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 Du sable et d'un bretteur (vous croyiez quand même pas que j'allais la laisser là bas ><)

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❝ Stefan ❞
StefanBeorc


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MessageSujet: Du sable et d'un bretteur (vous croyiez quand même pas que j'allais la laisser là bas ><)   Du sable et d'un bretteur (vous croyiez quand même pas que j'allais la laisser là bas ><) I_icon_minitimeMer 29 Sep - 22:16

La vie d'un ermite n'est pas de celle que l'on pourrait qualifier de particulièrement agréable. Elle est même assez rude et Stefan ne le comprit que quelques jours après avoir entamé cette nouvelle "carrière". Le problème le plus important venait surtout du manque de nourriture ou d'eau. Partout ça n'était que du sable, du sable et encore du sable; parfois agrémenté de quelques roches, elles mêmes surmontées d'une ou deux brindilles desséchées. Les premiers jours, il marcha un peu au hasard, s'enfonçant un peu plus dans l'immensité jaunâtre, dormant à même le sol quand le soleil se couchait, et finissant par grelotter dans sa mince couverture alors que la température n’atteignait parfois que les dix degrés.

Il s’était plusieurs fois maudit d’avoir eu cette stupide idée. Mais borné comme il l'était, il ne renonça pas, décidant qu’il serait pire encore de devoir continuer à affronter l’hypocrisie du monde extérieur. Au moins ici, tout respirait le calme et la paix et les plaines de sables offraient aux yeux fatigués du bretteur un spectacle qui pouvait se révéler de toute beauté, principalement lorsque l’astre brûlant descendait à l’horizon. Trois jours passèrent durant lesquels il avança un peu au hasard et ses vivres commençaient sérieusement à diminuer mais, malgré la chaleur qui ne cessait d'augmenter, le bretteur percevait de mieux en mieux la vie qui grouillait sur cette terre aride. Sa soif de connaissances et sa curiosité naturelle avaient alors repris le dessus et il avait bien vite délaissé les quelques livres qu'il avait emporté pour s'intéresser au mode de vie des scorpions ou des fennecs. Ces animaux inconnus de tous l’attiraient et il pouvait passer une heure au soleil, à la frontière de l'insolation, à contempler un lézard et sa large collerette. Cependant, même un passionné comme lui souffrait du manque d’eau et il s’efforçait tant bien que mal d’économiser les deux gourdes qu’il avait emportées.

Au bout d'une semaine, il fut contraint de griller sur une pierre plate ses propres sujets d'études mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était l'eau. Il entamait déjà le deuxième réservoir et, aussi loin que son regard pouvait porter, il ne voyait que cette étendue jaune. Pas la moindre trace d’une source quelconque ou de quoi que ce soit qui y ressemblait. Il commença alors à voyager de nuit, s'abritant un maximum du soleil dans la journée et délaissant également la faune qu'il avait trouvé si passionnante de prime abord. Sa barbe commençait à pousser, ses vêtements étaient poussiéreux et usés tandis que son teint, déjà bien marqué par une vie au grand air, avait pris une couleur cuivrée. Sans parler de ses lèvres craquelées par la chaleur et de la sueur qui détrempait ses vêtements et les lui collaient à la peau. Mais il refusait toujours d'abandonner et son regard restait fier et droit, scrutant inlassablement l’horizon.

Il n’avait rien lu de très passionnant sur les déserts, souvent considérés comme des étendues de terres arides sans la moindre importance géopolitique. On y exilait les criminels et on y ensevelissait les morts des deux côtés. Mais, parmi ces quelques reclus, certains avaient vécus suffisamment longtemps pour rencontrer les habitants de ces terres brûlées, d’autres en étaient même ressortis pour raconter leurs histoires et certaines de ces histoires avaient été consignées. Ce qu’en avait retenu l’ermite, c’était qu’il y avait une source de vie qui permettaient aux différentes créatures du lieu, humanoïdes comme animales, de survivre : les oasis. Ces véritables petits coins de paradis étaient souvent constitués d’un simple petit lac entouré de verdure. De véritables points stratégiques pour les différents habitants du désert qui venaient y boire mais aussi chasser leurs proies. Et c’est ce qu’avait espéré trouver le bretteur en s’y engageant avec son petit baluchon, ses vêtements en cuir renforcé, sa lame d’acier et quelques maigres connaissances. Mais après cette semaine passée à errer seul et sans vrai but apparent, il commençait sérieusement à douter de l’existence de ces lacs. De toutes les façons, il était trop tard pour faire demi-tour, n’ayant plus assez de vivres pour tenter une traversée en marche arrière. C’était ça ou bien mourir assoiffé et dévoré par les charognards.

Quatre jours supplémentaires s’écoulèrent et à l’aube du cinquième, l’ancien mercenaire de renommée, assis à l’ombre d’un cactus, contempla sa gourde aux trois quarts vides et les quelques quignons de pains qui lui restait. Il en avait pour deux jours maximum en se serrant encore plus la ceinture ; ceinture qui manquait de glisser sur son corps squelettique. Il passait maintenant la plupart du temps à délirer sous le soleil en continuant de marcher, ses bottes usées et trouées laissant entrer le sable brûlant. Il pensait encore et toujours à cette vie qu’il avait laissée derrière lui et finissait par se dire qu’elle n’était pas si terrible que ça finalement avant de partir dans de grands éclats de rire et de crier dans de rares moments de lucidité, ou de folie, qu’il ne pouvait plus faire marche arrière et qu’il était condamné dans tous les cas. Quelques heures plus tard, il atteignait à grand peine le haut d’une dune avant de s’écraser sur le ventre, face contre terre, sentant la chaleur infernale du sable mordre son visage sec. Là haut dans le ciel, un vautour laissa entendre son cri rauque et guttural. Ils ne mettaient jamais longtemps à se pointer ceux-là quelles que soient les circonstances. Le bretteur décida de faire un dernier effort : au moins jusqu’à ne plus avoir d’eau. Il se souleva sur les avant-bras et jeta un dernier regard à l’horizon. Si rien n’apparaissait, il était foutu.

Stefan n’avait jamais cru en Dieu ni en une quelconque créature mystique et surpuissante qui aurait soit disant créer son monde juste en claquant des doigts. Pourtant, ce jour devait sans doute changer son opinion jusqu’à sa mort. S’il y avait un Dieu, ce devait être un fameux plaisantin ou bien un être très jeune qui aimait faire souffrir ses créations un peu comme un enfant avec des fourmis. Pourtant, cet être si jeune soit-il, avait décidé de l’aider finalement. Ce fut lorsque ses yeux fatigués et perturbés par la chaleur environnante balayèrent l’espace devant lui que le miracle se produisit. Là, au loin, tel un géant solitaire, se dressait un palmier ; minuscule tache d’ombre à travers cet océan de jaune. Le Beorc, n’y croyant pas, plissa les yeux avant de distinguer deux autres géants feuillus dans l’ombre du premier. Un sourire acheva de faire saigner ces lèvres : des arbres ! Des arbres ayant besoin d’eau ! Il se tourna sur le dos et regarda les deux vautours qui planaient maintenant en silence au dessus de lui. Puis il partit d’un immense éclat de rire et, levant les poings vers le ciel il hurla encore et encore :

-Je suis sauvé ! L’oasis ! Je l’ai trouvé !

Sa joie fut de courte durée mais elle suffit à le ragaillardir et à lui rendre une partie de sa raison. Il se redressa tant bien que mal et dévora ses morceaux de pain rassis avant de vider sa gourde et de s’élancer dans la direction de ce qu’il présumait être l’oasis : son salut, son espoir. Ou plutôt, il se laissa rouler avec ses affaires jusqu’au bas de la pente avant de se trainer misérablement sur le ventre ou les genoux pendant quelques heures encore. Mais chaque mètre qu’il franchissait le rapprochait de ce but. C’était bien des arbres ; et maintenant il distinguait clairement la végétation à leurs pieds. Le lac était sans doute derrière… Il lui fallut jusqu’à la tombée de la nuit pour atteindre son objectif : épuisé, affamé, le sang ruisselant de ses lèvres, de ses coudes et de son ventre mais en vie ainsi qu’un véritable sourire de joie éclairant son visage. Il parvint à se mettre debout en s’agrippant au tronc de l’un des palmiers -il y en avait plus que trois c’était sur maintenant !- puis avança encore à travers la végétation, se moquant des branches qui le fouettaient ou des ronces qui le griffaient. Tout ce qui lui importait, c’était ce bruit clair qu’il entendait un peu en avant : comme un ruissellement.

