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 Un sourire...

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❝ Stefan ❞
StefanBeorc


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MessageSujet: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 19 Mar - 2:59

A nouveau la foule et son brouhaha incessant, mélodie acerbe et survoltée de la ville, mélodie altérée par la note de panique qui s’en dégage. Le nomade avait mit plus de temps que prévu pour retrouver enfin la sécurité réconfortante des rues de la capitale mais l’agitation qui régnait sur la place aurait pu lui faire croire qu’il ne s’était écoulé que quelques minutes depuis qu’il était parti. Les derniers débris de l’estrade étaient chargés à bord d’une charrette afin d’être évacués tandis qu’une patrouille de garde achevait d’interroger les témoins, suffisamment nombreux pour obtenir une description précise des protagonistes de l’histoire. Ses iris bleus parcoururent rapidement la scène avant qu’il ne se détourne et ne s’engage dans une ruelle proche. De par la singularité de son habit et son étrange comportement suite à l’attaque, il serait certainement interpellé si ces hommes le repéraient or il avait d’autres projets en tête. L’auberge dans laquelle ils s’étaient installés n’était pas très loin, avec un peu de chance Indir s’y trouverait avec les autres.

La porte s’ouvrit sur le visage sombre de l’un de ses compagnons. Ethan avait toujours été grand et fort mais la colère qui marquait désormais son facies le rendait plus impressionnant encore. Ses traits burinés entouraient deux yeux d’un noir profond enfoncés dans leurs orbites et, habituellement, seule une petite étincelle y prouvait que cette grande brute avait un fond d’humanité. Ce soir, l’étincelle était brasier, brulant du feu de la vengeance. A la vue de l’homme aux cheveux verts cependant, un sourire rassuré déforma brusquement le masque dissuasif formé au cours de la soirée.

- Stef enfin !

Une brutale accolade plus tard, l’épéiste se retrouvait propulsé au beau milieu d’un tourbillon de questions, chacun cherchant à parler plus fort que les autres. Où était-il passé, que s’était-il passé, pourquoi avait-il filé comme ça j’en passe et des meilleurs. Entrainé contre sa volonté, pouvant à peine articuler deux mots sans aussitôt devoir répondre à une question plus urgente, l’épéiste tentait entretemps de distinguer les visages qui l’entouraient. Ils étaient tous là : Ethan, Vank, Ilian, Samir mais...
- Et qu’est-ce que...
- STOP !

Son cri coupa net cette bande de pipelette dans leur élan, instaurant automatiquement le silence dans le groupe. Stefan ne leur était supérieur ni par son statut ni par sa force pure mais son regard était capable de faire passer un message bien plus facilement que n’importe lequel de ses discours enflammés. Et actuellement, les miroirs azurés ne reflétaient qu’un profond besoin de calme et de réponses claires et précises.
- Où est Indir.

Son ton tranchant contrastait trop avec son habituelle bonté et l’inquiétude marquait cette voix qui avait su se montrer si charmeuse puis si implacable plus tôt dans la journée. Son regard croisa celui de chacun des hommes qui l’entourait jusqu’à obtenir ce qu’il voulait.

Pénétrant sans frapper dans la chambre où son ami était censé se reposer, il surprit ce dernier... Parfaitement rétabli, un livre à la main, allongé de tout son long sur son matelas. Les retrouvailles furent aussi brèves que sincères, le soulagement de l’un faisant écho à la joie de l’autre. Indir avait eu de la chance, beaucoup de chance. Les lames de vent avaient frappées l’estrade, le déséquilibrant lui et sa compagne, avant que l’une d’elle ne lui lacère méchamment le dos. Cependant, la cause de son inconscience notoire était principalement due à la brutale rencontre entre une planche surélevée par le choc et son crane, crâne désormais orné d’un magnifique bandage au niveau de l’arcade sourcilière

- Quand même, t’étais passé où ? Les autres ont passé le reste de la journée à ta recherche et la milice aurait bien aimé te poser deux trois questions...
- Je sais je sais...

L’épéiste ferma les yeux et inspira un grand coup :
- En fait... J’aurais besoin de t’emprunter Voltar...
- Pourquoi donc ?

L’épéiste narra alors toute l’histoire. Comment les souvenirs de l’attaque du campement avaient resurgis, comment il avait poursuivi la Laguz, car oui c’était une Laguz, sur le dos de Pakan ; comment ce dernier s’était fait simplement abattre et comment il avait essuyé un refus... Cinglant de se voir accordé la confiance de cette jeune femme. Tout au long du récit, Indir resta stoïque mais la mort du cheval laissa passer une ombre sur son visage. Le peuple des nomades n’était ni riche ni puissant. Il se contentait de survivre face au désert au jour le jour et élevait généralement lui-même ses propres bêtes, qu’elles soient montures ou simple bétail. La perte d’un animal était un handicap non négligeable, surtout lorsque ces animaux faisaient partie des rares espèces à pouvoir marcher sur le sable sans trop d’inconvénients.
- Donc en fait, tu comptes risquer la vie d’un deuxième de nos animaux juste pour enterrer le précédent...
- ...

Les deux amis se fixèrent longuement du regard avant qu’Indir ne reprenne la parole.
- Je suis désolé Stefan mais c’est non.
- Comment ça non ?
- Non comme « non tu n’iras pas enterrer les restes d’une bestiole éventrées et sans doute déjà à moitié bouffée par les loups ».
- Il n’y a pas que des loups par ici et tu le sais très...
- Ce n’est pas le moment de plaisanter ! Je ne peux pas me permettre de te laisser repartir comme ça alors que la nuit tombe, que je suis blessé et que tu es sous ma responsabilité !
- Indir... Il ne m’arrivera rien...
- Ah oui ? Supposons deux minutes que ta danseuse soit encore là bas ! Qu’est-ce que...

Le jeune chef interrompit sa phrase en même temps qu’une lueur de compréhension éclairait son visage embrumé par la fureur. Lentement, ce dernier se retourna vers le regard malicieux de son ami.
- Oh non Stef... Je connais ce regard...
- Quel regard ?
- Celui qui signale que tu t’apprêtes à faire une énorme connerie !
- Indir je veux juste aller enterrer Pakan ! Rendre un dernier hommage à un fidèle compagnon de route rien de plus.
- Oui oui oui oui oui et moi je me suis fait ces blessures en dansant un tango !
- Ce n’était pas le cas ?
- Tu n’iras pas un point c’est tout !

***

La nuit était tombée depuis bientôt une heure alors que le galop de chevaux se faisait de nouveau entendre sur cette plaine, déjà gorgée du sang de l’un de leurs confrères. Les bêtes, en manque d’action depuis leur arrivée à Sienne, menaient bon train malgré leurs pattes plus courtaudes que celles de véritables bêtes de monte. Ralentissant l’allure, le premier cavalier fit un geste de la main à son compagnon dont la torche arrivait en bout de vie.
- C’était par ici il me semble.

Sautant à bas de sa bête à la robe bleue nuit, Indir lui flatta rapidement l’encolure avant de s’approcher du nomade qui le précédait rapidement en direction de la masse sombre qu’on devinait recroquevillé non loin d’un arbre solitaire. Une faible odeur de chaire en décomposition commençait d’émaner de la carcasse mais l’épéiste accéléra le pas. Quelque chose ne collait pas.
- Stef attend !

