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 Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]

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Maître du Jeu
Maître du JeuQuintessence de l'Absurde


Messages : 339
Localisation : Là au bon endroit. Au bon moment.
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Feuille de personnage
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MessageSujet: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeDim 12 Fév - 20:22


Un éclair déchira les cieux nuageux alors que le tonnerre rugissait sa colère, emplissant l'espace céleste de son grondement tonitruant. Depuis ce matin, l'orage n'avait eu cesse de s'annoncer, les nuages s'accumulant au dessus de l'océan, l'air s'alourdissant tandis que le vent forcissait de minutes en minutes. Nul besoin d'être un navigateur confirmé pour prédire ce qui allait frapper les navires du secteur : un bon gros grain comme ces marins avaient l'habitude de les encaisser.

Bientôt en effet, le toucher glacial de la pluie se fit sentir sur le dos des hommes penchés sur leur ouvrage, ruisselant sur les muscles tendus, coulant dans les yeux et trempant les vêtements. L'activité ne se fit pourtant que plus intense sur le bâtiment au bois légèrement pourpre, sa figure de proue crevant des vagues de plus en plus hautes dont l'écume sauvage s'abattait sur le pont glissant. Les pieds nus frappaient le plancher tandis que d'agiles acrobates s'élançaient dans les haubans, fermement agrippés aux cordages rêches du mât. L'on défaisait des nœuds, l'on tendait le maximum de voile, il fallait prendre de la vitesse malgré le mauvais temps.

Le fouet du contremaître s'éleva violemment avant de claquer dans les airs, faisant trembler l'équipage de frayeur.

- Allez tas de rats puants ! Plus vite!

Pas un des matelots ne protesta sous l'insulte bien au contraire, des ordres fusèrent alors que les hommes s'empressaient d'activer encore le mouvement tandis que le cruel instrument virevoltait de nouveau dans les airs. Pas un non plus ne songea à s'attarder pour contempler la créature qui les menaçaient ainsi. L'homme était plus grand que deux Beorcs adultes l'un sur les épaules de l'autre et ses muscles saillants sous sa peau, luisante d'eau, étaient sans doute capables d'assommer un bœuf en pleine charge. Mais ce n'était pas sa carrure hors du commun qui le rendait monstrueux, ni même le plaisir sadique avec lequel il fouettait le premier malheureux à sa portée non, le pire était très certainement son visage aux yeux dépourvus de paupières et aux iris nacrés, à la bouche que de grotesques fils barraient, maintenant les lèvres déchirées en place et laissant pointer les crocs de la bête. Du trou déchiqueté dont s'ornait sa gorge ne coulait plus de sang depuis longtemps et les nombreuses entailles de ses bras et de ses jambes nus ne laissaient plus voir qu'une infâme chair pourrie.

Oui... Le contremaître était mort. Mort comme le reste des officiers, pourtant moins impressionnants physiquement que lui. Ces monstres n'avaient plus besoin de manger, de boire ou même de se respirer. D'aucun les avaient déjà vus plonger à des profondeurs inimaginables à la recherche de trésors enfouis tandis que d'autres craignaient plus que tout leur absence de sensibilité à la douleur et leur furie meurtrière au combat. Comment ces abominations parvenaient-elles à se mouvoir avec une telle vélocité, malgré les infâmes manipulations dont elles avaient visiblement été victimes ? Comment parvenaient-elles à voir ou même percevoir les êtres les entourant avec une telle précision ? Tous l'ignoraient mais tous se taisaient. Ils étaient pirates, ils obéissaient à leur capitaine sous peine de connaître la terrible colère de ses sbires décérébrés. Et ces monstres étaient très certainement la moins horrible création que renfermait ce navire maudit.

Une puissante lame de fond s'éleva au moment où les voiles du vaisseau s'abaissaient, se gonflant à s'en déchirer sous la poussée du vent. Et dans un fracas de tous les diable, le Queen Ann's Revenge fendit les flots tandis que l'équipage de Barbe Noire subissait une nouvelle fois la morsure glaciale de l'océan.


***


La vague s'écrasa contre le hublot avec fracas, surprenant le pirate qui bondit instantanément à l'autre bout de la pièce, ayant légèrement oublié que ses poignets étaient toujours entravés aux accoudoirs de son siège. Le meuble en question tangua sur un pied, puis sur l'autre avant de basculer et de se retrouver bloqué contre le bureau auprès duquel il se trouvait. L'homme s'immobilisa, les yeux fermés en attente du choc puis, ne sentant toujours pas le contact intime du tapis rouge sang ornant le plancher de la cabine, il osa jeter un œil à droite, puis à gauche, avant de se rétablir d'une poussée calculée du fessier, poussant un soupir de soulagement.
- Few... Un peu de chance de temps en temps...
- J'ai bien peur que la chance ne vous soit d'aucune utilité dans votre situation...

Les bottes de cuir de son hôte firent demi-tour alors qu'il s'approchait de son prisonnier. Edward Teach, Barbe Noire en personne, contemplait sa proie avec un sourire carnassier révélant ses dents blanches, chose plutôt rare pour un marin en ces temps. Son imposant tricorne noir reposait sur le bureau jouxtant la chaise, juste à côté d'un deuxième chapeau plus petit et endommagé. Le maître des lieux jeta un instant un regard à son long manteau bleu-nuit suspendu à un crochet avant de s'avancer un peu plus, le bruit de ses pas s'étouffant soudain au contact du tapis. Il était vêtu d'un ensemble noir en parfait accord avec sa barbe fournie et entretenue avec soin mais ses yeux n'étaient que deux miroirs de glace bleus purs. A sa taille pendait un immense sabre, dont l'homme lui faisant face connaissait exactement la taille et l'allure. Une garde classique pour une lame de métal sombre et rainée, dont la pointe était étrangement taillée, comme si l'arme avait été autrefois brisée. Se penchant légèrement, le criminel ignora parfaitement la monstruosité ambulante postée à la porte pour s'adresser à son hôte. Ce dernier était vêtu de son habituel manteau sombre et sale recouvrant une chemise blanche à la propreté douteuse. Un bandeau rouge sombre d'où s'échappaient plusieurs tresses décorées de babioles -sans la moindre valeur pour la plupart- maintenait ses longs cheveux en place, surplombant ses yeux noirs maquillés de suie. Au contraire du reste de sa personnalité, sa moustache, sa barbe et son bouc semblaient assez entretenus, ce dernier se terminant en plusieurs tresses elles-aussi décorées. Il avait négligemment croisé ses jambes, vêtus d'un simple pantalon de toile retenu par une imposante ceinture de tissu rouge. Le bout de sa botte de cuir s'agitait toutefois nerveusement alors qu'il tâchait d'adresser un sourire confiant à son interlocuteur.
- … Mon cher Jack Sparrow.

Le pirate enchaîné leva un index hautain avant d'ajouter d'un ton parfaitement détaché.
- Capitaine Jack Sparrow.
- Ah bon... Je n'ai pourtant vu aucun navire lorsque nous vous avons trouvé à bord de cette barque...

Haussant les épaules, Jack Sparrow émit un bref geste négligent de la main tandis que ses chaînes cliquetaient à n'en plus finir.
- Un détail. Je l'ai... Un sourire plein de chicots et une haleine nauséabonde accueillirent le visage penché de Barbe Noire. Egaré.
- Voyez-vous ça.

Le cruel capitaine se releva, chassant une boucle de son épaisse tignasse d'ébène du bout des doigts, avant de se retourner, avançant légèrement vers le centre de la pièce.
- Si je vous suis bien donc...

Dans son dos, les chaînes cliquetèrent doucereusement alors que le capitaine prisonnier étendait tant bien que mal le bras en direction des chapeaux posés sur la table. La cabine de Barbe Noire était ornée avec un goût particulièrement insolite et macabre. Tout n'était qu'ocre et noir, des masques tribaux jouxtaient une imposante bibliothèque remplis d'ouvrages aux reliures, pour la plupart, illisibles. Un lustre aux chandelles à demi-fondues grinçait au plafond tandis qu'un immense miroir décoré de crânes occupait le mur du fond. Aux côtés des deux tricornes trônant sur le bureau s'ajoutait aussi bien les classiques paperasses de capitaine que les autres effets du prisonnier ou divers instruments dont la fonction restait inconnue au commun des mortels. Beaucoup semblaient toutefois suffisamment inquiétants pour que personne ne cherche à connaître leur fonction plus avant.

Le roi pirate grimaça lorsque ses entraves tintèrent de nouveau alors que ses doigts effleuraient à grand peine le rebord de son couvre-chef.

- … L'un des quatre rois pirates, respectés et soit disant craints par delà les océans...

Le sourire crispé d'un Sparrow plongeant au fond de son siège accueillit le capitaine alors que ce dernier se retournait brusquement. Devant le vacarme suscité par cette manœuvre, le pirate noir hésita quelque peu avant de reprendre.
- … C'est-à-dire vous...
- Hein ? Oh oui bien sur!
- A donc été victime d'une simple mutinerie et s'est retrouvé sans navire, dans une barque en perdition et par le plus grand des hasards sur le chemin de mon propre navire.
- Brillante déduction ! Je vois que vous êtes toujours aussi perspicace mon cher Teachy!
- Foutaises !

Les mains osseuses du geôlier s'abattirent sur les accoudoirs avec fracas tandis que son visage se positionnait à quelques centimètres à peine de celui d'un roi pirate, légèrement rebuté par l'alcool omniprésent dans l'haleine de son compatriote.
- Vous ne me ferez pas croire que vous êtes assez stupide pour vous faire encore reprendre votre navire par des mutins Sparrow. Le hasard n'en est jamais un avec vous!
- Allons c'est un malentendu...
- Que venez-vous chercher à bord de ce navire... Jack!
- De l'air...

La supplication avait presque été soufflée et le prisonnier inspira profondément alors que son geôlier se reculait, visiblement dérouté. Après avoir toussé deux ou trois fois, Jack Sparrow croisa à nouveau jambes et doigts pour adresser un charismatique sourire à son interlocuteur.
- Excusez-moi Teachy quelle était la question?

Ses paupières papillonnèrent innocemment à la manière d'une pucelle de la haute société tandis que le masque de la colère prenait de plus en plus d'ampleur sur le visage de Barbe Noire. Rageusement, le capitaine saisit son tricorne, fit demi-tour avant de s'emparer de son manteau et se dirigea vers la porte pour enfin s'adresser au garde à l'entrée. L'homme était l'un des quatre officiers du bâtiment et possédait donc une fidélité à toute épreuve envers son maître.
- Surveillez-le étroitement. J'ai d'autres chats à fouetter et s'il fait le moindre geste suspect...

Le pouce glissé le long de la gorge arracha un signe de tête affirmatif à la créature tandis que le prisonnier déglutissait avec difficulté. La porte claqua sur le maître des lieux, plaçant le roi pirate en un fâcheux face à face. Sa main quitta lentement l'accoudoir, ses doigts s'agitant à la manière de minuscules tentacules alors qu'il étendait à nouveau le bras en direction de son chapeau. Poussant des grognements, le pirate tenta de décaler la chaise en la faisant légèrement sautiller vers le bureau mais la lame brusquement tirée du zombie le convainquit de regagner sa position initiale avec un grand sourire.

***


Edward Teach sortit de sa cabine sous les rafales hurlantes et la pluie battante. D'immenses vagues soulevaient tour à tour le navire et le Revenge chevauchait vaillamment la mer déchaînée dont les assauts se fracassaient sur le pont. Un éclair zébra les cieux, illuminant la scène d'une irréelle lueur alors que les voiles tendues au maximum luttaient contre la force du vent.
- Contremaître!!!
- Oui Capitaine!

La créature se tenait sur le pont tanguant comme si l'équilibre était une seconde nature chez elle, de la même manière que ses deux semblables présents sur le pont : un noir immense et bardé de piercings ainsi qu'une femme, immondice grasse et à la chair flasque.
- Votre rapport ! Immédiatement!
- La vigie les a aperçus juste avant que la tempête ne se déchaîne ! Les vagues les masquent par instant mais en poursuivant à cette allure nous devrions les rattraper d'ici quelques heures. Leur navire est moins adapté à ces conditions que le nôtre.

Un sourire cruel orna le visage du pirate alors qu'il reprenait d'une voix puissante.
- Préparez les hommes à l'abordage ! Parez les canons et qu'Erik et Raine se tiennent prêts ! Formation habituelle!

Sans attendre, la créature hurla les ordres tandis que son fouet reprenait son activité momentanément interrompue. Les hommes se précipitèrent malgré la houle dangereuse tandis que les panneaux masquant la gueule des canons s'ouvraient. Les ordres fusaient, les hommes s'équipaient tandis que les dangereuses pièces d'artilleries pointaient le bout de leur nez clairement au dehors du navire. Barbe Noire hurla tandis que son sabre quittait son fourreau, se dressant dans la tempête. La magie s'activa et le navire accéléra : le mât se raidit, les voiles s'orientèrent d'elles-même tandis que les cordages se resserraient ; les panneaux s'ouvrirent d'eux-mêmes, les canons cessèrent de tanguer et les lattes du plancher bouchèrent la moindre fuite d'eau. Sous la poussée du vent, le Queen Ann's Revenge fit un véritable bond vers l'avant, manquant de déséquilibrer la totalité du personnel à bord, tandis qu'au fond d'une cabine, une chaise se renversait violemment sur le sol accompagnée du cri de surprise de son utilisateur.

A la proue du navire, juste au dessus des cales, deux Beorcs s'activaient. Leurs atours et leurs muscles étaient ceux de marins mais les livres à la couverture rouge qu'ils tenaient respiraient la magie. Erik, homme robuste aux cheveux noirs coupés courts et aux yeux de la même couleur, et Raine, à la chevelure argenté et aux yeux bleus, s'avançaient vers les armes dont ils portaient les noms. Enrôlés de force alors qu'ils n'étaient que des enfants, l'un comme l'autre avait appris à se faire à cette vie. Chacun se posta face à son homonyme mécanique : deux immenses canons cuivrés dont les gueules donnaient sur l'avant du navire. A la force des bras, les deux marins firent glisser les parois masquant les armes monstrueuses avant de pousser ces dernières vers l'ouverture. Une fois les outils de destruction arrimés, les deux mages se positionnèrent sur l'arrière de ces derniers avant d'ouvrir leurs livres respectifs. L'incantation Inferno... La seule que Barbe Noire avait souhaité qu'ils apprennent. Leurs regards vides parcoururent les pages alors qu'ils prononçaient d'une voix monocorde l'invocation de l'attaque, l'autre main reposant sur leur canon respectif.

Le rire de Barbe Noire transperça les airs alors qu'au loin, leur proie, le Fer, grossissait à mesure qu'ils s'en rapprochaient. Les verraient-ils avec ce temps ? Qu'importe!

- Moneta... La Reine des Mers... Tu es déjà morte ! Orchak sera mienne!

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Bienviendue dans ce cdc à la musique trop trop trop trop trop trop trop trop trop bieng ohoho !

Bon comme tu l'auras sans doute remarqué : le Queen Ann's Revenge, navire du très célèbre capitaine Barbe Noire (bien que non roi pirate), vient de te prendre en chasse par un temps des plus agréables. Le navire vient seulement de trouver ta trace et notre histoire débute donc au tout début de la course poursuite. Le temps est exécrable : les vagues sont immenses, le vent hurle, la pluie est horriblement handicapante pour la visibilité (et en plus c'est froid) et y'a de l'orage (je t'épargne le brouillard XD)et naturellement Barbe Noire va se débrouiller (avec son zouli petit sabre) pour te courir après sans que tu le remarques le plus longtemps possible. Une fois à portée, ce sera barbare et sans semonce, le Revenge va utiliser ses deux zoulis lance-flamme à l'avant (bawi les mages ils sont là pour quoi à ton avis ? XD) pour te canarder ta tête. S'ensuivra un abordage à grands coups de boulets dans ta face et de mitraille dans les règles de l'art.

Barbe Noire va éviter le combat rapproché le plus longtemps possible histoire de profiter de son petit effet surprise de plus, comme il flippe un peu quand même de devoir se taper contre la reine des mers (pasque wai faut pas déconner non plus) le sabre en question de tout à l'heure (which is ZE sabre en question) possède l'étraaaaange aptitude de contrôler les navires (donc le tien compris, me demande pas pourquoi les scénaristes avaient fumés) CEPENDANT la portée de cet effet est limitée à quelques dizaines de mètres donc si le Fer tente le combat rapproché ça va chier pour saggle (et la tienne) et Barbe Noire s'éloignera de nouveau pour l'instant ^^

Enfin, si tu parviens quand même à t'approcher suffisamment pour une baston dans les règles de l'art voici une petite liste plus ou moins exhaustive de l'équipage du Revenge :

Barbe Noire (sisi) et son sabre de badass : Bretteur level 5 (compétences secrètes pour l'instant ohoho) il évitera également de charger dans la mêlée si ça commence à se corser
Trois officiers zombis :- la grosse moche : Barbare level 1 avec deux hachoirs
- le black aux piercings : Guerrier level 1 avec un fléau à deux mains
- le gars qui surveille notre mystérieux prisonnier: Ombre level 1 avec une dague (oui une seule) made in WoW (donc un bon mètre 70 la dague....)

Le Contremaître (zombi oyeah): Général level 3 armé d'un fouet et d'un putain de gant métallique dans l'autre main
Erik et Raine : Mages feu level 20 armés du tome inferno (et d'un gros lance-flaaaaaaamme) awi Raine est une femme j'ai oublié de le dire dans le rp XD

Le reste de l'équipage se constitue d'hommes normaux : pirates, épéistes, archers etc etc pas de mages ni de prêtres ni tout autre utilisateur de magie à bord et encore moins d'unité volantes. En contre partie, les pirates sont environ niveau 17-18.

Naturellement ces statistiques ne sont à prendre en compte qu'en cas d'abordage ohohoho 8D

Tu voulais de la baston épique avec des trucs de ouf ? Je te la sers sur un plateau d'argent ma cocotte ! Fais moi donc saigner toussa and be magick o/ (avec un k c'est classe)
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeLun 20 Fév - 23:18

    D’un coup sec, j’claque la fenêtre de ma cabine, fermant à la grande pièce toute entrée d’air salé. J’vais m’écrouler sur ma grande chaise, face à mon bureau, couvert de cartes griffonnées. J’prends un instant ma tête entre mes mains, puis levant les yeux en direction d’Armelle qui trace soigneusement le contour de Kilvas, je grogne :
    « Sors. »
    Les yeux verts de la jeune mage se posent placidement sur moi, puis elle a un sourire fugace et compatissant avant de se lever, d’épousseter sa robe bleue de tissu grossier, puis de partir sans bruit ni complainte. Les matelots savent que j’ai besoin d’être seule, ces temps-ci. Ils comprennent le choc. Un choc, j’vous jure. Moi, qui ai tant vu, être ébranlée par le fait qu’une gamine se barre. Une gamine qui m’est tombée dessus un beau jour, sans crier gare, chamboulant tout ce qui faisait mes bases et mes constructions. Puis elle était r’partie, c’te foutue gamine. Laissant derrière elle un manque que rien n’peut combler.

    C’était quoi pour moi, cette gamine. C’était une petite fille, une enfant que j’n’aurais jamais eue, c’était une âme sœur, c’était la seule chose qui valait l’coup d’être protégé dans ce monde. Et elle s’était envolée. Pauvre petite. J’espère que son foutu prêtre prend bien soin d’elle. Pff.
    J’m’écroule sur le bureau en soupirant et en jouant avec une de mes plumes. Puis un changement dans l’air me fait plisser le nez. A force de voyager en mer on commence à savoir quand le temps va tourner. J’me relève et me plante devant la fenêtre. J’plisse les yeux. Mmh, les nuages ont une sale gueule. J’marche à grands pas vers ma porte, prenant au passage mon long manteau d’capitaine. Le tricorne bleu roi vissé au sommet du crâne, je sors.

    C’est la déroute ; les matelots courent dans tous les sens, voyant la tempête se préparer. Ca va être du vilain. En quelques pas je m’approche de Leorh. Mon second semble pensif.

    « C’pas clair ce temps. Ya quelque chose qui cloche. »
    « Je suis d’accord avec vous Capitaine… Et ça va aller en s’empirant. Il est encore tôt. »
    « Le temps rêvé pour nous faire attaquer… Demande qu’on foute des oiseaux à la vigie pour toute la durée de la tempête, j’veux pas prendre de risques. »
    Leorh demande à un faucon qui passe devant nous à monter en vigie. Celui-ci hoche la tête puis s’exécute en trois battements d’ailes. J’me mordille la lèvre un instant.
    « Nan mais j’te jure, j’ai un super mauvais pressentiment. En plus je connais pas si bien ces eaux… On devait y faire quoi déjà ? »
    « Contrebande laguz… Des faucons qui veulent nous refourguer des plumes d’excellente qualité à prix cassé. Je sais pas où ils ont pu aller chercher les plumes. »
    « Quelle question. A ton avis. »
    J’vois mon gros matou sourire. Ca m’réchauffe un peu le cœur. Vous savez, ces douches glacées qu’on a parfois l’impression de se prendre. Ces marches que parfois on rate en descendant des escaliers. Ben moi c’est la même chose. Je m’attendais tellement pas à cet abandon si soudain.
    Leorh tapote gentiment mon épaule avec sa grosse paluche. Fidèle garçon. Il s’tuerait pour moi.


    « DEJEUNER !!! »
    La voix d’Roger perce le vacarme que le vent commence à faire, et il sort de sa cuisine avec une énorme marmite fumante entre ses bras costauds. Un grand sourire lui barre son visage couturé par les combats et parcheminé par les années en mer. Il en est presque beau, ce vieux con.
    On s’assoit tous sur le pont en sortant une gamelle, tandis que ceux qui sont de quart continuent leur tâche en grognant, et en rêvant à leur déjeuner qui leur fait de l’œil. Le ragoût est bon, la viande bien salée, et la conservation des légumes par les bons soins de Sophia fonctionnent à merveille. La petite mage s’est parfaitement remise de sa blessure infligée par la longue lance d’un certain Talaos, et elle a fini par retrouver le sourire. Elle se met avec ardeur à chacune de ses tâches, la brave petite.

    Le temps continue d’se couvrir, malgré mes bons marins qui chantent avec tout l’entrain du monde. On va tomber sur un sacré grain. Les heures passent et on avance à deux nœuds à l’heure, c’est d’un chiant ! Mais les vents sont contraires. Ils sont fourbes. J’vous l’dit, ça sent carrément l’roussi.
    Bientôt, un putain d’éclair déchire la couche nuageuse. J’mordille mes lèvres en m’accrochant à la barre. Derrière moi, j’entends la respiration posée de Leorh. J’lève un sourcil en me tournant vers lui. Il n’a pas l’habitude de v’nir vers moi sans faire ressentir sa présence. Il chuchote à mon oreille, s’baissant à peine pour arriver à mon niveau.

    « Ca sent la mort. »
    J’plisse le nez. Sa phrase peut vouloir dire beaucoup, mais dans l’ordre des priorités ça signifie soit qu’on a quelqu’un sur le dos, soit que…
    « Comment tu veux que dans une telle tempête… »
    « La mort vivante. »

    Mes pupilles s’élargissent d’un coup quand j’comprends enfin c’que sous-entend mon sacré second. Son sixième sens de gros matou m’est vraiment précieux. J’mordille un d’mes ongles pensivement, en regardant l’horizon. Aucune chance de s’enfuir si on a été repérés. Aucune chance de se barrer de la tempête non plus, on est en plein dedans. Pour peu on s’rait déjà dans l’océan, tellement l’air s’est fait moite. J’resserre ma poigne autour de la barre.
    « Qu’est-ce qu’il veut encore. La dernière fois qu’il m’a fait chier on s’en est sortis de justesse et on a perdu la moitié de l’équipage… »
    Leorh pose son regard placide sur les courageux matelots tout à leur ouvrage.
    « Et vous n’avez aucune envie de perdre qui que ce soit en ce moment. »
    J’hausse les épaules avant de me diriger vers Ornella, la maîtresse d’équipage. J’la prends à part un instant. Ses yeux fauve se posent sur moi, aussi durs et enflammés que des blocs d’ambre pur.
    « On risque d’avoir de la compagnie. Alors écoute-moi attentivement. On a… Dix minutes devant nous, et encore j’parierai sur cinq. On va s’prendre Barbe Noire sur le dos. Personne ne doit encore savoir qui nous attaque. Ce petit con a un sabre enchanté qui lui permet d’contrôler son bateau aussi facilement que s’il déshabillait une jeune dévergondée. Je veux une précision millimétrée s’ils nous attaquent. Sois attentive à chacun de mes ordres, et vérifie que chacun est à son poste à chaque instant. Je veux un minimum de pertes. Compris ? »
    « C’est clair comme de l’eau, Capitaine. »

    Sur ce, elle tourne les talons et commence à aboyer des ordres à droite à gauche. J’monte trois marches vers la barre, puis j’m’arrête en m’tournant vers l’équipage, qui s’focalise immédiatement sur moi, sans même que j’commence encore à parler.
    « Mes enfants. »
    Tous les regards cherchent le mien. Ma main va empoigner Orchak, dont la lame trempée par la pluie battante ne perd rien de son tranchant, ni de sa clarté.
    « Aujourd’hui nous sommes pourchassés. Mais le Fer ne ploie pas devant l’ennemi. Je veux qu’vous montriez au monde entier à quel point on peut se serrer les coudes, tous ensemble, et survivre à tout. Alors j’veux que vous vous montriez forts et solidaires. J’veux être fière de vous et de tout c’qu’on a partagé ensemble. Les anciens, les jeunes, les Laguz, les Marqués, les Beorcs… On en a rien à battre ici. Vous êtes des mat’lots du Fer, je suis votr’dévouée Cap’taine, et j’vous demande une nouvelle fois de prendre les armes avec moi. C’est pas la première fois, ce sera pas la dernière. Mais ce coup-ci, il y a une chance pour qu’on morfle sévère. Et j’veux éviter ça. »
    J’me tais alors qu’ils restent tous pendus à mes lèvres, attendant comme une suite, comme le rappel d’un espoir que j’incarne en chaque instant de leur putain d’vie. J’leur adresse un sourire, un sourire comme on n’en fait plus, ce sourire déjà triomphant de celui qui veut porter toute la souffrance pour n’offrir que la joie à ceux qu’il effleure.

