Criméa, nation où jadis les deux races, Beorc et Laguz, vivaient dans un semblant de paix et de tolérance. Les pas de Griffin l'ont mené jusqu'à cette terre, si éloignée de sa terre natale, et tellement si différente. Même si le climat de conflit imminent avait pour le moins affaibli cette fraternité entre les deux peuples, l'ambiance serait sans doute finalement plus saine qu'à Begnion et son Sénat corrompu, ou encore à Daien, terre de toutes les ségrégations raciales. Et si Griffin était venu jusqu'ici, c'était bien pour trouver la lumière, et la plus grande tolérance possible vis-à-vis de son cas si particulier, pour se racheter une conduite.

Toujours encapuchonné et emmitouflé dans sa cape de couleur bordeaux, il pénétra sans le moindre problème en Mélior, la capitale du pays, et parcourait les rues de la cité pour que ses pas le conduisent jusqu'à la cathédrale de la ville, lieu de culte voué à la grande Ashera. Il rentra dans le bâtiment, qui en comparaison de celle de Begnion, paraissait plutôt petite dans son genre. Cela dit il reconnaissait l'organisation sans faille d'une église digne de ce nom. Il retira sa capuche, dévoilant ses cheveux argentés et son faciès assez jeune, bien qu'un léger bandage ne couvre le dessous de son œil gauche, afin de masquer sa condition de Marqué. Lorsqu'il était duc de Persis, son origine n'avait que faire face à son pouvoir, mais maintenant, relégué au rang de vagabond, sa Marque représentait un outrage, d'autant plus en approchant du conflit imminent. Chassant ses pensées, il continua son avancée dans la grande demeure de la Déesse, et posait la main sur chaque pilier de marbre blanc qu'il croisait en longeant la grande salle de cérémonie par la droite. Et enfin, il trouve l'objet de sa convoitise : le confessionnal. Peut-être qu'un être vivant dans cette région de paix et de fraternité mutuelle pourra lui faire pardonner ses fautes et lui remontrer la véritable voie. Il n'y avait personne en attente devant le lieu, ainsi Griffin ne fit que décaler légèrement le rideau pour pénétrer dans la pièce du confessionnal.

Il se plaça face à la sorte de grille à moitié bouchée séparant le prêtre du noble déchu, et ce dernier se mit à genoux face à celle-ci en joignant les mains sous son visage et en fermant lentement les paupières, jusqu'à ce qu'il ne puisse réfléchir à rien d'autre qu'à lui-même, et aux soucis qui l'angoissaient.

" Bonjour mon Père, je suis ici présent parce que j'ai pêché... "

Depuis huit heure du matin, Ray avait fait son boulot de moine. Il avait marché pendant une bonne demi-heure pour se rendre à l'église se jours-çi et une longue journée l'attendait, et il le savait. Il était dans le confessionnal et devait écouter chacune des personnes, qui citaient leur péchés. Il n'y avait rien d'intéressant ou de divertissant. C'était chiant. Il était assis dans le noir, pendant presque 3 heures, à un moment il avait failli s'endormir. Mais il tenait tête contre la somnolence, il devait le faire sinon qu'elle image de lui ça lui ferait. Les gens défilaient avec leurs problèmes quotidiens.

Il se disait que bientôt ça allait être finit, bientôt un autre moine. Mais au moment où Ray croyait enfin pouvoir sortir un dernier pécheur ouvrit le rideau, il remit tout de suite ses fesses sur le coussinet. Et il l'écoutait. Il allait écouter les soucis d'une autre personne encore une fois, et ça allait surement par finir par Déesse vous pardonne. Ray mit alors de coté son ennuie et se concentra sur ce qu'allait dire la personne.

" Bonjour mon Père, je suis ici présent parce que j'ai pêché... "

Ray lui répondit avec l'éternelle et répétitive phrase.

