Un être cher à mon coeur... [PV Kyria]

Un être cher à mon cœur…

La forêt de Sérenes représentait son havre de paix… elle avait finalement élu domicile dans ce lieu si particulier et même si ce n’était que temporaire, c’était le lieu le plus apaisant qu’elle avait pu découvrir depuis qu’elle avait quitté sa propre forêt. L’atmosphère pleine de souvenirs de cette forêt lui donnait l’impression de pouvoir revivre les jours passaient des êtres qui habitaient ces lieux. Elle se sentait moins seule en ces endroits où elle avait l’impression de partager une vie avec les fantômes de la forêt.
Depuis le départ de Jaf elle se sentait toujours seule…Ce lieu avait au moins le bien fait de lui permettre d’oublier un peu ce fait.

Comme à son habitude depuis quelques jours maintenant, elle se levait au crépuscule pour aller chasser et se nourrir. Elle n’avait pas remarqué à quel point il était ennuyant de chasser pour soit et seulement soit. Avant, elle chassait pour deux et courir après les proies ressemblait plus à une compétition, un jeu pour savoir qui serait le plus rapide de l’homme ou de la bête qu’à un moyen de survie élémentaire. Elle avait presque perdu goût à ce passe temps qui constituait dans sa jeunesse plus des trois quarts de son temps.
La partie la plus ironique était certainement qu’elle n’avait jamais remarqué à quel point elle était seule avant qu’il ne parte. Pourtant, elle avait appris à aimer cette solitude quand elle était plus jeune mais maintenant qu’il lui avait fait découvrir les joies de la compagnie, celles de se réveiller avec un ami à ses cotés, celles de pouvoirs toujours compter sur quelqu’un… de ne plus avoir à protéger ses arrières… elle trouvait son ancienne vie extrêmement fade. Etrangement tous ses petits bonheurs étaient ceux que lui avait promit Allen pourtant, c’était Jaf qui avait su lui apporter et maintenant elle l’avait perdu… et ce n’était pas en restant en ce lieu que le loup déteste qu’elle le retrouverait.
De toute façon, ce n’était pas à elle de partir à sa recherche, s’il devait revenir, il fallait qu’il le fasse de lui-même. Elle, elle n’avait qu’à attendre ce qui lui laissait un arrière bien désagréable dans le fond de la gorge.

La chasse cette nuit là fut comme les nuits précédentes, peu fructueuse. Elle n’avait pas la tête à manger ni même à courir. Si elle le pouvait, elle resterait allongée la nuit entière sur la terre simplement éclairée par les lueurs lunaires. La nuit en ces lieux possédait des sons mystiques qui lui donnaient l’impression d’une vie presque magique. Elle pouvait presque entendre parfois les chants du passé, et par ces sons elle se sentait bercée. Elle aurait voulu dormir éternellement et ne se réveiller que quand son ami reviendrait et que tout recommencerait comme avant. Mais elle ne pouvait dormir, elle ne pouvait s’arrêter d’avancer. Un jour elle en était certaine sa route recroiserait celle de son ami.

Alors que ses pensées s’arrêtaient sur cette note positive, un son une odeur attira son attention. Comme si les Dieux et Déesse se jouaient d’elle, elle entraperçut à travers la brise une odeur familière. Ce n’était pas celle de son ami roux mais elle appartenait également à quelqu’un de cher à son cœur…
Elle n’osait y croire pourtant elle y croyait et comme poussée par un vent puissant, elle se dirigea vers la source de cette odeur. Elle avait peur de s’imaginer des choses. Elle avait peur que la solitude l’ai rendu folle mais elle ne s’arrêta pas et accéléra encore un peu sa foulée pour le rejoindre…

Allen…

Comme une démente, elle déboula près de la rivière dont les sons cristallins se répercutaient sur la roche blanchâtre. A ses pieds se trouvait les vêtements qu’elle avait tant aimé retirer mais devant ses yeux ce n’était pas un jeune garçon empoté et trouillard qu’elle vit mais bien la silhouette d’une femme aux formes voluptueuses. L’image qu’elle lui renvoya avait quelque chose de fantastique et d’effrayant. La lueur de la lune sur sa peau semblable à celle de l’albinos lui donnait un aspect fantasmagorique. Ses longs cheveux d’une couleur nacre qui battait au vent apportaient à sa personne une innocence et une pureté que ses yeux d’un rouge flamboyant démentaient clairement. Mais le plus effrayant restait cette marque sous son œil si identique à celle d’Allen.
Yue connaissait cette personne, elle le savait, elle l’avait déjà vu. Elle avait déjà vu cette lueur rouge de pure violence. Une couleur de passion et de folie…
La mâchoire de Yue se contracta alors qu’elle découvrait les dents tel une proie face à un prédateur.

Une sensation. Voilà ce qu'elle était venue chercher ici.
La forêt de Serenes, le lieu d'un massacre impitoyable et presque gratuit. Une délicate bataille inutile du genre à celle qui la força à ce lier au corps de ce gamin. Mais maintenant elle n'avait plus à se plaindre; voilà un mois qu'elle était redevenu elle même. D'ici quelques temps, elle arriverait même sans doute à pratiquer à nouveau la magie du feu.
En tout cas, le voyage jusqu'ici avait été long. Elle ne s'était même pas procurée de nouveau vêtement par flemme de retourner chercher de l'argent à Criméa. Alors elle fit une pause dans une rivière, afin de nettoyer ses vêtements en premier puis elle en deuxième.

Les choses tournaient à son avantage, et ce lieu hanté allait être d'un repos insoupçonnable. Elle espérait que bien des esprits allaient venir la tourmenter. Des esprits qu'elle ne connaissait pas. Ainsi, elle pourrait se détendre à les lier encore plus à cette terre qui les retiens en remuant le couteau qui les avaient déjà assassiné dans leur ectoplasme. Un jeu aussi drôle que de tartiner le dos d'un chat de confiture pour voir si selon la loi de murphy, il vole. Et surtout, elle se disait que cette forêt ayant abrité les Hérons lui permettrait peut-être de retrouver une once de sa puissance perdue dans le temps. Il était hors de question de se rapprocher de la déesse à nouveau tant qu'elle n'était pas aussi forte qu'avant. Allen était mort, elle avait tout son temps. Même si quelque chose la gênait, au fond d'elle. Comme une présence latente attendant de se réveiller d'un sommeil trop long. Il ne fallait prendre aucun risque, car quoi qu'il en dise, ce Troubadour était aussi intelligent que puissant. Mais bien trop naïf pour utiliser son potentiel entièrement.
Mais ayant eu un maître aussi sadique et doué que Magus, tout était possible.