    « MATELOTS DU FER !!!! »
    « PAS DE REGRETS, PAS DE PLEURS, DU SANG ET DU COURAGE !!!! »
    Allez putain, c’est parti. J’saute souplement sur le pont alors que la pluie ruisselle sur le pont, trempant chacun d’entre nous. Tout l’monde se dépêche pour garder la poudre au sec. Sur mon côté, j’sens le poids du pistolet que j’ai arraché au cadavre d’une épéiste aux bras trop nombreux, et à la haine trop grande. Dans ma main, Orchak pulse doucement, comme si elle s’rendait compte que la bataille à v’nir risque d’être décisive. P’têtre même décisive pour notre vie. Mais qu’à cela n’tienne. Pour l’moment, c’est la vie de tous qui est en jeu.

    « Rentrez un peu la voilure, prenez les courants ascendants ! L’Fer est pas un rapide, autant n’pas nous ralentir encore plus ! »
    Mark, Alexia et tous les matelots qui savent grimper vont braver l’orage pour offrir à l’orage un minimum de prise sur les voiles. Parfois, lorsque l’un d’entre eux glisse, une main solide se tend afin de l’empêcher de tomber dans le vide. Des ailes s’étendent, et les oiseaux se mettent tous ensemble afin d’empêcher les cordes de frapper douloureusement ceux qui doivent s’accrocher aux poutres humides.
    « Canonniers, à vos postes ! Vous savez où sont les munitions, n’hésitez pas à déployer les renforcements afin d’camoufler les canons ! Attendez d’être certains d’les toucher avant d’gâcher des munitions ! »
    On s’affaire dans les cales. Des bruits épars laissent sous entendre qu’on range là-dedans, qu’on tire les grandes et lourdes plaques de sous le bois pour protéger la coque de c’précieux bateau qui file sur les mers malgré son poids. Jamais personne n’est parvenu à percer la coque de c’foutu rafiot, et c’pas aujourd’hui qu’ça va arriver, ça j’te l’jure. Le bruit d’la sortie des canons est sonore. J’entends les canonniers qui luttent pour garder la poudre, la précieuse poudre, au sec.

    « J’veux les mages en position, restez cachés pour incanter ! Que chaque utilisateur de magie soit protégé par un combattant au minimum ! La magie est ce qui fera la différence, alors si j’ai un seul mort parmi les magos j’vous déboîte tous, j’espère que c’est bien clair !! »
    Armelle et Sophia se regardent, avant d’aller chercher les quelques autres utilisateurs de magie du bateau. Elles reviennent bientôt avec Laurenz, un prêtre fraîchement engagé sur l’équipage, et Enzio, un mystérieux shaman arrivé un jour sur l’bateau et qui depuis n’a jamais voulu repartir. Quelques combattants se massent autour d’elles. Bordel, mais il manque... Bon y m’fait chier, il viendra plus tard au pire.
    « Leorh, vérifie que les munitions ne manquent pas ! Ornella, organise les combattants à distance ! Le reste, tenez-vous prêts, mais restez à votre poste tant qu’la bataille n’a pas commencé, j’veux que rien n’craque ! »
    Un dernier truc pour terminer les préparations. J’vais toquer du bout d’ma hache à la porte de la cuisine. J’hurle au dessus du tumulte du vent.
    « Roger, tu compteras nous aider ? »
    « Tu verras bien quand ce sera le moment, bébé ! »

    J’tourne les talons d’un coup. Il m’énerve. J’ai pas besoin de sa fierté ou de sa flemme pour le moment, juste de sa putain d’force qui m’enlèverait tout un poids d’un coup s’il acceptait d’la mettre à mon service quoi.
    Me dressant à l’arrière de mon navire, les bras croisés, Orchak fermement en main, j’regarde le Queen Ann’s Revenge nous foncer droit dessus. J’entends Tinel piailler dans la vigie.

    « Si tu meurs toi là-haut, t’auras affaire à moi ! »
    « Compris Capitaine ! »
    L’autre bâtiment avance à toute allure. J’vois déjà ses dangereux atours nous foncer sur le dos. J’imagine déjà le Fer brûler sous la puissance de son Feu. Puis une idée d’génie me prend. Sauf qu’il me manque. Ben lui pardi.

    « ORNELLA !!! »
    J’ai à peine le temps d’soupirer qu’elle est déjà derrière moi, attendant les ordres.
    « Trouve Leo. Renverse le bateau s’il le faut, mais trouve-le, tire-le d’son foutu canon ou j’sais pas quoi, j’ai carrément besoin d’lui. »
    Elle repart plus vite qu’un souffle après un bref hochement de tête. Leo, un vieux mage de foudre ronchon qui adore inventer des milliards de choses. C’est lui qui prend soin du bateau, qui répare les fuites, qui colmate les plaques d’acier abîmées, bref c’est le bricoleur attitré du Fer. Sauf qu’en ce moment il est tout à une nouvelle invention qu’il n’abandonnerait pour rien au monde. Mais c’est ma seule chance de pas roussir, là, maintenant, tout d’suite. Ils sont près. Trop près.

    « ARCHERS, PREMIERE VOLEE !! ARMELLE, BALANCE LES VENTS ! »
    D’un geste de ma cartographe, les manieurs d’arcs encochent, lèvent leur arme vers les cieux tourmentés, et tirent. Une magie d’un vert doux entoure la jeune femme blonde, qui termine d’incanter violemment et éjecte les flèches à l’aide d’une violente rafale, tout droit sur l’ennemi. Le coup d’envoi est lancé.
    « Volée de flèches à l’approche, oiseaux à l’abri !! »
    La grosse voix de Leorh résonne sur le pont du Fer alors que les Laguz se mettent à couvert. Tain, pour rien au monde je le remplacerai celui-là. Tout l’monde esquive comme il peut les dangereux projectiles, alors que j’reste toujours fière et droite à l’arrière du bateau, attendant une attaque de front… Ou plutôt de derrière.

    Puis j’les vois. Ces rougeurs, au fond de canons trop étranges pour être de réels canons.

    « A COUVERT CA VA CHAUFFER MES ENFANTS !! »
    Chacun s’évertue pour faire filer la carcasse du Fer sur les courants les plus rapides, alors que Leorh bataille avec la barre pour qu’on n’dérive pas. L’océan chauffe. La gueule des canons d’l’enfer s’apprête à cracher. En une explosion de fureur et d’rouge, deux gigantesques boules de feu foncent soudain vers nous. J’serre les dents. Tain, tain…
    « TONNERRE !! »
    A côté d’moi, une silhouette voutée dans un manteau gris foncé a encore la main levée après son incantation. Leo tourne son visage fripé vers moi et m’sourit de tout ses vieux chicots.
    « C’est de la belle magie qu’ils font là… »
    Je m’retiens de n’pas lui coller une baffe. Ptain, s’il n’avait pas contré avec une magie devant laquelle le feu est vulnérable… Le cul du Fer serait bien moins joli à l’heure qu’il est.
    Leo reste à l’arrière, soutenu par deux grands gaillards faucons, pour le tirer d’là s’il devait griller. Une idée m’prend et j’cours vers le pont.


    « Bon, mes tits Laguz, ne vous transformez que si on est abordés. Attendez vraiment l’dernier moment pour montrer à quel point vous êtes jolis sous forme animale. Sophia, essaie d’faire germer des ptits blocs de glace au pied d’leur bateau, ça devrait pas les ralentir mais ça pourrait les ébranler un ou deux coups. »
    La p’tite mage aux cheveux bleus hoche la tête, un peu troublée. Oui, pas besoin d’me préciser que l’eau salée c’est galère à geler. Ben les batailles navales c’est difficile à gérer t’sais.
    « PREMIERE SALVE DE CANONS ! »
    « On s’accroche mes trésors ! »
    Et alors que les flèches continuent d’pleuvoir, qu’Armelle s’évertue à créer des vents contraires au dessus du bateau afin de n’recevoir qu’un minimum des attaques, les détonations bien trop connues des coups d’canons se font entendre.
    « Préparez-vous à riposter ! »
    Les boulets sifflent, s’enfoncent dans la coque, qui ploie mais n’craque pas. Les renforcements en acier résistent à merveille. Quelques uns d’mes matelots volent, mais pour la plupart ils parviennent à rester sur leurs deux jambes. J’cours à la barre pour faire virer le Fer afin qu’les canonniers puissent les pigeonner à leur tour. Nos bateaux s’effleurent. Mes yeux croisent ceux de glace de l’autre, là. Barbe Noire. Celui qui, durant de trop longues années, n’a jamais accepté ma présence au sein d’la piraterie, jugeant qu’une femme n’pouvait pas monter si haut dans les échelons du pouvoir.

    Je lui présente un majeur.

    Il me présente le fil de son épée, et d’un coup j’me casse la gueule. Trois plaques de métal se détachent de la coque et tombent lourdement dans l’eau, alors que les voilures du Fer deviennent folles. J’entends un grand cri derrière moi.
    Sophia, nimbée de puissance magique d’un bleu intense, gèle instantanément tout le contour des flots battants la coque du Revenge.

    « Matelots du Fer, à l’abordage !!! »
    Mais déjà le foutu rafiot recule. Ou plutôt le mien vire de cap. Grr, t’vas voir connard. J’vais y arriver. Et pendant c’temps, Leo bloque de nouvelles boules de feu qui manquent de nous roussir le poil. La première rafale des canons du Fer font trembler tout l’bâtiment, alors que les dangereux bouts d’ferraille vont s’loger gentiment dans le ventre du Revenge.

    Là-haut, sur la vigie, un petit mousse s’envole en apercevant un homme prisonnier dans la cabine adverse, dont l’un des murs vient d’être défoncé par deux ou trois boulets.
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeMar 6 Mar - 2:04



Les dieux de l'océan s'apprêtaient, braquant leur puissant regard illuminant les cieux vers l'affrontement, leur souffle faisant gonfler les vagues et propulsant les navires sur la mer noire de fureur : une fureur faisant écho à la joie sanguinaire qui s'échappe du cruel capitaine. Edward Teach rit devant ce spectacle, un spectacle qu'il a consciencieusement préparé. Ah comme elle se débat la petite garce, comme elle manœuvre afin de ne pas lui laisser l'occasion de l'envoyer par le fond... Couler son bâtiment, quelle idée saugrenue. Le regard inhumain du pirate se dirige vers le monstre au fouet dont le claquement et les ordres résonnent à travers la tempête. Le contremaître s'immobilise un bref instant avant de rugir de nouveau.

- Inferno!

Le signal est donné. Les invocations se tracent comme par enchantement sous la paume des deux magiciens tandis que les canons s'illuminent et rougeoient, prêts à vomir tout l'enfer du monde sur le navire qui tente désespérément de s'écarter de la trajectoire. Et c'est presque avec un sourire réjouit que Barbe Noire observe la parade élaborée par sa proie, un éclair protégeant l'arrière du navire à tout prix. Le bout des doigts osseux du pirate effleure très légèrement la garde de son sabre, paisiblement calfeutré dans son fourreau alors que le Revenge accélère brutalement la cadence.
- Archers, canonniers ! A vos postes!!!

Pas d'hommes sur les rebords pour parer à un abordage ennemi. Sur le pont on galope, on transporte les munitions et on charge les gueules infernales tandis que déjà les monstrueuses armes frontales chauffent de nouveau, armées au cas où. Les marins font rouler les boulets dans la cale tandis que les lattes de bois s'inclinent légèrement, laissant le précieux chargement rouler jusqu'à qui de droit ; les carquois bondissent dans les haubans, propulsés par la poigne ferme de cordages tentaculaires jusqu'à la vigie où trois hommes armés d'arcs longs décochent tir sur tir. Viser l'ennemi, le harceler, l'obliger à baisser sa garde, le navire fera le reste.

Le tonnerre des canons retentit en réponse au rugissement du contremaître alors que les ripostes de l'ennemi s'écrasent sur la coque du Queen Ann's Revenge sans blesser son équipage. Aucun homme ne croise le regard de l'ennemi, trop confiant pour craindre une quelconque attaque et seul le bleu glacial du sabreur rencontre l'or de la pirate. Un regard, une insulte, une riposte.

La glace n'est rien face à la puissance déchaînée des flots et tandis que le Fer échappe à sa propriétaire, le Revenge bondit presque par dessus l'obstacle, disparaissant momentanément derrière une crête écumante.

- Contremaître, préparez l'abordage.

Le bruit des lames qu'on tire est aussitôt recouvert par la masse d'eau glaciale que le bâtiment percute de plein fouet, émergeant de l'écume à la manière de l'un de ces monstres de légende. L'eau s'infiltre dans la coque trouée aussitôt calfeutrée par l'équipe de secours et la magie. Les lance-flammes crachent leurs diaboliques miasmes par le flanc du Fer obligeant celui-ci à poursuivre sa route pour esquiver. Le sourire de Teach s'éclaircit alors que sa poigne experte s'empare du gouvernail, luttant contre le courant pour faire virer l'imposant trois-mâts, plus léger que la barrique adverse. Un toucher du doigt et les voiles se déplient, aussitôt gonflées par un vent favorable. Il la tient, il l'accule, elle se débat mais lui est bien trop rapide et, alors qu'une nouvelle salve mortelle brise la mélopée du vent, alors que ses hommes, plus nombreux et libres de toute tâche, s'entassent le long de la rambarde, il contemple ce que chaque marin voyait venir à des kilomètres. Une lame de fond, immense, terrible, masquant le peu de lumière restant de son ombre destructrice. Le Fer tente de réagir... Mais il est si lent, et le sabre de son ennemi le tient si bien que déjà le lourd flanc encaisse les premiers embruns, prêt à se retourner sous le choc. La glace s'empare à nouveau de la coque du Revenge mais Barbe Noire ne cille même pas. Les voiles se replient sur son ordre, les cordages se propulsent en tout sens, attrapant hommes et cargaisons, le plancher se desserre, évacuant l'eau des cales afin d'être plus léger et seul le cri suraiguë d'un roi pirate prisonnier brise le silence précédent l'impact.

***




Le choc est rude et glacé. Tout tangue, tout craque, l'eau assomme même les morts vivants mais le bois encaisse, s'assouplit tant qu'il le peut sous l'assaut pour ne pas céder et bientôt, le navire sanglant émerge tel un spectre des abysses, Teach riant la barre fermement tenue entre ses mains calleuses. L'un des mâts semble vaciller mais déjà la magie le redresse sur ses bases fendues par l'impact tandis que quelques charpentiers quittent leur poste de combat pour aussitôt le remettre d'aplomb. Quelques cordages ont lâchés, l'eau noyant les cris des infortunées victimes mais tout se déroule merveilleusement bien. Dans la cabine éventrée du capitaine, un homme tousse et crache, son tricorne miraculeusement coincé entre ses mâchoires.
- Grahfleughpteuh.
- P... Pardon ?

Le pirate baisse lentement les yeux vers l'oisillon à moitié assommé contre son torse trempé par l'eau de mer avant de littéralement lui cracher son couvre-chef à la figure.
- Je disais... Bonjour, capitaine Jack Sparrow pour vous servir.

L'enfant n'a pas le temps de déterminer quelle affirmation, entre la présence d'un roi pirate captif en ces lieux et le fait qu'il ait pu songer à prononcer une aussi longue phrase un chapeau en bouche, était la plus vraisemblable qu'un rugissement sonore provoquait une brusque poussée de la chaise vers l'arrière. Et tandis que l'enfant roule contre l'imposante bibliothèque désormais trempée, le pirate jaillit joyeusement en un salto impressionnant, ses chaînes miraculeusement brisées lui permettant d'esquiver le coup fatal de l'officier. Son regard brillant se posa sur ses poignets désormais libres de toute entrave.
- Je suis génial.
- Attention!

Un hurlement de fillette plus tard, le roi pirate plongeait sur le tapis détrempé évitant de nouveau une horrible fin alors que l'énorme lame de son adversaire fracassait le bureau. Le bois ne résista pas longtemps alors que la bête s'avançait d'une démarche féroce vers sa proie...
- Attendez attendez attendez!

Les doigts de Sparrow s'agitèrent en tout sens devant les yeux de la bête alors que celle-ci hésitait un instant devant l'air suppliant de son ex prisonnier. Jack reprit lentement sa respiration avant de poser un regard interrogatif sur le visage difforme de la bête.
- C'est vraiment ce que vous souhaitez ? Je veux dire... Ma mort vous motive à ce point?

La créature sembla réfléchir un instant avant de hausser brièvement les épaules, arrachant un soupir presque las à l'homme lui faisant face.
- D'accord... On reprend !

Son poing frappa, vif comme l'éclair, brisant net l'une de ses phalanges sur le crâne horriblement dur de la créature. L'air indigné de souffrance de Sparrow laissa vite place à l'effroi lorsque son adversaire fendit l'air de son acier. Etait-ce du à un tangage du bateau ? A un redoutable mouvement imprévisible ? Toujours est-il que le pirate se retrouva dans le dos de son adversaire, son air courroucé allant de son doigt blessé au zombie responsable. Son pied se leva, et d'une furieuse impulsion, le Beorc propulsa l'officier à travers la porte de la cabine, la créature s'écrasant juste aux pieds d'un Barbe Noire trempé et au regard surpris... Mais fort effrayant.
- Oups...

D'un simple regard, le maître des lieux confia la barre à l'officier à terre, ce dernier se relevant rapidement pour prendre la place qui lui était attribuée. L'abordage était proche et il ne voulait point s'encombrer de pareils détails. Ses bottes résonnèrent effroyablement sur les planches détrempées alors qu'il s'approchait du roi pirate, ce dernier cherchant nerveusement un chapeau qu'un jeune mousse corbeau légèrement sonné tenait toujours entre ses petites mains d'adolescent. Abandonnant finalement l'espoir de retrouver son fidèle tricorne sur sa fidèle tête, Jack s'avança, battant l'air de ses doigts comme si jamais il n'avait été touché... Et se déplaçant à la manière d'un véritable ivrogne.
- Teachy... Mon ami... Il s'agit là d'un regrettable malen...
- Je vous avais prévenu Jack!!!

Le sabre fendit les airs juste à l'instant où le roi pirate s'emparait des battants enfoncés pour les rabattre vaillamment juste sous le nez du démon.
- C'est capitaine Ja... Hiiiii!

La lame d'Edward Teach transperçant le bois juste sous son nez le convainquit de s'emparer du bout de bois le plus proche (coup de bol vraiment) et de barricader la pièce avant de prudemment se reculer. Un cri de rage et de violentes entailles faites à la porte plus tard, et le pirate se retournait instantanément vers le mousse. Son doigt pointa l'ouverture par lequel le corbeau était arrivé.
- Pigeon vole!

L'adolescent ne se le fit pas dire deux fois et bondit à travers le trou...
- Hey... Hey ow eh attend!... emportant avec lui le précieux tricorne.

Le Beorc jura, frappant négligemment ses mains l'une contre l'autre, et réveillant la douleur de son doigt blessé, tandis que dans son dos, la pointe d'un sabre piquait sournoisement l'omoplate du prisonnier, ce dernier levant lentement les mains avant de se retourner, l'arme ciblant sa gorge.

- Quelle... Rapidité Teachy vraiment... Vous me surprenez!
- Je ne sais pas par quel miracle cette vague ne vous a pas englouti J...
- Capitaine...
- ...
-... Mais après tout pourquoi s'embarrasser de tels titres... Teachy.

Le sabre s'avança brutalement au moment où le pirate se décalait habilement sur la gauche, la lame ne faisant que rajouter une zébrure à sa chemise déjà fichue. Sparrow recula instantanément, sa main agrippant ses effets miraculeusement présents...
- Ou tout du moins... A moitié... put-il constater fort justement en observant la disparition de sa lame.

Le sabre de Barbe Noir se leva mais un pistolet braqué dans sa direction arrêta aussitôt son mouvement.

- Vous êtes idiot... La poudre est inutilisable!
- Vous prenez le risque?

Edward Teach fit un pas en avant alors que le prudent roi en reculait d'un. Un sourire jaunâtre illumina finalement le visage de l'ex prisonnier.
- Et maintenant, mon cher Teachy, que ce jour reste en votre mémoire comme celui où vous avez failli...

Barbe Noire attaqua, la poudre était effectivement mouillée, et Sparrow chuta, engloutissant la fin de sa phrase dans un long cri de détresse.

***

Emergeant sur le pont du navire, le capitaine s'avança vers la barre tandis que son sous-fifre lui cédait automatiquement la place. Le Fer n'était plus qu'à quelques encablures : flèches, sorts et boulets s'échangeaient tandis que la glace tentait toujours de piéger le Revenge, virevoltant habilement à travers les flots déchaînés, se rapprochant dangereusement du lourd bâtiment. Le regard glacial de Barbe Noire se posa sur l'officier à la dague, sa voix tremblante de rage éructant.
- Trouve Sparrow... Et tue-le !

Un grognement plus tard, la créature s'éclipsait sur le pont, à la recherche de sa cible.
- Contremaître!!!
- Oui capitaine!
- A l'abordage. Pas de quartier. Ramenez moi la hache et la femme... Morte ou vive!

Le sabre noir s'éleva dans les cieux tandis que la vitesse du Revenge diminuait. A la manière d'un brise-glace, le navire pulvérisa la mince barrière givrée qui commençait à se former avant d'amorcer sa manœuvre d'abordage. Une dernière rafale juste avant le corps à corps... La plus meurtrière, un coup échangé par les navires:
- FEUUU!!!

Les canons tonnèrent, broyant gréements et haubans, pulvérisant les ponts des deux navires et fauchant les équipages, la mitraille transperçant la chair aussi sûrement que des balles. Et ce fut le choc. Les grappins qui s'accrochent juste avant le piqué meurtrier des oiseaux, fauchés en plein vol par les tireurs de la vigie, écrasés par le poing du contremaître et bataillant avec l'équipage. Certains tentèrent de s'approcher du capitaine noir mais seul leurs cris étranglés par les cordages les accueillirent : l'esprit d'Edward Teach s'affairait ailleurs. Les hommes des deux bords bondirent, faisant claquer leurs pistolets et chanter leurs lames tandis que les deux zombies se déchaînaient... Deux bêtes atroces seulement...

***




Les abysses résonnaient du fracas des armes, du crépitement des canons et de la fureur des hommes et tout ce vacarme avait fait fuir le moindre être vivant à des lieux à la ronde... Ne restait que les morts. Nageant presque à la manière d'énormes poissons, les deux monstruosités plongèrent plus profondément afin de se glisser sous l'imposante masse du Fer. Plonger à la suite de la lame de fond avait été un jeu d'enfant, tout comme infiltrer la place le serait : leur maître préparait déjà la faille.

Les deux horreurs humaines émergèrent lentement de l'autre côté du navire, leurs seuls crânes dépassant de la surface noire et agitée des flots. Là, sous leurs yeux globuleux et vides, une faille s'ouvrait lentement, le bois se disloquant afin de se débarrasser des imposantes protections de métal. Le géant noir nagea lentement vers sa cible, son imposant fléau ne semblant nullement l'incommoder dans son déplacement. Et, c'est avec un mouvement d'abord lent puis de plus en plus rapide que la créature frappa la coque fragilisée. Le bois céda sans le moindre effort et la voie d'eau l'entraîna lui et son immonde compagne dans les cales du vaisseau.

- Voie d'eau dans la cale !!! Qu...

Les hachoirs sectionnèrent la gorge du Marqué sans aucune pitié tandis que le fléau abattait les quelques hommes présents, leurs cris de souffrance aisément masqués par le fracas des combats. Armes au poing, les immondices ne jetèrent même pas un regard à la fuite qu'ils avaient provoqués avant de s'engager d'un pas vif dans la coursive. Pas un regard aux dégâts, aux morts... Ou même à la masse informe recroquevillée derrière la caisse la plus proche du trou.
-... Le cap...*tousse*... Jack Sparrow...*tousse*



_____________________________________________________
Petit résumé de la situation : MEGA ABORDAGE OF DEATH !!!

Bon comme d'hab je te laisse le soin de parler de toutes les pitites scènes de combats qui pourraient te faire tripper grave, je me suis essentiellement concentré sur notre ami jacky dont je te laisse la maîtrise partielle sur ce tour => objectif : récupérer le chapow 8D (et même qu'il a un pistolet.... mouillé)

Car oui Tinel n'est pas revenu les mains vides (mais bon il est quand même vachement dégueu et troué ce tricorne... puis il est ptit aussi)

Barbe Noire a carrément infiltré deux de ses officiers dans ton petit batow (comment jack a fait pour les suivre ?........ Oh des bananes!) donc wala c'est le caca toussa toussa les marins de barbe noire n'ont absolument pas besoin de s'occuper de leur navire vu le pouvoir du sabre, contrairement aux tiens à toi, ce qui occasionne un certain déséquilibre dans le nombre de gens disponibles. A noter qu'une fois sa petite infiltration réussie, Barbe Noire va se faire un plaisir de tenter de venir te découper ta race.

Petite info supplémentaire : Les trois archers dans la vigie du Revenge sont niveau 20 et possèdent tous un arc long.

Wala wala ^^ Bon abordage !
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeDim 18 Mar - 1:01

    C’quand t’as l’impression qu’ça commence à chauffer qu’un truc fait redescendre la pression. Tu le vois, ce truc qui s’approche de toi, rempli d’matelots pas à leurs postes, qui n’ont qu’pour unique but celui d’venir te péter la gueule à toi et tes matelots. Tu les vois, tu leur ferais bien un doigt. Pour qui ils s’prennent, ces p’tits cons ? Bordel, ils étaient encore dans l’giron d’leur mère que j’naviguais déjà sur toutes les eaux, alors ils vont pas commencer à m’faire chier. Le Revenge s’rapproche du Fer, beaucoup trop. J’regarde mes hommes. Font c’qu’ils peuvent. Sophia tente comme elle peut de ralentir les eaux où mouille notre adversaire, mais la bête est chiante et vive ; et l’autre la contrôle trop parfaitement.
    Voilà les deux rafiots qui s’frottent ; j’ai un peu l’impression qu’mon pauvre bateau se fait violer en bonne et due forme. Mes mains s’resserrent autour du manche d’Orchak. Un nouvel Inferno va nous tomber sur la gueule ; le dernier. Leo se prépare à l’recevoir.
    Puis la pluie. C’te pluie immonde, qui nous suit encore et toujours, la putain d’pluie redouble d’efforts pour nous taillader. Mais elle fait mieux. Elle affaiblit les feux. Et alors que la boule fonce vers nous, elle perd en puissance et en volume. Un simple éclair de mon mage de foudre la réduit à néant. Bien fait pour ta gueule, grognasse.
    J’me détourne de ce spectacle pour gérer le reste. L’abordage commence trop vite à mon goût.