Le lac en question ressemblait plus à une grande mare peu profonde qu’à autre chose mais Stefan plongea allègrement la tête dans l’eau boueuse, buvant tout son saoul jusqu’à devoir la retirer pour respirer avant de recommencer encore et encore. Ce n’est que lorsqu’il se releva qu’il aperçut le guépard en face de lui. La créature, fine et musclée, lapait lentement l’eau fraiche sans quitter l’homme de ses yeux jaunes. Son pelage était couleur de sable et orné de tâches noires dont deux d'entre elles cerclaient les yeux. De fines griffes, des muscles puissant, des crocs saillants... Un prédateur redoutable à n'en pas douter. Stefan, ne sachant comment réagir face à cette étrange créature, ne bougea pas sans pour autant détourner les yeux du regard, plus intrigué que menaçant, du félin. Petit à petit, il finit par reculer jusqu’à sa lame qu’il avait laissé un peu plus haut. La bête avait finit de boire mais elle restait accroupie, prête à bondir sur cette être si étrange. Le bretteur laissa son arme au fourreau et se releva lentement avant de préparer sa propre pose de combat. L’animal releva légèrement la tête mais ne bougea pas. Tout deux restèrent ainsi immobiles pendant quelques secondes avant que le fauve ne décide apparemment qu’il serait inutile de risquer sa vie contre cette étrange bestiole pour si peu de viande et, tournant le dos, ne disparaisse dans les buissons. Les jambes tremblantes, le bretteur s’écrasa sur le sol, heureux de sentir la fraicheur de quelques brins d’herbe sur sa peau nue. Cela faisait presque deux semaines qu’il était entré dans le désert mais il lui semblait que cela faisait des siècles. Il s’en était sorti, il allait survivre et il n’arrivait toujours pas à y croire. Sur ces considérations, il s’endormit sous le ciel étoilé, bercé par le bruit des vaguelettes et par les gargouillements de son estomac.

Le réveil fut légèrement plus brutal que le coucher. Le bretteur sentit d’abord cette intense sensation de froid qui paralysait ses muscles. Il tenta de se débattre mais ses membres refusaient de lui obéir. En ouvrant les yeux, il constata que la vase avait envahie ses bottes et que l’eau avait légèrement monté durant la nuit, refroidissant instantanément son corps désormais habitué à la chaleur extrême du désert. Il lui fallut plusieurs minutes pour s’extirper de ce piège et pour retrouver le contrôle de ses membres. Ce repos bien mérité l’avait laissé encore plus fatigué que la veille. Il était perclus de courbatures en tout genre et ses diverses blessures, maculées de sables et autres cochonneries, lui faisaient vivre un véritable enfer. De plus, son reflet dans l’eau lui renvoya l’image d’un clochard vieilli et enlaidi par la barbe hirsute et les diverses couches de crasses qui recouvraient son visage. Un rapide coup d’œil alentours lui apprit qu’il était seul. Si d’autres bêtes étaient venues boire, elles n’avaient pas jugées utile de le réveiller. Il en profita donc pour faire un brin de toilette et au passage, laver convenablement ses plaies. Il serait idiot de mourir frappé de maladie juste après s’en être sorti d’extrême justesse. L’eau était glaciale par rapport à la température ambiante qui, déjà, grimpait de nouveau en flèche mais le froid le revigora et il en profita pour remplir sa seule, et désormais unique gourde, l’autre goutant actuellement aux joies de la canicule désertique.

Il finit par se décider à s’éloigner. Rester à proximité de ce point d’eau risquait de lui attirer des ennuis et mieux valait se trouver un abri pas trop éloigné pour pouvoir entamer pleinement une nouvelle vie. En explorant l’oasis, il en vint à la conclusion que celle-ci n’offrait aucune cachette potable mais il découvrit quelques arbres fruitiers, notamment des dattiers, et une espèce de baie qui lui était inconnue. Il en préleva une petite quantité au cas où et fut donc contraint de s’aventurer de nouveau sous le soleil et sa chaleur écrasante, scrutant les alentours. Son regard fut attiré par une formation rocheuse. Elle était assez éloignée de l’oasis mais il aurait largement le temps de faire l’aller-retour dans la journée. Il se mit donc en route, priant pour que son voyage puisse enfin se terminer.

Quelques heures plus tard, il atteignait enfin les roches où il se laissa tomber, allongé dans leur ombre bienfaisante. Se relevant malgré le désir de sommeil qui s’emparait de nouveau de lui, il fit ensuite le tour de la formation. Celle-ci s’étendait sur une bonne vingtaine de mètres aussi bien en hauteur qu’en largeur et présentait une particularité très intéressante. Du côté opposé à l’oasis, un renfoncement formait presque une minuscule caverne. Bien sur il n’y avait pas de toit et le sol était plus fait de sable que de roche. De plus, l’endroit était assez exigüe mais pour un seul homme cela conviendrait parfaitement. Le regard inventif du bretteur imaginait déjà une ou deux peaux tendues par-ci par-là pour achever ce que la nature avait commencé. Il pourrait aussi faire un feu avec le bois de l’oasis pour maintenir les prédateurs à distance et en dormant sur une couverture, il pourrait limiter le frottement de sa peau abimée contre le sable. Ce serait amplement suffisant ! Bien sur, cela allait demander un peu de travail et il allait devoir se débrouiller pour dépecer convenablement une ou deux bestioles mais comme le proverbe le disait si bien : « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».

Les mois suivants furent essentiellement consacrés à restaurer la santé du Beorc et à entretenir son nouveau chez lui. Durant son enfance, la famine lui avait enseigné à chasser les lapins et autres rongeurs grâce à des pièges stratégiquement dispersés autour des terriers ou des lieux importants… Comme les points d’eau par exemple. Il avait même réussi à capturer la patte d’un cerf de cette façon. Les fennecs et autres petites créatures composèrent alors ses premiers stocks de viande. Puis, lorsqu’il fut à peu près rétabli, il chassa des créatures plus imposantes comme les oryx. Les premières tentatives furent bien entendues désastreuses mais Stefan ne se découragea pas. Dans le même temps, il reprit patiemment son travail d’observation entamé au début de sa traversée, ce qui lui permit accessoirement de découvrir que bon nombre d’animaux complétaient leur régime alimentaire grâce aux baies qu’il avait ramassées. Petit à petit, il finit par assimiler la technique de chasse des grands fauves : une approche furtive et une mise à mort rapide. Dans son cas, cela se résumait plutôt à attendre que les antilopes, paniquées par l’attaque d’une de ces féroces créatures, ne détalent dans sa direction pour en frapper une en pleine course. La bête perdait son sang et s’écroulait quelques minutes plus tard dans les meilleurs cas. Il n’avait alors que peu de temps pour prendre un morceau suffisamment épais avant que charognards et autres carnivores ne débarquent mais bien souvent, il se contentait des fennecs. Il n’abandonna pas pour autant le maniement de l’épée et bien que celle-ci soit légèrement émoussée par les nombreux assauts qu’elle avait menée, il s’en servait pour répéter encore et encore des mouvements basiques avant d’enchaîner sur des attaques un peu plus complexes. La nuit, il s’abritait dans son petit renfoncement, enroulé dans sa couverture, un feu allumé à l’entrée pour le réchauffer et le protéger.

