Ballade à Nevassa

Déesse, que c'était une belle journée! Non seulement le temps était merveilleusement doux et lumineux, mais la cité était animée par un sentiment de paix et d'amusement. Il était extrêmement rare de pouvoir prendre un bain de foule sans entendre des ragots désobligeants ou sans voir de coupes-bourses dans cette immense ville. Une excellente occasion d'arpenter les rues pour le simple plaisir de marcher un peu parmi la civilisation! Certes, la plupart des gens préfèrent arpenter la campagne et ses paysages tout aussi succulents que magnifiques, mais la vie citadine et sa structure décemment bâtie par la main humaine vaut aussi le détour! Car chacun d'entre nous sait bien au fond de lui que toutes ces architectures de ne sont pas essentiellement fonctionnelles, il y a une recherche d'esthétisme qui rendent les rues aussi agréables à parcourir qu'à suivre des yeux les différentes formes des pavés. D'autres pourraient encore y voir un certain romantisme caché, il n'est certes pas aussi inné que celui dont peu se prévaloir la nature sous toutes ses formes, mais l'on peut reconnaître certains attraits à ce petit nid douillé concocté par nous même, pour nous même. On s'y sens à l'aise, et même si les grands bâtiment nous empêchent de voir l'horizon, un cœur pur ne peut que s'y sentir libre.

C'est ainsi que je me baladais, tranquillement. Certaines personnes me regardaient bizarrement, d'accord, mais c'est sans doute parce que je trottinais à moitié! Je ne pouvais que me complaire de tout mes sens exacerbés par les diverses odeurs flottants dans l'air, qu'elles proviennent du parfum d'une jeune courtisane ou des différents restaurant comblant les grandes places! D'ailleurs, il serait temps d'y faire une pause bien méritée. Après tout, cela fait longtemps que je traine ci et là et mon pauvre corps commence à fatiguer:

"Bonjour monsieur!
-Bonjour, mademoiselle. Qu'est ce que ce sera pour vous aujourd'hui?
-Je prendrez une de vos pâtisseries!"

Même débourser de l'argent était un plaisir! Les gens étaient aimables, comme ci ces derniers temps rien ne pouvait troubler le bonheur de chacun. J'aimerais que chaque jour soit ainsi!

C'est ainsi que chacun de mes pas me conduisirent à m'assoir sur un banc, face à une grande fontaine. Elle était de marbre noir, représentant l'effort de guerre d'un cavalier. Même ces sacrements enfantins représentants la guerre trouvent leurs sources dans la gloire et la paix rapporter chez soit par ceux qui ont vaillamment combattu contre leurs semblables! Enfin, cette pâtisserie était trop succulente pour que je m'arrête sur des choses aussi triste!
Je devais avoir l'air encore plus heureuse que toute à l'heure, assise avec les pieds écartés mais les genoux l'un contre l'autre, croquant en souriant dans ce délicieux petit pain fourré. Qu'est ce que la vie pourrait m'offrir de plus, je vous le demande!?

Nevassa...Une grande ville par une journée ensoleillée...Où tout le monde profitait de ce superbe soleil qui éclairait la grande cité paisible, où s'agitaient gaiement les enfants, où les marchands vendaient avec de grands rires leurs produits, et où tous semblaient joyeux...
Tous...Sauf une personne...Un étranger aux cheveux rouges et aux yeux écarlates...

Kerorian avait marché durant près d'une semaine avant d'arriver à la ville, et les gens s'écartaient à son passage...Moins à cause de sa taille imposante et de son immense épée qu'à cause de son visage :
En temps normal, il faisait un peu peur...Il était froid...Peu expressif...Et semait le doute dans les esprits de ceux qui le regardaient...Mais maintenant : Il était vraiment inquiétant...Ses traits fins s'étaient durcis, ils étaient tirés...Et ça s'expliquait facilement...

Cela faisait quatre jours qu'il n'avait pas mangé, et deux qu'il n'avait pu dormir à cause de différentes créatures plus ou moins hostiles rencontrées sur le chemin...Le vagabond était résistant...Mais pas à ce point...Il était en plus fatigué car il ne s'arrêtait pas souvent...
Épuisé, affamé, et assoiffé car il avait terminé ses dernières réserves quelques heures plus tôt, il marcha, chancelant...à moitié conscient, le combattant se dirigea jusqu'à la place de la fontaine, et aperçut un banc, où était juste assise une fille, plutôt mignonne, aux cheveux verts, et qui semblait aussi heureuse qu'on pouvait l'être...

Le Rôdeur s'approcha, souhaitant se reposer un peu. Il fit glisser son énorme épée de son dos à sa main...Et s'effondra par terre sous le poids incroyable de l'arme et à cause de son affaiblissement...
La lourde lame claqua au sol tandis qu'il s'affalait peu à coté de la jeune fille, puis, grimaçant et avec difficultés, se redressa, prenant appui sur le banc pour s'y hisser et s'assoir à proximité de l'inconnue...Il la regarda de ses yeux écarlates, et souffla entre deux respirations :

"C'est normal...J'ai pas mangé ou dormi depuis plusieurs jours...Et j'ai beaucoup marché...Alors je suis un peu fatigué...Je m'appelle Kerorian...Tu saurais pas où je pourrais avaler un morceau et me reposer tranquillement ?"
Il reprit son souffle difficilement, lui habituellement si fier, si droit ! Le Rôdeur s'appuyait sur ses bras pour ne pas tomber pour de bon...Quel posture pitoyable...Lui qui avait un corps si imposant, le voila maintenant moins impressionnant que la jeune fille à coté de laquelle il était assis...

Quand j'ai quitté la fontaine des yeux, quelqu'un m'avait rejoint sur le banc. Ce personnage avait les cheveux rouges et les yeux écarlates, une combinaison assez rare. Il avait l'air si... Fatigué. Il ne m'en fallait pas moins pour agir directement, prenant sa main dans la mienne et utilisant l'autre pour lui donne la fin de ma pâtisserie. Bon, elle était certes déjà grignotée à la moitié mais vu son état il lui fallait manger:

"Tenez! Mangez ça! Désolée si il est entamé, mais il faut manger!"

Il fallait qu'il se repaisse, tout en le regardant de façon assez sévère pour l'obliger à manger. Et puis si il était difficile, c'est qu'il n'avait pas vraiment faim! J'attendis qu'il eu finit de faire son choix pour me présenter à cet inconnu. Après tout il avait commencer par dire son nom:

"Je m'appelle Nino! Mais je doute que vous ayez de quoi vous payer un vrai repas vu votre condition!"