    « Archer, salve !! »
    Une pluie d’flèches agresse les premiers attaquants, qui tombent comme des mouches dans les flots déchaînés. Mes marins font c’qu’ils peuvent pour faire front. J’vois Ornella, aux premiers rangs, qui vient en aide à chaque marin qui semble faiblir. Son grand coutelas tranche les gorges et les tendons avec une aisance insolente, et retourne dans les ombres tout aussi aisément. Elle vole, c’te fille que j’ai ramassée un jour sans vraiment m’soucier d’qui elle était et de c’qu’elle voulait foutre sur mon bateau.(*)

    Un rugissement déchire le fracas du tonnerre. J’vois Leo qui retourne vers la cale, son devoir effectué. Par signes, j’lui ordonne d’aller réparer les failles dans la coque. Il lève un pouce assuré en disparaissant sous la trappe. Me tournant vers l’origine du vacarme, j’vois mon fidèle Leorh entouré par plusieurs assaillants, qu’il dépasse tous d’une tête au moins. Sa lame neuve brille d’un éclat malsain et tranche trop aisément les cuirs solides des pirates rôdés aux mêlées. Mon second, lui, semble danser autour de ses adversaires, épousant leurs mouvements en restant fixé sur chaque mouvement s’effectuant autour de lui. Parfois, il ferme très légèrement les yeux, et ses oreilles s’abaissent alors qu’il bloque une attaque qu’il n’aurait pas du voir. (*)

    Au-dessus de moi, une voix criarde me manque. J’lève le nez, ne comprenant pas pourquoi Mark Rivendell n’est pas en train d’gueuler pour qu’on lui rattrape ses hachettes. Une silhouette à ses côtés se tient fière et droite. Une silhouette qui de coutume ne se tient certainement pas dans les haubans. Drapée de bleu, le chignon défait par la violence du vent qu’elle peine à contrôler autour d’elle, Armelle s’accroche fermement à un cordage d’une main, et guide les rafales d’une autre dans laquelle repose son livre ouvert. Ces vents violents, courbes et fourbes, elle les dresse et force le destin à renvoyer les hachettes à son propriétaire légitime.
    Et ils sont là, à accorder leurs mouvements, lui à viser et lancer d’un coup de poignet expert les lames légères, elle à les guider avec une précision macabres avant d’les rapporter, encore gouttant de sang, à leur point de départ.
    Puis à un moment, elle se saisit de la main gauche du jeune homme et change son livre de main. Elle lève la droite haute dans le ciel, alors qu’le Mark arme sa petite hache. Une concentration d’énergie se fait au niveau d’leurs mains liées, puis d’un coup ils les abaissent fortement, criant à l’unisson.

    « Aircal… »
    « Hachettes ! »(*)

    La p’tite hache, piégée dans la lame de vents contraires puissants, semble se dédoubler, encore et encore, alors qu’elle voyage à toute vitesse dans la coulée magique. L’instrument de mort tombe sur les têtes de la nouvelle vague d’assaillants, coupant net les chairs trop sensibles.
    « …Aircalachettes. C’est moche. »
    « T’en fais pas ma belle, l’important c’est l’action, pas le nom qu’on lui donne ! »
    CLAC. Et oui, même dans les situations critiques ce petit con sait recevoir des claques.

    Alors que j’me démène pour ne pas m’faire submerger par les vagues d’assaillants qui tentent de me mettre la main d’ssus, je lance un coup d’œil désespéré vers la cuisine dont la porte est résolument close. En quelques enjambées, j’parviens au saint du saint pour y tambouriner allègrement. Ca s’ouvre. Je recule prudemment.
    Mon immense cuisinier me toise (presque) de haut. Ses deux énormes épées sont accrochées à sa ceinture. Une de ses paluches est nonchalamment posée sur une des gardes monstrueuses. Il a un sourire dans sa barbe lorsqu’il me voit. J’pète un câble.

    « P’tain, enfin là ! T’vas m’aider maintenant, tout d’suite, c’t’un ordr… »
    « Bébé, ça sent la viande. »
    « Hein ? »
    Son sourire s’élargit, encore et encore, et devient malsain au possible. La soif de sang brille dans ses yeux qui ont vu trop d’batailles pour encore s’en soucier.
    « La viande pourrie. »
    Et il me plante là, pour partir à grand pas en direction de la cale. Il en impose tellement que les adversaires s’écartent autour de lui. Non. En fait ils sont jartés par sa présence seule. Vraiment.

    ***



    Il marche, de toute la puissance de ses muscles, de toute la souplesse que son corps rodé par les mers a gardé malgré son âge avancé pour sa condition d’humain. Il est à l’écoute de chaque bruit. Mais il n’entend rien. Un sourire apparaît dans sa barbe blanche. L’appel de la mort se fait sentir. La cale pue la viande en décomposition. Pas de ça dans SA réserve à nourriture.
    Il continue les quelques pas le séparant des intrus dont il connaît déjà parfaitement la nature. Il dégaine ses armes. L’une, puis l’autre. L’acier et l’argent chantent en caressant leurs fourreaux d’une façon presque obscène.


    « Le boucher est arrivé. »

    Il fait à présent face aux monstruosités, qui ne s’attendaient visiblement pas à ce que quelqu’un ne les détecte. Ils sont troublés, se demandant vaguement quoi faire. Puis une seule solution s’impose. L’attaque. Dans une cale. Avec des armes énormes. Et des tonneaux partout. Mais oui bien sûr.
    « Si vous abîmez la nourriture, je vous bute. »
    Ils semblent peu réceptifs à sa remarque. Lui esquisse un sourire, gonfle le torse, souffle, et d’un coup violent, la totalité des tonneaux est éjectée sur les côtés du bateau.
    « Ah, j’oubliais que vous étiez déjà morts. »
    Il s’avance tout d’abord face à celui tenant un énorme fléau. Il éclate de rire. Il aurait très bien pu boire une bonne chope de brune dans la main droite pour pouvoir le battre. Le bleu.
    Alors que le non-mort se prépare à asséner un terrible coup de son arme, il passe derrière lui et tranche les bras au niveau épaules, un par épées. Les membres proprement découpés, comme un terrible boucher saurait si bien le faire, tombent mollement derrière le géant, encore accrochés fermement à leur arme désormais inutile. Un sang noir inonde le sol de bois sec.


    « Ah, bébé va gueuler que c’est sale. Vous avez pas honte. »
    Sans attendre, il rengaine une de ses armes si vite qu’il a aussi le temps de tendre le bras pour accueillir le cou de la créature grisée et sans bras l’attaquant toutes dents dehors. Les dents se referment sur l’acier solide sans que celui-ci ne bronche. Le cuisinier grogne.
    « Les bêtes qui mordent, soit on les muselle, soit on les décapite. Faisons les deux, tu m’es détestable p’tit gars. »
    Il tend son bras gauche retenant le cou du zombie, puis l’attire soudain violemment vers lui – et vers sa lame encore placée à l’horizontale. L’épée tranche la bouche tout du long, dessinant un dernier sourire de mort sur ce visage macabre. Puis il tire encore un coup sec, séparant le haut de la tête de son corps. Ce dernier n’a même pas de dernier spasme, la fausse vie l’habitant s’enfuyant dès que la colonne vertébrale est entièrement tranchée.

    Il n’a pas le temps de souffler que déjà le second monstre, réalisant à peine la perte de son partenaire, se traîne lourdement vers lui. Le héros éclate de rire.

    « Alors toi, en tant que mon adversaire, on t’a donné deux tares. »
    Il passe souplement derrière elle, la créature ne pouvant suivre son rythme tant sa masse de graisse et de muscles est lourde à déplacer.
    « De une, t’es plus grosse qu’un porc. Presque un porc humain. Et ça m’connaît en découpage de porc. »
    Elle finit par se retourner vers lui, mais d’un jeu habile et couplé de ses deux armes géantes, il la force à se désarmer d’une, puis de l’autre de ses armes. Il la met en joue pour achever sa phrase.
    « De deux, t’avais deux grosses haches contre deux grosses épées. Devine qui gagne. »
    Le zombie voit à peine la mort venir ; l’une des lames tranche son corps de haut en bas, en une verticale parfaite, alors que l’autre découpe trois fois horizontalement, avec une précision et une force effarantes pour être capable de trancher dans un tel amas de chair. Les huit morceaux du zombie tombent lourdement sur le sol à présent parfaitement noir.
    Il se tourne vers le seul tonneau qui n’a pas bougé d’un centimètre lors de son extension d’aura. Il la réutilise afin de faire, cette fois-ci, sauter le couvercle. Un petit cri de jouvencelle accueille cette soudaine action, et Jack Sparrow émerge de derrière le tonneau rempli de viande salée. Puis il trébuche sur le sang épais, et renverse le tonneau et son contenu. Un oups traverse ses lèvres.

    Puis trop de choses se passent en même temps. Roger, en observant la scène, se contente d’hausser un sourcil. Sparrow parvient à rattraper le couvercle in extremis avant qu’il ne touche le sol, puis prend appui sur un de ses pieds afin de pouvoir, de l’autre, redresser le tonneau en pleine chute, relancer les morceaux de viande en l’air, déplacer le tonneau afin d’en recevoir la majorité, puis utiliser le couvercle pour en recueillir le reste. Il termine l’action dans une position dont l’équilibre est plus que douteux, mais toute la viande a été sauvée. Enfin, presque.
    Lentement, Roger saisit une de ses épées, et pointe Jack Sparrow avec. Puis il descend doucement la lame en direction d’un unique morceau de viande séchée tombée à ses pieds. Il la pique de la pointe de son arme, l’apporte à ses lèvres, et la mange d’une bouchée. Puis il rengaine et tourne les talons.

    « C’est toujours un plaisir que de recevoir un Roi Pirate à bord. »
    Jack Sparrow attend de le voir remonter. Il regarde à droite, il regarde à gauche. Il va vers les cadavres des zombies (enfin, les morceaux), renifle, et trouve qu’ils sentent plutôt mauvais. Il va vers le cadavre du pauvre Marqué qui ne les a pas vus venir, le pouite, et trouve qu’il a pas eu de chance. Puis, à petits pas prudents, il se dirige vers le pont.

    ***


    Bientôt j’vois plus Roger. Mais c’est l’cadet d’mes soucis, disons que j’ai un peu d’autres trucs à gérer moi. Déjà, y’a des putains d’archer qui commencent à grave me saouler. J’me tourne vers deux gamines bien connues.

    « Sophia, Alexia, j’sais qu’ça va être dur, mais essayez d’mettre à l’essai la technique dont vous m’avez parlé y’a quelques jours. Canardez-moi les mecs là-haut. »
    Les deux meilleures potes me r’gardent, r’gardent c’que j’pointe, puis hochent la tête, et elles y vont. Sophia gèle très légèrement la pointe des flèches d’Alexia, qui s’débrouille pour viser les archers ennemis ; ou plutôt leur peau. L’premier projectile chante, et va s’planter dans l’bras d’un des mecs. Sophia s’concentre, puis d’un coup, le bras s’raidit, et bientôt tout l’corps. Il tombe. Les deux autres paniquent, mais Alexia a déjà rechargé, et Sophia est déjà concentrée à l’extrême pour recommencer. Elle parvient à mettre à bas les autres archers, mais elle s’écroule dans les bras d’sa pote juste après. Out pour le moment.

    « Cap’taine, cap’taine ! »
    J’coupe proprement la tête d’un mec qui m’agresse avec une lance. Nan mais oh.
    « Quoi, Tinel ? J’suis légèrement occupée là. «
    « J’ai le chapeau de Ja… »
    Une flèche lui frôle le visage, pendant que j’tape sur de l’ennemi tout neuf qui vient d’monter à bord.
    « Et sinon j’ai le cha… »
    Une grosse vague l’emporte loin d’moi alors que j’l’évite prestement pour pas voler la poudre de mon nouveau jouet. D’ailleurs, comment ça marche ?
    J’sors l’engin, j’le triture avec précautions, puis j’vise un mec avec. Alors que j’tire, la tête est fauchée par la grande lame de Leorh. La balle passe au-d’ssus du cou tranché. Et elle va percer le centre d’un vieux tricorne noir émacié qu’un homme, près de Tinel, est en train de remettre sur sa tête. J’regarde mon mousse. Mon mousse me regarde d’un air effaré. J’regarde l’homme. Me dit quelque chose. Plus j’me l’dis, plus j’me dis que c’est carrément méga la merde si c’que j’vois est vrai.

    J’essaie d’me concentrer sur autre chose. Genre, sur la bataille. Et alors que j’y vais de droite et d’gauche avec le coup d’butoir, quelque chose me manque soudain. De long, d’habituel, de puissant. Ma hache. Ma putain de bordel de hache qui a … DISPARU ??? J’regarde de gauche, de droite, puis j’vois ce putain de Sparrow se barrer avec ma précieuse arme dans les bras. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec ma hache, bordel ? J’lui cours après, mais l’autre sur le Revenge a bien vu mon manège. D’un coup violent il rapproche encore plus les deux bateaux, et le sacré Roi Pirate est éjecté sur le rafiot ennemi, ma précieuse hache dans les bras.


    « LEORH !!! »
    Le regard de mon second balaie la scène. En un instant, il est à mes côtés, et il pousse un long rugissement en direction des cieux. Sa fourrure pousse, une crinière abondante entoure son large cou, ses pattes se musclent. Souplement, je monte à cru sur le dos large et puissant de ce Laguz qui me sera à jamais fidèle et en qui je place toute la confiance du monde. D’un bond, d’un unique bond, il traverse les mètres qui séparent à présent les deux bateaux, puis on atterrit au milieu du pont. Je pointe l’arme de mort, l’arme de feu dont la poudre est parfaitement sèche et rechargée, vers la tête de Barbe Noire qui s’avance au devant de Jack Sparrow. Je me redresse de toute ma taille, du haut de mon imposante monture qui fait reculer quelques matelots.

    « Fini de jouer maintenant. Vous commencez tous à me faire chier, avec vos petits jeux à la con. Cette hache m’appartient, à moi seule, et je suis la seule à pouvoir l’utiliser. Alors vous allez me la rendre. Immédiatement. »

    Je fronce les sourcils, mon regard d’or se durcissant au possible. Ma voix couvre la tempête et la distance qui me sépare de mon bateau.
    « A TOUS LES LAGUZ !! TRANSFORMATION !!!! »


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeMer 4 Avr - 20:09



Elle est là, tentant de lui faire peur à lui avec son jouet et sa grosse voix. Un peu comme une enfant menacerait un adulte. Le sourire de Barbe Noire est cruel et sans appel mais il n’est rien, non vraiment rien, à côté de la puissance charismatique du sourcil levé de Jack Sparrow. Lui ne rit même pas… Il n’a surtout pas compris pourquoi on l’engueulait et tente de le faire remarquer en levant un doigt, demandant la parole comme tout bon gamin l’a appris au moins une fois dans sa vie.
- Si je peux me permettre…
- A TOUS LES LAGUZ !! TRANSFORMATION !!!

Le roi pirate pousse un petit cri effrayé sous l’interruption et se recroqueville sur l’arme qu’il tient toujours entre ses doigts crasseux. Sur le Fer, c’est la débandade. Les pirates de Barbe Noire subissent un brutal retournement de situation tandis que félins monstrueux et horribles volatiles ajoutent leurs forces démesurées à celles des pirates de Moneta. Mais malgré le carnage, malgré le nombre d’assaillant chutant brutalement sous les coups ennemis, Edward Teach se contente simplement d’un rire sarcastique au possible, tandis que le roi pirate commence à se dire que cet homme est réellement cinglé. Ignorant complètement Sparrow ou ses hommes organisant la riposte tant bien que mal, Barbe Noire se tourne face à l’imposante amazone qui le tient en joue. Les poils de sa monture comme sa longue chevelure blanche sont trempés par la pluie et les vagues, le sang marque leurs deux corps mais jamais aucun peintre n’aurait pu mieux rendre la colère dans leurs yeux que ne le fit la foudre déchirant les cieux dans leur dos.
- Mais c’est qu’elle a de la voix. Regardez donc ça mon cher Jack ! Une vraie Walkyrie des temps anciens, une féroce guerrière qui nous sommes de lui rendre son jouet…

Il se tourne et pousse un soupir las en constatant que le Sparrow en question a déjà décampé, laissant la hache en plan pour escalader rapidement le mât du Revenge. Qu’importe, il lui courra après plus tard. Son regard brillant de la noirceur des abysses revient à cette femme capitaine qu’il méprise profondément.
- Peut-être pensez-vous m’impressionner avec cette arme «redoutable » que tiennent vos fragiles petites mains… Il sent le regard méprisant de la pirate s’accentuer.… Mais vous êtes bien loin du compte ma chère.

Il fait un pas alors que le doigt de son adversaire se rapproche lentement de la gâchette. Il sait qu’elle va tirer, qu’elle le tuera sans hésitation après tout… C’est une pirate. A travers les rugissements de la tempête, il entend les hurlements d’agonie des hommes de son équipage. La bataille est bientôt finie, mais elle durera bien assez encore.
- Alors qu’attendez-vous « Capitaine » ? Votre adversaire le plus coriace se tient entre vous et votre bien le plus précieux, votre trésor… A moins qu’il ne s’agisse désormais du mien ? Oui je crois que cette hache fera très bien dans ma col…

Le fracas du tonnerre couvre la détonation. La balle le frappe en plein torse et le traverse de part en part, ruinant la dentelle de sa magnifique chemise. Son manteau en a vu de bien pire mais il aurait préféré qu’elle ne troue pas un vêtement aussi cher. Un instant, Orchak brille silencieusement à travers l’orifice nouveau de la poitrine de Barbe Noire, puis la chair se referme. Pas de sang, pas de blessure, pas de victoire.
- Je vous avais bien dis que vous étiez loin du compte, impatiente que vous êtes.

Il époussette d’un air nonchalant l’endroit où l’instrument de mort l’a frappé avant d’afficher un sourire vicieux.
- Il paraît que vous vous faîtes appeler la Reine des Mers… Un titre bien insolent sur une mer de conquérants. Permettez donc au pirate que je suis de mettre un terme à votre règne.

La masse sombre de l’immonde créature recouvre instantanément la pirate presque désarmée et, avant que la cavalière comme la bête ne puissent réagir, le fouet du contremaître enserre la taille de la Marquée avant que la force monstrueuse du zombi ne la fasse valser à l’autre bout du bâtiment, son faible corps vivant rebondissant durement sur les lattes détrempées du pont. Leorh pousse un grondement terrible mais une lueur dévastatrice précède le choc brûlant que lui inflige une boule de feu le frappant en pleines côtes. Le lion rugit de nouveau mais cette fois-ci de douleur tandis que sa masse imposante est projetée à l’opposé de son capitaine. A travers la tempête, et tandis que le Revenge se détache silencieusement du Fer toujours en proie au conflit, le rire machiavélique d’un pirate adepte de magie noire retentit.

***

Barbe Noire contemple la hache argentée à ses pieds, enfin à sa merci sur ce sol qui lui appartient, mais celle-ci a désormais perdue tout son intérêt. Seul l’intéresse le roi pirate ayant presque atteint les haubans, c'est qu'il grimpe vite l'animal. Enjambant l’arme redoutable, le pirate accélère la vitesse du Revenge du bout du doigt alors que derrière lui commencent deux affrontements distincts. Qu’importe le résultat, il se sait déjà vainqueur au final. Un cri aquilin lui fait lever le regard alors que des ténèbres environnantes, dans lesquels disparaissent les dernières lueurs du Fer, jaillissent deux faucons et un corbeau de taille plus petite, visiblement bien déterminés à venir à la rescousse de leur capitaine adorée… Comme c’est mignon !

Du bout du sabre, le pirate change brutalement la direction du Revenge et alors que les voiles et les mâts changent de bord, les immenses madriers manquent de frapper les volatiles luttant déjà contre la tempête. Ces derniers changent de cap afin d’éviter la collision et se ruent sur l’adversaire à leur portée : le capitaine ennemi en personne… Quelle victoire ce serait pour eux s’ils parvenaient à le mettre à terre. Barbe Noire a un soudain sourire sanguinaire, terrifiant et inquiétant. Le corbeau sent brusquement la peur s’emparer de lui et ses ailes s’orientent légèrement… Juste à temps. Le sabre semble à peine quitter son écrin, l’acier siffle mortellement et frappe. Tinel crie. Son corps d’adolescent rencontre à son tour le plancher des vaches, sa main agrippant désespérément son épaule presque découpée tandis que les restes de ses camarades frôlent Barbe Noire et disparaissent dans les flots. Edward Teach pose son regard sans émotion sur le gamin blessé. Celui-ci le regarde sans un mot, ses yeux ne sont que haine et défi… Qu’il en soit ainsi ! Un violent coup de pied expulse l’oisillon contre le bord du navire, son sang marquant le sol sur son passage tandis qu’il se mord les lèvres pour ne pas crier. Face à lui se dresse le zombi, le dernier, celui dont le coutelas fait facilement deux fois celui d’Ornella. Le gamin tente de s’envoler mais son aile est blessée et la douleur lui arrache une violente nausée. Barbe Noire regarde ce mousse sans importance et capte rapidement le regard de son capitaine alors que celle-ci fuit la rapidité monstrueuse du contremaître.

- Tue-le.

Dans l’esprit de Tinel ne résonne plus qu’une chose alors que le coutelas se dresse : « Cours »

***

Les cordages sont trempés et huilés mais la chance guide les pas de Jack Sparrow alors qu’il atteint la première plate-forme… Là où le bas blesse, c’est lorsque l’homme qu’il tente de fuir l’accueille, tranquillement assis sur une voile repliée, complètement ignorant des embruns et du vent qui le fouettent violemment.
- Ahh Jack ! Enfin, vous avez mis le temps.

Le roi pirate pointe le doigt vers son propre visage avant de fermement nier de la tête et de faire comprendre à son vis-à-vis par geste qu’il ne fallait pas se donner cette peine, il va redescendre sans déranger personne… Mais Barbe Noire se lève et dégaine son sabre.
- Allons, mon cher roi, nous savons pertinemment vous et moi pourquoi nous en arrivons là.

Jack Sparrow se stop dans son mouvement de retraite stratégique, regarde Barbe Noire, regarde le bordel que c’est en bas quand même, conçoit dans sa tête que ça risque d’être compliqué de passer inaperçu, regarde encore Barbe Noire… Et finit par cracher la minuscule pierre qu’il cachait dans sa bouche.
- Je pensais pourtant avoir été discret !
- Pour ces amateurs peut-être... Mais vous ne pouvez me tromper sur la véritable raison de votre présence à mon bord.

Jack Sparrow émet un vague sourire mutin.
- Je suis sur que si ! En fait...
- Donnez-la moi.
- Mais ! Laissez-moi au moins le temps d'inventer quelque chose!

La poigne du roi pirate s'est instantanément refermée sur la raison en question : une minuscule pierre blanche, presque transparente, pas plus grande qu'une graine et dont l'éclat disparaît presque dans la paume calleuse de l'homme qui la tient. Il aurait fallu un véritable œil de lynx pour la trouver sur la lame gigantesque d'Orchak... Ou un œil de roi pirate.
- Je ne sais pas comment vous en avez entendu parler mais...
- Oh votre bibliothèque est des plus instructives mon cher Teachy.
- Heureux qu'elle vous ait plu... Emportez donc ces précieuses connaissances dans votre tombe!

L'acier de l'immense sabre brille avant de rencontrer un obstacle. Une lame rougie d'un sang inconnu trône dans la main libre de l'adversaire de Barbe Noire et le regard cerné de suie a perdu toute trace de sa précédente immaturité.
- Je pensais vous avoir confisqué tous vos effets.
- Ce fut le cas en effet.

Les deux adversaires se jaugent du regard avant que Sparrow ne repousse son ennemi, croisant rapidement le fer, échangeant quelques passes simplistes, en parfait équilibre sur le madrier surplombant le pont du navire.
- Mais rien n'est impossible au capitaine Jack Sparr...

Une taillade un peu vive de Barbe Noire le coupe dans son élan tandis qu'il se baisse de justesse, évitant à son tricorne de subir un nouvel outrage. Relevant sa lame, Jack Sparrow fait face à la garde impénétrable d'Edward Teach, les deux pirates sabrant à qui mieux mieux, portant leurs coups toujours plus loin et plus rapidement. Brusquement Sparrow se fend, visant le visage de son adversaire mais la lame de ce dernier est plus imposante et pare aisément cette attaque trop précise avant que le pied du pirate noir ne frappe vigoureusement la cheville du roi. L'homme fauché choit, tente de s'accrocher comme il peut, rate et tombe sur quelques mètres avant de miraculeusement s'accrocher à un cordage traînant là par hasard.

Barbe Noire jure tandis que son adversaire remonte rapidement à l'assaut. Sur un regard aussi sombre que la barbe du bien nommé, Sparrow lève brusquement sa main tenant le minuscule joyau sous le regard perplexe du pirate et l'abat soudainement sur la garde de son arme où le joyau pénètre comme par enchantement. Le regard de défi du roi pirate ne rencontre que le rire sarcastique de son adversaire.

- Vous allez me faire croire que vous connaissez le rituel d'activation...

Sparrow lève un sourcil prétentieux avant de sauvagement s'écorcher le pouce sur sa lame puis de laisser tomber quelques gouttes sur la pierre d'activation. Sa lame se lève et pointe Barbe Noire en un geste provocant.
- Aha!!!