"  Je vous écoute mon enfant "

[HRP] Bah ouai c'est petit mais je ne savais quoi mettre.[/HRP]

Il était conscient que la moindre parole, le moindre acte se devait d'être modéré à l'extrême. Même si recherchait une quelconque rédemption, il devait être honnête, et ça ne lui avait pas tellement réussi dans un passé proche. Il se mordit la lèvre inférieure à cette pensée, car c'était pour cela qu'il en était maintenant réduit à tout ça. Mais sachant qu'il ne pourrait pas tomber plus bas, il se lança enfin.

" J'ai pêché, bien que j'ai été proche de l'Église moi-même je m'en suis éloigné, en croyant vouloir accomplir la volonté de la Déesse. "

Il inspira longuement, puis expira lentement, pour se calmer intérieurement. Il connaissait bien la Volonté de la Déesse, mais lui était parfaitement à remettre en cause dans son attitude orgueilleuse et pleine d'assurance. Il continua.

" J'ai souhaité la mort de tellement de personnes, par le passé j'aurais aimé voir ce monde disparaître pour pouvoir repartir de zéro, et je... "

Il s'arrêta, tremblant légèrement des mains, et ravalant sa salive. Fallait-il continuer ? Allait-on pouvoir l'aider efficacement ? Il en doutait, il n'a toujours eu confiance qu'en lui-même. Et pourtant...

" Je... J'en ai encore envie ! Je n'arrive pas à retirer ces idées de ma tête, je... suis complètement perdu, je ne sais pas où est mon but, ni comment le réaliser...! Ma confiance en moi est ébranlée, je me sens perverti jusqu'au plus profond de moi, on m'a tellement reproché mes agissements, j'ai tellement honte au fond de moi mais je ne connais rien d'autre que ce but malsain, et j'ai... tout perdu à cause de ça... "

Il se sentait pathétique, mais avait-il tellement le choix. Il n'avait rien précisé, mais il sentait la frustration monter en lui, comme si chaque mot prononcé faisait remonter des souvenirs pénibles. Il tenta tout de même de conclure.

" Comment puis-je... trouver une meilleure voie que celle de la destruction...? Même si la question semble bête et la réponse évidente pour vous, moi je ne sais pas comment changer... "

" Je vois... "

Griffin relativisa amplement la situation, avait-il affaire à un véritable prêtre ? Ses propos étaient malsains, grâves, mais était-il si loin de la vérité, au final... Le Pardon à ce stade n'était pas permis, pas en ce pays, pas en continent, pas en ce monde. Il ne restait donc que la haine et la destruction pour lui-même... Comme la Déesse le lui avait convenu, ceci étant dit.

" Je vois, ainsi la Déesse ne s'était pas trompée... "

Il sortit son petit poignard cérémonial, et commença à se scarifier le visage, en prévision d'une potentielle fuite à faire, quitte à perdre de la mana, il pouvait désormais changer l'apparence de son visage en appuyant sur les fines blessures sanguinolentes afin d'alourdir les traits creusés de son visage, avant de changer partiellement la couleur de ses cheveux, passant dans un brun prononcé.

" Mais il y a une incohérence dans votre récit, mon Père. "

Il rangea sa dague doucement, et esquissa un maigre sourire.

" Si la Déesse désire en effet la Destruction du Mal sous toutes ses formes, alors je suivrais ce contexte à la lettre. Mais là où vous vous trompez, c'est la notion de Bien et de Mal que vous avez, qui diffère totalement avec celle de la Déesse, n'en vous déplaise. Ô grande Ashera, déesse de l'Ordre voit venir en ce monde le Chaos, par conséquent je m'affilerais à sa volonté de détruire le Chaos sans restriction. Vous avez raison, j'ai sans doute tout perdu en agissant ainsi, mais maintenant je sais qu'il ne faut pas laisser ce sacrifice vain. "

L'ex Duc se releva, sous un visage différent et, avant tout, une optique des choses renouvelées. Finalement cette altercation avec l'Impératrice n'était qu'un contretemps, et la mission dont il s'est chargé ne doit pas être interrompue pour rien au monde, pas même à cause d'elle, non...

" Vous qui n'avez aucune notion du Pardon, je vous salue bien bas, prêtre de pacotille... "

Il tira à nouveau le rideau pour sortir de l'enclave du Confessionnal, et prit la direction de la sortie de la Cathédrale.