Lorsque le jeune chef parvint au niveau du cadavre, il découvrit le Beorc penché sur le corps prostré d’une jeune femme blessée. Les bras recroquevillés contre son torse, les doigts crispés sur une couverture ensanglantée, elle avait toutefois trouvée la force de bander elle-même sa blessure et de garder les jambes étendues malgré la fraicheur de la nuit. La lueur mourante de la torche éclaira faiblement la pâleur cadavérique de son visage dont les lèvres bleuies tremblaient faiblement. Sous l’assaut de la lumière, le jeune chef cru même entrapercevoir un faible mouvement de paupière de la jeune agresseuse.
- Pourquoi...
- La blessure surement.

De son côté Stefan venait d’ôter sa main du front emperlée de sueur de la jeune magicienne. Elle était brulante... Se mordant la lèvre l’épéiste se pencha un peu plus avant, tentant délicatement une approche tactile de la blessée dans le but de la déplacer.
- Tu le savais avoue...

Le regard interrogatif du nomade se posa sur celui complètement blasé du jeune chef. Un pâle sourire éclaircit son visage tandis qu’il parvenait à glisser doucement sa main sous l’épaule de la jeune femme.
- En fait... Tout n’était que supposition. Si sa blessure avait été moins grave, elle ne m’aurait sans doute même pas accorder un mot...

D’un geste doux mais sec, le nomade se releva, un petit ange déchu reposant au creux de ses bras.
- Wai autant dire que tu le savais... Et pour ton information, on ne peut pas la ramener.

L’épéiste se stoppa à quelques mètres de sa propre monture, tournant le dos à son ami.
¬- Ah... Ca...
- Oui ça. Si on la ramène sur Sienne, ce sera la prison dans le meilleur des cas... Et si en plus ils apprennent ses origines...

Le regard azuré du bretteur s’attarda un instant sur la chevelure noire reposant au creux de son bras. Une lueur infiniment triste y perçait tandis qu’il tournait le problème dans son esprit. Indir avait raison, il n’y avait rien à Sienne pour cette petite, rien à part ce qui l’avait probablement attendue autrefois. Les yeux de l’épéiste descendirent le long de la nuque fine, plongeant dans l’obscurité qui, il le savait, dissimulait aux yeux du monde les atrocités d’une guerre éternelle.
- Qui a dit que j’allais là bas...
- Stef...

La voix de son ami était étonnamment douce, comme s’il avait prévu cette éventualité. Décidément, il finissait par le connaître trop bien.
- Rentre à Sienne sans moi... Tu trouveras bien une excuse.

Le bretteur se remit en marche d’un pas assuré. La gamine ne pesait presque rien tant il était absorbé par ses pensées.
- Je t’emprunte Voltar. Il est plus endurant que la bête de Samir.
- Qu’essaies-tu de prouver...

L’épéiste s’immobilisa alors qu’il s’apprêtait à hisser sa protégée sur l’étalon.
- Qu’essaie-tu de prouver en aidant cette fille ?
- ...
- Tu ne peux faire revenir Shana Stef... Personne ne le peut !
- Je serais de retour demain.

L’épéiste enfourcha la bête juste après y avoir placée la magicienne. Calant cette dernière au creux de son torse, il s’empara des rênes d’une main tandis que l’autre empêchait la jeune femme de basculer.
- Stef...

Le ton était presque implorant mais le regard de l’épéiste n’était plus qu’un miroir de glace froid et intransigeant.
- Je le sais Indir. Tout le monde le sait même moi ! Mais tu ne peux plus rien pour moi mon ami. Ma sentence sera à la hauteur de mon pêché.

Talonnant Voltar, l’épéiste dépassa son semblable au galop et les mots de ce dernier se perdirent dans le néant alors que la torche rendait son dernier soupir.
- Tu n’es pas responsable !

***

Galoper. Sans s’arrêter, jamais. Le sommeil le talonnait de près, la journée avait été rude. Diriger Voltar. Empêcher qu’elle ne tombe. Tenir, malgré le froid, malgré la faim, malgré la fatigue, malgré cette douleur lancinante qui semblait prendre un malin plaisir à lui lacérer le cœur. Ne pas lâcher la route des yeux. Combien d’heures avait-il passé comme ça, à fouiller les alentours du regard, des larmes traitresses brouillant sa vue par la faute des vents cinglant. La nuit semblait avoir refermée son étreinte sur ce petit trio d’être vivants dont l’un s’affaiblissait de minute en minute. Tenir... Il fallait qu’il tienne, il fallait qu’elle tienne !
- Reste avec moi.

A peine un chuchotement dans cette obscurité et soudain, là, au loin, une lueur ! La lumière au bout de ce tunnel sombre et froid. Voltar qui renâcle alors que son conducteur l’oblige à couper à travers champs. Le choc brutal sur les rênes lorsque le groupe déboule dans la cour du relai. Ce frisson glacial qui parcourt le corps recroquevillé.
- Reste avec moi !


Dernière édition par Stefan le Sam 2 Avr - 21:38, édité 1 fois
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Ruika
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeDim 27 Mar - 19:35


- Reste avec moi !

***

- Reste avec moi !

C’était plus un ordre qu’une imploration… elle n’avait pas le choix
Ruika avait mal, affreusement mal. Elle s’était reçu un coup d’épée dans le flanc qui s’était enfoncé dans sa chair de quelques centimètres avant de ressortir. Le sang s’écoulait de la plaie sans jamais vouloir s’arrêter et malgré tous ses efforts pour rester éveillée, elle sombrait petit à petit dans la noirceur accueillante de la mort. Elle ne rejoindrait point son frère, elle s’était faîte à cette idée. Mais elle espérait que peut être réussirait elle à errer dans les limbes plutôt que de devoir aller en Enfer là où la rejoindrait cet homme pour qui elle mourrait.
Ce coup, elle l’avait reçu pour son capitaine pour cet homme qui prenait un malin plaisir à la torturer jour après jour, nuit après nuit. Cet homme qui l’humilié continuellement et avait fait d’elle un objet, un jouet qu’il s’amusait à démembrer et à reconstruire selon son humeur. Ce coup, elle l’avait reçu pour cette être paradoxal qui la tenait dans ses bras et lui hurler avec véhémence de rester avec lui.
Ashtenn n’aurait jamais accepté qu’elle meurt d’une autre main que la sienne c’est pourquoi, il lui ordonnait de vivre.

- Reste avec moi !

***

- Ashtenn… je vivrais…

Elle avait chuchoté ses paroles en même temps qu’elle ouvrait les yeux sur un plafond de bois sombres et dont les planche irrégulière ne lui rappelait que trop celle de l’Alyzée… Un mal de crâne lui taraudait les tempes et elle se sentait vraiment mal. Sa jambe était dans le même état que celui dans lequel elle l’avait laissé et le sang à l’intérieur commençait à s’accumuler pour gonfler son genou et lui donner une jolie couleur violette. Ce n’était pas beau à voir.
Elle regarda autour d’elle cherchant de quoi refroidir sa plaie pour calmer la douleur mais elle ne vit rien à portée de main qui puisse lui être d’une quelconque utilité. La chambre ou plutôt l’espace encadré de quatre murs de bois ne possédait aucun meuble à part le lit dans lequel elle était inconfortablement installée et une petite commode.

