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 Morgan, espoir et désespoir

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MessageSujet: Morgan, espoir et désespoir   Morgan, espoir et désespoir I_icon_minitimeDim 19 Sep - 18:22

o Informations générales :

Nom : Aeldor
Prénom : Morgan
Âge : 21 ans
Race : Beorc
Peuple : Daein
Classe : Mage

o Description du Personnage :

Caractère :

Morgan possède une deuxième personnalité, c'est une voie de fuite qui s'est formée lorsqu'il avait 15 ans, et qui est l'exact opposé du jeune garçon, une personnalité créée inconsciemment parce qu'il ne pouvait gérer son désespoir.

Peut-on définir une chose aussi compliquée? En ce qui me concerne, je pense que non. Mais je vais essayer.
Mon principal défaut, je pense que c'est mon manque d'initiative, ou plutôt le fait que j'attends toujours une stuation désespérée pour prendre sur moi, et me décider à agir. Ma mère m'a toujours dit que j'étais trop naif, mais elle me disait aussi que j'étais capable de déceler tout les pièges, c'est contradictoire, je pense plutôt qu'elle faisait référence au fait que j'accorde trop facilement ma confiance aux gens. Sans aucune prétention, je serai enclin à dire que mon trait de caractère le plus dominant est l'intelligence, ma mémoire et j'ai un bon esprit tactique selon ma mère, elle pense aussi que j'ai un don pour l'analyse, bien que je ne me trouve absolument rien de spécial, c'est naturel.
J'ai toujours analysé les choses, les comportements, les situations, la vie, la mort, la justice, le royaume, la guerre, l'amour. Et j'en ai tiré une conclusion, les Beorc et les Laguz, les humains et les sous-humains, se ressemblent bien trop, et c'est cela qui les poussent à la haine. Et cette haine de leur ressemblances avec des êtres inférieurs se transforme en honte, et fini dans le sang et la mort. Je n'ai aucun préjugé envers les sous-humains, parce que je ne fais confiance qu'à ce que je vois, et que je n'en ai encore jamais vu.
La seule chose que je hais au monde...c'est l'ignorance.
La seule chose que je vénère au monde, c'est la justice.
Pourquoi? Parce que l'ignorance est commune à la plupart des habitants du monde, et cette crainte de l'inconnu peut les pousser à suivre n'importe qui, à faire n'importe quoi. La justice est une notion libre, que chacun peut interpréter comme il le souhaite, mais à laquelle tous doivent se plier. Un manque de justice engendre le chaos, une mauvaise justice engendre le désespoir, la vraie justice, doit être admise par tous, elle doit protéger les faibles, et être crainte des forts.


La justice? Ne me faites pas rire. Ce genre de choses n'a aucune importance dans ce monde. La loi du plus fort est la seule loi régnant ici bas. Les faibles sont exterminés, voilà la vérité. Ceux qui me désobeissent meurent, je suis la vengeance. La punition divine qui s'abbat sur ceux qui sont mes ennemis. L'incarnation des péchés, de la colère, de la peine, le Désespoir. Ce que je fais, je le fais pour nous. Je le fais parce que c'est nécessaire, parce que Morgan est lache, et bien trop naif. Je suis seul, ce qui et paradoxale puisque nous sommes deux. La confiance est synonyme de trahison. La haine est un sentiment naturel, présent chez tous les êtres, j'en suis un fragment.
Je hais tout au monde.
Je ne vénère rien au monde.
Pourquoi? Parce que je suis le seul qui importe. Je suis tout. Personne ne peut s'opposer à moi, celui qui le fais mourra. Je suis la colère de Morgan, sa tristesse, son arrogance, sa jalousie, son envie, son courage, sa haine. Je suis le Désespoir, et il est l'Espoir. Je suis la force et il est la faiblesse.


Physique :

De ce côté là, je suis bien plus facile à définir, en vérité il n'y a pas grand chose à dire. Je suis un Beorc, de sexe humain, j'ai 21 ans, ma musculature étant très peu développée, cela accentue davantage mon physique svelte. Je me confonds très facilement avec des enfants plus jeunes de quelques années, un peu trop d'ailleurs.
C'est ma faute, privilégier l'étude de la magie et de la stratégie aux exercices physique se répercute indiscutablement, mais c'était mon choix. Je ne porte jamais d'armes, si ce ne sont quelques grimoires magiques dont je me sers parfois, mais j'ai préféré apprendre les formules d'incantations par coeur, même si je ne les maitrisent pas toutes encore.
Mon visage est assez fin, à l'instar de mon corps, mes cheveux argentés sont le trait le plus remarqué de mon physique, je suis plutôt rapidement repérable avec ceci, mais cela ne me dérange guère, je les aimes ainsi. Après tout, ils sont le dernier présent de ma mère, et les rejeter, ce serait rejeter mon histoire. Le jeune mage que je suis porte habituellement des vêtements modestes, c'est bien plus pratique que tous ces habits officiels, ou les vestes de cérémonie. Pour finir avec ma description, je pensequ'il serait juste de parler de mes yeux, verts émeraude, on dit des yeux qu'ils sont le portail de l'âme, cela signifierait-il que mon âme est rempli d'espoirs?


Histoire :

Si avoir du pouvoir est mal, est-ce que ne pas en avoir signifie être juste?
Il n'y a ni mal ni justice. Le pouvoir est tout.
Est-ce que la justice peut cohabiter avec la vengeance?
La vengeance est la justice.
Est-ce que le mal doit être combattus par la justice?
Pour combattre le mal, il faut devenir le mal à son tour.
La fin doit-elle justifier les moyens? Est-ce que l'on peut prendre une vie, pour en sauver une autre?
Une vie n'est rien, seule la survie importe. Pour cela, tout les moyens sont bons.
Toutes ces interrogations sont sans réponses, chaque être choisit sa propre voie, moi, j'ai déjà choisi la mienne.
____________________________________________

Prologue : Vie

L'empire de Daein, l'un des pays possédant la plus grande force militaire du continent, nourrissant une haine féroce envers les Laguz, haine entretenue à travers les générations, enseignée aux enfants, qui ont le devoir d'hair les sous-humains pour être de bons citoyens, c'est Daein. Dans une famille de riches marchands, un enfant trouve la naissance, c'est le deuxième héritier, une jeune fille nommée Eleane. Une vie parfaite s'annonçait pour elle, une famille aimante, deux parents et un grand frère, une scolarité sans embuches, un travail tout désigné, rien ne pouvait troubler le bonheur qui se mettait en place ce jour là.

Huit ans passèrent, Eleane avait bien grandi, son grand frère était toujours sur ces talons, ce qui énervait celle-ci. Mais Morgan ne pouvait laisser sa petite soeur sans protection, il l'aimait bien plus que tout. Alors lorsqu'il partait pour assiter aux réunions de son père, il ne cessait de rappeler à sa soeur ce qu'elle devait faire et ne pas faire, une mauvaise habitude, cette surprotection était bien disproportionnée, mais il ne savait s'en empêcher. Ces deux étaient proches, ils se comprenaient mieux que quiconque, la joie de l'une rendait heureux l'autre, le bonheur de l'un faisait sourire l'autre. Cette proximité venait peut-être du fait que leur père semblait les ignorer, leur mère étant rarement présente. Mais, comme toutes les choses, le bonheur a une fin.

C'était trop parfait, trop beau pour être la réalité. Le soir même, mon rêve cessa.
_____________________________________________

Chapitre 1 : Feu

La vieille du onzième anniversaire de l'aîné de la famille, Eleane avait 8 ans, et semblait heureuse de célébrer l'événement qui prendrait place le lendemain. Il était tard mais elle confectionnait toujours le cadeau qu'elle allait offrir à son frère. La mère de famille rentra plus tôt que prévu, et fut accueilli par un élan de joie de la jeune fille qui plongea littéralement dans ses bras. Presque des larmes aux yeux, tellement l'absence fut longue, sa dernière apparition datait d'il y a plus de cinq mois.
En un éclair, Eleane exposa le récit de ses derniers mois, à une vitesse surprenante, comme si elle avait peur de voir repartir instantanément celle qu'elle aimait. Malheureusement, elle n'avait pas tort.