Une poussée, un choc à la mâchoire, rude et violent. De quoi faire flancher les jambes du noble, très peu habitué physiquement à prendre ce genre de coups, mais néanmoins il ne chuta pas, rattrapé par le prêtre en face de lui... les mains autour du cou. Un nouveau choc, contre un mur, tandis que l'air commençait à manquer au niveau de sa respiration, tandis que l'agresseur lui susurrait des mots doux à l'oreille, avant de renforcer sa prise. Le premier réflexe de Griffin fut d'essayer d'écarter les mains de l'homme serrant sa gorge, mais rien n'y faisait, la force physique était loin de faire partie des avantages du Marqué. L'autre recours était d'appeler à l'aide, mais sa voix semblait se perdre dans sa gorge et aucun son n'en sortait. De plus il n'y avait à cette heure que peu de monde dans la cathédrale, et isolés près du Confessionnal, la situation tournait largement en la faveur de l'assaillant.

L'intelligence consiste en une longue réflexion méditée et sûre, tandis que l'astuce mesurait l'efficacité de décisions prises assez rapidement. Et si Griffin était un être doué d'une intelligence redoutable, il n'en était pas moins quelqu'un de modérément astucieux, surtout dans une situation de stress comme celle-ci. Il sentait perdre ses moyens tandis que le pseudo-prêtre essayait petit à petit de lui faire perdre la vie. La seule issue résidait dans l'automatisme des hommes physiquement plus faibles que les autres, et afin de palier à ce handicap, se munissait d'armes mortelles. En y repensant soudainement, Griffin mit lentement la main au niveau d'une poche, pour y dégainer la lame de son poignard cérémonial, avant de le planter fortement de bas en haut dans le bras gauche de ce cinglé. L'effet fut presque immédiat, et la prise se relâcha d'un coup. Un autre réflexe, un coup de pied pour repousser définitivement en arrière l'individu de ce dangereux corps-à-corps. Juste après il saisit sa gorge libérée de sa main gauche, non armée, tout en commençant à haleter fortement pour reprendre rapidement sa respiration, avant de se mettre à tousser.

" Espèce... de... "

L'homme venait de riposter. Tout d'abord, il lui enfonça un couteau le long de son bras gauche ce qui fait que Ray a directement lâché son lui laissant du sang sur celui-ci à cause des blessures qui s'était fait auparavant. Puis, il lui éjecta un coup de pied, déstabilisé, il finit par le prendre au cou.
Il lui parlait avec du mal, il haletait.

Ray prit son temps et le regardait droits dans les yeux. Il lui donna alors un coups de genou sur le ventre afin de se libérer.

«  Pourquoi veux-tu tuer ? Détruire ? Et a qui tu t'es en ai déjà prit ? » disait-il en le regardant avec un air de hauteur, de froideur et même de dégouts. Il avait sans doute tort ou non, il ne s'était à vrai dire jamais poser la question de ce qu'était le bon et le mal. Ils étaient donc face à face et chacun de leur pas et son étaient amplifiés par le vide et la grandeur de la cathédrale.

Encore un coup, et celui-ci fit plier sous la force le corps de Griffin en deux, stratégiquement placé dans le ventre pour insister sur la perte du souffle du Marqué. Cependant cette fois le prêtre semblait y réfléchir à deux fois avant de s'attaquer à nouveau contre un homme armé. Furieux et sous le coup de la colère, il cria dans une froideur sans pareille :

" Pourquoi veux-tu tuer ? Détruire ? Et a qui tu t'es en ai déjà prit ? "

Interloqué, limite choqué, Griffin répliqua aussitôt en bafouillant.

" Mais... Mais...! J'ai jamais tué personne, merde ! "

Le noble déchu avait été assez crû dans ses termes, mais la colère mélangé à de l'incompréhension l'envahissait, le privant totalement d'étiquette. Néanmoins cette réaction soudaine avait eu le don de laisser pantois son interlocuteur, ne sachant plus sur le coup s'il devait continuer à frapper ou se mettre à s'expliquer avec l'autre énergumène.