*Comment suis-je arrivée ici… ?*

Elle se posait la question quand son regard se posa sur un coin de la chambre nue dans lequel, l’humain aux cheveux vert se tenait à moitié avachit sur lui-même les yeux fermés et les bras croisés sur son torse.
Brusquement elle se relava pour esquisser un mouvement de recul mais son mouvement la fit serre les dents tant il la brûla de l’intérieur… la douleur était vraiment insupportable. Elle regarda rapidement autour d’elle cherchant sa besace quand elle la vit juste à coté du Beorc… L’avait-il piégée ?

Non, ce n’était pas le cas. Il avait eu la décence de ne pas la toucher durant son sommeil, même pas à sa blessure. Il l’avait maladroitement placée dans un lit sans oser la recouvrir des draps. C’était le manteau de l’homme qui la recouvrait et lui tenait chaud. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée endormie mais peut être ne se serait-elle jamais réveillée sans l’action de cet humain.
Elle prit sa tête entre ses mains et la secoua en sanglotant silencieusement… Pourquoi devait-elle être si idiote ?
Elle avait si peur des hommes qu’elle en devenait complètement paranoïaque… Ashtenn avait il donc tant marqué son existence ?
Oui certainement, elle faisait certainement une généralité des hommes en prenant pour image celle de celui qui avait le plus marqué sa vie… Pourtant, maintenant qu’elle y repensait, la voix qui lui implorait de rester en vie durant son rêve était bien différente de celle de son capitaine. Il n’y avait aucune possessivité, c’était juste le souhait d’une personne. D’un humain s’inquiétant pour un autre être vivant qui avait l’air de souffrir. Ce simple sentiment de générosité… elle l’avait complètement oublié. Elle sortit son visage de ses mains et essuya ses larmes comme elle le pouvait avec le manteau qui la recouvrait. Puis elle tourna de nouveau son regard vers le Beorc.

Il était réveillé et ses yeux perçant la transcendaient avant qu’un sourire chaleureux ne se dessine sur son visage.

Elle ria.

D’un rire désespéré, ce dernier se transforma en un rire plus puissant et léger. Un rire cristallin et pure. Elle était tellement idiote… c’en était risible.

- Vous êtes vraiment têtu dans votre genre tout de même. Aurait-il réellement fallu que je vous tue pour que vous me laissiez tranquille ?

Elle ria de plus belle. Cela faisait bien des années qu’elle n’avait plus rigolé ainsi.
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StefanBeorc


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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 2 Avr - 23:04

- Vous êtes vraiment têtu dans votre genre tout de même. Aurait-il réellement fallu que je vous tue pour que vous me laissiez tranquille ?
- Même mort vous aurais-je laissée en paix ? Là est la question ne croyez-vous pas ?

Son sourire était fatigué et son regard voilé prouvait qu’il n’avait pas passé toute sa nuit à dormir sur sa petite chaise mais honnêtement, le rire qui avait accueilli son réveil en valait plus que la peine. Se frottant les yeux du bout des doigts, l’épéiste se leva et s’étira largement, faisant jouer les muscles de son dos pour les détendre... Non pas que dormir dans un fauteuil, même plutôt confortable, soit particulièrement recommandé pour le dos mais d’un, le fauteuil n’était en l’occurrence qu’une banale chaise en bois et de deux, le bois est comme tout le monde le sait, une matière solide, dure et plutôt inconfortable basiquement. Faisant légèrement craquer son épaule endolorie, l’épéiste frotta machinalement sa barbe mal rasée toute fraiche de la nuit passée avant de lisser le col noir de son haut et de se diriger vers un meuble où reposait les reliefs d’un repas, le tout accompagné d’une cruche à moitié vide.
- Vous m’avez fait une sacrée frayeur cette nuit. Vous étiez glacée lorsque je vous ai amenée ici et l’aubergiste m’a même prédit que vous ne passeriez pas la nuit...

Tout en parlant, le nomade s’était servi un large verre de l’eau que contenait le récipient avant de le vider d’une seule traite. Poussant un soupir de contentement, il entreprit de reprendre le fil de son récit, agitant son verre vide pour illustrer ses propos.
- Au début j’ai hésité à aller faire chercher le prêtre pour étudier votre jambe mais vu votre état, il aurait été trop risqué de demander à votre corps l’effort nécessaire pour endurer la cure donc... Il s’empara d’un reste de poulet froid et mordit dedans sans aucune hésitation... J’ai décidé d’attendre que la fièvre baisse. Ah ça ! Vous m’avez fait passer une nuit de folie et j’ai du vider les stocks de glace de notre hôte pour venir à bout de cette saleté !

L’air visiblement fier de lui, l’épéiste acheva son petit déjeuner avant de reposer l’os dépourvu de la moindre trace de nourriture dans le plat. Ses cernes devaient sans doute être aussi impressionnantes que celles de la jeune femme lui faisant face mais il n’en avait cure pour l’instant. Le soleil était levé depuis quelques heures et il éclairait un avenir assez satisfaisant à son goût pour cette Laguz inconnue qu’il avait sauvée. Le mot résonnait agréablement à son esprit.
- Et puis là comme ça, il y a quelques heures, vous avez décidée de me revenir. Vous en aviez peut-être simplement marre de dormir je ne sais pas moi mais d’un seul coup, pouf ! Votre fièvre a baissée... Heureusement d’ailleurs j’étais à court de glaçons.

S’appuyant sur le meuble pendant qu’il parlait, l’épéiste fit une courte pause le temps de reprendre sa respiration. Un sourire indéfinissable planait sur son visage alors qu’il se remémorait la nuit d’enfer qu’il avait vécue, au simple chevet de cette inconnue. C’était un étrange sentiment que celui que lui inspirait le fait d’avoir pu sauver quelqu’un. Un sentiment de satisfaction plein et entier et qui, en même temps, le soulageait un peu du poids que sa conscience portait. Ce n’est que maintenant qu’il se rendait compte de la sérénité qui l’habitait, un sentiment qui ne l’avait pas accompagné depuis assez longtemps maintenant en réalité.
- Enfin bref, le pire est derrière vous maintenant. Et après le passage d’un guérisseur votre jambe sera comme neuve j’en suis certain !

Avisant de nouveau les restes de son maigre repas, et comme brusquement frappé d’une révélation divine, l’épéiste s’empressa de s’emparer du plateau.
- Mais je manque à tous mes devoirs, peut-être avez-vous faim ? Bon... Il ne reste pas grand-chose à peine quelques moignons de poulet mais... Il y a de l’eau si vous voulez !

Dans sa précipitation, l’épéiste trébucha et manqua se vautrer lamentablement par terre, déversant le contenu de son plateau sur le sol ciré, bien que légèrement poussiéreux. Heureusement, le tout parvint sans encombre jusqu’à la petite table de chevet adjacente au lit et l’épéiste, en hôte parfaitement accompli, remplit rapidement le verre avant de le déposer à portée de la femme-oiseau.
- Bon je suis conscient que ce n’est pas le grand luxe tout ça... Mais je peux toujours demander à ce qu’on vous prépare quelque chose de plus si le cœur, ou devrais-je dire l’estomac, vous en dit. Les prix sont suffisamment abordables pour que même moi je puisse vous payer de quoi manger. Ah ! Et peut-être voulez-vous de quoi vous laver ? Non non il vaut mieux s’occuper d’abord de votre genou !