Enfin qu'importe, l'eau était fraîche et agréable. Des sensations qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps. Nue dans cet étendue d'eau courante, elle se prélassait habillement, lavant son corps grâce au kit de salle-de-bain contenu dans le sac du prévoyant feu troubadour. Non loin de là, Coursevent broutait de l'herbe maudite. Et oui, il était bien plus facile pour elle de dompter un cheval que pour ce gamin aux yeux bicolores.

Elle contemplait son corps tout en passant le savon dessus. Ses yeux étaient maintenant entièrement rouge, son visage bien plus féminin et machiavélique qu'avant. Les cheveux beaucoup plus long et la silhouette bien plus longiligne. D'ailleurs, cette poitrine un peu trop opulente avait toujours ennuyée Kyria dans ses déplacements et ses combats. Mais le gamin devait avoir des bandages dans son sac, cela suffira. Et ce bras gauche, toujours le même. Maudit, difforme, lourd et solide. Elle qui était gauchère, ne pourrait plus jamais manier l'épée avec ce corps tant que la malédiction serait présente. Car cette dernière la rejetait. Enfin, le temps conjure le mauvais sort, il paraît.
Puis il y eu une présence. Discrète d'abord. Elle se rapprochait, et au final s'annonça bien plus destructrice, méchante. Kyria se tourna vers son nouvel opposant. Enfin opposante.
Et elle sourit. Ça, c'était une bonne surprise. Une connaissance du gamin. Elle se souvenait, ils s'étaient battu pour elle. Et à en voir ses dents, elle l'avait reconnu. Oh oui, c'était une chasseuse. Presque un animal. Elle avait du reconnaître l'odeur rémanente.
Voilà qui était plaisant. Un nouveau jouet.

Et un jouet de qualité.

Elle sortit de l'eau, d'un pas lent. Laissant tomber le savon sur la berge et reprenant à la place la sphère de téléportation. Elle disparu dans un halo bleuté et réapparu juste en face de Yue. De gestes lents et délicats, elle colla son corps nu au siens de façon envoutante, mettant une main derrière sa nuque pour lui pencher la tête en arrière. L'enlaçant du bras maudit et collant ses lèvres a à peine deux centimètres des siennes. Et elle susurra:

"Yue, Yue, Yue... Tu m'as tellement manquée... Cela n'est-il pas dérangeant de voir ce corps nu pour la première dans ces conditions?"

- Yue, Yue, Yue... Tu m'as tellement manquée... Cela n'est-il pas dérangeant de voir ce corps nu pour la première dans ces conditions?

Avez-vous déjà été paralysé ? Non pas par la peur ou la stupéfaction, non, simplement paralysé. Comme si l’air emprisonnait votre corps, comme si le temps figeait vos mouvements. Vous ne pouvez ni parler, ni respirer, ni même vous laisser aller à l’inconscience… vous avez l’impression que tout vous échappe sans rien pouvoir faire pour les retenir. Ce sentiment d’impuissance qui vous envahit alors que tout par en morceau entre vos mains, avoir l’impression d’être le simple spectateur de la destruction de votre vie, sans même pouvoir fermer les yeux…

Yue sentait son odeur, elle pouvait sentir son souffle sur ses lèvres… c’était si semblable et en même temps si différent. Sa main rafraichie par l’eau de la rivière déclenchait des milliers de frissons dans sa nuque en une sensation presque agréable. Si elle fermait les yeux son odorat et son esprit pouvait lui mentir, lui faire croire qu’elle se tenait dans les bras de son aimé. Elle se mit délicatement sur la pointe des pieds et parcourut la courte distance qui séparait ses lèvres de celles de cet être.

C’était doux, c’était chaud… Mais ce n’était pas Allen. Il était étrange de voir comme on pouvait se mentir à soi-même et espérer vainement.

Ses yeux se rouvrirent sur des iris d’un rouge terne face au flamboiement qui lui faisait face. Elle aurait pu presque pleurer devant ce jeu du sort que lui jouait les divinités mais elle ne trouva la force que de rire de manière démente. Elle se recula de quelques pas pour mieux se tordre de ce rire qui l’agitait.
Comment avait-elle espérer que ce simple contacte puisse ramener son aimé…
Le pire était qu’elle ne l’avait pas senti le moins du monde dans ce corps pas même un soupçon de ce qu’elle avait pu ressentir par le simple contact de sa main sur sa joue. Allen, son Allen n’était pas là, elle ne le retrouvait nulle part dans ce corps et ne le voyait même pas dans ses yeux. Le touché, la vue avaient rapidement eu fait de détruire les illusions qu’avait formé son odorat et ses désirs stupides. Elle s’assit dans l’herbe pour reprendre sa respiration après ce fou rire incontrôlé et fit rapidement le point sur sa situation actuel levant une main vers l’inconnue qui lui faisait face l’incitant au silence.

Jaf était parti.
Allen n’était plus.
Elle était seule.

Elle rejeta la tête en arrière, sentant le vent fouetter son visage avec ferveur. Ses épaules tremblèrent légèrement et elle refit face à cette créature avec son habituel sourire. Ce sourire qu’elle ne réservait qu’aux inconnus.
- Pardonnez-moi madame la témérité de mon acte, je voulais simplement éclaircir un point dans mon esprit. Mais maintenant que cela est fait je crois que des présentations s’imposent, car bien que vous me connaissez moi j’ignore tout de vous.

Son ton était faussement enjoué, mais son sourire rayonnant comme elle savait si bien les simuler. Allen qui avait rapidement réussit à la comprendre se serait certainement rendu compte de cette différence dans son expression mais un être se sentant si supérieur à elle, ne ferait certainement pas la différence. Elle savait bien des choses sur cet être, sur ce démon qui hantait depuis toujours Allen. Il avait essayé de lui en parlait mais elle n’aurait jamais pu le croire sans le voir. Cette chose dont l’aura monstrueuse lui faisait hérisser le poil n’avait rien de commun avec l’homme qu’elle aimé tant. Elle ne dégageait que puissance et vanité, ainsi qu’un narcissisme et une confiance en soi trop prononcée.
- Par contre, veuillez m’épargner la vue de votre nudité, personnellement elle ne m’émoustille pas le moins du monde et quant à choisir j’aurais préféré voir celle de mon Allen plutôt que la votre. Sans pour autant nier votre beauté, loin de moi cette idée vous êtes simplement trop… _ Elle la regarda de haut en bas d’un air critique avant de fendre son visage de son sourire _ vulgaire à mon goût.