Au bout d’environ trois mois déjà, il tua l’un des guépards qui venait régulièrement boire à l’oasis. Un vieux mâle d’après ce qu’il avait pu observer. Son comportement était bien différent de celui des jeunes fougueux qui lui rameutaient accidentellement ses proies : il n’était pas aussi rapide et ses réflexes étaient plus lents. Dans tous les cas, il n’aurait pas eu besoin de sa peau bien longtemps encore et mieux valait qu’elle soit en bon état. Avec sa lame et une pierre à peu près tranchantes comme outils, le bretteur fit ce qu’il put. Le résultat était pitoyable voire pire mais la peau, accrochée sur deux piquets grossiers à l’entrée, faisait un excellent pare-soleil pendant la journée et conservait un peu de chaleur la nuit. Il dut éliminer une hyène trop curieuse également qui, ayant sentie la viande qu’il faisait cuir dans son abri, s’était rapprochée. Ses côtes saillantes laissaient comprendre qu’elle n’avait pas mangé depuis longtemps. Le bretteur avait d’abord essayé de l’amadouer en lui lançant deux ou trois morceaux mais la créature en voulait trop d’un coup. Le tison lancé adroitement la fit japper de douleur mais aucun cri ne sortit de sa gorge transpercée par la lame. Le cadavre puait suffisamment pour le convaincre que la viande de hyène n'était, hélas, pas comestible. Il l’enterra donc le plus loin possible. Sa lame avait pénétré juste ce qu’il fallait pour tuer la créature mais il arriverait un moment où elle serait incapable d’écorcher ne serait-ce qu’un bout de tissu. Ce jour là, le bretteur se demandait tout le temps ce qu’il ferait. Le temps s’écoulait plus lentement semblait-il dans cet endroit loin des crises du monde extérieur. Ici, chaque jour était un combat que Stefan se devait de remporter. La dureté de l’environnement renforça son bras bien plus que n’importe quel combat et son esprit s’aiguisa au fur et à mesure des situations périlleuses qu’il affrontait. Ainsi commença la vie d’ermite de Stefan le mercenaire. Il était loin de se douter qu’elle allait s’achever bien plus tôt que prévu.

Cela faisait huit mois qu’il luttait inlassablement contre les éléments hostiles de son environnement et sa situation s’améliorait chaque jour. Désormais sur de pouvoir manger à sa faim, il avait pour projet de faire quelques réserves et cherchait un moyen efficace de conserver la viande. Cependant, un évènement imprévu bouleversa son existence si tranquille. Un matin, alors qu’il profitait de la fraicheur encore omniprésente de l’aube pour rejoindre l’oasis, il aperçut sous les arbres une forme vaguement humanoïde. Se frottant les yeux à de nombreuses reprises, il finit par s’approcher prudemment de l’endroit en question, glissant à travers le feuillage sombre tel un fauve traquant sa proie. Aucune brindille ne craqua sur son passage et il tenait d’une main ferme la garde de son épée. Enfin, il les vit : deux hommes se tenaient là, buvant tranquillement à la source, un tas d’outres pleines reposant juste à leur côté. Ils étaient plutôt trapus et robustes. Leur corps, dont le teint était fortement marqué par le soleil, présentait de puissants muscles et l’un d’eux portait une large cicatrice sur son torse nu. Ils avaient les cheveux noirs et s’exprimaient dans une langue que Stefan ne comprenait pas. Lorsqu’ils ramassèrent les outres, il les suivit sans se montrer, restant à bonne distance de ces inconnus sans pour autant les perdre de vue. Ils ne marchèrent pas longtemps et finirent par parvenir à un camp composé, à première vue, d’une vingtaine de tentes.

Les deux hommes y pénétrèrent sans le moindre problème et le bretteur resta dans son fourré à se poser mille et une questions. N’y tenant plus, il rengaina sa lame et s’avança à découvert ce qui provoqua une réaction plutôt agressive des trois hommes qui bavardaient tranquillement à l’entrée. L’un d’eux le menaça d’une épée recourbée tandis que les deux autres se mirent à lui parler très vite dans leur langue. Le Beorc leva les mains pour prouver qu’il n’était pas armé, légèrement sonné par ce déluge de paroles. Pourtant, bien que ces voix soient chargées d’agressivité, il ne put s’empêcher de trouver cette langue étonnamment chantante. Comprenant qu’il n’entendait rien à leur baragouinage, les trois hommes semblèrent se concerter avant que l’un d’eux ne détale à travers la petite foule qui avait commencé à se rassembler devant le campement. Toujours menacé par la lame, le bretteur ne put s’empêcher de dévisager tous ces gens par simple curiosité. Les hommes comme les femmes avaient tous la peau brune et certains étaient quasiment noirs. Certains hommes portaient une barbe taillée parfois de façon inattendue mais pas désagréable pour autant tandis que les femmes rivalisaient d’ingéniosité avec leurs coiffures. Tous étaient habillés de façon très simple : un long manteau, parfois accompagné d’une immense capuche parfois non, recouvrait des vêtements aux couleurs chatoyantes et Stefan se demanda comment ces gens pouvaient supporter la chaleur avec un tel attirail. Son regard s’attarda ensuite sur la lame qui le menaçait. Il n’avait jamais vu d’arme de la sorte. La garde ne portait aucune pierre, aucun bijoux comme certaines épées de nobles qu’il avait eu l’occasion de voir. Par contre, elle était magnifiquement ciselée, ornée d’une gravure représentant une créature inconnue et le Beorc ne put s’empêcher de la trouver infiniment plus raffinée que celles qu’il avait vu hors du désert. La lame quand à elle, longue et effilée, était recourbée au bout et extrêmement pointue comme il pouvait maintenant le sentir.

Après quelques minutes de raffut supplémentaire et une augmentation considérable de la masse de badaud, un homme d’âge respectable traversa la foule… Ou plutôt, celle-ci s’écarta sur son chemin. Il était légèrement plus petit que la moyenne et possédait une peau plus claire que les autres. Son crâne était orné d’un turban bleu sombre et un manteau de la même couleur recouvrait son corps que l’on devinait musclé et encore vigoureux malgré l’âge. Il portait une fine barbe de poils blancs qui lui mangeait les joues et le contour de la bouche. Son regard pétillant scruta l’ermite sur toute sa hauteur et le bretteur eut l’étrange sensation que le vieillard pouvait lire ses pensées. Le silence s’était fait autour d’eux. Manifestement, les autres attendaient le verdict du vieillard. Après quelques minutes supplémentaires de cet examen attentif, l’homme se retourna vers celui qui menaçait toujours Stefan et lui adressa quelques mots dans sa langue. Aussitôt, ce dernier rengaina sa lame et les badauds se dispersèrent, visiblement rassurés. Un tel changement d’attitude déboussolait le bretteur qui dévisagea le petit homme, resté à ses côtés :

-Ne t’inquiètes pas. Je leur ai simplement dis que ta lame se briserait au moindre choc. Si quelqu’un devait avoir peur ici, ce serait toi.
-Vous…
-Oui je parle ta langue. Nous parlons tous la langue du dehors, certains mieux que d’autres, mais nous préférons employer l’ancienne langue des hommes du désert. L’homme se retourna vers le bretteur. Cela faisait bien longtemps qu’on avait plus eu d’envoi. Tu vas pouvoir me raconter ce qui se passe là-bas.
-A vrai dire…
-Ah ! C’est vrai, cela doit faire quelques jours que tu n’as pas mangé ni bu. Viens dans ma tente tu me raconteras ce qui s’est passé.

Et il fila à travers le campement ne laissant d’autre choix au bretteur que de le suivre. En chemin, il en profita pour observer tout ce qui l’entourait. Chaque famille vivait dans une tente d’apparence spacieuse, visiblement taillée dans le même tissu que celui qui composait les manteaux. Tissu qu’il aperçut en train d’être travaillé par des femmes un peu plus loin. Certaines cousaient tandis que d’autres découpaient d’immenses morceaux d’étoffes avant de les plonger dans d’immenses réservoirs contenant un liquide inconnu. Il aperçut également d’étranges animaux juchés sur de longues pattes portant une bosse ainsi qu’une robe couleur sable et quelques chevaux. Maintenant qu’il avait officiellement été admis par le vieillard, ces gens ignoraient la présence de cet étranger en plein milieux de leur campement comme s’il avait toujours été là. Leur trajet dura encore quelques secondes, le camp n’étant pas spécialement gigantesque, et ils finirent par atteindre une autre tente d’apparence aussi banale que les autres. L’intérieur était frais, à la grande surprise du bretteur qui s’attendait à mourir de chaud. Bien au contraire, la température y était étonnamment agréable comme si une légère brise soufflait en permanence. L’unique pièce que comportait le bâtiment était aussi spacieuse qu’elle pouvait le sembler depuis l’extérieur et était chichement décorée bien qu’avec goût. Une table de bois simple recouverte d’un plateau de fruits exotiques et d’une carafe d’eau fraiche ainsi que deux ou trois coussins côtoyaient un matelas et quelques tentures et sacs en tout genre. L’homme invita l’épéiste à s’assoir d’un geste de la main avant de lui servir un grand verre que celui-ci s’empressa d’accepter. Il lui offrit également quelques fruits au goût sucré et attendit poliment que son hôte ait finit de manger et boire. Lorsque celui-ci parut repu, il croisa les doigts et parla :

-Bien étranger. Tu as mangé, tu as bu et maintenant tu vas me conter ton histoire. Quel est ton crime pour avoir été expédié ici ?