Je parcouru du regard le personnage. Il ressemblait point pour point à un vagabond, mais un vagabond avec une grosse épée! Il ne devait pas être quelqu'un d'ordinaire, mais qu'importe, il n'avait pas l'air d'un bandit:

"Venez avec moi! Je vous emmène dans un bon restaurant! Je me doute qu'il n'est pas très élégant pour un garçon de se faire payer à manger par une fille, mais bon hihi!"

Tout en souriant, je me suis levée en attrapant la main du dénommé Kerorian, histoire de l'obliger à me suivre. Il ne restait plus qu'à se déplacer jusqu'au bon endroit! Je connaissais une bonne auberge, bien qu'un peu cher, où l'on pouvait trouver tout ce qu'on voulait. Et puis l'endroit était bien sympathique, au prix que l'on y payait, on ne nous posait pas de questions. Les tables étaient bien espacés, et l'éclairage diffus. Nous fumes rapidement installés, et il ne restait plus qu'à commander... Et à mieux connaître mon nouvel amis!

"Voilà voilà! Je vous laisse choisir ce que vous voulez... Mais dîtes moi, qu'est ce que vous à mis dans cet état?"

La jeune fille lui avait prit la main, puis y avait déposé un petit pain fourré en s'excusant qu'il était déjà entamé...Elle était folle ou quoi ? Entamé ? Mais quelle différence ? Pour lui c'était un cadeau précieux qu'il commença rapidement à manger sous le regard insistant de la dame aux cheveux verts, puis elle fit une remarque intelligente...En effet il était encore plus fauché qu'un blé...Elle s'était cependant présentée...

Nino...Un beau nom selon lui...Puis elle lui dit de la suivre, qu'elle allait l'amener dans un bon restaurant, elle dit en rigolant qu'elle savait que ce n'était pas très glorieux pour un garçon d'être invité par une fille...mais dans son état...Il ne pouvait même pas refuser...
Elle le prit par la main et commença à le tirer, il eut tout juste le temps d'empoigner son épée et de la trainer à moitié derrière lui en suivant tant bien que mal la jeune fille, puis ils arrivèrent dans une auberge et prirent une table...Mais ça le gênait...

"Voilà voilà! Je vous laisse choisir ce que vous voulez... Mais dîtes moi, qu'est ce que vous à mis dans cet état?"
Voila une question bien embêtante...Mais bon, il ne mentait jamais, et il se devait de répondre :

"Des monstres errants, ce sont eux qui m'ont empêché de dormir durant ces derniers jours...Servez-vous, je prendrais la même chose...Je...C'est la première fois que je viens dans un restaurant...C'est aussi la première fois que je mange avec une jeune fille..."
Kerorian était gêné, il passait son temps à voyager, et avant ne sortait jamais du dojo de son maître...Il était d'autant plus gêné qu'il devait son salut à une fille...Bien qu'elle soit mignonne, cela le dérangeait dans son honneur, sa fierté en prenait un coup...
"Et s'il vous plait...ne me vouvoyer pas...Je ne suis qu'un vulgaire Rôdeur..."

Peu après, la jeune fille commanda, il prit la même chose, et mangea, tremblant un peu durant le repas tant il était bon de manger ne serait-ce que du pain et un peu d'eau...Alors un vrai repas...Une fois que la note fut payée et qu'ils se levèrent, il se plaça de toute sa stature devant la dénommée Nino, puis s'assit en seiza, soit sur les genoux, et posa ses mains au sol avant de s'incliner devant la dame aux cheveux verts :
"Merci pour ce repas...J'ai une dette immense...Demandez moi ce que vous voulez...Et je le ferais..."

On aurait dit qu'il était gêné ! Ah non, il l'était bel et bien enfaite. Un grand garçon comme lui, qui à l'air d'être un guerrier avec une fierté à toutes épreuves, se laisserait aller à mes caprices juste parce que je lui ai payé un repas? Je n'y crois pas ! :

"Vous êtes donc bien un vagabond ! Et si je vous vouvoie, c'est uniquement parce que le respect outre passe la condition sociale ! Les titres et les honneurs sont donnés aux rois car ce sont des coutumes, mais la politesse ne se limite pas aux gens haut placés! "

Je lui fit un beau sourire, après tout il n'en méritait pas moins. Il se traitait peut-être un peu trop bas pour ce qu'il était, où sans doute cela revenait à sa condition de guerrier! L'honneur existe sous des formes bien nobles, mais il est toujours propres à chacun:

"Monsieur l'aubergiste, pour ma part je prendrais une assiette de votre viande la plus tendre ! Et si vous avec une bonne sauce pour l'accompagner d'épices et de pommes de terre, je suis partante !"

Toute souriante, je tournais mon regard vers Kerorian. Sans le regarder toutefois, car quand je souris, j'ai cette tendance à fermer les yeux. Je sais que cela agrémente mon visage de bonheur:

"Ce garçon choisira lui même son repas ! Car pour bien manger, il n'y a certes rien de mieux que la bonne cuisine d'autrui, mais pouvoir faire son propre choix est toujours gratifiant! Allez, hop hop!"

Je m'accoudais à la table, sans lâcher la parole:

"Par contre, en boisson, je vous demanderais un bon vin si possible !"

Je ne m'y connaissais pas vraiment en alcools, mais l'on m'a souvent dit que les vins étaient une chose excellente accompagnés d'un repas. Mais il faut aussi le consommer avec modération! :

"Voilà, ma seule demande est que vous choisissiez vous même ! Ne vous inquiétez pas, tout les plats sont sans danger hi hi !"

Encore une fois, je plongeais mon regard vers mon nouvel amis. Je me demandais comment il allait réagir à tout ça, mais je trouvais ça amusant de bousculer les théories selon lesquels les vagabonds sont mal à l'aise quand on les mets en face de ce qu'ils n'ont pas, sans doute par choix:

"Puisse que je vous invite, parlez moi un peu de vous mon chère Kerorian aux yeux écarlates!"

Quel gêne...Elle lui accordait une politesse qu'il ne méritait pas...Il n'était qu'un simple vagabond, tout juste bon à se battre et à dessiner ce qu'il voyait...Elle commanda un morceau de viande tendre...De la viande, ce n'était pas une mauvaise idée...Mais quelle ne fut pas la gêne du Rôdeur lorsqu'elle lui demanda de commander pour lui même...tandis que son visage s'empourprait légèrement, il articula sa demande :

"La viande la plus coriace que vous avez...Merci..."
C'était horrible pour lui, il était tout sauf distingué...habituellement, sa nourriture, il la chassait, il ne la commandait pas...Lorsqu'elle commanda un peu de vin, lui se contenta de demander de l'eau...Il ne pouvait pas changer ses habitudes, juste un morceau de viande, de pain, et de l'eau lui suffisait très largement...La jeune fille semblait quelqu'un de très bon vivant...Elle était adorable, et contrairement à lui souriait beaucoup...Elle avait plus sourit depuis qu'il l'avait rencontré que lui en toute une année...