Elle avait dit ses mots avec un sourire chaleureux et avait envoyé les vêtements du marqué avec une violence toute mesurée. Elle n’avait jamais eu de problème avec les corps nus, elle-même appréciait courir dans la forêt comme la terre l’avait vu naitre. Néanmoins, la familiarité dont avait fait preuve la femme, et le mensonge éhonté qu’elle lui avait lancé à la figure avaient mis ses nerfs à vifs. Elle avait beau partager les souvenir de son Allen, elle n’en restait pas moins différente de lui et une inconnue en tellement de point que Yue s’étonnait qu’ils aient pu habiter le même corps. Elle ne lui avait pas manqué.

Elle ferma les yeux quelques instants et supplia une quelconque divinité de faire qu’elle se trompe et que quelque part dans cette enveloppe charnelle, subsiste un peu de son Allen…

Sans rien dire, sans un mot, Kyria s'habilla. Elle n'avait pas encore eu la possibilité d'acheter de nouveaux vêtements qui lui iraient mieux. Ainsi dans le plus simple appareil troubadourien, elle enfila simplement le long manteau avant de le refermer. Le reste avait vaguement disparu lors de divers accrochage avec des feu bandits, laguz ou tout autres êtres de genre humanoïde. Enfin, rien d'important.

La démone contempla Yue, longuement. La situation était plutôt cocasse, voir intéressante. Même si pour elle il n'y avait pas grand chose à tirer de cette jeune fille. Elle n'avait aucun intérêt que de remuer ses entrailles. Tiens, d'ailleurs... Mais pourquoi? Durant son observation, elle fit une petite moue. Ce tiraillement corporelle ne lui ressemblait pas. Ce serait comme un sentiment. Quelque chose qu'elle ne connaissait pas sous un autre format standard que la haine. Sauf pour Allen. Lui, c'était autre chose. Elle n'avait jamais pu comprendre ce qu'elle ressentait pour lui. Quelque chose qui la bouffait, la détruisait et la faisait vivre en même temps. C'est sans doute ce qui arrive quand on vie à l'interieur de quelqu'un et que sans lui on ne peut exister.

Ce sentiment extravagant, relativement désagréable. Quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Et pourtant, similaire à la sensation de co-existence avec Allen Walker. Pourtant ce n'est pas le même corps, pas la même âme.

Pas les même responsabilités.

Son sourire s'effaça.

Son visage sardonique devint placide.

Son regard s'adoucit.

Situation effectivement délicate. Serait-ce possible qu'une simple demoiselle en contact avec son hôte lui ai permis de développer quelque chose? Quelque chose qui allait à l'encontre de ses principes. Un tas de bémols indicatifs totalement différents de tout les "amis" que l'autre nabot débile avait pu se faire.

Fait chier.

De longues secondes avaient passés. Les yeux dans les yeux, elle termina de boutonner sa veste avec des gestes relâchés qui ne lui ressemblaient pas. Elle était devenu tout ce qu'elle détestait dans sa gestuelle sans doute, mais cela ne la dérangeait pas pour autant. L'humanité est comme cela, et tisse ses relations sur une toile dont les branches varies en fonction de la qualité du matériel. Une jolie métaphore si c'en est une:

"Je suis Kyria R. Fall. Le charmeur d'esprit lié à ton aimé. Malheureusement, ce dernier est malencontreusement... Décédé lors d'un affrontement avec un dénommé Crow."

Son ton était plat, mais pas froid. Il se serait presque voulu rassurant. Enfin, pour ce que ça pouvait être vis à vis de l'annonce précédemment faite:

"Mais il est chanceux, grâce au fait qu'il m'abritait dans son corps j'ai pu sauver son âme et son calice corporel. Si il est assez fort, il reviendra un jour."

Elle croisa les bras, tournant le dos à la chasseresse:

"Et si cela t'intéresse... Sache que sa volonté clame ton prénom dans les ténèbres obscures. Tu as l'air d'être seule. Mais tu n'es pas oubliée."

Sans un mot de plus, elle se mis en marche vers le reste de ses affaires, vers la rivière. Ce sera à Yue de faire son choix. Rester, ou non.

Immobile dans l’obscurité de la nuit son visage exposé aux rayons pales de la lune, les expressions se battaient sur le visage de l’albinos passant de la profonde agonie au soulagement avant de retourner à la tristesse… elle avait écouté cette Kyria sans la regarder, sans poser le moindre regard sur elle pour cacher l’humidité de ses yeux. Mais alors qu’elle lui redonnait espoir, ses yeux se fermèrent laissant couler une unique larme sur sa joue. Son regard se fixa alors sur cette femme, ce charmeur d’esprit habitant le corps d’Allen… elle n’avait rien d’un démon, elle semblait même douce et sa voix lui sembla soudainement tendre par rapport à cette première phrase remplit de cruauté et de sarcasme… Y’avait-il eu un changement dans la donne… Allen pouvait-il influencer ses actions d’une quelconque manière ? Elle ne savait pas mais ce qui était sure était que dans le regard de la jeune femme, elle retrouvait l’étincelle de douceur, de tendresse et d’amour de son aimé.
- Et si cela t'intéresse... Sache que sa volonté clame ton prénom dans les ténèbres obscures. Tu as l'air d'être seule. Mais tu n'es pas oubliée.

Il est étrange comme de simples mots peuvent vous redonner un peu de courage et de confiance en vous. Yue sourit à la lune ce demandant si on se jouait réellement d’elle là haut dans les cieux, si Eristoff riait dans un coin de l’immensité du ciel de minuit… Son cœur avait perdu de sa lourdeur, la solitude lui pesait moins et son corps semblait plus léger alors qu’elle se relevait d’un élégant mouvement la faisant tourner sur elle-même. Elle se débarrassa de ses vêtements en quelques secondes sans un mot pour la Kyria qui finissait de se rhabiller. Sentant la brise fraiche sur sa peau pâle, elle se sentit revivre. Jetant un regard presque aguicheur à la charmeuse, elle se mit à courir vers la rivière et plongea dans l’eau glacée et peu profonde de ce doux torrent. C’était bon réellement bon. Ce froid qui vous glace le sent et vous paralyse l’esprit pour vous aider à y faire le tri… c’était si agréable. Elle se releva, riant seule d’un rire cristallin sans en savoir la raison et elle sortit. L’eau dégoulinant le long de sa nuque, de ses épaules, de son ventre, de ses jambes,… en de délicieux frissons. Ses yeux avaient repris une teinte des plus flamboyantes et elle s’approcha de l’esprit l’entourant de ses bras.