Le bretteur lui jeta un regard inquiet avant de l’interroger sur le mot « crime » :
-Allons allons. Tu as forcément fait quelque chose de grave pour te retrouver ici. Ceux du dehors emploient cette peine sans doute pire que la mort pour ceux qui ne connaissent pas ces terres.
-Excusez moi mais… Je suis ici de mon plein gré…

Le regard que lui lança l’homme était plus curieux qu’autre chose et il invita son hôte à lui raconter son récit… Récit qui ne dura pas longtemps, Stefan s’efforçant de passer rapidement sur ces jours où il n’avait fait que se battre pour survivre et tentant plus d’expliquer la raison pour laquelle il avait décidé de s’exiler. Le vieillard resta silencieux un moment en se grattant le menton à la fin du récit avant de finalement reprendre la parole :

-Tu es un cas très spécial… Même pour les gens de ton peuple et Dieu sais que j’en ai vu des choses dans cette vie. Mais tu es le premier que je croise qui tente de s’isoler pour réfléchir à des questions aussi importantes. Son visage s’éclaircit d’un sourire. Tu as malheureusement choisit le mauvais endroit. Vivre ici est un combat de tous les jours comme tu as pu le remarquer et tu m’impressionnes d’autant plus pour cela. Que dirais-tu de partager notre repas ce soir étranger ? Nous allons rester ici quelques temps comme à notre habitude et, pour tout te dire, tu m’intrigues énormément.
Le bretteur n’eut pas vraiment besoin d’y réfléchir :
- J’accepte votre offre avec plaisir ! J’ai moi-même un bon millier de questions qui me brulent les lèvres.

Le reste de la journée se déroula dans la tente du vieux chef où les deux hommes en profitèrent pour mieux se connaître l’un l’autre. Ainsi, le bretteur apprit qu’il se trouvait chez des nomades dont la tribu vivait dans le désert depuis des générations. Une ancienne tradition voulait que ces gens recueillent les âmes perdues de cet environnement hostile, bien souvent des criminels condamnés à l’exil et bon nombres d’entre eux avaient coulés des jours heureux dans ce monde simple après avoir failli mourir de soif ou de faim. Bien sur, cette tradition n’était pas sans risque et elle s’était finalement modernisée de façon à ce que chaque membre du camp ne puisse porter une arme sur lui qu’une fois jugé digne de confiance. Ainsi, les esprits malades ou fous étaient rapidement repérés et de nouveau exilés. Le bretteur apprit également que le tissu qu’il avait aperçu était une simple étoffe de soie achetée dans le monde extérieur puis travaillée à la main dans le camp. Les nomades profitaient d’un passage proche de la frontière de la civilisation pour troquer vendre et acheter avant de s’en retourner à leur vie habituelle. L’étoffe était ensuite découpée, cousue, teinte et plongée dans divers liquide de fabrication artisanale avant d’acquérir la propriété de ne pas retenir le surplus de chaleur. La journée fut ainsi riche en découvertes pour l’un comme pour l’autre et Stefan passa une excellente soirée agrémentée d’un diner épicé en compagnie du vieil homme. Il accepta également le lit que celui-ci lui proposa.

Les jours suivant, le bretteur quitta peu à peu sa vie solitaire pour se mêler aux nomades d’abord surpris par sa curiosité naturelle et son désir d’apprendre. Il noua quelques relations notamment avec une jeune femme nommée Shana ainsi qu’avec les deux guerriers qui l’avaient « accueillis » la première fois : Indir et Velen. Shana était la fille d’un ancien tueur du monde extérieur qui s’était accoutumé au mode de vie des nomades. Elle avait les cheveux noirs et la peau sombre de sa mère mais les yeux gris de son père. Des traits fins et un sourire constamment plaqué sur son visage gracieux. Elle portait la tenue chatoyante des nomades ainsi que le manteau traditionnel avec une grâce et une élégance que Stefan n’avait jamais décelé chez personne d’autres.

Velen, quand à lui avait tué un soldat un soir qu’il était ivre mort et n’était plus qu’une loque lorsque la caravane l’avait recueilli. Plutôt trapu, il avait des traits rudes, un nez aquilin et sa musculature était impressionnante. Sa barbe fournie lui donnait un air encore plus féroce mais son regard pétillant, son sourire franc et ses blagues typiques du monde extérieur en faisaient un bon vivant et un excellent camarade.

Enfin, Indir était un nomade pure souche, appartenant à l’une des trois familles ayant fondé ce « clan » comme il se plaisait à l’appeler. Plus grand et longiligne que Velen, il préférait l’art de la poésie à celui du combat ce qui ne l’avait pas empêché de coller une raclée à Stefan lors d’un match amical. Son style était gracieux et se basait plus sur l’esquive et une contrattaque foudroyante que sur la force brute. Peu présent au côté de ses amis malgré tout du fait de son statut le contraignant à apprendre comment se devait d'agir un chef. Il était souvent demandé pour régler des querelles sans importances et participait régulièrement aux réunions des différents chefs.

Tous trois enseignèrent à leur nouveau compagnon leur langue ainsi que l’art et la manière de dépecer une bête, comment travailler le tissu de façon à le rendre solide et résistant tout en conservant un certains poids pour les tentes, ou bien léger pour des vêtements. Le bretteur apprit également à reconnaître quelques plantes comestibles et quelles étaient les meilleurs morceaux dans une antilope. Enfin, il apprit que l’oasis était un point de repère où les nomades faisaient une halte deux ou trois fois par an histoire de fêter l’arrivée de nouveaux membres. En effet, les criminels étaient souvent récupérés plus en amont, alors qu’ils longeaient la frontière du désert. Un mois de voyage ou deux permettait généralement de se fixer sur leur état de santé et ceux qui étaient acceptés étaient honorés lors d’une grande fête :

-Comme tu es le seul que nous avons récupéré depuis plusieurs années déjà, on va faire une fête de tous les diables. Lui confia un jour Velen. Ca nous manquait tu sais. Le grand feu, les démonstrations de force… D’ailleurs, comment ça se fait que nous ne recevions plus personne, tu le sais?
-Dehors… C’est la grande… euh… Combat… risqua le bretteur, pas encore tout à fait au point sur sa nouvelle langue. Un sourire éclaircit le visage de son ami :
-Tu peux utiliser ta langue tu sais? On te comprend même si on ne la parle pas très bien.

Un signe négatif du bretteur lui fit prendre son mal en patience. Lentement, Stefan tenta de leur expliquer les différents qui opposaient Beorc et Laguz, revenant parfois à sa langue natale pour les contextes politiques un peu compliqués. Il lut l’étonnement sur le visage de ses trois nouveaux amis. Pour ce peuple pacifique, ayant même réussi à convertir tueurs et malfrats en tout genre, ce genre de conflits n’était que mythes. Que deux peuples puissent perpétrer autant de massacres à travers les âges leur paraissait aussi grotesque qu’inutile. Bien sur, les nomades aussi avaient eu droit à leur dose de combats mais c'était il y a longtemps alors que le désert n'était pas encore domptés et que leur existence n'avait pas été oubliée de l'extérieur. Stefan prit alors l’habitude de leur conter l’histoire de cette immense guerre, maîtrisant sa nouvelle langue de mieux en mieux chaque jour.