Des cris retentirent, et des flammes apparurent. La demeure prenait feu, en l'espace de quelques instants, les flammes venaient d'envahir la pièce dans laquelle se trouvaient les deux filles, un léger bruit frappa la porte, elle venait d'être bloquée, scellant le seul moyen de fuite possible. La jeune fille apeurée, se plaquait contre les jambes de sa mère, tenant fermement entre ses mains un dessin pour le conserver à l'abri des flammes. De l'énergie se condensa autour de la mère qui tentait de dissiper le feu à l'aide de la magie, mais rien ne fit. Les forces animant le feu étaient bien plus grandes que les siennes, alors même qu'elle était mage dans l'armée, elle avait trouvée une magie plus imposante, plus cruelle. Un sentiment la pris brusquement à la gorge, elle n'était même pas capable de protéger une vie, de protéger une jeune fille, sa fille.

- Ma...maman, il fait chaud...

La fillette toussa, puis tomba sur ses genoux, il y avait un peu plus d'air par ici. La mère descendit à son niveau, la rassurant, tandis que les flammes se dirigeaient vers elles.

- Tout va bien. Ne sois pas effrayée. Nous sommes ensemble...

La morsure des flammes ne laisse aucune échappatoire. Bientôt, le feu s'emparait des corps des deux humaines. Tandis que deux autres personnes assistaient, impuissantes, à la destruction de leur famille.

- Eleane...

Père et moi...nous étions rentrés à la maison tardivement, et nous regardions. La maison prenait feu, à l'extérieur, les corps de plusieurs de nos serviteurs. Et, une image est restée dans mon esprit, alors que je sombrai dans le désespoir, je me suis retourné, tentant d'apercevoir une lueur d'espoir en mon père, mais ce que je vis, c'était un sourire...un rictus couvrant presque la totalité de son visage, qu'il avait tellement de mal à cacher...à partir de ce jour, tout changea.
_____________________________________________

Les deux extrémités d'une même ligne, nommée existence.

_______________

« Morale, lois, justice, des concepts inventés pour restreindre nos possibilités. Si tu veux quelque chose prends le et cesse d'espérer. »

Voilà quatre ans qu’elles étaient mortes, il avait quinze ans à présent. Les deux seules personnes sur lesquelles il pouvait compter, les deux seules qu’il aimait. Sa mère, souvent absente mais toujours attentive et touchante, aimante, bienveillante, et généreuse, avait-elle seulement des défauts? Il ne s’en souvenait pas, il ne voulait pas. Son image si parfaite de sa mère, qui décéda lorsqu’il avait à peine onze ans, ne pouvait être ternie. Elle était peu présente c’est vrai, mais chaque instant passé avec elle durait une éternité. Et, bien sûr, il y avait Eleane. Une petite fille de huit ans, un visage fin, des cheveux argentés, un regard doux et si innocent, et ce sourire, qui vous donnait l’impression d’être la chose la plus importante au monde. Elle ressemblait tellement à sa mère, à l’exception de ses yeux émeraudes, qu’elle tenait d’une autre personne, et le fait qu’elle était toujours à ses côtés. Ou plutôt, il était toujours à ses côtés.

- Oui…toujours sur tes talons…

Il souria à ce doux souvenir, combien de fois l’avait-elle réprimandée à ce sujet? Pour une enfant de huit ans, elle avait un sens de la répartie étrangement bien développé. Mais il n’en avait cure, il continuait de la suivre, difficile de décrire cette attitude, voulait-il la protéger, ou simplement la garder pour lui? Garder ce sourire…pour toujours.

- J’ai échoué…

Quelques larmes coulèrent de ses yeux, cela brûlait, pourquoi cela lui faisait-il aussi mal? Depuis quatre années il pleurait, il pleurait et il étudiait, il pleurait et il marchait, il pleurait et il dormait, pourquoi? Pour quelle raison vivrait-il à présent? D’ailleurs pourquoi était-il en vie? Il n’avait plus rien, on lui avait tout prix! Que lui restait-il? Son père? Un homme égocentrique qui tira le plus de profit de la mort de sa mère, et épousa sa maitresse la semaine suivante. Ses amis? Encore fallait-il en avoir. Ce qui l’avait gardé en vie, c’était la magie. L’étude longue et compliquée des arcanes magiques, pour lesquelles sa mère le complimentait tant, ces mêmes études qu’il faisait avec sa jeune sœur, Eleane. Mais désormais…ses compétences dépassaient celles de la plupart des magiciens, il connaissait les formulations compliquées de tous les sorts du niveau E à C par cœur. Qui pourrait en dire autant? A 15 ans, son niveau de maitrise de la magie surpassait celui de ses professeurs. Un génie, tout le monde l’appelait ainsi, depuis qu’à 4 ans, il formula sa première incantation. Il savait psalmodier avant de savoir écrire, grâce ou peut-être à cause de son père qui voulait en faire le digne héritier.

- Rien. Cela n’a servi à rien. Que voulez-vous que je protège maintenant? Vous êtes parties!!

Sa main heurta violemment le sol, il pleurait, à gros sanglots. Le jour de leur mort, il n’avait fait que regarder de l’extérieur leur maison qui brûlait. Et maintenant à quoi servait-il? A rien. Au moins quand elles étaient là…il pouvait essayer de les rendre heureuses…mais maintenant? Qu’est-ce qui pouvait animer son esprit, et le pousser à aller de l’avant?
Son regard se perdit sur la paire de talismans qu’il tenait dans sa main, sous cet angle, il pouvait apercevoir son reflet dans la gemme rouge, le reflet d’un être faible, au bord du désespoir, un être si…pitoyable.
Soudain, la réponse lui vint, simplement.

- Tu n’es…pas moi.

Qui était-il? Il s’en fichait, à ce moment précis, la seule chose qu’il désirait, c’était combler ce vide qui emplissait sa poitrine et sa gorge depuis des années, cette chose qu’il s’était refusé à envisager, que ses préceptes de justice ne pouvaient accepter. Ce qui le titillait à chaque instant depuis quatre ans…la vengeance.


______________________

« Fais un choix, et emprunte ta propre voie. Ne juge pas les autres, juge toi. »

Le jour même, Morgan fut mandé par son père, Belios, ils se rencontrèrent dans une forêt, cela faisait bien quelques mois qu’ils ne s’étaient pas parlés, en fait, ils n’avaient jamais véritablement discuté, depuis…ce jour. Ce n’était donc pas son père qu’il allait voir, mais un homme demandant à le voir, un homme pour qui il éprouvait presque de l’indifférence. Le concerné sortit une dague lorsqu’il fut assez près, et menaça Morgan. La personnalité de ce dernier changea complétement en un instant, le jeune garçon désespéré, naif, et lâche, prit un ton autoritaire. D’une certaine façon, Morgan l’avait toujours su. Depuis qu’il aperçut ce sourire lors de la destruction de leur maison, non même avant…cet homme a toujours été dangereux. Avare, prétentieux, orgeuilleux, et ne reculant devant rien. Il le savait, il avait juste…choisi de se bander les yeux.

- Evidemment…un feu normal n’aurait pas pu défaire une magicienne de son calibre.

En vérité, cet homme non plus, il avait certainement des complices. Morgan pouvait évaluer sa puissance, et il n’aurait jamais pu produire un sort plus puissant qu’elle, en étant seul.

- Oui...elle était perspicace, mais sa confiance en la bonté l’a perdu.
- Tu l’as simplement jeté…pourquoi m’attaquer maintenant?
- Toi aussi tu es devenu inutile, et trop perspicace…


Un sceau rouge apparut sous ses pieds, et trois immenses sphères enflammées quittèrent le sol, pour se précipiter sur le jeune garçon. Une grande prison de flammes l’engloutit alors, et lorsque la fumée se dissipa, il était encore là. Il avait simplement tendu sa main en avant, et encaissé l’attaque.

- Est-ce tout ce dont tu es capable? Pitoyable.