Tournant en tout sens, l’épéiste contempla les restes froids, puis le genou camouflé sous l’épais manteau, hésitant sur le choix duquel il devait traiter en premier. Chose compliquée que de devoir veiller sur une malade. Devait-il la laisser seule pendant qu’il allait chercher de quoi la guérir ou devait-il envoyer chercher le prêtre avant d’aller voir le cuisinier et... Résolu à se calmer, l’épéiste s’immobilisa, respira un grand coup et se colla lui-même une gifle, faible mais suffisante pour se remettre les idées en place.
- Ca va mieux... Excusez-moi je suis fatigué.

Un large sourire benêt et bourré d’innocence suivit cette déclaration comme si tout cela était parfaitement normal. Un gosse dans la peau d’un adulte.
- Je vais aller vous faire commander à manger, et à boire naturellement, et j’irais ensuite chercher le prêtre. Nous verrons après pour ce qui est de vous laver et du reste.

Faisant un geste vers son manteau, l’épéiste suspendit sa main avec un soupir de lassitude et se détourna vers la chaise où reposait sa veste, usée par le temps mais aussi indestructible que lui l’était. S’emparant du vêtement, il l’enfila rapidement, jeta un coup d’œil à son épée adossée au mur avant de se diriger tranquillement vers la porte sans pouvoir s’empêcher de penser qu’un bon bain ne lui ferait pas de mal à lui non plus.
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Ruika
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeDim 3 Avr - 21:34


- Pas de prêtre je vous pris…

Sa voix avait été plus désespérée qu’elle ne l’aurait voulu mais elle n’avait pu s’empêcher de crier cette prière. Le Beorc lui inspirait confiance, elle n’avait plus de problème avec ça. Il l’avait tellement fait rire par sa maladresse et sa galanterie mal assurée… elle avait eu l’impression de retourner à l’époque de ses 15 ans où son petit frère faisait preuve de la même maladresse pour s’adresser ou se comporter avec une femme. Cependant, elle restait tout de même méfiante. Un prêtre voudrait l’ausculter, il voudrait la manipuler et poser ses mains sur elle mais personne ne pouvait poser ses mains sur son corps. Elle ne se laisserait pas faire.
De plus, son corps avait déjà en grande partie récupéré. La boursouflure avait bien diminué, elle pouvait presque plier sa jambe sans hurler à la mort et même s’il avait pris une couleur plus foncée que ce qu’elle aurait aimé, elle savait que ça se réglerait de soit même.

- Je n’ai pas besoin de prêtre car je n’ai pas besoin de ma jambe pour me déplacer alors pas la peine de déranger une personne que je tuerais si elle me touche.

Elle affichait un grand sourire qui même si rayonnant signifiait qu’elle le ferait réellement et qu’elle n’aurait aucune hésitation. Elle prit le verre d’eau dont elle vérifia l’aspect par pure réflexe et en bu une large gorgée. Le liquide froid se répandit à travers son organisme avec un grand soulagement pour ton son corps qui se sentait asséché depuis bien trop longtemps. Par contre, arrivant dans l’estomac complètement vide, la jeune fille se rendit compte de la faim qui la taraudait quant à elle fortement. Elle était affamée.

- Par contre un peu de nourriture serait la bienvenue. Je dois bien avouer avoir une petite…

Le son qu’émit son ventre à ce moment précis la fit rougir jusqu’aux oreilles et s’enfoncer un peu plus dans ses couvertures. Sans rien ajouter, et avec un sourire amusé le Beorc sortit, elle l’espérait, lui chercher à manger.

Son corps ne l’avait jamais trahi ainsi et elle se sentait terriblement honteuse. Pourtant, l’ambiance n’avait rien de lourde, elle se sentait presque à l’aise et c’était certainement pour cela que son organisme s’était laissé aller. Elle n’avait bien sur aucune confiance en cet homme pourtant, elle savait au fond elle qu’il ne lui ferait rien. et si elle n’avait pas été complètement aveuglée par la peur et la panique, elle s’en serait certainement rendu compte plus tôt ce qui lui aurait tous ses dégâts inutiles. Néanmoins, elle n’y pouvait rien, elle avait été programmée, éduquée pour ne faire confiance à personne. Depuis ses 16 ans on ne lui avait enseigné qu’à survivre quelque soit la situation et quelque soit les sacrifices. On lui avait appris à utiliser tout ce qu’elle avait pour duper les gens et obtenir ce qu’elle désirait. On lui avait imprimé au plus profond de son âme à mettre de coté toute sa fierté pour atteindre ses buts. Et ceux qui lui avaient enseigné cela lui avait également apprit à les craindre… et elle les craignait. Tous autant qu’ils étaient, elle en avait peur, elle s’en méfiait comme de la peste. Elle les manipulait toujours de loin sachant qu’au moindre problème elle n’hésiterait pas à tout détruire pour tout recommencer…

Ruika était une adepte de la destruction pour une meilleure reconstruction. Cependant, la sienne s’effectuait lentement.

Elle se releva faisant attention à ne pas brusquer sa jambe et sautilla jusqu’à la chaise près du mur où se trouvait ses affaires. Prenant rapidement ses tomes de magie en main, elle récita celle qui lui permettait de fuir à tout moment, celle qui assurait sa sécurité.

- Tsubasa…

Le vent se réunit sous son corps à son appel silencieux et la souleva dans les airs si accueillants. Elle s’allongea en suspension dans la chaleur du vent chaud qui l’enveloppait et s’extasia une nouvelle fois de cette sensation de parfaite liberté qu’était celle de voler.

La porte s’ouvrit à ce moment sur le Beorc aux cheveux verts qu’elle regarda depuis le plafond telle une araignée ayant tissée sa toile. En un seul coup elle pouvait le tuer. Il n’aurait pas le temps de le voir venir, il n’aurait pas le temps de réagir et cette sensation de contrôle la rassura étrangement.
Avec la souplesse d’un chat elle se ramena à une hauteur plus accessible à l’humain et se saisit avec un sourire chaleureux et une inclinaison de la tête en signe de remerciement du plateau repas qu’il lui ramenait.

- Merci.

Dit-elle. Dans sa main brillait les lames qui auraient pu signer la fin de la vie de cet être. Lames qu’elle rangea dans ses gants. Elle saisit la viande à pleine mains sans aucune élégance et dévora avec un plaisir bien affiché le succin repas.

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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 16 Avr - 3:07

- S'te manie qu'ont ls étrangers de s'faire servir le p'tit déj au lit...

La remarque arracha un sourire de circonstance au bretteur. Il faut dire qu'il n'était pas le seul client dans la salle et sa demande perturbait quelque peu les activités du brave homme envers ses habituels clients:
- Vous comprenez dans son état je n'allais pas lui demander de...

Le bruit cinglant d'une assiette atterrissant sur le plateau juste en face de lui l'interrompit dans sa litanie tandis que l'aubergiste lui adressait un sourire jovial. Malgré son air bourru, cet homme possédait visiblement un peu de cœur.
- Vous en faites pas m'sieur ça m'fait plaisir d'aider un mignon p'tit couple comme vous.
- Ah non je...
- Puis n'vous en faites pas pour l'matos que vous m'avez emprunté s'te nuit. Prenez plutôt soin d'la demoiselle, elle est jolie comme un cœur.
- Je n'y manquerais pas merci pour tout... Combien vous dois-je?