Ainsi arriva la célébration des nouveaux venus : le Jour de la Renaissance. Toute la journée, la veille et l’avant-veille avait été consacrée à préparer les festivités et le bretteur se sentait un peu gêné d’être le centre d’autant d’attention mais Shana l’avait rassuré. Son arrivée n’était qu’un prétexte à un moment de joie et d’amusement pour toute la tribu : une célébration de la vie dans la bonne humeur et les rires. Le soir même, un immense feu de joie avait été allumé, repoussant la fraîcheur de la nuit, réunissant les nomades de tous âges autour du brasier. Stefan avait été placé entre le vieux chef et Indir et, après un bref discours de bienvenue, le repas avait commencé. Il y avait tellement de nourriture que l’on aurait cru qu’un troupeau entier avait été abattu. L’alcool coulait à flot, les rires et les chants fusaient de partout. Les musiciens à leurs heures avaient sortis leurs instruments et des danseurs avaient envahis le centre de l’immense cercle. Certains acrobates bondissaient par dessus les flammes sous les cris d’encouragements de la foule. Le bretteur n’aurait su dire pourquoi il se sentait si heureux, pourquoi il se sentait chez lui. Il n’avait pas eu l’intention de rejoindre ces nomades et de faire le tour des oasis avec eux mais leur mode de vie simple, leur manque de préjugés… Tout cela l’amenait loin des considérations ridicules du monde extérieur et de cette guerre Beorc/Laguz. Il fut tiré de ses pensées par Shana qui le saisit par la main et, sans lui demander son avis, l’entraina parmi les danseurs. Il n’eut guère le temps de bafouiller une excuse comme « je danse très mal » que déjà, elle tentait de le faire maladroitement virevolter parmi la foule, sous les regards amusés des uns et des autres. Au final, il se laissa entrainer ; plongeant son regard dans celui de sa jeune amie. Elle s’était coiffée pour l’occasion et portait une robe bleu foncé simple mettant parfaitement en valeur sa peau sombre et ses courbes féminines. Ce moment là fut sans doute l’un des plus heureux de son « exil ». Il était seul avec elle, virevoltant sublimement sur le sable, la chaleur dégagée par les flammes les illuminant d’une lueur orangée. Finalement épuisés, tous deux revinrent s’assoir et en profitèrent pour bavarder avec les autres. La soirée s’écoula sans aucun incident jusqu’au moment des démonstrations de force. Le mot force n’était là qu’une expression sans réelle signification, l’épreuve consistant à faire montre de ses talents devant les autres. Les poètes récitaient leurs meilleurs vers, les conteurs captivaient la foule et les combattant faisaient montre de leur talent au combat, fouettant l’air de leur lame. Stefan y participa également, tranchant de sa lame émoussée des ennemis invisibles sous l’œil expert des connaisseurs. La tradition voulait que ce soit au chef d’achever les démonstrations. Le vieillard se leva, lame au poing et s’avança au milieu du cercle. Un silence presque religieux s’installa alors et Stefan, surpris, n’osa pas en demandé la raison, préférant observer de ses propres yeux ce qui inspirait autant de respect à la tribu. La lame du vieux chef était semblable à celle d’Indir à la différence qu’en lieux et place des gravures, un rubis ornait la garde. Ce qui s’ensuivit marqua alors l’esprit du bretteur et influença définitivement son existence. Le vieil homme prit sa position, le sabre relevé à hauteur de son visage, les jambes parallèles et une main visant un point à l’horizon. Rien ne se passa pendant un temps puis, durant une fraction de secondes, le bretteur crut entrapercevoir une fine aura blanche parcourant le corps du vieil homme. Il s’anima alors, bougeant avec une grâce et une force que personne n’aurait pu lui accorder. Ses coups étaient précis et s’enchainaient à une vitesse impressionnante. Le vieillard avait rajeuni maintenant, c’était un jeune homme vigoureux virevoltant parmi une foule d’ennemis. A chacun de ses coups, une multitude d’entre eux tombaient et pourtant, ce n’était pas un combat que le jeune homme livrait, c’était une danse. Une danse avec la mort tels deux amants passionnés qui se rapprochaient puis s’éloignaient. Tout simplement magnifique. Le bretteur ne reprit son souffle que lorsque le jeune homme abaissa sa lame et redevint le vieillard qu’il était. Un vieillard qui semblait avoir pris dix ans de plus maintenant que le charme était rompu et Stefan sentit un inexplicable chagrin s’emparer de son être. Lorsqu’il tourna la tête, il aperçut Shana qui le regardait, des larmes dans les yeux :
-Ça te le fait à toi aussi n’est-ce pas ? Dans notre langue, on l’appelle la Danse de la Lune.

Un tonnerre d’applaudissement salua la performance du chef et la fête reprit de plus belle pour ne s’achever que très tard dans la nuit. Quand au bretteur, il avait pris sa décision. Il suivrait les nomades où qu’ils aillent. Il devait apprendre à se battre comme eux, il devait apprendre la Danse de la Lune. Cette émotion qu’il avait ressentie, le monde entier devait la connaître. C’est pourquoi, dès qu’il fut levé, il alla trouver le vieil homme. Il était tranquillement assis dans sa tente à siroter un thé brûlant afin de soulager son corps du froid de la nuit. Il n’eut pas vraiment besoin d’expliquer la raison de sa venue car le vieillard prit la parole en premier :

-La fête t’a-t-elle plu hier fils ?
-C’était sans doute la meilleure des réceptions auxquelles j’ai pu participer.
-Ils sont nombreux à dire ça. Sans doute parce que ça les change du monde de misère auquel ils étaient accoutumés. Le vieillard sirota une gorgée et reprit. A ton regard et ta posture je peux déjà te dire que comme beaucoup d’entre eux tu es venu me parler de la Danse de la Lune. Le bretteur ne répondit rien et le vieux chef en profita pour déposer sa tasse vide à présent. Ma réponse est non.
-Je n’ai encore rien dit !
-Mais tu vas me demander de t’enseigner la technique comme les autres l’ont fait.

Le bretteur resta silencieux :
-Cette technique se transmet de père en fils alors pourquoi devrais-je te l’enseigner hmm ?
-Tout simplement parce qu’elle est magnifique.

Ce n’était visiblement pas ce à quoi s’attendait le chef qui regarda son hôte d’un œil intrigué :
-Continue…
-Hier soir lorsque vous l’avez exécutée j’ai été submergé par une émotion que je n’avais jamais ressentie auparavant. Quelque chose de vraiment spécial où se mélangeait joie et mélancolie. Quelque chose qui m’a fait quitter ce monde et vivre pendant un instant au paradis.
-Et donc tu souhaiterais renouveler l’expérience c’est cela ?
-Pas pour moi ! Pour les autres !

Le vieil homme semblait déstabilisé :
-Si ce monde pouvait admirer cette technique, si je pouvais leur montrer ! Alors peut-être qu’il n’y aurait pas toute cette misère aux alentours ! Peut-être que je serais à même de les soulager et de les aider… Vous ne savez pas à quel point la corruption règne à l’extérieur ! Si vous avez pu aider criminels et autres brigands avec cette technique pourquoi ne pas le faire pour l’autre monde?