Il n’avait pas une seule blessure, la seule trace visible de l’attaque fut une petite brulure sur sa main, d’aussi grande ampleur qu’une brûlure de cuisine. Sa résistance magique était élevée, et on pouvait distinguer deux petites lumières étincellantes autour de son cou.

- Impossible…des talismans?

Des talismans magiques, des artefacts extrèmement rares, augmentant la résistance de leur porteur…qu’est-ce qu’un gamin faisait en leur possession? Comment les avait-il obtenu?

- Très impressionnant, comme espéré de mon fils. dit-il en levant sa main droite.

A ce moment précis, une flèche perça à travers les arbres de la forêt, pour enfin transpercer l’épaule gauche du jeune mage. Il s’était déporté sur le côté pour éviter la flèche, mais pas assez vite. Au moins, il put éviter l’impact mortel sur son cœur. Il tomba à genoux dans un cri de douleur, sa vue était floue, sa respiration difficile, et la forêt…extrèmement calme, seul le rire de l’homme se tenant devant lui, résonnait à travers les bois. N’écoutant que son instinct, il rassembla ses forces, se leva et prit position derrière un arbre, aussitôt marqué de l’impact d’une flèche.

- C’est ça cache toi, fuis comme la misérable proie que tu es!

Il n’avait pas apprécié la précédente remarque du mage, et se dirigeait désormais vers l’archer lui servant de soutien. Quel bonheur, de constater à quel point cet homme était stupide!! Une autre flèche toucha l’arbre, et le bruit des pas de Belios s‘arrêta. Très rapidement, et non sans une prononçiation légèrement perturbée par la fléche plantée dans son épaule, Morgan toucha son livre et psalmodia de mémoire les vers du tome magique.

- Bolganone!

S’il était à portée de flèche, ils étaient à portée de magie, et le sage des flammes, Belios, s’était arrêté, simplement parce qu’il venait de rejoindre l’archer, ce qui était la meilleure façon de lui indiquer leur position.
Une grande boule feu sortit du sol, enflammant les arbres et la végétation dans un rayon de cinq mètres, l’archer fut sévérement touché et Belios encaissa lui aussi quelques dégats. Morgan profita de la panique qui régnait pour se rapprocher du lieu rongé par les flammes, il se tenait l’épaule mais ses jambes n’avaient jamais aussi bien fonctionnées. Il atteignit les lieux en une dizaine de pas, et d’un sort d’Inferno, élimina définitivement la menace qu’était cet archer.

- Impossible!!

Peur. Il avait peur, et le jeune mage aimait ça. Belios, Sage du feu, avait trouvé une plus forte magie de flammes. Il saisi de nouveau sa dague et d’un geste désespéré, se jeta sur son fils, seulement ce dernier fut plus rapide, et une boule de feu percuta sa main, et fit voler l’arme, puis une autre toucha sa tête, le mettant à terre. Une partie de son visage était brulé. Belios faisait preuve d’une bonne résistance magique, mais qui face à une telle puissance, n’avait plus aucun sens.

- Att…attends! Laisse moi! Les gardes vont arriver d’une minute à l’autre.
- Rien à faire.
- Tu ne peux me tuer! Je…je suis ton père!!
- Non.


Il se rapprocha de lui, ses pieds s’enfonçant dans le sol noir. Le monde n’était que flammes, un immense brasier qui se répandait dans la forêt, un grand Purgatoire, semblable à ce qu’il s‘était imaginé des Enfers. Morgan saisit la dague de sa main droite, et la plaça délicatement sous le cou de celui avec lequel il partegeait son sang, mais qu’il n’avait jamais vu comme son père.

- Tu es…le père de Morgan. Le père d’un être faible, lâche et pitoyable.

Surement un trait de caractère, en tout cas, il n’était pas son père. Quelques larmes coulèrent de ses yeux, jusqu’à son cou, se mêlant au sang qui sortait de la petite entaille.

- Pitié…je…je regrette mes actions…je…
- Tu es un magicien…en tant que tel, tu ne mérites pas de mourir ainsi.


Il lacha doucement l’étreinte qu’appliquait l’arme sur le cou du Sage, et la planta dans l’écorce de l’arbre qui commençait à brûler juste à côté. Belios soupira de soulagement, et une main se posa sur son front.

- Les magiciens…doivent périr brûlés.
- Non, attends!!
- Cendres tu as été, cendres tu redeviendras. Bon voyage aux Enfers.
- ATT…


Un feu d’une intensité incomparable fut invoqué, calcinant à la fois Belios, Morgan qui fut protegé de sa propre attaque par les talismans mais aussi toute végétation dans un rayon d’une dizaines de mètres, interdisant toute possible repousse. Ce qui ne devait être qu’un simple Bolganone s’était révélé trois à quatre fois plus puissant. Belios mit quelques secondes à mourir complétement, sa résistance magique l’empechant de périr sur le coup, et en observant le désespoir qui envahissait le visage de cet homme, la peur et la peine, jusqu’à la mort, Morgan partit dans un rire incontrôlé
.
Oui…ça, c’était la Vengeance! Quel bonheur! Jamais il n’avait sentit pareille sensation, tel plaisir! Soudain, il entendit des bruits de pas dans la forêt, apparemment, cet homme n’avait pas menti, et les gardes qu’il avait embauché arrivaient. Voyant leur employeur mort, il était peu probable qu’ils se décident à poursuivre le jeune garçon, il repartit tout de même, sa main toujours appuyée sur son épaule. Non sans contempler une dernière fois son œuvre.


***

« La seule chose que peut engendrer la tristesse, c’est la pitié. Cesse de t’incliner, et fais les s’incliner. Relève la tête, et lève toi. Ainsi du monde tu seras roi. »

Froid. Et silencieux. C’est comme cela qu’il se sentait. La partie inférieure de son corps était immergée, dans quelques centimètres d’eau, ses pensées étaient confuses, et il avait très froid à l’épaule. Le jeune sage ouvrit les yeux, puis les referma aussitôt éblouit qu’il fut par la lumière du soleil.
Chaud, et bruyant. C’est comme cela qu’il percevait l’environnement. Les rayons du soleil lui réchauffaient la peau, et un essaim d’oiseaux tous plus assourdissants les uns que les autres parcouraient le ciel. Comment s’était-il retrouvé là? Il l’ignorait. Mais il connaissait bien cet endroit, il y était le matin même…cet endroit si spécial.

*Belios m’a fait quérir…je suis allé le voir et puis…comment suis-je revenu ici?*

Il était blessé. Une entaille faite par une lame ou…non plutôt un projectile, la pointe d’une flèche ou d’un javelot. Il se releva doucement, titubant légèrement et il s’effondrit aussitôt dans le petit ruisseau. Il était mort de fatigue. Dans ce même état qu’il avait maintes fois expérimenté, quand il se trouvait drainé de sa magie. La magie anima puise sa source dans l’âme du magicien, s’il en avait utilisé un peu plus, il ne serait plus là à l’heure qu’il est. Il prit un bon appui, et se hissa hors de la rivière, puis jusqu’aux tombes. Enfin, elles n’étaient là qu’en figuration, puisque les corps brûlèrent dans l’incendie.
Il fléchit de nouveau, et s’assit finalement, cette blessure faisait mal…comment une blessure comme celle-ci pouvait se répandre aussi vite? Son corps se figea…bien sûr, un quelconque poison. Et selon toute probabilité, les talismans ralentirent sa propagation, comme le ferait un bâton Vitalis. Tiens, en pensant aux talismans…

- Ah…je les ai pris, désolé. dit-il d’une voix frêle.

Il ne savait pas pourquoi d’ailleurs, cela étant, les talismans pouvaient à présent retourner à leurs propriétaires.

- Je suppose que j’ai rompu notre promesse, Eléane.

Il posa délicatement l’un des talismans autour de la « tombe » puis fit de même avec l’autre.

- Mère, je vous le rend, comme vous le souhaitiez.

C’était…il y a cinq ans, elle offrit à ses deux enfants, deux artefacts qui furent trouvés lors d’une de ses recherches. Une paire de talismans, très anciens, mais qui n’avaient rien perdu de leur puissance d‘antan. Un sourire apparut sur les lèvres de Morgan alors qu’il se remémorait les paroles de sa mère.