Elle faisait presque la même taille qu’elle, ses yeux étaient un écho des siens, quant à sa chevelure… Yue se demandait si Allen avait vu en elle une image de cette charmeuse d’esprit, si la raison de son amour était due à celui qu’il devait certainement éprouver pour cette femme. Etrangement, ces questions ne lui provoquaient aucun sentiment de jalousie, ce n’était que de la pure curiosité. Elle voulait en savoir plus sur elle qui partageait et protégeait son aimé depuis le début de sa vie. Elle voulait connaître ses propres sentiments à l’égard de celui qui l’abritait. Elle voulait également ramener son Allen, mais maintenant qu’elle savait qu’il vivait, le temps n’avait plus d’importance, elle attendrait qu’il reprenne des forces.

Enserrant doucement le corps de la jeune femme entre ses bras, Yue lui glissa à l’oreille un merci s’adressant tout autant à Allen qui pensait à elle sans l’oublier et à Kyria qui protégeait son amour et l’avait étrangement réconfortée.
Elle se retourna relâchant sa prise qu’elle avait raffermie jusqu’au moment de la libérer de ses bras et alla ramasser ses vêtement, les enfilant d’un tour de main et terminant par le long manteau que lui avait donné son aimé à leur première rencontre.
- Je ne me suis pas correctement présentée même si vous semblez déjà me connaitre en partie, je suis Yue Eristoff, chasseuse indépendante et selon moi l’aimée d’Allen Walker. Je n’ai nulle part où aller, ni personne à rejoindre alors si cela ne vous dérange pas, pourrais-je vous tenir compagnie un peu plus longtemps mademoiselle Kyria R. Fall ?

Son ton était formel mais le sourire espiègle qui l’accompagnait n’avait rien de solennel. Yue avait retrouvé cette touche d’innocence que les événements passés lui avaient arrachée.

Quel étrange personnage. Comment ce gamin pouvait-il aimer un si petit Beorc? Enfin, petit dans son esprit. Physiquement, elle se ressemblait.

Enfin ça, c'est normal, puisse que je ne sais pas à quoi je ressemble.

Un câlin, puis une proposition de compagnie. Qu'est ce qu'elle me fait, là, cette gamine? Tu souhaites tellement réduire ton espérance de vie? Oh, non, tu dois juste vouloir retrouver le nabot. Mais n'ose même pas me dire que je lui ressemble. Ou ton sang rejoindra celui des Hérons qui fertilisé cette terre de ma main par le passé. Je n'ai pas de passé, mais j'ai un avenir. Je ne t'empêche pas d'en être un morceau. Ne t'avises simplement pas d'essayer d'y mettre un terme:

"Appelle moi Kyria, tu peux rester... Autant que tu veux."

Elle n'avait pas envie de jouer avec cette gamine. Elle ne voulait pas non plus d'un petit chien. Étrange. Désagréable, même. Serait-ce la mémoire d'Allen Walker imprimé dans son sang lui même qui l'empêchait d'agir à sa guise? FOUTU GAMIN. MÊME MORT TU CONTINUES A M'EMMERDER. Mais même la mort n'est pas une barrière assez solide pour la mémoire corporelle. Ça devait être ça. Le fait de l'avoir serrée dans ses bras et d'avoir trop aimé ça.
Quelle déception. Elle qui avait toujours été libre et destructrice, la voilà empêtrée dans une histoire où elle ne peut pas agir à sa guise. Son instinct lui dictant autre chose. Une première fois dans la vie de Kyria. Un premier moment qui se devait d'être écourté après avoir été le plus long possible. Les sentiments contradictoires, elle connaissait. Elle en avait tous le temps. Des désirs de mort, de sexe ou d'envie qui s'entremêlait à longueur du temps et celui qui prenait le dessus en l'instant gagnait, peu importe combien de temps il restait. Agir autrement était déstabilisant. Mais tant pis. Essayons de tirer du plaisir de ça, aussi.

Elle s'assit dans l'herbe froide de la forêt, bercée par le bruit de la rivière et entourée des ombres dansantes d'une nuit au clair de lune. Elle était froide, placide. Bref, un magnifique masque pour qui ne sait pas comment se comporter. Tous le monde à des faiblesses, même les démons ont parfois des ailes d'anges:

"Je te connais. Allen et moi nous sommes battus durant votre rencontre. Pourquoi? La raison est obscure. Tu lui demandera si tu le revois un jour."

Elle se laissa tomber en arrière, s'allongeant comme une marionnette éteinte. Aucun sentiment apparent.
Tout ça me fait chier:

"Pourquoi veut-tu tant le revoir, j'aimerais comprendre?"

En réalité, elle le savait sans doute déjà. Et même avec une réponse plus fortifiante entendue par la personne concernée, ses certitudes étaient les seules choses qui comptent. Ce n'était pas la voix éphémère d'une enfant qui allait bouleverser sa façon de vivre les choses. Oh, ça non.
Avec ça, leur rencontre ne serait pas éternelle. Et elle tenait trop à sa libertés. De plus, elle n'avait aucune idée de comment faire revenir Allen Walker si il lui en prenait l'envie. Pourtant, elle avait beaucoup de choses à lui dire.

Et lui, revenant de la mort risque de voir les choses différemment d'avant. Il est évident que celui qui sait ce qu'il y a après ne peut plus se comporter comme avant. Il sera plus mature, oui...

CELUI QUE TU AS CONNU NE REVIENDRA JAMAIS, HA HA HA.

- Pourquoi veux-tu tant le revoir, j'aimerais comprendre?

La question était simplement formulée, parfaitement compréhensible et la réponse aurait certainement du lui venir comme une évidence… pourtant, prenant place assez près et en face de la jeune femme aux courbes généreuses et aux yeux enflammés, Yue ne sut quoi répondre. Comment pouvait-elle expliquer qu’elle voulait juste le voir pour… le voir. Elle l’avait quitté si brusquement, elle avait été tant occupé qu’elle avait pensé à lui, avait rêvé de lui mais sans jamais chercher à comprendre la raison qui poussait son esprit à lui renvoyer perpétuellement l’image, le sourire, les yeux d’Allen Walker. Elle n’avait jamais pris le temps de réfléchir sur ses sensations inconnues que le jeune homme provoquait en elle. La seule chose dont elle était sure c’est qu’à chacune de ses rencontres, elle espérait que la personne serait sa personne. Inconsciemment, elle l’avait cherché. Elle ne pensait pas en continu à lui mais il n’était jamais réellement loin de sa pensée. En un sens, elle avait toujours eu l’impression qu’il était tout près d’elle…

Y’avait-il un mot pour définir ces sensations, cette chaleur qui emplit tout votre être et transporte votre corps, votre âme et votre esprit dans un monde totalement onirique ?

