir s’en faire une, en tout cas. Après tout, elle avait du mal avec les gens, alors pourquoi pas un animal ? Ça pourrait sembler bien idiot pour beaucoup, mais une fois de plus, elle n’en avait cure. C’était bien rare qu’elle se soucie de l’avis des autres, de toute façon.

Et le temps s’écoula plutôt rapidement à partir de ce moment. Certes, il lui fallut du temps pour apprivoiser réellement sa partenaire écailleuse et qu’elles puissent se faire mutuellement confiance, mais cela finit par se produire. Pour ce qui était de manier le combat à dos de wyverne, armée d’une lance, il lui fallut aussi un peu de temps. Maladroite, il lui arrivait souvent de faire des bêtises, mais grâce à l’entrainement préalable fait avec son mentor, elle s’en sortit sans trop de casse. Encore une fois, malgré la flemme et sa paresse, elle se débrouillait plutôt bien. Suffisamment pour que Haar en soit satisfait, en tout cas, ce qui n’était pas rien. Il était sévère avec elle, et savait se faire obéir de la jeune femme, usant de quelque chose de tout à fait fourbe mais très efficace : L’appeler par son vrai prénom. Comme ceci :


« Joanne. »

La concernée, qui était en train d’essayer de filer à l’anglaise pour aller faire une sieste, se figea sur place, avant de se tourner vers lui, un air furibond sur le visage. Pourtant, croisant le regard du soldat, elle ravala sa colère et son venin, prenant un air boudeur qui soutira un sourire narquois à l’homme, qui lui ébouriffa les cheveux. Elle ronchonna et retourna à l’entraînement. Même si elle était parfois difficile, il l’aimait bien, au fond. Elle lui tenait compagnie, et mettait un peu de vie dans son quotidien. Et en contrepartie, elle l’aimait beaucoup aussi. C’était son mentor, mais aussi, en quelque sorte, le papa qu’elle aurait voulu avoir. D’où son admiration pour lui. Chose compréhensible, non ? Après tout, avec la vie qu’elle avait eue jusque-là, il y avait de quoi. Pourtant, elle ne se considérait pas comme étant à plaindre, ou du moins, ne s’en était jamais plainte. À croire que ça lui passait totalement au-dessus de la tête. Peut-être était-ce tant mieux. Mieux que se plaindre sans cesse.

Ses 19 ans arrivèrent alors. Deux autres années s’étaient écoulées en compagnie de cet homme qui était devenu sa famille, à force. Mais c’était le moment de le quitter. Elle devait maintenant faire ses preuves, dans une véritable armée. Et grâce à la recommandation de Haar, elle allait pouvoir faire ses premiers pas dans l’armée de Daein. Premiers pas qui furent tout de même compliqués. Déjà, à présent, elle allait avoir intérêt à être sérieuse, et pas qu’un peu. Pas question de faire des siestes intempestives, ou encore d’être en retard. Sauf que voilà, difficile de changer les bonnes, ou mauvaises, habitudes. Que ce soit s’endormir alors qu’elle devrait s’entraîner, se lever en retard pour l’appel, ou flemmarder en mission, elle n’en ratait pas une. Heureusement pour elle, Amaranthe essayait de rattraper les choses comme elle le pouvait, chose compliqué étant donnée sa condition de monture et de partenaire. Mais étrangement, cela fonctionnait plutôt bien. Ou plus ou moins. Disons qu’elle faisait du bon boulot, sans que ce soit totalement satisfaisant non plus. Mais pourtant, chose surprenante, elle n’avait toujours pas été renvoyée. Elle en était elle-même surprise sur ce point. Après tout, elle était loin d’être un bon soldat, ne faisant que le strict nécessaire. À croire que c’était suffisant pour reste là, ou que toute l’armée n’était en réalité qu’une bande de grosses larves aussi inertes qu’elle. Mais c’était franchement peu plausible. Peut-être était-ce dû à l’influence qu’avait son mentor, ou le fait qu’il l’ait recommandée.

Enfin, toujours était-il qu’elle faisait toujours partie des chevaliers wyverne de Daein. Et qu’elle était toujours aussi paresseuse, malgré le semblant d’efforts qu’elle faisait parfois. Mais disons qu’il n’y avait pas grand-chose d’encourageant, si ce n’est l’idée de ne pas décevoir son mentor ou sa partenaire et amie. Seule amie. Elle n’arrivait absolument pas à se faire des amis, parmi les soldats. Beaucoup d’hommes, machos au possible pour certains. Ou alors, ils étaient intéressés par elle, mais pas pour faire ami-ami. Et disons que ça ne lui plaisait pas forcément. Se retrouver dans le lit d’un inconnu était plus plaisant pour elle, car souvent, elle était bien trop alcoolisée pour se rappeler de ce qui s’était passé, et préférait donc ne pas avoir à revoir l’homme, ou la femme, avec qui elle aurait pu passer la nuit. Question de principe pour ne pas avoir d’ennuis. Car des ennuis, elle s’en attirait déjà suffisamment comme ça, lorsqu’elle allait à la taverne, lors de ses jours de repos, ou les soirs. Grande-gueule bagarreuse sur les bords, il lui arrivait souvent de provoquer les autres pochtrons présents. Et la plupart du temps, elle se retrouvait soit dehors à coups de pieds aux fesses, soit, dans le lit du type avec qui elle s’était pris le bec. Étrange moyen de calmer le jeu, tout de même.