« Ces talismans, voyez-vous, furent créés par un couple de puissants magiciens, pour protéger leur amour, et le conserver à travers le temps. Ils ne doivent jamais être séparés, et tant qu’ils sont ensemble, leur amour perdurera toujours. »

Etait-ce un moyen de pousser Morgan à toujours veiller sur sa sœur? Avait-elle pressenti ce qui arriverait? Ou était-ce tout simplement le cadeau d’une mère attentionnée à ses deux enfants adorés? Il ne le saurait jamais, mais il devait faire en sorte qu’ils restent ensemble, parce que le seul moment où ils furent séparés, c’était il y a exactement quatre ans. Quelle légende naïve…

« Dis, grand frère, quand nous serons grand, marions-nous! Et nous resterons tout le temps ensemble! »

Voilà que ces souvenirs venaient de nouveau le hanter, elle avait quoi à cette époque, quatre ans? Il lui avait fait cette stupide promesse, de toujours la protéger, et à ses sept ans, lorsqu’ils reçurent les talismans, elle lui fit jurer de toujours rester à ses côtés, pour préserver la légende des talismans, et de ne pas les utiliser car cela risquerait de libérer l‘amour contenu dans les bijoux. Elle y croyait vraiment. Mais finalement, il n’avait pu respecter aucune des deux, et il l’avait trahit. Il les avait trahi.

- Fichu poison…je ne peux quasiment plus...bouger…

Il le disait presque avec le sourire, allait-il mourir? Après tout ce n’était pas si grave, car il irait rejoindre sa sœur. Mais alors…pourquoi? Pourquoi pleurait-il?


***

« La mort est la fin de tout, ton passé, ton présent et ton futur s’évanouissent en un instant. Comprends le monde pendant ta vie, et jusqu‘au dernier moment. »

Hasard ou simple coïncidence? Il n’avait jamais cru au destin. Une chose qui vous dirige et guide vos actes? Foutaises! Il était le seul à décider! Et personne d’autre! Il mourrait quand il le désirerait, un point c’est tout!!

- Je ne mourrai…pas…d’une simple flèche…lancée par un vulgaire archer!!!

Une incantation, puis une boule de feu apparue dans sa main, remède qu’il appliqua directement sur son épaule. Dans un cri de douleur, la plaie cotérisa. Et au passage, la pointe de la flèche fut consumée, ainsi qu’une très grande partie de l’intérieur de la plaie, il était assez doué pour viser juste, mais pas assez pour éviter ce genre d’effets. Un sourire triomphant apparut sur son visage, mais le poison s’était déjà étendu…quelques minutes s’écoulèrent et le prêtre du manoir débarqua, en panique, la nouvelle qu’il transportait était terrible, mais ce qu’il vit le lui fit presque oublier.

- Jeune maître! Vous êtes blessé!
- Sans blague…tu es toujours aussi perspicace vieil charogne.
- Vous êtes étrange...On vous a attaqué n’est-ce pas?!
- Non, j’avais du temps à tuer alors je me suis dit « tiens si je m‘infligeais des blessures gra…ves » .


Il s’effondra. S’il n’avait même plus la force de se moquer, il était vraiment dans un sale état. Sinon, il l’aurait enterré, ce vieux hibou, en lançant une réplique cinglante, qui lui aurait cloué le bec…

- Maître Morgan!!

*Qui aurait besoin de toi? Je n’ai besoin de personne…tu veux périr…comme ton maitre?*

- Je n’ai qu’un seul maitre.

Chier, il semblerait que sa dernière pensée vienne de se transformer en phrase. Une lumière étincella, tandis que l’esprit du jeune Sage se voilait.


***

« Ne cesse jamais d’avancer, cours, marche, rampe, mais progresse.
Et si un mur t‘en empêche, pulvérise-le, et n‘attends pas qu‘il se dresse..»

Son père était mort. Et lui était vivant. Il fut sauvé par le prêtre du manoir, Elfied, qui lui transmit la nouvelle de la mort de son père. Il était mort calciné…comme le reste de sa famille. Etait-ce un coup du sort? Une malédiction? Morgan pensait plus à une vengeance, après sa mère et sa sœur, c’était son père qui était visé, peut-être même que la première fois, c’était également son père la cible? Il ne savait pas. Pourrait-il un jour le savoir?

En tout cas, la mort de cet homme ne changeait pas grand chose, il n’avait pas versé la moindre larme, la mort d’un étranger l’aurait tout autant affecté…voire plus encore. La question demeurait donc, qu’allait-il faire? Continuer à vivre sans but, comme ces dernières années? Non, il ne le voulait pas. Il ne pouvait simplement pas regarder le monde vivre sans lui, et attendre sa propre mort, par simple respect pour sa famille. Une autre chose était certaine, il ne pouvait pas rester à Daein. Trop de souvenirs, trop de peine, et trop de rumeurs…peu de magiciens seraient capable d’éliminer son père, et la façon dont cela s’était produit rappelait étrangement le premier « accident » la seule personne en profitant était…lui. Simple logique donc, que les soupçons se tournent vers le survivant. Et puis Daein devait faire face à l’occupation de Begnion, ce fut surement ce qui motiva son départ. Il se mit en tête de parcourir le monde, et d’aller à Begnion quand les temps seraient plus propices, pour faire cesser l’occupation de Daein. Et il souhaitait plus que tout, voir des Laguz. La dernière chose qu’un Beorc souhaiterait, lui, il le désirait ardemment. Il souhaitait les voir, et vérifier de ses propres yeux, s’ils étaient comme on le lui avait décrit.

- Elfied, je vous confie la gestion des affaires familiales.
- Maître Morgan…vous allez vraiment quitter le pays?
- Oui. Je reviendrai, et d’une manière ou d’une autre, je ferai cesser cette occupation.


Un sourire illumina le vieux visage du prêtre, ce jeune garçon qu’il avait toujours vu comme son petit fils, était soudain devenu un homme. Il avait accepté l’inacceptable, et trouvé une raison de vivre.

- A bientôt, Elfied.
- A bientôt, jeune maître.


Il poussa la magnifique porte de fer, inspira une dernière bouffée d’air de son jardin, et quitta la propriété des Aeldor. Oui, quelque chose de nouveau allait commencer, il pouvait le dire, le sentir. Le jeune garçon nommé Morgan avait à présent une chose après laquelle courir, un indiscernable objectif, qu’il allait à présent poursuivre. Un futur.


***


Dernière édition par Morgan le Mer 27 Juil - 20:40, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Morgan, espoir et désespoir   Morgan, espoir et désespoir I_icon_minitimeDim 19 Sep - 18:22


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«Personne ne naît magicien comme personne ne naît musicien. La seule et unique chose qui peut donner un sens à cette musique, c'est un cœur.»

On ne devient pas magicien en apprenant parfaitement les formules magiques, l'important dans la magie, c'est la communion avec les esprits. La magie anima se nourrit de l'âme de son utilisateur, consume peu à peu son énergie vitale et finit inéluctablement par le détruire; tous les magiciens sont au courant de l'épée de Damoclès qui pend au dessus d'eux, la tentation de succomber à un pouvoir plus grand, de perdre le contrôle de son corps. Car ce qui fait le talent d'un magicien, ce n'est pas sa mémoire ou son intelligence, ce n'est pas son calme ou sa rationalité, ce sont ses sentiments. L'amour, la haine, l'envie, bons comme mauvais, plus ils sont forts, plus leur matérialisation est importante.
Voilà pourquoi il était le plus fort. Parce qu'il pouvait alterner entre la haine et la bonté infinie, parce que ses deux personnalités étaient séparées, aucune impureté ne les souillait.


-A...arrêtez.
-Que ressens-tu? Peur? Colère? Quels sentiments t'animent?
-J'ai...j'ai une famille.