La discussion évolua alors en un débat loin d'être suffisamment important pour être raconté entre l'épéiste et l'aubergiste qui souhaitait absolument lui offrir une réduction. Ce monde est peuplé d'être malfaisants... Mais il regorge aussi d'âmes charitables toujours prêtes à tendre une main secourable... Et la ténacité de l'aubergiste n'avait sans doute pas prévu qu'il se retrouverait face à un être plus qu'honnête... Aussi la réduction fut-elle totalement annulée.

Remontant plutôt audacieusement les escaliers, le plateau dans une main, la rampe de l'escalier dans l'autre, l'épéiste se dirigea d'un pas guilleret vers la porte de la chambre qu'il ne franchit qu'après avoir frappé, n'obtenant aucune réponse concrète. Le lit était vide mais le nomade eut vite fait de repérer la blessée, flottant près du plafond, son regard or scrutant la porte sans ciller.

- Ne me dîtes pas que vous essayiez de me fausser compagnie une troisième fois...

Sa question n'était que purement protocolaire et fut aussitôt démentie par la descente gracieuse de l'ange à son niveau. Dans ses gants disparurent les couteaux qu'il avait déjà eu l'occasion d'apprécier de plus près avant que ses doigts ne se referment sur le plateau et qu'elle ne lui adresse un adorable sourire accompagné de ses remerciements. Était-ce réellement sa danseuse ? Celle qui avait essayée de le tuer d'un sort bien placé ? Celle qui avait agressée Indir et réduit en pièces l'une de leur monture ? Il parvenait à en douter même encore maintenant.

Elle déposa le plateau à côté et s'empara sans aucune gêne de la viande trônant au milieu de l'assiette pour l'engloutir voracement sous le regard espiègle du bretteur. Ayant déjà mangé, ce dernier se contenta de récupérer sa chaise pour se poser dessus à l'envers, les bras croisés sur le dossier . Son regard bleu balayait les coins de la chambre simple sans vraiment savoir quoi chercher, s'arrêtant par moment sur le dos de la magicienne occupée à combler son estomac.

Toute personne normalement constituée ayant sans doute compris que la jeune femme ne souhaitait pas s'interrompre pour discuter, l'épéiste prit donc son mal en patience et attendit simplement que la Laguz repousse le plateau. Etouffant un bâillement sous l'assaut de la fatigue, le nomade tourna un visage fatigué vers elle avant d'entamer simplement.

- Je m'appelle Stefan. Bien mangé?
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 16 Avr - 22:31


Ruika se sentit doucement ridicule… elle n’avait pas fait preuve d’élégance en dévorant ainsi sa viande et même s’il elle faisait habituellement fi de ce genre de choses, aujourd’hui elle se sentait étrangement honteuse… elle essuya son visage avec un bon de tissu trop propre pour servir de simple bavoir mais assez sophistiqué pour la faire passer pour cette grande dame qu’elle n’était pas.
Elle n’en avait jamais été une. A l’âge de 12 ans, elle avait quitté son petit nid douillet pour élever son frère loin de l’influence de ses parents. A 16, elle embarquait sur un bateau pirate et vivait une vie de débauchée tuant et massacrant le Beorc à tour de bras. Elle avait beau se cacher derrière des airs hautains et désagréable, rien que sa tenue loin des bonnes mœurs, prouvait ses origine ou plutôt son éducation plus que désirable… quelle idiotie que de vouloir paraitre ce que l’on n’est pas…
Elle jeta de coté le bout de tissu et essuya le reste de ses lèvres d’un revers de la manche, avant de s’asseoir en tailleur dix bons centimètres au dessus du matelas.

- Eh bien Stefan, mon nom à moi est Rui. Et oui j’ai bien mangé et je vous en remercie.

Elle n’alla pas jusqu’à lui proposer de le rembourser bien qu’elle possédait la somme nécessaire à un tel acte mais elle l’honora de mouvement de tête lui prouvant toute sa gratitude.
Jouant de l’air habitant la pièce, elle montait et descendait à des altitudes différentes tout en parlant. Elle voulait tester sa maitrise de son sort qu’elle avait perdu durant un temps trop long à son goût.

- Je m’excuse
_ encore une chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire_ pour les désagréments que je vous ai causé mais je ne supporte pas les êtres inférieurs et encore moins quand ceux là découvre mon petit secret… Cela m’échauffe le sang comme vous avez pu le voir.

Ruika repensa au scandale qu’elle avait créé sur la place de Sienne… elle n’avait vraiment pas voulu un tel désastre mais cette réponse qu’elle avait donné à la réponse muette du Beorc était programmé dans ses gènes, imprimé dans sa chair. Quiconque peut te mettre en danger, tu dois l’exterminer. Bien sûr, elle aurait pu trouver des moyens plus subtils de réaliser son office mais le sang qui lui était déjà bien monté à la tête durant leur tango enflammé n’avait pu se refroidir à la découverte du Beorc. En un sens tout ce désastre était de sa faute non de la sienne. Il n’aurait simplement pas dû la regarder avec tant d’attention, il n’aurait pas du la provoquer avec tant de vigueur et il n’aurait surtout pas dû la suivre.
Elle le remerciait mais en un sens, si elle était dans cet état, c’était de sa faute.

Elle s’arrêta dans son raisonnement sachant pertinemment ce à quoi ça la mènerait.

Elle heurta le plafond n’ayant plus réelle conscience de ce qu’elle faisait et retomba illico s’arrêtant toujours juste avant le sol. Le vent ne la quittait plus.

- Veuillez pardonner mes gamineries mais cela me rassure toujours de voir que mon corps et ma magie ne me quitte pas malgré tout ce que je peux lui faire subir car voyez vous, la vie m’a apprise que la moindre faiblesse pouvait vous couter la mort… A ses êtres inférieurs… toujours de bons conseils, il est dommage qu’ils ne les écoutent pas toujours…

Elle repensa à Harris dont le sang écarlate avait repeint le plancher de sa cabine et à Ashtenn qui n’avait pu l’arrêter…

- La faiblesse est le premier pas vers la mort et en découvrant l’une des miennes et en me mettant face à une autre je dois dire que vous m’avez bien énervée.

Elle souriait gentiment cependant la tension dans l’air avait pris une note électrique…
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeDim 17 Avr - 1:58

- Vous énerver dites-vous?

Son regard perçant détailla l'expression souriante de la jeune femme. Une grossière remarque dissimulée sous un masque de gentillesse... Comme c'était amusant, il s'agissait également d'une de ses techniques favorites. Le Beorc avait profité du monologue de la jeune femme pour retourner la chaise dans une position plus confortable et se tenait assis de manière décontractée, jambes et bras croisés, écoutant attentivement les remarques de son hôtesse.
- Que devrais-je répondre à cela, moi qui vous ait vu attaquer et blesser l'un de mes amis les plus précieux sans même lui laisser l'occasion de se défendre?