***


Le pas sourd du zombi fait trembler le pont. Il est plus grand que n'importe lequel de ses confrères et son poing ganté de métal n'aurait aucun mal à écraser la petite tête blanche de son adversaire d'une simple pression. Son fouet claque alors qu'il se rapproche encore et que le pistolet se lève avant de larguer une nouvelle rafale de mort, droit dans le crâne. La bête ne bronche même pas et lève son fouet. Elle tente d'esquiver, de fuir ce nouvel assaut qu'elle sait dangereux, mais l'on n'échappe pas à plusieurs décennies d'expérience et la lanière cruelle s'enroule avec une aisance écœurante autour des reins de la vétérante. Le rugissement du monstre retenti alors que sa force démesurée attire la Marquée, ou plutôt la fait décoller, vers lui, vers ce poing crispé qui se détend avec une sauvagerie sans commune mesure.

Le coup frappe en plein torse, les os ploient voire se fendent mais ne cèdent pas alors que la frappe renvoi la pirate vers son point de départ dans une brume écarlate, le corps rebondissant violemment sur le plancher avant de s'écraser sur une caisse, littéralement pulvérisée sous le choc. Un sourire sinistre inonde la bouche macabre tandis que la bête laisse échapper un gargouillement presque semblable à un rire.

- L'on m'avait presque vantée ta force Reine des Mers mais tu ne vaux visiblement rien sans ta lame.

Le pas du zombi fait vibrer le sol alors qu'il se rapproche lentement de sa proie. Tout ça n'est qu'un jeu... Un jeu presque ennuyeux.
- Si c'est là tout ce que tu peux me proposer alors peut-être vaut-il mieux en finir maintenant.

***

Le lion tente de s'esquiver mais une boule de feu le repousse de l'autre côté. Ses poils sont hérissés et entachés de son propre sang alors que face à lui se trouvent deux experts de ce qu'il déteste le plus : le feu !

Erik, livre en main, s'avance de son pas chaloupé, son regard vide détaillant sa future victime. Ses lèvres bougent silencieusement tandis que sa main commence à rougeoyer de nouveau. Le commandant en second du Fer jette un coup d’œil à la femme, trop loin pour le viser correctement, avant de bondir vers le mage qui le menace de son sort. De face il peut esquiver et broyer cet impudent de ses crocs puissants. Erik tend la main alors que le lion se raidit, mais la boule enflammée fonce vers son acolyte tandis que le Laguz bondit sur sa proie. La charge magique rebondit brutalement sur la paume tendue de Raine, ses longs cheveux argentés volant sous le vent de sa puissance, tandis que le projectile meurtrier et renforcé repart de plus belle avant de heurter la bête en plein vol. La déflagration retentit à travers la tempête, nullement affaiblie par la pluie déchaînée tandis que le Laguz est projeté sur le ponton.

La jeune femme rejoint son acolyte nonchalamment, son livre rouge bien en évidence alors que les deux mages recommencent à invoquer la puissance des flammes silencieusement.


***

- ...
- ...
- … Ah?

Barbe Noire pousse un soupir las alors que le roi pirate agite frénétiquement son arme dans l'espoir de voir quelque chose se passer.
- Je me disais aussi, vous ne savez que ce que vous avez eu le temps de lire... Vous ignorez tous des signes.
- Les signes ?

Déclic miraculeux chez le roi pirate qui se met à gribouiller de son sang... Visiblement au hasard... Et toujours aussi frénétiquement... Et soudain:
- Wow!

La lame de son sabre s'enflamme brutalement, faisant rougeoyer l'acier et transformant l'arme banale en un redoutable fer ardent. La pointe déjà chauffée à blanc s'abaisse vers Barbe Noire tandis que le ton triomphant de Sparrow reprend le dessus:
- Ahaaaa!!
- Jack, Jack, Jack...

Le pirate a cependant l'air plus désillusionné qu'impressionné.
- Même si vous avez eu de la chance... Avez-vous idée du nombre de métaux capable de résister en ce monde à une telle chaleur?
- Euuuh...

Sparrow regarde sa lame déjà rouge très très vif, plonge le regard vers le carnage en dessous, regarde à nouveau Barbe Noire, pointe indécemment la hache traînant toujours sur le pont... Et fait la moue face au hochement de tête compatissant de son adversaire tandis qu'une goutte de métal en fusion atterrit vivement sur sa main.
- Waaaaaaaaaaah!

Son arme lui échappe, la pierre lui échappe, Barbe Noire tend le bras avec l'énergie du désespoir mais ses doigts ripent sur la garde enserrant toujours le joyau de pouvoir et l'arme disparaît en direction des flots déchaînés. La rage au cœur, le pirate se redresse pour invectiver son adversaire:
- Abru...

Mais Sparrow n'est plus là. Son corps plonge délibérément à la poursuite de son précieux trésor et sans un cri, le roi pirate s'abîme dans les flots ténébreux.

***

Le long coutelas siffle furieusement et ripe sur le dos de l'adolescent, entaillant la chair des ailes et du corps avec un efficacité redoutable. Le corbeau hurle à nouveau et plonge le plus loin possible avant de s'écraser au sol. Il n'en peut plus, la douleur est trop forte et ce monstre trop vif pour lui. Le pas de ce dernier se rapproche d'ailleurs avec une lenteur presque sadique de ce corps d'enfant découpé, tailladé, baignant dans son sang. Il ne reste que le coup de grâce à lui porter. Tinel se retourne sur le dos alors que le coutelas étincelle sous l'orage grondant, sa respiration est saccadée par le chagrin comme la douleur, l'échec et le désespoir.

Le mort-vivant lève son arme, va pour l'abattre, et titube sous le choc d'un minuscule projectile... Une balle de plomb logée dans l'arrière de son crâne. La bête se retourne et en reçoit une autre pile entre les deux yeux, l'obligeant à reculer. Là bas, émergeant de la cabine du capitaine, trempé comme jamais, un pistolet apparemment toujours en état de marche à la main, des munitions dans l'autre et la garde d'une épée à la lame fondue entre les dents, Jack Sparrow, Roi Pirate et homme le plus chanceux de la marine maintient le monstre en joue. Pourquoi a-t-il décidé d'aider ce jeune mousse ? Pourquoi revient-il ainsi sur ce navire de cauchemar malgré son but atteint ? Ses motivations restent incompréhensibles mais son regard en dit long, très long sur le sort réservé au non-mort.

Son pas est lent mais maîtrisé. Les plombs, sans doute trouvés dans la cabine de Barbe Noire, quittent leur boîte un par un d'un léger mouvement du poignet (Chance), atterrissent dans le barillet de l'arme entrouvert (Chance!) aussitôt rejoints par un peu de poudre sèche (Chance!!) tandis que le briquet s'allume d'un seul coup (Chance!!!) et que le coup part, vif et redoutable, se logeant avec une précision mortelle dans la carcasse musculeuse du non-mort (Talent!!!!!!!).

Le roi pirate passe devant le combat de la Reine des Mers sans ciller, sans même être arrêté, ignore superbement le lion et le feu avant de décocher un ultime tir au zombi qui s'étale de tout son long après avoir trébuché sur un canon. La boîte de munition vide passe par dessus bord alors que la main désormais libre vide la bouche de tout contenu avant de récupérer la petite pierre magique.

- Capitaine Jack Sparrow, pour vous servir.

Le pistolet vide rejoint son étui alors que le roi pirate adresse un petit signe de tête au mousse étalé au sol.
- Ca, c'était pour le chapeau.

Visiblement toujours en état de marche malgré le nombre de plombs le truffant, le mort-vivant se relève sous les cris effrayés d'un pirate soudainement beaucoup moins fier.
- Hmm... Ca se gâte... Fuyons!!!!

____________________________________________________________

Bon ! Donc comme tu l'as sans doute remarqué lors de ta première lecture, je n'ai pu résister à l'idée de t'organiser une petite baston sympatoche en one versus one (two versus one dans certains cas XD)

V'la la situation :
Proue du Revenge : Leohr vs Erik et Raine.

Comme dit précédemment, Erik et Raine sont tous les deux mages level 20, armés d'un tome d'inferno chacun (la faiblesse des félins... C'est bete hein 8D). Ca pourrait être du gâteau pour un lion si ses deux adversaires n'avaient pas la formidable compétences d'être... Jumeaux (oui ça se voit pas physiquement mais je te merde les jumeaux spirituels ça existe XD). Donc leurs attaques sont majoritairement des mégas combos of death genre passage de balle comme précedemment ou attaques synchronisées/ fusionées etc etc etc libre cours à ton imagination toussa toussa.

Les mages ont joyeusement coincés Leohr tout à l'avant du bateau, inutile donc pour lui d'espérer de l'aide de votre part à moins que vous ne l'emportiez. Tout ce que vous verrez c'est de magnifiques explosions rougeâtres toussa toussa

Milieu du Revenge : Jack Sparrow et Tinel vs Ze last zombi officier!

Enfin là c'est plus de la fuite (bawi les zombis c'est immortel et ça fait peur). L'adversaire est un Ombre level 1 avec un joli couteau. Il est extrêmement LENT par rapport à ses copains mais, étonnamment, le fait de pouvoir trancher n'importe quoi à distance avec son ptit couteau, ça compense.

Possibilité de jouer Sparrow sur ton tour naturellement : étant un roi pirate tu es libre d'utiliser toutes les techniques traîtres du tonneau à longue vue qui peuvent t'amuser. Il fera simplement TOUT pour garder sa petite pierre et, en cas de victoire contre son adversaire, ira faire un ptit tour ailleurs histoire de voir si y'a pas moyen de s'en aller pépère près avoir posé Tinel dans un coin (car oui il porte Tinel le brave monsieur).

Milieu du Revenge / Début de la poupe du navire :

You vs Contremaster !

Alors oui t'as pris des patates, et c'était d'la belle patate. t'as plus de hache (d'ailleurs elle est au pied du mât, carrément derrière Tinel et Jack). Le contremaître est un bon gros boeuf de général level 3 armé de son fidèle fouet et de son distributeur à patate en métal( mais bon il est tellement baraque qu'une claque normale suffirait à te décrocher la tête XD).
Gros soucis pour toi : il est rapide, fort toussa ET intelligent (sisi) C'est le seul qui semble avoir un minimum de conversation, qui analyse tes gestes ^plutot que bêtement attaqué etc etc en plus d'avoir un joli talent de manieur de fouet... Alors ouais tu vas douiller XD

Concernant Orchak. Si tu reposes la main dessus sur ce tour (ce que je te souhaite vivement), elle aura quelque peu... changé. Comme si c'était ta hache, sans plus trop l'être => tu la manieras à peu près aussi bien qu'une hache normale (je suis diabolique oui oui)

Barbe Noire prend actuellement son temps pour descendre du mât, libre à toi de l'attaquer voici un petit résumé de ses compétences :

Art Obscur (car ça aide des fois d'être un gros pirate corrompu par les ténèbres) : En plus d'avoir absorber quelques vies humaines à la fontaine de jouvence (héhéhé) donc de pouvoir prendre pas mal de tacots sans en subir les conséquences (double héhéhéhé), Barbe Noire possède quelques compétences dans tout ce qui est art des ténèbres, zombification etc etc etc A quoi ça va lui servir ? Si tu claques il aura un nouveau contremaitre s'tout XD

Ame du Revenge : Etre pirate c'est avoir le pied sur, et pouvoir contrôler son bateau c'est être encore plus avantagé. Le coup qui a déboité tes zoziaux est un grand classique du style de combat de Barbe Noire, parfaitement adapté à cet environnement familier. pas de malus contre les lances et un gros bonus contre les haches en somme (bawi on fait un boss ou on en fait pas !)

Dernière précision : Je n'ai fais qu'un résumé de la fin des combats sur le Revenge. Toutes les actions entr ele moment où tu prends une patate sauvage, où Leorh se fait cramer, et Tinel sauvé in extremis, sont soumises à ton bon vouloir (car oui Tinel aussi a droit à un affrontement épique... Qu'il va perdre au final mais oui ! XD) De plus je te laisse jouer comme tu le sens la suite des affrontements.

=> Tu n'es pas obligée de les achever sur ce tour si tu souhaites préparer je n'sais quel combo de la mort ki tue ou que tu veux simplement prolongé l'epicness d'une fight trop bien que même dans one piece t'en as pas des comme ça.

Awi et à moins que ton équipage ne trouve un moyen génial pour surbooster la vitesse du Fer, l'alléger et le faire glisser sur l'eau, y'a peu de chances que ce dernier puisse vous filer un coup de main (puis les pirates de Barbe Noire spas des tapettes hein ils savent se défendre jusqu'au bout XD) => You're on your own ohoho

Enjoy mini truc 8D
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeMar 17 Avr - 1:16


    Le doigt appuie sur c’te foutue gâchette trempée par la pluie. La balle part en une explosion étouffée, comme si elle était déjà certaine de manquer son but. Ca le traverse de part en part, comme s’il n’était qu’du beurre, c’t’enfoiré. Et pourtant, l’est toujours là, debout, à m’regarder, narquois, comme si tout c’que je pourrais faire ne l’éloignerait jamais d’son but. Me détruire. Prendre ma hache, ma putain de hache. Rends-la moi.

    Puis tout va trop vite. Me voilà arrachée d’mon second, un étau de feu enserrant ma taille pourtant protégée par un corset renforcé. Je vole, trop vite, balourdée sur le côté sans voir exactement c’qui m’était arrivé. J’vais manger l’sol du Revenge, qui ploie légèrement sous la violence de mon impact. Mes coudes gémissent lorsque j’me relève aussi vite que possible pour faire face à… Ca. Ce truc grand, immonde, impossible. Y’a trop de trucs impossibles dans ce monde. Y’a trop de mecs trop forts, qui se croient trop au-dessus des autres pour être pris au sérieux. Et pourtant ils le sont, sérieux. Ils nous retiennent comme de foutus pantins entre leurs mains de grands méchants, de grands puissants. J’vais t’en foutre moi du putain de pantin. T’vas voir ta gueule, éclatée par terre, sur ce bateau qui m’emmerde profondément, sur cet océan que je parcours depuis aussi longtemps que toi, sinon plus. Tu vas morfler, et tes grosses poupées aussi. J’te jure que mon dernier souffle n’est pas pour aujourd’hui, connard.

    J’me relève. Faire face à un truc plus grand que moi, plus fort, plus armé. Moins sensible à une douleur sourde qui traverse chaque pore de mon corps. De mon corps qui hurle d’avance d’savoir ce qu’il pourra me faire, ce truc. Me détruire, chaque os brisé en autant de morceaux qu’il en sera capable. Et ben non.
    Le fouet m’attrape encore, me fait encore valser. Une fois d’plus. Les coups s’amoncellent, et je cherche un moyen désespéré d’m’en sortir. J’ai pas l’temps de voir ce qui s’passe autour de moi. J’entends des rugissements pleins de douleur de Leorh. J’entends Tinel, mon pauvre Tinel, qui hurle, hurle le pauvre gamin. Le pauvre bébé qui s’est échoué avec ses plumes et son désespoir sur mon rafiot, un jour de pluie comme celui-ci.

    Tentant d’éviter les coups, me voilà, fuyant devant l’ennemi, pour recharger l’arme de mort dont j’essaie de préserver la poudre sèche. Les balles qui j’loge dans son corps grand et balourd qui continue d’se mouvoir trop vite, trop fort. Il meurt pas, le con. Comme son satané maître qui joue avec Sparrow dans les haubans. Ils me font chier, tous autant qu’ils sont.
    La langue de métal me lèche encore le cul avant que son putain d’gant ne s’écrase sur mes côtes, et malgré le corset renforcé et l’rebondi d’ma poitrine opulente, j’encaisse difficilement. Voile rouge. Bordel de …
    J’ai mal.
    J’te jure, j’ai mal. Ca se brouille devant moi, j’ai du mal à respirer. Et j’le vois, qui s’avance, qui m’regarde, énorme devant moi, moi l’imposante, moi la seule Reine des Mers. Alors j’agis en traître, comme le font tous les rois.
    J’attends, j’attends qu’il se délecte à se saisir de ma gorge blanche dans sa main noire, j’attends qu’il s’applique à presser délicatement, j’attends presque qu’il en grogne d’un plaisir obscène.
    Pour lui enfoncer ma dague dans l’œil. Pour ne pas le voir broncher, se rendant à peine compte du changement.

    J’ai plus d’temps. Le poignet s’resserre autour de ma gorge, j’sens presque mes vertèbres lâcher. J’lève mon autre bras, le droit. J’cale le canon du pistolet sous l’poignet d’mon adversaire, et sans plus d’réflexion, je tire. La morsure de la flamme m’arrache un cri alors que la pluie battante calme immédiatement mes chairs brûlées au niveau du cou et de la base du menton. J’m’écroule au sol alors que mon adversaire regarde, éberlué, son poignet disloqué et inutilisable, presque arraché par le poids du gant de métal, désormais inutile et dérangeant.
    J’me traîne, j’me relève, et je chope le manche de ma hache délaissée. Blanc.
    Orchak ?
    Bordel, qu’est-ce qu’ils ont fait à ma hache, ces cons ?
    Ils arrivent, me coursent, me tuent mon équipage, en veulent à ma vie, ma dignité, mon honneur et tout c’que j’ai construit pendant toutes ces années, et maintenant ils aspirent l’âme de mon arme, tout ce qui faisait son unicité ? Qu’est-ce qu’ils lui ont pris, dîtes-moi ça !

    Un pas. J’me traîne vers ce putain d’contremaître, la respiration sifflante sous mes côtes fêlées. Le cou bleui par la pression de sa main de fer. Il me voit, tente de m’attraper à l’aide de son fouet. Je bloque avec le manche inerte d’une hache que je ne connais plus. La moindre utilisation du coup d’butoir pourrait bien amocher des innocents.
    Lui n’est pas un innocent. Lui est un connard qui va sentir la morsure de mon courroux.
    Il sent le danger. Il sent qu’il n’a plus la situation en main. Il sent ma puissance. Il sent qu’il n’est qu’un petit contremaître qui n’a même plus le droit de décider de sa mort. Il sent que je suis maîtresse ici, que la Capitaine est là, à le regarder, à décider du jugement. C’est la dure loi de l’abordage, de l’attaque et de la défense. Ma défense impénétrable m’a été volée. Je n’fais que rendre les coups, bande de connards.

    Je COMMANDE.

    La lame siffle, la tête saute. Rideau.


    ***




    Chaud. Il n’a jamais eu aussi chaud de sa vie. Aussi peur. Voilà pourquoi il avait fui sur les mers, à se réfugier sous une forme humaine qui souffrait moins devant les flammes.
    Leorh rugit, de toute la force de ses poumons immenses. Il tente de faire face à ces deux êtres si frêles et si puissants tout à la fois. Il est plus grand, plus fort, plus rapide qu’eux. Il pourrait broyer leurs jolies têtes sous ses dents, comme s’il croquait dans une pomme bien mûre.

    Mais il n’y parvient pas. Lorsqu’il fonce vers l’un, l’autre commence à incanter, et vice-versa. Leurs regards rivés l’un dans l’autre, ils ne se lâchent pas, se concentrant parfois sur le lion qui tente désespérément de toucher l’un d’entre eux. Parfois, ils tentent de se rejoindre, et incantent une boule de feu plus grande, plus blanche, plus effrayante. Lui ferme les yeux, se concentre sur son instinct. Il finit par danser avec eux. Tantôt il avance au devant d’eux, tandis qu’ils reculent. Parfois ils lui lancent un projectile enflammé, et il le ressent avant même de le voir. Ils s’évitent, se jaugent, se respectent peut-être. Mais aucun d’entre eux ne semble pouvoir décupler suffisamment sa puissance pour pouvoir prendre le dessus. Leorh joue sur son expérience en combat d’abordage pour pouvoir gérer ses deux adversaires en même temps, mais il n’est pas habitué à se battre sous forme Laguz.

    Ses pattes puissantes perdent appui sur le sol trempé du bateau, il se sent parfois tomber, mais l’adrénaline le meut, il se rattrape toujours au dernier moment, en un bond souple qui lui permet d’éviter une nouvelle flamme.
    Les projectiles explosent au toucher plutôt que de réellement brûler ; aussi le bateau fait-il relativement peu de frais de la bataille. Le lion fait ce qu’il peut, se démène. Il perd pied devant la magie, chose qu’il n’a jamais appréciée. Où est l’utilité d’un corps si faible renfermant une si grande énergie destructive ? Ces êtres sont vils et mesquins. Ils se cachent derrière des livres leur donnant leur puissance. Il n’y a aucun mérite à arpenter ainsi les champs de bataille. Il n’y a aucune peur, si pour vaincre un ennemi il suffit de l’accabler à distance de projectiles d’énergies que trop peu de monde est capable d’éviter.

    Il sent la colère gronder en lui. Sa gorge de lion s’ouvre toute grande, et il pousse un rugissement. Le rugissement du désespoir, de l’appel. Le rugissement qui perce tous les cœurs, qui atteint toutes les oreilles. Le rugissement du ralliement, qui touche les âmes de ceux qui aiment le Fer et ses matelots.


    ***




    Sur le pont du bateau en robe métallisée, la bataille continue à battre son plein. Les Laguz déjà transformés croquent, griffent, broient, accablent des êtres qu’ils détestent profondément, des êtres qui les empêchent de rejoindre leur chère Capitaine, elle qui s’est élancée au cœur de la bataille sans qu’ils ne puissent l’y rejoindre. Ils hurlent leur douleur, tous, chacun à leur façon. Ils ne peuvent pas l’aider. Ils ne peuvent pas lui venir en aide, à cette femme qui les a tous sauvés. Elle qui a écouté chacune de leurs histoires, qu’elles soient pleines de rebondissements ou juste banales. Elle les a écouté avec sa flasque remplie de rhum, en y prenant une lampée une fois de temps en temps, et puis elle les a accueilli sur son bateau, tous autant qu’ils étaient, avec leurs différences, leurs particularités, leurs savoir-faire. Elle les a tous aimé, inconditionnellement.

    Et ils sont là, à compter les corps épars, amis et ennemis. Ils finissent par se débarrasser de tous les parasites. Il n’y en avait pas énormément, mais suffisamment pour les ralentir. Trop les ralentir. Sophia n’en peut plus. Elle a beau tenter de rapprocher les deux embarcations par un pont de glace, elle ne fait qu’échouer, ses efforts détruits par la première lame de fond venue. Armelle ne peut pas l’aider non plus. Elle tente toujours de faire obéir les vents alentours pour dévier les quelques projectiles qui les accablent encore.
    Mark et Alexia, retombés au sol, cherchent à trouver les blessés parmi les corps épars, avant de les amener aux soins. Laurenz, le prêtre, se démène afin de porter secours à tous ceux qui se présentent à lui. Pour le moment, il parvient à tenir le rythme.

    Et un rugissement plein de désespoir déchire les ténèbres. Ornella lève les yeux.


    « Enzio. »
    Le mage noir a un sursaut très léger. Son visage encapé tressaille à peine alors qu’il sent dans son dos le souffle calme de la discrète maîtresse d’équipage du Fer. Il se tourne lentement vers elle. Le visage de la femme est durci par la tension. Elle cherche désespérément un moyen de rattraper le Revenge, seul bâtiment des mers capable de se mouvoir sans l’aide d’un équipage. Autant dire qu’elle cherche à accomplir l’impossible. Mais impossible n’est pas magique.
    « Et si tu nous montrais cette magie noire que tu aimes tant ? »
    Quelques mèches de cheveux sombres viennent obscurcir le visage mat du discret shaman. Un sourire fugace traverse ses lèvres, il se lève de la chaise où il se tenait près du prêtre depuis le début du combat, puis il marche lentement vers la proue du Fer.
    Ornella s’éclipse, et entre dans la cuisine. Elle a quelque chose à faire.

    Enzio est seul sur la figure de proue du Fer. Ce Héron des temps anciens, ailes dans le dos, lyre dans les mains, regarde l’immensité de l’océan, la profondeur des nuages, le Revenge qui fuit au devant d’eux. Il ouvre lentement un lourd médaillon qui pend à son cou, prêt à utiliser le lourd savoir qu’il contient. Il prend à son côté une dague funéraire, avec laquelle il incise son avant bras gauche, au-dessus des flots. L’offrande terminée, il commence à chuchoter en un langage ancien et exécrable des supplications grinçantes aux éléments déchaînés. Ô flots, entendez donc ses prières… Et guidez le Fer vers son adversaire.

    Les eaux se font moins dures autour de la coque, et bientôt le lourd navire glisse sur les vagues comme une goutte de mercure sur une plaque de verre lisse. La vitesse en devient grisante. Presque effrayante.
    Et soudain, près de là, venant de la cale, un fracas.


    ***



    « Vas-y ma belle, montre-moi ce que t’as dans le ventre !! »
    Et, déchirant la clameur des flots et de la tempête, le roulis mécanique d’une étrange machine s’élève. La trappe de la cale s’ouvre d’un coup sec, laissant passer un amas de bois et de métal, parcouru par des impulsions électriques, comportant à ses côtés de grandes ailes d’un tissu souple et solide. Deux petits sièges sont installés au cœur de l’engin, et c’est dans un cri d’allégresse que l’équipage du Fer reconnaît son mécanicien à l’avant, concentré sur ses incantations, parcouru d’énergie électrique permettant d’alimenter l’appareil. Il ne va pas vite, mais Armelle se concentre bien vite pour lui apporter des vents favorables.
    Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que les matelots réalisent l’identité du passager, derrière Leo. Grand, musculeux, la barbe aussi blanche que son collègue, deux énormes épées, une à chaque flanc.

    Roger, convaincu par Ornella, a fini par rejoindre officiellement le combat.


    « Allez mon gros, on est partis ! »
    « C’est toi qui dis ça, balourd ! »

    Ils filent toutes ailes dehors vers le Revenge. L’engin qu’ils pilotent n’est pas un bateau. Il n’est manipulable que par le mage de foudre, qui manipule délicatement son élément afin de ne pas affoler la fragile construction. Il commence à charger de petits boulets de canon dans des tubes de cuivre. Il charge le tout électriquement. Impact.
    Le projectile file à toute allure, à peine ralenti par la pluie, faisant exploser chaque goutte qu’il rencontre en milliers de plus petites gouttelettes.

    « Ah, voilà ce que j’appelle une trouvaille ! »
    « Ouais, regarde, je fais la même chose. Enfin presque. »

    Et il saute.