Sa main s'abattit sur le visage du vieil homme dont la tête heurta le mur avec force sous le choc. Cet homme se nommait Gildas, un marchand tout ce qu'il y a de plus ordinaire dans le monde des marchands, il vendait des armes aussi diverses que des épées, des flèches, des tomes ou encore des bâtons et un grand nombre d'armures. La boutique dans laquelle se trouvaient le mage et son ennemi était un bâtiment modeste, son propriétaire arrivait tout juste à rembourser son crédit et avait du mal à joindre les deux bouts en temps de crise agricole. Qu'avait-il fait pour mériter un tel châtiment? C'est la question qui hanta son esprit ses cinq dernières minutes, au moment où ce jeune garçon pénétra dans sa boutique et élimina sous ses yeux l'un de ses clients.
Le regard du magicien se fit plus sévère qu'il ne l'était déjà, tandis que dans sa main la tête de l'homme se débattait, ses deux jambes étaient déjà en partie calcinées, et s'il souhaitait prendre la fuite, il devrait le faire en rampant.


-Moi aussi, j'en avais une.

La déflagration fut soudaine et ne laissa aucune possibilité de riposte, une seconde suffit pour mettre fin à ses jours, un travail propre et net, sans bavure. Pourquoi l'avait-il tué? Pour se venger. De près ou de loin, d'une façon ou d'une autre, cet homme était responsable de la mort de sa sœur. Il fournissait ses armes aux personnes qui avaient tendu l'embuscade ce jour là, depuis plus de sept ans, il les avait traqués, un par un, remonté le fil des assassins depuis son père jusqu'à la ligue des magiciens de Daein, tous, sans exceptions, périrent.
Mais c'était insuffisant. Insuffisant pour combler ce vide, insuffisant pour répondre à ce besoin d'absolu, cette volonté de les punir TOUS. Ce désir enflait de jour en jour, à chaque meurtre, il amplifiait, et tendait vers l'infini. Il ne serait pas rassasié tant qu'il n'aurait pas tué tous les responsables, et en y réfléchissant, les responsables n'étaient-ils pas tous les humains? Ne fallait-il pas éliminer chaque être sur cette terre pour qu'enfin elle repose enfin en paix?


-Reste à ta place!

Il attrapa sa tête de ses deux mains, et recula contre le mur, ça faisait mal, très mal. Comme si son âme se déchirait, sa conscience lui était retirée, son cœur se faisait aspiré, l'Autre voulait reprendre le contrôle. Quelle plaie, depuis quand était-il devenu si puissant? Cet être si faible et si pathétique n'avait aucun droit à réclamer, et surement pas celui de régner sur son corps! C'était lui qui dirigeait! La loi du plus fort! Pourquoi donc refusait-il de l'accepter?!
Il glissa le long du mur pour finir accroupi, et une étagère s'écroula sous ses yeux à la suite des chocs qu'avait subis la maison.


-Ne t'en mêle pas...
-Plus un geste!

Deux soldats pénétrèrent dans la maison, et le premier recula d'effroi devant le spectacle. Un homme au visage et aux jambes calcinés gisait au sol, impossible à identifier si ce n'était par ses vêtements, à ses côtés un jeune garçon qui devait avoir environ 17 ans était avachi, la tête entre ses bras.

-Quelle horreur... toi là qu'est-ce qui...

Le second fut stoppé par son chef de patrouille, qui lui montra le tome de feu posé près de lui. Un murmure d'incompréhension, puis son regard changea du tout au tout, passant de la compassion à la colère, il pointa sa lance sur le jeune garçon.

-Pourquoi as-tu fais ça! Réponds!
-Pourquoi...?
-Vous êtes en état d'arrestation, obtempérez calmement.

A l'inverse, son mentor était extrêmement calme, le soldat était déjà aguerri, et fut au service de l'armée avant de rejoindre la milice, il avait déjà combattu des mages et assisté à plus de leurs forfaits que son collègue. Et cet enfant était probablement un jeune magicien emporté par le pouvoir, comme il en avait déjà vu de nombreux.

-En état d'arrestation...? Moi?

Il releva la tête, ses yeux fixèrent les deux silhouettes avant de s'attarder sur leur regard, de la haine et de la pitié, deux formes de condescendance, deux formes d'humiliation.
Un sourire carnassier naquit sur ses lèvres, et le premier soldat fut projeté contre le mur par une boule de feu, immédiatement l'autre réagit en empalant sa lance dans le visage du mage. Mais ce dernier esquiva au dernier moment, bloqua la lance de son coude et de sa main libre projeta un sort de Feu sur son adversaire qui s'étala au sol.


-A genoux! Inclinez vous devant la Peur!
-Enfoiré...

Le jeune soldat écarta les débris qui l'entourait, se saisit de sa lance et chargea de toute son âme sur le criminel, d'un pas de côté il esquiva le premier coup d'estoc, puis le second avant de faire un pas en avant et de poser sa main sur l'armure du garde. Une impulsion, et il heurta de nouveau le mur, sombrant cette fois dans l'inconscience. Il ne l'avait pas tué, ce serait une perte de temps, et il n'en avait guère l'envie. Inconscient de la différence de niveau, ou simplement trop fou pour l'analyser, le chef de la garde plongea, à mains nues, sur le mage de feu. Surpris par cette attaque imprévisible Morgan n'eut le temps de réagir que déjà il tombait sur le parquet, son adversaire le frappa au visage à deux reprises, le choc de ses gantelets rendait chaque coup plus fort. Sûr de son avantage, c'est dans l'incompréhension la plus totale que le dernier coup de poing fut stoppé à quelques centimètres du visage, par un cri.
Le soldat reporta son attention à droite, une jeune fille se tenait , tremblante, devant l'affreuse scène. Elle se nommait Priscilla, le soldat l'avait déjà croisé maintes fois en patrouillant, une vraie petite perle, belle, joviale, généreuse. Le spectacle n'en était que plus troublant pour le lancier, car elle affichait à présent un visage rempli de peur et d'incompréhension, elle observait un jeune garçon se faire frapper à mort par un homme en armure, et à leur droite, un corps noirci et méconnaissable. Le soldat ne voulait pas la blesser, mais ce qu'il craignait plus que tout à cet instant, c'était d'être lui-même blessé. Une lumière blanche s'échappait du livre qu'elle tenait entre ses mains, et elle n'en avait probablement même pas conscience.


-Non...euh...ce n'est pas...
-PARTEZ!
-Attends...je vais tout t'expliquer...
-N'approchez pas!!!

En un instant, l'homme passa de vie à trépas. Personne, ni lui, ni même le mage des flammes n'avait vu venir cette attaque. Le temps se gela, ainsi que toute vie en ce corps. Le soldat bouillonnant de fureur n'était plus qu'une sculpture de glace, figé à jamais dans sa dernière action. La lanceuse du sort fut la première surprise, et recula de peur, Morgan écarquillait les yeux devant ce spectacle...cette fille était une mage? Une telle énergie dont il n'avait pas sentie la présence...impossible.
Ce n'était pas tout, elle venait de geler entièrement un être humain? En un coup? Quel prodigieux sort pourrait être capable de tant?


-Que...AAAAAH---

Priscilla se recroquevilla, plaçant sa tête à l'abri entre ses genoux, pour ne plus observer ce spectacle d'agonie. Que s'était-il passé? Que lui était-il arrivé? Pourquoi était-il tout blanc? Pourquoi se sentait-elle si froide?
Le mage écarta la statue blanche d'un revers de main et elle alla rouler sur le côté. Il cracha un peu de sang, surement sa mâchoire qui avait été déplacée, avant de fixer celle qui venait de la sauver.
Un rêve.
Ou bien un cauchemar? Son regard défaillit, une volonté bien supérieure à la sienne se manifesta à la vue de cette fille, et le mage naïf reprit le contrôle de son corps. Quelque chose...quelque chose en elle lui disait qu'il devait lui parler. Affrontant les horreurs habituelles de son alter-égo, Morgan faisait, pour la première fois de sa vie, véritablement face à la mort. Et en même temps à la vie.
S'ensuivit un déroulement des événements des plus confus, à peine eut-il commencé à essayer de comprendre où il était, qu'il vit une jeune fille apeurée se faire agresser par un soldat. Nul besoin d'en savoir plus, un brasier s'échappa de ses doigts et heurta le bras du guerrier.


-MONSTRES!!