" Je vous l'ai dit, j'ai souhaité la mort d'autrui à plusieurs reprises, je n'ai jamais dit que j'étais passé réellement à l'acte ! Seulement...! ...Seulement... "

Sa tête commençait à tourner, et il se sentait défaillir. La colère avait atteint le seuil critique et transitait vers le regret, la peine... Griffin tituba en arrière et sondos rencontra le mur à nouveau, qu'il descendit au fur et à mesure jusqu'à se retrouver en position assise, adossé au mur de la cathédrale, et le regard perdu vers le sol.

" Seulement ce n'est pas ce que je veux... Ce n'est plus ce que je souhaite, j'aimerais... Être débarrassé de tout ça, comme si j'avais fait un mauvais rêve et que je me réveillais... Mais je n'arrive pas à me raisonner, j'ai toujours vécu comme ça, c'est si difficile de changer. Vous ne comprenez pas sans doute cette haine qui vous ronge de l'intérieur, contre tous les gens qui ont détruit votre passé, tout ce qui comptait à vos yeux... Comment pouvez-vous comprendre, après tout... "

Une larmichette s'écoula de son œil droit, presque imperceptible pour quiconque ne fixait pas le visage du Marqué à cet instant précis. La tension était redescendu, et les nerfs de Griffin lâchaient peu à peu.

" Je suis pitoyable, un être aussi dénoué de volonté tel que moi... est définitivement nul... "

" Je suis désolé. "

" C'est moi qui suis désolé pour votre bras, je... Eh mais... "

Un léger silence se fit, puis Griffin eut une exclamation passagère et de très courte durée, tel un hoquet. Sauf qu'il réitéra son coup une seconde fois, et une autre, pour au final éclater de rire lentement, puis de plus en plus rapidement. Son rire dura vingt bonnes secondes, ce qui aux vues des circonstances du dialogue était déjà exceptionnel. Griffin sécha son œil droit encore une fois, s'arrêtant à moitié de rigoler tout en parlant.

" Ah ah... Eh bien je viens pour demander le Pardon à l'Église, et au final c'est un prêtre qui s'excuse auprès de moi, n'est-ce pas ironique ? "

Une fois calmé, le Marqué rangea finalement son poignard cérémonial dans son petit fourreau et se releva doucement, en prenant appui sur le mur cependant. Il n'avait toujours pas entièrement récupéré de la correction qu'il avait reçu il y a quelques minutes.

" Dis donc pour un prêtre assigné au Confessionnal vous n'êtes bien plus bagarreur et costaud que cérébral... Enfin ne prenez pas ça mal, si je devais recommencer à vous demander pardon je risque à nouveau de perdre ma vie, vil danger public... "

Il s'amusait légèrement avec cet homme, au final c'était parti sur un énorme malentendu et, bien qu'il n'ait pas vraiment reçu une réponse totale et suprême à ses soucis, il en avait au moins un début d'élément pour continuer sa quête de Rédemption.

La situation avait radicalement changé, d'une atmosphère tendu et conflictuelle à une atmosphère conviviale. Il ne voyait plus l'homme qui était à coter de lui de la même façon qu'avant. Il commençait même à avoir de l'affection envers lui, il lui ressemblait d'une part. Lorsque l'homme avait rigolé, Ray eu un petit sourire en coin.


" Dis donc pour un prêtre assigné au Confessionnal vous n'êtes bien plus bagarreur et costaud que cérébral... Enfin ne prenez pas ça mal, si je devais recommencer à vous demander pardon je risque à nouveau de perdre ma vie, vil danger public... "

Il avait de l'humour aussi, un humour pas très gentil mais de l'humour subtil et marrant. Il rigolait. C'était une personne vraiment sympathique malgré son passé et maintenant Ray voulait l'aider, l'aider à le guider même si comme il le disait que Ray était plus « costaud » que « cérébrale ».

«  Faites attention à ce que vous dites ! » lui répondit-il en rigolant et reprit tout de suite la parole.