    ***


    Leorh a les yeux brouillés par la fatigue. Il lui semble entendre un bourdonnement, qui s’approche, qui l’emplit d’effroi. Il doute de pouvoir esquiver la prochaine attaque des mages jumeaux. Eux aussi commencent à fatiguer, mais ils se soutiennent l’un l’autre, certains de leur victoire. Le projectile crépite dans leurs mains. Ils se le renvoient, le faisant grossir au fur et à mesure. Leorh tente de suivre leur démarche, se concentre à savoir quand ils arrêteront d’alimenter la boule en puissance, quand le feu quittera leurs mains pour venir le lécher dans une embrassade certainement mortelle. Il n’arrive plus à se concentrer.
    Puis elle est lancée. Il se prépare à bondir. Il ne se résignera jamais.

    Une explosion lumineuse déchire les ténèbres ambiantes, de bleu et de rouge, de toute part. La boule de métal retombe lourdement au sol après avoir réduit à néant l’Inferno des jumeaux. Erik et Raine observent le point d’impact, ne comprenant pas.
    Leorh, lui, habitué à toute éventualité de la part de l’équipage dont il est le Second depuis si longtemps, n’a qu’un réflexe. Il lève les yeux. Pour apercevoir son cuisinier tomber du ciel.


    « GERONIMOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !!!! »

    Son aura explose, et envoie valser Erik entre les pattes aux griffes tranchantes du lion. Lui s’étale sur Raine de tout son poids. Là où il aurait pu lire de la peur, alors qu’il appose une de ses épées sous la gorge délicate de la jeune mage, il ne lit rien, absolument rien. Comme si ces deux jeunes gens n’avaient jamais fait autre chose que d’obéir aveuglément à un homme cruel et froid. Ca a le don de le fâcher. Il lui prend son livre, le déchire en deux aussi facilement qu’il déchire un bon gros bout de viande à mains nues, puis le jette à la mer. Leorh, de son côté, plante violemment ses crocs dans le livre du frère, avant de l’offrir à sont tour aux flots.
    Les deux vétérans s’observent un moment, puis dans un même geste, ils assomment les jumeaux, et les jettent l’un sur l’autre sur le siège passager de l’engin de Leo qui venait de se poser sur le côté du Revenge. Dans un grand éclat de rire, le vieux mage repart avec une nouvelle et étrange cargaison. Plus précieuse que bien d’autres qu’il a déjà aidé à transporter.


    ***




    Cela fait un certain temps que Jack Sparrow gambade gentiment sur le pont, pourchassé par un zombie armée d’une lame un peu trop grande à son goût. Il commence à songer au gosse dans son dos. Le sang tâche un peu trop ses vêtements pour qu’il puisse ne pas s’en soucier.

    « Petit, je te déconseille de mourir, c’est assez désagréable. »
    Le visage de Tinel se tord en une grimace éloquente. Il parvient tout juste à rester conscient, en l’honneur du Fer, de son équipage et de sa Capitaine, ce n’est pas spécialement ce qu’il a le plus envie d’entendre dans l’instant.
    « Pourquoi, ça vous est déjà arrivé de mourir ? »
    « Oui, un peu plus de fois que Teachy ne voudra l’admettre d’ailleurs ! »

    Le jeune Corbeau ne prend même pas la peine de demander qui donc est ce Teachy, conscient qu’il se fatiguerait à poser une question à laquelle il n’obtiendrait pas de réponse. Il préfère tenter autre chose.
    « Vous savez comment ça se tue ces machins-là ? »
    « J’ai vu un gros dans votre cale les couper en tranche, mais mon jeune monsieur je ne suis pas certain de pouvoir faire de même avec ceci. »
    Il montre d’un air dépité la garde de son sabre. Sans la lame, cela va de soi. Puis il s’arrête d’un coup, évitant de peu le tranchant d’un couteau qui se déplace un peu trop rapidement à son goût. Décidément, les couteaux de nos jours n’ont plus aucune manière. Il prend le parti de se cacher du couteau en se glissant dans un tonneau qui passait par là. Par hasard. Il se promenait après s’être soulagé de son contenu.

    Puis Jack Sparrow réalise quelque chose de magique. On ne rentre pas à deux dans un tonneau.
    Dans un élan de générosité, il y range l’adolescent blessé, puis se retourne vers le zombi excité. Enfin, le zombi au couteau excité. Il se demande vaguement ce qui peut bien clocher dans sa phrase, puis il finit par laisser tomber.

    « Oh un poulet volant ! »
    Le mort-vivant tourne lentement la tête vers la gauche tandis que le Roi pirate se glisse en fourbe à sa droite, prêt à frapper !!
    Puis il se rend compte qu’il lui manque peut-être une arme pour lui faire du mal. A ce moment-là, la créature tente de se retourner, Jack recule précipitamment, dans sa hâte fait tomber quelques balles de plomb de sa poche, sur lesquelles le monstre glisse… Avant de tomber… Et de s’empaler sur sa propre arme, séparant nettement la colonne vertébrale en deux parties disjointes.
    Tinel, qui regardait tout par un orifice du tonneau, se serait bien massé les tempes devant tant de culot. Mais là, il n’en a pas vraiment la possibilité ni la réelle envie. Et dire que ce sont eux qui gouvernent les mers. Cap’taine Moneta aurait plus de classe, elle au moins.

    Jack Sparrow se tourne une fois, deux fois, se demandant quoi faire. Puis il voit cette femme, grande, qui achève cet énorme zombie en le décapitant proprement. Il apprécie d’un œil expert la technique, le précis du tranchant. Il se dit que la hache pourrait être utile, finalement. Il faudrait voir s’il n’y aurait pas un moyen de se l’approprier discrètement. Pour essayer quoi.


    ***




    Au moment où j’retire ma hache du corps au sang noir de la vile créature, j’commence à prendre conscience de tout c’qui m’entoure. De Tinel à l’agonie, sauvé par un Roi pirate pour une raison que j’ignore. De Leorh qui a un peu trop joué avec le feu avant de s’faire secourir par Roger, Roger qui pour une raison que j’ignore a fini par prendre part à la bataille.
    De Barbe Noire qui est redescendu de son mât, observant tout ce qui se passait jusqu’alors. Son sabre immense, qui a découpé deux de mes petits. Sans une once de remords. Aussi froidement que lorsque j’ai plongé ma hache dans le cou de son contremaître. Je me relève de toute ma hauteur. Je m’sens portée par la puissance du vent, de la tempête, avec mes cheveux qui claquent autour de moi en un voile blanc, de mon manteau avec qui ils commencent un bal envoutant, de ma hache qui bien qu’elle ait perdu tout son éclat reste ma seule, ma fidèle Orchak.

    J’me sens portée par le soutien de tous mes petits, eux qui viennent à mes côtés sans rien demander en échange, prenant de moi la seule promesse de l’aventure et le goût salé de la mer dans leur bouche jusqu’à la fin de leur vie, qui se promet pour certains bien trop courte.
    J’me sens portée par cette volonté de puissance, montrer qu’on peut n’être qu’une femme, qu’une pauvre femme sans pouvoir ni bonne naissance, juste une femme avec ses qualités et ses défauts, et avoir une volonté inébranlable.

    Une volonté de Fer.



    « Finissons-en. »
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeSam 21 Avr - 18:25



Barbe Noire descend de son mât aussi tranquillement que si le Revenge baignait dans une paisible crique par un après-midi ensoleillé. Et l'on pourrait le croire tant le navire glisse à travers les eaux déchaînées. Le navire traverse les lames de fond le défiant comme si de rien n'était, éclatant la surface des vagues monstrueuses sans même paraître en subir l'assaut. Les voiles sont fermées et pourtant la vitesse est presque maximale.

A son bord, plus aucune trace du terrible équipage qui l'habitait, plus rien des horrible pirates d'Edward Teach. La tête du contremaître roule dans les escaliers menant à une cale vide tandis que l'immense corps du zombi repose sur le plancher dans un état lamentable. Erik et Raine, les deux protégés du capitaine s'envolent vers une destination qui leur est inconnue, eux qui n'ont jamais rien connu d'autre que les planches de ce navire qu'ils considéraient comme leur véritable maison. Et le dernier mort-vivant repose également, embroché par la chance insolente de son adversaire. Un adversaire qui crache actuellement sur son chapeau avant de le frotter vigoureusement de sa manche pour le nettoyer de son mieux, son royal postérieur trônant sur le couvercle d'un tonneau contenant un enfant blessé dont l'esprit perd pied peu à peu. Le Roi Pirate remet son couvre-chef aussi précautionneusement que possible avant de s'emparer de la lame brisée qu'il tenait et de la jeter par dessus bord. Sans le joyau au fond de sa poche, ce trophée lui est désormais inutile.

Les bottes du maître des lieux traversent presque le fracas de la tempête tant les pirates le défiant attendent cet instant. L'instant où le long manteau bleu-nuit va se décaler pour révéler la garde d'un sabre gigantesque, un sabre que Barbe Noire maîtrise depuis des années, un artefact dont les pouvoirs sont entièrement dévoués à son maître. Le pirate n'a pas peur, il est ici chez lui et aucun de ces misérables ruffians ne pourrait le défier sans en subir les terribles conséquences. Son sourire cruel ignore Jack Sparrow pour ne s'adresser qu'à la Reine des Mers. Elle ne lui a jamais paru aussi imposante que depuis l'instant où cette immense hache a rejoint sa paume. Comme si l'aura de l'arme et de l'humaine se mêlaient pour donner naissance à un nouvel être. Une beauté sauvage habite la créature lui faisant face, la rendant presque appréciable à son regard endurci par des années de navigation.

- Finissons-en en effet.

Le manteau du capitaine claque sous le vent tandis que sa main se pose délicatement sur la garde de son arme. Le sabre s’intercale presque naturellement dans la paume du vieux pirate. Ses aspérités semblent s'accorder avec les rides même de la main qui la tient. Au loin, les rumeurs de l'engin volant qui lui a soustrait deux de ses compagnons disparaissent à travers la pluie et le tonnerre. Barbe Noire sait qu'il n'aurait aucun mal à récupérer son bien si le capitaine ennemi tombait et ses pensées vont à ce seul et unique but. Vaincre Moneta. Prendre Orchak. Asservir l'équipage ennemi !

La lame du sabre chuinte à travers la tempête tandis qu'il dégaine. Les deux pirates s'affrontent déjà du regard... Mais Edward Teach n'en est pas encore au combat. Sa lame n'a pas l'intention de croiser celle de son adversaire... Pas maintenant en tout cas.

- Je dois avouer que vous m'avez impressionné. Qui aurait pensé que vous feriez preuve d'une si grande ténacité, petite créature faible que vous êtes.

Le ton est supérieur et hautain. Barbe Noire sait que l'individu lui faisant face n'est pas complet. Orchak est faible.
- Mais nous savons fort bien vous et moi comment notre affrontement risque de se terminer.

Du geste de sa main libre il balaie le pont et les gens le peuplant.
- Je suis le seul maître à bord de mon navire ! Pensez-vous réellement avoir une simple chance de me vaincre ! Une simple femme ne pourra JAMAIS me surpasser!

Et il charge. La pirate en face fait de même. Ni Sparrow ni l'équipage du Fer ne bougent. C'est son combat, celui de leur capitaine. Orchak cingle l'air mais Teach est plus rapide et sa lame passe outre le barrage monstrueux de la Reine des Mers. La pirate plonge sur le pont glissant tandis que l'acier lui rase la joue. Déjà debout son arme frappe sans même regarder. Mais Orchak est contrée. D'une seule et unique main, le pirate noir pare l'assaut. Il est le seigneur de ce royaume et son regard meurtrier condamne déjà l'insolente qui le défie.

***

Sparrow s’assoit de manière plus confortable sur son tonneau tandis que sa jambe va pour boucher le trou par lequel l'enfant-corbeau peut suivre le spectacle. Les oisillons ne devraient jamais avoir à contempler la défaite de leurs parents. La grande Marquée est forte, très forte mais Teachy l'est plus. Sa lame est avantagée face à une hache sans âme et la Reine des Mers risque de s'en apercevoir rapidement. De plus, Barbe Noire n'a pas dit son dernier mot. Il ne s'engage jamais dans un combat qu'il n'est pas sur de remporter. Le vieux renard prépare quelque chose.

***

Les lames sifflent le plus beau des chants, le requiem des flots les accompagnent dans cette danse macabre, ce ballet morbide dans lequel un seul des participants pourra se tenir droit à la fin. Teach domine de manière incontestable : son style rapide et dangereux se trouve agrémenté d'une aisance et d'un talent que seul peut lui procurer ce navire qu'il chérit autant que sa propre vie, ce bâtiment qu'il connaît depuis si longtemps. En face, Moneta lutte autant qu'elle resplendit. Amoindrie par le manque de réponse de son arme, ses frappes sont aussi précises que mortelles et sa force compense amplement le manque de vitesse de ses attaques.

Mais déjà son corps faiblit sous les assauts intempestifs de l'adversaire. Des entailles parsèment sa peau blanche et ses vêtements et la douleur des précédents affrontements perturbe ses gestes. Le manche d'Orchak se lève presque inconsciemment tandis qu'elle encaisse un nouvel assaut du capitaine. Leurs regards se croisent. Il va la tuer, il ne la laissera jamais sortir de cet affrontement vivante. Un coup plus violent repousse Barbe-Noire dont la peau légèrement entaillée se referme d'elle-même. Le pirate sourit et charge. Sa lame ripe sur la hache, accroche le vêtement mais ne tranche pas la chair alors qu'il glisse sous l'arme monstrueuse. Elle voit une ouverture, il lui a tourné le dos une fraction de seconde trop longtemps, elle attaque !

Et l'acier coupa net au combat.

Le sang gicle un instant avant de s'écraser en grosses gouttelettes sur le pont. L'éclaboussure devient un long ruisseau pourpre qui dégouline sur la jambe, absorbé par le pantalon, nettoyé par la pluie. Et la douleur qui frappe. Aussi sûrement que le pied de Barbe Noire dans le torse de la commandante, exactement là où le contremaître l'a amochée. Orchak rebondit sur le sol au côté de sa maîtresse qui s'écrase à terre une fois encore. Edward Teach sourit plus que jamais tandis que son regard scrute attentivement la zébrure sanguinolente sur la jambe de la pirate. Il aurait pu inciser plus profondément , l'artère en aurait été coupée.

Elle se relève tant bien que mal, sa hache retrouve le contact de sa paume avant qu'elle ne s'élance. Barbe Noire sourit, lève la petite poupée à l'effigie de la pirate et place distinctement son arme sous la gorge de l'objet. La lame incise très légèrement alors que le sang se met à couler sur la gorge blanche, arrêtant Orchak dans son élan. Un pas de plus et c'est la décapitation.

- Le vaudou quelle merveilleuse invention ne trouvez-vous pas?

Les deux adversaires se tournent autour tels deux chats à l’affût tandis que Barbe Noire se place distinctement face à tous ses adversaires. Il serait dommage de prendre un coup dans le dos. Le regard de la Reine des Mers est sans appel mais ne provoque qu'un cruel rire de gorge chez Edward Teach. Le rire fait tressauter sa poigne tandis que de nouvelles incisions apparaissent sur le cou blanc de la pirate.
- Allons inutile de me regarder comme ça ! Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais affronter un adversaire, quel qu'il soit, sans être un minimum préparé.

Et là dessus il lève la poupée et l'abat avec force sur le tranchant de son arme. Le tissu résiste comme il peut mais l'acier perfore le flanc du jouet et de la femme tandis qu'une côte cède sous le coup. Elle flanche et tombe, cette magnifique tête blanche, sous les rires de Teach. Le regard de l'équipage est sombre mais ils ne bougent pas. Jouer au héros c'est précipiter l'inévitable. Et à quoi bon tenter de foncer sur un adversaire capable de vous immobiliser par la force d'un cordage de navire ?
- Ah ! Cette petite démonstration m'a mis en appétit pas vous?

L'ironie mordante du ton n'échappe certainement pas à cette femme dont il connaît désormais la féroce ténacité. L'impudente serait capable de risquer la décapitation pour lui porter un coup fatal. D'une main le pirate farfouille dans son long manteau tandis que l'autre pointe toujours la poupée qu'il tient du bout de son sabre, la menaçant sans pour autant la trancher... Pas encore en tout cas.
- Je vous avais préparé cette petite surprise au cas où vous commenceriez à devenir gênante mais il me semble que vous risquez de bien plus apprécier celle-ci.


Son sourire s'élargit tandis qu'il s'empare de ce qu'il cherche. Il avait été si simple d'infiltrer un homme fidèle à bord. Discret et réservé aux yeux des matelots du Fer, il avait été ses yeux et ses oreilles pendant si longtemps... La poupée quitte délicatement sa poche pour rejoindre celle de Moneta au creux de sa main.
- J'ai ouï dire par l'un de mes amis que vous aviez eu... Une invité de marque à votre bord.

Les yeux de l'équipage s'ouvrent de désarroi devant le jouet. Petit objet de tissu et pourtant si précieux. Tout y est. Les vêtements sont recopiés avec la même fidélité que ceux du portrait de Moneta. La bouche est rieuse et les grands yeux renverraient presque un véritable éclat de malice. Les cheveux verts en bataille sont coiffés des éternelles lunettes qu'elle vénérait plus que tout. Et tandis que la pluie dessine des larmes sur les joues de la poupée de la Reine des Mers, le cruel pirate exhibe avec une fierté non dissimulée la parfaite représentation miniaturisée de Gallysnaga, princesse de Goldoa.
- J'ai même ouï dire que vous vous étiez attachée à cette petite chose... Comme c'est touchant.

Mouvement de rage au sein de la meute assemblée là, aussitôt calmé par la pression d'un sabre sur la gorge d'une enfant et de sa capitaine préférée.
- Tututut!

Il se rie d'eux et de leur naïveté. Ils se voyaient déjà vainqueur et les voilà immobilisés, captivés par le sort d'une poupée.
- Voilà qui est mieux. Enfin nous allons pouvoir... Discuter.

Il s'accroupit devant le visage de la pirate à terre, exposant son précieux petit otage. La moindre blessure serait comme un coup de poignard dans le cœur de son adversaire il le sait. Il en joue, il le savoure ! Son regard bleu glace plonge dans les yeux de la perdante rampant à ses pieds.
- Je vais aller... Droit au but. Dîtes à votre équipage de quitter la navire. Tous ! Sans exception doivent plonger immédiatement!

Il ne la lâche plus du regard tandis que les poings se crispent et que les mâchoires se serrent de rage. L'océan est déchaîné, il leur faudrait toute la volonté du monde pour survivre jusqu'à l'arrivée du Fer.
- Naturellement vous resterez à mon bord. Vous, votre hache, Jack, moi et ces deux magnifiques petits jouets. Qui sait ce qui pourrait vous arriver?

Le temps que le Fer s'arrête pour les sauver, s'il les repère, il sera trop tard pour lancer la chasse au Revenge et tous le savent. C'est pourtant la seule chance de survie de leur capitaine. Barbe Noire se relève l'air visiblement satisfait tandis que sa lame met de nouveau en joue les deux petites poupées.
- Exécution!

***

Jack Sparrow observe la petite boule de cire qu'il a amassée du fond de son oreille fondre sous le contact de la pluie. Elle fond comme fond la volonté des ennemis de Barbe Noire... Amusante comparaison que celui d'un pirate à un pâté de cire. Jetant un œil sur le tonneau dont il obstrue toujours l'entrée et le seul point d'observation, le roi pirate s'interroge intrinsèquement de manière très profonde. Doit-il aider la perdante, dont les formes l'attirent clairement plus que celles de Barbe Noire ? En temps que pirate ce ne serait pas très moral. Et puis il a déjà payer sa dette. De plus il lui sera clairement plus aisé de s'emparer de la hache une fois son propriétaire devenu un homme. Oui se battre contre une femme serait trop peu galant et digne de lui !

L'air parfaitement convaincu de la justesse de ses propres arguments, le Roi Pirate hoche vigoureusement la tête tout en maintenant son chapeau d'une main et en s'explorant la deuxième oreille de l'autre.





Mouhahahahaha je t'avais dis que ce post serait maychannnt ! (ouh que je suis vil et mesquin ohohohoh). Brefle libre à toi de joyeusement me parler de tes émotions poignantes au cours de ta réponse, de ton affrontement épique (et masqué par les intenses réflexions de Jack Sparrow au cours du post MJ) contre Barbe Noire et ensuite ben... Bon courage ? XD

J'aime ébranler les convictions d'un personnage. Tu es libre de tenter des trucs de oufs avec ton équipage ou je ne sais quoi cependant Teachy risque fort d'arrêter toute action trop intempestive par un gros coup de schlass dans laggle aux poupées (ainsi que d'immobiliser l'importun à l'aide des cordages de son navire naturellement 8D). ce serait dommage d'être responsable de la mort de deux PJ du forum par un geste inconsidéré quand même (car oui ce n'est pas du bluff Gally peut crever et toi aussi ! Voodoo stayle !)

Concernant le Fer eh bien manque de bol vous commencez à peine à rattraper le Revenge qui maintient une belle vitesse de pointe depuis toute à l'heure et c'est à peine si la vision perçante de cette chère Ornella parvient à distinguer les lumières de ce dernier... Ah mais suis-je bête le Revenge n'a pas besoin de lumière pour naviguer donc non elle ne le voit pas en effet (Barbe Noire par contre a entraperçu vos lumières au loin... trop loin pour arriver à temps mouhahahaha)

Enfin le point Jack Sparrow du jour ! Eh bien fidèle à son égoïsme piratesque ce brave monsieur a décidé de ne pas bouger ses fesses pour t'aider ! Tu peux le pnjiser si l'envie t'en prend mais il ne quittera pas son tonneau quelle qu'en soit la raison ! Du coup Tinel est toujours bloqué à l'intérieur (car on échappe pas au tonneau de Jack Sparrow)

Je te souhaite bon courage et bonne chance ! Je crois que Moneta va en avoir besoin <3
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeJeu 17 Mai - 0:39


    Et il charge.
    Il est là, c’connard, à m’parler aussi simplement, avec ses bottes qui claquent et son vent dans les ch’veux. Il ne connaît pas la peur, ni la douleur. Il n’comprend pas que mon ventre est plus serré à l’idée qu’mes pauvres mat’lots pourraient clamser qu’au fait que j’ai les côtes broyées. Il n’sait pas à qui il s’adresse. Il sait juste que j’suis une femme, forte, fière, et ça lui suffit pour vouloir m’éradiquer. J’te jure. Ce combat d’égos existe tellement partout qu’il en est dev’nu totalement insignifiant et incompréhensible. J’les déteste tous cordialement, tiens.

    Le voilà sur moi, avec son acier claquant, son sabre qui vole, presque luminescent sous la pluie qui tombe en trombe autour de nous. Dans cette atmosphère humide qui éponge le sang aussitôt qu’il coule au travers d’une plaie. Dans ce couffin d’eau qui nous englobe, qui nous rend mous, aussi mous qu’des enfants. Sauf lorsqu’on s’appelle Barbe Noire et qu’on contrôle toute la putain d’situation. J’le vois dans ses yeux, que j’sais qu’il sait. Qu’il a juste à donner un coup d’son pouce sur sa garde pour que l’Revenge vire d’un coup et que j’m’empale proprement sur sa lame. Qu’il a juste à hausser les épaules pour que tous mes gars se r’trouvent étranglés. Ils le savent. Ils le savent tous, mes p’tits cons. Aussi bien Leorh que Roger, mes deux vieux vétérans savent que s’ils bougent, ils risquent aussi bien d’me tuer que d’nous tuer tous. Et lui, il en joue. Dans son élément, son putain d’élément qu’il a pas mérité. Parce que l’avidité d’un pirate peut n’pas avoir d’frontière. Parce que j’ai une âme trop charitable pour être véritablement féroce.

    La femme au cœur tendre elle va te déboîter, mon gars.

    Et j’me bats, j’me bats comme je peux, férocement, levant ma hache contre ce mec qui sait très bien que j’ai aucune chance. J’mets toute ma force, toute ma volonté dans chacun d’mes coups, parce que mon corps est déjà à bout, parce que ma chair craquelle et hurle, parce que mes os sont déjà fêlés, parce que le sang tambourine comme jamais à ma tempe bleuie.
    J’offre ma vie dans chacun d’mes coups. Car je sais très bien que si j’me foire, je meurs. Et probablement tout mon équipage à ma suite. Alors j’offre tout ce que j’ai, toute mon envie de découvrir et de mordre férocement chaque jour qui passe, pour contrer ses coups trop rapides, trop précis pour ma hache, ma pauvre hache que je n’contrôle plus. Cette hache, que j’aime tant, qui me manque, sa douceur, sa maniabilité, sa personnalité. J’me sens seule et dépouillée, avec un bâton rouillé et lourd pour vaincre la plus belle des épées.
    Mais ce putain d’bâton, j’le manie mieux que jamais. Si jamais j’récupère Orchak, je sais que j’pourrais presque le surpasser. J’le sais, j’le sens tout au fond moi, d’mes entrailles qui gémissent, d’mes os qui grincent sous les chocs trop rapides.

    T’sais, j’crois que j’pourrai tenir. J’pourrai tenir pour eux tous, j’pourrai réussir à trouver où frapper, où est-ce qu’il aura réellement mal, où ses putains d’estafilades ne vont pas s’effacer aussitôt qu’la chair est tranchée. J’peux persister, j’peux combattre jusqu’à c’que lui-même s’épuise, jusqu’à c’que le ciel arrête de pleurer, jusqu’à c’que le monde arrête de nous regarder…
    J’ai jamais vu ma peau si rougie par le sang, mon propre sang. J’me suis jamais senti perdre autant pieds. J’dois combattre. J’dois rester éveillée, j’dois pas m’laisser aller à ce ramollissement qui veut m’emplir chacun d’mes muscles, parce que mon corps me crie d’arrêter, me crie qu’il en peut plus…
    Alors je tranche, je tranche comme je peux, comme je veux, pour parer ses putains d’feintes que seuls des bretteurs t’en sortent des comme ça. J’fais forteresse, j’bloque ses assauts mieux que j’l’ai jamais fait contre n’importe qui. Je cherche Orchak dans la coquille vide de ma hache.