Il lui avait glissé deux simples mots à l’oreille alors que tout son corps était au summum du plaisir, il avait dit l’aimer… L’amour… elle connaissait ce terme mais ne le trouvait toujours pas assez fort pour traduire ce qu’elle ressentait. Elle n’avait pas de mots pour cela alors comment le faire comprendre à cette femme qui ignorait tout de ces sentiments.
Elle poussa un long soupir emplie d’un bonheur presque mélancolique, plongeant son regard dans celui de la jeune femme cherchant dans ses yeux sanglants les traces de son amant. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’une réponse se formait dans son esprit, une réponse soufflée par l’expression qu’elle distinguait sur le visage de son vis-à-vis.
- Je veux le voir car j’ai besoin de lui…

Elle comprenait en se plongeant dans cet être à quel point, Allen lui avait manqué. Elle ne s’était jamais rendu compte de l’importance qu’il avait pour elle et l’envie puissante qu’elle avait de le revoir avant qu’il ne soit là, juste à portée de main, à une longueur de bras. Plus qu’un sentiment, ce désir était devenu un besoin vital. Elle avait besoin de le savoir en vie, elle avait besoin de le savoir heureux, elle avait besoin de le savoir amoureux d’elle…
C’était peut être égoïste et possessif de sa part mais c’était ainsi qu’elle ressentait les choses. Elle n’en avait pas la moindre honte. Elle le voulait simplement.
- Je veux le voir pour que ses bras m’enlacent et que ses lèvres me chuchotent à l’oreille des mots doux et rassurant. Je veux le voir car je suis triste, affreusement triste et je sais que lui pourra me faire oublier cette tristesse car sa simple vu emplit mon être de bonheur,… je veux le voir… pour le voir.

A chacun de ses mots qu’elle prononçait, haussant petit à petit la voix, passant du timide chuchotement à la déclaration ferme de ses désirs, les larmes emplirent les yeux de l’albinos, flouant sa vue. Des perles transparente tel le cristal se mirent alors à couler le long de ses joues blanches et le goût salé de ce liquide tiède qu’était ses pleures vint se déposer sur ses lèvres pour continuer leur course le long de son menton et finir dans l’herbe humide près de ses genoux.
Son bras était tendu vers Kyria, la paume ouverte face à son visage et alors que le silence gagnait l’atmosphère, sa main descendit vers la poitrine de la jeune femme se posant sur son cœur et le cœur de son amant. Quelque part, près de sa main, ce dernier était endormi d’un profond sommeil. Ce cœur était blessé et faible et elle ne savait comment elle pouvait le ranimer. Mais ce qui était certain, c’est qu’elle ferait tout pour le ramener à la vie, elle était même prête à la partager avec elle, cette femme qui faisait parti de lui.
- Kyria… Dis-moi que puis-je faire pour lui rendre la vie, que puis-je faire pour qu’il me revienne sans que tu disparaisses pour autant… Je le veux entièrement, tout de lui, avec toi aussi… je vous veux comme vous êtes.

La main de la chasseresse s’était refermée avec douceur sur le vêtement alors qu’en un mouvement fluide et naturel, elle s’était rapprochée de la charmeuse d’esprit posant sa tête sur l’épaule.

Ses yeux fou se baissèrent lentement vers l'albinos.
Alors ça, c'était la meilleure. Elle le voulait lui, elle? En même temps? Casse la ne tienne. Que la jeunesse est immature et superficielle. Malheureusement pour elle, elle la comprenait. Et cette sensation lui fit fermer les yeux à mi-chemin. Contenant sa haine dans une petite boîte tout au fond de son cerveau:

"Je ne sais pas voir le futur. Mais j'aime trop ma liberté pour le laisser revenir. Quoi qu'il arrive, je ferais tout pour empêcher Allen Walker de revenir à la vie."

Ces mots étaient durent et froid. Ainsi qu'à la fois pas tout à fait vrai. Elle avait souvent pitié des gens, et ça l'amusait. Là, elle se sentait touchée par la sincérité de demoiselle. Alors que choisir?
Non, non. Jamais elle n'abandonnerait sa liberté pour si peux. Et elle ne connaissait pas l'espoir. Elle ne concevait pas une cohabitation possible, car cela reviendrait à vivre enfermé la moitié du temps si ce n'est plus.

Oui, le monde à bien plus besoin d'Allen Walker que de Kyria R. Fall.

Comment le savait-elle? Elle le savait à cause des yeux de cette fille. De cette main posée sur elle. De ses larmes. Elle était tarée celle là, elle ne savait pas à qui elle avait à faire. Elle croyait peut-être que Kyria avait un bon fond? Ha ha ha, quelle ignominie. Elle en avait eu un, il y a longtemps. Mais le côté obscure est tellement plus agréable. Non, vraiment pas. Elle n'aimait que la souffrance.

Son seul défaut, c'était d'être amoureuse de son ravisseur:

"Je devrais te tuer. C'est de ta faute si je ressemble à ça."

Elle avait dit ça en changeant de ton, devenant plus naturel quoi qu'avec un brin de tristesse au fond de la gorge. C'était vrai, lors de la transformation elle avait pu remodelé le corps comme elle le voulait. Pourquoi ne pas avoir repris sa vrai apparence? Elle ne l'avait pas su jusqu'à maintenant. Ou plutôt, elle ne voulait pas se l'avouer.
Quel connerie que les sentiments, un flot tourbillonnant que l'on ne comprend qu'une fois happé par l'œil de sa tourmente.

Il fallait trouver une solution. Accepter ou renier. Mais il n'y avait aucune réponse au diapason des battements de son cœur.

Yue ne pouvait que la comprendre, pourquoi partager son corps avec un autre quand on pouvait l’avoir entièrement à soit ? Elle ne pouvait en vouloir à cette femme d’être accroché à sa liberté de mouvement, de pensé, de décision. C’était si évident qu’elle ne voudrait pas ramener Allen à la vie… mais si c’était le cas alors pourquoi lui avoir laissé miroiter devant ses yeux la possibilité de le ramener… était-ce une manière de la torturer ?… Elle l’aurait surement cru si elle s’était tenue au premier contact froid et cruel qu’elle avait eu avec la jeune femme. Ce devait être dans ses passe-temps que de jouer avec les autres. Cependant, ce qu’elle voyait face à elle n’était pas une femme sadique fière de faire du mal à son prochain. Sa voix bien que dénuée de sentiments, était douce et elle y notait de l’incompréhension…
Peut être souhaitait-elle que Yue ramène Allen de force sans prendre en compte son avis… elle voulait peut être poussé l’albinos à lui dire qu’elle n’en avait rien à faire d’elle et qu’elle voulait récupérer son aimé… Pourtant aucune de ses deux idées n’effleura l’esprit de la jeune archère. Elle se l’était dit il y a longtemps, elle l’avait appris lorsqu’elle tenait encore compagnie à Jaffar,… il y en a qui on plus de chance que d’autre. Si Kyria avait vaincu Allen c’est qu’elle avait eu plus de chance que lui… elle le comprenait, elle l’acceptait, mais ça ne l’empêchait pas d’être profondément triste.