Toujours était-il que cela faisait à présent une année qu’elle était à Daein. Passant ses journées à fuir ses responsabilités au maximum, même si sa wyverne la ramenait rapidement sur le droit chemin à chaque fois. Pas grand-chose d’héroïque à dire sur elle. Une jeune femme étrange et décalée, souvent seule préférant se noyer dans l’alcool et la débauche plutôt que de rester dans son coin à se morfondre. Rien de bien sain, mais que faire d’autre quand on ne comprend pas vraiment les autres, qu’on est trop franche ou alors trop menteuse et aussi paresseuse qu’elle ?
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Allen
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MessageSujet: Re: Ann Rivendell [Terminé]   Ann Rivendell [Terminé] I_icon_minitimeMar 20 Sep - 18:36

Langue: 2.5/2.5

Rien à dire.

♥♥♥


Style: 2/2.5

Il y a des redondances mineurs, j'en note une:

Spoiler:

Attention, voici un trou dans la page:

Spoiler:

Des sauts de ligne n'auraient tuer personne.


Un style très fluide et efficace, tu reste dans la lignée de tes personnages précédent et de leur niveau à ce sujet. Attention tout de même à la mise en page et à la diversification du vocabulaire. Quelques mots sont très recherchés et pourtant rare dans le texte entier, c'est dommage.

♥♥♥


Caractère: 2/2.5

L'effet "RP" est une bonne chose, certes. Mais seulement quand c'est bien utilisé. Tu te retrouves avec un caractère plus long que ton histoire. Ça fourmille de détails agencés les uns dans les autres le tout sous une habille couche d'explications dus au RP qui l'entour.

Moi j'ai deux questions:
1) Tu fais comment pour modifier ça facilement si ton personnage évolue genre... Après ton CdC?
2) Crois-tu qu'un simple "déplacement" (si j'ose dire) suffise à saisir un personnage entièrement?

Ici tu nous démontre les détails du caractère d'Ann mais pas les grandes lignes. Or pour un texte de cette longueur je m'attendrais à avoir les deux. Car si je m'amuse à sortir les grandes ligne je me retrouve avec le mot "flemmarde et soumise". Voilà qui est tout, et qui donne un personnage plutôt plat. Mais même dans ce cas, tu aurais décrit le caractère de la Wyvern plus en profondeur sur laquelle on a finalement quasiment aucun détail.
Pourtant tu décris très bien le liens qui les unis, donc il manque quelque chose à mon sens.

Le tout reste suffisamment développé pour qu'on comprenne le personnage dans son ensemble sans trop avoir de doute sur tel ou tel situation. De toutes façons la fiche technique ne sert qu'à être un point de repère. On s'y retrouve suffisamment, il manque juste quelques détails sur Amaranthe.

Peut-être que quelque chose de plus "sobre" t'aurait convenu, car je ne trouves pas qu'Ann soit un personnage à la vie si "facile". Aux vues des prémices du physique on s'attendait à plus drôle ou plus triste pour contrebalancer tout ce "fun". A moins que la politique de ton personnage soit de se laisser aller à la vie sans se poser de question, en tel cas c'est très bien retranscrit mais pas compréhensible de ma part.

Ceci est un mensonge, et ce n'est pas bien de mentir dans sa propre fiche technique:
Spoiler:

Elle s’appelle Joanne

♥♥♥


Physique: 2.5/2.5 (+)

J'ai beaucoup aimé la transition entre le physique et le caractère.

Cependant, le style "caméra qui descend sur le personnage" est assez mal retranscrit car rend la scène extrêmement lente alors qu'elle est sensée être drôle (enfin j’espère) au final mais que le ralentissement temporel brise tout.

Sinon il n'y a rien à dire, la description est complète et toute à fait satisfaisante.

♥♥♥


Histoire: 7.5/8

Magnifique! Qui se serait attendu après à un entrée en matière aussi souvent exploitée et pompeuse sur la naissance des marqués a un enchainement sur tout le contraire?

Cette histoire est très complète et contient absolument TOUT ce que devrait contenir un BG. Cependant, un seul détail m'a choqué: le changement de caractère d'Ann n'est pas assez développé à mon goût suite au départ de sa "fausse famille".


♥♥♥

Originalité: 2/2

Un personnage aussi héroïque et actif qu'un marsouin sans nageoire. Du jamais vu :3

Mais je me demande vraiment ce que tu vas faire de Ann. Tu as beaucoup de possibilités, j’espère pour toi que tu en fera quelque chose qui te plaît vu que ce genre de personnage est clairement destiné à changer très rapidement.

♥♥♥


Note: 18.5/20 (+)
Note Finale: 19/20
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Ann Rivendell [Terminé]

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