    Et au moment où j’crois la capter, savoir où elle se trouve, mon esprit vacille, et Barbe Noire me transperce. J’baisse les yeux vers ma jambe, qui s’affaisse sous mon poids. Et lui, d’un coup de pied dans mes côtes brisées, il m’envoie traverser le pont d’un bout à l’autre. J’me relève, et par une sorcellerie immonde, mon cou s’ouvre net alors qu’il tranche le tissu frêle d’une petite poupée de coton à mon effigie. Un d’mes doigts parcourt l’estafilade alors que j’comprends lentement c’qui vient de m’arriver.
    Il frappe encore la poupée. Clac. Plus de côtes qui m’lâchent. J’m’écroule à terre. Bordel de bordel de bordel de…
    J’tente de ramper vers lui. Rien à foutre, si je meurs, que j’lui tranche la tête au moins. Il farfouille dans sa poche, et tire une autre poupée.


    Petite poupée… Tellement plus petite que la mienne, dont les détails si frappants ne m’échappent aucunement. Petite poupée si frêle à côté de la mienne, dans sa grosse main. Il ne peut pas faire ça. Le vaudou demande … Des cheveux non ? D’où est-il parvenu à prendre de ses cheveux à elle ? J’vais le buter, le buter, le trancher en tant d’morceaux que sa putain d’régénération il peut s’la mettre là où j’pense.


    « Enfoiré… »

    Et l’autre il se marre, il rit de ma faiblesse, de mon pauvre corps explosé à terre, de ma jambe tranchée, de mon cou ouvert, de ma hache délaissée, de mes espoirs détruits par une putain d’poupée perdue dans l’creux d’sa main. Il s’approche même de moi, montre les deux petites poupées tenues en joue par le fil tranchant de son sabre.

    J’ai des putains d’larmes qui coulent le long d’mes joues.


    « Mes matelots sont bien assez grands pour décider du fil de leur vie seuls. »

    Je hache mes mots. La fureur fait trembler ma voix, la rend plus grave que d’accoutumée.
    C’est quoi, cette façon d’faire. Le monde ne s’compose plus que d’magouilles dans c’genre là. Plus possible de faire un combat, un vrai, un bon, où chacun sait pourquoi il se bat, et avec toutes ses armes bien en main dès l’début. Cette piraterie de quand j’étais jeune, où la plupart de ces cons étaient tous des gamins rêvant d’autres horizons, et faisant finalement partie d’la pègre parce qu’il y avait aucun autre moyen de bouffer. Cette piraterie un peu noble, un peu chiante, où on n’savait pas trop pourquoi on était partis. Sur un coup d’tête, parce qu’on était tristes et trop jeunes pour vouloir arrêter de vivre. Parce qu’on voulait juste une liberté qui n’existait pas sur terre. On la cherchait ailleurs.

    Je ferme les yeux à demi. Les deux qui me regardent là, ils sont de cette piraterie. Et je sais qu’ils décideront fort bien c’qu’ils ont à faire.

    ***


    La fureur. Il n’y a plus que la fureur qui l’habite alors qu’il observe, impuissant, ce spectacle obscène. Il rêve d’enfoncer ses crocs profondément dans la gorge poilue de ce mec qui violente tant sa chère Capitaine. Leorh ne parvient pas à se contrôler. A chaque pas qu’il fait vers eux, il se fait violence pour s’arrêter, parce qu’il sait très bien qu’il pourrait voir la tête de Moneta sauter s’il s’approche trop. Qu’on la sauve, que quelque chose arrive, se passe.
    Le Fer est désespérément trop loin. L’espoir s’éteint, l’espoir se vide, comme la présence de Tinel qui s’affaiblit de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. Et il le sent, Leorh. Il sent que le mousse est en train de leur filer entre les doigts, comme leur Capitaine, comme la jolie princesse dragon. Et il voudrait hurler son désespoir, mais le rugissement reste engoncé tout au fond de sa gorge puissante. Et il ne tente pas de retenir les grosses larmes qui s’échappent de ses yeux félins.

    ***

    De l’air… De l’aide. Tinel a mal, bien trop mal, il ne sait même plus où il est. Il entend tout, il entend sa capitaine combattre et il sait qu’il ne peut pas lui venir en aide, en plus de ne rien voir. Il tente de frapper faiblement sur le bois du tonneau, mais Jack Sparrow reste sourd à ses faibles piaillements. Pourquoi ne peut-il pas sortir. Il a mal. Il a tellement mal. De toute manière il n’est jamais venu en aide à qui que ce soit. Il ne les a jamais aidés. Il n’a jamais été utile, sur le Fer. Il n’a apporté que des ennuis, il n’apprend pas assez vite, pas assez bien. Il voudrait grandir, grandir et sauver sa jolie capitaine qu’il aime plus que sa propre mère, car elle lui a apporté une raison de vivre. Comme elle l’a fait pour chaque matelot du Fer.

    ***

    Vite, plus vite. Ce rafiot ne pouvait pas… Si, il le pouvait, Ornella avait confiance en ce bâtiment. Ils pouvaient tous y arriver. Elle s’élance vers Enzio, qui continue de manier le Fer avec des incantations doucereuses. Elle s’approche de lui, s’enquiert de la situation. Il lui souffle qu’il parvient à maintenir le cap vers là où se trouve leur Capitaine. Le charme est fort, il devrait fonctionner. Mais si jamais l’essence venait à disparaître…
    Oui, car l’essence de leur Capitaine faiblit. Sa combattivité, qu’il suivait depuis le début, vient de s’écrouler. Il suppose qu’elle est mortellement blessée. Physiquement ou mentalement. Ou les deux.
    Ornella tourne les talons en serrant ses poings autour du manche de son coutelas.

    ***

    Roger voit tout ça d’un œil inquisiteur. Il apprécie la beauté du style de son Capitaine qui se bat jusqu’au bout, mais il y a parfois des limites au fait d’être spectateur. Parce qu’il est impossible, parfois, de rester là sans rien faire. Il faut agir, car le temps presse, car la vie ne dure qu’un souffle, car elle est précieuse. Et c’est la facilité que l’on a à détruire une vie qui la rend si formidable. Et certaines vies méritent d’être préservées, quel qu’en soit le prix.

    Roger se relève, et gonfle le torse. Il s’adresse à Barbe Noire, directement, sans ambages.

    « Un jour, j’ai rencontré une petite fille qui s’était engagé sur le premier rafiot venu pour oublier son amour perdu. Elle n’est plus jamais tombée amoureuse par la suite. D’un humain en tout cas. Elle a aimé la mer, l’aventure, la joie de vivre. Et puis y’a pas longtemps, elle a aimé une gamine qui lui rappelle sa turbulente jeunesse et qui éveille en elle tout ce qui fait d’elle une femme aimante et attentionnée envers chacun.
    Et c’est ce qui la rend forte, bien plus forte que n’importe quel homme sur ces mers. Et c’est bien pour ça qu’elle en est la Reine. Alors tu vas me faire plaisir mon gros, et tu vas arrêter de martyriser Moneta. Immédiatement. »



    L’aura explose, éjectant absolument tout sur le bateau. Barbe Noire évite de trancher ses précieuses poupées au dernier moment alors qu’il s’affale sur le pont, tandis que Moneta roule encore un peu sur le côté, pour se recroqueviller sur le manche de sa hache. Une longue trainée de sang poisseux la suit.
    Leorh est bousculé en arrière, et beaucoup de faibles marins du Revenge sont expulsés par-dessus bord, en des cris stridents. Le tonneau où est assis Jack Sparrow est éjecté sur le côté, alors que ce dernier voit sa chevelure élégamment soulevé par l’aura du terrifiant Héros, comme s’ils étaient ébouriffés par une petite brise. Il hausse les épaules face au phénomène.

    ***

    Tinel est littéralement éjecté hors du tonneau, atterrissant lourdement non loin de sa chère capitaine. Il s’élance, s’agenouille près d’elle. Ses yeux d’or sont vitreux, posés sur Barbe Noire seulement. Ses mains rouges de sang sont si serrées autour du manche d’Orchak que ses jointures sont blanches comme l’ivoire de ses cheveux. Elle est couverte de la tête aux pieds d’écarlate suintant par bien trop de pores.


    « Cap’taine, cap’taine, mourez pas, j’vous en supplie… »

    Il s’écroule sur elle, ignorant sa propre douleur, ignorant leurs sangs qui se mélangent. Il pleure, pleure de tout son saoul sur le corps de cette diablesse à qui il doit tout.

    « Mourez pas… J’vous aime tellement, Cap’taine Moneta… »

    L’enfant ne voit pas que chaque larme coulant le long de la peau trop blanche commence à cicatriser doucement les plaies de la pirate.

    ***

    Roger s’approche de Sparrow, en deux pas seulement.

    « Et bien, on n’fait pas beaucoup partie du spectacle, je trouve ! C’est quand même un peu à cause de vous qu’on est dans la merde ! »
    Et ni une ni deux, il le chope par le col, le soulève au-dessus de son épaule, et l’envoie de toutes ses forces en direction de Barbe Noire-le-mec-étalé-sur-le-sol-qu’il-est-con.
    « C’est parce que j’t’aime bébé !!! »

    ***

    Leorh reprend à peine son souffle de l’impact de l’aura trop puissante du cuisinier. Il a vu les cheveux enroulés autour des petites poupées. Un long et blanc, un plus court et vert. Il sent au plus profond de son être qu’il n’aura pas de seconde chance pour tenter de les briser de ses griffes effilées. Il voudrait hurler, mais ne peut pas dévoiler sa présence. Il fait tout ça pour elle. Sa Capitaine qui se sacrifie pour eux. A leur tour de se sacrifier pour cette femme qu’ils aiment tant.

    ***

    Je peux me relever. Je peux. Je vais l’exploser. On ne tente pas de se dresser seul contre celle qui a compris que la force ne vient pas que de soi. Et maintenant, tu vas mourir.
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeJeu 17 Mai - 12:18


Désespoir, tristesse, honte et déshonneur... Tant de sentiments qui prennent le pas les uns après les autres sur le visage de ses adversaires terrassés. L'amour est un sentiment si faible et pitoyable. Risquer de tout perdre par amour pour une seule insignifiante créature n'est qu'une preuve de plus de la médiocrité du genre humain. Mais lui est au dessus de ça, lui est un pirate un vrai, cruel et sanguinaire... Et chacun sait que les pirates sont capables des pires atrocités afin de parvenir à leurs fins. La lame du sabre s'affermit un peu plus sur les deux petites poupées tandis qu'il lève les yeux sur le second du Fer qui s'avance à pas lourds et menaçants.
- Quel bel exemple de perte de contrôle sieur Leorh... Mais après tout pouvait-on s'attendre à autre chose de la part d'une bête sauvage telle que vous ? Laissez donc éclater cela cher commandant, montrez-vous sous votre véritable jour.

Les dents blanches de Teach étincellent dans la tempête tandis que le second fait un pas de plus dans sa direction. Il n'est plus qu'un amas de haine et de rage prêt à exploser d'un instant à l'autre, une fureur aveugle donc faible que le pirate se voit déjà mettre à son service. Et puis une voix retentit. Rauque et grave , légèrement enrouée par les années, mais d'une puissance à toute épreuve. Un semblant de majesté se dégage de ce discours, atteignant chaque membre du Fer à proximité. Tous ont vécus ce que raconte leur cuistot et tous rejoignent son point de vue sans exception. Barbe Noire n'est que sarcasme. Ce discours est celui d'un perdant qui tente de racheter son honneur, qu'il vienne donc ce pirate si sur de lui avec ses menaces, qu'il vienne et risque de sacrifier tout ce pour quoi il vient de parler.

Et d'un seul coup, un souffle. Redoutable, puissant, ravageur, balayant tout :alliés, ennemis, tonneaux... Tous volent sous l'explosion de puissance du pirate. Tous... Sauf un qui perd son siège et s'étale simplement sans comprendre le pourquoi du comment. C'est vrai ça la houle n'était pourtant pas si imposante, peut-être a-t-il simplement loupé quelque chose ? Sparrow en est encore à réfléchir lorsque la poigne puissante du héros s'empare de son col et le soulève haut... Très haut... Trop haut pour quelqu'un voulant juste l'aider à se relever.

- Si je puis me permettre...
- C'est parce que j't'aime bébé!!!
- C'est une mauvaise idée...

Le vent siffle à ses oreilles alors qu'il prend soudainement une vitesse qu'il ne se connaissait pas. Personne ne l'écoute jamais de toutes façons. Son premier réflexe est de fermer les yeux... Enfin son premier réflexe après celui d'avoir fermement enfoncé son chapeau sur son crâne, manquerait plus qu'il le perde. Le lancer ne dure que quelques secondes, mais quelques seconde sont amplement suffisantes à un roi pirate pour se poser des questions existentielles. Pourquoi tant de haine par exemple ou même quand est-ce qu'on arrive ? Aussi le narrateur vous épargnera-t-il la réflexion de Jack Sparrow durant ce court intervalle avant que son crâne (protégé par un chapeau), ne rencontre violemment l'estomac de Barbe Noire (dépourvu de chapeau). Les deux pirates roulent à terre avant qu'un coup de pied du sanguinaire mage noir ne repousse le roi roulant boulant dans un coin sans pour autant lâcher son fidèle couvre-chef. Un grognement prévient Barbe Noire juste à temps avant que sa lame ne pare la griffe monstrueuse du lion qui se jette sur lui. L'impact le fait glisser sur le pont de son propre navire mais un sursaut de sa fierté blessée lui permet de repousser le Laguz déchaîné. La bête rugit, charge de nouveau, lance son immense patte vers la main du pirate dans un effort désespéré. Il doit lui faire lâcher prise, profiter de cette unique chance que leur offre la force de leur équipage ! S'il n'y parvient pas...
- Tout est fini.

Les yeux de Leorh s'ouvrent d'un seul coup sur sa situation. Le pirate est trop rapide, son regard trop menaçant, son expression trop cruelle... Le sabre fend le cuir épais du lion et le brise comme on brise un fétu de paille tandis que le Laguz roule à son tour sur le pont imbibé d'eau et de sang. Pas un cri, pas un rugissement, il ne lui donnera pas cette satisfaction ! Les griffes du second s'ancrent dans le bois alors que ses muscles se tendent sous l'effrot qu'il fait pour se relever. Sa blessure béante coule, gicle, et laisse son sang s'écraser en longs ruisseaux sur le bois du Revenge. Oh oui, sa revanche il va la prendre ! La prendre en même temps que la tête de ce barbu imbu de lui-même qui ose les menacer ! Sa capitaine, la petite Gally, ses marins, tous... Il va les protéger, il va lui arracher ses tripes et en redécorer les planches de cette abomination de vaisseau! Il ne voit pas sa capitaine qui s'est relevée, l’œil en furie, la même étincelle sauvage et sanguinaire que celle de son second brillant au fond de ses yeux. Il ne voit pas non plus que Barbe Noire a perdu patience.
- Vous vous obstinez donc dans votre stupidité...

Son ton est calme mais une menace sourde gronde en lui et son regard n'a rien à envier à ceux des membres du Fer.
- Je vous ai donné une chance de protéger ce pour quoi vous vous battez. Une chance de vous rendre « à l'amiable »!

Sa poigne se referme lentement sur les petites poupées, prête à les écraser, avant de s'ouvrir laissant les deux jouets tomber sans mal sur le pont détrempé.
- Assumez donc les conséquences de vos actes.

La lame se lève tandis qu'un éclair déchire les cieux, projetant des ombres monstrueuses sur le visage du pirate au rictus cruel, découpant l'acier étincelant de son arme sur ce spectacle macabre. Tous se précipitent, tous hurlent !

Mais il est trop tard.

L'acier transperce le plancher du Revenge sans la moindre difficulté. Il a gagné. D'un mouvement, d'un seul, il vient de briser tout ce que cet équipage possède de plus cher. Ils vont se battre oui, avec la haine la plus ardente ils vont tenter de le détruire... Mais ils ne peuvent pas et le savent. Son corps immortel les broiera les uns après les autres aussi aisément qu'il vient de réduire à néant l'existence de leur cher capitaine. Et tout cela avec une petite poupée... Qui n'est... Plus là?


***


Barbe Noire écarquille les yeux d'incompréhension. Son sabre est bien là, perçant les planches massives de son navire... Mais ce qu'il devait vraiment trancher n'y est plus. Un instant il palpe le sol sans pour autant lâcher son sabre, l'air perdu avant qu'un sourire macabre n'accompagne le tremblement furieux de ses épaules. Dans son dos, un pas résonne, s'éloignant furtivement de lui.
- Jack...

Le Roi pirate ne fait même pas attention à l'interpellation et s'immobilise simplement. Dans ses mains trônent deux minuscules poupées autour du cou des quelles flottent deux cheveux de couleur différente. Le malfrat regarde l'effigie de Moneta, celle de la princesse dragon, revient à celle de la belle Marquée, hausse un sourcil devant le visage dessiné au charbon noir et approche l'objet de son visage. L'air perdu dans le vague, il renifle l'objet une fois... Deux fois... Aucune odeur particulière ne semble le rebuter alors que dans un éclair de génie -uniquement propre à lui-même- il sorte sa langue légèrement noircie par l'alcool pour en passer un grand coup sur le jouet dans son entièreté.

Il tente de savourer le goût, mastique dans le vide à grand bruit tel un œnologue professionnel, puis tourne la tête sur le côté.

- Beuaaaaark...

Sa langue sortie papillonne un instant à l'air libre avant qu'il ne la rentre l'air de rien pour se tourner vers ses interlocuteur... Enfin vers le sabre qui cingle maintenant dans sa direction. Ecartant grand les bras, le pirate effectue un petit saut vers l'arrière tandis que le maître du Revenge attaque sans discontinuer.
- Pourquoi faut-il TOUJOURS que VOUS vous mettiez en travers de ma route!
- J'étais dans votre dos, ça ne compte p... Wouah!

Se penchant vers l'arrière jusqu'à s'en faire craquer le dos, Sparrow bat des bras quelques secondes avant de s'étaler simplement sur le pont. Tout à sa rage, Barbe Noire lève à nouveau son arme et l'abat alors que son adversaire roule loin, très loin... Comme un tonneau. Mais tout tonneau ne peut rouler à l'infini, il arrive forcément un moment où le dit baril rencontre un obstacle... Comme un mât de navire par exemple.

D'un bond, le pirate est de nouveau debout, tanguant légèrement sous l'effet de son action pleine de fût.

- Tant de viol... Violences pour un simple jouet, pardon... Je n' vous pensais pas aussi susceptible Teachy...
- Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!
- … Tout à fait d'accord!

Le Roi pirate tente une esquive sur le côté, se prend une feinte dans l'autre sens, décide à la dernière seconde qu'il n'a pas envie de faire un saut périlleux et s'accroupit simplement.

*TCHAC*

Le sabre s'enfonce dans le mât avec puissance et violence, pulvérisant le bois, défonçant tout sur son passage et transperçant...

- ...

Une brutale aura meurtrière envahit d'un seul coup le navire. Plus puissante que tout ce qu'ils ont pu ressentir à ce jour, ces nourrissons jouant aux pirates dans un monde que dominent quatre personnes. Quatre rois dont les légendes retentissent aux quatre vents, quatre combattants monstrueux dont la puissance n'est inconnue de personne. Et c'est de l'un de ces hommes que Barbe Noire vient de clouer le chapeau contre son mât. Le regard du pirate accroupi n'a plus rien d'amusant, ni de jovial. Et l'intention meurtrière qu'il dégage n'a de cesse de croître, balayant tout sur son passage telle une vague maléfique, annihilant même la puissante aura du vieillard aux deux lames.

Jack Sparrow lève un regard vide d'expression sur un Edward Teach paralysé par une telle démonstration. Le pirate ne comprend plus, ne parvient plus à tout coordonner dans son esprit. Comment cet homme pitoyable peut-il présenter ne serait-ce qu'une once de ce pouvoir qu'il ressent ! Le Roi pirate tourne ses paumes vers le haut et projette les petites poupées dans les airs. Son poing fermé recule lentement vers l'arrière jusqu'à ce que son coude touche le bois du mât. Et c'est l'attaque. Le bras du pirate se détend avec une vitesse et une puissance dont trop peu de personnes peuvent encore témoigner. Les phalanges durcies du seigneur rencontrent le poitrail d'Edward Teach avec un craquement sinistre tandis que le pirate noir décolle sous l'impact, le sang emplissant sa bouche et ses narines. Sa poigne calleuse lâche son arme tandis qu'il s'envole... Et dégage tout simplement droit contre le rebord de son navire qu'il manque de défoncer sous l'impact, pour s'écrouler au sol inanimé.

Jack Sparrow rouvre les mains et récupère les deux poupées retombant à leur place respective. Sa colère s'atténue tandis que son aura se dissipe. Il respire un grand coup et se relève, enfonçant sa tête dans le chapeau au passage et fait face à une résistance. Son crâne se retrouve bloqué par la lame monstrueuse toujours enfoncée dans le mât. Il pousse, il tire -mais pas trop à cause de son chapeau-, et finit par déloger à la main le rustre objet pour l'envoyer balader près de son propriétaire.

Se redressant, il étire son dos endolori par la posture, regarde à droite, regarde à gauche, et décide d'aller voir par là tiens !

Barbe Noire, lui, revient lentement à la vie. Ses blessures se résorbent, ses os se reforment en un craquement sinistre et lentement, très lentement, sa main s’agrippe de nouveau à sa lame tandis que son corps anciennement brisé se redresse à la manière d'un pantin désarticulé.

Le Roi pirate, fort de son petit effet, finit par retrouver son tonneau ayant roulé un peu plus loin et s'en empare avant de le traîner en un crissement de tous les diables vers la Reine des Mers. Plus aucune intention quelle qu'elle soit n'agite l'aura inexistante du pirate alors qu'il s'approche de la beauté aux gros arguments. Son regard s'attarde un instant sur les objets de sa décision -oui Teachy ne pouvait rivaliser dès le début avec ça en fait- avant qu'il ne se retourne pour farfouiller dans son baril chéri. Il tâtonne, cherche, fronce les sourcils et finit par sourire pour extirper de sa cachette...

- L'chapeau du cap'taine!

Le pirate fait la moue en voyant son effet de surprise gâché par le petit mousse. Il aurait préféré que ce soit la capitaine en question qui le dise. Mais oui en effet, c'est bien l'imposant couvre-chef de la capitaine du Fer qui trône entre ses mains -car on trouve de tout dans le tonneau de Jack Sparrow!- et, c'est d'un pas solennel qu'il s'avance vers la grande gaillarde pour lui enfiler d'un coup sec sur sa grande tête, vachement haute quand même... même pour un Roi pirate !

Son acrobatie réalisée, le Roi en question se penche – ou plutôt se hisse- à l'oreille de la grande chose:

- Un capitaine n'est rien sans un véritable couvre-chef.

Et il s'éloigne, entraînant avec lui son fidèle tonneau dans un vacarme de tous les diables. Les matelots du Fer restent interloqués un instant puis Leorh tourne lentement la tête vers sa capitaine. Tinel tique un instant et ouvre ses grands yeux tout rond de gamin sur sa grande maître de bord... Ou plutôt sur sa hache. Orchak, l'immense hache argenté, pulse lentement. Rien n'a changé, rien n'a bougé et pourtant l'arme rayonne de nouveau, emplie de cette force que l'équipage connaît si bien. Le mousse est pour ainsi dire fasciné.
- C'est le pouvoir du chapeau...

Non rien n'a changé... Rien excepté le sourire presque amusé du Roi pirate alors qu'il passe devant le vieux soldat aux deux lames. Son tonneau crisse encore quelques mètres... Puis s'arrête. Il crisse dans l'autre sens tandis que le pirate au chapeau troué se retrouve face à face avec le cuisinier. Son doigt se pointe vers le menton surélevé -mais qu'est-ce qu'ils ont tous à être aussi grands!- du vieux combattant en une mimique de colère des plus pitoyable tandis qu'il le menace à la manière d'un enfant ayant fait une bêtise.
- Plus jamais !

Puis il tourne la tête en une moue de dédain digne des grandes dames de la cour avant de poser son tonneau aux côtés du héros pour s'asseoir dessus. Il attend quelques secondes puis sent la voix grave du guerrier résonner en un chuchotement au creux de son oreille.
- Une bière si vous ne perturbez plus cet affrontement.

Sparrow reste songeur un instant puis tourne la tête vers l'habile négociateur.
- Deux?
- ...Un tonneau complet pour votre soutien contre Barbe Noire.
- …
- ...
- ...
- ...
- … Deux?

Le regard grave de Roger reste plongé dans celui interrogateur du roi. Deux tonneaux de sa réserve personnelle... Pour une promesse quasi-factice ? Sparrow soupire devant le dilemme interne et se tourne à nouveau vers les protagonistes principaux.
- Oh ça va, on peut toujours essayer.

Roger croise à nouveau les bras tandis que son regard suspicieux se déporte vers le chapeau troué. Etait-ce une conclusion d'alliance?

***


Les bottes du pirate noir claquent sur le pont ensanglanté tandis que le mousse de son ennemie déguerpit vite fait bien fait face à l'aura meurtrière que dégage le maître du Queen Ann's Revenge. Plus aucune blessure ne marque le corps immortel du sabreur et seul le sang tachant ses vêtements témoigne encore du passage de Jack Sparrow dans sa face. Le pirate a un air dément. Orchak rayonne de sa puissance retrouvée et cette garce, cette petite pute se dresse de nouveau face à lui, lui le seigneur des morts, le seigneur de ces mers!
- Combien de temps encore comptez-vous me résister...

Son sabre rayonne sous la pluie et la foudre d'un éclat macabre alors que la hache d'argent resplendit d'une lueur rassurante.
- Vous vous prétendez Reine de ces mers... Vous et votre ramassis de crétin vous pensez donc supérieurs à ce point aux véritables marins...

Son aura est terrifiante. Plus noire que jamais, plus macabre et menaçante. Ce n'est même plus une question de victoire, de prendre un trésor à l'ennemi... Il va la massacrer, la tuer, la découper, lui faire subir les pires atrocités. Et lorsque son corps pitoyable tombera sous son emprise, alors c'est de cette même hache qu'elle chérit temps qu'elle écrasera un à un ses propres membres d'équipage. Il ne restera rien, non rien du Fer et de ses matelots à la fin de cet affrontement. Rien de plus qu'une épave vide et imbibée du sang maudit de ce tas de merde qui ose s'opposer à lui, Edward Teach, Barbe Noire, le plus cruel mage noir que connaisse cet océan !