Elle reprit sa main pour la poser dans l’herbe humide et se laissa rouler sur le coté pour s’allonger près de Kyria. Les étoiles brillaient de tout leur éclat au dessus d’eux illuminant la forêt de leur lueur lointaine…
- Je vous comprend mademoiselle Kyria, il n’y a aucune raison qui vous pousse à laisser votre place à Allen et je ne vous le demanderais pas car même si je l’aime et que je suis prête à faire le sacrifice de ma vie pour lui, vous n’êtes pas obligée de ressentir la même chose que moi à son égard.

Yue damnait son impuissance dans cette situation car pour récupérer son aimé ce n’était pas sa vie qu’elle devait sacrifier mais celle de cette femme. Or elle ne souhaitait pas la voir disparaitre non plus.
- Vous avez tout autant que lui le droit à la vie… _ sa main blanchâtre se tendit vers le ciel saisissant l’invisible _ Je suis simplement triste de ne pas connaitre une solution qui vous permettrait de vivre tous les deux.

Sa main se rabattit sur ses yeux cachant l’humidité de ses larmes et sa respiration devint plus profonde. Elle avait l’impression que ses souvenirs fuyaient, le sourire d’Allen, les paroles, d’Allen, le touché d’Allen tout disparaissait.

*Je devrais te tuer, c’est de ta faute si je ressemble à ça*

Yue s’interroger sur le sens de cette phrase essayant de s’y rattacher pour ignorer la sensation de vide qui lui parcourait l’échine. Elle ne savait si elle parlait de son apparence physique ou de sa façon d’être si radicalement opposée à sa première approche… mais en un sens ça lui passait au dessus de la tête.

*Je t’aime…*

Yue se releva respirant à fond de manière presque exagérée et son sourire revint plus étiré et plus sincère que jamais. Elle se tourna vers la charmeuse d’esprit et lui tendit une main encourageante.
- Allez viens Kyria, Allen était tellement bête et innocent qu’il aurait souhaité que les deux personnes qu’il aime, s’entendent bien. Alors soyons amies !

C’était peut être un effet de Allen Walker mais Yue se sentait attirée par la jeune femme… et en son for intérieur elle sentait que son aimé portait énormément d’affection à cette jeune charmeuse. Elle se sentait donc encouragée dans son envie de créer un lien d’amitié avec elle. La voyant hésiter, elle lui saisit la main n'acceptant ainsi aucun refus et l'emporta à travers les abysses de la forêt

Mon dieu mais c'est quoi cette chose? Une fille? Un animal? Un démon? Ou tout ça à la fois. Peu importe. Kyria se laissa embarquer dans une farouche chevauchée à travers les arbres. Cette fille la perturbait. Elle était tout ce qu'Allen désirait, la finalité d'un monde à protéger. L'existence propre du monde est certaine. Mais l'existence de notre propre monde est mis en perpétuel danger par les autres. Les autres ne sont voués qu'à nous nuire. Et elle s'adaptait parfaitement à ce cycle, s'ouvrant aux autres en les tuants. Non, sous son règne personne ne nuirait. Elle serait la seule dans cette condition, elle le voulait et se foutait des considérations.

Mais pour qui me prend cette gamine? Elle est l'essence même de tout ce qu'il y a de plus détestable. Qu'est ce que j'en ai à foutre d'avoir pris du corps d'Allen, il est bien mieux là où il est. Que des gens se souviennent de lui me gonfle.
IL EST A MOI.

Oui, oui, oui, oui, OUI! JE DOIS EXTERMINER SON MONDE. TOUT CE QUI LE RELIE A CETTE TERRE. SI PERSONNE NE SE SOUVIENT DE TOI, ALORS JE SERAIS LA SEULE A TE POSSÉDER. TU ES MA CHOSE.
QUI OSE TOURNER AUTOUR DE MON BIEN? CE TRÔNE EST A MOI. IL ME REVIENT DE DROIT. TOI? TOI! TU OSES... Oh oui, tu oses. Tu tentes, tu recherche, tu abandonne, tu recommence, tu laisse tomber à nouveau, tu reviens à la charge, tu te fais porter par le vent. Mais qui ES TU? Qu'est ce que TU VEUX? La mort? L'agonie? L'amour? La haine? La volupté? Donner un sens aux choses qui n'en ont pas? Ce n'est même pas un rêve. C'est une transition.

Ne veux tu pas... Oublier. Ne veux tu pas l'oublier; Oublie. Oublie. Oublie.

Ne te souviens pas. Jamais.

Jamais.

Jamais.

Jamais.

Jamais.

Jamais.

Vide ton esprit, offre tes souvenirs à la terre et au ciel. Laisse moi seule avec ce cadeau que je t'ai fais. Déplace tes racines, tu es sur mon terrain. Tu joues à un jeu sans réponse. Gargarise toi de la moindre parcelle de ton existence, cette âme qui se nourrit de la mienne est maintenant au régime.
La source est tarie. Va te repaître autre part. Tu m'appartiens, tu es libre. Cours, vole, reviens vers moi. Ose. Ose simplement. Tu as une raison? Bien sur que tu n'en as pas. Il n'y en a pas n'est-ce pas. Rassure moi, informe moi. Apprend moi, détruit moi par ce que je ne veux pas savoir. Je le réalise. Il n'y a pas de réponse. Je réalise ce que j'ai envie. Tu es mon désir. Tu es mon ennuis.

Passionne moi et envole toi, très cher oiseau de la liberté. Mais ne tâche pas ton plumage, ce serait dommage. Que ta volonté soit faite, mais qu'elle n'entrave pas la mienne. Damne toi de jouer avec le feu, celui de la brume qui te torture au fond de ton esprit. Cesse de marcher dans le miens. Donne moi le siens. Tu effleures mes nerfs de la pointe tranchante de tes flèches d'acier, tu me courbe l'échine sous les frissons. Prend moi ou vas t'en.

JE COMPTE PLUS QUE LUI NON? OUI. DEVIENS A MOI ET ABANDONNE TES RÉMINISCENCE. TU M'APPARTIENS. A MOI! A MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI MOI!

Elle tira le bras qui la tenait violemment en arrière, venant de sa main maudite enserrer ce cou à la peau si douce. Elle venait de plaquer sans aucune gentillesse ce corps musclé contre le premier arbre à porté. Elle la regardait avec un visage dédaigneux; les sourcils hauts sur des yeux grand ouvert, un sourire neutre:

"Pour qui me prends tu? As tu seulement cru une seconde que le sort de ton amant m'importait? Je suis bien trop gentille avec toi."