Le second lancier avait repris conscience et avait voulu s'attaquer à la jeune fille «sans défenses», dont naturellement il ignorait la véritable identité, et désormais, changeant de cible, il fonça façon berserker sur le jeune homme. Mais il fut instantanément transformé en glace, avant de se briser tel du verre au contact du sol. Le sort tomba plus vite que l'éclair, aucune formule, aucune concentration magique, le seul exercice d'une volonté pure.
Incompréhension, doutes, peur, tant chez l'un que chez l'autre, chez la magicienne de glace et le mage de feu, leurs yeux cherchaient la lumière, et se rencontrèrent en ce jour sombre.
Comme si c'était instinctif, il agrippa la main de la jeune fille et l'emmena à l'extérieur de ce lieu maudit.
Comme si c'était instinctif, elle saisit la main qui lui était offerte, et suivit le mage hors de ce lieu triste.

*-*-*-*

« Elle était la glace, une pureté qui gela les flammes de ma haine.»

Ce jour-là, elle tenait ce livre si fort entre ses mains qu'on avait l'impression qu'elle perdrait la vie si elle le quittait. Ce livre à la couverture resplendissante, bleu et blanc comme les nuages baignant dans le ciel, comme la mer parsemée de glace. Son père, le marchand Gildas le lui avait offert le jour de ses 15 ans, depuis elle ne le quittait plus, elle ne comprenait pas tout ce qu'elle y lisait mais avait travaillé les langues anciennes pour pouvoir le déchiffrer, ce jour là, animée par le désespoir, elle l'avait activée. La magie des neiges éternelles: Eternia, un ouvrage perdu depuis des siècles. Morgan ne mit que quelques secondes à le reconnaître, mais ni le marchand, ni bien sûr sa fille n'avaient conscience que sous cet ouvrage ancien à l'apparence commune, parsemé de belles images, se cachait les formules perdues d'Ellias. Dire que cette œuvre que sa mère avait recherché si longtemps était maintenant à sa portée...Ce qu'il ne parvenait pas à comprendre, c'est comment elle l'avait l'utilisée, qui plus est à deux reprises. Elle n'avait reçu aucune formation de maîtrise de la magie, ne connaissait que quelques bribes de langage ancien, et n'avait jamais vu quelqu'un user de sorts. Et il était certain de n'avoir entendu aucune incantation ce jour là.
Une théorie un peu farfelue postulait que la magie n'était qu'un reflet des sentiments, et que chaque élément résonnait avec une pensée, les formules n'étaient qu'un substitut aux émotions, permettant aux magiciens d'utiliser chaque magie quel que soit leur état d'esprit. Partant de là, cette fille sans aucun lignage magique connu, sans aucune éducation, aurait pu faire réagir le tome.


-Morgan?
-Oh, désolé, j'étais perdu dans mes pensées.

Cette théorie avait fait rire aux éclats le monde de la magie, et ils auraient jeté volontiers toute la thèse au feu si elle ne provenait pas de l'une des plus puissantes magiciennes de Daein: Trishia Aeldor. Une femme un peu naïve, mais ayant étudié la magie sous presque tout ses angles, même au prix de sa vie familiale.

-Tu es toujours comme ça, tu devrais arrêtez de rêvasser et fixer la réalité, sinon tu ne trouveras jamais de petite amie!
-Je ne rêvasse pas!
-Si, toujours. Écoute-moi bien Morgan, tu dois...

Elle leva sa cuillère en l'air dans un geste large comme pour rendre ses paroles plus fortes, et de la crème quitta le couvert pour atterrir sur la veste de son interlocuteur. Elle resta bouche bée quelques secondes, avant d'éclater de rire, Morgan fit la moue un moment avant de l'accompagner dans son rire. Il ne pouvait pas s'en empêcher, dès qu'il la voyait sourire, il voulait sourire à son tour, il n'avait pas ressentit cela depuis...très longtemps. Plus de bataille, plus de fuite, plus de perte de conscience, la paix était revenue et Morgan n'avait depuis leur rencontre plus jamais subi de ces «absences» qui lui arrivaient si souvent. Désormais il pouvait vivre dans ce que la masse qualifiait de normal, et qui lui était bien suffisant. Des habitudes, une suite de jours qui se répétaient, et pourtant semblaient si différents en sa compagnie. Des rires, des pleurs, des querelles, tout simplement: être avec elle. Il n'avait besoin de rien d'autre.
Des cheveux azur dansant au rythme du vent, comme un océan bercé par celui des vagues. Deux yeux de saphir dont la clarté n'avait d'égale que la majesté. Un regard merveilleux transcendant la notion même du Beau. Un cœur trop généreux pour ne pas donner et trop modeste pour recevoir.
Elle était tout cela et bien plus encore. Un ange bleu.

*-*-*-*

«Il était le feu, la lumière qui perça mon cœur gelé.»

Ce jour-là, sa vie prit le plus grand des tournants, elle avait perdu tout ce qui faisait son bonheur: un père attentionné, une maison où se réfugier, des amis à qui se confier. Elle avait perdu l'amour et la joie en échange de la peur, elle avait perdu son innocence en échange de sa vie. Son cœur avait perdu la joie, la vitalité, la curiosité, l'envie...il ne savait plus désirer. En un instant elle passa d'ange à démon, de la naïveté de son monde illusoire à la cruauté de la réalité.
Mais elle l'avait rencontré.
Tel le rayon de soleil providentiel transperçant les ténèbres éternelles, l'arc-en-ciel illuminant le chemin du salut. Oui, il était son guide, une âme pure et forte, détruisant les démons, affrontant la nuit et répandant la lumière. Il fit fondre les chaînes du désespoir et réveilla son âme de l'hibernation dans laquelle elle s'était plongée. Il était le feu, le feu de la liberté.


-Concentre-toi! La magie n'est pas un jeu!
-Je le sais bien!

Il soupirait. Encore. Peut-être était-ce une mauvaise idée finalement. Elle l'avait supplié de faire d'elle son élève, mais était-ce le bon choix? Que ferait-elle si, une fois de plus, elle perdait le contrôle? Elle ne voulait pas le ressentir à nouveau: ce chaos qui s'installait dans son âme et cette volonté d'utiliser cette immense force, de manier cet objet de mort.
Mais il y avait encore pire, oh oui bien pire. Rester éloignée du combat, observer toujours, et n'agir jamais. Voir l'être auquel on tient le plus risquer sa vie pour soi, impuissante, et n'être capable que de l'attendre.
Souffrir en silence. C'était un sentiment mille fois plus effrayant.


-Ton esprit est perturbé...tu es anxieuse.

Il se rapprocha à moins d'un pas et mit ses mains dans les siennes, elle ouvrit brusquement les yeux, surprise, mais il lui fit signe que tout allait bien.

-Nous allons tricher...pour cette fois.

Elle n'avait pas prononcé un mot, mais étrangement, il semblait l'avoir deviné. Les mages ont ce genre d'affinités avec les sentiments il paraît. Ils peuvent sentir les moindres variations d'humeur et les analyser, tout au moins lui, en était capable. Le mage des flammes plaça son front contre celui de son élève - de façon pédagogique entendons-nous bien - ce qui ne manqua pas de déstabiliser la jeune femme, de l'énergie transita de l'un vers l'autre tandis qu'une légère brise s'installait.

-Corps et âme. Sensations et perceptions. L'un ne peut fonctionner sans l'autre. Si ton corps est perturbé ton cœur en sera affecté, si ton cœur est troublé ton corps en subira les effets.

Mais...qu'est-ce qui lui prenait de faire son cours à deux centimètres de son visage? Non pas que cela lui déplaisait mais...si en fait ça lui déplaisait, il n'avait pas autre chose à penser à deux centimètres d'elle? C'était presque vexant!
Enfin c'est certainement ce qu'elle aurait déclaré à son nouveau professeur si le son de ses lèvres se mouvant dans l'air n'était pas si distinct, et si elle ne ressentait pas son souffle chaud sur sa bouche. Là, elle avait plus envie de l'embrasser que de l'écouter...non...elle n'avait pas réellement songé à ça...?