L'épéiste aurait pu rajouter ironiquement que l'attaque avait eu lieu sans vraie raison valable mais, au vu des dernières remarques de la femme volante, s'en empêcha de justesse.
- Enfin, peut-être auriez-vous mieux compris ma présence si j'avais dégainée mon épée pour me venger ? Excusez-moi de ne pas être adepte de la violence gratuite comme la plupart de ces... « Etres inférieurs » comme vous nous appelez.

L'épéiste n'avait pas bougé le petit doigt mais son regard s'était allumé. Le Stellaire restait sagement tapi au plus profond de son âme, il n'y avait personne à mettre en confiance et pourtant, on eut presque pu croire qu'une étincelle de magie faisait briller ses iris bleutées. Sa bouche présentait une ombre de sourire tandis qu'il engageait à son tour la discussion.
- A ce propos, je vous prierais de bien vouloir considérer ma propre fierté personnelle et de m'exclure de cette caste de barbare que vous considérez visiblement comme moins que rien... Ce qui aurait tendance à me gêner d'un point de vue tout à fait individuel.

S'enfonçant légèrement dans son fauteuil, le Beorc reprit d'un ton presque suffisant qui contrastait avec sa personne toute entière. Sa posture, son ton snob... C'était si peu naturel et pourtant si bien joué... Tellement bien que cela en devenait risible.
- Cependant, j'accepte volontiers vos excuses pour toutes ces broutilles. D'une pichenette, le nomade épousseta la manche de sa veste comme si ces récents événements lui importaient autant que la poussière sur ses épaules. Et j'en profite pour m'excuser sincèrement de vous avoir troublé de la sorte.

Le Beorc s'était levé solennellement et s'inclinait désormais légèrement face à la Laguz toujours en suspension. Les yeux mi-clos, la main à plat sur le cœur, il poursuivit.
- Je ne sais quelle sorte de blessure j'ai réveillée mais il est clair que ce n'était ni le moment ni l'endroit.

Se rasseyant, le nomade reprit sa pause simple, la malice brillant de nouveau dans son regard.
- Aussi, si vous le souhaitez, ne conservez de notre entretien que cette délicieuse danse que j'ai particulièrement appréciée également. Vous ai-je déjà complimentée sur votre grâce sans égale ?
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeLun 18 Avr - 0:57


A chacune des paroles sortant d’entre les lèvres du Beorc, Ruika se crispait sentant toute l’animosité à peine voilée. L’ironie de cette homme la frappait tels des pics à travers son corps frêle. Les sous-entendus de ses phrases… Elle savait ce qu’elle avait fait, elle avait ses raisons et bien d’autres avec de telles raisons aurait fait souffler plus qu’une petite tempête… Cet homme ne comprenait pas à quel point ce pouvait être dure pour elle.
…j'accepte volontiers vos excuses pour toutes ces broutilles…

C’était loin, bien loin d’être de simples broutilles pour elle. Tuer des gens, blesser des innocents,… Ce n’était pas anodin pas le moins du monde et elle ne doutait pas que cet homme partageait son sentiment sur la chose. Il ne l’aurait pas poursuivit ainsi, il n’aurait même pas cherché plus loin que le bout de son nez. Il l’avait lui-même dit, elle avait attaqué son meilleur ami en traitre comme lui avait apprit ses sales humains. Elle n’aurait jamais fait ça avant, elle n’aurait jamais blessé quelqu’un de manière volontaire encore moins de manière fourbe par derrière comme une lâche. Non, elle était Laguz, fière et honorable… du moins elle l’avait été il y a longtemps de cela.

- Ne Vous offusquez pas de l’emploi du terme « être inférieur » il ne désigne pas comme vous semblez le croire les humains. Il désigne simplement tous ceux qui n’aurait pas survécu à ce que j’ai vécu.

Son visage se durcit quelque peu à ses paroles. « Etre inférieur »… c’était le terme utilisé par Ashtenn pour désigner toute personne qu’il ne considérait pas capable de survivre plus d’une saison sur l’Alizée. Elle l’avait en quelque sorte détourné pour l’appliquer à tous les êtres humains mais au fond d’elle-même la signification restait celle de son capitaine.

- Quant à la grâce que vous me prêtez, sachez que l’on m’a souvent fait ce compliment…
_ un sourire triste et presque dément se dessina sur son visage alors que ses yeux se voilait du voile du passé_ lorsque je tuais les vôtres sur un navire pirate au service du pire humain que cette terre puisse porter.

Elle laissa le silence remplir l’atmosphère alors que pour la première fois de sa vie elle reparlait de lui à voix haute, elle reparlait de ce qu’elle avait été, de ce qu’elle avait vécu. Doucement elle ferma les yeux humant la douce odeur acre de ses souvenirs. Elle avait arrêté de léviter pour simplement se tenir immobile entre ciel et terre là où avait toujours été sa place.
D’un long soupir, elle balaya toutes ses émotions trop douloureuses comme le vent balaye le désert. Elle rouvrit les yeux laissant l’ambre de son regard resplendir dans la petite pièce miteuse. Son sourire se fit plus calculateur alors que ses yeux s’étiraient avec malice.

- Ce que vous avez pu apprécier durant notre échange si intime et langoureux et l’œuvre de l’humain, de cet humain. C’est lui qui ma détruite comme c’est lui qui m’a faite telle que je suis maintenant.

Doucement elle s’était retournée mettant en évidence les cicatrices qui défiguraient son dos. Puis après avoir capté le regard du Beorc de ses ambres chaleureux, elle s’avança vers lui avec cette même grâce et vint se nicher juste au dessus de ses jambes. Dans un chuchotement presque sensuel elle lui glissa alors à l’oreille.

- Aimes-tu ton espèce Stefan ? Car moi je l’exècre profondément.
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 30 Avr - 17:26

- Aimes-tu ton espèce Stefan ? Car moi je l'exècre profondément.

La phrase avait à peine été susurrée. Un murmure doux et presque sensuel et pourtant si glacial... Résonnant de cette haine froide et déterminée qu'elle ressentait envers les Beorcs. Ce n'était pas cette haine vengeresse qu'il ressentait lui-même face à la bestialité de certains, ni même la colère sadique de ceux qui se plaisent à faire souffrir autrui. Il s'agissait de la juste colère d'une personne blessée et marquée par ces créatures qu'elle détestait tant.

De ces yeux, il avait pu contempler le résultat de la barbarie de cet homme qui l'avait façonnée. Deux cicatrices, sillons sinistres défigurant la beauté de ce dos, éternelle trace de ce qui lui était arrivée, témoignage silencieux de ce qu'était leur monde. La compassion brûlait dans son cœur mais son regard ne lui offrait que de la compréhension. Intérieurement, l'épéiste souffrait pour cette femme lévitant à quelques centimètres de lui, lui chuchotant sa haine, mais il savait qu'une trop grande empathie pourrait être considérée comme de la pitié. Or, il se refusait à insulter ainsi cette femme. Car elle était forte. Elle l'avait dit elle même, peu auraient été les gens capables de survivre à ce qu'elle avait vécue. Autant le nomade avait-il été amputé d'une partie de son cœur, un morceau de son âme arraché, encore brûlant et palpitant, autant cette femme s'était vue arrachée son identité. Piétinée dans son honneur, bafouée dans ce qu'elle était par cet homme qu'elle avait évoquée avec cet accent de haine passionnée. C'est un beau sourire qui s'afficha sur le visage du bretteur, loin de la compassion ou de la compréhension : un sourire qui le reflétait pleinement, une joie de vivre emplie de douce mélancolie.