Elle la tenait, comme ça. Elle se savait plus faible qu'elle. Yue pouvait la terrasser en quelques secondes.
Elle poussa sa tête en arrière, ses pupilles restants pourtant elle fixe sur sa cible:

"Tu me dégoutes."

Son regard était fou, et elle le savait. Elle n'en jouait pas, il n'y avait aucune prétention. Vas y, tues moi et prouves que ce n'est que lui que tu veux. Ses doigts se resserrèrent sur la gorge de la chasseresse. Oui, si tu ne le fais pas, c'est moi qui te butte:

"Tu n'as aucune raison de vivre. Je vais mêler ton sang au miens, au siens. Vous êtes TOUS A MOI."

- Tu n'as aucune raison de vivre. Je vais mêler ton sang au miens, au siens. Vous êtes TOUS A MOI.

Yue sentait la main de chitine enserrer sa gorge avec force et par habitude plus que par réflexe, tous les muscles de sa gorge, de sa nuque, de son cou se contractèrent autour de sa trachée pour lui permettre de respirer si ce n’est facilement, du moins régulièrement. Pourquoi toutes les personne qu’elle semblait apprécier se faisait un devoir de vouloir l’étrangler… En un sens elle connaissait la réponse à cette question, et alors qu’elle réfléchissait à son évidence, un rire profond s’éleva de sa gorge étranglée faisant se soulever ses épaules en un rythme presque dément. Un fin filet rouge coulait dans sa nuque provoqué par une plaie profonde à la tête quand celle-ci avait heurté le bois dure. L’albinos palissant à chaque secondes où sa pénurie d’air devenait importante malgré son réflexe de survie, porta ses mains sur les doigts dures telle la pierre rendant sa respiration difficile et concentrant un partie de sa force dans ses mains d’archère, elle écarta légèrement l’étreinte mortelle rendant le rire qui naissait en elle plus puissant et sonore.
- Ton geste est si vain Kyria… mais il me conforte dans l’idée que notre amitié était obligée et prédestinée. Comme eux, tu m’aimes à un tel point que tu veux me forcer à entrer dans ton monde…

Yue repensa à Jaffar voulant faire d’elle une assassine comme lui. Il l’avait aimée, protégée de son maitre, il s’était mis en danger pour elle et il avait voulu lui imposer cette vie. Elle repensa à son loup qui avait porté ses mains à son cou pour la tuer car il l’aimait tant qu’à cause d’elle il avait perdu de vue ses objectifs…
- Tes mains apposées sur ma gorge, organe de vie te donne peut être l’impression d’avoir du pouvoir sur moi, sur mes choix mais sache mon amie que mon être n’appartient qu’à moi ainsi que mon amour et tous deux je ne l’ai donne que par choix. Ils l’ont tous compris même si parfois j’ai dû me montrer plus brusque que d’autre.

Elle avait perdu Jaffar et Jaf mais à tous deux, elle avait réussit à le faire comprendre qu’elle était l’incarnation de la liberté que jamais, on ne pourrait enfermée cette être en cage. Eux qui l’aimaient comme une sœur avaient accepté que jamais elle ne pourrait être ce qu’ils étaient eux-mêmes.
- Et tu le comprendras aussi, Kyria R. Fall. Tu te rendras compte que l’amour ne doit pas être douloureux, tu ne dois pas l’enfermer ou le mettre en cage pour qu’il ne soit qu’à toi. Tu dois le protéger mais le laisser vivre sa vie.

Avec une douceur remplie de force, l’archère porta une de ses mains à l’épaule gauche de la jeune femme et l’autre à la main enserrant sa gorge elle appuya si fort sur la chaire du bras qu’elle bloqua l’arrivée de sang et affaiblit la prise de la charmeuse pour éloigner la main maudite de sa gorge.
- Celui que tu garde jalousement en ton sein l’avait compris c’est pourquoi je lui ai offert mon être et mon amour symbolisé par Venus que voici.

Se rapprochant de son agresseuse Yue avait posé sa main sur son amie, sa flèche qu’elle retrouvait toujours.
La Beorc avançait lentement vers la marquée la faisant reculer à son tour mais avec bien plus de douceur.
- Ton geste est vain Kyria car tu ne feras point de mal à ces êtres rares qui peuvent se flatter d’être aimé par toi.

Yue avait arrêté de rire et plongeait son regard rougeoyant dans celui de la charmeuse d’esprit. Cet être était si fort mais en même temps si faible à la fois… pour défendre Allen, Yue était persuadée que cette femme pouvait devenir un vrai démon mais devant elle qui ne leur voulait que du bien à tous deux, elle semblait désemparée, elle devenait possessive, égoïste et déraisonnée.
Avec une vitesse presque surnaturelle l’archère asséna une gifle monumentale à la jeune femme qui lui faisait face. Elle faisait partie de ceux qui avaient besoin qu’on leur mette un peu de plomb dans la tête.
- Moi aussi j’ai été trop gentille envers toi qui n’es qu’une petite enfant égoïste. Maintenant, arrête de faire des choses que tu sais ne pas vouloir arriver et dis clairement ce que tu veux.

Yue connaissait toutes les techniques de son aimé et elle se savait plus forte que lui physiquement, si elle devait en venir aux mains elle le ferait, mais elle espérait ne pas avoir à blesser son aimé ni sa nouvelle amie qu’elle voulait à tout prix préserver de cette haine, de cette folie qui la rongeait.

Elle cessa de bouger ses doigts sur sa gorge. Elle faisait la maline, hein? Tête sur le côté suite à une magistrale baffe, elle la prenait clairement pour une enfant. C'est bien, elles étaient à égalité. Quoi qu'il en soit, cette chasseresse était bien plus réfléchie que la première fois. Elle avait évoluée, ne serait-ce qu'un peu. C'était désagréable.

La gifle en elle même ne fut pas le même délice qu'habituellement. Oui, oui, il ne restait plus que la haine. Rien d'autre, le reste n'était que néant. Une envie de tout détruire flottant dans des abysses noir comme une nuit amer.

J'ai comme une envie de péter les plombs.

Pourquoi?

Ça ne te regarde pas.

Je n'ai jamais dis ça, tu sais.

Laisse moi la tuer.

Non.

Les gens doivent t'oublier pour ne pas souffrir.

Te mettrais tu a la compassion?

Non, tu m'appartiens. Toi qui m'a enfermé ici, voilà ton châtiment.

Je suis désolé, Kyria.

Tes pitoyables excuses ne fonctionnent pas.