-Les sentiments sont la base de tout. Tu n'as qu'à les mettre en action...et...les laisser s'écouler.

Une vague d'énergie entoura les deux êtres, comme une colonne de flammes s'élevant jusqu'aux cieux, un océan de couleurs qui pouvait prendre toutes les formes, cette fois, la lumière qui s'en échappait apparaissait à ses yeux clos comme une douce rivière d'or.

-Ouvre ton cœur, sans mensonge, sans détour, et la nature te répondra. Quelque soit le sentiment qui t'habite, accepte-le et utilise-le. C'est ce que signifie être mage.

L'accepter? Là, tout de suite...il ne valait mieux pas. La leçon attendrait un autre moment...lorsqu'il serait...à une distance plus raisonnable de sa bouche.

-Tu as compris?
-Oui...
-Dans ce cas au travail, je ne tolérerai pas d'échec.

Il lâcha son étreinte et s'éloigna d'elle, à croire qu'il n'avait même pas été perturbé par la situation...lui arrivait-il de penser avec autre chose que sa tête? Elle soupira, de soulagement ou d'agacement, elle-même ne le savait pas, mais cela déplut à son professeur. Il savait bien parler de sentiments mais avait un sérieux problème pour se rendre compte des siens. Oui, la chose était certaine à présent: il ne comprenait rien aux femmes.

*-*-*-*

«Ensembles ils étaient complets. A tel point qu'il parvint à m'oublier... Il combattait ses sentiments tandis qu'elle combattait ses souvenirs. Puis nous nous rencontrâmes.»

Une flamme dessina le contour de sa main, cette sensation...il ne l'avait pas ressentie depuis des lustres. Celle de détenir entre ses doigts le pouvoir absolu, le pouvoir de décider de la vie ou de la mort d'un être, de surpasser la Déesse.
Le pouvoir de détruire tout ce que la Création avait engendré.


-Vous êtes faibles...si faibles que vous en êtes répugnants!

Un mur de flammes s'éleva entre ses adversaires et lui, à quelques mètres de là, une fille observait la scène, apeurée. Ce groupe l'avait agressée, et les trois mages ne supportaient pas le fait qu'elle leur résiste. Elle avait été incapable de prononcer la moindre incantation, paralysée non par la peur d'être blessée, mais par la peur de blesser. Une barrière invisible, une prison à laquelle elle s'était inconsciemment condamnée.

-Un autre mage? L'enfoiré il va voir...

Une vague d'énergie se forma autour de lui et un sort de vent mineur se dirigea vers le mage des flammes. Inefficace. Il n'avait même pas pris la peine d'esquiver tellement ce sort était pitoyable. Il pensait réussir à le blesser avec ça? C'était insultant!
Le retour du boomerang ne se fit pas attendre et le mage fut pris dans une vague de feu, il mit un genou à terre, sa main contre sa gorge qui peinait à retrouver l'air dont elle avait besoin. Ça, c'était un sort. Une déferlante de haine sans aucune réserve.


-Les insectes devraient juste accepter de se faire écraser...

Un sort de foudre de rang D, ainsi qu'une arcane de «Tempête» sort de vent basique, se déclenchèrent. Les deux magies le cernèrent presque simultanément et par un pas en arrière, il parvint à esquiver les lames de tempête, subissant cependant le sort de foudre. Rien de plus qu'une égratignure, une si faible magie n'était rien face à lui. Son regard émeraude passa de l'un à l'autre, scrutant ses deux victimes. Il leva la main, et une sphère enflammée chuta sur le magicien de foudre. Il n'était pas encore inconscient, mais gravement blessé. Une autre salve et il se retrouverait à la lisière de la mort.
Ces petites frappes n'avaient vraiment pas eu de chance, ou peut-être était-ce leur karma? Mais s'en prendre à cette fille avait été une erreur qu'ils commençaient à regretter...et à ce rythme là, ils emporterait leur regret dans la tombe...ou plutôt le vase. Qui aurait pu penser qu'il existait un mage plus fort qu'eux? La maitrise de ces tomes leur avait donné un sentiment de toute-puissance, ils se sentaient invincibles malgré leur faible niveau, comme un archer qui pour la première fois atteint le sanglier, ou comme un épéiste qui parvient enfin à maitriser sa première botte. Ce sentiment qui vous fait penser qu'enfin, vous êtes quelqu'un. Un être au dessus du commun des mortels.


-Merde merde merde! Pourquoi t'es intervenu?!?

À nouveau une tempête se déclencha, à nouveau elle rata sa proie. Comme si une petite brise pouvait avoir raison d'un tel brasier, comme si la tempête de haine qu'il voulait déverser pouvait rivaliser avec les flammes de la colère du magicien. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et il haussa simplement des épaules.

-Elle est à moi....Et je ne supporte qu'on touche à ce qui m'appartient.

Un claquement de doigt. Il psalmodia très rapidement les vers du tome d'Inferno, dans une voix incroyablement condescendante. Laide, pourrait-on dire, si on la comparait à la douce voix de son alter-égo, mais non moins efficace. Sans autre sommation, le sort partit à toute vitesse et percuta le mage dans un crépitement acide.
Qui était-il? Cette question hantait l'esprit de la jeune fille qui ne perdit pas un instant du combat. C'était le corps de Morgan, le visage de Morgan, les yeux de Morgan, mais ce n'était pas Morgan. Définitivement pas. Il n'avait pas ce narcissisme omniprésent, cet égoïsme qu'elle discernait dans ses paroles, il n'avait pas cette voix si sûre et si agressive, il n'avait pas ces yeux remplis de haine. Et il...n'avait pas cette magie si laide. Un concentré de haine et de désespoir, un flot qui prenait la forme du néant, non, de la mort.


-Des faibles qui font s'incliner leurs semblables...vous êtes les pires déchets que la terre a enfantés!

Le feu. Le feu. Encore le feu. La plaine devint rouge comme le sang puis noir comme le vide, il brûlait tout sans distinction, la nature autant que les hommes, pourtant...il ne les tuait pas. Pas par pitié, ni par indulgence. Il pensait simplement qu'ils ne méritaient pas de mourir de sa main. Ils devaient expérimenter la honte de leur impuissance avant toute chose.
Le dernier des mages encore conscient était abattu, autant physiquement que mentalement, son corps était partiellement brûlé mais les blessures physiques n'étaient rien face à celles de son âme, de son estime de soi. Il avait rencontré le diable...et tout cela commença lorsqu'ils s'en prirent à cette fille, oui c'était elle! C'était sa faute!


-Tempête!!

Le vent se forma en une seconde et cerna la jeune fille pour la réduire en pièces, mais au dernier instant, un mur de flammes s'éleva autour d'elle et stoppa le sort. Au beau milieu de cette prison, non, de cette protection de flammes, un souvenir lui revint.
Il l'avait protégée...lui, Morgan, qui s'était juré de vivre pour lui et pour lui seul, qui prétendait haïr le monde entier...il venait de sauver quelqu'un? La haine ne laisse aucune place à la tempérance, ni aux exceptions. Alors pourquoi...? Pourquoi cette passion qui le consumait, cet amour de la destruction s'était-il muté en désir de protection? Est-ce que...un autre type de passion naîtrait en lui?
La riposte fut immédiate, et le magicien du vent fut mis hors d'état de nuire, vaincu par un feu dévastateur. Morgan se tourna vers celle qu'il venait de protéger, stupéfait de la voir debout, arborant un regard rempli de haine et d'incompréhensions.


-Toi...tu es...tu es...
-... je vois. Alors tu t'en souviens.
-Tu l'as tué...
-...
-Rends les moi...ma maison, ma famille...RENDS LES MOI!

Une déferlante de glace s'abattit sur le magicien qui encaissa simplement l'attaque, la réduisant presque à néant par le pouvoir de ses flammes. C'était inutile. Ce n'était pas une différence de niveau ou d'arme, elle ne savait simplement pas utiliser ce sort. Ses sentiments étaient troublés, et elle tentait d'utiliser la haine qu'elle ne parvenait pas à maitriser. Elle était simplement engloutie par ses émotions.

-Rends moi tout ce que tu m'as pris!