Ces paroles semblèrent toucher le vieillard qui considérait à présent le jeune homme d’un œil nouveau. Il se gratta pensivement le menton pendant quelques secondes sans lâcher le bretteur des yeux. Enfin, il congédia le jeune homme sans un mot. Durant le reste de la journée, Stefan vaqua normalement à ses occupations mais il ne put oublier sa demande restée sans réponse. Le lendemain, aux aurores, le vieillard tira le bretteur de son sommeil et, toujours sans un mot, l’invita à le suivre. Ils traversèrent le camp encore endormi et ce ne fut que lorsqu’ils attinrent l’oasis que le chef reprit la parole :

-Sais-tu quelle est la fonction principale de cette technique ?
Le bretteur répondit par la négative. Le vieillard sorti alors son arme et s’approcha d’un palmier. Comme la veille, il dégaina et prit la pose. Comme la veille, le bretteur vit le fin voile l’entourer. Mais cette fois-ci, celui-ci semblait plus sombre, porteur d'un présage plus néfaste. Lorsque le vieillard s’anima, il s’avança vers l’arbre, toujours avec ce style élégant, et frappa d’un coup net et précis. Le coup n’avait pas l’air d’être réellement puissant mais la lame fit exploser l’écorce et laissa un profond sillon dans l’arbre. Deux autres coups suffirent au vieux chef pour entailler le tronc jusqu’à la moitié faisant s’effondrer l’arbre sous son propre poids. Après ça, le vieux chef rengaina son arme et fit disparaître l’aura sous les yeux hallucinés de Stefan :
-C’est une arme. Une arme terriblement puissante capable d’ôter la vie à quiconque croise le fer avec toi. Si tu parviens à maîtriser cette technique tu auras presque le droit de vie et de mort tant que tu seras capable de te défendre. Es-tu prêt à assumer un tel fardeau ?

Le bretteur mit un certains temps à comprendre les paroles du vieil homme et c’est d’une voix encore légèrement hésitante du à la surprise qu’il répondit :
-Vous… Vous acceptez donc de me l’enseigner ?
-Es-tu prêt à assumer un tel pouvoir ? C’est tout ce que je veux savoir ?

Après un long moment de silence, le Beorc releva la tête et contempla son mentor droit dans les yeux :
-Cette technique n’est pas une arme. Je me refuse à le croire. C’est simplement la sensation que vous avez essayé de me donner. Je crois que cette technique prend une toute autre forme selon ce qu’on en fait.
Le vieillard souriait maintenant :
-Aides moi à m’assoir fils… Comment as-tu deviné ?
-Votre aura. Elle ne représentait plus du tout la même chose qu’hier soir. J’ai d’abord pensé que c’était parce que les conditions n’étaient pas les mêmes mais votre façon de la manier aussi… Comme si vous aviez décidé d’abattre cet arbre à tout prix… Cette technique reposerait elle sur la volonté de son utilisateur ?
-Pas réellement. Il ne s’agit ni plus ni moins que de magie.
-De la magie ? Je n’ai pourtant jamais entendu parler de ce type de magie… Habituellement, on a besoin d’une formule et d’un concentré de magie pure retenu dans un grimoire ou un autre réceptacle pour invoquer une magie non ? De plus, il faut posséder des pouvoirs spéciaux à la base ce que je n’ais pas…
-Ce n’est pas ce type de magie. Cette magie est celle du dehors que les gens s’efforcent de faire paraître pour mystérieuse. En réalité ils ont juste appris à la canaliser pour lancer des attaques et n’ont jamais poussé les recherches plus loin. S’ils avaient un peu approfondis, ils auraient appris que chacun d’entre nous possède une parcelle même infime de magie, enfouie au plus profond de notre être. C’est ce que tu appelles de la magie pure. Notre peuple a, il y a longtemps, découvert comment maitriser cette forme de magie ou plutôt comment faire en sorte qu’elle reflète nos désirs. Certains disent que c’est en se battant perpétuellement contre cette nature sauvage. D’autres affirment que nous sommes juste plus savants que ceux de l’extérieur… Quoi qu’il en soit, il faut imprimer ta magie de ton désir et écouler ce flux dans tout ton être. C’est un exercice extrêmement difficile qui peut prendre plusieurs années…
-Donc… Vous avez décidé de me l’apprendre ?
-Cette technique se passe habituellement de père en fils… J’ai involontairement révolutionné notre coutume en ne pouvant donner la vie et ma bien aimée est morte maintenant. La seule chose qui me maintient encore ici c’est cette magie et j’espère que toi tu sauras t’en montrer digne.

Le vieillard se releva péniblement et s’ébranla en direction du campement laissant Stefan abasourdi, toujours assis sur le tronc de l’arbre abattu. Enfin, il courut après le vieil homme qui semblait avoir encore vieilli depuis quelques minutes:
-Pourquoi me l’enseigner alors si elle est si précieuse ?
Un sourire illumina la face ridée :
-Le simple fait que tu me poses la question me conforte dans mon choix. Et il disparut sous sa tente.

Dans les jours qui suivirent, Stefan commença son entrainement seulement armé de sa vieille épée rouillée. Les premières fois, son vieux mentor évalua d’abord ses réactions et lui fit exécuter tous les mouvements qu’il connaissait des plus simples aux plus complexes :

-Ta lame ne doit pas être une lame mais un prolongement de ton bras. Tu dois pouvoir parer une attaque de dos tout en éliminant l’adversaire devant toi ! C’est seulement à ce moment là que tu seras capable d’exploiter ta propre magie.

Devant les regards surpris des nomades, Stefan enchainait attaque sur attaque ; fouettant l’air de sa lame émoussée, attaqué par surprise par son maître et contraint de se défendre contre une volée de coups avant de reprendre ses enchainements parfois jusqu’à l’épuisement. Cela commençait à l’aube et finissait à la tombée de la nuit avec une petite pause pour se restaurer entre les deux. Durant ce court moment, il voyait parfois Shana, Indir ou Velen mais ils étaient très souvent occupés et lui pensait plus à manger qu’à autre chose. De plus, son entrainement ne semblait mener à rien. Ce n’était jamais assez, jamais suffisant il devait sans cesse refaire encore et encore les mêmes mouvements avant de s’endormir comme une masse le soir. Il en venait parfois à se demander si le vieux maître ne s’était pas moqué de lui mais ne lui ayant trouvé aucune raison de le faire, il n’abandonna pas. Jusqu’au jour où, lors d’une violente attaque latérale, sa lame se cassa net contre son arbre d’entrainement déjà couvert d’entailles. Un instant, il contempla la garde qui lui était resté en main avec un très léger espoir. Peut-être pourrait-il profiter de sa journée :

-Il te reste un bout de métal dessus non ? C’est amplement suffisant tu vas pouvoir améliorer ta vitesse de frappe. Ces paroles acides finirent de démolir le bretteur qui, avec un cri de rage jeta son reste d’épée dans le sable :
-Ça ne sert à rien! Depuis le début vous ne me faites faire que de pitoyables mouvements ! Je croyais que je devais apprendre cette technique !

Sa rage se heurta au visage glacial du vieux chef, impassible et muet. Quelques minutes s’écoulèrent pendant lesquelles les deux hommes s’observèrent puis le bretteur abandonna et récupéra le morceau de son arme avant de recommencer inlassablement ses exercices. Dès lors, un silence mortel s’installa entre le maitre et l’élève ; silence qui inquiéta rapidement les trois compagnons du bretteur. Mais celui-ci les envoya promener sans autre forme de procès avant de recommencer à agiter inutilement son fragment d’épée dans l’air. Puis vint le soir. Celui où, aussi exténué que d’habitude voire plus, le bretteur se laissa tomber sur son lit avant de tenter de sombrer peu à peu dans le sommeil. Il fut réveillé par un grattement à l’entrée de sa tente, ses yeux lourds de sommeil identifiant difficilement Shana. Sans un bruit, la jeune femme lui fit signe de la suivre ce que Stefan, fatigué mais intrigué, s’empressa de faire. Le camp était silencieux et le vent froid de la nuit transportait jusqu’à leurs oreilles les chants des grillons et autres criquets. La jeune femme marchait en tête, sa peau sombre ressortant sur le sable clair, ses cheveux virevoltant au gré du vent. Ils traversèrent le campement et Stefan la vit s’arrêter devant la tente du vieux chef, l’une des rares encore illuminées. Toujours sans un mot, elle le fit rentrer et lui adressa un de ces sourires dont elle avait le secret. Ces sourires si chaleureux qui réchauffent le cœur et l’esprit. Ces sourires qu’il avait trop souvent ignoré ces derniers temps.