"Puisse que je vous invite, parlez moi un peu de vous mon cher Kerorian aux yeux écarlates!"
Son visage devint presque aussi rouge que ses yeux...Voila qui achevait de le gêner...Devoir parler de lui...Mais il ne refuserait rien à quelqu'un d'aussi bienveillant, et encore moins si il avait une dette envers elle...Alors malgré son état, il commença à articuler :

"Je...Je m'appelle Kerorian Daeroth, mon maître m'avait surnommé "Redeye", vous devinerez pourquoi...Je suis un Rôdeur, je voyage pour recenser toutes les plantes et créatures que je peux rencontrer...Par recenser, je veux dire, étudier, prendre des notes, faire des dessins...Je cherche également différentes œuvres de poésie...Et je combat les bandits que je rencontre, les monstres qui m'attaquent..."
Kerorian était, par nature, quelqu'un de plutôt effacé, qui préférait rester méconnu et parler peu...Cependant il se devait de répondre, il aurait été impoli de ne pas satisfaire la curiosité de la dénommé Nino, et il aurait été impensable qu'il ne le fasse pas alors qu'il lui devait ce repas...Mais il ne pouvait se permettre d'être vouvoyé, c'était horrible pour lui...
"Tutoyez-moi je vous prie, je ne suis qu'un simple guerrier...Être vouvoyé me gêne encore plus..."

Le Rôdeur fixait un point juste à coté de l'assiette de la jeune fille, il ne pouvait se résoudre à la regarder directement, même lorsqu'il lui posa lui-même une question, il l'avait bien regardé, mais pas dans les yeux, il avait fixé son regard sur le menton de Nino, il n'arrivait pas à aller plus haut...
"Si je puis me permettre...Parlez moi un peu de vous..."

Il était mignon à rougir comme ça et à faire des manières sur sa façon d'être. Ah ! Non, je ne peux pas appeler ça des manières ! Ce sont des choix de vies, et je ne vais pas lui imposer les miens qui sont sur certains plans, comment dire... Un peu bourgeois ! Mais tout ceci n'est pas important, chacun peut faire comme il le souhaite. L'allégresse ne se trouve que dans le regard de celui qui sait ce qu'il est:

"D'accord ! Je te tutoierais si cela te fais plaisir! Votre vie à l'air tout aussi passionnante que dangereuse ! Vous devez avoir vu beaucoup de choses, je vous envie! Après le repas, pourriez vous me montrer quelque uns de vos croquis ? Moi je ne sais pas vraiment dessiner !"

Ce présumé vagabond était en fait un explorateur! Ce genre de personnes qui voyage au travers du monde et voit les choses différemment. Non pas parce qu'il est ce que nous ne sommes pas, mais parce qu'il fait bien plus attention aux détails ! Il les étudies minutieusement et prend chaque secondes pour ce qui compte vraiment pour son essence même: le savoir. L'intérêt né de vents nouveaux lorsqu'ils se présentent, mais la vrai force est de savoir faire en sorte que la source ne se tarisse pas dès que le calme est revenu! Il est toujours bon de rencontrer des gens qui ne sont pas imbus d'eux même alors qu'ils sont talentueux :

"Pour ma part je suis Nino, comme je vous l'ai dis tout à l'heure! Je suis une magicienne de feu qui travaille ça et là pour gagner sa croûte ! Enfin, j'ai aussi un grand héritage derrière moi alors je n'ai pas vraiment besoin de travailler... Mais j'aime aider les gens ! Enfaite, je n'ai pas grandes choses à dire sur moi ! Sachez seulement que si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là !"

Tout était parfait, sur la fin de ma phrase nous fûmes servit par le tenancier de l'auberge. Comme d'habitude, le repas avait l'air succulent. Et à mon avis, il n'en avait pas que l'air ! Je ne mangeais certes pas souvent ici, mais j'osais espérer que celui que je peux appeler mon hôte apprécia:

"Vous pourriez me compter un poème?"

Je disais ça toute attendrit, les pieds remuants sous la table, ça allait être amusant !

Kerorian sourit légèrement malgré son air gêné...Cette jeune fille...Nino...était vraiment charmante, bien qu'elle lui paraissait un peu trop...énergétique ! Lui qui avait l'habitude de se contenter de parler peu mais de dire beaucoup, cette magicienne lui semblait être son inverse :

Elle était une noble magicienne, il n'était un Rôdeur aux origines floues, il était un colosse aussi fort qu'impressionnant, elle était une jeune fille tout ce qu'il y a de plus charmant, au physique délicat et raffiné, elle semblait pleine de vie et de joie tandis que lui semblait plus déprimer qu'autre chose...Nino...Décidément, plus il réfléchissait, plus il se disait qu'elle était son contraire, sauf sur une chose : Le secours aux autres.

Elle voulait un poème ? Hm...Il en connaissait quelques uns oui...Mais les aimerait-elle ? Kerorian sortit son recueil de poésie et commença à le feuilleter, et arrêta son choix sur l'un d'entre eux, voyons si ça lui plaisait, puis répondit à ses autres questions :
"Ma vie n'a rien de passionnante aux yeux de beaucoup...Autrefois je vivais dans un temple avec un vieux moine combattant, maintenant Je voyage, je dessine, je me bats...Mais je me bats beaucoup, contre d'autres aventuriers, contre des brigands, des monstres, j'ai même failli affronter un Laguz il y a pas longtemps ! Quand à vous montrer un dessin, j'ai encore mieux à vous proposer, en faire un de vous, ce n'est pas correct, mais ça sera le début du dédommagement..."

Le vagabond commença ensuite la lecture d'un poème plutôt ancien et mystérieux, il ne lirait qu'une partie, mais c'était déjà ça...
"Lorsque la guerre des bêtes mènera le monde à sa perte, le déesse descendra des cieux.
Les ailes de lumière et d’ombre se déploieront au loin et
Elle nous guidera vers la félicité de son don éternel."