La lame du bretteur se lève et étincelle brièvement tandis qu'il se met en garde. Cette fois pas de coup en fourbe, pas de combinaison secrète. Le pirate a épuisé ses dernières cartes. Qu'elle vienne cette catin des mers, il ne peut pas perdre.


***

Jack baille un grand coup devant le petit discours de Barbe Noire.
- Ce Teachy... Toujours la même grande gueule. Commencez m'sieur dame on s’ennuie!

A quelques mètres de lui, Tinel serre fermement ses petits poings, le regard fixé sur l'immense couvre-chef de leur capitaine. Le pouvoir du chapeau peut sauver Moneta il le sait !

De son côté, Sparrow admire bien plus que le simple chapeau de la belle capitaine. Son regard se perd sur sa main tandis qu'il regrette de ne pas en avoir profité un peu plus. Puis il hausse les épaules. Le monde regorge de femmes après tout. Une de plus ou de moins quelle importance...

*Puis vu la taille de ses mains, bonjour les baffes que ça doit donner ce truc là.*

________________________________________________________________________________________

Et wala répondu ! (je te l'avais dis que ça allait être rapide XD)
Pitit résumé : Jack Sparrow a choisi son camp ohohoh (ou pas o/) mais pour le coup sa petite saute d'humeur masculine t'aide bien x)
Je rejette toute tentative de grillage que le caillou magique a regagné sa place... Puis avoue que « le pouvwar du chapoooo » ça pète XD (on trouve de tout dans s'tonneau c'est génial XD)

Bon je te laisse faire mumuse sur le combat contre Edward Teach (à vrai dire j'avais juste envie de caser He's a pirate quelque part), pour son aura toute bizarre macabre et vachement flippante, c'est absolument pas un pouvoir quelconque. Il utilise juste son art obscur pour augmenter l'aura d'effroi qui l'entoure habituellement... Du coup il fait encore plus peur que d'habitude c'est tout XD Naturellement son corps physique se régénère toujours quand tu coupes dedans : tu vois Evangéline ? C'est quasiment la même chose.

Ah oui ! Le Fer se rapproche à grand pas du Revenge (faut dire que Teach a un peu perdu conscience après le tacot dans saggle => cause/conséquence : perte de vitesse toussa). Du coup je t'autorise à rattraper le navire de barbe noire dans ton pitit post (elle est pas belle ta vie?)
Naturellement quiconque tente d'interférer dans ton combat se verra automatiquement cloué au sol par un cordage/assommé par une planche/arrêter par le doigt inquisiteur de Jack Sparrow depuis son tonneau (et on ne se dérobe pas au doigt inquisiteur de Jack Sparrow depuis son tonneau... Surtout le tonneau de Jack Sparrow).

Dernier point (genre important), c'est le point Sparrow du jour. J'ai fais un très beau rapprochement dans le dernier paragraphe entre la superbe poitrine bonnay D de moneta et la main de Jack Sparrow (sisi, c'est du grand art) mais il y a une raison ! (autre que le pelotage rapide et absolument imperceptible de ton perso par un classe 3 niveau 20 8D) Si tu cherches biens (genre dans ton soutif), se trouve désormais un petit morceau de papier, parfaitement sec (enfin t'es en train de le niquer avec ton sang mis bon), ressemblant fortement à... Bah une page arrachée d'un livre tiens ! Avec des écritures chelou que tu comprends pas... Et un schémas aussi : celui d'une groooooosse hache à deux mains (marrant me rappelle quelque chose) et, en plein milieu de cette page, deux signes [accent chevrotant] mystiiiiiques [/accent chevrotant].
Signe number ouane (tu le design comme tu veux toussa) : LA HACHE INVISIBLE DANS TAGGLE !!!
Signe number tou (tu le design aussi comme tu veux toussa) : LA HACHE ENFLAMMÉE DANS TAGGLE !!!

On dit merci qui ? 8D

Dernier point (mais genre pas important) : lorsque Jack a léché la poupée (ta poupée). Bon un : c'était dégeulasse, mais deux : tu vois Touf ? Tu le fais plus grand (genre grand), plus gros (genre gros), plus bovin, tu lui colles sa truffe touuuut près de toua et tu imagines le grooos coup de langue baveux sur l'ensemble de ta personne. Tu n'es absolument pas trempée ou quoi, mais Moneta a eu cette superbe impression (le vaudou, c'est coooool o/)

Awai et les poupées c'est sparrow qui les a, dans la poche intérieure de sa veste (il est déconseillé d'essayer de voler Jack Sparrow ~~ C'est un coup à se retrouver tout nu en pleine tempête ça XD)

Enjoy 8D
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeMar 22 Mai - 12:17


    Même dans la fureur, tu peux parfois réaliser lorsqu’un miracle approche. Là c’en est un, c’en est vraiment un bordel. On est comme pétrifiés lorsque Jack Sparrow percute Barbe Noire avec violence. Le pirate noir va vouloir trancher le chanceux de toutes ses forces. V’là mes réflexions un peu brouillées par un Tinel… Tinelesque.

    « BWAAAAAAAAAAAAAAH Cap’taine cap’taine cap’taine, z’êtes vivante, z’êtes pas morte, vos blessures elles vont bien, vous zavez plus mal, vous… »

    Et à poser ta main sur l’épaule du gamin, la retirer, la voir ensanglantée

    « Putain Tinel… Qu’est-ce qui t’es arrivé bon sang ? »
    « Rien, rien, j’ai même pas mal, même que le Cap’taine Sparrow il a tué le méchant avec le coutelas qui voulait me couper les ailes, puis il m’a caché dans le tonneau, mais j’vous jure que j’ai pas ma… »

    D’la merde, j’le prends dans mes bras le plus doucement du monde. J’colle un baiser sur son front couvert de sueur, de pluie et d’sang.

    « Tu grandis, Tinel. Tu grandis vite, alors survis aujourd’hui. Tu n’as plus mal. Tu es fort, si fort mon p’tit père. »

    Il sanglote encore un peu entre mes seins, mais il finit par s’calmer. Et lorsque je lève les yeux, le sabre maléfique file vers les têtes de deux petites poupées de son. Je ferme les yeux en serrant la mâchoire. Au final j’n’aurais pu rien faire pour les protéger. S’il me zombifie, j’risque de tous les tuer, en commençant par Tinel.
    Et puis rien. Sparrow est intervenu. Pourquoi. Quand.

    J’suis vivante. J’écarte un peu Tinel de mon giron, puis j’le tourne pour qu’il assiste à la scène. J’vois ce qu’il va se passer. Teach est trop imbu d’lui-même. Il comprend pas que Sparrow se permet ses petites plaisanteries pour la simple raison qu’il pourrait nous réduire en miettes avec une simple pichenette. Pour peu ça m’ferait rire. Mais vu qu’ma vie est en jeu, ça l’fait un peu moi….BAAAAAAH mais c’est dégueulasse !!


    « AUCUN HOMME ne peut m’lécher, c’bien compris malotru ?? »

    Ouais bon, la phrase est sortie un peu vite, mais il m’a léchée en léchant une poupée à mon effigie, bordel ! D’ailleurs Teach s’en fout et il attaque le roi pirate sans autre palabre. Allez qu’il y va des moulinets d’son sabre. Mais du coup, on est tous un peu pétrifiés. Tinel sanglote encore un peu. J’suppose que Roger a envie d’une bonne lampée d’bière. Leorh… Mon fier Leorh tente un retrait. La traînée de sang est trop longue, trop rouge.

    « Tinel, dès que t’en auras l’occasion, va pleurer pour Leorh. »
    « …Il est mort ? »
    « Non. Mais tes larmes l’empêcheront d’passer le voile de l’éternité. »

    Il serre tout fort ma main avec sa p’tite paluche, alors que Jack Sparrow, en un instant, fait exploser sa fureur et envoie valser Barbe Noire en lui perforant les poumons et brisant presque toutes ses côtes. Même s’il s’en remet, j’espère qu’il a eu bien, bien mal ce con.
    Puis il récupère son chapeau, et marche vers moi. Quoi. J’ai un bouton sur l’nez ?
    Et soudain, miraculeusement, de son tonneau, il sort mon chapeau. Mon tricorne, mon beau tricorne, tout orné de doré, avec son tissu bleu roi et ses revers de velours blanc, et sa belle plume large toute immaculée, alourdie par la pluie…


    « Un capitaine n'est rien sans un véritable couvre-chef. »
    « Il ne serait rien non plus sans équipage, vous ne pensez pas ? »

    Il n’répond rien, le fourbe. Il sait très bien qu’il a des amis sur tout le continent qui vendraient leur âme pour lui, même s’il ne l’mérite carrément pas. J’sens comme une pression infime sur mon arme, et sur mon corset. Alors que j’me prépare à lui coller une claque, j’me sens renaître.
    Orchak, mon Orchak, ma belle hache pulse dans mes mains comme un cœur nouveau battant à l’unisson avec le mien. Je l’ai tant appelée, qu’elle semble plus brillante que jamais.


    « Ah ma belle, nous voici enfin réunies… »

    Et alors que j’roule des muscles en r’gardant Barbe Noire se relever lentement, j’sens comme un truc qui frotte sur mon sein gauche. J’farfouille sans ménagement dans l’corset, et j’en retire un papier jaune, moche et froissé. Attend que j’lise ça. Mmh. Mmhghhgm. J’comprends pas… Heu attends. Là ya ma hache. Là ya des runes rouge sang. Sur un point brillant d’ma hache. Et du coup l’point brillant l’est…

    AH MAIS ATTENDS J’AI COMPRIS !!

    Et puis là, c’est l’agression pure et simple. L’immense angoisse d’être submergé par la peur la plus profonde, par le plus grand dégoût de la vie, par…



    « Mais c’est qu’il commence à m’faire chier lui !! »

    J’sors de mon état d’léthargie. Parce que y’a bien un moment où ça commence à plus aller, ça.
    J’le vois qui s’ramène, avec sa fureur et sa grande gueule. Okay, tu vas la voir, ta gueule. D’un coup sec, j’mords mon pouce jusqu’au sang, puis j’griffonne un des deux signes sur la minuscule pierre qui brille d’un éclat nacré entre les deux lames de ma hache ; deux traits formant un angle assez ouvert pointant vers la droite. Le résultat ne s’fait pas attendre.


    « Ah bordel ! »
    Et sous mes yeux ébahis, ma bouche ébaubie, enfin bref c’que vous voulez comme adjectifs bizarres, ma hache prend feu. Ben. Alors. Ca m’brûle pas.
    Voici mon Orchak, qui pulse de bonheur, toute enflammée de bleu qu’elle est. Le métal chauffe à blanc, mais semble rester toujours aussi solide. Ooooh, de la magiiiie…


    « C’est le chapô, j’vous disais bien que le chapô était formidable !! »
    « Tais-toi et pleure ! J’te jure que si tu fais crever Leorh, j’te… »

    Le p’tit mousse attend pas d’savoir c’que je vais lui faire pour se précipiter sur le corps affaibli d’mon second. Barbe Noire, lui, jette sur Jack Sparrow un regard plein d’la haine la plus pure. J’m’esclaffe. C’était donc ça, hein ! Ma putain de hache, elle peut faire d’la magie ! Ben il va s’la prendre dans sa gueule, sa magie.
    Je charge. Mes côtes brisées hurlent, mes nombreuses blessures suintent encore, les petits soins des larmes de mon joli mousse ayant fait ce qu’elles pouvaient (donc pas grand-chose mais j’l’aime quand même ce p’tiot). Barbe Noire n’a pas l’air très dégourdi devant un mur de feu qui fonce sur lui.


    « Han, prends ça dans ta sale gueule ! »

    J’lui assène un coup monstrueux qui s’en va exploser littéralement l’plancher du bateau, en enflammant le pont au passage. Hum. Mais… C’est trop bien pour les abordages ça !! Lui esquive au dernier moment, tout en agitant son sabre pour que le plancher se colmate. Commence à m’échauffer avec son jouet. M’échauffer… Héhé. Seconde charge dans sa gueule.

    « C’est qui maintenant celui qu’évite les coups, hein mon connard ! »

    Mais j’vois dans ses yeux que son désir de me déboîter est plus fort que tout. Il va continuer d’se battre, il va m’assaillir de coups jusqu’à c’que mort s’en suive. Et il est trop bon épéiste pour que je songe un instant à le sous-estimer.
    Nous voilà donc, tournoyant sur le pont, moi, ma hache et lui. Orchak resplendit dans ses flammes bleues si chaudes, et je me sers de leur trainée pour me confectionner un bouclier imparable. La lenteur de mes coups est palliée par ma joie de retrouver ma hache, de retrouver sa douceur et sa maniabilité, et d’en plus la retrouver nimbée d’pouvoir. J’vous jure, c’est feu d’artifice sur le Revenge.

    ***

    Roger regarde Sparrow, Sparrow regarde Roger. Puis d’un commun accord ils apprécient le combat en cours. Moneta brille au sens propre du terme. Puis le cuisinier se permet quand même une remarque.

    « Comment saviez-vous que la hache était ainsi ? J’veux dire, ça fait des dizaines d’années qu’elle combat avec et pourtant elle n’avait jamais rien remarqué… »
    « Bah ! Votre ancien Capitaine a dû emporter bien plus d’un secret dans sa tombe, et ça m’étonnerais pas que le Fer regorge de trucs dans ce goût-là… Je pourrai revenir y faire un tour ? »
    « Non, je ne pense pas. Sauf pour votre tonneau de bière. Vous aimez la brune ? »
    « Je les aime toutes, mon bon monsieur ! (du moment qu’elles ne claquent pas trop fort.) »
    « Bonne réponse. »
    Roger est presque ému de voir sa Capitaine joyeuse comme ça. Il se rappelle lorsqu’elle était encore toute bébé, à venir en pleurant sur le bateau avec ses dix-neuf ans et ses cheveux blancs tout neufs… Elle semblait perdue, à n’plus savoir quoi faire de sa vie. Et regardez où est-ce qu’elle en est, aujourd’hui. Ahlala, elle s’est bien épanouie.

    ***

    Et voilà Tinel, qui a les yeux secs à force de pleurer sur son Second.

    « M’sieur Leorh, crevez pas, j’vous jure que j’observerai mieux à la vigie et que j’m’améliorerai pour nettoyer le pont, mais j’vous jure que j’y arriverai pas si bien si j’ai pas vos rugissements derrière moi… »
    « Ah, tais-toi, pour l’amour du ciel tais-toi… »
    L’immense Second reprend forme humain pour parvenir à s’assoir contre l’escalier menant à la barre. Les larmes de l’enfants ont des facultés curatives assez étonnantes… C’est pas très utile en soi, mais ça leur a sauvé la mise ce coup-ci. Il ébouriffe la tête noire du petit, et aperçoit sa Capitaine en train de batailler contre Barbe Noire.
    « Qu’est-ce qui peut bien nimber Orchak d’un tel pouvoir… La hache avait un tel pouvoir latent ? Je comprends pourquoi on est dans une telle merde si c’est ça que Teach convoitait… »
    « Nan mais Barbe Noire il a rien compris, tout est dans l’chapeau ! »

    ***

    Elle le voit. Ca y est, Ornella voit le Revenge. D’ailleurs, Leo vient d’atterrir en plein milieu du pont, en gênant les manœuvres de tout le monde, pour déposer deux adolescents dans les bras du soigneur. La Maîtresse d’équipage hausse les épaules. Non mais, leur bonté va les perdre un jour. C’quoi ces pirates au grand cœur. On trouve plus de ça nulle part, même chez les gens normaux. Enzio se tourne brièvement vers elle, et a un sourire satisfait alors que le Fer continue d’foncer vers le Revenge. Impact dans quelques secondes. Le bateau ennemi a du subir une baisse de régime pendant un temps certain.
    « Ca ne devrait pas être à moi de dire ça, mais… Préparez-vous tous. A l’abordage. »
    Plus austère tu meurs.

    ***

    Bon, et moi j’suis là, à réussir à l’coincer contre un mur pour lui DEFONCER SA RACE, parce qu’il m’a carrément saoulée, parce qu’il m’a fait du mal ce connard, et parce que par un coup d’bol (merci maman pour tes gros seins), j’me suis retrouvée plus puissante que jamais.
    Mais t’sais, j’ai vraiment l’impression de pouvoir manier ma hache plus facilement que jamais, même si ça m’fait sacrément du bien d’avoir retrouvé son âme. Y’a quelque chose qui s’est passé.
    Puis, ignorant les flammes qui le lèchent, Barbe Noire me fout un grand coup dans les côtes, et j’me gamelle par terre. Il tente de m’frapper alors que j’suis pas relevée, il m’assène de coups, il enchaîne les bottes comme il peut. C’est essoufflant de combattre un bretteur. Attends que j’te change encore la donne. Si j’me souviens bien, ça devrait donner ça…

    Me voilà qui trace un cercle pas tout à fait fermé en remplacement du premier symbole. Et là. Orchak disparaît. A la vue, en tout cas. Je la sens encore pulser gentiment entre mes mains. Mon adversaire, lui, comprend un peu moins c’qui vient d’arriver.


    « Tu la voyais trop ma hache ? Ben maintenant tu la vois plus ! »

    ***

    Le Fer arrive au niveau du Revenge, tous canons dehors. C’est Leo qui mène la danse, en bon maître artilleur qu’il est aussi (oui, le cumul de mandats c’est possible sur le Fer).
    « Après la première salve vous y allez ! R’gardez si la Capitaine est bien vivante, puis n’hésitez pas à massacrer tous les marins de Barbe Noire que vous croisez ! Enzio s’occupe des petites surprises… »
    Et des petites surprises, ils en ont préparé. Entre les pluies de flèches qui tombent déjà sur le Revenge, guidés par la Main de la Déesse… Ou juste par les vents meutriers d’Armelle, entre les ponts de glace que Sophia dresse entre les deux camps où seuls les marins du Fer ne glissent pas, entre les Laguz qui foncent en hurlant, volant, grognant, griffant de tous les côtés des airs ou simplement en sautant les trois mètres qui séparent les deux rafiots… (oui, trois mètre cinquante plus précisément. Un saut riquiqui pour un gros matou, que diantre.)
    Et bien les autres on un sacré souci à se faire. Bientôt c’est la cohue, et même si Barbe Noire s’évertue à éjecter tout ceux qu’il peut avec des cordages et autres poutres, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois… Et pour l’instant il a un sacré problème. Il ne voit plus le problème.

    ***


    J’vous avais bien dit qu’le tout dans un abordage, c’est de compter sur ses gentils camarades. C’est mignon et niais tout plein, mais c’est vrai bordel ! Allez, festival, prend ma hache dans ta gueule.
    Il tente de savoir où est la lame en s’aidant de mes mouvements, mais ma connaissance de mon arme est telle que je n’arrête pas de raccourcir et rallonger ma prise sur le manche afin d’le prendre par surprise à chaque fois. Et je bouge trop vite pour que la pluie sur la hache ne puisse l’aider pour savoir sa position exacte. Hinhin.
    Du coup, Orchak s’enfonce profondément dans sa chair, en maints endroits. Il guérit tout d’suite, le chancre. Lui continue d’faire porter ses coups, mais au bout d’un moment j’sens tellement plus mon corps s’bouger que je me contrefous de la trainée d’sang que j’laisse derrière moi.

    Et bientôt, j’en ai marre. J’imite une de ses passes (oui avec une hache j’vous emmerde), puis j’lui chope le bras avec ma main droite (j’suis trop forte en poigne, il peut plus enlever sa menotte), et j’lui tranche proprement l’poignet. Sans qu’il ait le temps de l’recoller ou n’importe quoi, je chope l’immense sabre, et j’le lance en l’air. Un d’mes oiseaux l’attrape au vol, et s’en va le lancer dans l’océan, aussi loin qu’il peut.
    J’me retourne, lui enfonce mon coude dans sa face, fauche ses pieds, et pose ma grosse botte de Capitaine sur son torse. Sans ménagement.


    « Regarde autour de toi. »

    Il regarde. Mon équipage a envahi le pont, et termine de massacrer les derniers matelots du Revenge. Jack Sparrow et mon cuistot Roger se jaugent du regard comme des vieux compagnons de toujours. Ma hache réapparaît dans ma paume, plus brillante et plus belle que jamais.

    « Et maintenant, t’auras l’éternité pour réfléchir à la signification du mot amour. »

    La lame d’Orchak tombe comme une sentence sur le cou offert du pirate qui a bien failli nous faire tous mourir aujourd’hui. Fin de l’acte.
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Maître du Jeu
Maître du JeuQuintessence de l'Absurde


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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeSam 26 Mai - 18:07


Jack Sparrow regarde à droite, puis à gauche... C'est bruyant. Tellement qu'il doit tendre l'oreille pour entendre les grommellements du géant à ses côtés.
-... Et là j'vous dis pas cette tempête qu'on s'est prise sur l'coin d'la tronche ohow ! Ca c'était du typhon.
- Peuh, votre typhon c'est de la pisse de chat mon bon monsieur!
- Pardon?
- Quoi que... Le chat étant l'animal du diable l'argument est peut-être encore trop gentil...
- Et puis-je savoir ce que le grannnnd Jack Sparrow connait en terme de typhon explosif?
- J'ai traversé la fureur de Calypso MOA mossieur!
- J'ai navigué jusque sur le dos du Kraken!
- J'en ai exploré le colon vil menteur!
- C'est vous le menteur!

Les deux pirates sont presque nez contre nez, debout au milieu du pont, debout au milieu... d'un bordel innommable. La mitraille les effleure sans les toucher tandis que le pont du Revenge morfle sérieusement à coup de boulets. Les marins du Fer chargent en beuglant, broyant sans pitié les quelques survivants de l'équipage de Barbe Noire. Pour un des leurs au sol, les hommes de Moneta expédient presque dix de leurs adversaires aux côtés de Neptune et les anciens attaquants se défendent avec l'énergie du désespoir. Au centre de la mêlée, les capitaines se rentrent sauvagement dedans en un véritable duel de titan. Quiconque s'approche trop près se retrouve broyé par la terrible force destructrice que dégagent les grands moulinets de la hache géante, ou tout simplement découpé par le style rapide et imperceptible de Barbe Noire.
- J'ai eu tellement de femmes dans ma vie que vous n'auriez pas assez du reste de la votre pour m'égaler!
- Et combien vous ont donc tatoué le visage de la marque de leur paume!
- C'était parfaitement mesquin ! Vous n'avez pas le droit de...

La main de Sparrow part à une vitesse imperceptible à l’œil nu. Ses doigts s'emparent de la crosse de son arme et avec une précision meurtrière, le roi pirate pointe le canon de son pistolet sur le front du lâche l'attaquant en traître. La grosse paluche de Roger s'abat avec force et bloque automatiquement le poignet d'Ornella, évitant à la maîtresse d'équipage de finir aussi pitoyablement sa courte vie.
- Non ! Elle est avec nous!

Sparrow se stop dans son mouvement alors que la tête de la disciple s'immobilise à quelques millimètres de la gueule de l'arme. Son regard glacial détaille sans sourciller le roi pirate... Dont les yeux explorent déjà d'exotiques contrées. Le cuisinier pousse un soupir de soulagement avant de lentement relâcher la pression sur la poigne crispée de la jeune femme. Son coutelas enduit de sang luit lugubrement sous la lueur d'une tempête s'éloignant petit à petit.
- Seigneur Jack Sparrow... Ornella, maîtresse d'équipage du Fer.
- Très joli...

Les yeux du roi pirate ne lâchent pas la poitrine opulente de la donzelle alors que sans sourciller, il presse la gâchette de son arme, perforant en une détonation assourdissante le torse de l'homme dont les lames s'apprêtaient à découper l'objet de son attention. Comme réveillé par le recul de son bras, le pirate regarde l'arme avec un air presque surpris, observe le mort, tourne la tête vers Roger.
- Il n'était pas avec vous lui?
- … Non.
- Tant mieux ! Allons voir donc où en est tout ce bazar ! Mademoiselle, mes hom...

La manieuse de coutelas a déjà disparu, faisant pousser un air contrarié sur le visage du pirate. Quelle malotrue!
- Elle est un peu... Abrupte...
- Vous m'en direz tant!

Le seigneur décide de passer à autre chose et se dirige tranquillement vers le centre de la bataille. Il faut bien que les charognards récupèrent quelque chose à la fin de l'affrontement ! Et puis son regard capte quelque chose... D'essentiel. Un sabre, un sabre magique pouvant commander la carcasse de n'importe quel navire qui s'envole haut dans les airs, faisant claquer les voiles jusque là tendues du Revenge. Un oiseau s'empare de l'objet et le lâche dans flots dont la houle se calme lentement. Un rayon de soleil perce timidement à travers les nuages alors que le pirate écarquille grand les yeux.
- Quelque chose ne va pas?

Sparrow regarde à droite, regarde à gauche, observe Moneta vainqueur, regarde passer une tête qui roule sans chapeau et se tourne vers Roger.
- Un conseil, faîtes comme moi.

Il se tourne vers le Fer, lève haut les bras vers le ciel... Et part en courant.
- POUIPOUIPOUIPOUIPOUIPOUIPOUIPOUI!

Ses pas le portent avec la rapidité et la force d'une vague lancée à plein régime. Un gros tigre le trouvant suspect tente de lui barrer la route. Mais rien n'arrête Jack Sparrow et ce dernier poursuite sa route chargé d'un tigre sur l'épaule, qu'il range ensuite dans son tonneau qui passait par là. C'est donc avec un tigre dans un tonneau et toujours en hurlant que le Roi pirate atteint le bord du Revenge et l'enjambe sans autre forme de procès. Un grand silence s'installe dans la tête du cuisinier du Fer, uniquement perturbé par un gros plouf et le miaulement plaintif d'un tigre qui ne comprend pas tout. Les mécanismes de son cerveau s'enclenchent lentement tandis qu'il tente de se remettre de cette scène pitoyable. Se massant les tempes, le héros prend finalement une longue bouffée d'air avant de faire résonner sa voix de stentor.
- TOUT LE MONDE A LA FLOTTE ON S'MAGNE LE FION ET PLUS VITE QUE CA!!!!

Et il part à son tour en courant tout en continuant de brailler. Les matelots occupés à ferrailler hésitent une minute puis chacun, équipage de Barbe Noire ou non, prend ses jambes à son cou sous les intonations du cuistot. Ce dernier s'approche de Leorh, toujours occupé à à-moitié-mourir aux côtés de Tinel.
- Désolé mon gros. On s'casse!