Les personnes que j'aime ne m'oublieront jamais.

Et toi? Tu pourras les oublier si je les tues?

Non.

Voilà qui est bien dommage.

Qui crois tu faire souffrir, Kyria? Est-ce ta propre peine que tu poursuis sans relâche? Tout ces gens te tendent la main et je conçois que si tu n'as pas pu prendre la mienne, elle ne se posera pas dans la leur. Mais tu devrais prendre ton temps pour comprendre les choses, avant de les regretter.

Va te faire foutre, Allen Walker.

Non, je n'abandonnerais pas.

Si tu dois choisir entre elle et moi, qui choisirais tu?

Ce n'est pas une question de choix. Je vais vous sauver toutes les deux.

Tu es mort, quel option te reste-il? C'est elle ou moi.

...

Répond, Allen Walker.

...Elle est plus importante que toi.

Je vois...

Peu importe la signification de cette réponse. Les morts ne peuvent pas parler, après tout. Elle relâcha totalement son emprise sur la jeune fille alors qu'elle empoignait vénus de la main droite. Elle plaqua la flèche violemment sur le torse de Yue avant de se retourner et de repartir en marchant. Il n'y avait rien à rajouter, il n'y avait rien à dire. Il n'y avait que de la tristesse dans ses yeux. Plus une once de folie, plus une once de rien. Il n'y avait qu'un seul moyen de répondre à ses questions, et ce moyen finirait par venir à sa rencontre de lui même. Celui qui était le seul à pouvoir la tuer, à lui rapporter son honneur. Son suicide, son défi.

Quant à cette jeune demoiselle derrière elle, elle la quittait sans la regarder. Ses mèches blanches ondulants dans le vent. Elle ne la reverrait sans doute jamais. Tant mieux, tant pis. Elle aurait ses souvenirs pour elle. Soit libre si tu le souhaites, mais pour cela tu devras oublier. Tu devras nous oublier. Jamais nos routes ne se croiseront à nouveau. Moi je ne t'oublierais pas, car tu n'as pas su répondre à mes questions mais au moins savoir me faire me les poser.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour disparaître à travers les arbres de cette dense forêt. Pitié, ne me rattrape pas. Sinon, l'une de nous deux devra mourir. Il serait dommage que ce soit le cas sans de nous n'ai atteint ses rêves, n'est-ce pas?

Je n'ai plus de raison d'errer. J'ai un but, une destination finale. Un chemin où trône au bout la vérité qui me détruira sans doute. Je suis prête à l'accepter. A me battre contre. Peu importe le résultat.

La liberté est une notion que je pratique à ma façon. Toi et moi c'est tout ce que nous voulons. Mais ta conception des choses est si différente de la mienne que je n'ai pas envie de te comprendre. Reste dans la lumière et moi dans les ténèbres. Et ne plonge pas ton regard dedans, car sinon je te regarderais aussi de là bas. Tu as très bien compris que quoi qu'il arrive je serais toujours une partie obscure de ce qui existe. Toujours.

Vas t'en, car c'est moi qui part.

La jeune charmeuse ne dit rien, toutes expressions avaient disparu de son visage et elle s’était refermée. Ses yeux avaient perdu leur éclat de folie et seul un sentiment de vide y restait. Avec la même force qu’elle avait pu affronter précédemment, elle plaqua la flèche sur la poitrine de l’archère tout en enfonçant un peu plus son corps dans le tronc de l’arbre qui rougissait du sang de l’albinos qui coulait d’autant plus.
Allen l’aurait certainement soigné, son alter ego n’y avait même pas pensé, c’était réellement des personnalités différentes et les deux avaient le droit à la vie. Elle n’en doutait pas une seules secondes et elle, qui était incapable de trouver un moyen de réaliser cette justice, elle se sentait particulièrement inutile.

La charmeuse lui tourna le dos et sa silhouette s’éloigna lentement dans les ténèbres de la forêt alors que Yue regardait alternativement sa flèche, son cadeau à Allen et Kyria.

Ça ne devait pas se terminer ainsi…
Elle ne voulait pas que ça se termine ainsi…
Ça ne se terminerait pas ainsi…

Serrant la flèche dans sa main un sourire se dessina sur les lèvres de l’archère. Elle ne serait jamais la spectatrice de sa vie, mais bien l’actrice. Regarder la femme de sa vie partir avec l’homme de sa vie n’était pas sa manière de faire. Elle ne restait jamais derrière. Non, c’était elle qui menait. Les autres n’avaient qu’à suivre son rythme. Et cette charmeuse serait celle qui la verrait s’éloigner de dos et non pas le contraire. Faisant craquer les vertèbres de son cou maltraité d’un mouvement de tête expert, Yue fit passer sa force dans ses jambes et d’une simple pression elle se propulsa en avant.
Elle ne la voyait plus mais sa simple odeur lui servait de lien avec elle, avec lui, avec eux. C’est ainsi qu’elle les avait retrouvé en premier lieu, c’est ainsi qu’elle agirait pour la rattraper. Ainsi elle pourrait faire cette dernière action, partager ces dernières paroles. Elle devait lui parler une dernière fois.

Le vent lui fouettait le visage, les feuilles et les branches arrachaient sa peau tendre mais un sentiment léger de liberté dominait ses pas. Elle n’agissait que pour elle, elle faisait ce qu’elle voulait et son souhait le plus cher à ce moment précis était de la rattraper.

Sa main toucha la peau froide de la jeune femme avant même que ses yeux ne la voient et reprenant à peine son souffle, Yue lui saisit la main pour y placer la flèche qu’elle venait de lui rendre.
- Je les offert à Allen pour être sure de toujours le retrouver et lui prouver mon amour. Maintenant je te l’offre pour m’assurer que je te reverrais Kyria et que cette fois-ci tu seras prête à partager mon amitié.

Puis avec la même vitesse avec laquelle elle avait saisit la main, elle la lâcha et s’écarta les mains en l’air un sourire rieur aux lèvres. Avec des petits pas très doux et loin d’être brusque comme pour ne pas effrayer un animal elle recula et avant même que la jeune femme ne puisse répondre ou refuser son cadeau, elle disparut non pas en marchant, elle aurait trop peur que la jeune femme n’essaye comme elle de la rattraper mais en courant et en s’éloignant via célérité. Elle n’avait pas l’assurance que la charmeuse la garderait et elle aurait bien tort de ne pas le faire car une flèche de cette manufacture était rare… mais en son cœur, elle avait confiance en cette par d’amour qu’elle avait perçu dans les yeux de la jeune femme…

Et puis, en un sens peut être que Kyria voulait être rattraper… sinon, au lieu de partir en marchant, elle se serait téléportée…

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