« On se parle depuis tout à l'heure mais on ne connait même pas nos prénoms respectifs, je me nomme Ray, Ray Molfing » disait-il avec cette fois çi un air plus interrogatif toujours en regardant le plafond.

Griffin fut légèrement surpris quand même que le prêtre avait lui aussi changé de comportement, il l'avait imaginé plus sanguin que ça et donc moins facile à calmer. Finalement peut-être que ce comportement violent était certes un malentendu, mais probablement mû par un sentiment de haine pour les entités enfreignant la justice, comme ce Ray semblait fou de rage à cette idée. Enfin c'était le passé maintenant, il ne tiendrait que peu rigueur des faits passés, bien que la strangulation lui restait encore en travers de la gorge, il devait faire un effort de compréhension. Ils n'étaient pas si différents que ça, au final. Enfin sur ce point commun au moins c'était indéniable, mais là où Ray était franc et direct pour détruire son ennemi, Griffin avait toujours tenté d'utiliser sa matière grise et son intelligence pour rendre cet état de fait le plus simple possible. Comme quoi la comparaison s'arrêtait à un simple historique légèrement ressemblant dans la fatalité.

" Désolé encore, je suis Adams, Rob Adams, philosophe itinérant... "

Il lui tendit la main, que le dénommé Ray serra avec assez de conviction.

" Eh bien, votre poigne de main n'a d'égale que votre punch. Dites-moi, pourquoi un homme d'Église comme vous a réussi à développer une telle force ? "

Question-piège, il était évident qu'il ne devait rien révéler sur sa véritable identité, car non seulement cela pourrait compromettre son statut à la Maison de Persis à jamais, mais en plus il n'avait plus vraiment la tête de Griffin Adams actuellement. Le dilemme ne devait même pas y avoir lieu, il était obligé de mentir platement et sans vergogne à cette personne, mais qu'importe si jamais il n'avait plus jamais à le rencontrer.

" J'ai vécu la plupart de mon enfance dans les alentours de Sienne, en plein empire de Begnion. Mais si je suis aussi éloigné de ma mère patrie, c'est que comme je l'ai dit auparavant, je suis philosophe itinérant. Je m'instruis sur les différentes pensées de chaque royaume afin de compiler, adapter, comparer chaque type et chaque mode de réflexion sur tel ou tel sujet. Passionnant n'est-ce pas ? "

Cela devenait malsain, s'il continuait à fouiller encore plus en lui, Griffin allait sans doute se retrouver acculé par ses propres mensonges. Plutôt que cela arrive, il tenta de s'éclipser tranquillement.

" Enfin je bavarde, je bavarde, et je ne vois pas le temps passer. J'imagine que vous avez encore du temps à passer au Confessionnal ou autre devoir en cette Sainte demeure, ainsije vais vous laisser tranquille, au plaisir de vous revoir un jour, messire Molfing. Au revoir...! "

Il fit volte-face et tenta de commencer à partir. En vain ? Il ne l'espérait vraiment pas, faites qu'il ne le retienne pas une seconde de plus de sa présence.

Enfin, il en était débarrassé. Il put enfin quitter la cathédrale d'un pas rapide et rejoindre la foule dans un anonymat complet. Cependant Griffin se sentait vraiment mal dans sa peau, sans mauvais jeu de mots, à cause de son sort de déguisement. C'était vraiment désagréable de ne pas reconnaître son visage au toucher, de voir ses mèches de cheveux virevoltant dans l'air dans une couleur différente... Il prit cinq à dix minutes de marche à changer de quartier, pour pénétrer dans une zone résidentielle plus calme. Il bifurqua alors dans une petite ruelle, pour déboucher dans une seconde, parallèle à l'axe principal. D'ici personne ne le verrait, c'était certain, du coup il put alors décompresser un peu et faire peu attention à ce qui l'entourait. Il ferma les yeux en plaçant la paume de sa main droite sur son front.