Le Rôdeur ferma le livre, et sortit de quoi écrire, donc dessiner, et commença son croquis, notant soigneusement les détails de la jeune fille souriante, s'appliquant notamment sur son visage si adorable et respirant de vie, contrairement au sien...Il avait un jour eu la mauvaise idée de s'endormir dans un cimetière, pensant qu'il y serait tranquille, mais il était si pâle de peau malgré ses voyages, et si immobile de nature, particulièrement durant son sommeil, qu'on avait faillit l'enterrer, si s'était réveillé quand on l'avait soulevé...
Enfin bref...Tandis qu'il continuait à griffonner avec beaucoup d'adresse pour quelqu'un utilisant une arme pareille, il présenta ensuite l'extrait :

"Loveless, Prologue...Il s'agit d'une suite de poèmes, écrite il y a un certain temps par un poète anonyme...Ce ne sont pas des récits classiques, leur formation est étrange, mais Ils sont mes préférés...Je peux vous lire la suite si vous le désirez, mais l'histoire ainsi racontée est sombre..."
Kerorian s'arrêta ensuite, réfléchissant, puis reprit la parole
"Je vous dois une dette énorme, si je peux vous aider d'une quelconque manière pour la rembourser, alors je le ferais...Peu importe ce que je devrais faire..."

En l'écoutant raconter son chemin qui le mena jusqu'ici, je me surpris moi même à incliner la tête sur le côté, toujours en souriant. Enfaite, je ne m'en étais pas rendu compte avant ce mouvement, mais ceci trahissait l'affection que je pouvais déjà supporter pour lui. Il est impressionnant de voir que l'on peut vite apprécier quelqu'un, en quelques minutes! Quelque soit sa provenance ou son physique, je voudrais bien que beaucoup plus de gens pensent comme moi !
Cet homme affrontait brigands et monstres, voir même des laguzs. Il était un aventurier qui luttait contre vent et marrés, mais pas le genre de personnage sans peur et reproches. Je pouvais voir dans son regard de la tristesse et même une once d'horreur pour les événements du quotidiens, qu'ils atteignent les Beorcs ou les Laguzs.

J'ai un peu occulté cette histoire de dessin dans un premier temps, car il enchaina directement sur quelques vers. A les écouter, je me retrouva plongée dans une courte réflexion sur le sens du mot "homme". Dans ce monde, les anciens sages qualifiaient tout ceux qui pouvait marcher sur leurs deux pieds, que ce soit à temps complet ou temps partiel d'"Homme". Si la Déesse a voulut de nous que nous soyons plusieurs, non pas à dominer, mais à contrôler la chaine alimentaire et à remanier la nature à notre convenance, c'est qu'il y a une raison. Et elle m'échappe ! De plus, je dirais que ce ne sont que nos culture qui nous font diverger, nous ne modifions pas notre entourage de la même façon simplement parce que nos métabolismes sont différents et que nous Beorcs, avons le désavantage de ne pas pouvoir nous installer quelque part sans y chercher de quoi entretenir nos sentiments d'une façon plus élégante que nécessaire. Mais qui oserais dire que l'Homme doit se priver de ce qu'il peut faire quand il ne nuit à personne ? Ce ne sont que parce que ceux qui ont le pouvoir voient les choses trop grand ! Nous devrions agir sur l'individualisme, plutôt que sur le corporatisme !

Je n'eus pas bien plus le temps de réfléchir, perdue dans mes pensées tout en écoutant cette magnifique diction. Le grattement sur le papier me rappela à la réalité:

"J'aime beaucoup lire ! Mais votre façon de raconter les choses transporte un vécu, alors si vous avez du temps je préférerais que ce soit vous qui lisiez !"

De façon implicite, tout en parlant, je me targuais dans une position plus simple à dessiner. Non pas que je voulais paraître plus belle ou quelque chose de la sorte, mais je sais que je préfère embellir les souvenirs d'autrui que laisser le ciel se colorer de gris pour un détail !

"Si vous voulez vraiment me faire plaisir, Kerorian aux Yeux Rouges, commencez par afficher un sourire sur votre si beau visage !"

"J'aime beaucoup lire ! Mais votre façon de raconter les choses transporte un vécu, alors si vous avez du temps je préférerais que ce soit vous qui lisiez !"
Ah bon ? Il ne savait pas que sa façon de lire transportait quoique ce soit...Bon, en même temps...Il ne parlait pas beaucoup...Et lisait encore moins des poèmes aux autres normalement...Donc c'est sûr que ça n'aide pas pour comprendre les sentiments et autres...

"Si vous voulez vraiment me faire plaisir, Kerorian aux Yeux Rouges, commencez par afficher un sourire sur votre si beau visage !"
...Ah...Voila qui était en revanche problématique...Le Rôdeur n'était pas quelqu'un de souriant...Mais elle voulait qu'il sourie...Mais ça le gênait...
Le vagabond détourna le regard sur le coté, puis plaça sa main au gant couvert de plomb devant son visage, pour cacher son honteuse coloration des joues...Il réfléchit quelques instants, puis laissa retomber son bras, ses lèvres très légèrement étirés par une sorte de sourire gêné tandis que son visage prenait peu à peu la teinte de ses yeux...et articula quelques mots :

"Je...je peux pas faire mieux...Je ne souris jamais volontairement d'habitude..."
"Redeye" reprit son dessin, d'habitude, il faisait juste un croquis aussi rapide et précis que possible car il n'avait généralement pas beaucoup de temps pour crayonner l'objectif, un animal s'enfuyait dès qu'il se rendait compte de sa présence...Donc il devait aller le plus vite possible ! Mais sans négliger l'apparence générale, ensuite, quand il avait un peu de temps libre, il essayait de perfectionner le dessin, corrigeant quelques traits, ajoutant quelques détails qu'il avait plus ou moins mémorisé, puis comparait le tracé avec l'animal lorsqu'il le recroisait...
Sauf que là, il avait du temps, alors il faisait directement un croquis aussi précis et réaliste que possible...Il aimait rendre ses dessins aussi ressemblants que le modèle, bon, c'était dur, mais il s'en sortait pas trop mal...

Une fois le dessin terminé, Kerorian le tendit à la jeune fille aux cheveux verts, il le trouvait très réussi, mais malheureusement il ne faisait jamais de couleurs...C'est dommage, ça aurait pu être joli de mettre de la couleur sur cette Nino de papier...Il dit cependant quelques mots :
"C'est agréable de dessiner quelque chose d'aussi beau que vous, ça me change des animaux, des arbres, des plantes...Vous êtes très mignonne, absolument charmante et pleine de vie ! J'ai essayé de faire ressortir cette expression sur le dessin, j'espère qu'il vous plaira..."

Le Rôdeur rangea ensuite son matériel, puis se rendit compte qu'elle lui donnait un nom trop long...Ça sonnait comme un titre, il aimait pas trop ça...Il reprit la parole doucement, hésitant encore un peu, puis déclara finalement :
"Appelez moi simplement Kerorian...Ou "Redeye", j'ai l'habitude de ces noms, et ils sont plus simple à dire que "Kerorian aux Yeux Rouges..."
Le vagabond s'interrompit, réfléchissant, puis demanda un peu timidement :
"Accepteriez-vous de me faire une démonstration de votre magie ? Je n'ai encore jamais vu de magicien à l'œuvre...Ça doit être passionnant je pense..."