- Enfin consentez-vous à me laisser entrapercevoir un reflet de votre être.

Lentement il se releva tandis qu'elle se reculait, toujours flottant dans les airs.
- Vous détestez peut-être la race humaine. Peut-être me méprisez vous même inconsciemment. Mais il y a une chose que vous ne pouvez pas me cacher. Vous n'êtes pas cette... Créature, ce jouet que cet homme a façonné selon ses souhaits.

Son ton était parfaitement sérieux et son regard perçant se noyait dans l'ambre de celui de Ruika.
- Ruika Yoi... Ce nom qu'elle avait prononcé lors de son inscription au concours lui arracha un mince sourire de malice face à l'infaillibilité de sa mémoire. Votre esprit et votre corps portent peut-être les marques de ses sévices mais vous êtes fortes. Votre danse à Sienne n'a été qu'un simple miroir de ce que vous pouvez réellement ressentir, de qui vous êtes réellement. Ne laissez pas cette haine vous ronger, ne l'enfermez pas non plus bien au contraire... Dominez-la, transformez-la en arme ou en bouclier et utilisez-la. Utilisez-la pour un jour peut-être pouvoir vous en détacher.

Son regard contemplait sans ciller les prunelles dorées de son interlocutrice tandis qu'au fond de son regard azuré, le dragon de sa propre haine, de son propre ressentiment y injectait une lueur sombre de force et de détermination.
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 14 Mai - 16:38


Pourquoi ses paroles étaient-elles si douloureuse à entendre ? Pourquoi l’affectaient-elles autant… ?

*Vous n'êtes pas cette... Créature, ce jouet que cet homme a façonné selon ses souhaits*

Elle s’était tant de fois répétée cette phrase pour pouvoir continuer à avancer, elle avait tant lutté se raccrochant à cette idée qu’elle était différente de ce qu’il avait fait d’elle que l’entendre dire par une autre personne l’excédait au plus au point. Osait-il prétendre la comprendre ? Lui donnait-il de sa pitié ??? Elle n’en avait pas besoin, elle n’en avait que faire.

*Ne laissez pas cette haine vous ronger, ne l'enfermez pas non plus bien au contraire... Dominez-la, transformez-la en arme ou en bouclier et utilisez-la. Utilisez-la pour un jour peut-être pouvoir vous en détacher.*

Quant à ses conseils, qu’il se les garde pour lui car il avait beau jouer les papis peace and love, Ruika n’était pas dupe, si sa danse à elle avait exprimé tout sa frustration et sa colère, la sienne avait laissé transparaitre sa haine et sa tristesse. Il avait beau se la jouer décontracté et distributeur de conseil avisé, Ruika n’était pas le moins du monde réceptive à ses vaines tentatives.

Avec des gestes secs montrant facilement son offense, la jeune mage se retourna près du lit et rangea en quelques mouvements d’air la totalité de ses affaires dans sa besace n’oubliant pas de récupérer les restes de viandes pour ne pas la gâcher. Son visage c’était totalement fermé, ses lèvres également. Elle qui avait voulu parler, qui l’avait provoqué avait reçu la réparti de l’homme de plein fouet et ne souhaitait plus s’y confronter.

Pourquoi ? Parce que c’était douloureux.
Un dicton dit que seule la vérité blesse… ce qu’il venait de lui dire était si douloureux que ça l’effrayait qu’il l’ait si rapidement cernée.

Etait-elle si transparente… ? Avait-elle rabaissé de trop sa garde… ?

Et maintenant que devait-elle faire, devait-elle le tuer pour avoir découvert ce qu’elle était, ce qu’elle avait été ? Devait-elle se débarrasser de lui qui avait su lire en elle comme elle lit un livre de magie… ?
La réelle question était pourquoi elle réfléchissait comme ça…

Elle posa son sac sur le lit prenant sa tête entre ses mains.

Pourquoi devait-elle éliminer tous ceux se rapprochant d’elle… ? Pourquoi n’y avait-il aucune autre réponse que la mort à sa question… ? Tous ceux l’approchant devaient-ils mourir ?
Oui, c’était certain, c’était une réponse si évidente que Ruika n’avait jamais cherché à la remettre en question… mais depuis quand était-ce devenu la seule réponse que son corps acceptait… Surement depuis que avoir quelqu’un de proche de soi signifiait la possibilité de se faire trahir au mieux ou de le perdre au pire.

Reprenant le contrôle de son corps et de son esprit, calmant les questions qui lui harcelait l’esprit, elle fit une chose qu’elle n’avait plus eu l’habitude de faire depuis bien des années… Elle fit un pas vers quelqu’un, elle s’exposa.

- Que devrais-je faire ? Si je veux sortir de ce passé, tirer un trait dessus comment faire… Ma haine ne peut être contenu, ma peur est devenue maladive je ne peux rien y faire rien changer… que dois-je faire ?

Ses mots ne tremblaient pas, elle était sereine et sa question sincère. Elle se tenait droite et sa voix était claire comme le cristal, elle avait besoin d’une vraie réponse pas d’un long discours plein d’idées ou de pistes, elle voulait qu’on lui dise quoi faire.
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeSam 28 Mai - 2:45

Touchée... Il l'avait offensée cela se voyait clairement à ses manières pincées et à son air offusqué. Pourquoi ? Parce qu'il lui avait exposé le fond de sa pensée ? Parce qu'il avait tenté une approche doucereuse, une tentative pour combler ces blessures qu'il avait ressenties en elles ? Oui sans doute... Il s'était peut-être enfoncé trop profondément trop vite et avait atteint des sujets sensibles que la demoiselle préférait conserver pour elle seule. Un mince soupir lui échappa alors qu'il la voyait ranger ses affaires. Avait-il gâché tout le travail mis en place pour obtenir cette conversation ? Devait-il revoir les barrières abaissées avec tant de peine se rétablir aussi rapidement ?

Mais elle se retourna vers lui, et son regard glaça l'épéiste. Ce n'était plus les deux perles dorées et impersonnelles qu'elle portait en permanence, ce n'était plus non plus ce masque qu'elle aimait présenter à ceux qui ne la connaissaient pas. Pour la première fois, l'épéiste eut l'impression qu'elle essayait de lui faire passer quelque chose du regard. Une porte entrouverte sur la personne qu'elle était réellement. Un frisson, presque d'effroi, lui descendit le long de l'échine. Il n'avait jamais perçu cet état chez la demoiselle et en trouvait cela presque effrayant. Mais le ton de cette dernière n'avait rien de froid, de cinglant ou même de terrifiant. Il était juste... Sincère et ne transportait que les effluves de la sincérité. Sincère... Pouvait-il l'être réellement sans l'offusquer de nouveau ?

Un mince sourire parsema ses lèvres sèches, un sourire qui n'avait plus rien de joyeux mais qui n'affichait qu'une douce mélancolie tandis que son regard se durcissait. Puisqu'il le fallait, il serait franc, il serait ce qu'il était réellement pas cette parodie d'existence joyeuse et heureuse de vivre qu'il était.

- Fuir le passé... Tourner la page ou même le modifier... Si je savais comment faire pensez-vous que nos chemins se seraient croisés?