Après un dernier regard, il pénétra la tente et dut plisser les yeux sous la trop forte clarté. En face de lui, les chefs des trois grandes familles le regardaient, l’air sévère. Le bretteur paniqua un instant, craignant d’avoir échoué dans son apprentissage mais son maître lui indique un coussin où s’assoir. Sans quitter des yeux la petite assemblée, Stefan s’exécuta et attendit. Le vieillard prit alors la parole et commença, après une brève introduction, à raconter l’histoire de leur peuple. Il parla de ces hommes qu’on avait exilés il y a fort longtemps. Il parla de la façon dont ils avaient réussi à survivre en affrontant sans cesse les dangers du désert ; de la façon dont ils avaient su trouver les oasis et retenir leur emplacement ; de la façon dont leur groupe grandit au fur et à mesure que de nouveaux membres les rejoignirent. Il parla des guerres qui avaient finies par les opposer. Des massacres qui s’en étaient suivies pour finalement arriver à des périodes de négociations. Ah ça oui, les roches de ce désert en avaient vu du sang, plus que quiconque ne pourrait jamais en voir. Ces hommes avaient finir par établir des pactes puis s’étaient partagés le désert comme on partage un véritable pays. Il parla ensuite de la mise en place des traditions de recueil des exilés, des fêtes qui s’ensuivaient, de la manière dont ces hommes avaient finalement domptés le désert et adoptés leur nom de nomade. Puis il parla du déclin de cette population. De la disparition de plusieurs des clans face au manque de nouvelles « recrues » et de leurs joies quand ils avaient recueillis le bretteur :

-Au final, nous finirons tous par disparaître un jour et ce désert qui nous a vus naître nous verra aussi mourir. Mais l’arrivée d’un homme aussi exceptionnel et serviable que celui-ci est toujours une bénédiction… Psalmodia le vieux chef avant d’ajouter avec un rictus malicieux … C’est aussi une excellent occasion de faire la fête.

Stefan s’esclaffa avec l’assemblée puis le ton du vieillard redevint grave :
- En conséquence de quoi, jeune épéiste, c’est après le traditionnel débat que nous avons décidé de t’accepter en temps que membre de notre peuple à part entière.

Stefan n’en revenait pas. Ses yeux s’agrandirent encore si possible lorsqu’il vit son maître saisir une petite pile de vêtement sur laquelle reposait un fourreau :
-En temps que membre de notre communauté, permets moi de te remettre notre tenue traditionnelle ainsi que ta nouvelle épée.

Épée? Quelle épée? Comment avaient ils eus le temps de la forger? Des questions qui restèrent sans réponses car au même moment, deux hommes déplièrent rapidement un paravent derrière lequel le bretteur se changea. Chaque vêtement lui allait à la perfection comme s’ils avaient été taillés sur mesure. Il fut agréablement surpris lorsqu’en revêtant les habits, il ressentit la même fraicheur que celle qui émanait du tissu de la tente. Le manteau ne pesait presque rien tout comme le reste de ses vêtements. Des habits parfaitement adaptés à sa mobilité en combat. Puis, le vieux chef lui tendit l’arme. Rangée dans un fourreau d’un rouge écarlate, Stefan admira pendant quelque seconde sa garde finement ciselé au pommeau doré avant de s’en saisir d’une main ferme. L’arme glissa silencieusement hors du fourreau, sa lame étincelant de mille feux sous la lumière des braseros. Légère et maniable, parfaitement équilibrée et un tranchant plus qu’aiguisé et légèrement recourbé au bout à la façon des nomades, l’arme idéale :

-Nous l’avons nommée Katti ou Étoile dans ta langue.
-Elle porte ce nom à la perfection.
Le bretteur l’admira pendant quelques secondes avant de la ranger et d’attacher le fourreau à sa taille. Puis il s’inclina devant le vieillard :
- Je serais plus qu’honoré d’accepter votre présent et cette place que vous me confiez.
- Ainsi soit-il. Se tournant vers l’assemblée. Messieurs dames, je vous présente Stefan membre à part entière de la tribu des Namensis.

Cris de joies et applaudissements saluèrent cette nouvelle. Après quoi, Stefan fut contraint de rester pour serrer des mains ou recevoir de grandes claques dans le dos puis de manger et boire en compagnies des chefs avant d’enfin retrouver son lit pour un trop court repos.


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Les mois qui passèrent furent essentiellement constitués de journées « simples ». le matin, le bretteur vaquait aux occupations de la tribu en compagnie de Shana, Velen et, quand il n’était pas en train d’apprendre à se comporter en futur chef, Indir. L’après-midi, son maître lui apprenait enfin à maîtriser la Danse de la Lune. Sa vieille épée étant incapable de supporter le moindre choc magique, il avait fallut attendre que le bretteur se retrouve enfin équipé de quelque chose de… Potable. Ses premiers entrainements n’avaient donc servis qu’à renforcer un peu plus son bras afin qu’il puisse supporter la décharge magique qui allaient les parcourir. Mais tout d’abord, il fallut au bretteur trouver l’étincelle dont son maître lui avait parlé. Au cours de séances de méditations longues et harassante ou bien au cours d’un combat effréné, il dut apprendre à ne jamais perdre de vue l’étincelle en question. C’était vital. Une seule faille dans sa concentration et la Danse de la Lune pouvait dans le pire des cas, se retourner contre lui en absorbant son énergie vitale au lieu de celle magique. Il lui fallut ensuite apprendre à contrôler cette énergie, l’obliger à lui obéir sans pour autant perdre de nouveau l’étincelle de vue. Bref, de longs mois inintéressants au cours desquels Stefan s’amusa avec sa magie. Enfin, vint le moment où le bretteur apprit la Danse. Ce jour tant attendu était enfin arrivé. Sous le regard attentif de ses trois amis et du maître, le bretteur prit sa pose de combat préférée : épée, relevée devant lui, genoux fléchis. Une pose qui permettait d’attaquer comme d’esquiver ou de protéger :

-Est-ce vraiment nécessaire ?
-Il vaut mieux que tu te sentes à l’aise. La première fois est toujours assez…Violente.
-Si vous le dites… Je suis prêt.
-Bien. Commences par faire appel à ton étincelle comme à l’entrainement. Voila maintenant disperse la dans tes membres. Oui, plus difficile maintenant dans l’épée. Penses qu’il s’agit d’un troisième bras. Ta lame doit fusionner avec ton être.

Durant ce temps, le corps de Stefan semblait rayonner par intermittence tandis qu’il maintenait tant bien que mal le peu de magie pure qu’il possédait. Le front en sueur, sa lame finit par s’illuminer faiblement, d’abord près du pommeau puis jusqu’à la pointe comme si une fine enveloppe l’avait recouverte.

-Penses à ce que tu veux en faire. Penses juste à une attaque simple. Quelque chose qui éliminera ton adversaire en un coup. Il faut que tu ais un but précis.

L’aura parvenait mal à se stabiliser. Un coup le corps de Stefan semblait rayonner ardemment, un coup celui-ci n’était plus que le banal bretteur nomade. Enfin, un très fin flux de magie parvint à circuler le long de son corps et le bretteur s’élança, peut-être un peu trop vite, contre son arbre d’entraînement. La lame fouetta l’air à quelques centimètres de l’écorce et Stefan, emporté par son élan, pirouetta sur lui-même avant de s’écraser face contre terre, incapable de bouger. Sur le tronc, une fine éraflure témoignait de son effort. Tandis que son maître le sermonnait sur sa trop grande précipitation, celui-ci fut rapidement transporté dans sa tente où il passa le reste de la journée et de la nuit, incapable même de bouger le bras, de terribles courbatures et autres douleurs musculaires l'empêchant même de se reposer. Il lui fallut une journée complète pour se remettre et un peu plus d'une semaine pour être capable de se mouvoir sans souffrir. Plusieurs autres séances s’écoulèrent de la sorte où l'on put constater une baisse de sa souffrance après chaque attaque. Sa lame devint plus précise, plus rapide et les coups se firent rapidement plus nombreux mais chacune d’entre elles avait un point en commun, Stefan ne pouvait exécuter son attaque qu’une seule fois dans la journée avant d’être contraint au repos par le manque d’énergie, la douleur ayant finit par s'estomper plus rapidement que prévu :

-C’est tout à fait normal. Déclara un jour son maître. Avec le temps tu vas légèrement augmenter ton stock de magie si je puis dire et tu pourras encore te déplacer après. Mais pour l’instant tu n’es qu’un novice alors modère tes ardeurs.