Nino contempla Kerorian durant sa tentative. Qu'il était drôle de voir le rôdeur sourire! Cet homme n'arrivait vraiment pas à faire quelque chose d'aussi simple! La demoiselle ne put s'empêcher de rire à gorge déployée devant cet interaction entre Kerorian et lui même; simplement car le fait de rire le faisait rougir. Ce garçon était finalement très expressif mais ne savait pas utiliser ce talent! Comme un petit oiseau qui ne sait pas encore volé et qui s'écrase en tenant de sauter de son nid! Non pas que Nino aimerait voir un petit oiseau souffrir, mais que comme la mère de ce dernier, elle comptait bien apprendre à l'épéiste de quoi il en retourne:

"Voilà qui était très bien! Si tu le faisais plus souvent, tu ne serais pas si gêné! En plus tu as un beau sourire!"

Sans en dire plus, elle s'occupa de son assiette durant le moment où son comparse terminait son dessin. Elle l'interrompit cependant à un moment, juste après une gorgée de vin:

"Penses tout de même à manger!"

Elle s'amusait beaucoup à le regarder dans ses œuvres, cependant. Mais ce nourrir est une chose importante. Surtout quand comme lui on a pas mangé depuis longtemps! Et elle avait beaucoup plus de ressources que lui, bien que pas le même talent. Il lui était sympathique, alors autant le faire profiter un peu! On ne rencontre pas des gens normaux à tout les coins de rues. Le Black Fang est comme un ruche où on distille l'intérêt. Tous ses membres ont leur originalité, leur histoires et leurs talents. A côté d'eux, la population semble aussi banale qu'un chausson au pomme dans la vitrine du boulanger du coin. Mais cet étranger faisait la différence, et il était agréable de passer du temps avec quelqu'un qui à une vie différente de celle des assassins.

Elle prit le dessin, et le contempla. C'était très ressemblant, quoiqu'un peu embelli à son goût par endroit. Et oui, car Nino est une fille et que ces dernières ne comprennent pas qu'elles peuvent être jolies aux yeux des autres. Pourtant c'était elle, trait pour trait. Elle rougit légèrement, car rappelons que pour elle ce dessin qui l'embelli n'est pas une marque de: "tu serais mieux comme ça" mais de: "il me voit ainsi! Oh, qu'est ce qu'il se trompe! Mais qu'est ce qu'il est charmant!". C'est donc les joues tintés d'un léger pourpre qu'elle répondit à cette déclaration sur le reflet de sa beauté:

"Oh, merci Kerorian aux yeux Rouges! Tu dessines vraiment bien, je suis ébahis!"

Pour ne pas plier le dessin mais pour le conserver, elle sortie un de ses livres et le cala au milieu de deux pages pour ne pas qu'il s'abîme avant de le remettre dans son sac et de s'intéresser à son repas de nouveau, toujours souriante:

"Tu as vraiment beaucoup de talents dans les domaines où tu pratiques! Il est vraiment dommage que tu sembles ne pas souvent parler aux gens! Tu pourrais apprendre beaucoup et surtout leurs apprendre beaucoup!"

Voilà le genre de choses dont Nino est fière, elle a apprit beaucoup de choses grâce aux membres de l'organisation et a par la suite dispatché ce savoir aux autres. Ainsi, chacun profite de l'expérience d'autrui et s'enrichit de nombreuses choses. Que ce soit futile, culturel ou tout simplement des aides à la survie, ce ne sont pas des banalités sur la pluie et le beau temps. Bien que pour la magicienne, chaque chose ai un intérêt, sa curiosité naturelle la pousse toujours à chercher plus loin:

"Tu t'es présenté en tant que "Kerorian aux Yeux Rouges", alors même si ceci n'est qu'un surnom c'est que cela te tiens à cœur! Si les gens ont un nom, ce n'est pas que pour l'utiliser lorsqu'ils signent des papiers, c'est surtout pour qu'on les appellent comme ça! C'est ton nom, ton identité et même ta personnalité! Je ne t'appellerais ainsi que comme ça!"

Elle marqua une pause, écoutant sa question et lui répondit directement:

"D'accord, je te montrerais ma magie! Mais je ne suis pas très douée alors finissons de manger avant d'aller dans un espace ou personne ne risquera d'être blessé! En tant que vagabond, tu dois connaître des lieux non loin de la ville où je pourrais te montrer ça, non?"

Elle lui adressa un grand sourire, enfin une extension des lèvres plus étirée qu'à son habitude dirons nous et continua son repas en faisant bien attention à ce qu'il mange à sa faim aussi.

Commença à manger peu après qu'elle ait acceptée, un très léger sourire aux lèvres tandis qu'il commençait à réfléchir à sa demande...Il était tout à fait d'accord, si sa curiosité pouvait le mettre lui en danger sans que ce ne soit grave, il était en revanche impensable que quelqu'un d'autre, surtout un innocent, soit blessé à cause de son envie de tout voir...
Hmm...en dehors de la ville...Il y avait plusieurs solutions...Mieux valait lui demander son avis...Surtout que ça changeait pas mal de trucs l'un ou l'autre...

"On peut sortir de la cité et se rendre dans la plaine. Si on marche dix ou vingt minutes, on devrait être assez loin pour ne pas être dérangés. Et comme il n'y a rien de particulier en dehors, on ne devrait croiser personne je pense..."

Kerorian releva un peu la tête, regardant un peu au dessus de Nino, il regardait souvent en l'air lorsqu'il réfléchissait...Ça le rendait en revanche assez maladroit...Mais comme il marchait pas là...Puis il se reconcentra sur son assiette, essayant comme il pouvait de manger avec les couverts : Ce n'est pas qu'il ne savait pas s'en servir, mais qu'il en avait perdu l'habitude. Ces dernières années, sa vie fut simple et plutôt sauvage, chassant pour se nourrir, dévorant parfois les chairs crues, et ses doigts avaient pris le tic de serrer très fort ce qu'ils attrapaient, sa Zweihänder était difficile à manier car nécessitant une grande force, ses mains s'étaient adaptées...Et ne pouvaient maintenant plus utiliser avec finesse le fin couteau que le Rôdeur finit par briser en essayant désespérément de couper sa viande...
Il grogna, et entrouvrit la bouche pour s'excuser, puis se rappela qu'elle voulait le voir sourire, alors il essayant autant que possible d'étirer ses lèvres, ce qui eut pour effet de dévoiler un peu ses dents carnassières assez serrées, clairement adaptées à croquer dans la peau et les muscles :

"Excusez-moi, je n'ai plus l'habitude de manger avec des couverts...Excusez-moi pour la suite."