Sans un mot le bretteur laissa ses véritables sentiments l'assaillir. La nuit dans le désert, les corps calcinés, les larmes et ce visage pâle... Cet homme drapé de noir qui souriait devant le massacre de ce qui avait été sa vie... Le nomade laissa simplement sa haine et sa souffrance le rattraper. A travers le Stellaire, il laissa le dragon de ses tourments s'exprimer, s'emparer de son cœur tandis qu'il le caressait dans le sens du poil. Son aura na jaillissait pas comme elle le faisait habituellement non, il la contenait en un long fleuve tranquille, un fleuve dont la rage pouvait s'abattre en véritable tempête sur le responsable de ses tourments. Une force tranquille mais incontrôlable. Une force dont il n'avait jamais voulu.
- Je n'ai pas de réelle réponse à vous donner mais...

A son tour il avait récupéré son manteau et ceignait de nouveau son épée. A quoi bon s'attarder si la magicienne décidait de le quitter à la suite de sa réponse.
- Mais ce que je sais, c'est que ce monde ne s'arrêtera pas de tourner pour nous. Ce passé ne s'effacera pas de son plein gré... Sans que nous agissions.

Un sourire ironique prit place sur ses lèvres tandis qu'il repassait les arguments qu'il s'était répété mille et une fois pour accepter lui même cette vérité.
- Ma peur... Ma haine... Ma souffrance... Sont sûrement bien plus récentes que les vôtres et certainement moins ardentes... Mais je n'y vois pour ma part qu'un seul et unique remède.

Se retournant, il planta son regard sombre dans celui de la Laguz.
- Me battre. Me battre contre ce destin que l'on m'a imposé. Je ne suis pas un guerrier dans l'âme, je ne suis pas un être qui apprécie la souffrance... Mais si pour le salut de mon âme, ou la quiétude de mon esprit... Si pour apaiser mon remord ou refouler ma haine je dois vaincre le responsable de mon malheur... Alors je n'hésiterais pas.

Au fond de son cœur, le dragon se retirait, repoussé par la froide détermination dont il s'était dotée. Tirant Katti, il la fit étinceler au soleil, en admirant l'acier finement travaillé et quasiment pas émoussé malgré le temps.
- Cette épée n'est pas une arme de mort. Elle a déjà goûtée au sang... Elle m'a déjà sauvée la vie un nombre incalculable de fois... Mais si je dois m'en servir en tant qu'instrument de ma vengeance, souiller la pureté de ses reflets du sang de mon ennemi... Je le ferais.

Sa voix devint moins solennelle alors que la lame disparaissait au regard de la magicienne. Son regard s'éclaircit alors qu'un fantôme de sourire transparaissait sur ses lèvres.
- Il ne s'agit pas de la solution... Il ne s'agit peut-être même pas de votre réponse... Mais c'est la voie que j'ai choisie. Je ne plierais pas sous le poids du fardeau que l'on m'a incombé de porter et je tracerais ma propre route... Afin d'être en paix, afin de retrouver une raison de vivre.

Il se sentait un peu mieux. C'était ce qu'il pensait sincèrement de toute cette histoire et il inspira profondément, sentant son cœur se soulager d'un poids invisible.
- Et vous dame Ruika... Que déciderez-vous?


Dernière édition par Stefan le Dim 5 Juin - 0:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Un sourire...   Un sourire... I_icon_minitimeDim 5 Juin - 0:06


Que décidait-elle… ? Là était bien la question. Qu’allait-elle faire désormais. Sa réponse n’avait rien de concret, elle ne pouvait vaincre les démons de son passé, elle n’avait même pas de vengeance à mener… La mort de son frère, elle avait tué le responsable depuis bien des années, la mort de ses parents… son frère s’en était occupé avant de succomber. Se venger de cette vie que lui avait fait vivre Ashtenn… s’il ne l’avait pas fait, elle se serait certainement laisser mourir de faim, de soif ou de quoi que ce soit d’autre… Si elle devait se venger, elle se vengerait de la vie elle-même en la surmontant, en la prenant à ceux s’opposant à elle… Non, elle ne le ferait pas.
Elle leva les yeux au ciel et les ferma pour faire le point sur sa vie, sur ce qui la motivait à la continuer, à se réveiller chaque matin, à avancer et à résister contre la mort…

Le seul bilan qu’elle pouvait faire était qu’elle avait survécue !

Elle avait survécu à la perte de sa famille, elle avait survécu à la perte de ses rêve et de son identité, elle avait survécu à sa vie de pirate, elle avait survécue à la mort de son propre enfant et à la trahison de celui qui aurait dû être son père. Rien ne pouvait la tuer, elle ne pouvait mourir alors que la mort serait si salvatrice pour elle… mais pourquoi vivait-elle ?

Elle baissa son regard sur ses mains et laissa le vent l’entourant, s’enrouler et danser dans sa paume. Le vent, il était si libre alors qu’elle se sentait toujours prisonnière des chaines du passé. Ce qui l’avait poussé à continuer était l’espoir de pouvoir retrouver cette liberté. Mais même maintenant qu’elle était autonome, responsable de ses choix, de ses gestes, même maintenant qu’elle pouvait faire ce qu’elle souhaitait, elle n’était toujours pas le vent. Car son corps était trop lourd du poids du passé. Jamais elle ne se réveillait heureuse, jamais elle ne dormait en pleine quiétude. Toujours, tout le temps, elle ressentait les mains du marionnettiste jouer de sa vie… même loin de lui, même maintenant qu’elle avait rompu tous liens avec cet homme, il manipulait chacun de ses gestes, chacune de ses réactions, chacune de ses paroles…
Celle qu’elle avait été n’aurait jamais attaqué des innocents juste par peur… Celle qu’elle était tout au fond d’elle-même n’avait pas peur du contact humain, ni de la chaleur d’une main qui se veut réconfortante… Mais il l’avait façonnée et elle ne pouvait se défaire de ce qu’il lui avait enseigné. Ce qu’elle avait attaqué n’était pas des innocents mais des personnes pouvant lui faire du mal... Le contact humain ne pouvait plus être réconfortant, il n’était là que pour nous asservir et nous contrôler… Voilà ce qu’était devenue sa manière de penser… Il la contrôlait même maintenant. Il la possédait encore entièrement.

Son poing se ferma violement étouffant le vent qui s’y amusait.

- Se battre hein… Pour se battre, il faut avoir une cause à défendre ou au moins une motivation… je n’ai rien de tout ça, on m’a tout pris et je ne pourrais les retrouver même en me battant… Il ne me reste que ma liberté mais même elle, elle semble m’échapper…

Ruika se posa près de la fenêtre et s’accouda sur le rebord. Son regard ambré se tourna sur l’horizon et la brise vint frapper son visage lui rappelant de vague souvenir sur le haut d’un bâtiment à l’intérieur d’une vigie de bois étroite…

- Je vous envie mous qui avait une motivation pour continuer à avancer, vous qui avez quelque chose sur laquelle vous concentrer pour survivre… moi c’est simplement la vie qui ne veut pas me laisser partir.

D’une légère impulsion, elle passa par-dessus l’encadrement de la fenêtre et marcha dans le vent.

- Merci Monsieur Stefan. Je pense que je sais désormais ce qu’il me reste à faire…

Elle devait le revoir, elle devait le retrouver et cette fois elle ne fuirait pas.
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