C’est ainsi que Stefan, ancien ermite et membre de la tribu des Namensis appris la technique de la Danse de la Lune, appelée aussi Stellaire par la suite en référence à Katti. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, y comprit la vie heureuse d’un jeune homme et vint le jour où, après avoir apprit le Stellaire, le jeune homme décida de partir. Non pas qu’il trouvait sa vie actuelle rasoir. Il adorait ces gens et plus que tout il aurait voulu pouvoir rester. Mais sa curiosité naturelle avait finie par le rattraper. Maintenant repu des mystères du désert, il rêvait déjà d’explorer le reste du continent, de voir de vrais Laguz sauvages, de lire de nouvelles lectures. En bref, sa « vie d’ermite » lui avait apportée les réponses qu’il désirait. C’est pourquoi, il fit part de son désir de partir au vieux chef, devenu son mentor et presque un deuxième père. Celui-ci, plutôt que de se mettre en colère, chose que le bretteur aurait compris, prit le parti de se montrer résigné :

-Alors c’est ainsi. Tu viens, tu prends notre savoir et tu t’en vas…
-Non ! Bien sur que non ! Je vous tiens en très haute estime et vous comptez réellement pour moi, sans doute plus que n’a jamais compté personne mais…
-Mais tu as envie de voyager et pas de finir ta vie dans ce trou à rat.
-… C’est un peu… Exagéré comme vision des choses…
-Mais c’est la vérité. Lui répondit le vieil homme avec un sourire bienveillant. Ah ! Ces jeunes… Toujours à vouloir courir partout. Je ne t’apprendrais rien en te disant que le monde extérieur est dangereux et fou.
-Vous m’avez très souvent mis en garde. Mais… Je suis certain que votre enseignement me protégera.

Là-dessus, le vieillard eut un petit rire nerveux:
-Détrompes toi mon jeune ami. Ces hommes sont cruels et malveillants. Ils haïssent leur voisin si celui-ci est plus chanceux qu’eux plutôt que de le bénir. Ils n’hésitent pas à tuer pour obtenir des richesses futiles. Ce sont des êtres dont la cause est perdue. De temps en temps, un heureux élu tel que toi ose pénétrer dans notre domaine et découvre alors la voie vers la Lumière. Comment comptes-tu te défendre toi qui a passé presque deux ans de ta vie dans cette communauté en paix?
-S’il y a bien une chose que j’ai appris ici, c’est que mes mots et mes émotions sont capables de très grandes choses.
-Il existe des gens insensible à ce genre de chose…
-Pour les autres… Ces esprits perdus n’auront droit qu’à l’acier froid de ma lame et mes mots chanteront leur requiem.
-Tu parles bien… Mais sauras-tu appliquer tes propres préceptes ?

Le bretteur resta silencieux un moment puis reprit la parole :
-Mon but n’est pas d’exécuter un quelconque jugement divin ni d’ôter une vie. Mon épée ne servira qu’à me protéger et à protéger ceux qui me sont chers. Un seul mot de vous, une seule menace envers votre personne et je serais là pour égorger le malotru. Mais j’ai aussi soif d’apprendre. Il est de nombreuses choses qui me sont encore inconnues à ce jour et je souhaite les découvrir. Jusqu’à ce que je pénètre dans ce domaine, j’ignorais que l’enfer du sable pouvait devenir paradis. J’ignorais jusqu’à votre existence, j’ignorais tout ce que je ratais. Maintenant je le sais et je souhaite mettre en œuvre ce que vous m’avez appris. Je ne vous demande que votre bénédiction.

Et le bretteur s’inclina. Le vieil homme resta muet un moment avant de répondre :
-Tu es décidément un cas comme je n’en ai jamais vu…
-Et Dieu sait que vous en avez vu des choses. Reprit le bretteur en un sourire.
-Hmf. Tu connais mes répliques maintenant. Halala ! Je ne peux vraiment pas te reprocher de vouloir t’épanouir. Vas tu as ma bénédiction. Saches juste que tu vas énormément nous manquer à tous... Et à Shana en particulier.
-Je vous suis extrêmement reconnaissant pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je viendrais vous voir pour vous parler des mystères cachés de ce monde.
-Hola hola ! Ne pars pas si vite, permets-nous quand même de t’organiser une petite fête.
-Je ne sais pas si…
-Mais si mais si. Je vais prévenir tous le monde. Tu as intérêt à être encore présent demain soir.

La nouvelle du départ du bretteur se répandit comme une trainée de poudre. Jeunes et vieux venaient lui souhaiter bonne chance ne serait-ce que par pure politesse mais ceux qui en furent le plus touchés furent ses trois amis. La réaction des deux garçons fut plutôt… Particulières. Velen le plaqua au sol tandis qu’Indir lui fit manger le sable, tous deux réfléchissant à la façon dont ils allaient bien pouvoir célébrer son départ. Quand à Shana, elle disparut et resta introuvable jusqu’au soir. Un autre feu de joie fut érigé, les musiciens ressortirent leurs instruments et l’on but et mangea jusqu’à plus soif. Stefan, du sable plein les cheveux, restait là à contempler ces gens qui lui souhaitaient bonne chance à leur façon jusqu’à ce qu’une fine main se pose sur son épaule. Shana se tenait devant lui, dans la même robe qu’à la fête de son arrivée. Elle lui prit la main, il la suivit jusqu’au centre de la piste sous les rires amusés et les regards entendus. Ils dansèrent longtemps à la lueur du feu, parfois sur des rythmes endiablés parfois sur de languissants slows. Les yeux dans les yeux, la main dans la main, tendrement… Passionnément… Leur baiser fut discret. Une étincelle… Un souvenir à jamais gravé.

L’aube vint vite… Peut-être trop. Certains tentaient encore de récupérer de la veille que le bretteur avait déjà préparé ses affaires. En plus de ses vêtements de nomade et de sa lame, il emmenait une couverture, un paquet de provisions, un peu d’argent et… C’était tout. Sans doute devrait-il travailler comme mercenaire pour gagner son pain. Qu’importe il était libre maintenant. Le vieux chef versa une larme discrète lorsque son apprenti l’enlaça… Contrairement à Velen qui pleurait à chaude larme. Indir fut plus réservé comme à son habitude. Une poignée de main, un sourire accompagné de quelques paroles porteuses de chance et ce fut tout. Vint ensuite Shana, droite et fière mais les yeux rougis. Il l’enlaça, l’embrassa, s’imprégna une dernière fois de l’odeur de ses cheveux, du contact de sa peau puis, avec un dernier regard, il partit sans se retourner vers l’oasis qui l’avait vue arriver. Ses regrets de laisser là tout ce qui avait fait sa vie deux ans durant furent vite estompés. Il les reverrait bientôt. Pour l’instant, sa soif d’aventure avait reprit le dessus.

Il avait décidé de passer quelques jours dans son ancien abri histoire de réfléchir au trajet le plus court pour quitter le désert mais à peine avait il commencé à poser ses affaires qu’un terrible rugissement se fit entendre, le faisant frissonner. La créature qui avait criée ainsi devait être assez imposante au vu de la puissance de sa voie. Rien à l’horizon pourtant… Peut-être de l’autre côté de cette dune là-bas… En quelques minutes, Katti au côté, il escalada la colline et aperçut son destin. Un monstrueux tigre bleu faisait face à trois autres créatures humanoïdes. L’une d’entre elle possédait des ailes, l’autre avait une queue. Le dernier semblait posséder une épée. Deux Laguz (et un humain)… des vrais de vrais qui en affrontaient… Deux autres apparemment. En effet, aux pieds de l’immense tigre, une petite forme rousse courbait l’échine. L’imposant bestiaux rugit à nouveau emplissant l’air d’un son terrifiant. Plus loin, Stefan pouvait apercevoir plusieurs humains se battant contre des créatures… plus ou moins humanoïdes également. Un sourire apparut sur le visage du bretteur. Il semblerait que la sortie n’était pas loin en effet. Katti brilla sous le soleil éclatant.
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Du sable et d'un bretteur (vous croyiez quand même pas que j'allais la laisser là bas ><)

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