Lâchant ce qu'il tenait, il attrapa sa viande à la main, et commença à planter ses sortes de crocs dans la nourriture, arrachant des morceaux en tirant dessus, puis les mâchait presque avec propreté, comme le ferait n'importe qui d'assez bien élevé, sans ouvrir la bouche, sans faire vraiment de bruit, puis avala silencieusement et alla chercher un autre morceau. Et profita qu'il pouvait un peu se relâcher pour une fois pour regarder la jeune fille dans les yeux, la détaillant soigneusement en mangeant sa viande.

"Parfait! Nous irons donc après manger!"

Ce garçon était bien curieux; dans les deux sens du terme. Il est toujours intéressant de rencontrer des gens qui valent le coup en dehors de l'organisation. Ils voient les choses d'une autre façon, et les vivent de même. Et puis elle n'avait pas l'habitude de prendre un bon repas dehors. Surtout que ce n'était pas elle qui cuisinait, pour une fois. Elle qui aimait bien le changement était pourtant une parfaite petite femme d'intérieur. Comme toute belle toujours à marier, elle n'était cependant pas une de ses libertines à attendre l'amour en se prélassant dans le travail téméraire d'entretien d'habitation dans le seul but de plaire. Non, elle avait sa propre vie et ses propres envies. Et se faire dorloter en était une, même si elle devait se le payer elle même en compagnie d'un inconnu qui ma foi lui était fort sympathique. Avec ça, la conception alimentaire de cette auberge était toute relativement délicieuse; ce bougre d'aubergiste connaissait son travail! Qui aurait pu croire qu'une si jeune femme savait déjà autant de chose? Elle n'était qu'une princesse en son domaine. Celui ou la vie oisive et facile n'avait pas été son pain quotidien. Et la vie sans pain quotidien non plus, d'ailleurs.

Alors qu'elle mangeait maintenant tranquillement en compagnie de son nouvel amis aux yeux rouges, celui-ci se mit à faire quelque chose d'étrange quoi que de normal aux vues de la justification: manger avec les mains.
Mon dieu! Ce garçon n'avait aucune éducation alors! Il était vraiment aussi sauvage? Il avait du vivre élevé par des poulets à dents coupeur-de-gorges? Ou des loups peut-être!
Sa vie devait être si difficile au jour le jour si il n'avait même pas la possibilité d'utiliser des couverts! De la viande froide, rien de cuisiné!?
Voilà pourquoi il avait si faim! C'est décidé, elle allait lui apprendre une vrai façon de vivre. Après lui avoir montrer sa magie, elle lui achèterait des vêtements plus décent. Puis elle lui donnerait des astuces pour pouvoir manger et dormir correctement dans la nature.

Elle le regarda de longues secondes, avec un petit sourire gêné. Puis toute emprunte de douceur, et se leva doucement de sa chaise. Se déplaçant à pas normaux jusqu'à derrière lui, ses bras ballotant de droite à gauche dans une sorte de chanson inaudible de bonne humeur.Arrivée derrière lui, elle se pencha, appuyant son torse sur son dos. Chacune de ses main vînt prendre un des couvert pour les replacer dans les mains de Kerorian. Puis elle attrapa les mains de l'homme aux yeux rouges, et commença à les diriger en douceur:

"Ce n'est pas difficile, tu sais. Ce n'est peut-être qu'une question d'habitude mais il est bien plus hygiénique de manger avec des couvert. Je vais te montrer, tu veux bien?"

Sans attendre sa réponse, elle se mit à diriger ses mouvements pour le faire manger correctement. Elle employa cependant une telle douceur, qu'on aurait pu croire... Bah une mère, tiens.

Kerorian mâchait sobrement un nouveau morceau de viande qu'il venait d'arracher d'un bon coup de dents, encore une fois...Puis soudain, Nino se leva de sa chaise et s'approcha doucement de lui en laissant ses bras balloter alors qu'il avalait son bout de chair cuisinée, et elle se plaça derrière lui, alors qu'il ne comprenait pas.
Le Rôdeur sentit la jeune fille s'appuyer sur lui, puis il vit les deux mains fines de la magicienne prendre ses couverts pour les lui mettre dans les siennes, avant de les attraper pour les diriger doucement pour le faire manger comme il faut.

"Ce n'est pas difficile, tu sais. Ce n'est peut-être qu'une question d'habitude mais il est bien plus hygiénique de manger avec des couvert. Je vais te montrer, tu veux bien?"

Le guerrier aux cheveux rouges fut sous un tel choc, qu'il ne put même pas esquisser le moindre geste de protestation, ouvrant simplement grand la bouche sous l'étonnement et l'incompréhension, mâchant vaguement un morceau de viande qui finit par y arriver.
Ce n'est que lorsqu'il l'avala qu'il reprit conscience, réalisant enfin la situation dans laquelle il se trouvait :
Une jeune fille, qui lui arrivait à peine au milieu du torse, était en train de le faire manger en public comme si il était un enfant ? Cela lui paraissait tellement impossible qu'il ne percuta que c'était la réalité que lorsqu'il aperçut quelques personnes rire plus ou moins élégamment en le regardant.
Sa première réaction fut d'écarquiller les yeux. La deuxième fut de hurler :

"AHHHHHHHHHHHHH !!!"

Et la troisième à été de dégager ses deux mains de la prise de Nino d'un geste sec vers l'avant, puis de se jeter sur sa viande, en arrachant une bonne moitié à coup de mâchoire, avant d'enfoncer immédiatement après le reste dans sa bouche. Peu importe que ça ne rentre pas ! Il empêcha la nourriture d'en ressortir en plaquant ses deux mains, l'une par dessus l'autre, sur ses lèvres pour les forcer à rester fermées.
Kerorian tenta malgré tout de mâcher ainsi, commençant à devenir écarlate, mais complétement rouge ! Presque comme ses yeux ! Puis finit par changer à nouveau de couleur mais en tendant cette fois vers du bleu, voir même du indigo...

Cet abruti était en train de s'étouffer ! En même temps vu ce qu'il venait d'engloutir...C'est assez normal.
Après quelques minutes sans changer de position, juste de coloration, il leva la tête en se tenant un peu la gorge, réussissant enfin à avaler ce qu'il avait littéralement engouffré, manquant de s'étrangler une nouvelle fois vu la taille des "morceaux", et tomba tout simplement de sa chaise sur le coté, s'étalant sur le dos, et tapa légèrement de la main par terre à plusieurs reprises, avant de s'arrêter, reprenant son souffle...

Tout se passait bien. Enfin du moins, tout ce passa bien durant trente secondes. Après quoi Kerorian repoussa violemment les mains de Nino tout en criant, et en se jetant sur son assiette, avalant tout comme un goinfre.