" Que l'illusion soit sanctifiée et se dévoile la chimère... "

Seul le plus attentif des observateurs aurait pu apercevoir un faible halo de lumière entourer la main du Marqué, et ce dernier passa alors lentement celle-ci le long de son visage, de haut en bas, et à son passage les traits originaux du noble refaisaient surface. Une fois le menton dépassé, il plaqua ses mains paume contre paume, ouvrit le creux de ses mains pour parcourir alors ses cheveux plaqués en arrière, qui reprirent leur apparence blanchâtre et, bizarrement, se mirent presque en bataille, comme à l'habitude dans le physique originel de notre énergumène.

" Bien, maintenant repartons p... "

Il se stoppa lorsque, en se retournant, il put se rendre compte d'une présence proche de lui, qu'il n'avait pourtant pas détecter auparavant, même à l'ouïe. Finalement, les ennuis n'avaient pas cessé d'être présent.

Deux fois. Cela faisait deux fois en moins d'une faible demi-heure que la confiance de Griffin sauta loin, très loin de lui. Une goutte de sueur lui parcourut le long du visage tandis qu'un frisson lui glaça l'échine. Cet homme, il l'avait suivi, mais pire que tout, il l'avait vu et démasqué. Enfin plus ou moins, il ne devait certainement pas connaître son identité, mais maintenant il se doutait que ce Ray Molfing là ne devait pas être content. Être trompé était une chose, être pris pour un imbécile également, alors quand on cumule les deux... La réponse se caractérisa par une droite en pleine joue, qui fit encore une fois chuter le Marqué en arrière, se tenant maintenant l'endroit de l'impact.

" Non...! Non, c'est un malentendu, atten... "

Un léger bond en arrière le fit esquiver un coup de pied, apparemment la parlotte ne fonctionnerait plus, mais autant essayer une ultime fois. Il se relevait rapidement en plaçant sa main droite en avant, comme pour lui indiquer de ne pas continuer à attaquer, pour qu'il puisse lui expliquer.

" C'est... J'ai du avoir recours à ça, je n'ai pas eu le choix, cette... violence verbale que vous avez eu lors de votre sermon dans le confessionnal, alors j'ai... Mais je vous jure que ce que j'ai dit tout à l'heure est la vérité absolue ! "

Il ne pouvait finalement pas se permettre de dire toute la vérité non plus, que dirait-il face à une histoire qui pourrait lui paraître grotesque et ridicule. Autant repartir sur la base du philosophe, en espérant que ça marche... une seconde fois.

Griffin Adams est né d'une mère Héron dans la forêt de Serenes, et a vécu une enfance extrêmement paisible, loin de toute violence comme c'était l'adage dans cette contrée. Personne n'avait appris à se battre, d'une part parce qu'ils en étaient incapables, d'autre part parce qu'ils n'en avaient pas besoin. La paix dans son état le plus primaire, le plus absolu. La plus belle des vies...

Ce temps était révolu, et depuis longtemps. Et encore une fois, la violence Beorc tentait de faire trembler Serenes, en quelque sorte. Le prêtre fou tentait de rouer de coups le Marqué, impuissant physiquement face à une telle folie. Mis à terre, Griffin vit l'homme cracher à côté de lui, faisant preuve d'une incroyable intolérance. Et c'est ainsi que la grande dualité se faisait face à face à nouveau, entre la demande de rédemption et la quête de purification du monde. Cet homme devait mourir ! Mais s'il le tuait, ce serait un aller simple vers la Destruction, il ne pouvait... Hélas, dans un laps de temps court, Griffin leva la main vers le ciel.



Il se concentra, son doigt émettait une légère lumière tandis qu'un halo vint entourer Ray, et la lumière autour du prêtre s'intensifiait au fur et à mesure que le halo rapetissait en forme de cercle. Et le cercle visait les jambes du Beorc. La Lumière, concentrée au maximum, faucha l'homme qui tomba au sol. Griffin en profita pour se relever et épousseter sa cape.

" ...Pauvre fou, apprenez où est votre place. "

Il fit volte face, lui tournant le dos délibérément, et commença à courir en direction de la grande rue, et potentiellement la sortie de la ville semblait-il. Valait mieux ne pas rester dans les parages.


[Je pense qu'on a fini, tu peux conclure toi-même ou bien on peut voir pour la 'suite' , mais bon]