Il s'empare de la taille de l'imposant second avant de le charger comme un gros sur ses épaules massifs et de détaler sous le regard d'un Tinel incompréhensif.
- Mais... M'sieur Roger...

Le mousse n'a pas le temps d'en placer une de plus qu'une Ornella lancée au galop, le couteau entre les dents, l'étouffe assez sauvagement de ses avantages mammaires avant de l'embarquer avec elle direction les vagues. Roger galope vers la rambarde, passe devant son capitaine, fait un grand demi-tour en bousculant tout le monde et pile devant la manieuse de hache.
- Au fait bravo bébé. On s'casse!

Et le voilà reparti.

***

Sous les flots justement un sabre tournoie lentement d'un courant à un autre. Rien de bien méchant non mais le mouvement imprimé à sa lame enchantée fait doucement osciller les coques des deux bâtiments à quelques mètres au dessus. Un siphon un peu plus brutal secoue gentiment l'arme alors que trois clous sont brutalement rejetés de la coque du Revenge. Les ponts de glace reliant les navires grincent et crissent tandis que le Fer tente de dériver doucement... Et un courant marin fauche le sabre de Barbe Noire, le faisant violemment tourbillonner et l'emportant sur plusieurs nœuds. L'arme virevolte avant d'être emporté par une nouvelle vague.

***

Le tonneau dérive quelques instant tandis que Jack Sparrow, confortablement installé sur son couvercle, maintenant son chapeau d'une main, compte lentement.
-... 28... 29...

Et soudain c'est le drame. Les planches du pont du Revenge s'envole comme soufflée par une tornade, les clous les maintenant jusqu'ici sont propulsés à la manière de véritables balles, fauchant les marins encore à bord. Les voiles claquent un instant sous un vent invisible avant de se déchirer, d'immenses lambeaux de toiles s'écrasant sans ménagement sur le pont, emprisonnant les survivants.

De son côté, le Fer n'en mène pas large. Les imposants renforcements d'acier se tordent, certains percent même la coque ou s'envolent tout simplement et l'équipage resté à bord lutte pour maintenir la carcasse du vieux navire en place. Brusquement le gouvernail se plie avec un rale de souffrance et explose avant de décider de nager tout seul. Les ponts de glace crissent, se fendillent sous les différentes forces de pression et d'étirement puis d'un seul coup, le chemin de glace est broyé par une force invisible et s'abîme dans les flots alors que les vaisseaux s'éloignent l'un de l'autre, précipitant les marins dans l'eau sous la plus énorme pluie de grêlons imaginable. Les vitres explosent, les planches se tordent, les cordages claquent brusquement coupant la moindre chair à portée comme du beurre tandis que les mouvements des deux navires provoquent d'immense vagues emportant marins, Beorc, Laguz, Marqués, Roi pirate et tonneau.

Et soudain le calme revient... Le calme avant la tempête... Une seconde... Deux secondes... Et le Queen Ann's Revenge implose comme écrasé par un poing gigantesque. Le navire se fend en deux projetant d'immenses débris à travers les airs, soulevant des vagues plus grosses que lui tandis que le Fer se soulève sur le côté, manquant de chavirer sous la force que lui impose l'arme enchantée. Le Revenge semble flotter un instant avant que l'eau ne s'engouffre en rugissant dans sa carcasse disloquée, nettoyant le sang et la mort, emportant les cadavres comme les vivants. Lentement, le navire d'Edward Teach sombre à grand remous avant de disparaître dans les abysses.

Au dessus des survivants, le ciel continue de s'illuminer tranquillement comme si de rien n'était. Les vagues sont de moins en moins violentes et le Fer a cessé de brailler. Le sabre maléfique semble avoir été emporté hors de son champ d'action. Les matelots nagent vers le bâtiment survivant en bien sale état tandis que les survivants de la crise encore à bord s'affairent déjà à colmater, réparer, remettre en état leur seul moyen de survie.

Tinel vole, projeté par la poigne de fer de la maîtresse d'équipage avant de s'écraser sans douceur sur le pont tandis qu'une Ornella détrempée aide un gros matou à se hisser tant bien que mal. Roger met une botte remplie d'eau sur le pont avant de tendre la main à sa capitaine qui se hisse à son tour...

- ...


Accroché aux bottes de la capitaine se trouve un roi pirate trempé, dépenaillé, le chapeau droit malgré tout et un tonneau d'où sortent des miaulements plaintifs dans l'autre main. Avec sa douceur habituelle, le cuisinier du Fer balance le Sparrow sur le pont du navire ou celui-ci se réceptionne l'air de rien. Un marin le regarde bizarrement... Jack lui rend son regard puis crache, lentement et délicatement, un long filet d'eau sur le museau de l'importun.
- Few c'était jus...

Un cri de pucelle s'échappe de sa gorge désormais sous la menace de la lame d'un long coutelas. Le pirate lève les mains d'un air innocent et parfaitement terrorisé tandis qu'on le mène rapidement à la maîtresse des lieux. Jetant un regard outré au cuisinier à ses côtés, Jack reprend.
- Pirates !

Roger hausse les épaules avec un grand sourire tandis que la prise d'Ornella dans son dos s'accentue.
- Qu'est-ce qu'on en fait?
- Un p'tit calin?

Taloche derrière le crâne. Tous le voient... Tous le savent... Tous se précipitent. Tous sauf Ornella. Le chapeau du capitaine Jack Sparrow s'écrase sur le pont tandis que ce dernier adresse un sourire rayonnant à Roger dont la main a adoptée la conformation du dit « facepalm ». La poigne du roi pirate se referme doucereusement sur le poignet de la jolie pirate qui le maintient en joue.
- Whouah!

Retournement de situation, le coutelas se pose sans dommage sur la gorge de sa propriétaire dont le bras se retrouve méchamment tordu dans son dos par un seigneur pirate acrobatique. Ce dernier adresse un clin d’œil au mousse qui le regarde la bouche grande ouverte.
- Whoaaaaaaaaaaaaaaaah...

Le nez de Sparrow se perd dans le parfum de sa belle captive tandis que sa langue papillonne à quelques millimètres de son oreille.
- Si vous aviez la gentillesse de ramasser mon bien...

Ornella résiste, tente de se débattre mais ne parvient qu'à se faire un peu plus mal. Contrainte et forcée, la jeune femme se penche en avant, toujours retenue par un roi dont le bassin se retrouve magiquement collé contre l'arrière-train de son otage dans une position des plus éloquentes, la pointe du coutelas gentiment apposée contre la nuque baissée. Le sourire ironique du pirate se pose directement sur un petit blond aux hachettes dont les yeux lancent des éclairs et il faut deux hommes pour le retenir de se jeter sur l'impudent lorsque par un mouvement de va et vient ridicule, Sparrow achève sa petite mise en scène.

Enfin la jeune femme achève d'attraper le couvre-chef de sa main libre. D'un geste sec, le pirate la remet debout et la traîne jusque contre la rambarde ou il s'adosse histoire de ne pas prendre une balle dans le dos. Nouveau mouvement brusque et les ambres dorés de la prisonnière plongent dans le noir de ceux du preneur d'otage... Mais celui-ci est nettement plus intéressé par la pression rebondie du torse de sa partenaire contre le sien.

- Pirate.
- Enchanté.

Chaque chose étant remise à sa place, l'otage retrouve sa position initiale tandis que le coutelas s'offre le loisir de luire au soleil juste sous la gorge mate de sa propriétaire. Sparrow fait un pas vers l'arrière et constate qu'effectivement il est bloqué contre le rebord à seul contre beaucoup.
- Et maintenant mes amis ! Que ce jour reste en votre mémoire... Il ponctue cette phrase symbolique de grands gestes éloquents. Comme le jour ou vous avez failli...

THWANG

L'instant d'après, ni le coutelas ni le pirate ni le chapeau ne sont plus là. Ne reste qu'une Ornella humiliée et rageuse avec un bras sacrément douloureux. Là-haut dans les cieux, un petit pirate propulsé par un cordage se tendant violemment fait des pirouettes en hurlant. L'étrange oiseau semble planer un moment avant de retomber d'abord lentement, puis de plus en plus vite pour crever la surface étincelante des flots en une gerbe aquatique impressionnante. Et c'est atterrés que les membres de l'équipage aperçoivent au loin, comme sorti de nulle part, un navire à la coque et aux voiles d'un noir d'ébène.

***


Gibbs tend une main salvatrice à l'homme détrempé qui la saisit avec une forte reconnaissance. Posant un pied sur le pont du Black Pearl, Jack Sparrow titube légèrement sous le choc qu'il vient de subir avant de s'avancer parmi son équipage.
- Alors capitaine ? La chasse a été bonne?

Sparrow se secoue la tête avant de se retourner, l'air parfaitement réveillé vers son contremaître.
- Comme d'habitude Monsieur Gibbs. Je suis le meilleur!
- Et le trésor capitaine ! Vous avez le trésor du vieux Teach?

Les index de Sparrow se lèvent d'un seul coup, mettant un terme à l'excitation de son second. Ce n'était jamais bon quand le capitaine Jack Sparrow décidait de jouer la comédie.
- Mieux ! Bien plus mieux!

De sa démarche d'alcoolique un peu timbré, le pirate s'approche d'une table avant d'en virer souplement tous les papiers et ustensiles l'encombrant tandis que son équipage se masse, intrigué. Sparrow agite les bras d'un air théâtral avant de plonger la main dans la poche de sa veste et d'en ressortir un énorme bout de tissu imbibé d'eau de mer. Les regards convergent vers l'air triomphal du pirate en identifiant la nature du « sac ». La scène se suspend quelques secondes avant que le roi pirate ne hausse les épaules d'un air détendu.
- Oui bon j'ai pris la première chose que j'avais sous la main hein...
- Sous la main et pas ailleurs hein les gars!

Tous s'esclaffent tandis que leur capitaine vide le contenu de son « trésor » sur la table. Il jette un dernier coup d’œil à l'imposant corset subtilisé tout récemment et le jette sans ménagement à ses hommes. Ces derniers apprécient la taille du tour de poitrine d'un œil de connaisseur avant de simplement virer le vêtement par dessus bord pour s'intéresser à...
- Des jouets...

Sur la table, entre autres choses, deux petites poupées, l'une aux cheveux blancs et l'autre aux cheveux verts trônent royalement. Le pirate semble s'en rendre compte et s'en empare précipitamment.
- Ah non ça c'est à moi!

Les poupées disparaissent dans la poche intérieure de sa veste sous les regards incrédules des marins. Reste sur la table un petit livre à la couverture noire. Gibbs s'en empare et l'ouvre.
- Des armes...
- Non Monsieur Gibbs!

Sparrow arrache l'ouvrage des mains de l'inculte avant de faire défiler les pages jaunies devant les yeux de tous. Des schémas d'épées, de lances et bien d'autres défilent sous les yeux incompréhensifs de l'équipage.
- Le dessin d'armes ! Et pas n'importe lesquels...

Le sourire de Sparrow s'étend tandis que Gibbs écarquille brusquement les yeux avant de souffler.
- Les Larmes de Calypso...

Sparrow hoche lentement la tête en souriant avant de faire disparaître l'ouvrage au creux de sa veste.
- Lorsque les premiers hommes prirent la mer, il est dit que Calypso versa une larme pour chaque marin qui ne revint pas de son voyage. Ces larmes qui devinrent perles au contact des océans... Une perle contenant un fragment de la puissance des Dieux... L'équipage qui les posséderaient toutes deviendrait... Capitaine ne me dites pas...
- Elles existent Monsieur Gibbs. Je l'ai vu, de mes yeux vu.
- Et vous n'en avez pas ramené!

Le seigneur pirate tourne sur lui-même avant de regarder vers le navire qu'il vient de quitter. Un mince sourire flotte sur son visage.
- Hmmm... Plus tard pour celle-ci. Nous en avons beaucoup à trouver avant de devenir immortels.

Soudain quelque chose semble lui revenir en mémoire tandis qu'il se frappe le crane, manquant de perdre son chapeau.
- Au fait, Monsieur Gibbs!
- Oui capitaine!
- Nous sommes poursuivis!

Instant de flottement. Gibbs ouvre grand la bouche et les yeux, regarde le corset dérivant près du navire, le pointe du doigt. Sparrow approuve. Gibbs ouvre encore plus les yeux et la bouche, regarde à l'horizon et pointe le navire que l'on y aperçoit. Sparrow approuve.
- Allez tas de fumiers puants au travail ! Qu'est-ce que vous avez tous à rester là comme les crétins braillards que vous êtes ! Hissez moi ces foutues voiles ! La barre à tribord et plus vite que ça ! Courez comme si le kraken en personne vous collait aux basques ! Allez allez allez!

Et tandis que le Black Pearl commence à prendre cette vitesse qui lui est légendaire, son capitaine se dirige lentement vers l'arrière du bâtiment. A quoi bon leur expliquer que le gouvernail du Fer est fichu, ce sont de si braves garçons. Parvenu à la poupe, Jack Sparrow porte sa main en visière et observe le bâtiment qui s'éloigne rapidement de sa vue. Il porte son regard sur la lame du coutelas subtilisé et en teste le tranchant du pouce... Une bonne arme. Il la jette par dessus bord. Sa main se porte à son côté et en retire un second couteau, plus long, plus effilé et à la garde gravée. Une minuscule pierre est incrustée à même l'acier et étincelle sous le soleil naissant. S'il se rappelle bien le truc hideux qui le portait pouvait tout trancher sur une certaine distance... Il s'en saisit par la pointe, vise et propulse l'arme de toutes ses forces vers le Fer.

Le couteau pirouette, vole, siffle et s'enfonce jusqu'à la garde dans le bois du Fer. Un instant rien ne se passe puis la puissance de Sparrow quitte la lame, traversant le mât dans lequel elle est fichée, quittant le bois à la manière d'un bouchon de champagne laissant un minuscule orifice. L'onde de choc poursuit sa course plus loin sur les vagues puis se libère. Les vagues se fendent d'un seul coup en un véritable mur d'eau tandis que l'océan se sépare un instant comme si une gigantesque épée y avait frappée. L'eau retombe avec fracas tandis qu'à quelques centimètres de la garde toujours vibrante de l'arme, Ornella ne cille pas, ignorante des quelques mèches que le passage du couteau lui a coupé ainsi que de la fine coupure rouge sur sa joue.

Sparrow sourit, presque avec la fierté du père qu'il ne sera jamais heureusement pour nous, se tourne vers la capitaine du Fer -il ne la voit pas à cette distance mais il sait qu'elle est par là !... Ou à peu près- il ôte son chapeau et fait une magnifique révérence pleine d'ironie et d'une classe propre aux puissants de ce monde. Content de lui, il fait demi-tour et s'avance vers la barre de son navire


_______________________________________________________________________________________

AYAIII FINIIIIIIIIIIIII !!!! Félicitations dès que tu auras posté à la suite de ce post amazing tu seras classe II (comme c'est émouvant).

Bon petites précisions and co : oui le corset est bien le tien ! (d'ailleurs tu te sens un peu plus... Libre d'un seul coup) car rien n'est impossible à jack sparrow même délacer une centaine de fils à la con et retirer un putain de corset sans que personne ne s'en apercoive ! Quand, comment, pourquoi ? Mystère 8D

Les deux poupées vaudou et le livre de barbe noire sont également sur le Black Pearl (dans tes fesses pour les récupérer aha!!!) et ton gouvernail est HS (encore plus dans tes fesses!!!). Enfin, le petit cadeau de départ de Sparrow est le coutelas du zombie qu'il a dézingué tousseul comme un grand : l'une des Larmes de Calypso (un peu comme Orchak en fait 8D) mais bon toi t'es pas au courant de la légende toussa XD Les signes d'Orchak ne marchent pas sur le coutelas (j'ai décidé que chaque arme avait des effets différents) le coutelas lui absorbe l'énergie vitale que son proprio veut bien lui donner et le restitue sous la forme d'une mince couche magique invisible recouvrant la lame capable de fendre à peu près tout (les larmes de calypso non par contre XD). Avec un peu d’entraînement on peu l'utiliser pour couper « à distance » dans un champ d'action restreint (et hyper restreint dans le cas d'un débutant non magicien XD) et quand on est quelqu'un comme Sparrow on devient Moïse 8D J'espère que ce cdc t'as autant plu que moi et je te félicite pour ton futur passage ^^
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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeMer 11 Juil - 22:06

    AAAAAAAH BORDEL, joie, allégresse et légèreté ! Ce putain de chiant de connard est mort, mort, lalala, v’là sa tête qui vole, qui s’écrase sur le pont, qui roule, v’là son épée qui s’enfonce dans les flots, son équipage qui pète un câble, v’là ma victoire !!
    J’me mets à exploser de rire, dans ma joie, dans ma douleur. J’me sens plus, je sens plus mes membres épuisés, mes chairs ouvertes, mon moral écrasé. Non, j’sens juste cette chaleur qui m’emplit, cette victoire enfin arrachée. On a souffert sang et eau pour l’avoir, ben on l’a eue bordel ! Qu’on aille plus me prendre la tête avec ma pseudo condition féminine.
    J’me relève de toute ma hauteur, j’me prépare à déclamer un discours vibrant aux côtés de mon adversaire défait, mais…



    Bon, ok, pas maintenant. Maintenant on court.
    Voilà Ornella qui s’enfuit Tinel sous l’bras, Jack Sparrow qui m’enlève un pauvre tigrou, et mon Roger qui prend l’temps d’me féliciter avant de sauter à l’eau en emportant Leorh agonisant sur son épaule.


    « Heu. Merci. »

    Puis j’gueule à droite à gauche pour que tout l’monde se magne de retourner sur le Fer. J’prends garde à être la dernière de mes compagnons à sauter dans les flots.
    L’eau est sacrément froide, environnée par les glaces. Le Revenge grince et gémit, et d’nombreux putains d’clous me frôlent, les vils ! Mais j’les évite comme j’peux. J’nage à toute vitesse dans l’eau glacée, puis j’atteins enfin l’échelle de corde que mes fidèles compagnons ont tendue. Alors que j’agrippe le cordage, une main s’referme sur mon pied. Je jette un coup d’œil vers le bas, j’soupire.


    « J’suppose que j’vous dois bien ça. Et puis vous avez un truc à moi dans vot’tonneau. »
    « Miaou ? »

    On finit par tous se r’trouver sur le pont. J’regarde d’un œil curieux Jack Sparrow nous faire sa dernière sacrée facétie, puis le voilà qui plonge dans les flots, filant vers le Black Pearl qui vient juste d’apparaître. J’avance vers Ornella pour lui tendre la main afin qu’elle se relève.

    « Allez ma fille, c’est pas grave, on te rachètera un coutelas. »
    « Capitaine… Votre… »
    Mes yeux suivent le regard de ma maîtresse d’équipage. Ca descend ça descend… Hu ? Ben ? Mon corset ? Où qu’il est ? J’me relève d’un coup sec, furibonde, avec les seins qui s’balancent au rythme de ma fureur.
    « Il y a des moments où j’ai vraiment envie d’le tuer. »
    J’enjambe le pont jusqu’à arriver au gouver… A l’absence de gouvernail. Je regarde à l’horizon, le Pearl déjà fuyard. Pour la raclée, on repassera. Ce mec a des pouvoirs plus que surhumains pour pouvoir m’enlever l’corset alors que j’ai mon manteau plus Orchak sur le dos. Et sans qu’j’m’en rende compte.
    J’continue d’grogner dans mon coin, les tétons toujours à l’air, alors que les matelots tentent de retourner à leurs tâches sans couler trop de regards vers moi. Et soudain, un trait file dans le mât.

    « Bouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »

    Et pof, un mousse qui rebondit sur Leorh qui a un râle peu réconfortant. Le prêtre décide enfin de lui porter une attention particulière plutôt que de vérifier les blessures de mon… torse.
    Ornella, impassible, va lentement ramasser l’arme alors que la puissance de Jack Sparrow ouvre l’océan en deux, et qu’il en profite pour m’adresser une dernière courbette foireuse. Cet homme est l’énergumène le plus étrange que l’univers puisse porter, quand même.

    J’descends les quelques marches qui me séparent de mon équipage tout en refermant les boutons de mon manteau. Plus difficilement que c’que j’veux bien admettre. Puis j’me pose devant eux, attendant que chacun porte son attention sur ma pomme. J’les regarde, eux tous. Ils sont fatigués, souvent blessés, mais ils sont fiers et victorieux, n’hésitant pas à se remettre à la tâche alors qu’ils n’aimeraient qu’une chose : dormir, manger. Pour certains, retrouver la chaleur d’une femme. Pour d’autres, serrer un enfant trop longtemps délaissé dans leurs bras. Ils ont tous souffert pour moi, sans condition ni hésitation. Les braves petits. Ils ont tous souffert pour la folie de quelques gens qui se croyaient un peu trop grands.


    « Mes enfants. »

    Le silence se fait. On n’entend plus que le remous des vagues et le cri des mouettes. Chacun est attentif, figé dans sa dernière action. Leorh qui se laisse soigner après avoir repris forme humaine. Ornella qui inspecte son nouveau coutelas. Roger qui distribue de l’alcool fort aux plus grands blessés. Tinel qui tentait timidement de retourner sur la vigie.

    « Aujourd’hui, nous avons survécu là où nous avons été forcés à fuir hier. Il y a vingt ans, nous avions été une poignée à survivre. Aujourd’hui nous avons terrassé la menace. Mais à quel prix. »

    Mes yeux les détaillent tous, chacun d’entre eux, décelant bien trop vite les visages qui manquent. Les visages de ces marins que j’ai tous écoutés, qui sont venus me raconter leur histoire autour d’un verre avant qu’ils ne montent sur le pont du Fer. De ces parias, de ces abandonnés, de ces réfugiés. De ces hommes et femmes de toutes espèces qui venaient chercher la liberté sur ce bateau utopique que j’ai voulu forger. Eux n’ont trouvé que la mort au final.
    Celui-ci s’était engagé car ses beaux-parents le forçaient à l’exil après la mort en couches de sa jeune épouse. Celui-là qui était un orphelin de la première guerre, et qui s’était accroché aux poutres du Fer alors qu’avec mes hommes nous pillions son village en cendres. Celle-ci qui avait eu le malheur de naître dans une famille où le père ne désirait que des garçons.
    Je me souvenais de chaque visage, de chaque spécialités et chaque rêve de tous ces gens, jeunes ou plus âgés, expérimentés ou pas, qui avaient un jour décidé de livrer le restant de leurs jours à la piraterie, connaissant tous les risques, ou les apprenant de mes lèvres.


    « Mais nous leur ferons honneur. Ces dix-sept marins que nous avons perdus aujourd’hui, ces pauvres hères ne seront fiers de nous que si nous continuons à être forts et à survivre coûte que coûte. Le Fer n’est pas détruit. Le Fer peut toujours avancer. Sa coque est peut-être percée, son mât est peut-être troué, ses flancs sont ravagés, son gouvernail arraché. Mais avec la force de chacun, aussi bien magique que physique, mes enfants, nous remettrons le Fer sur pied, et nous continuerons tous ensemble à parcourir les horizons et découvrir les beautés de ce monde. Et puis on essaiera d’en profiter un peu quand même. »

    J’conclus mon discours en dessinant un angle obtus sur la minuscule perle qui brille sur la tête de ma hache. L’arme s’enflamme, et brille de mille feux, ravivant le cœur de mes chers matelots, qui m’adressent une ovation comme je n’en ai jamais eue.
    J’me revigore de leurs cris de joie, j’me renforce de leur passion et de l’amour qu’ils me portent, que je leur porte. Ils apprennent tout autant que moi, se renforcent tout autant que moi chaque jour, et ils apprendront encore et toujours à traverser les épreuves avec courage et force. Parce qu’ils sont les matelots du Fer.


    « MATELOTS DU FER !! »
    « PAS DE REGRETS, PAS DE PLEURS, DU SANG ET DU COURAGE !!!! »

    Et la putain de liberté, ce vent frais sur mon visage.
    Dans ma tête, un rire enfantin résonne. Normalement ce serait l’heure du goûter cookie.
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❝ Stefan ❞
StefanBeorc


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MessageSujet: Re: Un Océan Sans Reine [Pv Moneta]   Un Océan Sans Reine [Pv Moneta] I_icon_minitimeVen 10 Aoû - 15:59

L'océan, calme, paisible, si silencieux après le fracas de la tempête et des armes. Le Black Pearl a depuis longtemps disparu à l'horizon tout comme le Fer, bien moins rapide. Seules quelques planches flottantes témoignent encore du terrible affrontement s'étant déroulé ici, acte ignoré de la justice, page inconnue de l'histoire du monde des ombres.

Et soudain, les flots s'activent. Un simple remous au début s'accroissant pour se transformer en bouillonnement, faible d'abord puis grondant. La surface de l'océan semble trembler tant une force inconnue l'agite avant que dans un terrible fracas, la silhouette déchue d'un navire abattu ne crève les flots déchaînés.

La forme décharnée s'écrase sur l'eau projetant des embruns aux alentours avant de s'immobiliser, lentement portée par le courant. Une odeur de mort et de désolation plane sur ce navire revenu des abysses avant qu'une forme n'émerge des flots l'entourant. La créature s'accroche aux planches détrempées et commence à escalader la paroi glissante comme si de rien n'était. Rampant sur la façade du vaisseau, la chose difforme finit par poser un pied sur le pont du Queen Ann's Revenge et pose un regard mort sur l'équipage assemblé là... Mort au vu du morceau d'acier transperçant sa cage thoracique.

Là, parmi cette assemblée de défunts trône une vingtaine de nouveaux visages, défigurés par une mort prématurée les liant éternellement à leur nouveau capitaine. La créature s'avance parmi eux et joint sa voix grêle et rauque à celles de ses comparses acclamant l'homme trônant à la barre du vaisseau. La foule des damnés contemple la silhouette droite et forte dont le cou présente désormais une cicatrice boursouflée s'effaçant lentement. La haine brille dans ses yeux tandis que son sabre se lève, scintillant sous la lueur du soleil. Les planches du navire se resserrent, les voiles déchirées se tendent sous un vent invisible et lentement, le Revenge reprend une apparence plus décente avant de s'élancer sur les flots!
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