Bon d'accord, elle y avait peut-être été un peu fort pour ce pauvre vagabond. Il ne devait vraiment pas être habitué à ce qu'on s'occupe de lui! Vu sa réaction, il avait du avoir peur que je lui vole sa nourriture! Le pauvre, ce n'est vraiment pas de chance d'avoir le même instinct qu'un félin. Car dieu seul sait que ces bestioles ne sont pas très douées!
Il n'empêche qu'elle ne pu se retenir de rire devant le phénomène. Elle riait de bon cœur, un peu repliée sur elle même et la main à demi devant la bouche. Un vrai fou rire. C'est vrai qu'il était rigolo, dans cette position.

Jusqu'à ce qu'il manque de s'étouffer... C'était à prévoir! Il tomba donc sur le côté, semblant presque à l'agonie. Injectons directement les rires des clients dans les veines de Kerorian en continuant à la materner, alors. Elle se mis à genoux à côté du presque cadavre et glissa sa tête sur ses genoux. Elle passa une main amicale dans ses cheveux alors qu'il toussait:

"Ne t'inquiète pas, ça va passer ♥"

De sa main gauche libre, elle leva le poing à l'envers et l'enfonça d'un mouvement sec et de tout ce que ses frêles muscles pouvait fournir comme puissance directement dans le ventre. Impossible que sa ceinture abdominale tente de lui résister puisse qu'elle dansait actuellement la samba avec du steak.
Bien sûr, elle avait fait ça en toute innocence et sous les applaudissements du publique. Sans doute que le vagabond aurait pu reprendre sa respiration tout seul, mais sait ton jamais. Il ne digérerais pas mal comme ça. Avec la main dans ses cheveux, et prévoyant la probable régurgitation elle tourna avec douceur la tête de son ami vers ses genoux. Ce n'était pas grave qu'il tâche le plancher, le service était payer pour ça! Car elle n'avait pas envie de faire un tour dehors avec une jupe sale!

Enfin, si le vagabond survivait à tout ça...

Peu après qu'il se soit effondré, Kerorian, encore en train d'agoniser, eut l'horreur de voir la jeune fille s'agenouiller à coté de lui, avant de poser doucement sa tête sur ses genoux ! Et comme si ça ne suffisait pas, elle se mit à lui passer une main dans les cheveux, c'était pas un animal de compagnie ! Pourquoi agissait-elle ainsi ?

"Ne t'inquiète pas, ça va passer ♥"

Le Rôdeur aurait écarquillé les yeux...Si il en avait eu le temps : Nino, avec une pureté absolue, venait de lui mettre un superbe coup de poing en plein ventre ! Non seulement il ne l'avait même pas vu venir, mais en plus il n'avait pas pu le bloquer vu son état agonisant.
Puis sa tête fut doucement tournée vers les genoux de la jeune magicienne, sans pour éviter qu'il ne rende son "repas" sur ses vêtements...

Heureusement pour lui, la nourriture engouffrée consentit à rester dans son estomac, en revanche, dès qu'il put commencer à reprendre son souffle, ce qui ne fut qu'après quelques minutes, Kerorian réalisa enfin dans quel cauchemar il se trouvait :
Une gamine, toute petite en plus, surtout comparée à lui, venait de l'humilier en public, déjà qu'en privé il aurait pas aimé, mais en plus, elle venait de l'achever ! Petite mais costaude hein ? Cependant, il n'était pas du genre à se laisser faire !

C'est donc avec un effort incroyable qu'il roula pitoyablement sur le coté pour tomber face contre terre, et commencer à ramper désespérément vers son épée, pour lui, cette arme était tout : Une chance de s'en sortir, un appui pour s'enfuir, le dernier reste de son honneur perdu, détruit par une espèce de naine au visage d'ange mais au cœur de démon ! Alors que Kerorian se traîna difficilement par terre avec le peu de force que l'étouffement lui avait laissé, il se mit à délirer, marmonnant faiblement :

"C'est un monstre...un diable sans pitié...Une horreur n'ayant qu'un seul nom, un être vil et cruel...Une démone aux cheveux verts. l'En...L'enfer...Il m'appelle, il veut me dévorer, il m'a envoyé son ange de la mort aux traits trompeurs ! Mais je, non, je dois fuir ! Je dois échapper au monstre miniature !"

A force de se traîner comme une larve par terre en n'usant que de ses bras, le guerrier aux cheveux rouges parvint enfin à son épée, il l'empoigna, et continua à ramper lentement, se dirigeant vers la sortie peu à peu, trèèès lentement, mais sûrement...Ou peut être pas.

Tous le monde retient son souffle durant la traversé épique de la pièce par un grand costaud rampant vers son arme, comme si il avait vu le diable. Ce qu'il cita d'ailleurs par la suite, sous les rires de l'entière taverne. Nino elle le regardait toujours en souriant, une légère goutte de sueur perlant à l'arrière de son crâne.
C'était quoi ce type finalement? Un vagabond sans peur et sans reproche qui défend la veuve et l'orphelin, prend soin de la nature et pactise même avec les plus dangereuses créatures pour avoir peur... D'une toute petite mage aux cheveux vert?

Ce garçon ne devait vraiment pas être habitué à la ville. Et il ne pouvait ainsi pas comprendre les manières de la jeune mage qui n'étaient que douceur et raffinement dans ce monde de brute ou elle vivait. D'un pas décidé, elle alla jusqu'au comptoir pour déposer la somme précise et exact due pour le repas. Comme quoi les mages sont soit prévoyants, soit maniaques.
Puis elle se hâta vers Kerorian; gambadant dans la pièce d'un trottinement joviale:

"Aller, on y va Kerorian aux Yeux Rouges!"

Se penchant sur lui en souriant, mettant par la présente sa poitrine encore en développement dans la ligne de mire parfaite du rôdeur, elle lui frictionnât les cheveux d'un mouvement de main sincère comme si elle s'occupait d'un petit enfant. Elle le trouvait bien drôle.
Puis elle se redressa, et presque sous les applaudissements de l'assemblé sortit toujours en trottinant de l'auberge. Une fois dehors, elle attendit sa sortie avec impatiente, c'était l'heure de jouer à la magie!

Enfin, si il ne s'enfuyait pas en courant...

Kerorian venait d'atteindre enfin son épée, vain espoir de salut pour lui, cette arme représentant le commencement de son voyage et étant la preuve de tous ses combats, elle incarnait à ses yeux quelque chose en quoi il avait une immense confiance et qu'il croyait profondément...Même si le "monstre" qu'il poursuivait était une gentille gamine qu'il pouvait écraser d'une seule main, il en avait maintenant terriblement peur sauf qu'il ne pouvait malgré tout ce permettre de lui faire du mal car elle restait une jeune femme innocente ! Impossible pour le Rôdeur qui s'était juré de ne pas devenir un taré assoiffé de sang de l'attaquer pour sauver ce qu'il lui restait d'honneur...