L'eau composant son corps commençait à se refroidir, et une colonne de glace vint emprisonner le mage depuis le sol. Mais encore une fois, c'était inutile. Un tourbillon de flammes la transforma en eau, tandis que la furie qui lui faisait face ne cessait d'envoyer plus de sorts, emportée par ce nouveau sentiment qui emplissait sa poitrine. Morgan savait ce qu'elle ressentait parce que lui-même l'avait ressenti avant elle, avoir en face de soi celui que l'on pense être le responsable de tous ses malheurs, si ce n'est celui des malheurs du monde entier, et vouloir lui transmettre toute la souffrance accumulée. Mais qu'importe comment on observait la scène, transmettre ce genre de souffrance lui était impossible.

-Ma mère, mon père, et même Morgan...Rends les moi tu m'entends?? RENDS LES MOI!!

Ses larmes coulaient encore et encore, sa mère avait péri dans un incendie, rien à voir avec lui mais il porterait la faute quand même, quant à Morgan...d'une certaine manière, elle n'avait pas tort. Il le lui avait enlevé. Le regard du magicien restait impassible, il se contentait de contrer les sorts les uns après les autres. Étrange, ce visage que lui montrait son adversaire était habituellement le sien et pour une obscure raison il se refusait à poser sur elle ce même regard de colère, elle lui faisait plus pitié qu'autre chose. Non...c'était encore différent.
Incantation après incantation, l'énergie de la magicienne commençait à s'épuiser, elle transpirait et avait une respiration rapide, prête à vaciller à tout moment.


-Tu es incapable d'utiliser la haine. Peu importe combien tu détestes quelqu'un, il t'est impossible de le blesser. Voilà pourquoi tu retiens tes sorts.
-Je retiens...mes sorts....?
-...

Impossible...elle ne pouvait pas retenir ses sorts...elle l'avait devant lui, le responsable de tous ses malheurs, la personne qu'elle détestait le plus au monde, pourquoi, pourquoi ne pouvait-elle pas le tuer? Elle le haïssait pourtant...plus que tout...alors...pourquoi?

-Ta magie est un bouclier, non une épée. Tu te bats pour les autres, pas pour toi. Une magie qui a pour tronc l'altruisme ne peut utiliser la haine.
-Tu dis...que je ne peux pas...les venger...?
-La vengeance entraîne la vengeance...
-Arrête...
-...ce n'est pas que tu ne peux pas le faire, mais que tu ne veux pas le faire.
-Arrête!! Ne prononce pas ces mots!

Elle lui sauta à la gorge comme une lionne s'apprêtant à tuer sa proie, les mains cernant le cou de ce mage arrogant, celui qui lui avait tout pris. Son père...Morgan...et en plus il osait parler comme lui, il osait lui ressembler!

-Qui es-tu?
-Tu le sais déjà.
-QUI ES TU?
-... ... Morgan.

Et son monde s'effondra. Il mentait...il ne pouvait que mentir...Morgan était son ami, son professeur, jamais il n'aurait...
Une main vint se placer sur sa joue, qu'elle repoussa aussitôt; Morgan lui-même ignorait pourquoi il avait fait cela, pourquoi ne l'avait-il pas tuée comme il l'aurait fait pour n'importe qui? Pourquoi tenter de la raisonner et ne pas simplement s'en débarrasser? Elle était en train de succomber comme tous les faibles à des sentiments qu'elle ne pouvait gérer, elle ne méritait pas de vivre...mais pourtant...pourtant quelque chose en elle l'attirait inexorablement. Elle lâcha son étreinte, et resta là, son regard perdu dans le vide de ses espoirs. Tentant d'échapper à cette réalité qui faisait si mal.

*-*-*-*

«Un jour, vous deviendrez de brillants magiciens. Alors, vous parviendrez à comprendre, qu'il y a des choses en ce monde qui ne s'expliquent pas.»

Oui, comme toujours, sa mère avait eu raison. Les deux enfants lui avaient demandé innocemment ce que c'était que «l'amour», curieux de comprendre ce sentiment dont tout le monde parlait, et leur mère d'un sourire leur répondit que c'était une chose inexplicable. Peut-être pour la première fois, les mots ne suffisaient pas à expliquer une notion, et ils se sentirent immédiatement fascinés par cette chose que même leur mère ne parvenait à décrire.

«Alors quand je serai plus grand, je serai amoureux, et je reviendrai te l'expliquer!»

Le jeune Morgan avait répondu le plus naïvement du monde, fier de pouvoir faire quelque chose pour sa mère. S'il parvenait à comprendre ce sentiment, il pourrait l'expliquer! Et ainsi, sa mère serait fière de lui. Trishia poussa un petit rire face à la réponse de son fils, qui ne comprenait pas bien ce qui était drôle dans sa réaction, quant à Éléane, elle se contenta de dire qu'elle serait amoureuse avant lui.


-Nostalgique?
-...tais-toi.
-Tu es vraiment un boulet, mettre autant de temps pour réaliser une chose aussi simple que ça...

Son regard se posa à nouveau sur la malade, la jeune fille qu'ils venaient de sauver s'était évanouie et dormait paisiblement dans le lit de l'auberge. Et dire que c'était celui qui était supposé représenter sa colère et sa haine qui lui faisait des leçons sur l'amour...mais il avait raison. Il l'aimait, non, en vérité, ils l'aimaient tous deux. Ce regard naïf et ces réflexions stupides, cette bonté infinie et cette voix de cristal, il ne savait comment, en une année, elle était devenu un élément indispensable à sa vie.
Certainement, l'amour était une chose inexplicable.


-Et donc, que vas-tu faire?
-...Je ne sais pas.
-Ah bon? Moi je peux penser à un tas de choses à faire pendant qu'elle est endormie...
-De quoi???
-Aha, il est trop simple de te taquiner.

Il rougit, avant de reposer ses doigts sur le bord du lit. Qu'allait-il faire? C'était une question pertinente. Il n'en avait vraiment aucune idée. Après ce qu'il venait de se passer elle n'accepterait plus de le regarder en face, elle lui demanderait certainement de sortir de sa vie, si elle n'essayait pas encore de le tuer. Mais que pouvait-il faire? S'il partait, il l'abandonnait...et il ne voulait pas...il ne voulait pas être séparé d'elle.

-L'un ou l'autre, ces deux choix sont égoïstes.
-Fuir en l'abandonnant ou rester contre sa volonté? Enfin tu sais ce que je choisirais...
-...

Il choisirait de rester. Il n'avait aucun doute là dessus. Lui était du genre à prendre tout ce dont il avait besoin sans se soucier des sentiments d'autrui...mais Morgan, enfin le Morgan qui agissait présentement..lui n'était pas comme ça. Il demeura quelques instants à la contempler, ce visage endormi, si fragile et pourtant si fort...ses doigts glissèrent le long de sa joue, séchant une larme qui coulait tandis qu'elle rêvait. Il l'avait blessée. Il ne la méritait pas. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant c'était...

-Tu es sûr de toi?
-...Oui.

Ses yeux le brûlaient, sa gorge se nouait...il rapprocha son visage du sien et déposa un baiser sur son front, laissant une larme s'écraser sur sa joue. Morgan se releva, et prudemment, replaça la couverture qu'elle avait déplacé durant son sommeil sur son corps.

-Morgan, tu es bien conscient que tu as loupé sa bouche de 15 centimètres?
-Oh la ferme.

Il sourit, puis adressa un au revoir discret d'un signe de main, même si elle ne le voyait pas, il était important qu'il le fasse. Il tourna les talons et déposa ce qu'il lui restait d'argent sur la table, le jeune mage ferma les yeux et prononça une étrange formule. Des flammes s'incrustèrent dans l'air, laissant un ultime message qu'il n'aurait pas pu lui adresser en personne.

«En fait, je l'ai toujours su. Depuis notre rencontre, depuis le moment où j'ai pris ta main.
J'ai su que je ne te mériterai pas, puis aujourd'hui, je l'ai enfin réalisé.
Je suis désolé.
Je t'aime...plus que tout...alors, s'il te plaît...ne m'aime pas.»


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Morgan, espoir et désespoir

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