Nino paya le repas, puis s'approcha "joyeusement" d'un pauvre homme aux yeux rouges qui tremblait devant elle :

"Aller, on y va Kerorian aux Yeux Rouges!"

Elle se pencha ensuite sur lui et se mit à lui caresser adorablement, selon un observateur extérieur, les cheveux avant de se redresser et de sortir pour l'attendre alors que toute la taverne l'applaudissait...
Le guerrier lui, tremblait, et commençait à peine à se redresser, prenant appui sur sa chère Zweihänder pour compenser la faiblesse de ses jambes, due à la honte qu'il venait de subir...Mais peu à peu, son esprit reprit le dessus sur sa peur de...de la "démone aux cheveux verts" et réalisa lentement la situation alors qu'il se remettait enfin debout :
Une simple gamine lui avait collé le déshonneur de sa vie alors qu'il était sans doute plus âgé qu'elle, sans compter qu'il la dépassait d'on ne pas combien de têtes, et en plus elle l'avait fait en public !

C'en était trop ! Le Rôdeur, pourtant calme de nature, se sentit envahit par la rage...Sa gentillesse fut écrasée par la soif de venger son honneur perdu. Il cessa de trembler, respirant d'un souffle rauque, ses yeux brillèrent d'une haine furieuse souhaitant le sang de celle qui lui avait ôté sa dignité. Maintenant debout, tenant parfaitement sur ses deux jambes, Kerorian empoigna son épée avant de la soulever et de se mettre en position de combat face à Nino. Il ne voyait plus une jeune femme mais un ennemi à abattre !

Un hurlement guerrier retentit alors qu'il se précipita vers elle, parfaitement décidé à la trancher en deux d'un bon coup de Zweihänder, laissant traîner un peu l'arme derrière lui en chargeant, et lorsqu'il jugea être assez près, fit lever sa lame pour préparer une grande attaque verticale qui...ne rencontra que le haut de l'entrée ! Plantant ainsi la grande épée dans le mur et le plafond qui était somme toute plutôt bas pour un tel outil de guerre...Laissant ainsi Kerorian tenter de la déloger en tirant furieusement dessus, elle n'était pas enfoncée très profondément, mais bien assez pour l'empêcher de la retirer pour le moment...

Elle ne pensait pas l'avoir autant traumatisé, le pauvre. De l’extérieur de la taverne, elle le regardait en souriant tout en se mordant la lèvre. Un peu de remord quant à son comportement, elle se voulait désolée d'avoir été brutale. Sans doute que cela ne fonctionne que sur les assassins? Enfin, elle était heureuse de s'être fait un nouvel ami même si la dite amitié était vaguement compromise dans l'état actuel des choses. Un vagabond ne devait pas avoir l'habitude d'être materné avec autant de tact et de gentillesse. Elle fit se rejoindre ses mains dans son dos et se tortilla un peu sur le côté, son pied tournant sur le sol avec un air gêné:

"Je suis désolée Kerorian aux Yeux Rouges, je voulais vous faire passer un bon moment et je crois que je vous ai blessé dans votre égo. Alors je vais y aller! Mais la prochaine fois je ferais tout ce que vous voudrez pour me faire pardonner!"

Il n'y avait bien sûr rien d'autre que de l'innocence dans cette phrase. Mais à part elle, personne n'avait du s'en rendre compte. Elle était gênée d'avoir humilié ce garçon, même si il y avait participé en se rebellant. Elle était cependant contente en se disant qu'elle devait être sa seule amie, lui qui était si solitaire:

"Je suis ravie de pouvoir vous appeler mon ami! Je serais toujours là si vous en avez besoin!"

A ces mots, elle se tourna et partie en marchant normalement, effectuant un dernier "coucou" de la main en souriant envers le rôdeur bloqué. Il lui fallait sans doute du temps pour comprendre ce qu'était l'amitié, et si elle était peu développée pour le moment, elle se disait qu'il reviendrait la voir. Après tout, elle devait encore lui montrer sa magie.

Ses pas l'éloignait au fur et à mesure du guerrier, et elle se mit à gambader tranquillement. Ce fut une bonne journée, elle avait bien mangé et avait rencontré quelqu'un de différent. Marginal, mais pas un assassin. Elle aurait bien voulu en apprendre plus, mais il était bien trop timide! Vivement la prochaine fois!

Nino lui dit quelque chose qu'il n'entendit même pas à cause de sa folie furieuse, ce n'était pas la première fois qu'il s'énervait à cause de quelqu'un au point d'en devenir très violent, par contre c'était bien la première que ça lui arrivait à cause d'une jeune fille, innocente qui plus est... Lorsque Kerorian parvint enfin à décoincer son épée de la porte, il remarqua soudainement que sa "cible" n'était plus là et le Rôdeur recouvrit enfin ses esprits et écarquilla net les yeux :
Mais qu'est ce qu'il avait fait ? Il venait de tenter de se servir de sa Zweihänder sur une pauvre jeune fille qui l'avait aidé et qui avait voulu lui apprendre les bonnes manières, un beau geste ! Pas une agression qui valait d'être menacé de mort ! Et lui il lui avait foncé dessus en essayant de la trancher...Quel idiot. Comment avait-il pu péter un casque à se point ?

Il devait s'excuser...Et au plus vite ! Le guerrier aux cheveux rouges se précipita dehors, sa grande épée à la main, et scruta les alentours pour tenter d'apercevoir la mage aux cheveux verts, mais sans succès. Elle était déjà partie. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne lui en tienne pas trop rancœur et que le destin veuille bien les faire se rencontrer à nouveau...

"Et merde !"

Kerorian plaça son épée devant lui, verticalement, avant de la pencher un peu en avant en reculant la tête puis de ramener la lame aussi fort que possible en mettant un coup de boule phénoménal au plat de son arme, puis de se tenir le front maintenant un peu saignant avant de ranger la grande lame. Cette action était stupide et sans intérêt, mais elle agissait comme une sorte de..punition pour le Rôdeur très attaché au respect et à l'honneur.

Se disant qu'il était dommage de n'avoir pu s'excuser pour son comportement violent, ingrat et impulsif, le guerrier se jura d'offrir un repas à la jeune fille la prochaine fois qu'il la verrait en dédommagement, puis se remit en route. Il n'aimait pas les villes, et Nevassa était la capitale de Daein, alors plus vite il en sera sorti, mieux il se portera...

» Ballade à Crimea

Ballade à Nevassa

Ballade à Nevassa

Sujets similaires

Sujets similaires